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J’ai deux billets assez longs en cours d’écriture mais je n’ai pas trop le cœur aux longues écritures en ce moment. Je cherche donc à détourner ma propre attention avec des billets plus courts comme ceux de cette série freeform. Mais comme toujours, mes billets commencent petits mais grandissent plus que je ne l’aurais initialement souhaité. Il faut que je m’efforce à rester succinct. Depuis quelques semaines, j’ai repris les exercices physiques en salle de sport à un rythme de quatre fois par semaine, ce qui me laisse d’autant moins de temps pour l’écriture sur ce blog. La pratique d‘exercices physiques n’est pas source d’inspiration pour l’écriture, mais me devenait nécessaire tout comme ce blog peut l’être. Je ne sais toujours pas exactement quelle est la finalité de Made in Tokyo, mais je le découvrirais peut-être un jour comme une révélation. Il faut pourtant garder en tête qu’un blog reste éphémère et peut s’éteindre si je décide de ne plus payer les frais d’hébergement et de nom de domaine, qui sont en tout non négligeables, d’autant plus que j’ai pendant vingt-deux ans pris le parti de ne pas y intégrer de publicité. Mon questionnement sur la continuation de ce blog se pose d’ailleurs régulièrement au mois de Janvier lorsqu’il faut se décider à renouveler son hébergement. Made in Tokyo est devenu pour moi « too big to fail » dans le sens où j’y ai passé trop de temps pour pouvoir le clore sur un coup de tête. La relative confidentialité de Made in Tokyo me permet en tout cas de continuer sans influence extérieure et je sais qu’une trop forte affluence lui serait néfaste comme le sur-tourisme à Kyoto dont j’entends tant parler. Le sur-tourisme est le sujet préféré de ceux qui ne savent pas regarder ailleurs. Certaines et certains savent cependant regarder ailleurs en toute simplicité. A ce propos, je ne peux qu’encourager la lecture du blog de Sunalee qui nous fait part en ce moment de son voyage à Shimane et Hiroshima, des lieux que je ne connais pas encore. J’aime beaucoup son approche, d’écriture et photographique. J’y ressens un respect humble que je n’ai pas beaucoup lu ailleurs. Et elle nous parle souvent d’architecture sur ses pages, ce qui m’intéresse forcément beaucoup. Son billet le plus récent nous amène à Onomichi, un endroit que j’ai très envie de découvrir depuis quelques années, en fait depuis que j’ai écouté la musique de Meitei (冥丁) qui y vit. Il existe quelques blogs actifs parlant du Japon d’une manière intime et d’une grande qualité. Ils sont rares mais existent.

Je me passionne ces derniers temps pour le magazine AVYSS car il me parle de musiques que j’aime, et en particulier du nouvel EP de Dos Monos intitulé Dos Moons, sorti le 7 Mai 2025. « Junji Itō on the cover » nous rappe le groupe à la fin du premier morceau Gilda. L’illustration de la couverture du EP représentant une femme méduse est en effet signée par Junji Itō (伊藤潤二) et elle est superbe. Les quatre morceaux de Dos Moons sur cet EP sont polymorphes, complètement imprévisibles et mélangeant les genres dans un tourbillon souvent chaotique, comme ça pouvait être le cas sur leur album précédent Dos Atomos qui reste pour moi une sorte de monstre musical particulièrement prenant. Ce nouvel EP n’atteint pas les sommets de Dos Atomos, Hi no Tori par exemple, mais n’en reste pas moins dans la même veine artistique. Il faut se laisser entraîner dans ce tourbillon verbal, ce qui n’est pas forcément facile à la première écoute mais quand on arrive au dernier morceau Oz faisant intervenir du saxophone, on ne peut que se dire que Dos Monos sait brillamment jouer avec les ambiances et les sensations, dans un grand cirque qui n’est pas dénué d’humour. Cet humour là, la puissance des voix rappées du trio et la liberté complète et sans complexe des compositions musicales sont les éléments qui m’attirent à chaque fois chez Dos Monos. Je regrette vraiment d’avoir louper leur concert à Tokyo il y a quelques semaines, mais ça aurait fait un peu trop d’évènements pour ce mois de Mai.

