if i were an angel, 羊文学

Le concert du groupe rock alternatif Hitsuji Bungaku (羊文学) de leur tournée 2023 « if i were an angel, » était un vrai bonheur et je garde toujours en tête l’émotion des moments passés debout parmi la foule à écouter avec passion la musique du groupe. Je suis allé les voir le Mardi 3 Octobre 2023 dans la grande salle Zepp Haneda, qui se trouve à la station de Tenkubashi juste à côté de l’aéroport. Il s’agit d’une grande salle avec un étage couvrant une capacité d’environ 2,500 personnes et les deux dates de Tokyo étaient à guichet fermé. Cette tournée en 12 dates était nationale et la plus grande de leur carrière musicale, démarrant à Niigata le 2 septembre, en passant par Yokohama, Sapporo, Osaka, Sendai, Nagoya, Fukuoka, Hiroshima, Takamatsu pour terminer avec deux dates à Tokyo au Zepp Haneda. J’ai assisté à l’avant dernier concert de cette tournée, que la compositrice et interprète Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) surnommait elle-même la « Demi-Finale ». Le dernier concert de la tournée avait lieu le 4 Octobre mais était déjà complet au moment où les réservations ont été ouvertes. Cette date devait très certainement être réservée aux membres du fan club du groupe. J’avais acheté mon billet le 1er Juillet, donc trois mois avant le concert. Je m’étais même empressé à acheter un billet dans l’heure suivant l’ouverture de la billetterie. Malgré cela, mon billet me situait dans le bloc C, derrière les blocs B et A situés plus en avant près de la scène. En fait, le bloc définit l’ordre d’appel et d’entrée dans la salle. Une fois entré, rien ne nous empêche d’essayer de s’approcher au plus près de la scène. En ce qui me concerne, j’ai surtout cherché à trouver un point vers le milieu de la salle où je ne serais à priori pas trop gêné par les têtes qui dépassent devant moi dans la foule. Par rapport au dernier concert que j’ai été voir, celui de a子, la taille du Zepp est beaucoup plus impressionnante mais la visibilité reste bonne dans l’ensemble, car la salle est plus large que profonde. La taille de la salle est dans le même ordre de grandeur que celle de Toyosu Pit où j’avais été voir Tricot pour la première fois. J’ai eu beaucoup de temps pour me préparer mentalement à ce concert, enfin préparer musicalement plutôt, en vérifiant que j’avais bien écouté toute la discographie du groupe.

En écoutant les 20 morceaux joués pendant ce concert, on se rend compte de la qualité de la discographie de Hitsuji Bungaku car ils n’ont pas joué que leurs morceaux les plus récents et plus connus, mélangeant d’autres plus anciens qui sont tout aussi bons. Après seulement quelques années d’existence, cette discographie est déjà très importante et sans faiblesse. Ce concert était en fait une étape de transition car il ne s’agit pas de la tournée liée à la sortie de leur dernier album our hope, tournée pour laquelle je n’avais d’ailleurs pas réussi à acheter un billet, et le groupe n’a pas non plus de nouvel album sorti cette année. Hitsuji Bungaku a par contre joué deux de leurs singles récents à savoir FOOL et More than words, dont j’ai déjà parlé sur ces pages. L’excellent More than words apparaîtra en fait sur leur prochain album. Ils nous ont également fait le plaisir de jouer trois morceaux inédits de ce futur nouvel album: hosnestly, flower et un troisième dont on ne sait pas encore le titre. Dès la première écoute pendant ce concert, j’ai été surpris par la qualité et l’accroche. Pendant le passage de MC présentant rapidement deux des morceaux, Moeka nous disait qu’elle sentait elle-même une sorte de pression de ne pas faire moins bien que More than words. Le nouvel album s’annonce en tout cas très bien. Il faudra entendre la toute fin du concert pendant les rappels, pour qu’on nous annonce le titre et la date de sortie de ce nouvel album tant attendu. Il s’intitulera 12 hugs (like butterflies) et sortira le 6 Décembre 2023. Un point amusant est que Moeka, sur le coup de l’émotion peut-être, n’a d’abord pas réussi à nous dire d’une manière très claire le titre de cet album ce qui a obligé une personne du public à lui demander de répéter, ce qu’elle a fait après un sourire. Yurika donnait également une autre annonce, celle d’un prochain concert le 21 Avril 2024 dans la grande salle de 17,000 places de Yokohama Arena. Ce sera la plus grande salle de l’histoire du groupe. Comme le concert est situé quelques mois après la sortie de leur nouvel album, j’imagine qu’ils n’auront pas trop de soucis à remplir l’Arena. Ce concert s’appellera « III », représentant les trois membres du groupe et pas le kanji de la rivière comme le disait Yurika en plaisantant. J’étais en tout cas assez content que le groupe réserve l’exclusivité de ces annonces à l’avant dernier concert de la tournée plutôt qu’au dernier qui avait lieu le lendemain.

