岡タコ黒18年Flash&Play

Made in Tokyo a maintenant 18 ans. Sa date d’anniversaire est le 22 Mai même si le site web a démarré quelques années auparavant en 1998, un peu avant que je mette les pieds au Japon. J’oublie en général cette date d’anniversaire mais c’est peut-être le fait que ce blog ait atteint la majorité qui me fait m’en souvenir. Je n’ai pas l’intention de faire de bilan de ces 18 années écoulées car je ne serais pas par où commencer et je le fais en fait déjà petit à petit sur ma page « À propos« . Il faudrait d’ailleurs que je mette cette page à jour car je n’y aie pas touché depuis deux ans. Je n’ai pas non plus changé la mise en page générale du blog depuis très longtemps, 4 ans en fait. J’ai fait plusieurs tentatives non concluantes et j’ai bien peur de ne jamais trouver de thème WordPress qui me convienne. J’ai également perdu un peu la main sur les modifications des fichiers CSS, ce qui rend tout changement de fond un peu plus compliqué. En fait, je ne fais pas de bilan car j’aime plutôt, au fur et à mesure, faire des liens vers des billets passés. Je me dis que le fait de parler sans cesse de billets précédents doit être un peu agaçant pour le visiteur, mais je le fais aussi pour maintenir en vie la totalité de ce blog, qui ressemble de manière imagée à un réseau de neurones. Faire un lien sur un ancien billet depuis un billet récent vient en quelque sorte irriguer les parties les plus profondes du blog et les faire sortir de l’oubli. J’ai toujours imaginé ce blog comme un complément mémoire. Il n’est pas indispensable mais bien pratique pour se souvenir de certaines choses et certains endroits où nous sommes allés dans le passé. Il n’est pas rare que je fasse une recherche sur ce blog pour me souvenir d’événements passés que j’avais parfois complètement oublié. Ce blog est également pour moi une occasion d’écrire en français, et c’est peut être bien avant tout la raison pour laquelle je ressens le besoin de continuer.

Je n’ai pas encore parlé du Blu-ray du concert News Flash de Tokyo Jihen que j’ai acheté à sa sortie au Tower Records de Shibuya. Je ne vais pas m’étendre sur le contenu car je l’avais déjà évoqué en longueur au moment de la diffusion en streaming l’année dernière. C’était évidemment un plaisir renouvelé de revoir ce concert avec la qualité du Blu-ray en plus. La principale différence vient de la qualité sonore qui est excellente sur le Blu-ray par rapport à la version streaming que je connaissais. Voir ce concert avait enclenché mon envie de voir tous les concerts de Tokyo Jihen les uns après les autres et de les commenter ici. Il est difficile et pas forcément nécessaire de faire un classement mais Ultra C et Dynamite Out restent mes préférés. Ce dernier News Flash est tout de même à mon avis dans le peloton de tête, même s’il n’y avait pas de public dans la salle. Des morceaux comme OSCA fonctionnent mieux quand il y a une foule qui réagit. Je ne me souvenais plus que ce morceau, qui demande beaucoup l’énergie, se trouvait vers la fin du concert. Je me souvenais pas contre très bien que la performance était impeccable. Au milieu du concert, Superstar est le plus beau morceau qu’ils interprètent et il m’a même donné les larmes aux yeux tout seul devant mon écran. Allez savoir pourquoi. Senkō Shōjo est le morceau le plus épuisant du concert pour Kameda, ce qui est assez amusant car c’est lui-même qui en a écrit la musique. Ce concert me rappelle aussi que Hata Toshiki est fantastique à la batterie. Je me le dis à chaque fois, mais cette impression est plus présente lors de ce concert. Son jeu est extrêmement sophistiqué et j’aime beaucoup le voir souffrir avec le sourire quand Sheena le regarde. Le seul bémol à mentionner est la vue supplémentaire donnée pour certains morceaux sous le format Academic view. Il s’agit d’une vue fixe comme si on était au milieu de la salle. Je trouve l’image de qualité moyenne et cette vue ne remplace en rien les caméras rapprochées de la version filmée originale. J’aurais préféré qu’ils ajoutent des images backstage ou des préparatifs, comme le groupe l’a souvent fait sur des DVDs précédents plutôt que cette vue académique très dispensable. On peut également regretter que la couverture du DVD/Blu-ray soit aussi ressemblante à celle du EP News de 2020. Le détail amusant tout de même est l’heure mentionné sur la photo de couverture. Il est 20:20 sur le EP News, et le DVD/Blu-ray démarre une minute après à 20:21, ce qui correspond bien entendu aux années de sortie. Il n’empêche que le concert est excellent et me pousse à relire mes commentaires passés en le revoyant maintenant.

De tous les DVDs et Blu-ray officiels des concerts de Tokyo Jihen, Chin Play Kō Play (珍プレー好プレー) est le seul qu’il me restait à mentionner ici. Je l’ai dans ma collection depuis de nombreux mois mais je voulais le voir en dernier car il s’agit d’une compilation de concerts. Chin Play Kō Play est sorti le 29 Août 2012, en même temps que la compilation de B-side Shin’ya Waku (深夜枠). C’était l’année de la dissolution du groupe. Chin Play Kō Play est une compilation live tentant de réunir les meilleurs moments des concerts de Tokyo Jihen, de la formation en phase 1 en 2004 jusqu’au dernier concert de la tournée Bon Voyage le 29 Février 2012. Elle compile 3 ou 4 morceaux par concerts et inclut également des versions écourtées de morceaux joués lors de festivals comme le Rising Sun Rock Festival à Ezo (Hokkaido), le Fuji Rock Festival à Naeba, les concerts Countdown avant le passage à la nouvelle année dans l’immense hall de Makuhari à Chiba, ou encore le festival EMI Rocks au Saitama Super Arena. C’est une idée étrange que de donner seulement des extraits des morceaux joués dans les festivals, mais je remarque que les morceaux sont pratiquement joués en entier au fur et à mesure qu’on avance dans la playlist du DVD. Je connaissais quelques morceaux pour les avoir déjà entendu sur YouTube ou sur une autre plateforme vidéo, comme ceux interprétés sur le deuxième volume des concerts Society of the Citizens, invitant plusieurs autres groupes. La plupart des morceaux en festivals étaient tout de même nouveaux pour moi, et c’est très intéressant de voir le groupe évoluer dans un environnement un peu différent des concerts qui leur sont uniquement dédiés. Il y a pas de différence vraiment notable dans la qualité des interprétations mais je n’ai pas vraiment noté de morceau qui était meilleur en festivals par rapport à leur version en concert. J’aime quand même beaucoup l’interprétation du morceau Gaman lors de Countdown Japan 09/10 le 30 Décembre 2009.

