one peak

Un nouveau bâtiment pointant vers le ciel comme un pic est en cours de construction devant l’Université Kokugakuin. L’espace tout près du sanctuaire Hikawa, où se trouve ce nouveau bâtiment, s’était transformé en parking pendant plusieurs années. Avant le parking, se trouvait ici l’ancien bâtiment d’une école spécialisée. Le bâtiment actuellement en construction semble être rattaché à l’Université Kokugakuin qui couvre déjà une grande partie des terrains alentours. Le style contraste avec les bâtiments principaux de l’Université composée d’énormes structures brutes et lisses de béton. Malgré cela, il s’agit de la même société d’architecture Nikken Sekkei en responsabilité du développement de cette nouvelle dépendance. Le toit a une courbe vraiment élégante et délicate avec ces fines couches de bois. Cette toiture et les vitrages sont posés sur une coque de béton brut. J’adore ce contraste des matériaux, surtout que l’intérieur très ouvert maintient cette impression de légèreté de cet ensemble posé sur une base solide.

Pour changer, je continue ma marche en photographies à Ebisu et à Daikanyama. La couverture géographique de mes photographies est assez limitée en ce moment, j’en suis bien conscient mais rappelons tout de même qu’il ne s’agit pas ici d’un blog touristique, mais d’un blog de vie quotidienne ou plutôt de vie hebdomadaire car les photographies sont en général prises seulement pendant les deux jours du week-end. J’avance quand même au delà de Daikanyama en direction de Naka Meguro, en longeant la nouvelle école de musique dont la cour extérieure est parsemée d’arbres encore recouverts d’étranges emballages noirs. Ma marche m’amènera vers le Starbucks dessiné par Kengo Kuma, dont je parlais dans le billet précédent.

Près de la gare, ma marche m’amène à traverser le parc de Ebisu. Il y a quelques jeux pour enfants dont une fusée colorée. On peut monter jusqu’en haut par une petite échelle à l’intérieur et redescendre sur le toboggan faisant le tour de la fusée. Je me souviens y être monté avec Zoa quand il était petit. Nous venions souvent dans ce parc. Il a un peu rétréci et changé, mais cette fusée d’acier reste toujours à sa place. Elle a été repeinte cependant. C’est le symbole du parc. Voir des petits en âge de la maternelle dans ce parc, me rappelle les cris d’enfants que l’on a pu entendre ce mardi après midi vers 16h. J’avais pris une journée de congé ce jour là car nous avions une réunion entre parents, professeur et élève, comme tous les trois mois. J’essaie au maximum d’assister à ces réunions de suivi. Devant chez nous, un immeuble assez vaste a été détruit assez récemment et la zone est en travaux. Comme sur toutes les zones de travaux en ville, il y a un indicateur de bruit en décibels pour confirmer que la pollution sonore due aux travaux n’est pas trop importante. Mari m’avait dit qu’elle entendait régulièrement des enfants crier dans la rue en fin de journée avant 17h. Les cris ne duraient pas très longtemps et étaient mélangés avec des rires, donc pas de quoi s’inquiéter. Ces cris n’étaient pas continuels et provenaient de plusieurs enfants. On a finalement compris la raison de ces cris de tous les jours. Quelques enfants, en sortant de l’école du quartier s’arrêtent systématiquement devant l’indicateur de décibels de la zone de travaux et crient à en perdre la voix. Ils semblent s’être donné pour défit de faire augmenter le chiffre du nombre de décibels indiqué sur le détecteur. Ils prennent la relève dans leurs cris, ils tentent tour à tour plusieurs tonalités, s’y mettent a plusieurs en même temps. Des techniques variées sont utilisées pour tenter d’influer sur ce chiffre magique. S’ils y arrivent, ils pourront certainement aller crier sur tous les toits qu’ils ont pu laisser leur marque pendant quelques petites secondes au moins dans ce monde d’adultes.

Après l’écoute de l’album Tailtale Signs de Sobs, me revient en tête le nom d’un groupe de rock indépendant originaire de Busan en Corée du Sud, sur le même label Damnably que le groupe de rock japonais féminin Otoboke Beaver. Il s’agit du groupe Say Sue Me avec l’album Where we were together. J’avais en tête depuis quelques temps d’écouter cet album sur Bandcamp, mais le bon moment ne s’était pas présenté jusqu’à maintenant. Il faut parfois attendre le bon moment pour apprécier un album. Say Sue Me joue du rock indé aux guitares mélodiques malgré quelques moments plus abrasifs sur certains morceaux. Les morceaux de l’album sont chantés principalement en anglais avec deux morceaux en coréen. Ils véhiculent une certaine nostalgie, comme le suggère notamment le morceau Old Town qui accroche aux oreilles immédiatement. Le morceau nous parle du temps qui passe faisant disparaître petit à petit les amis de leur ville natale, alors que la chanteuse du groupe Sumi Choi est elle contrainte, pour on sait quelle raison, de rester vivre dans cet endroit. La pochette de l’album montrant en photographie filtrée des vielles barres d’immeubles et un parc d’attraction déserté renforcent bien cet effet nostalgique de l’ensemble. On me renseignant un peu sur le groupe, je comprends que le titre de l’album fait allusion à l’accident ayant soudainement frappé le batteur du groupe, tombé dans le coma suite à une chute accidentelle. L’ambiance de certains morceaux de l’album est empreinte de cette tristesse avec des morceaux au rythme plutôt lent, tandis que la deuxième partie de l’album prend des accents plus rapides et rock. Le morceau B lover me fait penser au rock indépendant des années 90, aux Breeders notamment dans certaines intonations de voix. Je ne sais pas si c’est volontaire. Le disque ne révolutionne certes pas le genre mais fonctionne excellemment bien, et accroche de plus en plus après plusieurs écoutes. En écoutant cet album, celui de Sobs, et plusieurs albums de rock japonais aux inspirations shoegazing ces derniers mois, je me dis que le rock indé n’est pas encore convalescent malgré ce que l’on peut lire parfois. Et l’excellent dernier morceau de l’album Come to the End ne contredira pas cela.