découpée au sabre

Ces quelques photographies ont été prises il y a déjà plusieurs semaines à Shimo Kitazawa, Yoyogi Uehara puis dans les environs de Kiyosumi et Fukagawa près de la rivière Sumida. Sur la quatrième photographie montrant la devanture du magasin en désordre Village Vanguard dans le centre de Shimo Kitazawa, on me rappelle de jeter un œil un jour ou l’autre à deux séries animées disponible sur NetFlix. Il y a d’abord la série Maniac par Junji Ito (伊藤潤二・マニアック) sous-titrée Anthologie Macabre. Je ne connais pas beaucoup Junji Ito, mais j’ai beaucoup entendu parler de ses manga d’épouvante sur mon fil Twitter car il était invité au dernier festival d’Angoulème pour une exposition rétrospective exceptionnelle. Son manga le plus connu est Tomie qui est un pavé de plus de 700 pages. Comme j’ai un peu de mal à le trouver en librairie à un prix raisonnable, je vais peut-être me tourner vers la version digitale disponible sur le bookstore Apple. L’autre série dont on voit des affichettes sur la devanture du Village Vanguard s’intitule Bocchi the Rock! (ぼっち・ざ・ろっく!). Cette série nous raconte apparemment l’histoire d’un jeune groupe de rock à Shimo Kitazawa. J’ai également vu quelques autres affiches de cet anime à l’intérieur du Tsutaya de Shimo Kitazawa près de la station, et ça m’avait intrigué sans pourtant y regarder plus en avant. Le journaliste musical Patrick Saint-Michel consacrant sa dernière newsletter à cette série relance soudainement cet intérêt légèrement oublié. Il faudra que j’y jette un œil prochainement.

Musicalement parlant, j’écoute toujours beaucoup la musique de Buck-Tick en ce moment. J’avais dans l’idée de parler au fur et à mesure de chaque album que je découvre, comme j’avais commencé à le faire pour Jūsankai ha Gekkō (十三階は月光) et Darker Than Darkness, mais la tâche me semble maintenant des plus ardues car j’ai déjà écouté plusieurs albums, notamment Kurutta Taiyō (狂った太陽) sorti en 1991, TABOO sorti en 1989, No.0 sorti en 2018 puis Atom Miraiha No.9 (アトム未来派N.9) sorti en 2016. Je suis impressionné par l’ambiance et la qualité générale de ces albums. Les compositions et les trouvailles musicales d’Hisashi Imai (今井寿) et le chant hanté de Atsushi Sakurai (櫻井敦司) ne déçoivent jamais. J’ai bien l’intention de découvrir une grande partie de la discographie du groupe mais elle est tellement immense que je ne me sens pas d’attaque pour parler de chaque album individuellement. C’est intéressant de voir la manière dont le style de la musique de Buck-Tick évolue, mais reste tout de même extrêmement sombre. L’électronique se fait plus présente dans les albums à partir des années 2000, mais l’esprit général est résolument rock. Le groupe était la semaine dernière sur la scène de l’émission Music Station, ce qui n’était pas arrivé depuis 28 ans. La dernière fois était en 1995 et le groupe avait interprété deux morceaux Aku no Hana (悪の華) de l’album du même nom sorti en 1990 et Uta (唄) de l’album Six/Nine sorti en 1995. Le chanteur Atsushi Sakurai, tout vêtu de noir comme à son habitude avec le regard sombre et perçant, est quand même un personnage singulier et fascinant. On ne peut pas dire qu’il était complètement à sa place dans l’émission, et c’était même assez amusant à voir, du moins je me suis délecté de leur présence. En fait, Atsushi Sakurai est quand même venu sans le groupe plus récemment en 2019 à Music Station, mais c’était avec Sheena Ringo pour le morceau Kakeochimono (駆け落ち者). Lors de l’émission du 7 Avril 2023, Buck-Tick jouait une version raccourcie de leur dernier single Mugen Loop (無限LOOP) qui est vraiment excellent et que j’ai moi-même écouté en boucle infinie. Ce morceau est assez différent de ce que j’ai pu écouter jusqu’à maintenant sur des albums plus anciens. J’admire la manière dont ils arrivent à se renouveler sans cesse à l’écart des modes du moment tout en conservant leur identité singulière. L’album TABOO datant de 1989 a certes un peu vieilli, teinté d’une ambiance années 80 mais contient des morceaux emblématiques comme ICONOCLASM et Just One More Kiss, qui a été un de leurs premiers succès, au plus fort du Visual Kei avec cheveux dressés sur la tête. Bien que chaque album soit différent, on retrouve toujours cette tension émotionnelle qui me plait tant. C’est même difficile de dire quel album est meilleur qu’un autre, mais il est assez communément admis par la communauté des fans qu’il est préférable de commencer par Darker Than Darkness ou Kurutta Taiyō (狂った太陽). Cette porte d’entrée me paraît en effet raisonnable. Il n’y a malheureusement que très peu de morceaux disponibles officiellement sur la chaîne YouTube du groupe, mais on en trouve trois de cet album Kurutta Taiyō de 1991: Jupiter, Speed (スピード) et M・A・D. Ces morceaux ne donnent bien sûr pas une impression d’ensemble de l’oeuvre de Buck-Tick, mais quelques idées des ambiances auxquelles on peut s’attendre. Je trouve l’excellent morceau BABEL de l’album No.0 de 2018 un peu plus représentatif. Toujours est-il que si on est entre dans le manoir de Buck-Tick et qu’on y reste quelques temps car ce qu’on y entend nous intrigue, il est ensuite difficile d’en sortir car on a envie d’y explorer toutes les salles, toutes les facettes.