La partie principale de Chin Play Kō Play se concentre sur les 7 tournées officielles de Tokyo Jihen dont 6 sont sortis en DVD/Blu-ray. Il s’agit des tournées Dynamite en 2005, Domestic! Just Can’t Help It! en 2006, Spa & Treatment en 2007, Ultra C en 2010, Discovery en 2011 et Bon Voyage en 2012. J’en ai déjà parlé assez longuement dans des billets séparés. La nouveauté, si on peut dire, sur Chin Play Kō Play, c’est qu’il comprend également un ancien concert jamais édité en DVD, Domestic! Virgin Line, qui s’est déroulé en Février 2006, quelques mois seulement avant la tournée suivante Just Can’t Help It! Il y avait seulement deux dates pour cette tournée, le 19 Février à Tokyo au Nippon Bundokan et le 21 Février au Osaka-jō Hall. Une partie du concert au Nippon Budokan était diffusé sur Fuji TV. Un des objectifs du concert était de présenter Ukigumo et Izawa Ichiyō, qui venaient remplacer respectivement Hirama Mikio et H Zett M. Sheena Ringo connaissait déjà Ukigumo de longue date et Ie nom d’Izawa avait été proposé par H Zett M pour son propre remplacement. C’était en quelque sorte un concert de chauffe venant tester l’accueil du public. Quatre morceaux de Domestic! Virgin Line sont inclus sur Chin Play Kō Play, à savoir Sōretsu, Kyogenshō, Bokoku Jōcho et Rakujitsu. Sōretsu est une reprise du morceau du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) de Sheena Ringo. Son interprétation est sombre et touchante. Le morceau se termine par un chœur de voix d’enfants, ceux du Suginami Junior Chorus (杉並児童合唱団). Le fait que le morceau soit très sombre est compensé par les oreilles de lapin portées par les enfants qui donnent une petite touche décalée. Kyogenshō est également un morceau repris de la carrière solo de Sheena, car il est présent sur Shōso Strip. Les interprétations de Bokoku Jōcho et Rakujitsu sont amusante pour la première et très belle pour la deuxième, mais n’arrivent pas à la hauteur de l’émotion qui se dégage de Sōretsu. Ce morceau n’est pas inédit, par rapport aux trois autres, car on le trouvait déjà dans cette émission de Fuji TV qui reprenait seulement une partie des morceaux du concert entier. Il vaut en tout cas le détour. C’est dommage d’ailleurs que ce concert n’existe pas en entier en DVD, car les morceaux qu’on peut entendre et voir dans cette émission de Fuji TV sont pour la plupart excellents. Je note notamment Kabuki car Ukigumo y fait son show en solo guitare comme s’il avait quelque chose à prouver pour ses débuts dans le groupe, la mise en scène sur Service, Keshō Naoshi car on y trouve des percussions supplémentaires accompagnant Hata Toshiki et les nombreuses variations de guitare, parfois subtiles, introduites sur les morceaux.

On peut trouver cette émission en entier quelque part sur internet mais la qualité visuelle et sonore de la version que j’ai vu était assez moyenne. Les morceaux de cette tournée présents sur Chin Play Kō Play sont de bien meilleure qualité. L’émission de Fuji TV est également entrecoupée d’interviews des membres du groupe évoquant leur entrée dans Tokyo Jihen, leurs impressions sur les autres membres du groupe. Je retiens ce petit passage qui m’a amusé où Ukigumo évoque la manière de chanter de Sheena:

あんな人いないですようね、他に。なんか、何でも出来るし、全部本気で出来てるみたいな、ね。。。ニャーニャー声からロッカーな声から、オペラみたいな声からエレベーターの女の人みたいな声出すし。。。

Il n’y a personne d’autre comme elle. Elle arrive à tout faire, toujours très sérieusement, du miaulement de chat à la voix de rocker, de la voix d’opéra à celle des hôtesses d’ascenseurs…

Il y a également des scènes montrant les répétitions, toujours très instructives pour comprendre comment le groupe fonctionne. Sheena semblait avoir une parole forte à cette période, certainement car le groupe démarrait sous cette nouvelle formation Phase 2. J’espère qu’on aura l’occasion un jour de voir cette émission dans un format de bonne qualité.

Pour revenir au DVD Chin Play Kō Play, il s’avère une bonne porte d’entrée vers le monde de Tokyo Jihen pour ceux qui n’auraient pas encore vu leurs concerts en vidéo. Je trouve la sélection très bonne, même s’il y a bien sûr de nombreux manques. On y trouve par exemple la superbe reprise de Misora Hibari, Kurumaya-san sur Dynamite Out, la beauté neigeuse de Yukiguni sur Just Can’t Help It!, le sourire de Sheena sur le morceau Himitsu du concert Discovery lorsque Ukigumo se trouve en haut d’escaliers illuminés en son honneur, la puissance viscérale des interprétations d’Ultra C ou encore le grandiose d’un morceau comme Atarashii bunmeikaika dans le Nippon Budokan sur la tournée Bon Voyage. Voir ces bouts de concerts sur Chin Play Kō Play me donne maintenant envie des les re-regarder en entier les uns après les autres. Mais il faudra d’abord que je regarde les quelques concerts solo de sheena Ringo qu’il me reste dans ma liste.

Pour référence, ci-dessous est la liste des morceaux présents sur la compilation live Chin Play Kō Play:

Dynamite! (9 Février 2005 – Nagoya Century Hall)
1. Ringo no Uta (りんごのうた) du 1er album Kyōiku (教育)
2. Kurumaya-san (車屋さん), reprise du morceau de Misora Hibari sorti en Avril 1961 sur le double single Hibari no Dodonpa/Kurumaya-san (ひばりのドドンパ/車屋さん), également présent sur le DVD Tokyo Incidents Vol. 1
3. Koi no Urikomi (恋の売り込み), reprise du morceau I’m Gonna Knock on Your Door de The Isley Brothers

Domestic! Virgin Line (19 Février 2006 – Nippon Budokan)
4. Sōretsu (葬列) du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) de Sheena Ringo
5. Kyogenshō (虚言症), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
6. Bokoku Jōcho (母国情緒) du 1er album Kyōiku (教育)
7. Rakujitsu (落日), présent en B-side du single Shuraba (修羅場)

Domestic! Just Can’t Help It!(26 Mai 2006 – NHK Hall)
8. Yukiguni (雪国) du 2ème album Adult (大人)
9. Dynamite (ダイナマイト), reprise du morceau de Brenda Lee et présent en B-side sur le single Sōnan (遭難)
10. Kenka Jōtō (喧嘩上等) du 2ème album Adult (大人)

