色々ウォーク❸

Ma série de quatre épisodes continue mais change légèrement de titre car je m’écarte de Shibuya tout en restant dans le centre de Tokyo. Les deux premières photographies sont prises à Shinjuku, la même journée que ma visite au Tower Records près de la gare où se déroulait l’exposition de costumes de Tokyo mentionnée précédemment. L’exposition se terminait le 28 Juin donc j’imagine que les affiches que l’on pouvait voir à l’extérieur de l’immeuble Flags ont toutes été enlevées. Cette même journée ensoleillée, j’avais fait un tour à Kabukichō pour y voir l’exposition murale de photographies de Daido Moriyama. Sur le retour vers la station de Shinjuku, on fait face à l’immeuble tout en courbes Yunika et sa série d’écrans. A la sortie du DVD/Blu-ray de News Flash de Tokyo Jihen, des vidéos extraites du concert étaient montrées sur ces écrans à certains moments de la journée pendant quelques jours. Je n’avais pas eu le courage ni le temps d’aller voir aux heures de diffusion. Les deux photographies suivantes sont prises le soir à Aoyama un peu avant le couché de soleil. Les surfaces en ondulation sont celles du petit building Dear Jingu-mae rénové en 2014 par Amano Design Office. Le trait lumineux rouge sur le bâtiment de la photographie suivante m’intrigue beaucoup. On dirait un rayon de sabre laser du côté obscur de la force. Le mur noir sur lequel il est posé et le reflet sur la surface lisse perpendiculaire renforcent cette impression presque futuriste du lieu. La cinquième photographie est une vue des plus classiques de Tokyo qu’on est souvent tenté de prendre lorsqu’on lève un peu les yeux. La photographie de câbles électriques et transformateurs prise par Daido Moriyama sur le mur de Kabukichō est beaucoup plus impressionnante que ma photographie ci-dessus. Je me demande d’ailleurs s’il y a un site ou un compte Instagram répertoriant les arrangements électriques les plus compliqués et les poteaux électriques les plus beaux. Il y a bien des comptes Instagram répertoriant les conduits de ventilation des buildings tokyoïtes ou les maisons et immeubles envahis par la végétation. Ce sont des comptes que j’ai découvert récemment sur Instagram et que je suis distraitement depuis. Sur la dernière photographie de cette série, il s’agit de la zone de bureaux de Shinagawa Inter-city, vue depuis la passerelle reliant les deux parties principales du complexe. La passerelle passe au dessus du parc intérieur et on a l’impression de survoler une mer verte. On obtient un contraste intéressant entre les contours irréguliers de cette végétation dense et l’uniformité des buildings de verre qui limitent l’espace du parc. Je viens souvent à cet endroit mais ça faisait assez longtemps que je n’y avais pas pris de photos.

En écrivant mon billet sur l’émission spéciale de KanJam avec Tokyo Jihen, je m’étais demandé quels pouvaient être les liens entre Sheena Ringo et King Gnu, le groupe de Daiki Tsuneta. Parmi les liens identifiés, l’emission nous mentionnait le fait que Sheena avait assisté à un concert de Daiki Tsuneta à Tokyo, quelques années avant la formation de King Gnu. On sait également que Tokyo Jihen a déjà été invité à l’émission Music Station en même temps que King Gnu (le 25 Décembre 2020). On a également déjà vu une photo réunissant Sheena et Tsuneta, photo qui a dû être prise au moment de l’émission KanJam bien que j’ai le sentiment qu’elle soit plus ancienne. En cherchant un peu plus, je vois que Sheena Ringo et King Gnu ont participé au même album hommage au chanteur et compositeur Inoue Yōsui (井上陽水), figure importante de la scène musicale japonaise. Le morceau Shōnen Jidai (少年時代) de Inoue Yōsui est tellement connu qu’il est en quelque sorte entré dans l’inconscient collectif japonais. Utada Hikaru interprète d’ailleurs ce morceau sur la compilation hommage. A vrai dire, ce genre de morceaux ne m’intéresse pas beaucoup et l’interprétation qu’elle en fait est plutôt peu inspirée. Je préfère à la rigueur la version plus récente de Suis du groupe Yorushika pour le nouveau film d’animation Luca produit par Pixar. L’album hommage à Inoue Yōsui s’intitule Inoue Yōsui Tribute (井上陽水トリビュート) et est sorti en Novembre 2019. J’y sélectionne trois morceaux que j’aime beaucoup, dont Kazari Janai no yo Namida ha (飾りじゃないのよ涙は) interprété par King Gnu. Le morceau original fut écrit et composé par Inoue Yōsui pour la chanteuse Nakamori Akina (中森明菜) en 1984. Inoue interpréta également lui-même ce morceau sur un album de reprise sorti la même année. Ce morceau sortit également en single beaucoup plus tard en 2002. L’interprétation par Daiki Tsuneta et Satoru Iguchi est très personnelle et on reconnaît tout de suite l’approche musicale de King Gnu, ce qui me plait beaucoup.