J’ai regardé en direct sur YouTube ce samedi 15 Avril 2023 à 20h la première diffusion de la vidéo du single W●RK de Millenium Parade et Sheena Ringo. J’ai déjà dit tout le bien que je pense de ce morceau et du simple fait d’une collaboration entre Daiki Tsuneta et Sheena Ringo. La vidéo ne déçoit pas non plus pour ses parallèles avec la vidéo emblématique de Tsumi to Batsu (罪と罰), morceau très important dans le début de carrière de Sheena Ringo. On y retrouve la Mercedes Benz W114 avec la même plaque d’immatriculation, se faisant découper au sabre par Daiki Tsuneta. Sheena a les cheveux courts blonds et un maquillage autour des yeux qui rappelle également celui de Tsumi to Batsu, sans être aussi poussé. La présence du sabre est également un point commun des deux vidéos et une des scènes où Daiki Tsuneta ouvre ce sabre devant son visage semble être une correspondance directe à la vidéo de Tsumi to Batsu. On apprendra donc que Daiki Tsuneta et Sheena Ringo ont en commun le pouvoir de découper parfaitement en deux des voitures d’un seul coup de sabre. On sait en tout cas que Tsuneta aime les voitures vintage et qu’il en conduit une, comme Sheena Ringo à cette époque. On savait déjà également leur affection mutuelle pour le haut parleur portatif et j’aime beaucoup le fait que Sheena en porte deux et en donne un à Tsuneta, comme un passage de relais. La vidéo est réalisée par Yuichi Kodama, et j’imagine donc que les recommandations de Ringo ont été complètement prises en compte. Le détail très ’ringoesque’ est la durée de la vidéo incluant les crédits faisant exactement 4:17 minutes. C’est désormais bien connu que 417 se réfère à « Shiina » et ce choix n’est pour sûr pas laissé au hasard. Je me suis d’abord demandé si le groupe créatif de Daiki Tsuneta, Perimetron, serait en charge de réaliser la vidéo comme c’est le cas pour les vidéos de King Gnu et Millenium Parade. Le fait de trouver la tour de Tokyo dans cette vidéo est assez typique de Yuichi Kodama, en particulier dans les videos qu’il a réalisé pour Tokyo Jihen et Sheena Ringo. Mais cette tour de Tokyo est bizarrement mélangée avec des images du Mont Fuji et de Kyoto pendant le festival Gozan no Okuribi où le kanji Dai (大) est inscrit en feu sur une montagne. La musique de Millenium Parade fusionne de nombreux sons et styles et c’est peut-être le sens de ce collage visuel.

晴れのち夕暮れ

Ces quelques photographies ont été prises entre Shibuya et Shinjuku en fin d’après midi alors que la lumière commençait déjà à baisser. Je ne me souviens déjà plus des circonstances qui m’ont poussé à traverser le sanctuaire Meiji Jingū mais je me souviens au moins que j’écoutais pendant une partie de cette marche l’album Dramatic de Clammbon mentionné auparavant, avant de le trouver un peu plus tard au Disk Union de Shinjuku et de prendre ensuite le train pour Ikebukuro. Je vais assez rarement à Ikebukuro car je me trouve presqu’à chaque fois arrêté en route à Shinjuku. Je note d’ailleurs qu’il faudra que je passe voir la très haute Tokyu Kabukicho Tower qui va bientôt ouvrir ses portes au public. Elle devrait j’imagine contribuer à changer progressivement l’image du quartier, tout comme l’avait commencé le complexe de cinémas Toho à l’entrée centrale de Kabukichō.

Le nouveau single W●RK de Millenium Parade et Sheena Ringo, sorti le 1 Avril 2023, ne déçoit heureusement pas mes attentes, car c’est particulièrement intéressant d’entendre l’ambiance musicale si spécifique et immédiatement reconnaissable de Daiki Tsuneta pour Millenium Parade avec la voix également inimitable de Sheena Ringo. Tsuneta y chante d’ailleurs également avec des paroles rappées dont il a l’habitude. On y trouve une tension et un bouillonnement général que je trouve bienvenus par rapport aux morceaux récents de Sheena Ringo un peu trop posés à mon goût (toogood par exemple). Une photo mystérieuse et très intrigante montrée par Daiki Tsuneta sur son compte Twitter nous laisse penser qu’il y aura une vidéo pour ce morceau mais on ne connaît pas encore sa date de sortie. Peut-être s’agira t’il du 17 Mai car un CD de ce single sera mis en vente avec une deuxième collaboration de Millenium Parade et Sheena Ringo intitulée 2045. La couverture du single montre très naturellement un porte-voix portatif, car Daiki Tsuneta et Sheena Ringo l’utilisent tous les deux régulièrement. J’ai toujours pensé que Tsuneta était influencé par Ringo à ce sujet.

a子 nous fait le plaisir de se produire en live en solo le 28 Juin 2023 pour la première fois (a子 初ワンマンライブ). Ça se déroulera dans la salle de concert WWW, que je connais presque car elle se situe dans le même bâtiment (l’ancien cinéma Rise) où j’avais été voir For Tracy Hyde le 25 Mars. J’écoute et apprécie beaucoup la musique d’a子 depuis la découverte de son premier EP Misty Existence (潜在的MISTY) sorti en Septembre 2020, et je parle très régulièrement de sa musique sur ces pages (pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore remarqué). Je ne voudrais pas manquer son premier concert solo, et j’ai été bien avisé de ne pas trop attendre pour acheter ma place car les billets sont déjà ‘sold out‘ après seulement trois jours de mise en vente. Pour ce live, j’imagine qu’elle sera accompagnée par son groupe habituel avec lequel elle joue régulièrement en direct sur Instagram. Je me rends compte d’ailleurs qu’elle n’a pas encore sorti d’album, mais plusieurs EPs et singles seulement, dont une collaboration avec Chiaki Satō. Et je me demande donc maintenant si Chiaki Satō assistera à ce concert, sachant que son nouvel album Butterfly Effect sortira le même jour. Je me demande toujours comment des artistes relativement connus de la scène musicale japonaise peuvent assister à des concerts d’autres artistes ou groupes sans se faire reconnaître par le reste de la foule. Je repense par exemple à DAOKO qui nous fait part qu’elle a été voir Tricot en concert, ou Kyary qui a été voir Björk lors de son concert à Tokyo le 28 Mars. Je ne pense pas qu’il y ait des espaces vip dans ces salles de concert / live house.

