ヴァントロワ

Démarrons ce premier billet de l’année en souhaitant à toutes et à tous une très bonne et heureuse année 2023. Ça pourrait devenir une habitude de démarrer l’année avec quelques photos d’Enoshima, car nous y allons régulièrement à la toute fin de l’année pour profiter des dernières lumières sur le Mont Fuji. Il avait pourtant préféré cette fois-ci se cacher dernière un épais voile de nuages. Nous profiterons tout de même du soleil couchant sur l’océan pacifique tout en dégustant une pizza aux petits poissons shirasu dans un des restaurants sur les hauteurs d’Enoshima. On profitera également de la foule venue visiter l’île. Je n’utilise ces derniers temps que mon petit objectif fixe 40mm, et j’aime par conséquent prendre des photos plongées dans la foule comme sur les première et cinquième photographies. Ces photos à Enoshima datent du 30 Décembre tandis que les deux dernières ont été prises le 31 Décembre à Daikanyama et à Ebisu pour une dernière marche de l’année avant de se préparer pour le réveillon.

J’ai l’impression que la soirée du 31 Décembre 2022 a passé très vite en regardant comme tous les ans l’émission Kōhaku Uta Gassen (紅白歌合戦) sur NHK, peut-être parce qu’il n’y avait pas de points très marquants cette année. J’avais déjà vu les artistes qui m’intéressaient (King Gnu, Ado, Aimer…) dans d’autres émissions télévisées de fin d’année interpréter les mêmes morceaux qu’à Kōhaku donc l’effet de surprise était grandement atténué. Mon principal intérêt était de voir Vaundy sur scène en solo puis en groupe avec Aimer, Ikura de Yoasobi et Milet pour le morceau Omokage (おもかげ). J’ai beaucoup aimé la dynamique de leur interprétation groupée sur scène, et on avait vraiment l’impression qu’il et elles appréciaient pleinement le moment. Il faut dire que c’est un sacré quatuor et l’apport de la voix de Vaundy par rapport à la version originale de The First Take est un vrai plus. Ça m’a même donné envie d’aller voir Vaundy en live. J’ai aussi beaucoup aimé le morceau de Fujii Kaze (藤井風) intitulé Shinu no ga ii wa (死ぬのがいいわ) qui me disait vaguement quelque chose sans le connaître vraiment. Ce morceau n’est pourtant pas tiré de son dernier album, donc le choix pour Kōhaku me paraît étonnant. Il y avait quelques curiosités comme le super-groupe rock auto-proclamé The Last Rockstars composé de Yoshiki de X Japan, Miyavi, Hyde de L’Arc~en~Ciel et Sugizo de Luna Sea (et X Japan ces dernières années). Contrairement au quatuor mentionné ci-dessus, leur interprétation démontrait qu’on peut regrouper les plus grandes stars et pourtant créer une musique et interprétation insipide. En comparaison, le rock band old-school de Keisuke Kuwata (桑田佳祐) avec Motoharu Sano (佐野 元春), Masanori Sera (世良公則), Hisato Takenaka (竹中 尚人, aka Char) et Goro Noguchi (野口 五郎) était plus intéressant à regarder et écouter. Ce super-groupe temporaire que seul Kōhaku est en mesure de créer était accompagné par Yuko Hara (原 由子, épouse de Kuwata et clavier de Southern All Stars), Kohei Otomo (大友 康平) et Hama Okamoto (ハマ・オカモト, bassiste du groupe Okamoto’s). Je n’ai réalisé que récemment que Hama Okamoto, de son vrai nom Ikumi Hamada, est le fils du comédien Masatoshi Hamada du duo Downtown. Une autre curiosité était de voir Shinohara Ryōko (篠原涼子) sur scène (avec Tetsuya Komuro au piano) car j’avais oublié qu’elle chantait. On se demandait un peu la raison de sa présence soudaine, mais Kōhaku invite régulièrement des célébrités lors des années anniversaire de leur carrière musicale. C’était le cas de Shizuka Kudo (工藤静香) au chant accompagnée de sa fille Cocomi à la flute, mais cette musique là ne m’intéresse pas du tout. Et il y a des groupes ou artistes dont je ne suis particulièrement fan mais que j’aime voir sur scène comme Ryokuōshoku Shakai (緑黄色社会) dont c’était la première apparition à Kōhaku. J’aime beaucoup la voix de Haruko Nagaya, tout comme celle d’Aimyon (あいみょん) qui est habituée de toutes les émissions musicales de fin d’année. Elle chante cette fois-ci un morceau de son nouvel album et un plus ancien qui m’intéresse plus: Kimi ha Rock wo Kikanai (君はロックを聴かない). Comme l’année dernière, Yō Ōizumi (大泉洋) présentait l’émission, accompagné cette fois-ci de Kanna Hashimoto (橋本環奈) remplaçant Haruna Kawaguchi (川口春奈) qui présentait l’année dernière. Comme d’habitude, Yō Ōizumi en fait trop en imitant sans cesse le « Bravo » du footballer Nagatomo. Kanna Hashimoto m’agace aussi toujours un peu car elle n’a jamais le tract et je préfère quand on ressent l’esprit un peu solennelle que peut prendre cette émission. La comédie est bien présente mais par petites doses avec Akiyama qui me fait à chaque fois rire rien qu’en le voyant, cette fois-ci prenant les traits d’un faux producteur et d’un jeune supporteur un brin émotif. Et lorsqu’on approche du final, on attend toujours MISIA qui fait à chaque fois sensation avec ses robes volumineuses. Cette fois-ci, sa robe était rouge et MISIA portait des longues oreilles de lapin du plus bel effet. Sheena Ringo ou Tokyo Jihen n’étant pas présents cette année, l’émission ne m’a que moyennement intéressé dans son ensemble.

