この静かな瞬間 (大さん橋 ver.)

Ce moment de calme, この静かな瞬間, indiqué dans le titre du billet est extrait des paroles du morceau Shijou no Jinsei 至上の人生 du nouvel album Sandokushi 三毒史 de Sheena Ringo 椎名林檎. J’avais d’ailleurs déjà utilisé cet extrait de paroles que j’aime beaucoup pour le titre d’un billet précédent en février 2015.

Je voulais voir le Yokohama Osanbashi International Passenger Terminal (横浜港大さん橋 国際客船ターミナル), conçu par Foreign Office Architects (FOA), depuis très longtemps mais la première opportunité ne s’est présentée que la semaine dernière lors d’une journée de congé. Nous avions pris le bateau depuis Takeshiba Sanbashi à Tokyo jusqu’à Yokohama. C’est un trajet assez court mais agréable. Avant d’amarrer à Yokohama, nous apercevons au loin l’île artificielle en forme de voile rayée qui sert de bouche d’aération à l’autoroute Aqualine reliant Kawasaki à Chiba. Cette longue autoroute de 23.7 kms traversant la baie de Tokyo est en partie souterraine jusqu’à l’île artificielle de Umihotaru où le tunnel se transforme en pont jusqu’à Kisarazu à Chiba. Le bateau passe ensuite le gigantesque pont Yokohama Bay Bridge et atteint assez rapidement le terminal de Osanbashi. Depuis les quais, il faut d’abord entrer à l’intérieur du terminal par une allée intérieure en pente. On remarque tout de suite les surfaces irrégulières qui sont la particularité de cet ensemble architectural. Le hall intérieur du terminal est assez sombre. Le design du plafond est futuriste avec des formes triangulaires aiguisées. On dirait les polygones d’un vaisseau futuriste comme on pourrait en voir dans Star Fox, mais les couleurs grises me rappellent plutôt les tonalités de la flotte impériale dans Star Wars. Bref, il a quelque chose de spatial dans l’intérieur de ce terminal. On accède au toit par des rampes d’accès aux bords du building. La véritable beauté du building se trouve là, sur le toit du building. Les chemins d’accès ressemblent à des routes de terre, mais ils sont en fait couverts d’un plancher en bois, tout comme la majeure partie des terrasses du toit. Les surfaces sont irrégulières et donnent l’impression qu’il s’agit d’un terrain naturel. L’architecture se rapproche ici de formes organiques, elle imite extrêmement bien le naturel. Certaines parties des terrasses sont également recouvertes de verdure, ce qui parfait cette impression de convergence entre le naturel et le bâti. Cela donne un espace à la fois sophistiqué, car ces formes et espaces futuristes sont très finement découpés et agencés, et spontané tant ces espaces semblent être dictés par des lois naturelles plutôt qu’humaines. En regardant ces formes architecturales, assis sur un banc des terrasses, je me dis qu’on a réussi ici une adéquation réussie entre l’empreinte humaine et l’environnement naturel. Je m’assois là en regardant l’océan et en écoutant le vent qui souffle en effleurant ces espaces. Nous sommes un jour de semaine et il n’y a pas grand monde sur les toits de Osanbashi, à part quelques personnes qui comme moi aujourd’hui prennent quelques minutes pour s’asseoir et réfléchir en regardant la mer. Ces moments de calme sont rares car j’ai assez peu d’occasion de m’asseoir seul dans un endroit tranquille pour rêver quelques instants.

世界はモノクロだった

Le titre du billet 世界はモノクロだった, le monde était monochrome, me donne envie de revenir au noir et blanc pour cette petite série de photographies prises à Yokohama pendant une journée de congé. Nous n’allons pas très souvent à Yokohama, mais nous avions quelque chose à y faire ce jour là (je retranscris en français une manière de parler très usitée et pratique en japonais pour dire qu’on est occupé à faire quelque chose sans avoir à préciser de quoi il s’agit exactement). J’ai quelques heures disponibles pour me promener seul à Yokohama pendant que Mari est occupé et que Zoa est parti en voyage de classe. À Yokohama, je voulais d’abord voir le terminal maritime Osanbashi, mais j’y reviendrai dans un autre billet. Je marche le long de l’océan dans le quartier de Shinko où se trouve les grands hangars de briques rouges. Il fait doux mais le vent souffle en bord de mer. J’aime le vent fort quand il vient de l’océan. Il y a beaucoup d’écoliers dans ce quartier, ils doivent également être là pour un voyage scolaire. C’est la période en ce moment me dit Mari. Je n’utilise plus beaucoup le noir et blanc pour mes photographies, mais j’ai tout de même commencé une pellicule argentique monochrome il y a plusieurs semaines. J’aime bien revenir de temps à l’argentique noir et blanc, histoire de se souvenir qu’autrefois le monde était monochrome.