soleil couchant sur les pruniers

En suite au billet précédent, je continue à marcher jusqu’au jardin de pruniers appelé Ikegami Baien (池上梅園), placé au pied de la colline portant le grand temple Ikegami Honmonji. Il ferme normalement ses portes aux alentours de 16h30 et j’y suis donc arrivé trop tard. Alors que je vois quelques personnes y entrer, le gardien me confirme que le parc reste exceptionnellement ouvert car on va y allumer les éclairages. J’imagine que ces éclairages du soir sont seulement activés au moment de la floraison des pruniers qui vient de démarrer. Ce n’est pas encore la pleine floraison mais elle semble proche. Je suis déjà passé devant ce parc mais c’est la première fois que j’y entre. Il est très bien entretenu et aménagé. Les pruniers sont plantés au flanc de la colline et un escalier de bois permet de les admirer depuis les hauteurs du parc. Je décide de m’installer pendant quelques minutes sur cette partie haute du jardin en attendant que les lumières s’allument. Le fait d’être contraint à attendre me donne l’occasion d’expérimenter des prises photographiques qui mettraient en valeur ces pruniers. Je me décide à les saisir en contre-jour comme sur la quatrième photographie. J’ai pris beaucoup de photos dans cette configuration en modifiant les angles et les cadrages mais je ne conserve finalement que cette photographie. J’ai toujours pensé qu’il était difficile de bien mettre en valeur la végétation en photographie, notamment et surtout les arbres à fleurs comme les cerisiers. Depuis les hauteurs de la colline, on peut observer les mouvements de la ville, au delà de la tranquillité du parc. Enfin, la ville semble aussi être tranquille en cette fin de journée de week-end. Le rythme est lent à part les trains qui viennent et repartent sur une voie surélevée longeant la longue route nationale numéro 1. Les enfants qui jouaient près d’un des nombreux temples du quartier sont rentrés. Quelques vélos électriques avec fauteuil pour enfant a l’arrière s’activent dans les petites rues, certainement pour rentrer à la maison au plus tôt. J’ai encore un peu de temps pour prendre mon temps, et je m’attarde volontairement pour explorer l’intérieur des cours de certains temples comme celui des deux dernières photographies. Je me dis que je devrais la prochaine fois faire le tour complet de la colline portant le temple Ikegami Honmonji. Je n’en connais qu’une seule partie, celle la plus proche de la gare où je me trouvais aujourd’hui.

Le prochain single de Sheena Ringo (椎名林檎) sera le thème d’ouverture de l’anime Jigokuraku (地獄楽) et sera une collaboration avec le groupe Millenium Parade de Daiki Tsuneta (常田大幹). On pourra écouter ce nouveau morceau à partir du 1er Avril 2023 à 23h sur TV Tokyo (テレビ東京). Son titre est W●RK (ワーク) avec des paroles écrites par Daiki Tsuneta et Sheena Ringo. La composition musicale est quant à elle de Daiki Tsuneta. Le premier court extrait que l’on peut écouter sur YouTube est vraiment très prometteur. On reconnaît assez bien l’atmosphère musicale dense que Daiki Tsuneta nous a déjà fait écouter sur son premier et unique album de Millenium Parade sorti en 2021. Après le morceau très posé toogood (いとをかし), ça fait plaisir de retrouver cette voix là de Sheena Ringo, plus aggressive et jouant sur les distorsions. Je suis en fait loin d’être surpris de voir se réaliser cette collaboration car j’y avais pensé depuis plusieurs années et l’avais même mentionné dans l’enquête du fan club Ringohan. Dans les enquêtes Ringohan de 2020 et 2021, à la question de savoir qui on voudrait voir collaborer avec Sheena Ringo, j’avais en effet mentionné Daiki Tsuneta. L’album de Millenium Parade prenait également un thème, celui de la parade des monstres des nuits d’été appelé Hyakkiyakō (百鬼夜行), que l’on trouvait également chez Sheena Ringo lors de sa tournée de 2015. Daiki Tsuneta avait également été invité à l’émission spéciale KanJam (関ジャム) dédiée à Tokyo Jihen les 13 et 20 Juin 2021. Sheena Ringo y mentionnait d’ailleurs être allée voir Daiki Tsuneta en concert alors que son groupe ne s’appelait pas encore King Gnu mais Srv.Vinci (avant 2017). Tous ses points de rapprochement font qu’une collaboration paraissait évidente, pour notre plus grand plaisir.

Et pendant ce temps là, Sheena Ringo a commencé sa tournée nationale intitulée Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常), qu’on pourrait traduire par « Sheena Ringo et l’impermanence de toutes choses ». La première date était le Vendredi 24 Février dans la ville de Kawaguchi à Saitama. On peut voir des playlists de 28 morceaux circuler sur Twitter mais je ne suis pas certain qu’elles soient toutes correctes. Je me demande si elle va interpréter des morceaux dans leurs versions remixées. J’y vois en tout cas des morceaux clés de sa carrière comme Jinsei ha Yume darake (人生は夢だらけ), des morceaux de Tokyo Jihen comme Ryokushu (緑酒) ou Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩), des morceaux plus récents comme Seishin no Tsuzuki (青春の続き – le suite) écrit pour Takahata Mitsuki (高畑充希) ou toogood (いとをかし). Mais, il semble également y avoir des morceaux inédits ou des reprises que je ne connais pas, notamment deux morceaux de Megumi Hayashibara (林原めぐみ) qu’elle avait dû créer. Il semble y avoir suffisamment d’inattendu pour nous surprendre et c’est de très bonne augure. La configuration est relativement limitée car il ne s’agit pas d’une tournée de la série Expo. On retrouve des habitués de ses tournées comme Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare électrique et Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse. Masaki Hayashi (林正樹) aux claviers a déjà participé à la tournée Tōtaikai (党大会) en 2013 qui se déroulait uniquement à l’Orchard Hall du Bunkamura à Shibuya. Yoshiaki Sato (佐藤芳明) à l’accordéon a quant à lui déjà participé à la tournée Ringo Expo’14. C’est par contre, à ma connaissance, la première fois que Sheena Ringo fait appel à Shun Ishiwaka (石若駿) aux percussions. Il s’agit d’un musicien jazz qui était en fait le premier batteur de King Gnu, avant l’actuel batteur Yū Seki. Il faisait partie du groupe alors que celui-ci s’appelait encore Srv.Vinci. Shun Ishiwaka est aussi le batteur de Millenium Parade, et sa présence sur cette tournée prend tout de suite beaucoup de sens quand on pense à la collaboration récente, que je mentionnais ci-dessus, de Millenium Parade avec Sheena Ringo. Je me demande vraiment quelle sera l’ambiance et la direction stylistique de cette tournée car l’utilisation de la salle Orchard Hall de Bunkamura et la présence de musiciens jazz comme Ishiwaka et Hayashi, laissent penser que cette orientation jazz sera privilégiée. Mais le guitariste aux sons puissants, Yukio Nagoshi, est également de la partie et la tournée passera par le Tokyo International Forum pour les deux dernières dates, ce qui me fait plutôt penser à une ambiance plus rock. Il y aura certainement un mélange des genres, mais tout ceci me parait très intriguant, d’autant plus que rien ne filtre des premières représentations. En cette fin de semaine, elle joue dans sa ville, à Fukuoka, et je suis de plus en plus impatient de la voir au mois de Mai à Tokyo. J’aurais très certainement l’occasion d’en reparler (en longueur).