Spa & Treatment(21 Novembre 2007 – Zepp Tokyo)
11. Kingyo no Hako (金魚の箱), du 3ème album Variety (娯楽)
12. Shiseikatsu (私生活), du 3ème album Variety (娯楽)
13. Kuronekodō (黒猫道), du 3ème album Variety (娯楽)

Ultra C(12 Mai 2010 – Tokyo International Forum)
14. Denpa tsūshin (電波通信) du 4ème album Sports (スポーツ)
15. Ikiru (生きる) du 4ème album Sports (スポーツ)
16. Noriki (乗り気) du 4ème album Sports (スポーツ)

Discovery(7 Décembre 2011 – Tokyo International Forum)
17. Sora ga Natteiru (空が鳴っている) du 5ème album Daihakken (大発見)
18. Himitsu (秘密) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
19. Konya ha Kara Sawagi (今夜はから騒ぎ) du mini-album Colors

Domestique Bon Voyage(29 Février 2012 – Nippon Budokan)
20. Atarashii bunmeikaika (新しい文明開化) du 5ème album Daihakken (大発見)
21. Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) du 4ème album Sports (スポーツ)
22. Gunjō Biyori (群青日和) du 1er album Kyōiku (教育)

0724YAMABIKARI(24 Juillet 2004 – Kobe Live House Chicken George)
23. Sono Onna Fushidara ni Tsuki (その淑女ふしだらにつき), reprise du morceau The Lady Is a Tramp écrit et composé par Lorenz Hart et Richard Rodgers, présent en B-side du single Gunjō Biyori (群青日和)

FM802 Meet the World Beat 2004 (25 Juillet 2004/Osaka Expo ’70 Commemorative Park Momijigawa Lawn Plaza)
24. Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) du 1er album Kyōiku (教育)

Fuji Rock Festival ’04(30 Juillet 2004 – Niigata Yuzawa Naeba Ski Resort)
25. Sōnan (遭難) du 1er album Kyōiku (教育)

Countdown Japan 06/07(30 Décembre 2006 – Makuhari Messe Event Hall)
26. Oiran (花魁) de l’album Heisei Fūzoku (平成風俗) de Sheena Ringo
27. Blackout (ブラックアウト) du 2ème album Adult (大人)

Rising Sun Rock Festival 2008 in Ezo(15 Août 2008 – Hokkaido Ishikari)
28. Senkō shōjo (閃光少女) du 4ème album Sports (スポーツ)

Society of the Citizens Vol. 2(24 Août 2008 – Tokyo Dome City Hall)
29. BB.QUEEN, présent en B-side du single Killer Tune (キラーチューン)
30. Mirrorball (ミラーボール), du 3ème album Variety (娯楽)

Countdown Japan 09/10 (30 Décembre 2009 – Makuhari Messe Event Hall)
31. Gaman (我慢), b-side du single Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間)
32. Ariamaru Tomi (ありあまる富), du 6ème album studio de Sheena Ringo Hi Izuru Tokoro (日出処)

EMI Rocks 2010(6 Novembre 2010 – Saitama Super Arena)
33. Tengoku he Yōkoso (天国へようこそ) du 5ème album Daihakken (大発見)
34. Tōmei Ningen (透明人間), du 2ème album Adult (大人)

EMI Rocks 2012(19 Février 2012 – Saitama Super Arena)
35. sa_i_ta, du mini-album Colors
36. Killer Tune (キラーチューン) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)

幕の内サディスティック
37. Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), collage du morceau repris de plusieurs concerts

movement through immobility

L’irrégularité des cerisiers placés le long de la grande avenue Meiji entre Shibuyabashi et Tengenjibashi me fait penser à une longue vague immobile. Les cerisiers ont tous des tailles et des intensités de branchages et de floraison différentes. À certains endroits, des tunnels se forment sur les trottoirs. L’avenue est cependant trop large pour former un tunnel continu sur la route, comme ça peut être le cas pour la petite rue sakurazaka entourant Roppongi Hills par exemple. C’est très agréable de marcher le long de l’avenue Meiji mais je préfère y conduire. On a tendance à rouler plus doucement pour en profiter au maximum. L’architecte Mark Dytham qui a ses bureaux à Ebisu à proximité de l’avenue Meiji nous montrait d’ailleurs en vidéo sur son compte Instagram le déroulement des sakura lorsque l’on passe dessous en voiture. Les dernière et avant dernière photographies s’éloignent un peu des cerisiers bien que nous sommes toujours ici à Ebisu. L’avant-dernière photo montre une vieille baraque que j’aime souvent prendre en photo pour les jets de plantes qui l’accompagnent. Je pense que le contraste des couleurs m’attire, le vert dense de cette végétation par rapport à l’aspect grisâtre du mur et du muret. Cette vieille maison se trouve à côté de la librairie et galerie NADiff a/p/a/r/t. J’y passe régulièrement mais elle est en général à chaque fois fermée à mon passage. Il faudra que j’y revienne pour voir l’exposition Before 1968 DAIDO MORIYAMA’s works from magazines qui démarre le 15 Avril.

Tokyo Jihen est décidément très actif depuis leur réformation en Janvier 2020, et je ne vais pas m’en plaindre. Le nouveau morceau intitulé Ryokushu (緑酒), sous-titré Awakening vient de sortir le 30 Mars 2021. Le morceau s’engage d’emblée vers le terrain de la pop, ce qui m’avait un peu déconcerté au début surtout pour le final à plusieurs voix qui me rappelle un peu ce qu’on pourrait entendre chez Queen (que je n’aime pas beaucoup). Le morceau ressemble à un mélange de morceaux existants de Tokyo Jihen, c’est à dire qu’il nous semble familier sous de nombreux aspects. Mais après plusieurs écoutes, il finit par complètement m’accrocher notamment pour sa construction musicale qui ne suit pas des formats traditionnels. Izawa Ichiyō compose ce morceau, comme c’est le cas pour la plupart des morceaux récents, et j’imagine assez bien ce morceau s’intégrer avec les autres déjà sortis pour construire le futur album, dont on ne sait d’ailleurs toujours pas la date de sortie. Comme Tokyo Jihen a annoncé un autre nouveau morceau cet été, composé par Kameda Seiji cette fois-ci, j’imagine que le groupe sortira le nouvel album après l’été. Et j’espère qu’ils annonceront une nouvelle tournée dans la foulée. J’ai toujours le regret de ne pas avoir été au concert de la tournée News Flash l’année dernière, mais j’ai réservé au Tower Records de Shibuya le Blu-Ray 『2O2O.7.24閏vision特番ニュースフラッシュ』 qui sortira dans deux semaines le 14 Avril 2021. Pour revenir au morceau Ryokushu, Sheena Ringo écrit bien entendu les paroles et interprète seule à part le final groupé. En fait, c’est la complexité et la diversité de son chant qui m’attire à chaque fois, et c’est aussi le cas sur Ryokushu. J’ai maintenant assez hâte de voir comment ce morceau s’intégrera dans le futur album, qui s’annonce excellent vu les morceaux déjà sortis en single.