S’il y a au moins un point positif à la revue de Sandokushi sur Sputnik Music, c’est le fait que son auteur, dans un aparté hors-sujet, m’a rappelé d’aller écouter la musique d’Etsuko Yakushimaru やくしまるえつこ. Le titre du billet est extrait des paroles du morceau AfterSchoolDi (E) Stra (U) Ction (放課後ディストラクション) sur le EP du même nom de Etsuko Yakushimaru. J’aime beaucoup ce morceau et sa vidéo assez minimaliste construite de dessins manga presque statiques. La vidéo se déroule en mode VR360, c’est à dire qu’on peut se promener autour des images. Je ne suis à priori pas spécialement amateur de ce style de voix assez aiguë de type idole. Je préfère les voix plus affirmées, mais cette voix et cette manière de chanter dans ce morceau s’accordent bien avec les touches électroniques et les motifs de guitares plutôt minimalistes. Le morceau donne l’impression d’avoir des contours flous et cela donne le sentiment d’être au bord d’un rêve. Le rythme du morceau est très fluide et accrocheur, ce qui donne envie d’y revenir sans cesse.

Sur le EP de trois titres, il y a un morceau intitulé Hitotsuhan (ひとつ半), un et demi. Le ton est beaucoup plus grave et sombre. C’est une ambiance complètement différente du premier morceau du EP et du deuxième qui est en fait un remix du premier morceau. Yakushimaru y raconte une histoire. Elle ne chante pas mais raconte son histoire calmement et doucement en pesant ses mots. Ces paroles sont posées sur un morceau instrumental minimaliste de guitares, qui se fait à peine entendre au début mais devient petit à petit omniprésent. La musique prend de plus en plus de place au fur et à mesure que l’histoire se déroule. Pendant qu’elle raconte son histoire, on surprend de temps en temps des soupirs presque inaudibles. Il y a beaucoup de mystères entourant ces paroles et cette musique, dont la fin en crescendo me donne toujours froid dans le dos.

Etsuko Yakushimaru nous raconte l’histoire d’un homme montant dans un taxi déjà occupé par une jeune femme, le soir. Bien que surpris car ne reconnaissant pas le visage de cette femme, il laisse le taxi démarrer et ils se retrouvent tous les deux dans ce taxi. Il se demande s’il connaît cette jeune personne. Après un peu d’hésitation, elle lui rappelle d’une voix faible qu’ils se sont déjà vus dans un restaurant de udon où elle travaillait dans la préfecture de Shimane, alors qu’il s’y était rendu pour un voyage d’affaire. L’homme reste dans l’incompréhension devant les propos de la jeune femme, car les souvenirs de cette jeune femme ne lui reviennent pas. Il se souvient par contre avoir été à Shimane pour son travail l’année dernière. La jeune femme prononce ensuite soudainement les mots « un et demi ». L’homme ne comprend pas ce que cela veut dire, pense qu’elle lui donne l’heure, 1hr et demi, alors qu’il n’est pas encore minuit. Elle lui demande ensuite s’il n’a pas remarqué… A ce moment là, la suite du dialogue devient plus difficile à suivre, envahi par le crescendo musical de guitares. L’homme descendra ensuite du taxi précipitamment sans comprendre ce qu’a voulu réellement lui dire la jeune femme. L’histoire se termine à ce moment là en laissant plein de mystères. L’intensité y est vraiment très forte, accentuée par l’ambiance musicale pleine de sons étranges et par la manière de racontée très sensible d’Etsuko Yakushimaru. Je ne connais pas le sens exact de cette histoire, mais on peut deviner que le « un et demi » pourrait correspondre à l’age d’un enfant, qu’elle aurait eu avec cet homme après une histoire d’un soir à Shimane. On imagine qu’elle attendait patiemment dans ce taxi à la sortie du bureau, pour revoir cet homme et essayer de lui dévoiler l’existence de cet enfant. Il semble qu’elle ne réussira pas dans cette tentative. La tension musicale du final du morceau donne le sentiment d’un envahissement de désespoir. Ce morceau est très touchant.

un bateau pour le parc

Nous sommes à Yokohama, pas très loin de la gare. Depuis l’ensemble arrondi Bay Quarters où l’on peut trouver magasins et restaurants à deux pas du Department Store Sogo, on peut prendre une navette maritime qui descendra vers l’océan pour rejoindre les terres gagnées sur la mer de Minato Mirai 21, près de Sakuragicho. Étonnamment, il ne pleuvait pas cette journée là à Yokohama. Nous sommes chanceux pour notre sortie avec les petits cousins de Zoa, car il pleut pratiquement tous les jours en ce mois d’août et nous sommes épargnés de justesse. Cette pluie insistante est exceptionnelle en cette saison mais extrêmement ennuyeuse. Notre destination est le parc d’attraction avec montagnes russes. Il en faut très peu pour moi et je passerais mon tour. Zoa et Sayaka préfèrent de toute façon le train fantôme. Le plus grand, Shunsuke, fera lui les montagnes russes et nous dira qu’il a vu pire.

