quelques portraits de maisons individuelles

Personnifier la ville de Tokyo. Je prends assez peu en photo les personnes vivant cette ville mais les véritables personnages du paysages urbain de Tokyo sont certainement ces maisons individuelles que j’aime par dessus tout prendre en photo, celles qui ont fait quelques efforts pour se faire remarquer des autres, celles qui ne veulent pas qu’on les oublie lorsqu’on les rencontrent au hasard de recoins de rues. Elles se cachent souvent par timidité peut être, on les trouve rarement à la vue de tous sur les grandes avenues de la ville. Ils faut les chercher et elles préfèrent se laisser désirer. La construction désordonnée des rues de Tokyo font que c’est un véritable labyrinthe, fait pour se perdre. Il faut volontairement se perdre pour trouver ces visages architecturaux. Je ne connais pas les noms de toutes ces maisons individuelles dont je dresse le portrait ici, mais au moins Hojo (Architecton) sur la première photo, House H (Onishimaki + Hyakudayuki Architects / o + h) sur la deuxième photo, R・Torso・C (Atelier Takuto) sur la cinquième photo et Edge Yard (October) sur la sixième photo. Pour les autres, je découvrirais leurs noms peut être plus tard au hasard de recherches dans le labyrinthe du web, en me perdant de page en page.

Garden and House par Ryue Nishizawa

Le billet que j’ai écrit il y a 11 ans en Juillet 2007 sur la maison en blocs blancs Moriyama House de l’architecte Ryue Nishizawa est l’un des billets les plus vus sur Made in Tokyo, juste après en ordre de popularité mon billet sur le mouvement architectural japonais des Métabolistes dans les années 1960. Allez savoir pourquoi ce billet en particulier est autant vu tous les mois? En fait, je pense que cette maison concept de Ryue Nishizawa, la moitié du groupe d’architectes SANAA, doit être étudiée dans les écoles d’architecture.

Garden & House du même architecte est également une maison concept, reprenant les notions d’ouverture sur l’extérieur, sur la rue, que l’on trouve sur Moriyama House. Elle a été, par contre, construite plusieurs années plus tard en 2013, et prend une configuration verticale sur un espace au sol très réduit. Moriyama House est un ensemble de blocs distribués sur un espace plus large, tandis que Garden and House est un petit immeuble de 4 étages. Sur chacun des étages, l’espace accordé au balcon terrasse est relativement important. Un grand nombre de pots de plantes vertes sont posées sur les balcons pour assurer une séparation avec l’espace de la rue. On aperçoit également des rails sur au moins un des balcons destinés à déployer des rideaux, mais ils ne semblaient pas être utilisés au moment de notre passage. Je soupçonne que les rideaux ne sont en fin de compte jamais utilisés. Par rapport aux photographies que j’avais pu voir il y a quelques années au moment où ce building était juste terminé, la végétation a désormais pris beaucoup plus de place. Il semble que le locataire des lieux ait préféré privilégier ce mode de séparation végétal plutôt que le système de rails et de rideaux.

Depuis la rue, on ne distingue pas vraiment l’intérieur des pièces qui sont placées au milieu du building, derrières ces balcons terrasses. J’ai l’impression que ce système de séparation de l’extérieur par les plantes fonctionne vu que les locataires n’ont pas ajouté, avec le temps, de panneaux de protection supplémentaires. En même temps, la rue très étroite de ce quartier de Hatchobori où se trouve le building est assez à l’écart du traffic piéton ou routier. Comme le bâtiment est encastrée entre deux immeubles et un peu en retrait par rapport à la rue, on peut ne pas s’apercevoir qu’il se trouve à cet endroit quand on passe rapidement. Pour preuve, nous sommes passés devant une première fois à vélo sans le reconnaître. Il aura fallu que l’on revienne sur nos pas pour finalement le trouver. Ces designs architecturaux très ouverts sur les extérieurs dans une ville très dense comme Tokyo sont intéressants de manière conceptuelle, mais je me pose toujours la question de la manière dont l’habitant intègre cette transparence. En réalité, je pense que la pièce du rez-de-chaussée est refermée en permanence sur la rue par un rideau. Le petit immeuble Apartment I de Kumiko Inui près de Hiroo est assez symptomatique de ce problème. Il est composé uniquement de baies vitrées sur la totalité des murs, mais en réalité, les rideaux sont systématiquement fermés sur tous les étages car Apartment I se trouve sur une rue certes étroite mais assez fréquentée par les piétons et voitures. On ressent moins ce problème sur Garden and House vu son emplacement beaucoup plus isolé. En même temps, la rue où il se trouve n’est pas des plus agréables et les terrasses semblent beaucoup plus sombres en plein après-midi ensoleillé, que ce que j’avais pu voir sur les premières photographies du building.