a street supreme

Ces photographies sont des petits instants de rues, certes très classiques sur Made in Tokyo. J’aime prendre ce genre de photographies de rues sans thèmes précis, seulement des détails qui ont attiré mon oeil à un moment donné. Ce sont parfois les plantes posées devant les immeubles, ou les couleurs de certains bâtiments qui me font m’arrêter pendant quelques secondes. Les photographies suivent le rythme de ma marche et il est rare que je revienne sur mes pas pour prendre une photo que j’aurais manqué quand mon pas est trop rapide. L’acte de marcher est en fait plus important que l’acte de photographier. Si je manque une photographie cette fois-ci, je la prendrais un autre jour. J’ai d’ailleurs déjà pris en photo certains lieux montrés ci-dessus comme les immeubles rectilignes de l’avant-dernière photographie. Le léger écart (隙間) qu’on devine entre les deux barres d’immeubles m’attire. On a l’impression que ces deux constructions sont en mesure de glisser l’une sur l’autre comme des plaques tectoniques.

J’écoute intensément depuis quelques jours l’album A love supreme de John Coltrane enregistré en Décembre 1964 et sorti en Janvier 1965. Intensément car le saxophone de Coltrane, inscrit dans un quartet, opère comme une sorte d’addiction qui me fait revenir sans cesse vers cet album. Je suis complètement néophyte en Jazz mais je ne suis pas pour autant réfractaire au genre. Je pense que je ne sais tout simplement pas par où commencer. J’ai toujours eu le sentiment que je me mettrais à écouter et apprécier le jazz quand je serais plus âgé et que j’ai encore du temps devant moi. Mon attirance est plutôt pour les formes atypiques du free jazz, qui est la tendance vers laquelle se dirige la musique de Coltrane. Il y a quelque chose de magnétique dans les sonorités non évidentes de saxophone et une grande liberté harmonique qui viennent gentiment pénétrer tous les recoins de mes neurones. Il se trouve que l’album A love supreme est un grand classique du Jazz, ce qui me donne envie de continuer à chercher un peu plus dans cette direction (toute recommandation est bienvenue). On peut se demander pourquoi cette bifurcation inattendue vers cet album de jazz? Un article de Pitchfork couvrant cet album est en fait tombé sous mes yeux de manière inattendue alors que je naviguais dans les flux de Twitter ou d’Instagram. À chaque fois que je lis un roman de Haruki Murakami, il nous parle discrètement mais systématiquement de jazz avec des noms de formations que je ne connais jamais. Je me dis à chaque fois que je devrais essayer d’explorer ce qu’il nous conseille dans ses livres, mais il m’a toujours manqué un déclencheur. Le déclenchement aurait pu être le film Whiplash de Damien Chazelle, que j’adore non seulement pour les interprétations de JK Simmons et Miles Teller mais aussi pour l’interprétation musicale notamment le final tout simplement grandiose. C’est un film que je regarde régulièrement, au moins une fois par an, et je m’y suis remis cette semaine encore. Mais le véritable déclencheur de mon écoute de A love supreme est l’association des deux images ci-dessous.

En lisant l’article de Pitchfork sur A love supreme de John Coltrane et en voyant la pochette de l’album, je me suis rappelé du rapprochement évident avec la couverture du morceau A life supreme (至上の人生) de Sheena Ringo, sorti en single accompagné du morceau To Rock Bottom (どん底まで) en Janvier 2015 (soit exactement 50 ans plus tard), et qu’on retrouvera ensuite sur l’album Sandokushi (三毒史) sorti quatre ans plus tard. Le style musical de ces morceaux de Sheena Ringo n’a absolument rien à voir avec le jazz de Coltrane, car les morceaux de Sheena sont résolument rock. Mais on remarque clairement que la typographie et le cadrage des mots, ainsi que le titre anglais, font directement référence à cet album de Coltrane. Je ne connais pas la raison exacte de ce rapprochement. En repensant au morceau Flight JL005 (JL005便で) sorti l’année d’avant en 2014 sur l’album Hi Izuru Tokoro (日出処), je me souviens qu’il lui avait été inspiré par le vol JL005 reliant l’aéroport international de Tokyo et l’aéroport international John F. Kennedy à New York. J’imagine que cette influence américaine a aussi gagné ce single A life supreme. Ses influences musicales sont assez vastes mais je n’ai jamais vu John Coltrane clairement mentionné. Ceci étant dit, je ne pense pas que la photographie de couverture montre une rue enneigée de New York. Les photographies accompagnant le single ont été prises par la photographe japonaise basée à Paris, Shimmura Mari (新村真理), et je pense donc qu’il s’agit plutôt de Paris. Le site web de la photographe ne le précise malheureusement pas. D’autres photographies de nature, superbes d’ailleurs, à l’intérieur du livret sont plutôt prises en Croatie.

C’est intéressant d’ailleurs de voir que cet album de John Coltrane peut être source de diverses inspirations. Pitchfork publiait également un article sur une vidéo de skateboard en noir et blanc de 1995 réalisée par l’artiste Thomas Campbell et prenant le même titre que l’album de Coltrane. Les deux premiers morceaux des quatre mouvements de l’album sont d’ailleurs joués en accompagnement. Cette vidéo est commanditée par la marque de street wear Supreme. Bien que je n’ai aucune affinité pour cette marque, j’ai toujours eu une certaine attirance pour l’esthétique DIY du monde du skateboard. En fait, je pense que j’aime surtout la manière dont les skateboarders s’approprient l’univers urbain, à la limite de l’interdit. Le petit film ne se concentre d’ailleurs pas seulement sur les scènes de skateboard et montre de nombreuses scènes de rues comme un documentaire du New York des années 90. La musique pousse même à une certaine méditation.