初詣2◯22


アケオメ
コトヨロ
2〇22

Nous n’avons pas failli à notre habitude de regarder Kōhaku Uta Gassen sur NHK (NHK紅白歌合戦) cette année, sauf que cette fois-ci, j’ai l’impression que nous l’avons regardé plus assidûment que d’habitude. Nous l’avons en fait regardé depuis le début, ce qui arrive rarement, tout en commentant presque chaque intervention. Mari nous fait remarquer qu’on a bien vieilli pour regarder Kōhaku aussi religieusement, mais je pense plutôt que c’est Kōhaku qui a rajeuni. On restera sur cette dernière constatation. La plupart des artistes ou groupes qui se produisaient sur les scènes du Tokyo International Forum ne m’intéressent pas beaucoup musicalement, mais l’important n’est pas là. L’intérêt est plutôt de prendre la température de la scène musicale mainstream japonaise. NHK est certainement loin d’être à la pointe des nouveautés et des dernières tendances mais il y a quand même quelques efforts notés d’années en années, par exemple l’étrange représentation plutôt sombre d’ailleurs de Mafumafu. Il faut noter donc que l’émission était filmée au Tokyo International Forum à Yurakuchō cette année, plutôt qu’au NHK Hall de Shibuya qui est actuellement en rénovation. Certaines représentations étaient quand même filmées là bas. Ce qui était particulièrement intéressant, c’est que le Forum était utilisé dans sa quasi totalité: la grande salle du Hall A contenant un maximum de 5,000 personnes, mais également le long espace oval sous les élégants mâts métalliques blancs que j’ai déjà pris en photo et montré sur ce blog. Ikura de Yoasobi chantait par exemple en descendant les escalators dans cet espace. La scène du Hall A était élégamment décorée par des compositions florales de Makoto Azuma, dont j’ai également déjà parlé plusieurs fois. On a tout de suite reconnu son style. Mon intérêt principal était de voir et d’écouter Tokyo Jihen interpréter le morceau Ryokushu (緑酒) du dernier album, devenu un des morceaux les plus populaires du groupe. Le groupe était habillé en kimono, comme l’année dernière, ce qui n’avait rien d’étonnant. Le final voyait Tokyo Jihen inondé d’une neige de confettis. Il y en avait trop mais ça n’avait rien d’étonnant non plus car Sheena nous avait prévenu dans une émission spéciale diffusée sur NHK le 29 Décembre 2021. L’émission musicale de quarante minutes dédiée à Tokyo Jihen s’intitulait Sōshū (NHK MUSIC presents 東京事変 総集) et voyait le groupe visiter les locaux de la chaîne de télévision en pleine préparation de Kōhaku. Tokyo Jihen avait en fait déjà participé à une émission spéciale sur NHK intitulé Gatten (ガッテン) le 10 Juin 2021 dont j’avais parlé précédemment et pendant laquelle ils avaient interprété Ryokushu sous une pluie de confettis au final. Lorsqu’ils rencontrent le personnel en charge de la mise en scène lors de cette émission du 29 Décembre, on voit Sheena Ringo renouveler cette demande de confettis au final et on lui promet qu’il y en aura beaucoup, à la manière des passages sur scène du chanteur Enka Kitajima Saburō. Ces confettis reprennent l’image des fleurs de cerisiers s’envolant dans les airs qu’on pouvait voir dans la vidéo de Ryokushu. L’OTK savait donc qu’il y aurait une pluie de confettis, mais j’étais loin d’imaginer qu’il y en aurait autant. Sheena et le groupe se sont changés trois fois de tenues pendant l’émission et celle qu’on retient est la dernière, habillée en skateuse avec sac à dos NASA et skateboard à la main. Le skateboard est d’ailleurs un élément récurrent du monde visuel de Sheena Ringo. On le voyait, toujours le même avec un dessin de glace au chocolat et un autocollant ARIGATO, sur la scène de Music Station pour l’interprétation de Gunjō Biyori (群青日和) avec Elopers, dans une scène de la vidéo de Arikitarina Onna (ありきたりな女), ou sur un visuel de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~). Le compte Twitter de Shane les répertorie sur un tweet et cette tenue de skateuse, qui est en fait une version alternative de la tenue de l’époque de l’album Sports, inspire les illustrateurs comme ce dessin ci-dessous. Lors du final sur la photo de droite, on voit Sheena entourée de la chanteuse Enka Sayuri Ichikawa et de Hoshino Gen (Ukigumo est également le guitariste de son groupe).