Je découvre ce building lors d’une longue promenade à vélo avec Zoa. Ce n’était pas une découverte au hasard des rues, comme ça peut parfois être le cas. Dans le cas de ce building, j’avais une indication de l’adresse où il se trouve, information qui n’est pas toujours facile d’obtenir quand il s’agit de résidences privées. Il faut également faire preuve d’une relative discrétion et ne pas être intrusif lorsque l’on prend quelques photographies. Ça peut d’ailleurs être un peu délicat lorsque les maisons telles que celle-ci sont ouvertes sur la rue. En face du bâtiment, l’escalier de secours d’un grand building permettrait je pense de faire une vue en contre plongée sur la terrasse du toit, comme on peut le voir dans les magazines d’architecture, mais je me suis abstenu, d’autant plus que cet escalier de secours est fermé d’un cordon et surveillé par une caméra de sécurité.

concrete & futuristic temple

Parfois je me demande pourquoi, à travers certains bâtiments comme celui-ci, Tokyo tient tellement à rester fidèle aux clichés et idées reçues qu’on lui donne de ville futuriste. Il ne s’agit bien sûr que de l’un des nombreux aspects de cette ville qui ressemble beaucoup plus à un village en d’autres lieux, mais trouver aux hasards des rues de Shinjuku cet immense vaisseau spatial blanchâtre me rappelle tout ce qu’il y a de passionnant dans les promenades urbaines tokyoïtes.

Ce bloc de béton futuriste aux courbes si élégantes et aux ouvertures elliptiques est un temple bouddhiste de la branche Jōdō Shinshū, considérée comme largement pratiquée au Japon. Il s’agit du Shinjuku Rurikoin Byakurengedo 新宿瑠璃光院白蓮華堂, conçu en 2014 par Kiyoshi-Sei Takeyama du groupe Amorphe. On leur doit également le magnifique et brutaliste TERRAZZA sur Killer Street à Aoyama. Le temple ne se situe pas très loin de la sortie Sud de la station JR de Shinjuku, mais il est bien caché, encastré entre des immeubles de grandes tailles. Malgré sa taille imposante, on ne l’aperçoit qu’au dernier moment lorsqu’on débouche sur la petite rue le desservant. La rue est étroite et il n’est donc pas facile de prendre assez de recul pour le saisir en photo dans son intégralité. Il n’est en fait pas si difficile que ça à trouver car son emplacement est indiqué par une grande pancarte un peu avant les gratte-ciels de Nishi Shinjuku sur la route Kōshū Kaidō, la grande artère qui passe devant la sortie Sud de la gare de Shinjuku.

Une des particularités de cette structure courbe est sa base au sol étroite par rapport au reste du building. Le bâtiment pourrait même faire penser à un réceptacle comme un vase d’autant plus que le toit est ouvert et couvert de végétation, comme pour beaucoup d’immeubles récents à Tokyo. L’immense monolithe semble s’élever au dessus du sol, flotter au dessus du contexte urbain alentour. La structure crée très certainement un espace de calme et de sérénité dans un environnement à l’écart des bruits et de la précipitation de la rue. En contrepartie, l’espace étant assez hermétique et peu ouvert sur l’extérieur, il est beaucoup plus difficile d’y accéder si on le compare à la multitude des temples bouddhistes au Japon. L’espace au sol est par contre plus transparent avec surface vitrée pour ne pas complètement rebuter le futur croyant qui se présenterait pour la première fois devant ce temple.

Alors que j’écris ces lignes vendredi tard le soir dans la pénombre, j’écoute la musique atmosphérique de Burial, le dernier EP intitulé Subtemple et j’y vois une certaine correspondance avec l’architecture sur laquelle j’écris. Les deux morceaux du EP sont assez différents de la musique que Burial a créé sur les albums et EPs précédents, car il n’y a pas d’éléments rythmiques. On retrouve bien sûr cette ambiance sombre et cinématographique particulière et si magnifique de la musique de cet artiste, mais il joue ici encore plus sur les textures pour créer une ambiance. C’est un peu déroutant au début pour l’amateur de Burial que je suis, mais particulièrement réussi sur le deuxième morceau Beachfires. En écoutant ces nappes sonores, on se croirait entrer dans un temple en pleine méditation, d’où le lien que j’y vois avec l’architecture bouddhiste ci-dessus. J’aurais envie de savoir quelle influence a amené William Bevan (aka Burial) vers ces sons sur ce morceau, mais je ressens quelque chose d’asiatique à certains moments, comme une vague sonorité qui s’évapore assez vite dans le reste de la noirceur des lieux et des voix diluées dans la pénombre. Bien sûr, le temple de béton ci-dessus brille de sa blancheur immaculée, mais j’imagine son intérieur rempli d’obscurité et de mystère.