just can’t help it

Je ne peux m’empêcher de prendre en photo les dessins sur les murs dès que j’en aperçois au hasard de mes promenades en ville. Les couleurs de la nature urbaine sont parfois tellement prononcées qu’on a l’impression qu’elles sont dessinées au feutre épais ou à la bombe de peinture. La cinquième photographie ne montre pas un dessin de rue mais la manière dont l’ancienne voiture apparaît derrière un fin rideau grillagé a quelque chose de très graphique qui donne l’impression qu’elle est dessinée dans un cadre de manière un peu floue. La dernière photographie montre la devanture ultra-colorée du magasin A Bathing Ape Kids à Jingumae. Je n’y suis jamais entré car j’ai passé l’âge depuis longtemps mais je sais qu’on trouve à l’intérieur une piscine de bananes de toutes les couleurs. On l’aperçoit à peine sur cette photographie. La quatrième photographie a été prise entre Shin-Okubo et Shinjuku le long de la voie ferrée. Comme je le montrais dans un billet précédent à Takadanobaba, les murs sous les ponts routiers sont assez souvent couverts d’illustrations. Et si ce ne sont pas des illustrations, ce sont des graffitis désorganisés qui envahissent ces espaces cachés du reste de la rue. Les deux premières photographies à Aobadai et à Daikanyama ne sont pas non plus des graffitis. J’aime beaucoup les personnages ressemblant à des barbapapa que l’on peut voir sur la deuxième photographie. Je pense les avoir déjà montré auparavant sur made in tokyo, mais je ne peux m’empêcher de les prendre en photo à chaque fois que je passe devant. I just can’t help it.

J’avoue qu’il m’était un peu difficile de reprendre le fil de l’écriture sur les concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen après avoir vu Electric Mole. Il y avait tellement de choses à dire sur Electric Mole que le courage me manquait un peu de commencer à écrire sur le concert suivant, en pensant au temps que j’ai passé sur le billet d’Electric Mole. Mais l’envie de continuer ma découverte de ces concerts était trop forte et je poursuis donc tranquillement avec Just Can’t Help It de Tokyo Jihen. La tournée “DOMESTIC! Just can’t help it” n’est en fait pas la première tournée de la nouvelle formation de Tokyo Jihen en Phase 2 (第二期) car une courte série de deux concerts en deux dates sous le nom de « DOMESTIC! Virgin LINE » a d’abord eu lieu les 19 et 21 Février 2006 au Nippon Budokan de Tokyo et au Osaka-jō Hall respectivement. Cette mini tournée Virgin Line accompagnait en fait le nouvel album Adult (大人) sorti le 25 Janvier 2006 et était un tour d’essai pour le nouveau groupe voyant Ukigumo remplacer Mikio Hirama et Ichiyō Izawa remplacer Masayuki Hiizumi. “DOMESTIC! Just can’t help it” se déroule la même année mais sur un nombre beaucoup plus important de dates, 21 dates en tout, et couvre tout le pays en démarrant par le Hall de Kamakura (鎌倉芸術館) le 7 Avril pour terminer au Convention Center d’Okinawa (沖縄コンベンションセンター) le 30 Mai 2006. La captation vidéo sur le DVD Just Can’t Help It est sortie le 6 Septembre 2006 et montre un enregistrement de l’avant dernière date, le 26 Mai 2006 au NHK Hall de Tokyo, à Shibuya. Il s’agit quand même du premier concert de la Phase 2 de Tokyo Jihen disponible en DVD, car Virgin Line n’est jamais sorti en DVD ou Blu-Ray, à part quelques morceaux sur la compilation vidéo Live Chin Play Kō Play (珍プレー好プレー), dont je parlerais certainement dans quelques semaines. Cette compilation est sortie beaucoup plus tard en 2012 au moment de la séparation du groupe. En fait, Virgin Line a été diffusé en version tronquée (12 morceaux sur 18), mais avec une partie documentaire en plus, dans une émission spéciale intitulée “Tokyo Jihen Live in Nippon Budokan” diffusée sur la chaine Fuji Television le 25 Mars 2006. On peut voir cette émission sur internet en cherchant bien. Je comprends le titre de cette tournée comme voulant signifier que le groupe ne peut s’empêcher de vouloir se produire en live. Il n’y a pas de partie documentaire sur ce live, contrairement à ce qu’on avait l’habitude de voir sur les vidéos de Dynamite, Electric Mole ou encore Gekokujyo Ecstasy. Par contre, le DVD a la particularité d’intégrer des scènes vidéo originales dans le film du concert. Ces images additionnelles s’intègrent en fait très bien car le son n’est pas coupé ou altéré (à part sur un morceau). Elles donnent même une dimension contemplative au concert, que je trouve très bien pensée. Si dans l’ensemble, je trouve les versions des morceaux joués sur Just Can’t Help It moins percutantes que sur Dynamite Out avant ou sur un concert comme Ultra C plus tard, ce concert est extrêmement intéressant d’un point de vue visuel. Je ne dirais pas que le concert n’est pas intéressant musicalement car les interprétations sont impeccables comme toujours.

Just Can’t Help It reprend la quasi totalité des morceaux de l’album Adult sauf le troisième Keshō Naoshi et le neuvième Tasogare Naki (attention, nouvelle symétrie détectée), quelques morceaux de l’album précédent Kyōiku, quelques reprises et morceaux de la carrière solo de Sheena Ringo, et un nouveau morceau qui sortira plus tard sur le troisième album Variety. Le DVD reprend également la totalité des morceaux joués le 25 Mai 2006 au NHK Hall, sans supprimer de morceaux, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Je me suis procuré ce DVD en l’achetant à un particulier sur Mercari pour un très bon prix. En fait, je cherchais le boitier original qui est différent de la boite plastique actuelle, car j’avais déjà le DVD de ADULT VIDEO prenant le même type de packaging et de design. Le concert Just Can’t Help It et les vidéos de morceaux sur ADULT VIDEO fonctionnent un peu comme une paire, en complément de l’album Adult. ADULT VIDEO est sorti avant Just Can’t Help It, le 23 Mars 2006. En fait, j’aime beaucoup le côté un peu provocateur de la couverture de Just Can’t Help It, qui utilise des photos de modèles. Ce ne sont bien entendu pas des photos des membres du groupe. Dans le même ordre d’idée, le titre du DVD ADULT VIDEO a un nom qui peut être trompeur. Tokyo Jihen va en fait au bout de leur concept de noms d’albums s’inspirant de catégories de chaines télévisées (Discovery, News, Sports, Variety, Education et Adult). Je me demande d’ailleurs le nom qu’ils donneront à leur prochain album en 2021. En pensant au teaser du futur album, je pense à un nom en lien avec l’auto-moto. Le DVD ADULT VIDEO contient 6 vidéos, celles de Kabuki, Himitsu, Koi ha Maboroshi, Shuraba, Kenka Jōtō et Tasogare Naki. Le vidéos sont de qualités variables, celle de Shuraba étant la plus aboutie. La vidéo de Himitsu est intéressante car le morceau est différent de l’album, incluant une partie rappée par Ukigumo. Cette version aurait pu être sur l’album à mon avis. La vidéo de Koi ha Maboroshi est amusante et j’étais surpris de voir le comédien Gekidan Hitori y participer. Kenka Jōtō met Hata Toshiki à l’honneur. Il y effectue une danse Kagura dans un lieu qui semble être la mine de pierre Oya à Tochigi (qui est d’ailleurs régulièrement utilisée pour des vidéos). Mais revenons plutôt au concert Just Can’t Help It.