Le quatrième morceau de la compilation, qui suit celui de King Gnu, s’intitule Wine Red no Kokoro (ワインレッドの心) et est interprété par Sheena Ringo. Inoue Yōsui a écrit les paroles de ce morceau datant de 1983 mais la musique est composée par Tamaki Koji du groupe Anzen Chitai (安全地帯). Ce groupe qui accompagnait Inoue sur scène se fait connaître du grand public grâce à ce morceau. L’interprétation de Sheena Ringo est magnifique. Elle ne chante pas ces paroles à la légère et on sent que le ton de chaque mot est mesuré. J’aime beaucoup cette tension qui nous accroche à l’écoute. Ce morceau me refait penser à l’album de reprises Utaite Myōri: Sono Ichi (唄ひ手冥利 ~其ノ壱~) qu’elle avait sorti en 2002 juste avant KSK. Je me souviens avoir été assez déconcerté par cet album quand je l’avais acheté à l’époque, certainement un peu déçu du fait que ce n’étaient pas des morceaux originaux qui le composaient. Il y a tout de même de nombreux excellents morceaux, comme Haiiro no Hitomi (灰色の瞳) ou Momen no Handkerchief (木綿のハンカチーフ), mais également des choix plus discutables. En fait, j’aime beaucoup quand Sheena Ringo reprend des morceaux du répertoire populaire japonais. La reprise du morceau Kurumaya-san (車屋さん) de Misora Hibari par Tokyo Jihen sur la tournée Dynamite! de 2005 reste pour moi une des meilleures reprises qu’elle ait faite. Comme l’album Utaite Myōri de 2002 était le premier volume et qu’il n’y a jamais eu de deuxième volume, je me demande si elle a en tête de sortir une nouvelle compilation de ce style. Je me suis mis à réécouter Utaite Myōri il y a quelques mois et je l’apprécie beaucoup plus qu’avant. Dans l’enquête du fan club Ringohan (celle de l’année dernière que je mentionne sans arrêt), la question était posée de suggérer un ou une artiste dont Sheena pourrait reprendre un morceau. J’avais suggéré Jun Togawa sans grande conviction car cette possibilité me paraît plutôt improbable, mais pas totalement impossible. La réalisatrice Mika Ninagawa du film Sakuran dont Sheena a écrit les musiques a déjà signé une compilation de morceaux de Jun Togawa (elle assurait la sélection des morceaux) et je vois donc là un lien qui ouvre des possibilités.

Pour revenir à la compilation Inoue Yōsui Tribute, le troisième morceau que j’apprécie beaucoup est une reprise de Higahi he Nishi he (東へ西へ), écrit par Inoue en 1972, et interprété par iri. Elle a une voix remarquable et laisse vraiment son empreinte sur ce morceau en lui donnant un rythme très accrocheur. Je suis toujours très curieux d’écouter ses nouveaux morceaux. Il se trouve qu’elle vient de sortir un nouveau single intitulé Uzu (渦), qui a l’air de bien fonctionner au niveau des ventes, si on en croit le classement Hot 100 de la radio J-Wave. Ce morceau est excellent et je l’écoute très régulièrement dans ma playlist personnelle. J’ai le sentiment qu’elle mériterait d’être un peu plus reconnue car on ne la voit pas beaucoup dans les émissions musicales télévisées, comme Music Station ou Music Day hier Samedi. Enfin, on pourrait aussi comprendre l’envie d’éviter le tourbillon des apparences médiatiques.