Le concert a duré environ deux heures et mélangeait des morceaux de tous les albums et EPs de leur discographie, en plus des morceaux récents mentionnés ci-dessus. Le concert a commencé par le morceau intitulé Ending (エンディング) qui est le premier de leur premier album Dear Youths (若者たちへ). Le groupe était d’abord caché par un écran opaque sur lequel était diffusé des images mouvantes étranges représentant parfois des visages. Il s’agissait d’une création de l’artiste contemporain Yuma Kishi (岸裕真) qui crée des images irréelles à partir de photographies ou de peintures réelles en utilisant l’intelligence artificielle. Dans un esprit similaire, il a notamment réalisé une vidéo pour Hatis Noit pour le morceau Angelus Novus du superbe album Aura dont j’ai déjà parlé ici. Je trouve que ces images projetées sur scène correspondent à celles d’anges comme indiqué dans le titre de la tournée, sauf que cette représentation n’est pas binaire. Elle est sans arrêts changeante comme si elle reflétait les multiples émotions et sentiments humains. On retrouve ensuite ces images d’anges changeant de manière fantastique à la fin du concert juste avant les rappels, pendant le superbe morceau Ghost. Les images de cet ange fantôme sont cette fois-ci basées sur des photographies de la modèle Mai Matsumoto, si on en croit la description sur le compte Instagram de l’artiste. Ce morceau Ghost n’est pas le plus dynamique du groupe car il se base plutôt sur une progression sonore lente et profonde. Ce choix pour un dernier morceau de concert me fait dire qu’ils sont très sûr de leur art, sans essayer de créer un coup d’éclat final avant les rappels. Cet aspect là m’a beaucoup plu et a captivé le public, comme tout le reste du concert d’ailleurs.

Les morceaux se sont bien sûr enchaînés sans qu’on se rende compte du temps qui passe et les deux heures ont passés bien vite. Il y a eu plusieurs passages de MC adressés à la foule. Pratiquement plus personne ne porte de masque dans le public et il n’y a plus depuis longtemps de restriction pour parler (ou crier dans certains cas). Les cris de la foule étaient par conséquent plus nombreux et présents que dans les concerts précédents. J’étais en fait très curieux de voir comment le groupe allait se comporter sur scène, car ses racines sont vraiment ancrées dans le rock indépendant et alternatif avec une bonne dose de mélancolie, mais un certain nombre de morceaux récents sont très dynamiques et accrocheurs. Moeka et la bassiste Yurika Kasai (河西ゆりか) sont relativement statiques sur scène mais se laissent aussi assez souvent emporter par leur morceau. J’ai beaucoup aimé la manière par laquelle Yurika se déchaînait sur sa basse sur certaines fins de morceaux, comme celui intitulé Inori (祈り) du EP Zawameki (ざわめき), qui se concluaient par un feu d’artifice de guitares. Tout comme sur les albums, je suis impressionné en live pour la puissance sonore de la guitare électrique de Moeka Shiotsuka. Le fait qu’ils ne soient qu’un trio n’affecte en rien la force musicale de l’ensemble car chacun des membres est complètement investi dans la musique qu’ils produisent sur scène, sans compromis. Le jeu de batterie de Hiroa Fukuda (フクダヒロア) me plait aussi beaucoup, car on ressent physiquement chacun de ses coups de percussions. Cette force musicale est d’autant plus renforcée par la voix très présente de Moeka et l’addition très fréquente des chœurs de Yurika. Toutes ses sonorités, la palette étendue de la voix de Moeka, les chœurs de Yurika, donnent une atmosphère très riche et dense, qui sait être bruyante mais est avant tout émotionnelle. Et j’aime énormément la voix de Moeka Shiotsuka. On la surnomme également Heidi (ハイジ). Je ne connais pas la raison exacte de ce surnom mais il me semble correspondre assez bien à l’accent particulier qu’elle met parfois sur ses paroles en chantant. Les trois membres de Hitsuji Bungaku ont entre 26 et 27 ans mais je trouve que le groupe a déjà atteint une grande maturité, qui n’empêche pas non plus certains moments de folie. En fait, sur scène, on ressent le groupe comme restant naturel. L’émotion de Moeka est palpable lorsqu’elle nous dit, dès le début du concert, que c’est l’avant dernier de cette tournée, ou quand son visage s’éclaire de joie et qu’elle encourage de mouvements de bras le public déjà bien acquis à la cause du groupe. Il y a un respect que je ressens personnellement très bien et qui me fait d’autant plus apprécier ce groupe. Le batteur Fukuda qui ne parle pas beaucoup derrière ses très longs cheveux noirs qui lui cassent la plus grande partie du visage et du corps, indique d’ailleurs que le groupe continuera à jouer leur rock sans trembler (ブレずにカッコよくロックを) dans le sens où il et elles resteront imperturbables dans leur direction musicale.