Le concert commence comme une scène de théâtre pour le morceau Yukiguni. Sheena Ringo y est habillée d’un kimono blanc sur un fond bleu nuit et sur un sol blanc imitant la neige. Je me suis d’abord demandé s’il s’agissait de la mise en scène actuelle que l’on pouvait voir lors du concert mais on comprend rapidement que ce n’est pas le cas car les véritables images sur la scène du NHK Hall et celles en studio se mélangent. Elle est également habillée du même kimono sur scène, ce qui fait que les images en studio et celles sur scène s’accordent très bien. Ce kimono lui sera arraché brusquement à la fin du morceau au moment où démarre le deuxième morceau Genjitsu wo Warau. L’interprétation de Yukiguni est très prenante mais c’est surtout cette mise en scène neigeuse qui laisse une forte impression. Alors qu’ils étaient dans la pénombre sur le premier morceau, les membres du groupe apparaissent plus clairement sur Genjitsu wo Warau. Ukigumo intervient d’ailleurs au chant dans la deuxième partie du morceau. Sheena reste cependant sur le devant de la scène par rapport au reste du groupe placé un peu à l’arrière. Cette disposition changera d’ailleurs au fur et à mesure dans les concerts qui suivront. Sheena est principalement au centre de la scène et elle sera plutôt placée à droite près de la batterie de Hata sur les concerts suivants. Ukigumo est placé derrière Sheena sur ce concert et on le verra se déplacer entre les claviers de Izawa et Sheena sur les concerts suivants. Shōjo Robot prend une version beaucoup plus rock que celle que l’on connaîtra bien plus tard sur la compilation Reimport 2. Ce n’est pas pour me déplaire bien que j’aime aussi la version originale de ce morceau réimporté qu’elle a initialement écrit pour sa copine Rie Tomosaka. Les morceaux s’enchainent tellement vite qu’on a du mal à saisir le démarrage du morceau suivant Kabuki. En fait, une présentation de chaque membre du groupe est faite avant le début de ce morceau. Kabuki est très réussi. Il fonctionne notamment très bien car elle sur-joue ses mouvements de visages.

Vient ensuite le morceau Himitsu. Sheena y est très mobile en effectuant ses petits mouvements saccadés de côté désormais très classique. Des scènes avec des flammes dans une sorte de vieil hangar s’intercalent avec les vrais scènes du concert de manière transparente, ce qui est assez bien fait car on ne remarque pas quand se fait la transition. On la voit même boxer dans le vide à un moment, comme sur la vidéo beaucoup plus récente du morceau Blue ID qu’on a pu voir sur Music Station le 25 Décembre 2020. Sur Himitsu, Izawa assure au piano mais reste très concentré et n’occupe pas la scène comme Hiizumi le faisait sur Dynamite. Il a l’air beaucoup plus détaché et je comprends qu’on ait pu lui reprocher cela au début de Tokyo Jihen phase 2. Ça changera plus tard dans les autres concerts. La reprise de The Lady is a Tramp suit ensuite. Ce n’est pas la première fois que je l’entends et ce morceau n’a rien d’indispensable, surtout que la version vidéo prend un effet de vieux films en noir et blanc et une altération du son le rendant moins net. Genjitsu ni Oite est un morceau composé par Hiizumi et il est excellemment interprété par Izawa. J’ai des frissons dans le dos à chaque fois que j’écoute ce morceau. Ce qui est très beau, c’est qu’Izawa engage directement sur le morceau Kao qui est un morceau que j’adore, notamment la version avec Hirama sur le concert Dynamite Out. En regardant la playlist, je me suis d’abord demandé comment le groupe allait interprété ce morceau sans Hirama, mais la version de Just Can’t Help It est seulement instrumentale. Le morceau Kao sur Dynamite Out avec Hirama est pour moi emblématique et ça aurait été difficile de l’égaler. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi il n’a jamais été intégré dans un album. Cette version instrumentale dans Just Can’t Help It est très belle, mais on ne peut s’empêcher de la comparer avec celle de Dynamite. Comme ces deux concerts sont assez proche l’un de l’autre, on est tenté de comparer et je pense que Dynamite était meilleur, avec plus de folie dans le groupe. En fait, c’est peut être aussi du au fait que Dynamite était accompagné de scènes de documentaire, ce qui n’est pas le cas de Just Can’t Help It. Ces scènes documentaires provoquent à mon avis un attachement plus fort.

Pendant ces deux morceaux instrumentaux, des scènes filmées en costumes d’époque nous sont montrées, notamment le kimono blanc qui accompagnera tout le concert comme un fil rouge. Sheena change ensuite de tenue et on la voit apparaitre en manteau avec un bonnet sur la tête, ce qui contraste grandement avec les costumes de la scène précédente. Jusui Negai est toujours un grand moment, cette interprétation est très réussie même si je préfère celle de Dynamite. Sheena monte en intensité dans sa voix de la même manière et écarquille les yeux à certains moments donnant une grande force à son interprétation. Il y a beaucoup de tension dans son chant et son visage, mais qui reste à mon avis un peu plus contenue que dans la version de Dynamite. Il y a quand même beaucoup de belles choses dans ce morceau, comme la force du final au piano d’Izawa, ce petit passage montrant Hata retenant ses mouvements en attendant le bon moment pour frapper, et le final où Sheena dit quelque chose hors du micro. On n’entend pas ce qu’elle dit et je me demande bien ce que ça peut être. Mirrorball est un nouveau morceau, écrit par Ukigumo, qui sera présent sur leur album suivant Variety et qui est joué pour la première fois lors de ce concert. En l’écoutant, je repense tout de suite à l’ambiance de Variety qui était une page tournée dans la carrière de Tokyo Jihen. La version est bien entendu un peu différente de celle de l’album notamment au niveau de la partition de guitare de Ukigumo et le chant plus typé de Sheena. Les images sur ce morceau en particulier contiennent beaucoup d’effets spéciaux comme pour reproduire les multiples écrans d’une boule à facettes. Avant le morceau Tegami écrit par Izawa, une scène filmée en studio montre Ukigumo assis sur une chaise longue. On retrouve en fait ce même mobilier sur scène. Sheena s’assoie par exemple sur un fauteuil individuel LC2 de Le Corbusier. L’interprétation de Tegami est très poignante. Une partie des images pendant ce morceau montrent soudainement Sheena avec sa guitare face à l’océan. Je ne sais pas où sont tournées ces images très contemplatives, certainement quelque part au Japon, mais je ne peux m’empêcher d’imaginer le Nord Ouest français.

