ichigo ichie

Ichigo Ichie (一期一会) est un concept culturel consistant à « chérir la nature irremplaçable d’un moment », nous apprend Wikipedia. Ce terme japonais insiste sur le fait que chaque instant de la vie est unique et ne peut être répété, même si on se trouve dans une situation similaire à ce que l’on a déjà vécu ou qu’on se retrouve à nouveau avec le même groupe de personnes. Ichigo ichie nous rappelle donc qu’il faut apprécier chaque moment de la vie. Cela laisse à mon avis supposer qu’on ait bien conscience de ces moments qui passent et qu’on se doit d’apprécier. J’ai souvent l’impression que ces fameux moments passent plus vite qu’on arrive à s’en rendre compte. Notre esprit essaie plutôt de distinguer des moments uniques, souvent après coup, parmi la multitude de moments beaucoup plus communs de la vie. Apprécier chaque moment de manière unique suppose qu’on ait de manière continuelle conscience du moment qui passe et je me demande si cette conscience ne viendrait pas perturber la qualité du moment en question et nous empêcher d’en profiter pleinement. J’essaie de faire le lien entre ce concept du ichigo ichie et mes promenades urbaines dans Tokyo. Elles sont assez systématiquement bordés dans le temps, au maximum 2h (un autre concept vient s’immiscer ici, le 2時間だけのヴァカンス), mais j’ai souvent conscience pendant cette courte période de la qualité du moment passé, notamment parce qu’il est limité. J’ai l’impression pendant ces moments là de chérir la nature irremplaçable d’un moment. Je m’en rends compte souvent après être revenu à la maison, lorsque la promenade urbaine n’est plus qu’un souvenir que je garde en mémoire pendant quelques temps avant que celui-ci disparaisse, enfoui sous d’autres souvenirs de marches tokyoïtes plus récentes. La musique que j’écoute en marchant ajoute pour moi à la qualité du moment quand les bruits de la rue viennent la dégrader. Je me pose assez souvent la question si cette musique dans les écouteurs est vraiment nécessaire et si la qualité du moment ne serait pas meilleure sans ces écouteurs dans les oreilles pour apprécier la multitude de couches sonores qui composent le milieu urbain. J’ai tendance à penser ce moment de deux heures dans les rues de Tokyo avec mon appareil photo en mains comme un moment à part et le passer avec une musique que j’aime en tête transforme ce moment en une expérience. Enfin, plus que d’essayer d’appliquer ce concept du ichigo ichie à la lettre, c’est plutôt la réflexion qu’il engage qui est intéressante, car il nous pousse à réfléchir à ce qu’on fait, pourquoi on le fait et pourquoi c’est nécessaire de le faire. J’aime appliquer ce genre de réflexion à la pratique de ce blog car j’ai encore maintenant beaucoup de doutes et très peu de certitudes sur le pourquoi de cette démarche que j’ai pourtant mené pendant un peu plus de 18 ans sans interruption.

Ichigo Ichie (苺イチエ) est le nom de scène emprunté par l’actrice Eri Fukatsu dans la pièce de théâtre Egg dirigée par le dramaturge Hideki Noda et sa compagnie Noda Map. Je n’ai pas vu la pièce de théâtre mais la raison pour laquelle j’en parle ici est que la direction musicale de cette pièce datant de 2012 était assurée par Sheena Ringo. Ce n’est pas la première fois qu’elle intervient comme directrice musicale sur une pièce de théâtre ou sur un film. C’était déjà le cas sur le film court Hyakuiro Megane (百色眼鏡) sorti en 2003 et son adaptation théâtrale intitulée Lens sortie en 2004, reprenant tous les deux des morceaux de son troisième album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花). Il y avait également le film Sakuran réalisé par Mika Ninagawa et sorti en 2007. Les musiques du film composées et interprétées par Sheena en compagnie de Neko Saito ont été regroupées sur l’album Heisei Fūzoku (平成風俗) qui sert de bande originale au film. Elle a également composé la même année des musiques pour la pièce de théâtre kabuki Sannin Kichisa (三人吉三) et j’avais déjà parlé du morceau Tamatebako (玉手箱) qu’elle y interprète. La particularité sur Egg est que Sheena Ringo n’y compose que les musiques. Les paroles sont écrites par Hideki Noda et les morceaux sont interprétés au chant par Eri Fukatsu.

