une semaine en mars (8ème)

De retour à Tokyo, je profite de quelques heures de libre pour une promenade urbaine. Comme très souvent, ces ouvertures dans mon planning du week-end, des jours fériés ou des jours de congé ne sont pas planifiées longtemps à l’avance et je me rabats souvent sur les territoires connus de Aoyama ou de Shibuya, quand des heures se libèrent soudainement. Ce sont des territoires que j’ai maintes fois parcouru et photographié, mais ils restent mes endroits préférés dans Tokyo, autant pour l’intérêt urbain, la capacité à se renouveler sans cesse et pour la foule urbaine en éternelle mouvement (que j’essaie pourtant souvent d’extraire de mes photographies).

Mon parcours, cette fois-ci, emprunte beaucoup les rues parallèles à Cat Street, une rue quasi piétonne perpendiculaire à l’avenue d’Omotesando au niveau de l’immeuble GYRE de MVRDV. L’intérêt principal de cette promenade était de confronter certains des bâtiments à l’architecture remarquable à mon nouvel objectif Canon 17-40, par exemple le QUICO de Kazunari Sakamoto. C’est un petit immeuble en pointe avec accentuation bleue près des ouvertures. Vu le peu de recul dans la rue étroite où il se trouve, il est très difficile de le prendre en entier en photographie au format horizontal.

Une des raisons de ma visite par ici était notamment d’aller découvrir une nouvelle galerie qui s’appelle The Mass. On y montrait normalement une exposition intitulée 12 by 12 / ART x MUSIC qui associe art et musique en exposant des couvertures d’albums musicaux créées par des artistes reconnus comme Richard Prince, Damien Hirst ou encore Banksy. Le tout étant sélectionné par Hiroshi Fujiwara. La perspective d’y voir quelques couvertures connues de Sonic Youth, par exemple, m’avait attiré jusqu’ici. La malchance de ces congés de mars m’a encore joué un tour car l’exposition était fermée le jour de mon passage. Pire encore, il était soit disant interdit de prendre des photographies de l’espace estérieur composé de blocs de béton formant la galerie d’exposition. Cela parait incroyable d’interdire la photographie de l’extérieur d’un bâtiment. Je me suis quand même permis discrètement, comme le montre la photographie ci-dessus. Il faut dire que c’est du beau béton et il m’était difficile de résister.

Dans la même rue que le QUICO, juste devant cette galerie The Mass et juste derrière GYRE, il y a cet étrange bâtiment dont les nombreuses ouvertures sont composées de groupes de quatre fenêtres. Le troisième étage du bâtiment est tout particulièrement intéressant, car il me fait penser à une serre qui serait posée de travers en haut du bâtiment. Ce décalage laisse penser que ce troisième étage n’est pas lié au reste du bâtiment, et qu’il pourrait s’orienter au bon vouloir des propriétaires. Ce n’est pas le cas bien entendu mais j’aime ces constructions qui mènent à la réflexion et à l’imaginaire.

Et toujours dans la même rue, devant le GYRE, les draperies de l’immeuble de verre DIOR par SANAA ne perdent pas de leur blancheur, tout comme le musée d’art contemporain de Kanazawa. En descendant l’avenue d’Omotesando jusqu’au croisement avec la longue rue Meiji, notre regard se laisse forcément attirer par les surfaces en miroir à l’entrée du Tokyu Plaza. Il est devenu assez rapidement un landmark sur cette avenue et attire les photographes. A l’entrée de Tokyu Plaza, l’effet de fracturation de la foule dense du croisement à travers ce jeu de miroirs multiples est intéressant à photographier.

Mon parcours me fait ensuite passer devant la galerie alternative d’art Design Festa Gallery. Je ne sais jamais très bien où elle se trouve et il faut à chaque fois que je tourne en rond dans le quartier pour tomber dessus. Je la retrouve cette fois grâce à un bâtiment annexe couvert de peintures de visages féminins. Juste à côté, une mini galerie est ouverte sur la rue et l’artiste aux cheveux bleues présentent ces oeuvres. Elle se tient debout devant une file bien ordonnée de jeunes filles principalement, venues faire signer un dessin, ou un morceau de carnet. Cette procession bien organisée, perdue dans le labyrinthe des rues de ce quartier, évolue dans le plus grand calme.

Mais ma montre me rappelle déjà que le temps m’est compté et qu’il faut que je prenne le chemin du retour pour aller récupérer à Roppongi Hills, où je les avais laissé. Ces promenades non planifiées et sans but très précis faut beaucoup de bien de temps en temps.

maintenant est toujours

Des photos de rues à Shibuya, à Harajuku et en passant par d’autres lieux, Takadonobaba cette fois-ci, un peu d’architecture, des graffiti de rues et quelques passants par-ci par-là sans la foule, il s’agit d’une composition assez classique d’un billet sur Made in Tokyo. Quelques photographies au milieu du billet nous montre Takeshita Street à Harajuku sans un chat. Il est encore tôt le matin, vers 8h, et la foule qui va emprunter cette rue piétonne n’est pas encore réveillée. Sur Cat Steert, même chose, les nombreux magasins de la rue n’ouvriront que vers 10-11h, donc il n’y a personne. J’aime bien Harajuku à ce moment là pour cette impression paisible. Sur un panneau blanc de distributeur automatique de boissons, je suis intrigué par la répétition d’autocollants NOE246 sur les visages d’idoles japonaises. Après quelques recherches rapides, il s’agit d’un artiste de rue taïwanais sous le pseudonyme de NOE, qui sévit à Tokyo notamment.