Il y avait beaucoup de moments mémorables dans ce concert, notamment lors des singles emportant la foule comme Ningen datta (人間だった), OOPARTS ou Hikaru Toki (光るとき). J’ai beaucoup aimé Tengoku (天国) car il faisait intervenir le public par des appels et réponses faits de mouvements de bras. C’était le seul réel morceau dans ce style volontairement interactif. J’ai beaucoup apprécié le fait qu’ils jouent le morceau 1999 dans les rappels car il s’agit du morceau par lequel j’ai découvert le groupe et parce que cette année là, correspondant à mon arrivée à Tokyo, est forcément pour moi particulière. A part les inédits, il y avait un seul morceau que je ne connaissais pas tiré du EP your love et intitulé Yoru wo Koete (夜を越えて). Je m’en voudrais presque de ne pas l’avoir connu avant le concert car c’est vraiment un morceau sublime que j’écoute maintenant beaucoup, tout comme le reste de leur discographie dont j’ai un peu de mal à me détacher. Les quatre premières photographies du billet ont été prises par moi-même, tandis que les autres sont des photographies montrées par le groupe sur leurs comptes Twitter ou Instagram et prises principalement par les photographes Asami Nobuoka et Daiki Miura. La photographie de l’affiche de cette tournée a été prise par le photographe Nico Perez, basé à Tokyo. Il a souvent pris le groupe en photo et a réalisé la photographie qui accompagnera la sortie du futur album. En fait, j’aime tant cette photo de tournée en noir et blanc que je n’ai pas résisté à l’envie d’acheter le T-shirt, en version noire comme le porte Moeka en photo ci-dessus.

Pour référence, ci-dessous est la set list de la tournée 2023 « if i were an angel, » à Zepp Haneda le Mardi 3 Octobre 2023:

1. Ending (エンディング), de l’album Dear Youths (若者たちへ)
2. more than words, single du futur album 12 hugs (like butterflies)
3. Ningen datta (人間だった), du EP Zawameki (ざわめき)
4. FOOL, single
5. honestly, nouveau morceau du futur album 12 hugs (like butterflies)
6. flower, nouveau morceau du futur album 12 hugs (like butterflies)
7. Inori (祈り), du EP Zawameki (ざわめき)
8. hopi, de l’album our hope
9. Mayoiga (マヨイガ), de l’album our hope
10. Titre non dévoilé, nouveau morceau du futur album 12 hugs (like butterflies)
11. Tengoku (天国), de l’album Dear Youths (若者たちへ)
12. Party ha Sugu soko (パーティーはすぐそこ), de l’album our hope
13. Eien no Blue (永遠のブルー), single
14. OOPARTS, de l’album our hope
15. Hikaru Toki (光るとき), de l’album our hope
16. Yoru wo Koete (夜を越えて), du EP your love
17. ghost, de l’album POWERS
18. (Rappel) Odoranai (踊らない), du EP Tunnel wo Nuketara (トンネルを抜けたら)
19. (Rappel) 1999, de l’album POWERS
20. (Rappel) Aimai de ii yo (あいまいでいいよ), de l’album POWERS

sous les lumières d’un matin d’hiver

En continuant ma marche depuis Waseda, je découvre des belles choses d’un point de vue architectural. L’étrange pavillon situé avant le yuzu dans les photographies ci-dessus est rattaché au temple bouddhiste Tōchōji (東長寺) de la branche Soto Zen. L’histoire du temple remonte à l’année 1594 lorsqu’il a ouvert ses portes, mais le bâtiment actuel est beaucoup plus récent, datant de 1989. J’aurais dû aller voir le bâtiment principal du temple car il a reçu le prix Good Design Award en 2018. Je me suis en fait concentré sur le pavillon, appelé Tōchōji Bunyukaku (東長寺文由閣), car il a des formes vraiment particulières. Il est constitué de deux blocs dont le principal a pour base un polygone coiffé d’une plaque carrée. Le deuxième bloc est légèrement oblique et torsadé avec un escalier extérieur tournant autour. Des passerelles extérieures relient les deux blocs à plusieurs étages. Le rez-de-chaussée du bloc principal et le dernier étage sont composés de grandes baies vitrées. Je ne suis pas rentré à l’intérieur, car il était tôt le matin, mais je ne suis pas sûr qu’on puisse y entrer librement. Ce pavillon, conçu par Tetsuo Kobori Architects (小堀哲夫建築設計事務所), serait le premier bâtiment de temple à recevoir une certification Bâtiment Basse Consommation (PHI Low Energy Building certification). J’approche ensuite doucement du grand stadium olympique. Juste à côté, on peut apprécier les couleurs de la résidence Brillia ist Sendagaya, conçue en 2015 par IOA Takeda Architects Associates. Je ne connaissais pas IOA mais je vois qu’ils conçoivent beaucoup de résidences et des buildings de bureaux relativement classiques. Certains bâtiments comme celui-ci aux balcons colorés sortent du lot. Des mêmes architectes, j’avais d’ailleurs déjà remarqué la résidence Park Homes Nakameguro pour ses formes obliques de béton et de métal noir. Cette résidence a également reçu le prix Good Design Award en 2020. En explorant le site web de l’architecte, je suis surpris de voir à l’intérieur de cette résidence une installation de l’artiste Shinji Ohmaki (大巻伸嗣), dont j’avais vu une de ses installations récemment au musée NACT de Nogizaka. Une photographie du grand stadium olympique vient terminer cette petite série. Les lumières matinales viennent embellir l’immense structure ovale de Kengo Kuma, qui est déjà remarquable de tous points de vue.