windowed sky

Je termine ma petite série de photographies de la tour Shibuya Scramble Square par une partie de l’intérieur au dernier étage de la tour. On peut faire le tour de l’étage jusqu’à un café restaurant. Cet espace délimité par des murs peints en noir sert de galerie et on pouvait y voir quelques photographies de Naoki Ishikawa de sa série sur le mont Everest qu’il gravit plusieurs fois. Il y a assez peu de photos montrées et on se demande s’il s’agit vraiment d’une exposition, ce qui était un peu dommage car l’espace aurait pu être mieux utilisé. De Naoki Ishikawa, je me souviens d’une exposition intitulée Archipelago que nous avions vu à Nasu-Shiobara en Octobre 2010 et qui prenait pour sujet les îles au Sud et au Nord du Japon sans considération des frontières mais en montrant plutôt le folklore insulaire. Relire le petit texte que j’avais écrit à l’époque me donne envie de ressortir de notre bibliothèque le livre de photographies sur cette exposition, que j’avais acheté de retour à Tokyo. Plus que ses photographies de montagnes (il a également publié un livre de photographies sur le Mont Fuji), je préfère quand Naoki Ishikawa nous montre les îles et leurs habitants. Si une nouvelle exposition montrant les photographies d’Archipelago se montrait à Tokyo, j’irais très volontiers la revoir. Pour les photographies que je prends pour ce billet, je m’inspire d’un autre photographe japonais dont je parle aussi souvent ici, Masataka Nakano. Il a photographié une série intitulée Tokyo Windows, dont j’ai aussi le livre à la maison, montrant des vues de Tokyo à travers le cadre des fenêtres ou des portes vitrées. Je suis aussi très attiré par ce format que j’expérimente de temps en temps, ici à travers les baies vitrées de la tour cadrant une vue panoramique de Tokyo, que ça soit Shinjuku derrière la grand parc de Yoyogi ou Roppongi avec les tours de Tokyo Mid Town, Roppongi Hills et la tour de Tokyo. Je ne suis pas mécontent de ce résultat. La dernière photographie est prise au pied de Shibuya Scramble Square sur la nouvelle passerelle piétonne circulaire, en sandwich entre le carrefour de la route 246 avec l’avenue Meiji en dessous et l’autoroute intra-muros au dessus. J’aime beaucoup la manière dont le cadre tubulaire de la toiture vient projeter son ombre sur les surfaces blanches arrondies conservées de l’ancienne gare de Shibuya.

Je reviens maintenant vers la musique d’Iri que j’avais découvert l’année dernière avec son album Shade dont j’avais parlé dans un précèdent billet. Iri a réalisé un nouvel album au mois de Mars de cette année, intitulé Sparkle, dont j’écoute très souvent quelques morceaux, en particulier celui titre Sparkle et 24-25. Iri est une des plus belles voix pop japonaises et je m’étonne qu’elle ne soit pas plus présente dans les médias, comme LiSA par exemple dont je parlais dans le billet précédent. Ces deux morceaux sont immédiatement accrocheurs mais on ne se lasse pas de les écouter. J’y ressens une certaine énergie positive qui fait du bien et qui me fait y revenir très régulièrement. J’écoute d’ailleurs souvent ces deux morceaux à la suite du morceau I think I’m falling de Kohh dont je parlais également précédemment. C’est une petite playlist aux accents hip-hop, qui est un style m’attirant beaucoup ces derniers jours. La photo ci-dessus est extraite de la vidéo du morceau Sparkle. Le petit bémol, bien qu’il n’affecte pas la qualité du morceau, est qu’il faut faire abstraction du fait que cette vidéo joue aussi le rôle de publicité pour les écouteurs Bluetooth Sony qui sont par conséquent un peu trop présents dans la vidéo.

common spaces

A part cette échappée au village de Hinomura, cela fait plusieurs semaines que mes photographies se concentrent sur un espace urbain réduit autour de Shibuya. Comme je traverse plusieurs fois les mêmes endroits et vois les mêmes choses, je me pose régulièrement la question de ce que je pourrais prendre de nouveau en jouant sur les angles ou en me concentrant sur les détails. C’est un exercice intéressant mais pas toujours très productif. Cela me force à regarder les couleurs plutôt que les objets eux mêmes, à faire attention aux ombres projetées, à chercher des dispositions intéressantes ou des contrastes accentuées. De ce fait, même en passant exactement aux mêmes endroits, mon œil est attiré par des nouvelles choses qui étaient pourtant déjà présentes les premières fois. Tout objet ou tout lieu est matière à photographie, tout dépend de l’état d’esprit du moment qui nous fera juger des choses différentes comme étant digne d’intérêt alors qu’on les avait purement et simplement ignorées auparavant. Dans cette série, je regarde les couleurs, celles vives des deux chaises en équilibre, le marron luisant d’un mur de résidence, les inscriptions fluorescentes sur des blousons dans la pénombre d’une boutique pas encore ouverte, le rouge perçant des pneus d’un vélo tous terrains, les couleurs multiples sur des autocollants de chaussures de sport.