J’étais assez surpris ensuite de voir Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) sur scène. Elle n’a pas interprété le morceau que j’aime du film Sērā-fuku to kikanjū (セーラー服と機関銃, Sailor suit and machine gun), dont je parle décidément souvent (trop) sur ce blog, car Ukigumo chantait notamment ce morceau sur le concert Hyakkiyakō 2015. L’autre bonne surprise et moment attendu de Kōhaku était de voir sur scène Daiki Tsuneta avec son groupe Millenium Parade accompagnés par Kaho Nakamura au chant pour interpréter le morceau U du film d’animation Belle (竜とそばかすの姫) de Mamoru Hosoda. La représentation sombre avec des musiciens masqués a du inquiéter quelques spectateurs. J’étais aussi particulièrement intéressé de voir BiSH participer pour la première fois à Kōhaku, d’autant plus qu’elles ont annoncé la séparation du groupe à la fin 2022. C’était certainement l’interprétation la moins réussie de Kōhaku et même AiNA avait du mal à chanter juste. En fait, je n’ai jamais entendu une interprétation correcte de leur part dans une émission télévisée. Je pense aussi qu’elles ne devraient pas s’obstiner à chanter le morceau Promise The Star, qui doit certainement avoir une valeur émotionnelle pour le groupe, mais qu’elles t’interprètent jamais très bien. Pour en avoir le cœur, j’avais regardé une émission musicale passant dans la nuit sur NHK montrant un mini-concert de BiSH sans public à Fukuoka et j’avais trouvé leurs interprétations tout à fait correctes. Peut-être s’agissait-il du stress du passage Live dans une émission très regardée. Mais bon, ça fait déjà un petit moment que j’attendais leur passage à Kōhaku et je suis tout de même content que ça se soit produit. Et il y avait l’intervention de Fujii Kaze (藤井風) qui était censé interpréter son morceau Kirari (きらり) seulement à distance, mais qui apparaît soudainement sur scène en pantoufles touffues vertes en se mettant à jouer au piano. Je ne connais pas très bien Fujii Kaze à part ses morceaux connus passant à la radio et je n’ai à priori pas d’attirance particulière pour sa musique. Il est ceci dit considéré comme un des jeunes talents. Je dirais même qu’il y a une certaine insolence dans son talent naturel. Les fans de Sheena Ringo et Tokyo Jihen le plébiscitent d’ailleurs pour une éventuelle collaboration, car il a interprété à plusieurs reprises sur sa chaîne YouTube des morceaux de Sheena Ringo et Tokyo Jihen: Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック) au piano seulement et en version chantée, et Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間). Ses interprétations sont excellentes et je parie qu’il y aura une collaboration cette année. Enfin, l’émission passe très vite et m’a dans l’ensemble plus intéressé que les autres années. La nouvelle année se fait proche et on se prépare déjà à aller au sanctuaire dans la nuit et le froid, avec comme récompense un verre d’amazake (pas de vin chaud comme sur les pistes de ski).

Le lendemain, le 1er Janvier 2022, le rythme de la journée était très lent et on se décide comme d’habitude assez tard à aller au sanctuaire de Hikawa (氷川神社) et de Konnō Hachimangu (金王八幡宮) à Shibuya pour y faire les premières prières de l’année et pour y récupérer le goshuin spécial du premier de l’an. On évite pour le moment la foule à Meiji Jingu. Mon carnet est presque terminé et il faudrait que je le scanne et le montre sur Made in Tokyo. Comme tous les ans à cette même période, l’hésitation m’a gagné de continuer ou non ce blog pour une nouvelle année. L’hésitation me gagne à chaque fois qu’il faut payer l’abonnement annuel du hosting et du nom de domaine, en me demandant si tout ceci est vraiment nécessaire pour moi et pour les autres (les visiteurs occasionnels ou réguliers). Mais j’ai bien l’impression que je suis reparti pour un tour. 終わらせないで me dit une petite voix dans ma tête.

J’attendais également une annonce de Tokyo Jihen dans les premières heures de 2022, mais on a seulement reçu une carte de bonne année, celle ci-dessus avec une version alternative sur le site web du groupe. Le 1er Janvier 2020, Tokyo Jihen avait annoncé sa re-formation, le 1er Janvier 2021 était l’annonce du nouvel album. Je pensais qu’on allait avoir la confirmation d’une tournée, même online, mais ça n’a pas été le cas. On sait que le groupe a envie de tourner, du moins c’est ce que j’ai compris dans l’émission récente Sōshū sur NHK, et je n’ai pas l’impression qu’ils aient envie de s’arrêter tout de suite. La condition sanitaire actuelle étant pleine d’imprévus, ça semble toujours compliqué de s’engager dans une tournée nationale.

Pour me réconforter un peu, je pars en visite au Tower Records de Shinjuku car je sais qu’on y montre les tenues de la vidéo de Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩). Je prends les quelques photos ci-dessus, que je ne montre pas sur Twitter cette fois-ci. J’aime beaucoup ce médaillon de tête de chat que porte Sheena dans cette vidéo. Il ne ressemble pas vraiment à un de ses trois chats qu’elle montre de temps en temps sur Twitter ou sur Ringohan: Tekuno (テクノ), Jung (ユング) ou Moses (モーゼ). On sait que Sheena aime donner des noms de personnalités aux choses, mais j’en suis moins sûr pour les animaux. Je crois reconnaître Moïse et le psychanalyste suisse Carl Jung pour deux des chats, mais je suis moins sûr pour le troisième appelé Techno ou Tekuno (peut-être choisi pour son origine de l’antiquité). Entre les skateboards et les noms de chats, il y a beaucoup de mystères à résoudre. Le cadeau de nouvelle année (さえずり) de Ringohan que j’ai reçu il y a quelques jours n’arrange rien pour ce qui est des mystères. Il s’agissait de cinq cartes de tarot estampillées du logo de Tokyo Jihen avec des inscriptions en allemand. Il me faudra étudier un peu plus en avant la question, mais c’est exactement cela qui est intéressant.