La courte émission qui suit sur NHK, Yuku Toshi Kuru Toshi (ゆく年くる年), juste avant les douze coups de minuit, avait la particularité d’être présentée depuis le grand sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu à Kamakura. Ce sanctuaire a une valeur toute particulière pour nous car nous nous y sommes mariés il y a presque 20 ans. Nous n’y sommes par contre pas retournés depuis quelques années, et voir ces images sur NHK m’a vraiment donné envie d’y aller bientôt. Un jour peut être, il sera enregistré au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je sais que la demande est faite régulièrement pour le classer mais ça n’a pas encore été réalisé. Minuit annonce un passage au sanctuaire d’Hikawa. Un verre d’amazake et de shiruko nous y attendent. J’aime ce moment passé dans le froid à boire cette boisson qui nous réchauffe un peu. Les soirées du premier de l’an sont toujours très programmées, mais nous n’allons à Hikawa que depuis peu. La première visite au sanctuaire le lendemain matin pour le hatsumode se passe plutôt au sanctuaire Konnō Hachimangu (金王八幡宮) de Shibuya (où se trouvait autrefois le château). Le premier jour de l’année, je me pose toujours la question du premier morceau que je vais écouter. C’est une reflexion un peu vaine car ne conditionne rien du tout pour le reste de l’année, mais je ne sais pour quelle raison j’y accorde une certaine importance. Je commence donc avec le dernier morceau de Miyuna, Aiai dana (愛愛だな), qui doit être le plus pop qu’elle ait créé jusqu’à maintenant et c’est un morceau qui me met immédiatement de bonne humeur.