Je connaissais le nom et quelques morceaux de Chanmina (ちゃんみな) depuis quelques temps, mais je n’avais pas vraiment accroché jusqu’à ce nouveau single intitulé Biscuit. J’adore l’intensité du morceau, les passages rappées et le final où elle pousse sa voix. Le morceau a d’entrée de jeu un rythme extrêmement accrocheur, qui ne peut laisser indifférent. Chanmina est japano-coréenne, et elle chante ce morceau en coréen et en anglais. Il s’agit apparemment de son troisième morceau chanté en coréen. La vidéo a été tournée en plein centre de Shibuya au scramble crossing. Il faut noter qu’il s’agit d’une prise de vue réelle à Shibuya. De nombreuses vidéos ces derniers temps sont plutôt prises dans la version répliquée du croisement reconstituée dans la préfecture de Tochigi au Ashikaga Scramble City Studio, construit en 2019 par la compagnie Nouvelle Vague Co. Ce n’est pas le cas ici et la vidéo a été filmée récemment car je reconnais les publicités et le Tsutaya y est déjà fermé pour rénovation. La prise de vue a dû se faire tôt le matin car Chanmina est relativement connue et sa présence est quand même facilement remarquable, même si les cheveux bleus ne sont pas inhabituels à Shibuya.

L’exposition Damage (堕冥慈) de l’artiste Wataboku se déroulait au Shibuya PARCO Art Museum jusqu’au 25 Décembre 2023. Il s’agit de la troisième exposition que je vais voir de l’artiste qui met toujours en scène son personnage fétiche nommé SAI inspiré par la même modèle Aopi. Je suis à chaque fois impressionné par les expressions du visage de SAI, et elles me donnent toujours envie de les voir lors des expositions de Wataboku. Cette exposition solo au musée de PARCO avait une envergure plus importante que celles que j’avais vu précédemment, ce qui témoigne d’une reconnaissance méritée. Ce qui est nouveau sur la série présentée cette fois-ci, c’est que les illustrations de Wataboku dépassent du cadre comme par exemple ces poissons et pommes rouges illustrés au premier plan. Certains tableaux étaient augmentés de parties lumineuses faisant apparaître le squelette de SAI derrière l’illustration classique de son corps et de son visage. Cette représentation hospitalière est un des thèmes de la série au musée PARCO, faisant apparemment écho à un séjour hospitalier de son auteur. La salle d’exposition mettait en scène ce thème avec une chaise roulante avec perfusion et des béquilles placées à différents endroits. Un espace au centre d’une des pièces était fermé par un fin rideau blanc. On pouvait voir à l’intérieur quelques croquis et photos de préparation des illustrations finales.

En parlant un peu plus haut de Chanmina, je repense au single Kyashana Lip (華奢なリップ) de Genie High (ジェニーハイ) sur lequel elle chantait en invitée avec Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ). Je redécouvre maintenant ce morceau avec une nouvelle oreille. On me l’avait fait découvrir il y a quelques temps mais j’avais à l’époque préféré un autre single de Genie High, Fuben na Kawaige (不便な可愛げ) sur lequel AiNA The End accompagnait Ikkyu au chant. En parlant d’Ikkyu, nous n’avons malheureusement pas de nouvel album de Tricot à se mettre entre les oreilles cet hiver. Tricot nous avait habitué ces dernières années à sortir un nouvel album à la fin de l’année, mais ça n’est malheureusement pas le cas cette année. Tricot tourne, notamment en Angleterre récemment, donc elles et il sont loin d’être inactifs. Il y a quelques semaines, j’étais surpris de voir une tête familière dans un des espaces d’exposition du Tsutaya de Daikanyama. Je parle de Wicket, le chien d’Ikkyu Nakajima, qui est une sorte de symbole du groupe car il apparaissait sur la pochette d’un des derniers albums de Tricot. En plus d’apparaitre sur des vêtements, il y aussi une peluche violette à son effigie se faisant appeler Nuef. Je vois au Tsutaya une bande dessinée intitulée Gluten Comics (グルテンCOMICS) avec Nuef et deux autres personnages. Je ne sais en fait pas s’il s’agit d’une véritable bande dessinée complète ou seulement de sa couverture. Gluten (グルテン) est en tout cas un projet artistique de trois artistes: FUSE (illustrateur originaire de Saitama), Matthew mallow (également illustrateur mais originaire de la préfecture d’Aichi) et Ikkyu Nakajima. Outre le chien Wicket, l’espace d’exposition vendait d’autres articles de la collection SUSU d’Ikkyu dont les t-shirts à manches longues Dead, mais pas ceux avec le message Love Me Tricot (お布施Tシャツ) qui n’est de toute façon pas des plus faciles à porter. Et faute de nouvel album de Tricot, je me remets à écouter les anciens en démarrant par Jōdeki (上出来) puis en poursuivant avec A N D.