白黒になる東京 (4)

Depuis la gare de Shinjuku, je marche maintenant vers Kabukichō en direction de la station de Seibu Shinjuku. Cette zone de Shinjuku a pris ce nom de Kabukichō car elle était initialement destinée à accueillir un théâtre kabuki après la seconde guerre mondiale. Ce théâtre, qui était censé s’appeler Kiku-za, n’a jamais vu le jour en raison de problèmes de financement, mais le nom de Kabukichō est resté. Des centres de divertissement se sont tout de même développés un peu plus tard, notamment un cinéma appelé Tokyu Milano-za construit en 1956 ainsi que d’autres établissements: un centre culturel, un théâtre et une patinoire. Le cinéma Tokyu Milano-za a fermé ses portes le 31 Décembre 2014. Le bâtiment a été rasé et va laisser place à une tour de 225 mètres actuellement en cours de construction. Je ne suis pas venu à Kabukichō pour voir ce nouveau building en construction qui va continuer à transformer l’image du quartier, mais plutôt pour aller voir la palissade de métal blanc qui l’entoure. Dans le cadre d’un projet intitulé Shinjuku Art Wall (新宿アートウォール・プロジェクト), une sélection de photographies de Daido Moriyama y sont affichées en grand format sur les murs Sud et Ouest. Certaines photographies sont assez connues comme celle avec des bas résille formant des motifs courbes, celle montrant des lèvres féminines prises en gros plan ou encore la photographie de câblages électriques compliqués accrochés sur un poteau. Je ne connaissais pas la plupart des autres photographies, notamment celles montrant des personnages de la série Evangelion comme Ayanami Rei. C’est une bonne idée d’utiliser ces surfaces autour des constructions pour montrer des photographies, illustrations ou autres œuvres d’art. J’ai l’impression que cette méthode d’exposition devient plus fréquente ces derniers temps. Je me souviens des palissades blanches autour du PARCO de Shibuya sur lesquelles Katsuhiro Ōtomo et Kosuke Kawamura s’étaient associés pour montrer des illustrations du manga Akira. Ce n’est pas le seul exemple d’art de rue éphémère que j’ai pu voir à Shibuya.

J’écoute souvent l’album éponyme de Millenium Parade mais je me rends compte que je n’en avais jamais parlé dans un billet à part entière, car je l’avais en fait évoqué dans des commentaires d’un ancien billet lorsque je commençais à écouter l’album en Mars 2021 un mois après sa sortie. Je l’écoute de plus en plus maintenant car c’est un album qui se révèle petit à petit. Millenium Parade (abrévié en Mirepa ミレパ) est un projet musical mené par Daiki Tsuneta, fondateur de King Gnu avec Satoru Iguchi. Alors que King Gnu a une approche rock plutôt mélodique, Millenium Parade prend une approche plus éclectique mélangeant les styles entre rock, passages plus symphoniques, des moments électroniques ou jazz et d’autres de hip-hop. J’aime beaucoup King Gnu et c’est le groupe qui réconcilie tout le monde à la maison. Je m’étais procuré sur iTunes leurs deux derniers albums, à savoir celui intitulé Sympa sorti en Janvier 2019 et leur dernier intitulé Ceremony sorti en Janvier 2020. Ceremony comprend le single Hakujitsu (白日) qui a grandement contribué à la notoriété du groupe, notamment pour la voix rare de Satoru Iguchi. Iguchi et Tsuneta sont proches car ils viennent tous les deux de la même université des Beaux Arts de Tokyo, Département Musique. Iguchi ne fait cependant pas partie de Millenium Parade mais est tout de même invité sur deux morceaux à la fin de l’album dont le morceau Familia qui le conclut. Ce morceau reste très proche de l’esprit musical de King Gnu. Daiki Tsuneta est également membre fondateur de Perimetron qui est un collectif composé de vidéastes, d’illustrateurs graphistes et de musiciens. Perimetron ressemble à une troupe d’artistes très proches partageant une même vision créative. Ce groupe réalise les vidéos de King Gnu et de Millenium Parade. Dans son ensemble, King Gnu est à mon avis plus axé mainstream que Millenium Parade qui se présente plutôt comme un concept musical. Daiki Tsuneta y compose les musiques et invite différents artistes pour les interprétations vocales et instrumentales, comme les voix féminines de l’interprète Ermhoi sur quelques morceaux comme 2992 ou Lost and Found ou encore Friday Night Plans sur le morceau Trepanation. Leurs interprétations vocales sont superbes d’ailleurs. Tsuneta chante également sur plusieurs morceaux. Les paroles sont presque toutes en anglais bien que les membres du groupe et les invités soient tous des artistes japonais, mais parfois d’origines diverses. Millenium Parade est très intéressant musicalement dans un esprit rock se mélangeant avec une approche symphonique, parfois jazz, mais gardant quelque chose d’assez chaotique. C’est d’ailleurs une image que Tsuneta recherche, car il évoque lui-même le Tokyo Chaotic Sound comme tendance principale de leur art. Il y a d’ailleurs un morceau intitulé Tokyo Choatic!!! qui se trouve être une interlude musicale. Il y a beaucoup de courtes transitions musicales dans cet album, contribuant à son approche conceptuelle. Ces transitions façonnent d’ailleurs l’ambiance générale qui se dégage de l’album. Plusieurs d’entre elles évoquent le folklore japonais, comme le tout premier morceau intitulé Hyakki Yagyō (百鬼夜行) qui fait référence à la parade nocturne des 100 démons yōkai arpentant tous les ans les rues durant les nuits d’été et provoquant la mort à ceux qui ont le malheur de croiser leur procession. Hyakki Yagyō était également le thème de la tournée de Sheena Ringo en 2015 (椎名林檎と彼奴等がゆく 百鬼夜行2015), dont j’ai le Blu-ray sans l’avoir vu car je fais durer le plaisir. Ce trait d’union m’interpelle forcément un peu. Une autre interlude de Millenium Parade s’appelle Matsuri no ato et vient reprendre des fragments du morceau suivant 2992, constituant ainsi une sorte d’introduction. Ce genre de liaisons est très intéressante. Millenium Parade s’est surtout fait connaître par le morceau Fly with Me, qui est le thème d’ouverture de la série Ghost in The Shell: SAC_2045. La vidéo animée de style futuriste par Perimetron est superbe, sans forcément reprendre le style GITS. En fait le désordre urbain me rappelle plus le manga et l’anime Tekkonkinkreet. Il se trouve que Daiki Tsuneta est fan de GITS et s’en inspire apparemment dans son approche artistique. J’adore également GITS et les autres manga cultes de Masamune Shirow (Appleseed ou Orion par exemple). La vidéo de Veil par exemple, semble être complètement influencée par l’univers de GITS avec ces tubes reliant des corps cybernétiques. Veil est un des singles du groupe mais n’est bizarrement par présent sur l’album Millenium Parade. J’aime beaucoup l’approche artistique « complète » de cet album où le même collectif autour de Daiki Tsuneta compose les musiques des morceaux, les interprète, tourne les vidéos et illustre les pochettes de leurs albums. Ça donne une certaine consistance de style et quelque chose de très puissant qui m’intéresse beaucoup.

