今も未来も混ざるように

Fidèle à sa vision de créer des villes dans la ville, Mori Building en crée une nouvelle à Toranomon et Azabudai appelée Azabudai Hills (麻布台ヒルズ). La construction du complexe a démarré en 2019 et devrait se terminer un peu plus tard cette année. Plusieurs architectes japonais et étrangers interviennent sur ce projet dont Sou Fujimoto, Pelli Clarke & Partners et Heatherwick Studio. Les courbes de la zone basse résidentielle des deux premières photographies sont conçues par Heatherwick Studio, qui présentait d’ailleurs ses principales œuvres architecturales dans un musée de Tokyo, celui justement tenu par Mori dans la tour de Roppongi Hills. J’ai pensé aller visiter cette exposition mais je n’ai pu m’enlever de la tête l’aspect quelque peu publicitaire de cette exposition qui m’a en fait dérangé. La tour Azabudai Hills Mori JP Tower est conçue par Pelli Clarke & Partners, reprenant le style neo-futuriste légèrement arrondi de la tour Sengokuyama située à proximité. Il y a clairement une constante de style dans la plupart des tours construites par Mori Building. La tour d’Azabudai contiendra bureaux et résidences et, avec ses 325m de hauteur, il s’agit de la plus haute tour du Japon (en excluant les tours non habitables Tokyo Skytree et Tokyo Tower), devant Abeno Harukas à Osaka. L’ensemble Azabudai Hills est situé à proximité du carrefour Iikura, où l’on trouve également l’étrange temple noir Reiyūkai Shakaden (sur la quatrième photographie) que j’avais visité il y a quelques années et l’intérieur du hall d’entrée de la non-moins mystérieuse tour NOA conçue par l’architecte Seiichi Shirai (les cinquième et sixième photographies). La dernière photographie nous fait revenir vers les couleurs vives, celle de l’installation 100 colors no.43「100色の記憶」 créée par l’architecte française basée à Tokyo, Emmanuelle Moureaux. Et quant au poteau électrique plein de graffitis sur l’avant dernière photographie, il s’agit tout simplement et bien évidemment d’un quelconque poteau électrique plein de graffitis.

Musicalement, je continue avec l’électronique de la compositrice et interprète Franco-japonaise Maika Loubté (マイカ ルブテ) sur un morceau sorti le 10 Mai 2023 intitulé Ice Age. J’aime vraiment beaucoup l’atmosphère un brin mélancolique qui se dégage de ce morceau. Le rythme électronique est soutenu mais on se prend à dériver en écoutant ces sons comme s’il s’agissait d’ambient. C’est un morceau très inspiré. J’avais déjà parlé sur ces pages de Maika Loubté pour sa sublime collaboration avec Kirinji sur le morceau Hakumei (薄明) et pour quelques morceaux de son album Lucid Dreaming sorti en 2021. La vidéo d’Ice Age ainsi que l’image de couverture montre un petit personnage aux cheveux hirsutes. Je me demande si elle va le conserver comme identité visuelle, notamment sur son prochain EP qui devrait s’intituler Mani Mani mais dont la date de sortie n’est pas encore annoncée. À surveiller donc. Écouter ce morceau Ice Age me donne ensuite envie de revenir vers la musique d’4s4ki sur son dernier album Killer in Neverland. J’écoute cet album petit à petit, et en ce moment précis un autre excellent morceau intitulé Bōkansha (傍観者) qui est de nature électronique mais qui se rapproche plus dans son esprit de la musique alternative rock. Je pense que c’est dû au passage central tout en distortions vocales qui me rappelle un peu Seiko Ōmori. En parlant de ces deux artistes, j’en suis venu à me demander si elles avaient déjà travaillé ensemble, ne serait ce que pour des remixes, mais ça ne semble pas être le cas.

もうその話聞いた

Depuis quelques billets, J’ai de nouveau une attirance pour le noir et blanc, bien qu’il soit numérique, en attendant de terminer un jour ou l’autre cette pellicule argentique monochrome que j’ai commencé il y a plusieurs mois déjà. Les photographies de ce billet ont été prises dans divers lieux de Tokyo et sur plusieurs mois. Une fois n’est pas coutume, je me montre en réfection multiple sur une installation faite de miroirs devant la batterie d’immeubles de Shinagawa Intercity. Sur la première photographie de ce billet, on retrouve le building NOA de Seiichi Shirai pour lequel le noir et blanc vient accentuer le sentiment de mystère qui entoure ce lieu. Il ne s’agit que d’un immeuble de bureaux, mais on a l’impression depuis l’extérieur qu’il cache autre chose. On retrouve cette sensation de mystère sur un autre large bâtiment tout proche, un temple sombre qui mélange une architecture plutôt traditionnelle avec l’immensité et les lignes générales d’un vaisseau spatial. Il faudra que je m’en approche un peu plus pour en faire le tour. Le temple devrait être ouvert aux visiteurs mais je ne suis pas certain de vouloir m’y aventurer. J’essaierais peut être bientôt. Nous sommes ici à quelques pas seulement de la tour de Tokyo, qui subissait quelques rénovations au moment où nous y sommes passés. Le titre du billet laisse entendre que les mots qu’on peut lire sur ce blog se répètent infiniment. J’écris toujours des billets similaires, qui se ressemblent et se répètent pour créer comme une sorte d’auto-hypnose. Pour se réveiller de ce flot perpétuel, il faudrait une onde de choc. L’idée me vient de revenir vers le punk kyotoïte de Otoboke Beaver. Le titre de ce billet est en fait un des titres de l’album que j’écoute en ce moment.