La version de Service est très amusante car Sheena ne l’interprète pas seule, mais avec chaque membre du groupe positionné en ligne sur le devant de la scène, chacun portant un mégaphone en main. C’est la première fois que je vois Kameda, Hata, Ukigumo et Izawa chantés dans un mégaphone, ce qui était jusque là réservé à Sheena. C’est amusant d’entendre la voix très amicale de Kameda à travers le mégaphone qui est censé donner une sonorité agressive. Vers la fin du morceau, un rideau descend pendant que le groupe change de tenue. Seule Sheena reste sur le devant la scène avec deux personnes en kimono portant des lanternes. Une fois que le rideau s’ouvre à nouveau, le groupe continue le morceau d’une manière assez détendue mais qu’on sait chorégraphiée, ne serait-ce que pour la position finale qui ressemble à certaines photographies promotionnelles du groupe à cette époque. Le groupe se présente ensuite. Sheena prend la parole mais d’une manière très brève car il n’y a soit-disant pas assez de temps. Izawa commence les présentations, faisant volontairement l’imbécile en essayant de se courber le dos tout en se présentant comme s’appelant Izawa-Bauer. Il fait bien entendu référence à la patineuse artistique Arakawa Shizuka qui venait juste d’obtenir la médaille d’or aux Jeux Olympiques d’hiver au début de l’année 2006 à Turin, avec notamment cette courbure Ina Bauer qui avait beaucoup fait parler les médias à cette époque. Sheena fait un signe de la tête comme quoi ce n’est pas tout à fait ressemblant et se tourne vers Hata qui ne se présente pas correctement non plus. Sheena le traite gentiment de menteur, tandis qu’Izawa veut refaire sa présentation en faisant le mouvement Ina Bauer une nouvelle fois. Sheena lui coupe rapidement le sifflet, car il ne faudrait pas qu’il se casse quelque chose, et passe ensuite à Ukigumo qui se contente d’un « Onegaishimasu ». Kameda essaie de nous faire croire à un tour de magie, mais c’est Hata qui revient sur le devant de la scène et qui remporte très facilement ce concours de présentation en imitant un jonglage de ballon imaginaire. La vidéo du DVD représente ce ballon imaginaire en le dessinant sur l’image, mais il ne devait bien sûr pas être visible dans la salle. Cette scène est celle que l’on peut voir en fond pendant la sélection du menu sur le DVD. On savait que Hata est un habile danseur, il le montre d’ailleurs quelques fois en sautant sur scène, mais il s’avère très doué dans cette représentation assez comique de jonglage footballistique. Sheena est assise sur sa chaise LC2 d’un air assez amusé mais on la sent un peu inquiète de ce que Hata va faire. Je ne peux m’empêcher de penser que ces moments n’étaient pas prévus par Sheena et que les membres du groupe prennent un malin plaisir à saboter une présentation en bonne et due forme. C’est un moment très sympathique du concert.

Après cet intermède, le morceau C’m’on Let’s go!, qui est une reprise du groupe japonais BARBEE BOYS, est très réussie. Deux personnes du staff habillés en serveurs de restaurant entrent en scène avec des caméras vidéo, ce qui est devenu assez habituel depuis le concert Gekokujyo Ecstasy. Izawa passe à la guitare sur ce morceau et montre une certaine complicité avec Ukigumo. Je me dis à ce moment là que par rapport à Hiizumi, le groupe a gagné un deuxième guitariste en plus d’un pianiste avec l’arrivée d’Izawa dans la formation. Sheena s’est ensuite changée une nouvelle fois en une tenue noire plus formelle que celle d’avant et entame une excellente version de Blackout. Comme de nombreux morceaux de SR et TJ, c’est un morceau à la composition complexe qu’elle doit être la seule en mesure de chanter. J’avais vu dans une ancienne émission musicale du dimanche soir KanJam qui analysait certains morceaux de Sheena Ringo qu’un des chroniqueurs de l’emission comparait son travail d’écriture musicale au travail d’un architecte (en ne citant pas moins que Frank Lloyd Wright). Cette idée de dresser un parallèle entre musique et architecture me parle beaucoup, car ce sont deux sujets qui m’intéressent beaucoup. J’avais d’ailleurs auparavant parlé un peu de cette idée mais plutôt sur les musiques électroniques d’Aphex Twin et Autechre (qui n’est à mon avis rien d’autre que de l’architecture déconstructiviste retranscrite en musique). On peut parfois se demander comment un bâtiment aux formes et aux équilibres complexes peut parvenir à une harmonie visuelle et fonctionnelle. D’une même manière, on trouve ce même genre d’harmonie dans les constructions pourtant complexes et non évidentes de Sheena Ringo. Ce que disait également un des chroniqueurs de KanJam est qu’il est rare qu’un ou une même artiste puisse à la fois être capable de créer ce genre structures musicales complexes et en même temps avoir la voix nécessaire pour les interpréter. A la fin du morceau Blackout, Sheena laisse tomber le manteau noir et reste en robe plus légère blanche et engage ensuite un mouvement courbé en arrière nous rappelant le Ina Bauer qu’essayait de faire Izawa sans grand succès. Elle y arrive beaucoup mieux qu’Izawa, rappelons qu’elle a fait du ballet étant petite. Cette démonstration ressemble à un gentil pied de nez à Izawa.