La collaboration de Hitsuji Bungaku (羊文学) avec le Department Store Seibu de Shibuya se terminait le 25 Décembre. J’y suis allé plusieurs fois et c’est agréable, même surprenant, d’entendre des morceaux du groupe en marchant dans les couloirs. Dans les derniers jours, deux affiches signées par le groupe étaient mises en exposition à l’intérieur de la passerelle au cinquième étage reliant les annexes A et B. C’était pour sûr une année importante pour le groupe et je suis bien content d’avoir pu allé les voir cette année. L’année 2023 a été pour moi assez riche en concerts, car je suis allé en voir cinq: celui de Sheena Ringo au Tokyo International Forum bien sûr, le concert final de For Tracy Hyde au Shibuya WWWX, celui de Tricot au Liquid Room d’Ebisu, Hitsuji Bungaku au Zepp Haneda et le premier live solo d’a子 au WWW de Shibuya. Aller voir un concert tous les deux ou trois mois est un rythme qui me convient en espérant le conserver l’année prochaine, qui démarrera par AAAMYYY en Mars. En parlant d’a子, il a beaucoup de nouveautés ces derniers jours car elle vient de signer sur une major (Pony Canyon), sortira son premier album l’année prochaine accompagné par deux dates de concerts, dont une à Tokyo au Liquid Room qui est une assez grande salle d’une capacité de 1000 personnes. La salle WWW où j’avais été la voir avec son groupe cette année n’avait une capacité que de 500 personnes.

透明な街は影

Je reviens décidément très souvent dans le parc central de Nishi-Shinjuku, comme si le film Kyrie no Uta (キリエのうた) me poussait à y revenir sans cesse. En fait, Mari a régulièrement des choses à faire dans ce quartier et je profite d’une heure ou deux à attendre pour parcourir Nishi-Shinjuku ou m’assoir plusieurs dizaines de minutes sur un des bancs du parc. J’y passe cette fois-ci une bonne heure. Ce seront peut-être les seules photographies de feuilles rouges et jaunes d’automne que je montrerais cette année. Dans ce parc, ce sont les feuilles aux couleurs jaunes très vives des arbres gingko qui sont particulièrement remarquables. La lumière forte du soleil d’hiver, qui traverse les immeubles comme s’ils étaient transparents, laisse des empreintes qui sont également remarquable, mais ces ombres accentuées au sol ne détournent pas mon regard des couleurs automnales exagérément vives. Nous allons ensuite faire un petit tour dans les trois tours du Park Hyatt toujours à Nishi-Shinjuku. Dans le grand hall, un ensemble symphonique s’entraine pour un concert qui aura lieu un peu plus tard dans la soirée. On peut profiter de quelques morceaux tout en marchant dans le hall et en s’arrêtant quelques instants autour de l’espace délimité où sont placées les places assises.