Un petit album de 8 morceaux intitulé Doku Ichigo (毒苺), qu’on pourrait traduire par « fraise toxique », est sorti en CD le 31 Août 2012 dans un coffret que j’ai trouvé sur Mercari pour un prix très raisonnable (on le trouve à des prix très variables). Les 8 morceaux sont attribués à Ichigo Ichie (苺イチエ), joué sur scène par Eri Fukatsu, car le personnage Ichigo Ichie interprète ces morceaux pendant la pièce de théâtre. Tous les morceaux ont été créés spécialement pour Egg, mais Sheena en a repris deux dans des versions différentes sur les albums Reimport. Le deuxième morceau de Doku Ichigo, intitulé The Heavy Metalic Girl et chanté en japonais par Eri Fukatsu, est également présent sur Reimport 2 (逆輸入 ~航空局~) sorti en 2017, dans une version assez différente chantée en anglais par Sheena et portant un titre japonais Jūkinzokusei no Onna (重金属製の女) ayant la même signification que le titre en anglais sur Doku Ichigo. au passage, le chassé-croisé anglais-japonais est assez intéressant. À vrai dire, je suis vraiment surpris par la version du morceau sur Doku Ichigo car Eri Fukatsu l’interprète brillamment. Elle a une voix beaucoup plus affirmée que je le pensais initialement et porte très bien ce morceau, peut être même mieux que Sheena sur la reprise qu’elle en a fait sur Reimport 2. En fait, le morceau fonctionne mieux en japonais, ce qui joue sur l’impression générale que j’en ai. J’aime aussi beaucoup l’ambiance de la vidéo accompagnant The Heavy Metalic Girl. On trouve également le septième morceau de Doku Ichigo sur le premier volume de Reimport (逆輸入 ~港湾局~) sorti en 2014. Sur Doku Ichigo, le sixième morceau Bōenkyō no Naka no Keshiki (望遠鏡の中の景色) et le septième morceau Bōenkyō no Soto no Keshiki (望遠鏡の外の景色) sont liés et reprennent un même thème musical. Mais tandis que le sixième morceau met l’accent sur la voix de l’interprète, le septième se concentre par contre sur la partition musicale jazz interprété par le groupe SOIL& »PIMP »SESSIONS, qu’on a déjà croisé à plusieurs reprises aux côtés de Sheena Ringo. La version jazz sur Doku Ichigo est plus complexe et intéressante que la version sur le premier Reimport. C’est un beau moment de ce mini-album. On pouvait d’ailleurs entendre ce même morceau, ou une version légèrement différente peut-être, pendant la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Rio en 2016, au moment du passage de relai vers Tokyo comme ville hôte pour les Jeux de 2020. Il faut se souvenir que Sheena Ringo faisait partie du comité artistique des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, avant la dissolution de ce groupe il y a quelques mois. C’était une des conséquences du report des Jeux en 2021 et d’une revue à la baisse des ambitions pour les cérémonies officielles, considérant la crise sanitaire toujours très présente.

La pièce de théâtre Egg a aussi des liens avec l’olympisme. Même en lisant un résumé des thèmes de la pièce, il m’est bien difficile de comprendre vraiment l’histoire, s’il existe vraiment une histoire articulée. On nous dit que « Egg » est en fait le nom d’un sport imaginaire, utilisant de vrais œufs. La pièce nous raconte l’histoire d’un groupe de sportifs, dont l’acteur principal Satoshi Tsumabuki, se démenant pour participer aux Jeux Olympiques. La pièce contient apparemment des éléments politiques, une histoire d’amour et des allés retours dans le temps, à l’époque des Jeux Olympiques de Tokyo de 1964, pendant la guerre en Mandchourie en 1940 et à l’époque actuelle en 2012, l’année où a été montrée la pièce au Théâtre Métropolitain de Tokyo du 5 Septembre au 28 Octobre. Souvenons-nous que 2012 était également une année olympique pour Londres et que 1940 était initialement la date prévue pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Ils ont été annulés à cause de la guerre et ont finalement eu lieu beaucoup plus tard en 1964. L’album Doku Ichigo contient trois morceaux faisant référence directe à ces trois dates olympiques, car l’année est incluse dans le titre du morceau, comme par exemple Wakare 1964 (別れ 1964). Ces morceaux reprennent le même air et les mêmes paroles mais se différencient en intégrant un style nous rappelant l’année en question. Le style est par exemple proche du Shibuya-Kei pour Wakare 2012, morceau concluant ce petit album.