Toutes les photos de ce billet ont été prises la même journée de congé. Je me suis levé tôt pour aller chercher des talismans au sanctuaire Ana Hachiman de Waseda. Comme tous les ans, il y a foule et il faut y aller tôt, vers 6h du matin dans mon cas. Pour aller à Waseda, on passe en train par la gare de Takadanobaba, station que je connais très peu. Sous les rails près de la station, des murs sont décorés de personnages du mangaka Osamu Tezuka, dont le robot Atomu (que l’on appelle Astro à l’étranger) qui serait apparemment « né » à Takadanobaba. Sur le retour de Waseda, j’abandonne le train de la Yamanote en cours de route en raison de la densité de remplissage des wagons. A partir de Harajuku, je commence à marcher dans les rues pratiquement vides qui me font penser aux photographies de Masataka Nakano que je découvrais il y a dix ans.

Ce billet est entouré d’architecture, le cinéma Rise de Atsushi Kitagawa et l’immeuble Dior Omotesando de SANAA (Kazuyo Sejima / Ryue Nishizawa).

Le titre du billet reprend le ‘Now is forever‘ de Stephen Powers sur un mur d’Harajuku.

soleil blanc et fantôme de jupiter

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Une boule lumineuse en forme de soleil blanc est posée à plusieurs endroits dans le jardin extérieur du septième étage de la tour Shin-Marunouchi. je n’ai jamais vu la lumière s’échapper de ce soleil mais je l’imagine similaire à celle des petites lunes dans les jardins de Roppongi Hills.

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La résidence sur cette photographie prise à Kitazawa est étrange. Elle ressemble à une forteresse avec peu d’ouvertures sur la rue. Un samedi matin, j’y trouve garée une vieille mercedes noire qui ne dépareille pas avec la résidence qui semble sans âge.

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Les deux photographies ci-dessus montrent des oeuvres aperçues au musée de Roppongi Hills pour l’exposition « The Universe and Art« . L’oeuvre courbe est de Mariko Mori (fille de Mori, tiens donc) et le robot sexy est de Hajime Sorayama. J’aime toujours les expositions au Mori Art Museum, car on y trouve beaucoup d’installations et on sent qu’il y a des moyens derrière pour créer une exposition d’exception. Cette fois-ci, j’ai particulièrement apprécié les images de soleil de Brilliant Noise par Semiconductor, en immersion sur trois écrans avec des sons fascinants. L’installation immersive par Teamlab intitulée « Crows are Chased and the Chasing Crows are Destined to be Chased as well, Blossoming on Collision » était très prenante. On s’assoie au centre de la pièce pour regarder les traines lumineuses sur un fond cosmique noir. Il faut s’asseoir car on peut perdre l’équilibre parmi ces flux de lumière tourbillonants.

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Vendredi et Samedi dernier, je recevais la visite de Frédéric qui faisait une escale de deux jours à Tokyo avant de rejoindre Nouméa pour y vivre. Cela faisait 14 ans qu’on ne s’était pas vu et les discussions de retrouvaille nous ont accompagné pendant de longues marches dans Tokyo, 40 kms à pieds sur 2 jours (les visiteurs de ce blog le savent peut être déjà, j’aime marcher dans les rues de Tokyo). Notre parcours nous fait passer par Asakusa, Ueno, Akihabara et la tour de Tokyo dont on aperçoit une vue sur la photographie ci-dessus.

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Le deuxième jour de marche nous amène jusqu’à Meiji Jingu, histoire d’y voir quelques processions de mariages traditionnels en kimono. Je ne vais pas souvent à Meiji Jingu, mais l’endroit est agréable le matin quand il fait chaud et que l’on cherche un peu de fraicheur. Il y a beaucoup de touristes évidemment.

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Nous redescendons ensuite de Meiji Jingu vers Harajuku, pour y voir la faune, celle de la rue Takeshita. On remarque que comme en France, les tatouages se répandent de plus en plus, comme sur le dos de la jeune fille de la photographie ci-dessus. Les tatouages sont encore interdits dans de nombreux endroits comme les piscines ou les salles de sport, mais cela va certainement changer avec le temps, j’imagine.

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Nous marchons ensuite vers le centre de Shibuya pour revoir les panneaux lumineux du croisement. Je remarque cette photo de Utada Hikaru, un peu floue et en noir et blanc pour son dernier album à sortir à la fin du mois de septembre. L’utilisation du français me surprend un peu. Sheena Ringo utilise souvent le français pour les sous-titres de ses morceaux (bien que les morceaux soient en japonais voire en anglais) et il y a justement un duo des deux chanteuses sur cet album. Je n’apprécie pas tous les morceaux de Utada Hikaru ou de Sheena Ringo, mais je prête toujours une oreille attentive. J’aime d’ailleurs ce nouveau morceau du duo, intitulé 二時間だけのバカンス (des vacances de deux heures seulement) et notamment la vidéo rétro-futuriste avec Citroen DS volante et passage devant la grande tache rouge de Jupiter.

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Pour terminer notre promenade de la journée, nous passons à Shimo-Kitazawa. J’y vais très souvent par la force des choses mais j’apprécie les petites rues encombrées de bric à brac. Les cafés de tous styles se développent beaucoup à Tokyo en ce moment, et on a la chance ce samedi de trouver une petite place sur une terrasse improvisée sur le maigre trottoir de la rue. Les rues sont de toute façon majoritairement piétonnes, pas vraiment en fait mais assez peu de voitures s’aventurent dans ces rues. On observe la foule des passants en buvant tranquillement notre café.

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Ces dernières photographies sont prises en dehors de Tokyo, au sanctuaire de Aoki pour le matsuri d’automne. Comme tous les ans, on sort les mikoshi. Zoa participe à procession en portant avec d’autres enfants un mikoshi miniature. On y joue aussi du taiko devant le sanctuaire.