photos d’un été

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En cette fin d’été qui approche très vite, je reviens en photos sur les deux derniers mois, pas forcément très prolifiques en terme de photographiques mais assez pour un billet en 18 photos numérotées. (1) Sur la première photo, cette affiche publicitaire pour Orangina en version japonaise est assez bizarre car elle mélange beaucoup de références sans aucun lien: une référence à la France avec le petit drapeau, une autre référence à une série de films populaires japonais sans aucun lien a part celui de transposer l’atmosphère du film orignal japonais en version francisante avec l’utilisation du mot « Monsieur ». On comprend assez mal par contre l’utilisation de Richard Gere comme personnage principal de cette série. Bien que le sujet ne m’intéresse pas énormément, je suis quand même assez curieux du sens que les publicitaires ont voulu donner à cette scène sur papier ou aux spots télévisés. (2) Sur la deuxième photo, il s’agit d’un bolide japonais qui va peut être devenir un modèle rare car il ne se fabrique plus depuis avril 2014. Il s’agit du Orochi du constructeur Mitsuoka. On pouvait la voir devant le Mitsukoshi de Nihonbashi il y a de cela quelques mois. J’avais découvert ce modèle pour la première fois au Salon automobile de Tokyo en 2007. (3) Sur la troisième photo nous sommes sur la baie de Yokohama et on aperçoit le Bay Bridge au loin qui approche doucement. Le bateau accostera à Osanbashi que l’on verra sur une autre photo. (4) Le petit garçon qui réfléchit sur la table de la salle à manger de cette maison imaginaire se trouve dans une représentation de la maison du futur que l’on peut découvrir en maquette au Musée National des Sciences et de l’Innovation (Miraikan). (5) Le grand espace devant la gare de Tokyo est, on dirait, en train d’être réaménager. J’ai l’impression que cet espace est vacant depuis plusieurs années et qu’il n’a jamais été vraiment utilisé. On dirait même qu’on peine à lui trouver un aménagement adapté. (6 et 7) La mairie de Tokyo de Kenzo Tange. Tout comme la Park Hyatt pas très loin à Nishi Shinjuku, les photographies ne rendent pas bien la beauté des surfaces de ces immeubles. (8 et 9) Deux maisons dans Tokyo utilisant les espaces disponibles au mieux, que ça soit une courbe ou une surface en biseau. (10) Une des obligations de l’été quand il fait très chaud dehors même en pleine nuit est de se réchauffer encore un peu plus avec des feux d’artifice. Celui en photo est paisible, on allume la mèche par le bas et on attend que la flamme remonte tout doucement. Pendant l’ascension de la petite flamme, toute sorte de formes lumineuses éphémères se révèlent et me font penser à des hologrammes. Ces formes sont forcément très difficiles à prendre en photos. Il faut tenir la tige très délicatement et sans mouvement sinon le mécanisme fragile échoue. (11) Un parc aménagé dans un immeuble à Yokohama où l’on peut approcher et toucher de gros insectes, celui en photo doit être un kabuto mushi. On peut les prendre par les cornes et les promener de branches en branches. La seule interdiction est de ne pas créer de bagarre entre deux insectes. (12 et 13) Des immeubles à Sakuragicho à Yokohama, dont la Landmark Tower. Je suis assez intrigué par cet immeuble à hélice et par son utilisation possible. (14 et 15) Nous partons le soir en bateau depuis les bâtiments en briques rouges pour se promener sur la baie de Yokohama. Nous irons pratiquement jusqu’à Haneda en passant d’abord devant le Bay Bridge et le terminal maritime Osanbashi dont je parlais auparavant sur la photo 3. Je n’ai pas encore pu voir de près cet espace conçu par Foreign Office Architects (FOA – Alejandro Zaera-Polo, Farshid Moussavi), l’occasion ne s’est pas encore présentée. Cette promenade en bateau sur la baie est assez atypique car le lieu clé est une raffinerie et ses multiples lumières. Un livre de photographies étaient d’ailleurs sorti il y a quelques années, mais je ne rappelle plus l’auteur. (16) Au delà de cette porte rouge, on approche le quartier chinois à Yokohama avec une multitude de restaurants. (17 et 18) Zoa et son copain Jude ne miment pas tout à fait le robot basé sur un Shinkansen. Nous sommes au musée du chemin de fer à Omiya.