un fragment d’océan

Cette série de photographies datent de la toute fin du mois d’août lors d’un passage dans la banlieue de Yokohama pour aller faire quelques courses dans le centre commercial contenant le magasin Uniqlo et GU conçu par Sou Fujimoto, que j’avais déjà montré sur Made in Tokyo. Comme je ne me sentais pas d’attaque pour marcher en rond dans les couloirs du centre commercial, après une bonne heure de circulation encombrée, je préfère marcher au bord de la Yokohama Bayside Marina (横浜ベイサイドマリーナ) où sont accostés de nombreux bateaux privés. On ne peut malheureusement pas les approcher de près, sans avoir accès aux quais de la Marina. Je n’ai strictement aucune connaissance et intérêt particulier pour les bateaux de plaisance, mais j’ai quand même été surpris de reconnaître sur le cruiser de la troisième photographie du billet le logo de la compagnie de design Fragment (フラグメント) d’Hiroshi Fujiwara (藤原ヒロシ). Hiroshi Fujiwara s’est fait connaître il y a de nombreuses années pour ses marques de street wear, au design grandement importé des modes vestimentaires US, que l’on pouvait trouver dès la fin des années 80 et début 90 dans les rues d’Ura-Harajuku avec ses compères Jun Takahashi (高橋盾) de Undercover ou Nigo de A bathing Ape. On le surnomme d’ailleurs le godfather d’Ura-Harajuku ou le King of Street (キング・オブ・ストリート) comme j’ai pu le voir écrit. Il a plus tard lancé Fragment design qui se base principalement sur des collaborations avec des grandes marques, comme Maserati dont j’avais déjà parlé. Le X47 EXPRESS CRUISER est un bateau conçu par le designer industriel Ken Okuyama (奥山清行) pour Yanmar, dont je parlais justement récemment pour son élégant quartier général à Tokyo. Ken Okuyama est un designer talentueux. Je pense par exemple aux lignes superbes du Shinkansen E7 HOKURIKU dont il a dessiné l’extérieur et l’intérieur. La version de ce même cruiser modifiée par Fragment prend le nom de X47FRGMT. Pour être très honnête, je suis à chaque fois dubitatif quant au véritable apport de Fragment sur ce type de projets. Le design n’est en rien modifié mais les peintures sont noires comme toujours avec un classique apport de boiseries sur le sol du bateau et le petit logo de la marque. Tout ceci manque quand même terriblement d’inventivité. Je suis sûr que les designers de Yanmar auraient pu imaginer eux mêmes une version luxe de leur propre cruiser.

チャイナアドバイス

Notre dernier passage dans le quartier chinois (中華街) de Yokohama date de Février 2021. Comme la dernière fois, nous y sommes allés à l’occasion du Nouvel An chinois. Nous y allons à chaque fois une semaine après l’événement pour éviter la foule mais elle était particulièrement présente cette année par rapport à la dernière fois. La crise sanitaire se fait petit à petit oublier mais ce réajustement à la normale prend décidément beaucoup de temps au Japon. Je ne suis pas en mesure de juger pour l’instant si c’est de bonne augure ou pas. Les rues du quartier sont décorées et prennent des couleurs alors que la nuit commence à tomber tranquillement. Il y a des spectacles de rue mais les files d’attente nécessaires pour y assister nous obligent à passer notre chemin. Nous passons visiter les deux temples extrêmement décorés du quartier chinois. Une fois n’est pas pas coutume, nous rentrons même cette fois-ci à l’intérieur après avoir déposé des tiges d’encens. On ne peut pas venir à Chinatown sans avoir déjeuné ou dîné dans un des nombreux restaurants. Celui où nous entrons a l’air de rien en apparence extérieure mais est très bon et même réputé. Nous l’avions sélectionné à l’avance mais nous avons hésité quelques instants avant d’y pénétrer car son entrée se situait dans une rue très étroite qui nous a fait douter sur le moment. Et le titre de ce billet m’est directement inspiré par un morceau que j’aime beaucoup du groupe SōTaisei Riron (相対性理論) intitulé China Advice (チャイナアドバイス) sur l’album Synchroniciteen. J’aime toujours beaucoup la manière avec laquelle Etsuko Yakushimaru vient faire jouer les mots les uns avec les autres. Ce morceau a été souvent repris et je connais notamment la version sous-titrée China Advice (blackboard version) de -RöE- (ロイ) où elle chante accompagnée de pandas musiciens particulièrement habiles.