Le concert continue avec Honnō, un des deux morceaux avec Marunouchi Sadistic en rappels, que Sheena reprend de sa carrière solo. Cette version n’est pas meilleure que celle de Gekokujyo Esctasy, mais ça fait plaisir de voir Hata avec le sourire taper de toutes ses forces sur sa batterie. La version de Superstar, qui suit ensuite, est peut être une des plus belles que j’ai entendu, même si Sheena n’est pas cette fois-ci à la guitare. Là encore, des images vidéo se mélangent avec les images sur scène. Elles sont raccords car Sheena est habillée exactement de la même manière. Elle force plus sa voix que d’habitude sur ce morceau entrainé peut être par les mouvements de tête d’Izawa au piano et de Ukigumo à la guitare. Le final instrumental est aussi un peu plus long que d’habitude, si je me souviens bien, ce qui laisse un peu de temps à Sheena pour faire un lent mouvement d’inclinaison avant en remerciement au public. Le morceau Dynamite ensuite se présente comme une version moins dynamique que celle qu’on connaissait sur Dynamite Out. Sheena porte le morceau seule en dansant sur le devant de la scène, même s’il y a quelques chœurs de Ukigumo à l’arrière. On n’atteint pas l’intensité de la version sur Dynamite Out, qui était de toute façon emblématique de ce concert là et difficile à surpasser. La vidéo est accompagnée de prises de vue en noir et blanc de rues américaines qui n’étaient pas non plus indispensables. On notera tout de même le ‘Bonjour’ prononcé en français par Sheena vers la fin du morceau, et le très mignon ‘Arigatō’ à la toute fin. Ce n’est peut être pas la meilleure version que j’ai entendu, mais j’aime bien cette version de Shuraba. Je trouve cependant Omatsuri Sawagi plus intéressant car Sheena la chante d’une voix plus basse que la normale, du moins au début puis l’interprétation se normalise ensuite par rapport à ce que l’on connaît sur l’album. Le petit drapeau rouge et blanc reprenant le design de la pochette de Kyōiku est de sortie et Sheena fait des mouvements tellement amples qu’ils en deviennent disgracieux. Le dernier morceau officiel du concert avant les rappels est Kenka Jōtō et c’est une version très particulière et mémorable qui est jouée. Hata puis Sheena prononcent d’abord quelques phrases dans l’esprit de ce qu’on peut entendre dans une pièce de théâtre kabuki, avec en plus un petit côté démoniaque. Comme dans le théâtre kabuki, certaines personnes du public en général les habitués répondent aux acteurs sur scène. On retrouve ce même dialogue mais je ne sais pas s’il s’agit vraiment de personnes du public, ou plutôt le staff du groupe qui crie ces phrases depuis les premiers rangs. Il s’agit peut être de voix enregistrées. Cela donne en tout cas un sacré effet. Alors que le morceau se déroule à peu près normalement mais dans une version un peu plus agressive que d’habitude, le morceau fait une courte pause et prend ensuite des allures de hard rock/metal. Cette partie est jouée par Sheena devant des écrans de fond montrant des flammes géantes. Kenka Jōtō, devenu polymorphe, reprendra à la normale un peu après. Le contraste entre l’agressivité de ce passage metal et le personnage de Sheena sur scène, toujours en robe légère, est très intéressant, surtout quand elle se permet à la fin de remercier le public avec une toute petite voix innocente.

Une petite vidéo interlude démarre ensuite avant les rappels. Elle nous montre principalement les lieux vides des scènes vidéos ajoutées au concert, notamment ce paysage en bord de mer. On voit également une image de la scène ressemblant à une maquette avec une étrange voie ferrée qui sort du décor. Le groupe revient ensuite sur scène en tenue beaucoup plus décontractée, pour jouer deux morceaux Tōmei Ningen et Marunouchi Sadistic, qui sont des grands classiques des concerts de Tokyo Jihen. La version de Marunouchi Sadistic sur ce concert est plus proche de celle qu’on entendra plus tard sur Ringo Expo 08 que celle de Muzai Moratorium. Izawa se lance dans des nouveaux arrangements au piano qui nous font découvrir Marunouchi Sadistic sous un autre jour, même si cette version n’est pas fondamentalement différente de celle qu’on connaît sur Sanmon Gossip. Les lumières s’éteignent sur ce morceau et une vidéo nous montre ensuite une image de train, comme pour montrer un départ vers de nouveaux horizons, ceux de Variety peut être. Sheena est assise sur une banquette d’un train vide et y interprète seule à la guitare acoustique le morceau Rakujitsu qu’on trouve en B-side de Shuraba. Elle est habillée de la même manière qu’à la fin du concert. Ce morceau était apparemment inclus dans les rappels car les dernières images reviennent au NHK Hall de Shibuya. La vidéo revient finalement vers le train avec Sheena seule à la guitare, comme si ça faisait référence à un souvenir d’un concert passé. L’image un peu floue joue dans ce sens. Je ne sais pas très bien ce que veut dire ce passage de train en mouvement. Il s’agit peut être seulement d’une promesse auprès des fans qu’elle restera sans cesse en mouvement créatif. On est, au moment de ce concert, qu’au début de l’aventure Tokyo Jihen et il y aura beaucoup de bonnes choses à suivre.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la liste des morceaux présents sur le DVD de Just Can’t Help It:

1. Yukiguni (雪国) du 2ème album Adult (大人)
2. Genjitsu wo Warau (現実を嗤う) du 1er album Kyōiku (教育)
3. Shōjo Robot (少女ロボット), reprise du morceau composé par Sheena Ringo pour Rie Tomosaka et qu’on retrouve sur Reimport Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~ (逆輸入 ~航空局~).
4. Kabuki (歌舞伎) du 2ème album Adult (大人)
5. Himitsu (秘密) du 2ème album Adult (大人)
6. Sono Onna Fushidara ni Tsuki (その淑女ふしだらにつき), reprise du morceau The Lady Is a Tramp écrit et composé par Lorenz Hart et Richard Rodgers, présent en B-side du single Gunjō Biyori (群青日和)
7. Genjitsu ni Oite (現実に於て) du 1er album Kyōiku (教育)
8. Kao (顔), version instrumentale du morceau présent en B-side du single Gunjō Biyori (群青日和)
9. Jusui Negai (入水願い) du 1er album Kyōiku (教育)
10. Mirrorball (ミラーボール), morceau original de Petrolz et qu’on retrouvera plus tard sur le 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
11. Tegami (手紙) du 2ème album Adult (大人)
12. Service (サービス) du 1er album Kyōiku (教育)
13. C’m’on Let’s go!, reprise d’un morceau de BARBEE BOYS, écrit par Imamichi Tomotaka
14. Blackout (ブラックアウト) du 2ème album Adult (大人)
15. Honnō (本能), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ) de Sheena Ringo
16. Superstar (スーパースター) du 2ème album Adult (大人)
17. Dynamite (ダイナマイト), reprise du morceau de Brenda Lee et présent en B-side sur le single Sōnan (遭難)
18. Shuraba (修羅場) du 2ème album Adult (大人)
19. Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) du 1er album Kyōiku (教育)
20. Kenka Jōtō (喧嘩上等) du 2ème album Adult (大人)
21. (Encore) Tōmei Ningen (透明人間) du 2ème album Adult (大人)
22. (Encore) Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム) de Sheena Ringo
23. (Encore) Rakujitsu (落日), présent en B-side du single Shuraba (修羅場)