Images extraites des videos des morceaux « Wonderland » et « Only One » par Iri disponible sur Youtube.

Le troisième album Shade de Iri est passionnant. A en croire Wikipedia, le style musical s’apparente à du R&B alternatif. Je ne sais pas vraiment à quoi ça correspond car je ne suis pas très doué pour classifier les artistes dans des catégories musicales particulières. Toujours est-il que Iri construit des morceaux qui sont un habile mélange de hip hop et de musique Soul. Je n’écoute pas beaucoup de hip hop ou de R&B, mais j’ai dû ici être attiré par le côté alternatif du son. Elle a une voix exceptionnelle que j’avais déjà repéré depuis quelques temps sur des morceaux plus anciens sur YouTube. Je me lance dans l’écoute de l’album après avoir découvert les trois premiers morceaux sur YouTube, en version raccourcie parfois, à savoir le morceau titre de l’album Shade, les morceaux Only One et Wonderland. Le deuxième morceau est tourné à Paris et je crois reconnaître le deuxième arrondissement et La Défense. Je suis tout de suite séduit par cette voix puissante et par ces rythmes imparables. Les trois premiers morceaux de l’album sont vraiment accrocheurs et les deux qui suivent, Common et Cake sont tout aussi bons, et même meilleurs dans une sorte d’apogée de l’album. Les deux morceaux suivants dont Flashlight, produit par Tofubeats, sont plus standards à mon avis, faisant comme une pause dans l’album. Les quatre morceaux qui suivent et qui terminent l’album sont par contre plus accrocheurs. Le neuvième morceau Peak, arrangé par Hidefumi Kenmochi ケンモチヒデフミ de Suiyoubi no Campanella (水曜日のカンパネラ) prend des sonorités plus latinos, par rapport au reste de l’album. Ces petits arrangements particuliers sont certainement ce qui fait que les morceaux de Iri se catégorisent en R&B alternatif. Iri fait intervenir plusieurs arrangeurs et producteurs différents sur chacun des morceaux. Je mentionnais Tofubeats et Hidefumi Kenmochi à l’instant, ou encore Yaffle de Tokyo Recordings sur Only One, mais il y en a d’autres dont je ne connais pas forcément le nom. J’ai acheté l’album sur iTunes vendredi soir dernier et on l’a beaucoup écouté ce week-end, notamment dans la voiture lors des déplacements du week-end. Mari n’a pas vraiment les mêmes goûts musicaux que moi, donc je choisis les morceaux que je vais passer dans la voiture avec une certaine appréhension. Disons plutôt qu’on a des goûts similaires sur certaines choses mais parfois à des périodes différentes. Mari me dit qu’elle écoutait Jun Togawa il y a plus de vingt ans, quand elle était étudiante en art, alors que moi je n’écoute cette musique que depuis l’année dernière. Ceci étant dit, ça ne me viendrait jamais à l’idée d’écouter des morceaux de Jun Togawa en famille dans la voiture, le style étant beaucoup trop décalé. En lançant les quelques morceaux de l’album de Iri, Mari reconnaît cette voix. Elle l’avait vu en concert avec une amie il y a 3 ans dans une salle de Daikanyama. Elle allait en fait voir chanter une amie d’enfance et Iri se produisait également sur scène ce soir là. C’est une coïncidence intéressante. C’était au tout début de sa carrière musicale. Après avoir écouté l’album deux fois en boucle avec interruptions, on passe à la radio et par un hasard amusant, Iri est invitée dans une émission musicale de la chaîne de radio J-Wave. Dans l’interview, elle nous parle de ses influences, de la conception de l’album, de ses origines. Elle vient de Zushi, petite ville côtière de la préfecture de Kanagawa. Nous y sommes allés quelques fois, mais lorsque l’on se déplace à Ofuna certains week-ends et qu’on se promène, on s’arrête en général un peu avant, à Hayama. C’est un coin que j’aime beaucoup. Iri nous explique aussi qu’elle a joué dans un festival en France. Je n’ai pas retenu le nom du festival, mais ça explique la vidéo du morceau Only One tournée à Paris. Je pense qu’elle a de belles années devant elle, alors qu’elle commence maintenant à se faire connaître.