Sur le blog, j’ai continué cette dernière semaine à simplifier l’entête en ne conservant que quelques liens vers les pages statiques les plus visitées à savoir celles des archives et celle de présentation générale intitulée A propos. Les liens sociaux et les autres pages statiques ont été regroupées sous un nouvelle page nommée En savoir plus. Ce nom de page ne me convient pas tout à fait, mais je n’ai rien trouvé de mieux pour l’instant. J’aimerais à l’avenir améliorer un peu ma page d’archives mais je n’ai pour l’instant qu’ajouté une photographie d’entête (plutôt ancienne d’ailleurs). Il n’y a donc plus que trois liens visibles sur l’entête de la page principale. Je ne suis habitué à ce nouveau titre encadré en japonais et c’est même ce nouveau titrage qui m’a obligé à aller vers plus de simplicité.

Uniqlo Park par Sou Fujimoto

Le Uniqlo Park (ユニクロパーク) se trouve dans l’arrondissement de Kanazawa à Yokohama, en bordure du grand espace commercial Mitsui Outlet Park Yokohama Bayside. Ce magasin regroupant en fait les marques Uniqlo et GU aurait pu être d’une conception et d’une apparence tout à fait classique mais l’architecte Sou Fujimoto (藤本壮介) proposa de le transformer en parc pour enfants. Je pense qu’il doit partir du principe qu’il faut bien occuper les enfants pendant que les parents font leurs achats vestimentaires. Le bâtiment entièrement de couleur blanche voit son plafond découpé à l’oblique. On peut y accéder par un grand espace ouvert donnant sur un port de plaisance. Ce toit de building construit à l’oblique se compose de plusieurs étages plateformes séparés par des escaliers, des toboggans et divers parois obliques destinées à être grimpées. Tout en haut du building, on trouve des jeux de cordes permettant aux enfants de grimper encore un peu plus haut. Les entrées à l’intérieur du magasin à chaque niveau se composent de blocs aux vitrages verdâtres. Ils sont très élégants tout comme l’ensemble de cet immeuble – espace de jeux. J’aurais bien essayé tous ces toboggans et cordages d’alpiniste amateur mais je n’étais malheureusement pas en tenue adaptée. C’est bien dommage car ça aurait été l’occasion sur ce blog de faire un article du type « J’ai testé pour vous » pour « valider » (ou pas) cet espace de jeux architectural. Ça sera certainement pour une prochaine fois. L’espace dégagé qui se crée sur ce plan à l’oblique est très agréable car la vue est également dégagée, donnant sur un brin de mer de la baie Negishi où sont amarrés quelques yachts qui n’ont pas l’air de souvent sortir en mer.

un matsuri près de Kamakura

J’ai assisté plusieurs fois à ce matsuri autour de Aoki, un sanctuaire placé sur une colline boisée près de Kamakura. Cette fois-ci, j’assiste au démarrage du matsuri en fin de matinée. Les principaux acteurs du quartier ainsi que quelques invités des quartiers proches se présentent brièvement devant le sanctuaire. Deux officiels font également un petit discours avant de démarrer la procession qui prendra toute la journée jusqu’au soir avant la pluie qu’on annonce. On distribue un peu de saké dans un gobelet en carton à tous les gens autour dont je fais parti, pour marquer le départ avec un kanpai. Tous les ans, le même meneur au crâne tondu emmène le sanctuaire portatif appelé mikoshi à travers les rues du quartier, en chantant inlassablement dans un haut-parleur pour maintenir l’ardeur des troupes. Je les suis sur plusieurs centaines de mètres en prenant des photographies tout en évitant de se faire emporter dans un mouvement brusque. Cette année, il y a quelques agents de sécurité avec un filin démarquant le parcours à suivre. J’ai tendance à prendre trop de photographies lors des matsuri, et je suis le seul avec un reflex, mais personne ne semble le remarquer. Le mikoshi va bon train et les porteurs sont enjoués. J’essaie de saisir des visages mais tout va très vite et les gardes de sécurité m’empêchent de me déplacer rapidement vers l’avant du cortège. Je les laisse finalement s’éloigner.

夢の中には曇ってる

Avant que la saison des pluies ne démarre, des nappes de nuages viennent envahir le paysage, qu’il soit urbain ou pas. Les photographies d’origine sont prises dans le centre de Yokohama à des endroits que j’avais montré auparavant. Elles sont prises également à Kamakura au bord de l’océan sur la plage de Yuigahama. Ce sont bien entendu des constructions photographiques. Je ne me lasse pas de créer ces superpositions perturbant la réalité. Elles donnent en fait naissance à une nouvelle réalité aux contours beaucoup plus flous, comme si cette réalité pouvait s’autoriser d’interagir avec l’irréel. On ne sait pas exactement ce que cachent ces couches superposées de nuages, peut être une autre réalité rêvée. C’est ce que j’imagine en créant ces images tout en écoutant la musique d’Etsuko Yakushimaru.