J’ai bien sûr acheté le CD du nouvel album de Hitsuji Bungaku (羊文学), 12 hugs (like butterflies), le lendemain de sa sortie. Le Tower Records de Shibuya donnait en cadeau deux cartes postales, une de la photographie de l’album prise par Nico Perez et une autre de l’affiche « No music, No life! » de Tower Records avec les trois membres du groupe. Tower Records devrait réfléchir à proposer à la vente les cartes postales de toutes les affiches qu’ils ont créé jusqu’à maintenant. J’en achèterais pour sûr un certain nombre. Je me contente de les prendre en photo dans le magasin lorsqu’il en ressort quelques unes qui m’intéressent. Cette fois-ci, c’était une affiche signée de Number Girl qui doit dater de 1999, car elle était vraiment abîmée. Le nouvel album d’Hitsuji Bungaku contient 12 titres dont quatre déjà sortis en single à savoir more than words, GO!!, Eien no Blue (永遠のブルー) et FOOL. Ce sont tous d’excellents morceaux mais il faut reconnaître que le groupe a vraiment frappé fort avec le single more than words dont je ne me lasse pas, même après l’avoir écouté plusieurs dizaines de fois. Le dernier single en date, GO!!, a également un succès certain car il était en première position du classement hebdomadaire de la radio J-Wave il y a deux semaines. Je connaissais également deux autres morceaux, Flower et honestly, car le groupe les avait joué en avant première pendant le concert au Zepp Haneda le 3 Octobre 2023. Elles et il avaient joué un autre titre inédit dont le titre n’avait pas été dévoilé pendant le concert. Mes souvenirs sont malheureusement déjà un peu lointains mais je pense qu’il s’agissait du troisième morceau de l’album, Addiction, qui suit directement more than words sur l’album. Pendant le concert, Moeka avait indiqué ressentir une certaine pression pour placer sur l’album un morceau qui serait aussi marquant que more than words. Je pense que c’est réussi car ce morceau Addiction est un des plus réussis de l’album et un de ceux que je préfère. Le riff de guitare est particulièrement marquant, très rock alternatif américain des années 90, et le son est très rugueux et puissant par moment, ce qui contraste superbement avec la voix de Moeka. Je suis toujours impressionné par la présence forte de leur son en ne jouant pourtant qu’à trois. Samedi, nous avons rencontré un couple d’amis Fu. et Na. et leurs enfants que je n’avais pas vu depuis longtemps et la première chose que Fu. me dit est qu’il a vu que j’étais allé voir Hitsuji Bungaku en concert. Lui même écoute le groupe depuis plusieurs années, d’abord attiré par le fait que ce groupe ne joue qu’à trois, ce qui est relativement peu fréquent. Je pense que cet aspect là m’avait également intrigué et attiré en découvrant le groupe, et m’impressionne toujours beaucoup maintenant. Cet ami s’entraine à la guitare avec sa fille de 14 ans, ce qui est assez épatant. En demandant ce que sa fille écoute comme musique, elle mentionne timidement Ling Toshite Sigure (凛として時雨), ce qui est forcément un très bon choix, bien que le math rock ne soit pas des plus évidents pour démarrer. Je n’ai eu qu’à approuver, avec une envie soudaine de réécouter quelques morceaux clés du groupe comme Monster, Telecastic fake show, SOSOS, moment A rhythm, Sadistic Summer, entre autres. Pour revenir à cet excellent nouvel album d’Hitsuji Bungaku, les morceaux à la fin de l’album sont principalement inédits, sauf le morceau FOOL qui conclut brillamment l’album, et sont dans l’ensemble plus apaisés, contrebalançant les moments plus chargés de la première moitié de l’album. Cet album s’inscrit déjà comme une valeur sure dans la discographie du groupe et est même une bonne porte d’entrée vers le groupe.

suivre à la lettre la littérature des moutons

On peut dire que le single more than words a été un véritable déclencheur dans la carrière musicale du groupe Hitsuji Bungaku (羊文学) car je n’aurais pas imaginé, il y a quelques mois, voir le groupe investir de cette manière le Department Store Seibu en plein centre de Shibuya. Il est vrai qu’on a vu le groupe jouer ce morceau lors de quelques émissions musicales télévisées ces derniers temps. Cette reconnaissance médiatique fait plaisir d’autant plus que le groupe n’a pas beaucoup perdu de son approche musicale rock indé et de son authenticité artistique au fur et à mesure des années. Moeka Shiotsuka le disait d’ailleurs à Seiji Kameda lors de l’interview de l’émission radio de J-Wave dont je parlais récemment, le groupe n’a pas l’intention de se diversifier en ajoutant de nouveaux instruments ou en s’accompagnant de musiciens complémentaires. Selon Moeka, Hitsuji Bungaku a comme direction de continuer à jouer comme il et elles le font maintenant, dans les contraintes et les possibilités qu’imposent le jeu en trio. C’est tout à fait respectable. Espérons que cette nouvelle exposition, comme sur les affiches placardées sur les façades et à l’intérieur de Seibu, ne vienne pas perturber cette approche musicale à priori imperturbable. Le positionnement plutôt avant-garde du Shibuya Seibu, maintenant en permanence une place dans ses locaux pour des expositions artistiques de nouveaux talents, est en tout cas plutôt rassurant. Depuis les premiers EPs, le groupe a bien sûr intégré des éléments un peu plus pop, mais n’abandonne pas non plus l’abrasivité des guitares. C’est ce que j’ai pu constater lors du concert de la tournée 2023 « if i were an angel, » auquel j’avais assisté le 3 Octobre 2023 dans la salle du Zepp Haneda. Un espace au cinquième étage de Seibu est d’ailleurs consacré à une exposition de photographies de ce concert. Les photographies sont celles d’Asami Nobuoka et seront montrées jusqu’au 25 Décembre 2023. Je connaissais déjà la plupart de ces photos, car le groupe ou la photographe elle-même les avaient déjà montré sur Instagram ou Twitter. Juste à côté de cette exposition, une petite salle sombre avec écran géant et système audio 360 Reality Audio montrent quelques passages de ce concert au Zepp Haneda. Des tabourets sont placés dans cette petite salle et on peut apprécier les morceaux more than words, FOOL, Eien no Blue (永遠のブルー), Hikaru Toki (光るとき) et Yoru wo Koete (夜を越えて). Quel plaisir de revoir des images de ce concert et de réécouter ce son dans une qualité irréprochable. On peut voir et écouter ces cinq morceaux du 28 Novembre au 11 Décembre 2023. D’autres morceaux de ce même concert sont ensuite montrés du 12 au 25 Décembre 2023: more than words, Mayoiga (マヨイガ), 1999, OOPARTS, Aimaide ii yo (あいまいでいいよ). J’aurais très certainement l’occasion de revenir pour écouter cette deuxième partie. Je ne pense pas que ce concert soit prévu pour une sortie en DVD/Blu-ray pour le moment, mais la qualité le permettra tout à fait.