Cela fait plusieurs semaines que je me suis mis à écouter une série de EPs de cet artiste expérimental et dubstep anglais Burial, tous ceux que je n’avais pas encore écouté. Il y a clairement un son caractéristique de Burial, bien qu’il évolue également de morceaux en morceaux. Cette musique est souvent faite d’un mélange de sons électroniques parfois sourds et de lignes de basse puissantes sur des sons qui crépitent. Ce n’est pas vraiment la musique qui s’accorde le mieux avec Tokyo, trop de lumières et de néons. Elle ressemble plutôt aux backstreets New-yorkaises ou aux villes post industrielles anglaises, du moins l’image que j’en ai. C’est une musique qui accompagne la nuit et ses halos de lumière diffuse.

La musique de Burial est complexe, elle change souvent de direction en cours de route, parfois mélangeant des moments de calme avant une tempête de sons, sur lequel des bribes de voix souvent féminines et modifiées de manière électronique viennent se superposer. Les incursions de voix, les soupirs sont nombreux dans les morceaux. Les nappes musicales y montent puis se calment. On se croirait dans des scènes de films où les personnages doivent fuir ou se cacher. Ce n’est pas un milieu accueillant ou confortable, et l’on ressent à travers cette musique une tentation de l’interdit et du danger. Les bruits de scanner de police viennent parfois entrecouper les morceaux et contribuent à cette impression.

Le EP Rival Dealer sorti en 2013 est certainement une de ses œuvres les plus puissantes émotionnellement. La musique synthétique sur Come down to us est belle à pleurer, comme cette voix asexuée qui se superpose comme une complainte. Ce morceau change d’ailleurs complètement d’esprit en cours de route et c’est déroutant à la première écoute. Cela rend ce morceau très fort en même temps. Dans ces morceaux polymorphes, chacun des sons et des silences semblent sous-pesés. La force et la tonalité des voix est comme contenue. C’est une musique très urbaine, une évocation de la ville en termes sensibles. C’est aussi ce que j’essaie de faire, tant bien que mal, avec mes photographies et mots.

東京99

Le premier jour de février de l’année 1999, le Boeing d’Air France me dépose à Narita en fin de journée. Ce n’est pas la première fois que je mets les pieds au Japon mais c’est bien la première fois que je vais entrer dans Tokyo, pour une période initiale de six mois de stage qui sera ensuite étendue sous d’autres formes jusqu’à maintenant. A cette époque, les vols long-courriers ne se posaient qu’à Narita et Haneda était plutôt réservé aux vols domestiques. Cette première entrée dans Tokyo était un long cheminement en bus limousine empruntant les autoroutes surélevées qui percent Tokyo à la hauteur d’immeubles de 4 où 5 étages. J’ai souvent dit dans quelques billets passés que l’autoroute surélevée intra-muros Shūto est le plus grand ouvrage architectural de Tokyo. C’est à la fois un formidable lien entre les différentes zones névralgiques de la ville, mais aussi une horrible cicatrice dans le paysage urbain. Le paysage avant l’arrivée dans le centre de la ville n’est pas des plus accueillants surtout de nuit. On est confronté à un mélange de barres d’immeubles quelconques et de docks maritimes, dont la froideur est saisissante. J’ai certes comme première impression celle d’un complexe urbain futuriste où l’humanité des lieux ne se dégage pas franchement. Tant que l’on navigue au dessus des âmes sur cette autoroute surélevée, la sensation d’une ville habitée ne se fait pas encore sentir. L’autoroute surélevée trace sa route comme un serpent cherchant son chemin dans le labyrinthe des rues et des rivières urbaines bétonnées. Lorsqu’il n’y a plus d’issues, l’autoroute plonge parfois dans les entrailles souterraines de la ville, pour reprendre sa respiration quelques centaines de mètres plus loin, en reprenant de la hauteur. Le bus limousine voyage d’hôtel en hôtel et termine sa course pour moi à Akasaka près du croisement de Tameike Sanno. Je ne séjournerais pas à l’hôtel mais dans un appartement loué au mois appelé Akasaka Royal Palace, qui n’a d’ailleurs de royal que le nom. Mais il faudra d’abord le trouver ce palace royal dans les rues sombres de lieux que je ne connais pas encore, en poussant péniblement une lourde valise. Il est pourtant assez proche mais il faut d’abord franchir un passage souterrain avec escaliers. On doit ensuite gravir une rue étroite sans trottoir en évitant soigneusement les taxis ayant pris leur élan depuis le bas de la pente. Après avoir tourné en rond plusieurs fois dans le quartier, je demande finalement mon chemin à une passante, d’un japonais hésitant. Elle se saisira aussitôt de ma carte et aura l’amabilité de m’accompagner jusqu’aux portes de mon palace royal japonais. Il fait nuit noire et l’appartement de la taille d’une chambre d’étudiant est bien sombre. Je me souviens de cette première nuit à Tokyo où le sommeil ne venait pas, peut être à cause du décalage horaire. Dans la nuit noire de la chambre, je me souviens m’être longuement demandé quelle idée m’était passé par la tête d’être venu m’installer aussi loin pour une période aussi longue de six mois. A ce moment-là, je n’avais aucune idée que 19 ans après, je serais toujours habitant de cette ville avec femme et enfant.