Doku Ichigo est une bonne surprise. On peut d’ailleurs l’écouter en intégralité sur YouTube. Je connais peu le théâtre moderne japonais mais Hideki Noda en est une figure importante. C’est amusant de constater qu’il aime jouer avec les mots et utiliser des termes obsolètes. J’imagine qu’il a dû très bien s’entendre avec Sheena vu son intérêt pour les utilisations inhabituelles de Kanji dans les paroles de ses morceaux. On peut d’ailleurs les voir ensemble en interview sur YouTube et sur le site web de Noda Map. Il évoque d’ailleurs la programmation de la pièce à Paris au Théâtre National de Chaillot dans la salle Jean Vilar du 3 au 8 Mars 2015. La pièce était apparemment jouée en version originale et Hideki Noda évoque dans la vidéo le fait que le public français est à priori réceptif à ce genre de spectacle, même s’il ne comprend pas la langue. Selon son sentiment, le public français serait en mesure de ressentir les émotions et les sensations que la pièce et les acteurs transmettent même si c’est joué en japonais. Il évoque une certaine ouverture d’esprit que j’arrive assez bien à appréhender. Avant de partir pour Paris, la pièce s’était jouée pour quelques nouvelles dates à Tokyo de Février 2015 et était ensuite revenue au Japon pour des dates additionnelles à Osaka et Kitakyushu. Je ne suis pas sûr que la pièce de Noda Map soit disponible en DVD mais je serais bien curieux de voir le spectacle en entier, notamment pour entendre les morceaux de Sheena Ringo interprètés en situation. En en voyant l’affiche de Egg, je pense à l’affiche d’une autre pièce de théâtre de Noda Map intitulé The Character, que j’avais aperçu devant le Tokyo Metropolitan Art Space à Ikebukuro. La tête dorée construite à base de personnes comme dans les dessins de Kuniyoshi Kunisada m’avait impressionné.

let it vanish under the sun

Sur la série de photographies ci-dessus, j’extrais de Tokyo quelques formes courbes et d’autres angulaires. La première courbe est celle du nouveau YouTube Space Tokyo près de la sortie Sud de la gare de Shibuya. La suivante vient d’une terrasse en hauteur du building Spiral de Fumihiko Maki à Aoyama. Je ne soupçonnais pas la présence d’une terrasse au 5ème étage avec un café fort agréable lorsque les températures sont douces. Au milieu de la partie intérieure du café, on y trouve un dôme qui dépasse à l’extérieur. Je ne fais que rarement le lien entre ce blog et ma page Instagram, mais j’y montre parfois des photos différentes et même de temps en temps plus intéressantes, car le format vertical obligé d’Instagram permet parfois de montrer des choses que le format horizontal ne permet que difficilement (d’autant plus avec un objectif 40mm). Dans le cas présent, la photo que je montre sur Instagram en format vertical montre également les derniers étages du building me faisant penser à une tête de robot par l’agencement des ouvertures. On ne peut pas voir cette partie du building depuis la rue. En parlant d’Instagram, j’y ai maintenant plus de Followers que sur ce blog, car j’atteints de justesse les 400, ce qui ne veut pas dire grand chose j’en conviens. Je ne publie pourtant pas souvent de nouvelles photos sur Instagram et je n’y vais pas non plus très régulièrement, mais le très grand avantage est que les personnes que je suis sur Instagram, étant principalement des amateurs d’architecture, me donnent des idées sur les buildings à voir. Nous descendons ensuite sous terre dans la station de métro Fukutoshin conçue par Tadao Ando. J’ai souvent montré ces formes elliptiques mais je ne me lasse jamais de lsaisir en photo. Les deux dernières photographies sont prises à Roppongi 1-Chōme et Akasaka. Le toit biseauté angulaire d’une des entrées de la tour Roppongi Grand Tower a une forme étrange qui donne l’impression d’être déséquilibrée. J’aime beaucoup les angles de la dernière photographie. Il s’agit de la salle de concert Blitz Akasaka qui a malheureusement fermé ses portes en Septembre 2020. Le concert de Tokyo de la tournée Spa & Treatment de Tokyo Jihen s’y été déroulé en 2007. J’avais assisté à quelques concerts dans cette salle, il y a très longtemps.