Cette collaboration entre Hitsuji Bungaku et Seibu s’intitule « By your side: Hitsujibungaku meets Shibuya Seibu » et inclut également une boutique temporaire (pop-up store) au même étage que l’expo photo et vidéo, mais dans le bâtiment B plutôt que le bâtiment A. On y vend des t-shirts et autres goods de la tournée 2023 (dont le t-shirt que j’avais moi-même acheté lors du concert à Haneda). Des photos des trois membres du groupes, Yurika Kasai (河西ゆりか), Hiroa Fukuda (フクダヒロア) et Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ), sont visibles à certains endroits du magasin. Je m’amuse donc à les chercher en parcourant les étages, mais les grandes photographies du groupe prises par le photographe Nico Perez à l’extérieur de Seibu restent les plus photogéniques quand on essaie de les mélanger avec la foule qui passe en flux ininterrompu. Je pense que je me suis maintenant bien préparé à la sortie du nouvel album 12 hugs (like butterflies) le 6 Décembre 2023, bien que je sois toujours en ce moment imprégné par la musique de Pavement, en particulier sur l’album Wowee Zowee à l’inventivité absolument géniale.

体験は無限

Je n’avais pas fait l’expérience de la marche entre Shibuya et Shinjuku depuis de nombreuses semaines. J’y trouve étonnamment à chaque fois des nouvelles choses à photographier comme si mon focus visuel changeait à chaque fois. Je n’avais par exemple par remarqué jusqu’à maintenant le faciès robotisé du building de la première photographie. Peut-être est-ce la lumière du soir qui change ma perception et me fait découvrir de nouvelles choses. Cette lumière du soir se reflétant sur les vitrages d’un nouveau building posé sur la nouvelle rue reliant l’avenue Meiji et le parc Shinjuku Gyōen m’attire également. Sur la dernière photographie, nous sommes dans le centre de Shinjuku devant le building MetLife Shinjuku Square décorée d’une grande illustration de l’artiste japonais originaire de Kanagawa, Hogalee. Cette œuvre a été créée en conjonction avec l’exposition de l’artiste intitulée Entanglement qui a lieu dans la galerie Kana Kawanishi dans le quartier de Koto. Le titre de l’exposition fait référence au ’quantum entanglement’, où intrication quantique en français, qui est un phénomène dans lequel deux particules forment un système lié et présentent des états quantiques dépendant l’un de l’autre quelle que soit la distance qui les sépare. Ce concept s’applique pour cette exposition dans le fait que des illustrations liées sont présentent dans deux espaces distants l’un de l’autre. Mais je ne pense pas que les illustrations en elles-mêmes se modifient les unes par rapport aux autres, car ce dessin sur le building de Shinjuku reste tout à fait statique.