Ces derniers jours, j’écoute quelques morceaux de Capsule sur leur dernier album Metro Pulse sorti le 14 Décembre 2022: Virtual Freedom, Give me a ride et Start. J’avais déjà parlé de deux autres morceaux sortis précédemment en single, Hikari no Disco et Future Wave. Les trois nouveaux morceaux que j’écoute maintenant sont tout à fait dans le même esprit électronique rétro-futuriste. A défaut d’être nuancée, la musique de Yasutaka Nakata sur ces morceaux est terriblement efficace, avec une atmosphère assez similaire à ce qu’il a pu composer pour Ado sur Shinjidai, son single au succès énorme. Toshiko Koshijima n’a pas tout à fait les mêmes capacités vocales qu’Ado, mais sa voix constitue à part entière l’empreinte musicale de Capsule. Parfois j’ai du mal à me rappeler que Koshijima et Nakata sont des personnes humaines et pas des représentations androïdes. La couverture du nouvel album les montrant en personnages fait de polygones des années 90 aide à brouiller un peu plus les pistes. Je n’avais jusque là pas d’intérêt particulier pour Capsule à part quelques morceaux passés comme Jumper sur l’album More! More! More! (2008) ou Sugarless Girl sur l’album du même nom (2007) qui m’avaient pourtant beaucoup plu à l’époque.

Une émission musicale du soir sur NHK attire mon attention car elle interview le groupe rock japonais Ellegarden que je connais de nom depuis longtemps, sans n’avoir jamais eu l’intention d’écouter. Ils viennent de sortir un nouvel album intitulé The End of Yesterday le 21 Décembre 2022, après un long hiatus. Le premier morceau de l’album Mountain Top passe dans l’émission et ce son rock me ramène soudainement 30 années en arrière me rappelant le rock FM américain très populaire dans les années 90, comme Blink-182 sur lequel Ellegarden aurait entre autres modelé son identité sonore. A part Weezer, je n’étais pas à cette époque particulièrement amateur de rock californien et je préférais le Nord de la côte Ouest américaine du côté de Seattle. Mais pour reprendre une phrase du paragraphe ci-dessus qui s’applique également très bien à Ellegarden: à défaut d’être nuancée, la musique de Ellegarden est terriblement efficace. Et écouter ce morceau Mountain Top me rajeunit de quelques décennies, donc je suis preneur. Comme le chanteur Takeshi Hosomi chante parfaitement en anglais, on a un peu de mal à imaginer qu’ils ne proviennent pas des plages ensoleillées californiennes, mais plutôt de celles de Chiba. Et pour continuer un peu, j’écoute également Strawberry Margarita qui enfonce un peu plus le clou dans l’esprit teenage rock, jusque dans la légèreté des paroles. Mais, ça reste un sacré plaisir quasiment impulsif d’écouter ces deux morceaux.

Pour revenir vers des sons plus electro-jazzy, on me conseille dans les commentaires d’un billet précédent de revenir vers Kiki vivi lily que j’avais découvert par son morceau New Day (feat. Sweet William) sur son album Tasty sorti en 2021. J’écoute deux morceaux Blue in Green et Pink Jewelry Dream d’un album intitulé Over the rainbow qui est une collaboration de Kiki vivi lily avec Sukisha (aka Hiroyuki Ikezawa). Sur ces morceaux, j’aime beaucoup la manière dont l’ambiance musicale vient s’installer tranquillement sans forcer, notamment dans les répétitions sur Blue in Green. La voix légèrement voilée de Kiki vivi lily a quelque chose d’un peu nonchalant qui vient joliment contraster avec la rythmique apportée par Sukisha. Cette association fonctionne très bien, notamment sur le refrain de Pink Jewelry Dream.

Pour continuer avec mes écoutes musicales, je fais volontairement une faute de quart (c’est de saison même si je n’ai pas skié depuis longtemps) en écoutant deux morceaux de Tommy february6 qui finissent par me fasciner. Tommy february6 est un projet solo de Tomoko Kawase (Tommy étant son surnom), chanteuse du groupe The Brilliant Green qui avait connu son heure de gloire à la fin des années 90 et au début 2000. Si mes souvenirs sont bons, j’avais même acheté le CD de leur album Terra 2001 sorti en 1999 mais je pense bien l’avoir revendu. J’ai un très clair souvenir du premier single de Tommy february6, Everyday at the bus stop, librement inspiré de pop américaine volontairement kitsch. Ce morceau passait souvent sur Space Shower TV en 2001, et comme je ne regardais pratiquement que cette chaine à cette période là, j’avais fini par être entrainé de force dans cette musique entêtante (en traînant des pieds mais en tendant l’oreille). Les hasards de Twitter me font écouter un autre morceau de Tommy february6 intitulé je t’aime ★ je t’aime, sorti le 6 février 2003 (le jour de son anniversaire donc). Le kitsch est toujours omniprésent mais me rappelle maintenant plutôt la variété française des années 80 (mais je n’arrive pas à savoir quoi, juste une vague impression). Je n’aurais certainement pas dû écouter cette chanson une première fois car je ne peux m’empêcher de la réécouter. Ça veut peut être dire que le morceau est réussi?