Je continue ensuite avec le hip-hop mais dans des rythmes beaucoup plus cools et apaisés. Je retrouve la rappeuse 7 (Nana) accompagnée par le rappeur MIKADO sur un single intitulé Flyday sorti le 28 Mai 2025. Ces deux rappeurs font partie du groupe de Wakayama (和歌山勢), une jeune scène hip-hop se développant dans la préfecture de Wakayama. Écouter ce morceau me ramène du côté des plages de Shirahama que nous avions été voir l’année dernière et dont je garde un excellent souvenir. Dans le rap japonais, je connaissais le hip-hop de Kawasaki, avec notamment Bad Hop, mais le rap de Wakayama est une belle découverte. Le rap japonais étant un sujet de discussion avec mon fiston, je ne perds pas une occasion de faire de nouvelles découvertes même si ce n’est pas mon domaine de prédilection. En fait, je ne suis plus vraiment sûr d’avoir des domaines musicaux de prédilection et ça serait de toute façon idiot de se limiter à certains genres. Le problème qui s’en suit est que j’ai du coup beaucoup trop de nouvelles musiques à écouter et dont je voudrais parler sur ce blog. Je finis par perdre le fil de ce que j’ai écouté et aimé. Et dire qu’il y a de cela quelques années, je me plaignais de ne pas trouver de musiques japonaises intéressantes. Le Japon est un pays de musiques.

Hier soir, je me déplace exprès jusqu’à la librairie Tsutaya de Ginza6 pour rechercher un livre d’illustration d’Ayako Ishiguro (石黒亜矢子). Il y en a deux et je choisis celui regroupant la deuxième partie de la collection de ses œuvres (作品集其の弐). Je n’ai réalisé que récemment que cette artiste est en fait l’épouse de Junji Itō, et je me suis dit « Oui bien sûr! ». Ce n’est pas qu’il y a une ressemblance de style entre les deux artistes mais une même attirance pour l’étrange qu’il et elle arrivent à transmettre formidablement dans leur illustrations (formidable est étymologiquement emprunté au latin formīdābilis qui signifie formidable et terrible, et dérivé de formido signifiant peur, terreur, effroi). On sait que le couple aime les chats et ils sont souvent représentés dans les illustrations d’Ayako Ishiguro, mais sous la forme de dieux mythologiques. Un très grand nombre des dessins nous ramènent vers des légendes anciennes revisitées. Ces monstres de légendes sont censés nous faire peur mais ils n’en demeurent pas moins mignons et visuellement attachants. Cette dualité est très intéressante et, graphiquement parlant, ce petit livre d’environ 160 pages est vraiment superbe. J’adorerais voir des illustrations de cette artiste dessinées sur les parois coulissantes intérieures d’un temple, un peu comme les dragons du Ryōan-ji à Kyoto. La librairie Tsutaya de Ginza 6 est bien remplie en ce qui concerne les livres d’illustrations japonaises. On y trouve par exemple un grand nombre de livres de Takato Yamamoto, que j’avais découvert en même temps que la musique de Meitei (Notez que comme un chat, je retombe toujours sur mes pieds).