Je parlais il y a plusieurs semaines de l’album de rock indé Before Sunrise (夜明け前) de la compositrice et interprète Nana Yamato. En lisant la page bio de l’album sur Bandcamp, il était mentionné qu’elle avait pour habitude d’aller quotidiennement au magasin de disques Big Love Records à Harajuku pour y découvrir les dernières sorties indie rock. Plus spécifiquement, le groupe danois Iceage semble avoir été un déclencheur de sa carrière d’artiste musicale. La musique de Nana Yamato n’a pas grand chose de similaire à la musique de Iceage mais cette anecdote a eu le mérite de me rappeler qu’il fallait que je jette une oreille curieuse à l’univers musical de Iceage. En fait, je connais ce groupe de nom depuis longtemps car tous les albums du groupe ont reçu d’excellentes revues sur Pitchfork et leur dernier album Seek Shelter vient de sortir. Je n’ai pas encore écouté ce dernier album car je préfère commencer par celui d’avant, Beyondness sorti en 2018, tout simplement car je suis plus attiré par l’image de couverture. Je suis également attiré par le fait qu’il y ait un morceau en duo avec Sky Ferreira, intitulé Pain Killer. De Sky Ferreira, j’ai toujours en tête le duo au chant avec Zachary Cole Smith sur le morceau Blue Boredom (Sky’s Song) du deuxième album de DIIV. Sky Ferreira était la compagne du chanteur de DIIV à cette époque là. Iceage a démarré sur ses deux premiers albums sous une influence punk, mais leur univers musical s’est diversifié et a pris de l’ampleur en incluant des cordes et des cuivres. La composition musicale est précise et impeccable mais c’est la voix tendue et incontrôlable de Elias Rønnenfelt qui attire énormément. Même s’il ne force pas sa voix sur la plupart des morceaux, la tension est palpable comme une douleur qu’il essaie d’évacuer. Le troisième morceau Under the sun est un des nombreux sommets de l’album. Son chant lent accentue chaque mot et les guitares viennent appuyer cette accentuation vocale. Il y a quelque chose de brut réminiscent des débuts punk du groupe mais avec une très grande élégance. La vidéo du morceau tournée à Tokyo où le groupe est entouré de fleurs aux couleurs saturées démontre bien cela et donne un côté gothique à la musique du groupe. L’installation florale s’intitule Crazy Garden et est l’oeuvre de l’artiste Makoto Azuma, dont j’avais d’ailleurs déjà parlé pour ses bonsaïs en bocal sur Cat Street. Comme je le dis très souvent, j’aime beaucoup quand mes sujets d’interêt se rejoignent d’une manière ou d’une autre. L’ensemble de l’album est excellent avec quelques cimes comme par exemple le sixième morceau Catch it. Pour les amateurs de sons rock alternatif, il me semble difficile de passer à côté d’un tel album d’autant plus qu’il se révèle un peu plus à chaque écoute. Plutôt que d’écouter Seek Shelter, je ne sais pour quelle raison je préfère continuer avec l’album sorti avant Beyondness. Plowing in the Field of Love est sorti en 2014. Il est tout de suite plus difficile d’approche que Beyondness, car la voix d’Elias Rønnenfelt y est beaucoup plus brute et mouvante. Le premier morceau m’a d’abord surpris par sa manière de chanter comme un électron libre. On retrouve bien cette même manière de chanter sur Beyondness, mais c’est beaucoup moins cadré sur Plowing in the Field of Love. A vrai dire, il s’opère une sorte d’addiction au fur et à mesure qu’on évolue dans l’écoute de l’album, avec des morceaux comme Let it vanish par exemple. Il y a une intensité et une authenticité que j’aime beaucoup. Après avoir écouté cet album, l’idée me revient d’écouter Tostaky et quelques morceaux Live de Dies Irae: La chaleur, A l’arrière des taxis, Le fleuve… Je réécoute souvent les morceaux de Tostaky pour me souvenir de mon adolescence française mais je n’avais pas écouté ces morceaux de Dies Irae depuis plus de 20 ans car le double album doit être resté parmi les trop nombreux CDs que je n’ai pas encore ramené de France.