Et pour terminer ces découvertes de fin et de début d’année, je reviens vers le groupe rock indé japonais For Tracy Hyde qui vient également de sortir un nouvel album le 14 Décembre 2022. Son titre est Hotel Insomnia et l’album est composé de 13 morceaux. Je n’en écoute que trois pour le moment, qui doivent correspondre aux singles car des vidéos sont disponibles sur YouTube: Friends, Milkshake et Subway Station Revelation. Le style Dream Pop riche en distorsions de guitares ne diffèrent pas de ce qu’on pouvait connaître du groupe sur ses précédents albums et c’est une très bonne chose. For Tracy Hyde est pour moi une des valeurs sûres du rock indé japonais, à défaut d’apporter des sons originaux à la scène rock japonaise. Un morceau comme Friends en est un très bon exemple, très bien construit et fluide. Je me souviens avoir eu un peu de mal à apprécier la voix d’Eureka sur les premiers albums, mais je n’ai pas du tout cette impression sur ces quelques morceaux, au point où elle devient la véritable marque stylistique du groupe au delà même des compositions shoegaze toujours impeccables d’Azusa Suga. Friends prend des accents plutôt pop tandis que Milkshake est beaucoup plus proche du shoegaze. Chaque album de For Tracy Hyde me rappelle que le rock est toujours très présent au Japon, ce qui n’est pas pour me déplaire. Mais alors que j’écris ces quelques lignes, on apprend par le compte Twitter du groupe que cet album sera le dernier et que For Tracy Hyde se séparera après tout juste 10 ans d’existence, à l’issue d’un dernier concert en Mars 2023 dans une salle de Shibuya. C’est bien dommage d’apprendre cet arrêt d’activité du groupe et la raison exacte n’est pas donnée. J’imagine qu’Azusa Suga continuera ses autres projets menés en parallèle de For Tracy Hyde, à savoir son autre groupe AprilBlue et ses contributions de morceaux au groupe d’idoles alternatives RAY. Ce sont deux formations que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur Made in Tokyo. Mais continuons un peu plus la découverte de ce nouvel album avec le premier morceau Undulate et le troisième Kodiak qui sont particulièrement intéressants. A suivre mais ces cinq morceaux sont en tout cas excellents, certainement les meilleurs du groupe.

no one knows how I live my life

Les titres en anglais des billets en noir et blanc sont tirés, comme c’est très souvent le cas, de paroles de morceaux de musique que j’écoute très souvent et dont il n’est pas toujours utile de préciser le titre tant il pourrait paraître évident pour les lecteurs assidus de ce blog. Ces extraits mystérieux ne correspondent pas souvent à mon état d’esprit du moment mais évoquent plutôt de manière certes très éloignée le contenu du billet. Les quatre photographies de ce billet sont prises en différents lieux dont certains hors de Tokyo, et certaines photos sont plutôt anciennes. Il me semble bien que les vagues sur la dernière photographie du billet ont été prises à Osaka.