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Sur le chemin du retour ce soir, il me vient en tête de réécouter quelques morceaux choisis de l’album Lust (2005) du musicien électronique Rei Harakami (レイ・ハラカミ), en particulier le morceau Lust donnant son titre à l’album, puis Grief & Loss, Owari no Kisetsu (終りの季節), Come Here Go There et After Joy. C’est étonnant que l’idée me soit soudainement venu de réécouter ces quelques morceaux alors que l’album vient tout juste d’avoir 20 ans, étant sorti le 25 Mai 2005. Je l’avais découvert quelques mois après sa sortie, en 2005. Je n’avais pas réalisé à l’époque que le morceau Owari no Kisetsu était une reprise de Haruomi Hosono (細野晴臣). Il faut dire que la version de Rei Harakami est bien différente et reprend surtout les paroles du morceau original. Je n’avais pas réalisé non plus que Rei Harakami n’était plus de ce monde, décédé d’une hémorragie cérébrale en Juillet 2011. Alors que j’apprends sa mort 14 ans plus tard en lisant sa fiche Wikipedia sur mon smartphone dans les rues sombres qui me ramènent tranquillement chez moi, les paroles prononcées par Rei Harakami sur Owari no Kisetsu prennent tout d’un coup une autre ampleur. Écouter cette musique me fait relire le billet que j’avais écrit à son sujet il y a vingt ans. Le relire me donne la nostalgie d’une certaine fraîcheur dans mon style d’écriture, qui a malheureusement disparu depuis bien longtemps. Tout paraît plus léger lorsqu’on a vingt ans. J’ai en ce moment envie de réécouter des musiques électroniques japonaises un peu plus anciennes, et j’ai écouté plusieurs fois ces derniers jours l’album Jelly Tones (1995) de Ken Ishii, qui aurait tord de se limiter à Extra. Ceci étant dit, Extra est bien entendu un morceau fabuleux par sa force d’évocation qui nous amène vers les mondes futuro-chaotiques de Katsuhiro Ōtomo. Le reste de l’album ne peut lui arriver à la cheville. En parlant plus haut de Haruomi Hosono, on a pu le revoir à la television récemment lors de la retransmission sur la NHK des Music Awards Japan (MJA) dont c’était la première édition. Il en faisait l’introduction. Je n’ai pas regardé l’émission en direct, mais sur un replay sur NHK+. Je voulais en fait voir la remise d’un prix pour Hitsuji Bungaku (羊文学) mais le replay ne montrait que certains moments choisis, et celui-ci n’en faisait pas partie. L’émission a dans l’ensemble eu du mal à m’intéresser, à part pour un duo rap mené par Awich avec AI, où étaient également invitées d’autres rappeuses comme Nene du Yurufuwa Gang. Ça m’a amusé de voir Nene recouvrir entièrement ses nombreux tatouages, car il s’agit tout de même d’une émission de la NHK, d’autant plus sponsorisée par une organisation gouvernementale. Ce n’est pas dans ce type d’émission en tout cas que je peux être amené à faire des nouvelles découvertes musicales.

Je m’intéresse par contre beaucoup plus, en ce moment, au magazine AVYSS qui évolue dans des terrains musicaux beaucoup plus underground. Je découvre le premier EP intitulé A HUMAN TOUCH de la compositrice et interprète Michiru (倫瑠). Elle est née en 2004, et a donc un peu plus de vingt ans. La photographie qui sert de couverture a été prise par son père et est vraiment chouette. Je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de la compositrice lorsqu’elle était enfant, mais ça semble très probable. Cet EP est sorti le 24 Mai 2025, et j’ai tout de suite accroché à son atmosphère singulière, parfois assez expérimentale. Michiru a entièrement réalisé cet EP elle-même, de l’instrumentation, au chant et au mixage. J’y trouve une grande sensibilité et une mélancolie rêveuse qui me plait beaucoup. A HUMAN TOUCH est composé de quatre morceaux pour une douzaine de minutes. Le morceau le plus accrocheur s’intitule End, et me rappelle un peu les ambiances du groupe Tamanaramen (玉名ラメン) que j’avais d’ailleurs dû découvrir grâce à AVYSS. Michiru se produisait dès le jour de la sortie de son EP au festival Mori Michi Ichiba 2025 (森、道、市場2025) dans une section nommée AVYSS Chain. A noter au passage que YouTube fait des erreurs et associe cet EP à une autre artiste du même nom.

