common spaces

A part cette échappée au village de Hinomura, cela fait plusieurs semaines que mes photographies se concentrent sur un espace urbain réduit autour de Shibuya. Comme je traverse plusieurs fois les mêmes endroits et vois les mêmes choses, je me pose régulièrement la question de ce que je pourrais prendre de nouveau en jouant sur les angles ou en me concentrant sur les détails. C’est un exercice intéressant mais pas toujours très productif. Cela me force à regarder les couleurs plutôt que les objets eux mêmes, à faire attention aux ombres projetées, à chercher des dispositions intéressantes ou des contrastes accentuées. De ce fait, même en passant exactement aux mêmes endroits, mon œil est attiré par des nouvelles choses qui étaient pourtant déjà présentes les premières fois. Tout objet ou tout lieu est matière à photographie, tout dépend de l’état d’esprit du moment qui nous fera juger des choses différentes comme étant digne d’intérêt alors qu’on les avait purement et simplement ignorées auparavant. Dans cette série, je regarde les couleurs, celles vives des deux chaises en équilibre, le marron luisant d’un mur de résidence, les inscriptions fluorescentes sur des blousons dans la pénombre d’une boutique pas encore ouverte, le rouge perçant des pneus d’un vélo tous terrains, les couleurs multiples sur des autocollants de chaussures de sport.

Images extraites des videos des morceaux « Wonderland » et « Only One » par Iri disponible sur Youtube.

Le troisième album Shade de Iri est passionnant. A en croire Wikipedia, le style musical s’apparente à du R&B alternatif. Je ne sais pas vraiment à quoi ça correspond car je ne suis pas très doué pour classifier les artistes dans des catégories musicales particulières. Toujours est-il que Iri construit des morceaux qui sont un habile mélange de hip hop et de musique Soul. Je n’écoute pas beaucoup de hip hop ou de R&B, mais j’ai dû ici être attiré par le côté alternatif du son. Elle a une voix exceptionnelle que j’avais déjà repéré depuis quelques temps sur des morceaux plus anciens sur YouTube. Je me lance dans l’écoute de l’album après avoir découvert les trois premiers morceaux sur YouTube, en version raccourcie parfois, à savoir le morceau titre de l’album Shade, les morceaux Only One et Wonderland. Le deuxième morceau est tourné à Paris et je crois reconnaître le deuxième arrondissement et La Défense. Je suis tout de suite séduit par cette voix puissante et par ces rythmes imparables. Les trois premiers morceaux de l’album sont vraiment accrocheurs et les deux qui suivent, Common et Cake sont tout aussi bons, et même meilleurs dans une sorte d’apogée de l’album. Les deux morceaux suivants dont Flashlight, produit par Tofubeats, sont plus standards à mon avis, faisant comme une pause dans l’album. Les quatre morceaux qui suivent et qui terminent l’album sont par contre plus accrocheurs. Le neuvième morceau Peak, arrangé par Hidefumi Kenmochi ケンモチヒデフミ de Suiyoubi no Campanella (水曜日のカンパネラ) prend des sonorités plus latinos, par rapport au reste de l’album. Ces petits arrangements particuliers sont certainement ce qui fait que les morceaux de Iri se catégorisent en R&B alternatif. Iri fait intervenir plusieurs arrangeurs et producteurs différents sur chacun des morceaux. Je mentionnais Tofubeats et Hidefumi Kenmochi à l’instant, ou encore Yaffle de Tokyo Recordings sur Only One, mais il y en a d’autres dont je ne connais pas forcément le nom. J’ai acheté l’album sur iTunes vendredi soir dernier et on l’a beaucoup écouté ce week-end, notamment dans la voiture lors des déplacements du week-end. Mari n’a pas vraiment les mêmes goûts musicaux que moi, donc je choisis les morceaux que je vais passer dans la voiture avec une certaine appréhension. Disons plutôt qu’on a des goûts similaires sur certaines choses mais parfois à des périodes différentes. Mari me dit qu’elle écoutait Jun Togawa il y a plus de vingt ans, quand elle était étudiante en art, alors que moi je n’écoute cette musique que depuis l’année dernière. Ceci étant dit, ça ne me viendrait jamais à l’idée d’écouter des morceaux de Jun Togawa en famille dans la voiture, le style étant beaucoup trop décalé. En lançant les quelques morceaux de l’album de Iri, Mari reconnaît cette voix. Elle l’avait vu en concert avec une amie il y a 3 ans dans une salle de Daikanyama. Elle allait en fait voir chanter une amie d’enfance et Iri se produisait également sur scène ce soir là. C’est une coïncidence intéressante. C’était au tout début de sa carrière musicale. Après avoir écouté l’album deux fois en boucle avec interruptions, on passe à la radio et par un hasard amusant, Iri est invitée dans une émission musicale de la chaîne de radio J-Wave. Dans l’interview, elle nous parle de ses influences, de la conception de l’album, de ses origines. Elle vient de Zushi, petite ville côtière de la préfecture de Kanagawa. Nous y sommes allés quelques fois, mais lorsque l’on se déplace à Ofuna certains week-ends et qu’on se promène, on s’arrête en général un peu avant, à Hayama. C’est un coin que j’aime beaucoup. Iri nous explique aussi qu’elle a joué dans un festival en France. Je n’ai pas retenu le nom du festival, mais ça explique la vidéo du morceau Only One tournée à Paris. Je pense qu’elle a de belles années devant elle, alors qu’elle commence maintenant à se faire connaître.

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