Je me suis rendu compte une nouvelle fois en regardant la retransmission pseudo-live de Supersonic dimanche que je n’écoute plus beaucoup de nouvelles musiques occidentales, la seule exception récente étant quelques morceaux des écossais de Chvrches sur leur quatrième album Screen Violence, notamment les excellents Violent Delights et How not to Drown. Ce deuxième morceau en collaboration avec Robert Smith, que j’ai entendu sur la radio J Wave, est la raison pour laquelle je me suis penché une nouvelle fois sur la musique de ce groupe. De Chvrches, j’aime surtout la voix de Lauren Mayberry et les compositions qui accrochent immédiatement. J’avais par contre été déçu par leur collaboration avec Suiyoubi no Campanella il y a plusieurs années. Ce nouvel album semble être un retour aux sources (原点回避) bienvenu pour le trio, et ça me convient beaucoup plus.

Le nom de Vaundy m’est familier depuis quelques temps mais je ne savais pas vraiment quel genre de musique il composait. A vrai dire, je ne savais même pas s’il s’agissait d’un nom d’artiste ou d’un nom de groupe. Le morceau Tokyo Flash (東京フラシュ) que j’écoute beaucoup en ce moment est en fait sorti en Novembre 2019 et il s’agit de son premier single. Il a sorti une dizaine d’autres singles depuis et un album intitulé Strobo en Mai 2020. C’est le titre du morceau qui m’a d’abord attiré car il m’évoquait un peu King Gnu (le mot flash sans doute qui est un des titres du deuxième album de King GNU), puis la vidéo dans les rues de Tokyo où Vaundy (je pense que c’est lui) se déplace en laissant des traînées éphémères sur son passage. J’aime beaucoup sa voix que je comparerais à une version masculine de Iri. Je trouve en fait quelques ressemblances dans leurs voix. Le morceau Tokyo Flash est accrocheur dès le premier riff de guitare et la voix de Vaundy est à la fois forte et assurée, et en même temps un peu nonchalante sur les fins de phrases. Ce morceau est à la frontière des styles que j’écoute habituellement mais je trouve ce morceau très rafraîchissant.

Je me souviens après avoir écouté leur précédent morceau Hikari no Disco, souhaiter qu’ils continuent sur cette même vague rétro futuriste. C’est exactement ce que fait Capsule avec le nouveau single Future Wave à l’efficacité redoutable. Le morceau nous ramène vers les sons des synthétiseurs des années 80 mais comme remis au goût du jour. La vidéo du morceau montrant une voiture de course dans un jeu vidéo de type arcade, me rappelant Outrun mais,en 3D de l’époque PS1, nous fait revenir en arrière sauf que cette voiture finit par s’envoler dans les airs, matérialisant bien le côté rétro-futuriste du morceau. La voix de Koshiko est omniprésente ce qui est une très bonne chose car elle se marie tres bien avec ces sons électroniques. Il y a un petit quelque chose dans sa voix qui vient habilement adoucir les sons pourtant inarrêtables composés par Yasutaka Nakata. J’aimais déjà beaucoup Hikari no Disco mais Capsule dépasse là un seuil sonique sans pourtant tomber dans le poussif. Je me demande maintenant si Capsule est parti pour écrire un album entier dans ce style. Je pense bien continuer à les suivre si c’est le cas.

渋谷ウォーク❶

Je pense que le traitement photographique des vues de Shibuya ci-dessus retransmet assez bien l’atmosphère chargée d’humidité que nous connaissons actuellement pendant la saison des pluies. Je profite d’une accalmie pour prendre quelques photographies de ce quartier, faute de pouvoir me déplacer dans d’autres lieux. Le besoin impulsif de prendre des photos est toujours très présent même si je passe dans des lieux que j’ai très souvent parcouru. C’est le cas du centre de Shibuya que je prends régulièrement en photo. Peut-être est-ce un besoin de garder des traces visuelles d’un quartier en plein changement autour de la gare? Peut-être qu’il s’agit plutôt d’une envie de prendre la foule en photo, chose que je ne fais qu’assez rarement? Peut-être qu’il s’agit d’un attrait pour le graphisme éphémère des rues qui donne à ce quartier une éternelle jeunesse? Ou peut-être suis-je tout simplement à la recherche de ma propre jeunesse passée dans ses rues? Il y a certainement un peu de tout cela mélangé dans ma tête lorsque je traverse le grand carrefour qui reste lui immuable. Les flashs mémoriels me traversent aussi vite que les derniers passants qui tentent leur chance avant le passage des feux au rouge. En remontant vers le grand magasin Seibu, je constate que les fleurs pop de Shun Sudo ont envahit les façades. Une amie de Mari et son mari exposaient également dans ce grand magasin mais dans la petite galerie d’art du dernier étage de la tour B. La galerie était malheureusement fermée d’un large filet de sécurité pour une raison qui doit être liée à la crise sanitaire. Je passe souvent dans cette galerie et je suis pourtant en général le seul à l’intérieur lorsque je la visite. J’apprendrais un peu plus tard qu’on pouvait tout de même y entrer.