J’écoute presque toutes les semaines l’émission Music Bloom, sur la radio J-Wave, présentée par Shin Sakiura et Rachel de Chelmico, car j’aime beaucoup l’ambiance joyeuse qui s’en dégage. Il s’agit d’une émission musicale présentant des jeunes artistes ou groupes du Japon et d’Asie. Les deux présentateurs aiment rire et plaisanter et cette bonne humeur est contagieuse. J’y fais de temps en temps des belles découvertes, comme le morceau Eternal Flame de la compositrice et interprète japonaise Hiar. Il s’agit de son premier single, sorti le 13 Mai 2025. Je trouve quelque chose de très apaisant dans sa voix, même si le morceau est musicalement assez dense. Eternal Flame ne bouleversera pas les genres mais je le trouve très agréable au point de le réécouter à répétition. On pourra très certainement lui prédire beaucoup de succès futurs.

vers le Tōshōgū d’Ibaraki

Le jour suivant notre visite du Ichihara Lakeside Museum à Chiba, nous reprenons la route pour la préfecture limitrophe d’Ibaraki. Comme je l’ai déjà dit quelques fois, cette préfecture est la moins touristique du Japon mais il y a pourtant tant de lieux intéressants à visiter. Cette fois-ci nous partons vers le sanctuaire Ōsugi (大杉神社), situé à Inashiki, en faisant une halte déjeuner à la station routière Shōnan (道の駅しょうなん てんと) qu’on connaissait déjà. La route est un peu longue jusqu’au sanctuaire d’Ōsugi. Depuis la station routière de Shōnan, le système de navigation routière nous conseille une route longeant le long et large fleuve Tone. J’hésite d’abord une première fois car cette route au plus près du fleuve semble étroite, mais on finit par y entrer, la navigation insistant que cette route est la plus rapide pour notre destination. C’est une route locale bordée d’herbes folles au pied du talus de la rivière. On peut y passer à deux voitures mais il faut ralentir et s’écarter au maximum à chaque rencontre. On reconnaît les habitués qui ont replié en permanence leurs rétroviseurs. J’ai beaucoup apprécié ce trajet naturel qui nous a mené pratiquement jusqu’à notre destination. Le sanctuaire Ōsugi est situé dans un regroupement d’habitations ressemblant à un village, loin des grands axes routiers. On s’interroge sur la présence d’un sanctuaire aussi riche à cet endroit. Le sanctuaire shintoïste Ōsugi a été fondé en 767 et est le sanctuaire principal d’environ 670 autres sanctuaires Ōsugi répartis dans les régions du Kantō et de Tōhoku. Une des particularités de ce sanctuaire est d’être richement décorés de sculptures détaillées et arborer des couleurs vives, ce qui lui vaut le surnom de Nikkō Tōshō-gū d’Ibaraki. On est quand même assez loin de la grandeur du Tōshōgu de Nikkō, mais le hall principal ainsi que la grande porte impressionnent en tout cas le visiteur. J’aime particulièrement les décorations de la grande porte torii placée à une des entrées du sanctuaire.

int𐌄rlude électrique

Nous sommes ici au pied de la grande tour Tokyo Skytree pour un festival consacré à Taïwan. Il y a foule le soir pour venir y manger, ce que nous étions venu faire également. Un grand espace couvert avec des tables permet de se restaurer sous une multitude de lampions rouges. Je tente des photographies des écritures en néon affichées tout autour du grand espace couvert, mais mon appareil photo fait traîner une nouvelle fois les lumières comme les feux d’une voiture de sport en pleine course poursuite. Pas facile de trouver une table libre sous les lampions donc nous décidons de descendre d’un étage pour dîner dans le food court. Nous étions de retour d’une promenade dans la préfecture d’Ibaraki lors d’une belle journée de la Golden Week. Je reviendrais très certainement sur ce qu’on y a vu là-bas.