Après le EP AfterSchoolDi (E) Stra (U) Ction (放課後ディストラクション) dont je parlais dans un billet précédent, j’explore un peu plus l’univers musical d’Etsuko Yakushimaru (やくしまるえつこ) et je suis captivé par cette musique. J’écoute maintenant l’album Radio Onsen Eutopia sorti en 2013. Cet univers musical est plutôt rock mais la palette instrumentale est assez large. La composition des morceaux est souvent très intéressante avec des coupures et changements soudains de rythmes et de motifs, dès le premier morceau Nornir (ノルニル) d’ailleurs. Une condition pour apprécier cet album est de pouvoir aimer la voix d’Etsuko Yakushimaru, qui comme je le disais auparavant est assez aiguë. On ressent son chant comme un effort sur les morceaux les plus dynamiques. Lorsque j’ai écouté l’album pour la première fois, j’ai failli arrêter après l’écoute du deuxième morceau Koi suru niwatori (恋するニワトリ), car il ressemble à une comptine enfantine, ce qui est assez loin de ce que j’écoute normalement. Mais le morceau est court et cet album mélange volontairement des styles différents pour donner au final un univers musical très riche. Le rock est souvent très pop et extrêmement accrocheur au point qu’on a une envie irrésistible d’y revenir. Un grand nombre de morceaux, comme Venus to Jesus (ヴィーナスとジーザス), ont même un côté ludique dans la manière de chanter. C’est également le cas sur le quatrième morceau COSMOS vs ALIEN, qui commence comme un objet musical très sucré et enjoué, mais qui change complètement de style au milieu pour devenir un morceau instrumental de guitares plus sombre à l’ambiance cosmique. Cette association est assez fantastique. J’aime beaucoup cette association des contraires. Le cinquième morceau Kitakaze Kozō no Kantarō (北風小僧の寒太郎) finit par me convaincre de la beauté de cet album. Le rythme est beaucoup plus lent et d’une tristesse latente. La voix de Yakushimaru, plus basse et presque chuchotante par rapport aux autres morceaux, est simplement posée sur une guitare acoustique. On garde cette mélodie en tête et on revient à cet album également pour ce morceau. Sur les morceaux suivants, l’album oscille sans cesse entre des parties ludiques et enjoués aux allures de comptines comme le sixième morceau Yami Yami (ヤミヤミ), et des morceaux pop rock à la mélodie marquante comme sur le septième morceau Shōnen yo Ware ni Kaere (少年よ我に帰れ) qui ressemble au single de l’album ou du moins le morceau qui accroche tout de suite l’attention dès la première écoute. D’autres morceaux à suivre comme Kyabetsu UFO (キャベツUFO) ont une approche beaucoup plus intimiste voire expérimentale, ce qui nous rappelle que Yakushimaru touche à divers domaines artistiques en plus d’être compositrice et interprète. L’album a beaucoup d’autres morceaux très accrocheurs comme Tokimeki Hacker (ときめきハッカー) toujours avec une approche légèrement expérimentale mélangeant les manières de chanter et les sons. Il m’aura fallu quelques écoutes pour vraiment apprécier cet album, car le côté pop de certains morceaux, Raja Maharajā (ラジャ・マハラジャー) ou Metropolitan Bijutsukan (メトロポリタン美術館) par exemple, m’avait un peu rebuté au début. Mais en se laissant imprégner par ce mélange des styles, j’ai fini par apprécier énormément cet album. Le long dernier morceau de presque 10 minutes, Lonely Planet (ロンリープラネット), est certainement le monument de l’album par la qualité de la composition avec ces changements de rythmes et toujours ce contraste entre la voix de Yakushimaru un peu irrégulière et la force de la présence instrumentale. Même si cet univers est un peu à l’écart de mes habitudes musicales, je reste bluffé par la qualité instrumentale de l’ensemble. Je pense continuer encore un peu dans la découverte de l’univers d’Etsuko Yakushimaru, notamment les albums de son groupe Sōtaisei Riron (相対性理論, qui veut dire théorie de la relativité), peut être leur dernier album Tensei Jingle (天声ジングル) sorti en 2016.