Ado est une jeune artiste électronique de 18 ans, issue de la mouvance Vocaloid, qu’on ne présente plus en raison du succès énorme qu’elle a connue avec le morceau Usseewa (うっせぇわ) il y a plusieurs mois. Sa particularité est d’être restée ‘invisible’ malgré ce succès énorme. Elle n’a pas encore montré son visage et ne le fera peut-être même jamais. Elle préfère se faire représenter par un personnage dessiné (sur l’illustration sombre à droite, notez le mégaphone). On ne peut pas dire que j’ai vraiment accroché à son premier morceau que j’écoutais plutôt comme une curiosité et parce que le grand à la maison l’écoutait un peu avant son succès explosif auprès du grand public. J’aime par contre beaucoup son autre morceau plus récent intitulé Odo (踊) en collaboration avec les artistes électroniques TeddyLoid et Giga pour les arrangements musicaux. Enfin, j’aime beaucoup le côté chaotique du morceau, partant dans de multiples directions sans qu’on ait le temps de s’ennuyer. Ce morceau est un moment de bravoure musicale et il faut bien avouer que la voix d’Ado est toujours aussi incisive, à l’image du personnage cyberpunk de la couverture du single. Que ça soit par sa voix ou par les éléments musicaux, on a l’impression d’écouter un patchwork hétéroclite qui semble être d’un équilibre bancal aux premiers abords, mais qu’il s’avère en fait habilement construit. Cela donne à la fois un morceau accrocheur et musicalement intéressant voire même intriguant.

Capsule nous fait le plaisir de sortir un nouveau morceau intitulé Hikari no Disco (ひかりのディスコ). Le duo composé de Yasutaka Nakata (中田 ヤスタカ) et Toshiko Koshijima (こしじま としこ surnommée こしこ) n’avait pas sorti de nouveau morceau depuis six ans. Je suis très loin de suivre avec attention la carrière de Capsule, mais j’y ai jeté une oreille cette fois-ci car ce morceau est le thème musical principal du film animé Sidonia no Kishi: Ai Tsumugu Hoshi (シドニアの騎士:あいつむぐほし), basé sur le manga de Tsutomu Nihei. J’avais beaucoup aimé la série animée de Knights of Sidonia, dans un esprit proche de Neon Genesis Evangelion, et je suis bien tenté d’aller voir ce film. La vidéo et le son de Hikari no Disco prend une atmosphère rétro et la musique électro du morceau est beaucoup moins agressive que certains morceaux électro house que je connaissais de Capsule comme Jumper (que j’avais beaucoup aimé à l’époque, ceci étant dit). En fait, j’aime beaucoup la voix de Koshiko qui s’accorde bien avec cette musique électronique très répétitive, comme si elle venait l’apaiser. C’est peut être dû au fait que j’ai toujours vu sa personne comme un personnage irréel avec une image volontairement futuriste, voire même robotisée. Il en va de même pour Nakata, comme on peut le voir sur la photographie de droite. On pourrait les prendre pour Daft Punk sur leurs lunettes noires étaient intégrales. Si Capsule continue sur cette piste rétro-électro qui ne sur-joue pas les sons et laisse beaucoup de place à Koshiko, je suis prêt à les suivre encore un peu. Ça me plait en tout cas beaucoup plus que Perfume que j’ai toujours un peu de mal à supporter.