岡タコ黒18年Flash&Play

Made in Tokyo a maintenant 18 ans. Sa date d’anniversaire est le 22 Mai même si le site web a démarré quelques années auparavant en 1998, un peu avant que je mette les pieds au Japon. J’oublie en général cette date d’anniversaire mais c’est peut-être le fait que ce blog ait atteint la majorité qui me fait m’en souvenir. Je n’ai pas l’intention de faire de bilan de ces 18 années écoulées car je ne serais pas par où commencer et je le fais en fait déjà petit à petit sur ma page « À propos« . Il faudrait d’ailleurs que je mette cette page à jour car je n’y aie pas touché depuis deux ans. Je n’ai pas non plus changé la mise en page générale du blog depuis très longtemps, 4 ans en fait. J’ai fait plusieurs tentatives non concluantes et j’ai bien peur de ne jamais trouver de thème WordPress qui me convienne. J’ai également perdu un peu la main sur les modifications des fichiers CSS, ce qui rend tout changement de fond un peu plus compliqué. En fait, je ne fais pas de bilan car j’aime plutôt, au fur et à mesure, faire des liens vers des billets passés. Je me dis que le fait de parler sans cesse de billets précédents doit être un peu agaçant pour le visiteur, mais je le fais aussi pour maintenir en vie la totalité de ce blog, qui ressemble de manière imagée à un réseau de neurones. Faire un lien sur un ancien billet depuis un billet récent vient en quelque sorte irriguer les parties les plus profondes du blog et les faire sortir de l’oubli. J’ai toujours imaginé ce blog comme un complément mémoire. Il n’est pas indispensable mais bien pratique pour se souvenir de certaines choses et certains endroits où nous sommes allés dans le passé. Il n’est pas rare que je fasse une recherche sur ce blog pour me souvenir d’événements passés que j’avais parfois complètement oublié. Ce blog est également pour moi une occasion d’écrire en français, et c’est peut être bien avant tout la raison pour laquelle je ressens le besoin de continuer.

Je n’ai pas encore parlé du Blu-ray du concert News Flash de Tokyo Jihen que j’ai acheté à sa sortie au Tower Records de Shibuya. Je ne vais pas m’étendre sur le contenu car je l’avais déjà évoqué en longueur au moment de la diffusion en streaming l’année dernière. C’était évidemment un plaisir renouvelé de revoir ce concert avec la qualité du Blu-ray en plus. La principale différence vient de la qualité sonore qui est excellente sur le Blu-ray par rapport à la version streaming que je connaissais. Voir ce concert avait enclenché mon envie de voir tous les concerts de Tokyo Jihen les uns après les autres et de les commenter ici. Il est difficile et pas forcément nécessaire de faire un classement mais Ultra C et Dynamite Out restent mes préférés. Ce dernier News Flash est tout de même à mon avis dans le peloton de tête, même s’il n’y avait pas de public dans la salle. Des morceaux comme OSCA fonctionnent mieux quand il y a une foule qui réagit. Je ne me souvenais plus que ce morceau, qui demande beaucoup l’énergie, se trouvait vers la fin du concert. Je me souvenais pas contre très bien que la performance était impeccable. Au milieu du concert, Superstar est le plus beau morceau qu’ils interprètent et il m’a même donné les larmes aux yeux tout seul devant mon écran. Allez savoir pourquoi. Senkō Shōjo est le morceau le plus épuisant du concert pour Kameda, ce qui est assez amusant car c’est lui-même qui en a écrit la musique. Ce concert me rappelle aussi que Hata Toshiki est fantastique à la batterie. Je me le dis à chaque fois, mais cette impression est plus présente lors de ce concert. Son jeu est extrêmement sophistiqué et j’aime beaucoup le voir souffrir avec le sourire quand Sheena le regarde. Le seul bémol à mentionner est la vue supplémentaire donnée pour certains morceaux sous le format Academic view. Il s’agit d’une vue fixe comme si on était au milieu de la salle. Je trouve l’image de qualité moyenne et cette vue ne remplace en rien les caméras rapprochées de la version filmée originale. J’aurais préféré qu’ils ajoutent des images backstage ou des préparatifs, comme le groupe l’a souvent fait sur des DVDs précédents plutôt que cette vue académique très dispensable. On peut également regretter que la couverture du DVD/Blu-ray soit aussi ressemblante à celle du EP News de 2020. Le détail amusant tout de même est l’heure mentionné sur la photo de couverture. Il est 20:20 sur le EP News, et le DVD/Blu-ray démarre une minute après à 20:21, ce qui correspond bien entendu aux années de sortie. Il n’empêche que le concert est excellent et me pousse à relire mes commentaires passés en le revoyant maintenant.