Dans les rues de Shibuya, je suis toujours attiré par le personnage appelé Uyu (si je ne me trompe pas) dessiné par l’artiste Fuki Committee. Il faut dire que ces stickers sont vraiment nombreux dans les rues de Shibuya et il faut vraiment le vouloir pour ne pas les remarquer. Le message « ダメよ。ゼッタイ。 », faisant référence à une interdiction stricte, m’a toujours intrigué car on ne connaît pas la nature de cet interdit et on peut imaginer plein de choses. Ce message d’interdiction n’est en fait pas lié à un sujet précis mais fait plutôt référence à toutes les règles imposées dans le système social japonais. En ce sens, c’est un message assez similaire à celui de Wataboku dans ses illustrations de personnages féminins portant toutes sortes de panneaux d’interdiction sur leur visage. On peut soi-même imaginer de quel interdit Fuki fait référence sur ces autocollants de rue. En tout cas, un des interdits est celui de poser des autocollants sur les murs des espaces privés ou publics. J’imagine que l’artiste a dû avoir, de temps en temps, quelques problèmes avec les autorités locales. Je suis toujours surpris de voir ce genre d’artistes présenter leurs œuvres dans des galeries car c’est comme s’ils montraient à visage découvert, au grand jour. Une petite exposition intitulée Slap’n Run dans la galerie America Bashi près de Yebisu Garden Place présentait en fait des illustrations de Fuki Committee en collaboration avec deux autres artistes de rue: makersspace et VLOT. J’ai souvent vu leurs autocollants collés dans les rues de Tokyo. J’y suis passé très rapidement un soir de week-end pour apprécier leurs œuvres murales se mélanger les unes avec les autres. Le personnage aux oreilles de lapin de VLOT prenait par exemple le visage de la fille dessinée par Fuki. Les blocs pixelisés de makersspace venaient se mélanger avec les personnages des deux autres artistes.

Pour terminer en musique, je reviens vers la musique de macaroom avec deux morceaux, mugen (無限) et hong kong, sur un album sorti l’année dernière intitulé inter ice age 4. L’idée m’est venue d’écouter le morceau hong kong car je m’y suis justement déplacé quelques jours cette semaine. Le morceau mugen a cette beauté subtile typique de macaroom, qui n’exagère rien mais arrive à toucher à des sentiments profonds. Ces deux morceaux me font ensuite revenir vers d’autres plus anciens du groupe, comme celui intitulé Mother, dont j’avais déjà parlé sur ce blog. L’envie de réécouter la voix d’Emaru et les compositions d’Asahi me reviennent régulièrement, notamment le sublime morceau Tombi (sur l’album Swimming Classroom), qui reste inscrit dans ma liste, longue peut-être, des meilleurs morceaux de musique electro-pop japonaise. Je pense que la vidéo joue aussi sur l’appréciation que j’ai du morceau.

On pourrait écrire des pages et des pages sur l’importance des visuels et des vidéos. Je suis par exemple particulièrement déçu de voir Daoko utiliser une vidéo animée créée par Intelligence Artificielle pour le dernier morceau Mr. Sonic de son nouveau groupe QUBIT. On a déjà vu des centaines de fois ce type d’imageries génériques se transformant à l’infini. Il n’y a rien de spécifique à l’univers de Daoko ou de ce groupe, à part peut-être une vague ressemblance des visages. Le morceau en lui-même est loin d’être mauvais mais ne révolutionne rien. Ça ne m’empêchera pas d’aller découvrir l’album du groupe, mais je trouve que cette vidéo est un faux pas et j’ai l’impression qu’on lui a fait remarquer sur les réseaux sociaux. On est loin de la qualité de vidéos comme celle d’Onaji Yoru (同じ夜) et celle grandiose de Step Up Love (ステップアップLOVE) par Yuichi Kodama avec le génial Yasuyuki Okamura (岡村靖幸). Et en parlant de l’importance des visuels dans notre appréciation musicale, Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) de Hitsuji Bungaku (羊文学) en parlait justement dans une interview récente par Seiji Kameda (亀田誠治) sur la radio J-Wave. Elle disait qu’elle choisissait souvent la musique qu’elle allait écouter en fonction des couleurs des pochettes des albums. Je ne pouvait pas manquer cette interview, d’autant plus qu’elle a confirmé que Hitsuji Bungaku jouait bien des reprises de Tokyo Jihen, en particulier Gunjō Biyori (群青日和) à ses débuts. J’ai été particulièrement intéressé et satisfait par sa sélection musicale pour l’émission avec d’abord XTAL d’Aphex Twin (sur Selected Ambient Works 85-92), puis Date with IKEA de Pavement (sur Brighten the Corners), Amai Kaori (甘い香り) de Cocco (sur l’album きらきら), Pretender de Winter (sur Supreme Blue Dream) et finalement le morceau GO!!! du groupe qui sera présent sur le nouvel album. Ce sont des groupes et artistes que j’aime et écoute, à part Winter que je ne connaissais pas mais que je vais chercher à découvrir. La présence d’Aphex Twin me surprend mais Kameda y ressent une inspiration dans la musique de Hitsuji Bungaku, dans les chœurs peut-être ou dans cette inspiration de monde flottant. XTAL est en tout cas un superbe morceau que je me mets à réécouter maintenant. L’émission étant sponsorisée par une grande marque automobile, Moeka parle des morceaux qu’elle aime passer en voiture. Elle ne conduit pas mais c’est elle qui construit les playlists lors de virées avec ses amis. Il faudrait qu’elle les publie quelque part.