Made in Tokyo Series Vol.13

Continuons tranquillement avec l’épisode 13 de ma série Made in Tokyo. Cet episode est assez graphique sur certaines des photos images. Le temps d’une matinée, j’ai retrouvé l’excitation de la promenade et recherche architecturale à Shinjuku. Je suis entré dans Kabukichō à la recherche de deux immeubles de Minoru Takeyama, l’architecte de la Tour 109 à Shibuya, aperçus en photos seulement dans des guides et livres d’architecture. Il s’agit, en photos ci-dessous, du Ichiban-Kan et du Niban-Kan. Les bâtiments datent de 1970 et sont perdus dans les petites rues du quartier. Les formes sont futuristes et l’apparence graphique (lignes, bandes, cercles de couleur). Les bâtiments ont malheureusement bien souffert en 40 ans, les façades sont délavées et bien endommagées dans l’ensemble.

Sur d’autres photos, on trouvera de la neige à Ebisu (une journée de neige sur Tokyo récemment) et une escapade involontaire à Numazu. La grand mère de Mari repose maintenant tout près de l’océan à Numazu.

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Côté musique, ça faisait longtemps. Ca fait maintenant quelques mois que je suis en recherche active de nouvelles musiques, un petit peu tous les jours, ça devient une vraie addiction: l’électro de Four Tet sur Love Cry et Sing, celle précise et abstraite de Pantha du Prince sur Stick to My Side avec Noah Lennox à la voix, toujours le même Lennox échappé en solo en Panda Bear sur le morceau à rallonge Good Girl/Carrots, un autre prince ou plutôt une princesse française Le Prince Miiaou sur Our Tale, le pop-rock désorientant des norvégiens de Serena-Maneesh sur I jut want to see Your Face, l’électro-pop poussive de Basement Jaxx sur Scars et Raindrops, celle encore plus poussive de Capsule et la voix robotisante de Toshiko Koshijima sur Jumper, celle plus fine et légère de Jonsi échappé lui de Sigur Ros sur Go Do, le rock quasi moyenâgeux et étrange de These New Puritans sur We Want War… Entre autres.

MP et moi nous sommes rendus à l’exposition groupée de Toshiya Watanabe, Thomas Orand, Dairou Koga et Jon Ellis. J’avais rencontré les 4 en Septembre 2008 à Ueno lors d’une réunion Flickr (que je n’utilisais pas à l’époque et plus maintenant d’ailleurs). Leur première exposition s’intitule Fragments of Tokyo et se déroulait pendant une semaine jusqu’au 14 février à la galerie Place M près de la station Shinjuku-Gyoen. Comme le titre peut l’indiquer, l’exposition montre 4 points de vue sur Tokyo, assez différents d’un photographe à l’autre d’ailleurs mais, à mon avis, avec l’humain comme point d’accroche: Toshiya Watanabe montre des paysages urbains dans le quartier désert et en construction de Ariake, on est proche de l’humain mais maintenu à distance par le taille des constructions. Thomas Orand propose une approche plus intime, plus proche du lieu du vécu sans pourtant apercevoir l’humain que l’on effleure. Jon Ellis montre le centre de Shibuya, dense en population et activités, mais détourne le regard vers les vitrines et flaques d’eau pour éviter tant que possible la présence frontale. Dairou Koga, lui par contre, montre la présence humaine en situation, d’une manière plus directe, à la découverte de la ville. Il aurait été intéressant à mon avis de construire cette liaison dans l’exposition, peut être dans la disposition des photographes / photographies. Toujours est-il, que c’était vraiment un plaisir de découvrir imprimés et affichés les travaux de photographes que je suis depuis un plus d’un an et demi. Ils ont beaucoup de talent, je leur souhaite une prochaine exposition prochainement et beaucoup de succès.