Vous allez peut-être vous inquiétez du fait que je n’ai pas encore évoqué Tokyo Jihen sur ce billet alors que c’était le cas sur presque tous les billets précédents (enfin j’évoque bien Sheena Ringo un peu plus haut). Dans un souci de continuer à tester l’endurance des lecteurs de Made in Tokyo, dont le nombre est en conséquence en baisse en ce moment, je vais quand même évoquer une nouvelle fois Tokyo Jihen ici. En fait, il m’est revenu en tête d’écrire au sujet de Millenium Parade et de Daiki Tsuneta car il était invité avec le batteur de King Gnu, Yū Seki, à l’émission KanJam Kanzen Nen-SHOW (関ジャム 完全燃SHOW) en deux parties les Dimanche soir 13 et 20 Juin 2021 sur TV Asahi. L’émission est présentée par le groupe d’idoles masculines KanJani8 (関ジャニ∞), originaire du Kansai comme leur nom le suggère. Vu qu’ils sont incapables de chanter correctement, je me suis toujours demandé pour quelle raison ils s’étaient retrouvés à animer une émission musicale qui peut être par moment assez pointue. On voit d’ailleurs régulièrement qu’ils sont un peu dépassés par les discussions qui ont lieu pendant l’émission, et c’est d’ailleurs également assez régulièrement mon cas pour être très honnête. Il s’avère tout de même qu’il s’agit d’une des émissions musicales les plus intéressantes de la télévision japonaise, avec celles de la NHK dans un style certes plus formel. Les émissions de KanJam du 13 et 20 Juin ont en fait été hijackées par Tokyo Jihen remplaçant KanJani8 dans le rôle d’animateurs et les reléguant au rôle de spectateurs. L’émission avait même changé de nom pour devenir HenJam Shinra Ban-Show (変ジャム 森羅万SHOW). La mise en scène était amusante car les membres de Tokyo Jihen prétendaient être d’autres personnes liées aux membres du groupe, des frères ou des cousins. Sheena Ringo, qui présentait l’émission avec Ichiyō Izawa, prétendait être Shiina Tekuno (椎名てく乃), cousine de Sheena Ringo qui se trouve être présentatrice de profession. Izawa Ichiyō se présentait en tant que Izawa Amaō (伊澤甘王), cousin au deuxième degré de Ichiyō et journaliste. Je pense qu’on lui a donné le nom de Amaō car on sait qu’il aime les choses sucrées depuis l’épisode de Hanakin Night qui lui était consacré. Kameda Seiji devenait Kameda Seizo, petit frère de Seiji et responsable dans une entreprise. Ukigumo se présentait sous le nom de Yamigumo (闇雲), son frère jumeau et ingénieur de profession. Finalement, Hata Toshiki devenait Hatahata Toshiki (鰰(はたはた)都市紀), chercheur en poisson d’eau de mer et parent de Hata Toshiki. Cette mise en scène très compliquée provoqua bien entendu la surprise des autres personnes sur le plateau. Ce qui était amusant, c’est que Sheena prenait un malin plaisir à ne pas répondre lorsque l’on lui demandait le sens de cette plaisanterie. On ressentait assez clairement que toute cette mise en scène avait été imaginée par Sheena Ringo, certainement pour alléger le stress de ce genre d’émissions, mais on voyait que les autres membres du groupe avaient du mal à se tenir à leurs rôles imposés. Je pense que le chaos qui est en résultait était volontaire et donnait quelque chose d’assez particulier à suivre. Dans cette mise en scène, les membres de Tokyo Jihen devaient parler d’eux-mêmes à la troisième personne, n’étant que les cousins ou petits frères des véritables membres du groupe. On pouvait remarquer que Kameda avait tout de suite du mal à se tenir à cette mise en scène et Sheena le reprenait sous les sourires de tous. C’est une drôle d’idée complètement décalée.

L’autre surprise de l’émission était donc de voir Daiki Tsuneta invité avec le batteur de King Gnu, Yū Seki, à cette émission. Je me souviens que lors d’une enquête du fan club Ringohan, Sheena Ringo demandait qu’on lui suggère des artistes avec lesquels elle pourrait collaborer musicalement et j’avais proposé King Gnu. Ça me fait donc plaisir de voir une partie du groupe invité même s’il ne s’agit pas d’une participation commune à l’élaboration d’un morceau de musique. Ce sera peut être pour une autre fois, mais l’émission avait au moins le mérite d’indiquer qu’il y a des points communs entre Sheena Ringo et King Gnu. C’est en fait Sheena qui a invité Daiki Tsuneta dans l’émission et il explique lui-même qu’il ne pouvait pas refuser. Il se trouve que Sheena a assisté à un de ses premiers concerts à Tokyo il y a quelques années et qu’il se sentait donc obligé d’accepter cette invitation pour cette émission. Le ton de l’émission était volontairement piquant donc on ne sait pas trop dans quelle mesure il s’agit d’humour ou de réalité. Mes souvenirs de Tsuneta dans des émissions de télévision étaient qu’il avait une attitude un peu hautaine (je ne me souviens en fait que d’une seule émission où King Gnu était interviewé, donc mon impression est peut être fausse) mais il avait ici l’air très humble, très souriant et même un peu gêné pendant cette émission qu’on lui fasse des compliments, comme s’il y avait une relation de Kohai à Senpai entre Tokyo Jihen et King Gnu. Daiki Tsuneta dit beaucoup de bonnes choses sur Tokyo Jihen. C’est amusant de voir Sheena l’écouter avec un sourire en coin en baissant la tête. On comprend tout de suite que les commentaires élogieux de Tsuneta sur le groupe lui plaisent beaucoup. Il insiste aussi beaucoup sur le jeu de basse de Kameda et les distorsions (歪み) qu’il y introduit. L’émission prend en exemple son solo de basse sur OSCA qui remplace très bien un solo de guitare. En même temps, Sheena nous dit que la basse de Kameda vient parfois empiéter sur sa plage vocale et qu’il est parfois difficile pour elle de chanter sur un morceau quand le son de la basse devient trop présent. Cette remarque un peu piquante là encore mais volontairement humoristique fait rire toute l’assemblée. Et Ukigumo de commenter qu’avec la basse de Kameda, on n’a même plus besoin de guitare. Le sujet des distorsions occupent un bon moment de la seconde partie de l’émission car Tsuneta apprécie beaucoup cet aspect du groupe et entend même des distorsions dans la batterie de Toshiki Hata.