De tous les DVDs et Blu-ray officiels des concerts de Tokyo Jihen, Chin Play Kō Play (珍プレー好プレー) est le seul qu’il me restait à mentionner ici. Je l’ai dans ma collection depuis de nombreux mois mais je voulais le voir en dernier car il s’agit d’une compilation de concerts. Chin Play Kō Play est sorti le 29 Août 2012, en même temps que la compilation de B-side Shin’ya Waku (深夜枠). C’était l’année de la dissolution du groupe. Chin Play Kō Play est une compilation live tentant de réunir les meilleurs moments des concerts de Tokyo Jihen, de la formation en phase 1 en 2004 jusqu’au dernier concert de la tournée Bon Voyage le 29 Février 2012. Elle compile 3 ou 4 morceaux par concerts et inclut également des versions écourtées de morceaux joués lors de festivals comme le Rising Sun Rock Festival à Ezo (Hokkaido), le Fuji Rock Festival à Naeba, les concerts Countdown avant le passage à la nouvelle année dans l’immense hall de Makuhari à Chiba, ou encore le festival EMI Rocks au Saitama Super Arena. C’est une idée étrange que de donner seulement des extraits des morceaux joués dans les festivals, mais je remarque que les morceaux sont pratiquement joués en entier au fur et à mesure qu’on avance dans la playlist du DVD. Je connaissais quelques morceaux pour les avoir déjà entendu sur YouTube ou sur une autre plateforme vidéo, comme ceux interprétés sur le deuxième volume des concerts Society of the Citizens, invitant plusieurs autres groupes. La plupart des morceaux en festivals étaient tout de même nouveaux pour moi, et c’est très intéressant de voir le groupe évoluer dans un environnement un peu différent des concerts qui leur sont uniquement dédiés. Il y a pas de différence vraiment notable dans la qualité des interprétations mais je n’ai pas vraiment noté de morceau qui était meilleur en festivals par rapport à leur version en concert. J’aime quand même beaucoup l’interprétation du morceau Gaman lors de Countdown Japan 09/10 le 30 Décembre 2009.

La partie principale de Chin Play Kō Play se concentre sur les 7 tournées officielles de Tokyo Jihen dont 6 sont sortis en DVD/Blu-ray. Il s’agit des tournées Dynamite en 2005, Domestic! Just Can’t Help It! en 2006, Spa & Treatment en 2007, Ultra C en 2010, Discovery en 2011 et Bon Voyage en 2012. J’en ai déjà parlé assez longuement dans des billets séparés. La nouveauté, si on peut dire, sur Chin Play Kō Play, c’est qu’il comprend également un ancien concert jamais édité en DVD, Domestic! Virgin Line, qui s’est déroulé en Février 2006, quelques mois seulement avant la tournée suivante Just Can’t Help It! Il y avait seulement deux dates pour cette tournée, le 19 Février à Tokyo au Nippon Bundokan et le 21 Février au Osaka-jō Hall. Une partie du concert au Nippon Budokan était diffusé sur Fuji TV. Un des objectifs du concert était de présenter Ukigumo et Izawa Ichiyō, qui venaient remplacer respectivement Hirama Mikio et H Zett M. Sheena Ringo connaissait déjà Ukigumo de longue date et Ie nom d’Izawa avait été proposé par H Zett M pour son propre remplacement. C’était en quelque sorte un concert de chauffe venant tester l’accueil du public. Quatre morceaux de Domestic! Virgin Line sont inclus sur Chin Play Kō Play, à savoir Sōretsu, Kyogenshō, Bokoku Jōcho et Rakujitsu. Sōretsu est une reprise du morceau du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) de Sheena Ringo. Son interprétation est sombre et touchante. Le morceau se termine par un chœur de voix d’enfants, ceux du Suginami Junior Chorus (杉並児童合唱団). Le fait que le morceau soit très sombre est compensé par les oreilles de lapin portées par les enfants qui donnent une petite touche décalée. Kyogenshō est également un morceau repris de la carrière solo de Sheena, car il est présent sur Shōso Strip. Les interprétations de Bokoku Jōcho et Rakujitsu sont amusante pour la première et très belle pour la deuxième, mais n’arrivent pas à la hauteur de l’émotion qui se dégage de Sōretsu. Ce morceau n’est pas inédit, par rapport aux trois autres, car on le trouvait déjà dans cette émission de Fuji TV qui reprenait seulement une partie des morceaux du concert entier. Il vaut en tout cas le détour. C’est dommage d’ailleurs que ce concert n’existe pas en entier en DVD, car les morceaux qu’on peut entendre et voir dans cette émission de Fuji TV sont pour la plupart excellents. Je note notamment Kabuki car Ukigumo y fait son show en solo guitare comme s’il avait quelque chose à prouver pour ses débuts dans le groupe, la mise en scène sur Service, Keshō Naoshi car on y trouve des percussions supplémentaires accompagnant Hata Toshiki et les nombreuses variations de guitare, parfois subtiles, introduites sur les morceaux.