J’avais bien noté dans un coin de ma mémoire le petit concert gratuit du Samedi 17 Mai au dixième étage du Department Store PARCO de Shibuya (渋谷PARCO10F PBOX). Ce jour pluvieux, se produisaient AAAMYYY et TENDRE pour un événement organisé par Girl Houyhnhnm, un magazine féminin qui m’était totalement inconnu. C’est apparemment la quatrième année que ce magazine organise ce genre d’événement musical au PARCO de Shibuya. J’arrive une quarantaine de minutes avant le début qui était programmé à midi. J’aurais en fait dû arriver un peu plus tôt car il y avait déjà quelques rangées de personnes devant moi, mais je n’avais pas non plus l’intention de me placer au premier rang. AAAMYYY arrive à l’heure prévue sur la petite scène devant un écran géant. Il ne s’agit pas vraiment d’une scène car elle est juste devant nous derrière un clavier et un ordinateur portable. J’avais déjà vu AAAMYYY pour une courte séance DJ dans ce même PARCO de Shibuya en Novembre 2023 puis lors de son concert Option C en Mars 2024 qui m’a beaucoup marqué (comme tous les concerts que je vais voir d’ailleurs). C’est donc la troisième que je la vois sur une scène et cette fois-ci, elle a chanté seule quelques uns de ses morceaux pour une durée d’environ 40 minutes. L’ambiance est décontractée et on sent qu’elle n’a pas une grande pression sur les épaules. Je la ressens à chaque fois comme étant cool mais je ne sais pas si c’est vraiment le cas. Elle démarre elle-même la bonne son, fait quelques réglages au fur et à mesure mais seul son chant est véritablement live. Elle n’a pas donné la playlist exacte des morceaux qu’elle a interprété mais il y avait d’abord des plus anciens comme Skycraper du EP ETCETRA (2018), Subject J et Policy (ポリシー) de son premier album Body (2019) et quatre morceaux de son dernier EP Thanks, à savoir Happy, Relux, Masaka pour terminer avec Savior (救世主). Les morceaux de ce EP sont des collaborations avec des invités qui n’étaient bien entendu par sur scène à ses côtés, mais AAAMYYY prenait tout de même plaisir à les annoncer lors qu’on les entendait sur la piste sonore. Cette proximité était très agréable. La surprise était ensuite de voir et d’écouter TENDRE dont je ne connais seulement que certains morceaux notamment ses collaborations avec AAAMYYY. Les deux se connaissent très bien car TENDRE était même un des nombreux invités du concert Option C. On sent clairement la proximité entre eux. Je ne sais pas si la programmation était faite au hasard mais c’était en tout cas une heureuse situation de les voir sur scène l’une après l’autre. TENDRE entre sur scène un peu avant 13h pour une quarantaine de minutes. Il nous fait tout de suite remarqué que le public est vraiment très proche. Il chantera en tout six morceaux tirés de plusieurs de ses albums et EPs: Drama du EP Red Focus (2017), Fantasy de Prismatics (2022), Joke de Life Less Lonely (2020), le nouveau single Runaway sorti en Avril 2025, Hanashi de Not in Almighty (2018) pour terminer avec le morceau Life de l’album Life Less Lonely. Sur ce dernier morceau, il invite AAAMYYY sur scène pour un duo qui a passionné le public. Je m’attendais bien à ce qu’ils chantent un morceau en duo mais plutôt un de ceux où elle est déjà présente en featuring comme OXY de Prismatics ou Document de son EP Beginning (2023). Au final, je ne connaissais aucun des six morceaux qu’il a chanté mais je les ai tous aimé, car il y a un rythme qui accroche rapidement. Il sait également embarquer le public avec lui. Je les écoute encore maintenant en reconstituant la playlist de ce petit concert. TENDRE a une personnalité très agréable, très souriant et blagueur. Il est très à l’aise avec le public même s’il se plaignait en rigolant de la proximité du premier rang. Je ne regrette pas d’être venu, surtout que je n’avais pas pu assister à un autre concert gratuit de TENDRE le jour d’avant sur la grande place ouverte de Yebisu Garden Place pour le festival annuel de musique Ebisu Blooming Jazz Garden 2025. Après ce live au PARCO, TENDRE passait dans une émission radio. C’est on dirait un artiste très occupé. L’électro-pop d’AAAMYYY et le R&B Soul de TENDRE m’ont mis de très bonne humeur pour cette journée pourtant pluvieuse.