Leur nouvel album Itekoma Hits est déjà sorti depuis plusieurs semaines mais je n’y avais pas prêté trop attention jusqu’à maintenant car je connaissais déjà une bonne partie des morceaux, déjà sortis sur des EPs ou en morceaux individuels sur iTunes. En écoutant l’album en entier sur Bandcamp, je me rends compte qu’il y a tout de même, sur les 14 morceaux, un certain nombre de très bons morceaux que je ne connaissais pas. En fait, j’avais aussi un peu peur de fatiguer à la longue dans l’écoute successive de 14 morceaux de punk. Mais il n’en est rien, car l’album avec un total de 27 minutes est très condensé, ce qui est de toute façon est des caractéristiques typiques du style. Otoboke Beaver ne manque pas d’énergie et c’est assez impressionnant. Comme je le disais dans des billets précédents au sujet de EPs du groupe, cette énergie brute souvent ponctuée de cris et de pics verbaux aigus n’est pas du tout pesante à l’écoute, et même assez communicative par moment. Il faut bien sûr être réceptif à ce style de musique pour apprécier ces morceaux, car il n’y a pas une seule seconde de répit jusqu’au morceau final Mean de 18 secondes venant conclure l’album comme une coup de poing. En ce qui me concerne, cette musique fonctionne assez bien pour me libérer du stress de la fin de journée. C’est intéressant de constater que bien que tous les morceaux soient chantés en japonais, les titres des morceaux de l’album sont presque tous traduits en anglais (à part ce morceau avec les quelques mots en français S’il vous plaît). Ce n’était pas le cas quand les morceaux étaient sortis initialement en EPs où les titres étaient en japonais. Il faut dire que depuis quelques années, le groupe commence à être reconnu à l’international notamment grâce aux participations au festival SXSW à Austin au Texas et l’année dernière à Coachella en Californie. L’agence du groupe est d’ailleurs anglaise, Damnably Records, et couvre également le groupe rock coréen un peu plus calme, Say Sue Me, dont je parlais également auparavant.

autour de la forteresse de Shōtō

C’est un fait assez rare à vrai dire, mais j’ai une grande quantité de photographies à montrer sans avoir pour l’instant de textes écrits pour les accompagner. Il est possible que je les montre sans légendes dans les billets qui vont suivre, mais pour le moment j’essaie d’y ajouter quelques mots, pour me souvenir du contexte des photographies et parce que j’aime parfois me relire après plusieurs années. De temps en temps, je prends un mois au hasard de ma page d’archives et je relis les textes et revois les photographies de quelques billets. J’aime me remémorer ces instants passés et le fait d’y mentionner l’inspiration musicale du moment me replonge un peu plus dans l’ambiance des lieux. Les photographies ci-dessus sont prises dans le quartier de Shōtō 松濤 à deux pas du centre de Shibuya. J’étais parti à la recherche de M House du groupe d’architectes SANAA qui a été malheureusement détruite et temporairement remplacée par un terrain vague, comme je l’indiquais dans un billet précédent. Les photographies ci-dessus sont donc prises pendant cette période « intermédiaire » où je recherche dans les rues, tel un chasseur, l’objet d’architecture qui m’intéresse, avant d’atteindre le but de mon déplacement. Cette chasse à l’architecture se passe la plupart du temps dans un quartier que je ne connais pas ou peu, mais je connais relativement bien Shōtō, pour m’y être promené plusieurs fois. Du moins, j’ai le sentiment de connaître ce quartier. J’y retrouve bien entendu la galerie TOM, faite de béton brut, par l’architecte Hiroshi Naito, et le musée d’art de Shōtō par l’architecte Seiichi Shirai. Ce sont tous les deux des bâtiments très particuliers que j’aime beaucoup revoir quand je passe dans le coin. Mais lors de ma marche à Shōtō, deux autres bâtiments m’ont impressionné ou plutôt intrigué, celui des deux premières photographies et celui de la troisième. Sur la troisième photographie d’abord, cette maison individuelle est particulière car elle mélange les styles: une structure occidentale faite de briques et une toiture et certaines structures de tradition japonaise. Le résultat est assez étonnant et fonctionne bien, je trouve. L’ajout des fenêtres, ronde ou placée sur une arête de la façade, ajoute un côté moderne inattendu. Mais le choc visuel vient du bâtiment des deux premières photographies. Il est difficile à prendre dans sa totalité en raison de sa taille et de la faible largeur de la rue. Cette maison particulière ressemble à une forteresse moyenâgeuse par la présence d’une énorme porte d’entrée qui fait penser à un pont-levis, par les immenses façades pratiquement exemptes d’ouvertures et par sa ressemblance à une tour de garde. Pour sa couleur, on dirait le château d’un royaume des sables. Je serais très curieux d’en connaître l’architecte et de comprendre comment est arrangé l’intérieur de cette forteresse. Une chose est sûr, les propriétaires de ce domaine fortifié veulent se protéger de l’extérieur. Bien que je n’ai pas pu voir M House, mon passage à Shōtō m’a fait découvrir d’autres architectures qui valent à elles seules le détour.