On peut trouver cette émission en entier quelque part sur internet mais la qualité visuelle et sonore de la version que j’ai vu était assez moyenne. Les morceaux de cette tournée présents sur Chin Play Kō Play sont de bien meilleure qualité. L’émission de Fuji TV est également entrecoupée d’interviews des membres du groupe évoquant leur entrée dans Tokyo Jihen, leurs impressions sur les autres membres du groupe. Je retiens ce petit passage qui m’a amusé où Ukigumo évoque la manière de chanter de Sheena:

あんな人いないですようね、他に。なんか、何でも出来るし、全部本気で出来てるみたいな、ね。。。ニャーニャー声からロッカーな声から、オペラみたいな声からエレベーターの女の人みたいな声出すし。。。

Il n’y a personne d’autre comme elle. Elle arrive à tout faire, toujours très sérieusement, du miaulement de chat à la voix de rocker, de la voix d’opéra à celle des hôtesses d’ascenseurs…

Il y a également des scènes montrant les répétitions, toujours très instructives pour comprendre comment le groupe fonctionne. Sheena semblait avoir une parole forte à cette période, certainement car le groupe démarrait sous cette nouvelle formation Phase 2. J’espère qu’on aura l’occasion un jour de voir cette émission dans un format de bonne qualité.

Pour revenir au DVD Chin Play Kō Play, il s’avère une bonne porte d’entrée vers le monde de Tokyo Jihen pour ceux qui n’auraient pas encore vu leurs concerts en vidéo. Je trouve la sélection très bonne, même s’il y a bien sûr de nombreux manques. On y trouve par exemple la superbe reprise de Misora Hibari, Kurumaya-san sur Dynamite Out, la beauté neigeuse de Yukiguni sur Just Can’t Help It!, le sourire de Sheena sur le morceau Himitsu du concert Discovery lorsque Ukigumo se trouve en haut d’escaliers illuminés en son honneur, la puissance viscérale des interprétations d’Ultra C ou encore le grandiose d’un morceau comme Atarashii bunmeikaika dans le Nippon Budokan sur la tournée Bon Voyage. Voir ces bouts de concerts sur Chin Play Kō Play me donne maintenant envie des les re-regarder en entier les uns après les autres. Mais il faudra d’abord que je regarde les quelques concerts solo de sheena Ringo qu’il me reste dans ma liste.

Pour référence, ci-dessous est la liste des morceaux présents sur la compilation live Chin Play Kō Play:

Dynamite! (9 Février 2005 – Nagoya Century Hall)
1. Ringo no Uta (りんごのうた) du 1er album Kyōiku (教育)
2. Kurumaya-san (車屋さん), reprise du morceau de Misora Hibari sorti en Avril 1961 sur le double single Hibari no Dodonpa/Kurumaya-san (ひばりのドドンパ/車屋さん), également présent sur le DVD Tokyo Incidents Vol. 1
3. Koi no Urikomi (恋の売り込み), reprise du morceau I’m Gonna Knock on Your Door de The Isley Brothers

Domestic! Virgin Line (19 Février 2006 – Nippon Budokan)
4. Sōretsu (葬列) du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) de Sheena Ringo
5. Kyogenshō (虚言症), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
6. Bokoku Jōcho (母国情緒) du 1er album Kyōiku (教育)
7. Rakujitsu (落日), présent en B-side du single Shuraba (修羅場)

Domestic! Just Can’t Help It!(26 Mai 2006 – NHK Hall)
8. Yukiguni (雪国) du 2ème album Adult (大人)
9. Dynamite (ダイナマイト), reprise du morceau de Brenda Lee et présent en B-side sur le single Sōnan (遭難)
10. Kenka Jōtō (喧嘩上等) du 2ème album Adult (大人)

Spa & Treatment(21 Novembre 2007 – Zepp Tokyo)
11. Kingyo no Hako (金魚の箱), du 3ème album Variety (娯楽)
12. Shiseikatsu (私生活), du 3ème album Variety (娯楽)
13. Kuronekodō (黒猫道), du 3ème album Variety (娯楽)

Ultra C(12 Mai 2010 – Tokyo International Forum)
14. Denpa tsūshin (電波通信) du 4ème album Sports (スポーツ)
15. Ikiru (生きる) du 4ème album Sports (スポーツ)
16. Noriki (乗り気) du 4ème album Sports (スポーツ)

Discovery(7 Décembre 2011 – Tokyo International Forum)
17. Sora ga Natteiru (空が鳴っている) du 5ème album Daihakken (大発見)
18. Himitsu (秘密) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
19. Konya ha Kara Sawagi (今夜はから騒ぎ) du mini-album Colors

Domestique Bon Voyage(29 Février 2012 – Nippon Budokan)
20. Atarashii bunmeikaika (新しい文明開化) du 5ème album Daihakken (大発見)
21. Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) du 4ème album Sports (スポーツ)
22. Gunjō Biyori (群青日和) du 1er album Kyōiku (教育)