that’s a pretty long third gear in this car

Ce billet aurait très bien pu être le seizième épisode de ma série au long cours the streets mais je préfère lui donner un autre titre car j’ai réécouté récemment l’album Blonde de Frank Ocean et j’adore en particulier cet extrait des paroles du morceau Skyline To. Et en plus de cela, il y a des voitures dans ce billet. Ce billet est un mélange de plusieurs rues, celle de Komazawa et autour, celle de Kamurozaka où se trouve un Hôtel Vintage qui n’a rien de vintage mais qui prend tout de même ce nom. Le café au rez-de-chaussée est très agréable et calme. Des grandes fenêtres donnent sur la longue rue en pente Kamurozaka bordée de cerisiers qui étaient encore en fleurs au moment où cette photographie a été prise. On change ensuite de lieux pour le quartier chinois de Yokohama et un quartier de Kawasaki à l’écart de la gare. La dernière photographie a été prise au Tsutaya T-site de Daikanyama lors d’un petit festival célébrant les “subcultures” qui se déroulait les 19 et 20 Avril 2025. Dans l’ensemble, ce n’était pas le type de subculture qui m’intéressait vraiment car je n’ai pas trouvé d’intérêt à regarder des personnages déguisés, des Yuru-chara (ゆるキャラ), danser mollement devant une platine. J’ai même trouvé une certaine gêne à regarder les quelques admirateurs adultes postés autour de ce personnage rose appelé Iwashika-Chan (イワシカちゃん). Cela fait assez longtemps que je n’avais pas eu ce sentiment là. Le festival se composait en fait de petits stands. L’un d’entre eux vendait des t-shirt underground, parfois de films. J’y ai aperçu Tetsuo the Ironman de Shinya Tsukamoto. Il y avait également des stands réservés aux dédicaces notamment de mangaka, mais je suis malheureusement arrivé trop tard. J’aurais tout de même aimé passer à celui d’Eldo Yoshimizu (エルド吉水) car j’ai acheté il y a quelques temps le premier tome de son manga RYUKO (龍子). Eldo Yoshimizu est diplômé du département de sculpture de l’Université des Beaux-arts de Tokyo. Il n’a commencé sa carrière de mangaka qu’à l’âge de 45 ans. En demandant à Mari par tout hasard si elle connaissait cet artiste venant de la même école qu’elle, elle me répond à l’affirmative à mon grand étonnement. Eldo Yoshimizu était en fait un de ses professeurs en école préparatoire pour entrer aux Beaux-arts. C’est une coïncidence amusante et ça me ferait un sujet de discussion si jamais j’avais l’occasion de faire signer un jour mon exemplaire de RYUKO. Autre point intéressant, le manga est apparemment d’abord sorti aux éditions françaises du Lézard Noir en 2016, puis ensuite au Japon beaucoup plus tard en 2023 aux Éditions Leed Publishing.