Outre King Gnu, Chan Mari (ちゃんMARI) du groupe Gesu no Kiwami Otome (ゲスの極み乙女) et le producteur Akimitsu Honma, membre régulier de l’émission, intervenaient également. Chan Mari nous dit d’entrée de jeu être fan de Tokyo Jihen, avec une pointe d’émotion dans la voix. Elle est au clavier dans son groupe et insiste beaucoup dans l’émission sur les talents de composition de Izawa, en prenant comme exemple les solos sur le morceau Osorubeki Otonatachi (恐るべき大人達) en version live sur la tournée Discovery, sur le morceau Aka no Dōmei (赤の同盟) sur le dernier album Music ou sur Himitsu (秘密). Le producteur Akimitsu Honma note que la particularité de Tokyo Jihen est que chaque membre du groupe est capable de composer des morceaux en plus d’être musicien, ce qui est un fait rare. Il remarque certains rapprochements entre l’approche musicale de Tokyo Jihen et celle de King Gnu. Je suis assez d’accord avec cela dans le sens où ces deux groupes ne se sentent pas limité dans leurs approches musicales et sont en mesure de s’approprier différents styles en les adaptant à leurs propres atmosphères. Je ressens également une même sophistication et profondeur dans les sons qu’ils produisent, un certain perfectionnisme. Dans l’émission, en plus de cette capacité à composer, on évoque également le fait que la plupart des membres du groupe ont de multiples capacités en plus de jouer de leurs instruments d’origine, notamment celle de chanter pour Izawa et Ukigumo et de jouer de la guitare en plus des claviers pour Izawa.

L’émission aborde ensuite le fait que le groupe développe sans cesse des nouvelles versions de leurs morceaux, ce qui rend d’ailleurs les concerts intéressants car les morceaux varient souvent par rapport à ce qu’on connaît des albums. Sheena évoque une fois de plus son souci de plaire au public en proposant des interprétations nouvelles plutôt que de répéter des versions que le public connait déjà. A ce sujet, Ukigumo ne fait jamais deux fois les mêmes solos de guitare. On nous le démontre dans l’émission en prenant différents exemples en concert du morceau Killer Tune pour lequel le solo est à chaque fois diffèrent. Ukigumo nous dit que changer à chaque fois permet de ne jamais se tromper car il n’est pas nécessaire de reproduire exactement la même partition à chaque interprétation. Mais ça veut surtout dire qu’il a une excellente capacité d’improvisation ce qui désoriente d’ailleurs un peu les autres membres du groupe. En studio d’enregistrement, il improvise souvent une partition qui se trouve être meilleure que ce qui était écrit à l’origine. Le problème est qu’il ne se souvient parfois pas après coup ce qu’il a improvisé et il faut lui faire réécouter la bande de son propre passage de guitare pour qu’il puisse le reproduire à l’identique en se copiant lui-même. On lui pose la question si le changement perpétuel de version peut être dû au fait qu’il ne retient pas la partition originale et il nous confirme avec une moitié de sourire qu’il y a également un peu de cela. Sur Ukigumo, Tsuneta nous dit qu’il est un génie de la guitare car son approche musicale n’est jamais standard ou normale, et qu’il est respecté par les jeunes guitaristes.

Chan MARI évoque un peu plus tard la multiplicité des voix de Sheena, ce que j’aime aussi énormément et Akimitsu Honma parle aussi de génie pour le chant de Sheena. Il y a beaucoup de superlatifs dans cette émission, ce qui peut paraitre un peu trop. Mais ce qui est avant tout intéressant, c’est le déroulement chaotique de l’émission, comme une distorsion de la réalité, qui nous pousse à sourire. Par exemple, Yū Seki de King Gnu nous explique qu’il a été invité par Hata Toshiki dans cette émission mais lui-même n’a pas l’air très au courant. Sheena répond toujours à moitié aux questions et quand ça l’arrange. A une question de l’acteur, invité régulier de l’émission, Arata Furuta, elle nous dit qu’elle n’est pas Sheena Ringo (puisqu’elle est le personnage de Tekuno) et qu’elle n’est donc pas en mesure de répondre précisément. Elle change même rapidement de sujet en posant une question à Daiki Tsuneta. Cette mise en scène est en fait un moyen pratique pour ne pas répondre aux questions ennuyeuses. Arata Furuta lui demandait si la raison pour laquelle elle avait arrêté sa carrière solo était bien pour faire partie d’un groupe. C’est une question à laquelle elle a dû répondre tellement de fois qu’elle expédie la réponse en passant rapidement à autre chose. Un peu plus tard dans l’émission, Ukigumo nous révèle qu’on l’oblige à porter des vêtements bizarres, comme le costume d’indien qu’il a porté récemment pendant l’émission Music Station pour le morceau Ryokushu (緑酒), et que parfois c’est dur à vivre. L’éclat de rire de Tsuneta quand Ukigumo nous annonce cela fait plaisir à voir. Là encore, on ne sait pas trop si cette complainte est véritable, mais j’imagine bien Sheena obliger gentiment tout le monde à porter ces tenues de scènes, sans que personne ne soit en mesure de refuser tout en se disant que ça ne doit pas être une si mauvaise idée que cela. L’émission décortique également plusieurs morceaux mais je trouve les explications plus floues et moins convaincantes. En tout cas, j’ai appris pas mal de nouvelles choses sur le groupe, et des petites anecdotes. Le respect mutuel entre les membres du groupe, et entre Tokyo Jihen et King Gnu, transparaissait véritablement dans cette émission, et m’a d’autant plus donné envie de revenir vers les albums de Millenium Parade et de King Gnu, en alternance avec Music de Tokyo Jihen que j’écoute toujours beaucoup sans m’en lasser.