0724YAMABIKARI(24 Juillet 2004 – Kobe Live House Chicken George)
23. Sono Onna Fushidara ni Tsuki (その淑女ふしだらにつき), reprise du morceau The Lady Is a Tramp écrit et composé par Lorenz Hart et Richard Rodgers, présent en B-side du single Gunjō Biyori (群青日和)

FM802 Meet the World Beat 2004 (25 Juillet 2004/Osaka Expo ’70 Commemorative Park Momijigawa Lawn Plaza)
24. Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) du 1er album Kyōiku (教育)

Fuji Rock Festival ’04(30 Juillet 2004 – Niigata Yuzawa Naeba Ski Resort)
25. Sōnan (遭難) du 1er album Kyōiku (教育)

Countdown Japan 06/07(30 Décembre 2006 – Makuhari Messe Event Hall)
26. Oiran (花魁) de l’album Heisei Fūzoku (平成風俗) de Sheena Ringo
27. Blackout (ブラックアウト) du 2ème album Adult (大人)

Rising Sun Rock Festival 2008 in Ezo(15 Août 2008 – Hokkaido Ishikari)
28. Senkō shōjo (閃光少女) du 4ème album Sports (スポーツ)

Society of the Citizens Vol. 2(24 Août 2008 – Tokyo Dome City Hall)
29. BB.QUEEN, présent en B-side du single Killer Tune (キラーチューン)
30. Mirrorball (ミラーボール), du 3ème album Variety (娯楽)

Countdown Japan 09/10 (30 Décembre 2009 – Makuhari Messe Event Hall)
31. Gaman (我慢), b-side du single Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間)
32. Ariamaru Tomi (ありあまる富), du 6ème album studio de Sheena Ringo Hi Izuru Tokoro (日出処)

EMI Rocks 2010(6 Novembre 2010 – Saitama Super Arena)
33. Tengoku he Yōkoso (天国へようこそ) du 5ème album Daihakken (大発見)
34. Tōmei Ningen (透明人間), du 2ème album Adult (大人)

EMI Rocks 2012(19 Février 2012 – Saitama Super Arena)
35. sa_i_ta, du mini-album Colors
36. Killer Tune (キラーチューン) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)

幕の内サディスティック
37. Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), collage du morceau repris de plusieurs concerts

Imanishi Moto-Akasaka par Shin Takamatsu

J’aimerais un jour faire le tour de Kyoto pour aller voir les premières œuvres architecturales de Shin Takamatsu (Il est diplômé du département Architecture de l’Université de Kyoto), celles qui étaient particulièrement futuristes dans les années 80, comme la clinique dentaire Pharaoh, au point de ressembler à des dessins de Giger. Shin Takamatsu a également conçu quelques buildings très particulier à Tokyo et je vais les voir régulièrement, sans que ça soit toujours volontaire. Il a le building sous terrain Earthecture sub-1 à Yoyogi Uehara, Octagon à Ebisu ou encore la petite tour Heian 51 à Naka-Meguro. Je n’avais par contre pas été voir le plus exubérant de ses buildings de Tokyo depuis plus de 10 ans. J’avais une crainte que le building soit démoli mais il était toujours là, coincé entre d’autres buildings. Le building Imanishi Moto-Akasaka de Shin Takamatsu a par contre changé de nom pour devenir Tokyo Motoakasaka Building. Derrière les deux cônes placés à l’entrée, on peut accéder à un café au rez-de-chaussée. Je ne sais par contre pas comment sont occupés les 6 autres étages et le sous-sol. J’ai eu une certaine satisfaction à voir que le building n’a pas pris une ride. Il date de 1991 mais il n’accuse pas les années et reste encore maintenant en avance sur son temps. J’aime particulièrement quand l’architecture devient Art.

cloud.city.3

Une petite série en trois épisodes qui se passe de commentaires, sauf ceux que je suis en train d’écrire maintenant mais que j’aurais mieux fait d’éviter pour aller au bout du concept de série sans commentaires. Les nuages côtoient l’architecture comme deux éléments d’une recette visuelle que je n’ai cette fois-ci pas mélangé bien que la tentation fut grande et les essais non concluants. L’architecture sur cet épisode n’est plus à présenter mais sur les deux premiers épisodes, elle n’était pas présentable car les noms des créateurs me sont inconnus. Je tente une nouvelle fois avec cette petite série un format de billets plus court, car j’avais un peu tendance à m’allonger ces derniers temps et l’effort ne vaut pas toujours la chandelle.