Par souci d’augmenter un peu mon audience web, je me décide à montrer des photos de chats. C’est une recette bien connue pour attirer les visiteurs. C’est en fait une coïncidence que j’écoute en ce moment des artistes ou groupes utilisant des images de chats comme couverture de leur single. Ceux de Hoshikuma Minami (星熊南巫) sont cyberpunk, une race de chat que je ne connaissais pas. En recherchant d’autres collaborations de Rinahamu (苺りなはむ) avec des artistes que j’apprécie, je note qu’elle a également sorti un single avec Hoshikuma Minami au chant et KOTONOHOUSE à la composition. Ce single intitulé d∞r est sorti le 18 Janvier 2025. La composition musicale de KOTONOHOUSE n’hésite pas triturer le morceau ce qui apporte à chaque fois un contraste intéressant avec la voix un peu éthérée de Rinahamu. Hoshikuma Minami a par contre une voix plus puissante et agressive, qui m’amène vers trois de ses singles solo PAINKILLER sorti en 2024, puis Demigod Chan et Shinra DARKPOP (新羅DARKPOP) tous les deux sortis en 2023. L’ambiance y est beaucoup plus sombre et les sons électroniques plus disruptifs. Les trois morceaux sont assez courts et s’enchainent comme des petites bombes sonores dans ma playlist. Mon préféré des trois est Demigod Chan qui est dans l’ensemble plus apaisé mais pleins de glitches. Shinra DARKPOP s’enfonce par contre dans les bas-fonds et Hoshikuma Minami chante au bord des cris. Les petits chats à priori mignons des images de couverture de ces singles ne nous laisse en fait pas vraiment imaginer l’ambiance que se cache à l’intérieur. Ecouter ces trois morceaux m’a donné l’occasion de revenir vers le groupe Wagamama Rakia (我儘ラキア) dont elle fait partie. Je découvre le morceau New World sur l’album éponyme sorti en 2020 et je suis tout de suite accroché. Je pense que c’est mon préféré du groupe. En plus des passages rappés toujours excellents de MIRI, le petit plus du morceau est d’entendre Hoshikuma Minami rouler les ‘R’ à certains moments du morceau. Bite Off!!!! sur le EP ONYX sorti en 2022 a un coté K-Pop, mais qui serait dynamité par des guitares métal. J’écoute ensuite le single GR4VITY G4ME sorti en 2022, qui est plus classique dans leur discographie mais également très bon. On est assez loin du son des musiques d’idoles, bien que les quatre filles de Wagamama Rakia fassent officiellement partie de cette catégorisation musicale. J’écoute également le nouveau single de Yeule intitulé Dudu, montrant en couverture un gros chat blanc flottant au dessus de la compositrice et interprète. Son titre Dudu est étrange. Il ne s’agit pourtant pas du nom du chat de Yeule qui s’appelle Miso et a un pelage très différent. Le single a une approche Pop rock inhabituellement lumineuse et sera présent sur son prochain album Evangelic Girl is a Gun, qui s’annonce décidément très bon et qu’on pourra écouter en entier à partir du 30 Mai 2025. Le style musical diffère avec les chats dessinés de la quatrième couverture. Il s’agit du single mild days de Hitsuji Bungaku (羊文学) sorti le 13 Mai 2025. Il démarre à la guitare acoustique et je lui trouve tout de suite un petit air américain ce qui normal car sa sortie marque en quelques sortes le retour du groupe de leur tournée américaine. Le morceau est très beau, mais Hitsuji Bungaku fait de toute façon un sans-faute musicalement depuis le début de leur carrière.

« ハート ハート ハート1個 頂戴 ベイビー » Donnes moi un cœur, nous répète Yu-ri (ゆーり) sur le single Heart111 (ハート111) composé par le musicien électronique Sasuke Haraguchi (原口沙輔), dont je parle de plus en plus souvent sur ses pages. Le morceau super drôle et charmant à l’écoute, même addictif dans une certaine mesure, n’est pas récent car il date d’Avril 2024, mais il me vient en tête alors que l’on fête aujourd’hui les 22 ans de Made in Tokyo. Je passerais sur mon propre étonnement d’une si longue vie et d’une inspiration continue qui me fait ne jamais m’arrêter à écrire des histoires, montrer des photographies de rues et d’architecture, d’évoquer les musiques que j’aime, divaguer parfois vers des terres irréelles (quoique), essayer de transmettre tous les intérêts culturels que je peux trouver dans cette ville et ce pays, le tout avec une sensibilité et une poésie discrète (si possible). Je suis en même temps tout à fait conscient de ne pas être sur la même longueur d’onde que les autres contenus sur le Japon (ah, je n’aime pas ce terme générique de créateur de contenu), mais je n’ai pas non plus l’intention de montrer un autre Tokyo ou un Japon différent. Après autant d’années de vie ici, ces concepts là n’ont plus beaucoup de sens et ne valent que pour ceux qui croient vivre une vie extraordinaire. La mienne est celle de mon quotidien. Elle n’est pas celle d’un voyageur bien que je me l’autorise de temps en temps sur quelques billets de vacances. Je continue tant que je trouve la volonté et la nécessité d’ouvrir mon notepad pour écrire mes impressions, avec toujours dans l’idée le partage gratuit. Mais je ne suis pas contre recevoir de temps en temps en échange un petit cœur de la part des visiteurs. « ココロを下サイ » nous répète encore Yūri sur Heart 111.