Je pense soudainement à mon arrivée à Tokyo en relisant Tokyo, c’est fini, le roman de Regis Arnaud publié en mars 1999, car la première scène du livre se déroule à l’aéroport de Narita. Je l’ai commandé et reçu récemment après une envie soudaine de le relire. Je l’ai lu pour la première fois l’année de sa publication en 1999 et je me souviens qu’on se le passait entre amis coopérants du service national à l’étranger (ou CSNE, équivalent du VIE maintenant). Il y avait une certaine proximité entre la situation des personnages du bouquin et la notre, ce qui rendait ce roman tout spécialement intéressant. Il devait se dérouler une ou deux années avant mon arrivée à Tokyo. On y reconnaissait quelques lieux que l’on fréquentait également de temps en temps à l’époque. Le trait était pourtant forcé et le portrait des jeunes français en mission à Tokyo, changeant de compagne à la moindre occasion, était même assez peu reluisant mais sans être dénué de certains traits d’humour. À vrai dire, personnellement, je ne me reconnaissais pas vraiment dans ce type de personnage sur-jouant leur culture française, mais comme eux, j’ai passé ma véritable jeunesse, la période de mes 20 ans, ici à Tokyo. Me revient maintenant le souvenir des dimanches matin après des nuits trop courtes dans les rues et boites de Tokyo, vers 4h quand il était temps pour nous de se séparer et de rentrer se coucher, alors que le soleil lui était déjà en train de se lever. Les rues de Shibuya près du croisement étaient calmes, mais loin d’être désertes à cette heure-ci. Il y avait des corbeaux et leur croassement m’était insupportable quand j’essayais de dormir pendant la journée du dimanche pour ne me réveiller que lorsque le soleil se couche déjà. C’était il y a 19 ans, et ça me paraît être une éternité. Je me dis maintenant que j’aurais du écrire un journal à cette époque pour me souvenir maintenant de tout ce qui s’est passé. Ce n’était pas ma priorité car il fallait d’abord que je vive ma jeunesse à Tokyo avant toute chose. Il ne me reste que quelques bribes de nouvelles provenant de mon ancien site internet et réunies à posteriori avant le premier article du blog. Peut être devrais-je faire travailler ma mémoire et coucher sur le papier ou les pages de ce blog mes souvenirs de cette époque.


Les 4 photographies de cet article ont été prises en 1999 avec un appareil photo Kodak APS. De haut en bas: (1) une vue du balcon de mon premier logement à Akasaka, (2) une vue sur le Rainbow Bridge depuis Odaiba, (3) une vue sur Akasaka sans les tours Akasaka Sacas et Tokyo Mid-Town pas encore construites, (4) une vue sur Marunouchi sans la plupart des tours actuelles.

Osaka ’18/4

La vue du château d’Osaka nous a accompagné pendant tout notre petit périple. Nous logions pour deux nuits dans un hôtel à proximité et on pouvait apercevoir le château dans un coin de la baie vitrée de la chambre. Le visiter faisait partie du programme, d’autant plus qu’on voulait profiter un peu plus des quelques cerisiers qui agrémentaient les jardins fortifiés du château. Comme la plupart des châteaux japonais, il a été reconstruit plusieurs fois et la dernière version en date est très récente car elle est de 1997. Les murailles de pierre donnant sur les douves du château sont par contre plus anciennes et sont vraiment impressionnantes par leur taille. J’aime beaucoup la dynamique courbe de la muraille qui vient se jeter dans l’eau des douves. On grimpe vers le château en marchant le long des ces immenses murs de pierre, jusqu’à un pont traversant les douves. Sans s’en rendre vraiment compte, nous sommes déjà au pied du château. Un ascenseur aux parois de verre nous rappelle que ce n’est plus un bâtiment historique ayant traversé les guerres de clans, mais une construction faite de matériaux modernes. On peut monter au 5ème étage par un ascenseur ou monter à pieds par l’escalier. Du 5ème au 8ème et dernier étage, il faut par contre monter à pieds. Nous monterons par l’escalier, mais ce n’était de toute façon pas imaginable de faire la file d’attente de l’ascenseur vue la foule présente. C’est encore une fois le problème de ce genre de lieu: la foule de touristes des visites organisées en cars. En haut du château, la vue panoramique que l’on a sur Osaka est superbe, mais il faut jouer des coudes pour s’approcher des balustrades. J’exagère un peu, on ne se marche quand même pas sur les pieds, mais j’avais perdu l’habitude de ce genre de visites encombrées (quoique dans les musées de Tokyo le week-end, ça peut être la même chose). Nous visiteront le musée situé à chacun des étages du château, un peu rapidement pour s’extraire de la foule. On apprendra quand même à travers des scènettes en hologrammes très bien faites, la vie de Toyotomi Hideyoshi, depuis ces origines modestes jusqu’à son ascension au pouvoir en seigneur de guerre, mais également comme l’un des unificateurs du Japon. A l’époque de sa toute puissance dans les années 1580, il se fait construire le château d’Osaka.

Nous continuons ensuite notre visite des quartiers d’Osaka en descendant un peu plus au sud jusqu’à la station Tennōji sur la ligne de train circulaire Osaka Loop Line, l’equivalent de la ligne Yamanote de Tokyo mais en plus récent semble t’il. A Tennōji, je voulais jeter un œil à la monstrueuse tour Abeno-Harukas. La tour n’est pas monstrueuse par son design, quoiqu’un peu difforme, mais par sa taille de 300 mètres de hauteur pour 62 étages, faisant d’elle le plus haut building du pays. On hésite un peu, mais nous ne monterons pas tout en haut, faute de temps. Je me contente de prendre la tour en photo quand un recul suffisant me le permet. Nous allons plutôt dans le quartier de Shinsekai, autour de la petite tour Tsutenkaku. Les rues du quartier sont volontairement surchargées d’affichages en tout genre. On y trouve plusieurs restaurants de brochettes kushiage de viandes, légumes ou fruits de mer fris. Un rabatteur devant la tour essaie de nous convaincre de venir dans son restaurant. Après quelques hésitations, on finit par le suivre et nous nous assiérons au comptoir. Le cuisinier devant nous et la serveuse un peu plus âgée qui semble être également la gérante des lieux sont tous les deux assez bavards. Mais pas facile de répondre aux questions qu’on me pose avec une tomate en brochette archi-chaude dans la bouche. On me demande depuis combien de temps j’habite au Japon et ensuite, pour quelle raison je suis venu habiter ici. Je pioche dans les explications typiques et un peu générales que je donne à chaque fois, mais c’est un peu laborieux car ça faisait longtemps que l’on ne m’avait pas posé la question. À vrai dire, après 19 ans de vie au Japon, j’aurais pu lui dire que j’ai oublié la raison pour laquelle je suis venu. Ça fait tellement longtemps après tout.

Nous remontons ensuite un peu au nord, à Kitahama sur la ligne de métro Midosuji, pour aller à la pâtisserie Gokan, la pâtisserie des samouraïs, est il écrit. Il se trouve dans un vieux building historique. Nous montons à l’étage pour une dernière pause thé et café avant de reprendre le Shinkansen pour Tokyo à 17h30 ce soir. On croyait être assis tranquillement à l’étage quand un bruit strident de marteau piqueur nous fait sauter de nos chaises. On construit un nouvel immeuble juste à côté. Tout d’un coup, je prends peur pour ce vieux bâtiment de briques qui nous abrite. Va t’il résister aux tremblements du marteau piqueur juste à côté. Ça serait trop bête de se retrouver ensevelis sous les gravats et manquer notre Shinkansen. Heureusement, le Dieu des constructions urbaines nous entend et nous accorde une trêve des travaux pendant notre café. Tout est bien qui finit bien, le Shinkansen n’a pas une seconde de retard, mais on n’en doutait pas. Il paraît que dans certains pays, les trains n’arrivent pas à l’heure indiqué sur le ticket, mais ça doit surement être une légende urbaine.