the streets #3

Nous sommes entrés dans l’ère Reiwa depuis ce matin mais je continue à montrer des photographies prises pendant l’ère précédente Heisei. Vous me pardonnerez ce mélange d’époques, car il me reste encore beaucoup de photographies de l’époque Heisei à montrer sur ce site et les photographies que j’ai pris aujourd’hui pendant les longs congés de la Golden Week sont loin d’être développées. Quand je parle de développement, il s’agit bien entendu de développement numérique. Je retouche assez peu mes photographies mais passe par une phase d’ajustement systématique de la balance des couleurs et de la saturation, du contraste, du renforcement des noirs tout essayant de récupérer certains détails effacés par une éventuelle sur-exposition. Je fais cette phase d’ajustement, que j’appelle développement numérique, d’une manière presque mécanique photo après photo. Les ajustements pour chaque photographie sont bien entendu différents mais l’habitude que j’ai gagné avec les années me permet de développer mes photographies assez rapidement. Un de mes soucis est de ne pas exagérer le trait, ne pas trop forcer sur les ajustements pour garder une photographie naturelle. C’est assez facile de tomber dans le piège de l’excès.

Je n’ai pas beaucoup de commentaires à écrire sur la série de photographies ci-dessus, à part de préciser qu’elles sont prises à des périodes différentes. Je les réunis sur ce billet pour faire jouer le contraste entre béton et verdure. Tadao Ando nous l’a appris, le béton brut s’accorde bien avec le vert des jardins, il doit même être un facteur mettant en valeur le vert. Dans ma série, j’intercale volontairement le béton d’un bâtiment au bord de la rivière de Meguro et celui d’un petit building couvert d’un rideau métallique à Aoyama, avec les plantes à l’abandon derrière une vieille baraque ou sur un terrain vague et celles beaucoup plus organisées dans des petits pots de fleurs. Il n’est pas rare de voir ce genre de petits pots de fleurs soigneusement alignés le long d’une maison ou d’une balustrade de rue de quartier résidentiel.

Ce matin, premier jour de Reiwa, je me réveille en écoutant un nouveau morceau du futur album de Sheena Ringo, 三毒史 (Sandokushi) qui sortira le 27 mai. Il s’agit du premier morceau de l’album et il s’intitule 鶏と蛇と豚 (Niwatori to Hebi to Buta – Gate of Living). Le morceau est malheureusement assez court et j’aurais préféré la voix de Sheena Ringo sans auto-tune, mais l’ambiance musicale y est très intéressante. C’est le premier morceau de l’album donc il ressemble à une introduction à ce qui va suivre. Ce matin, on achète le journal du jour pour le garder en souvenir et parce que Zoa a comme devoir d’école de résumer un article de journal qu’il aura choisit. En feuilletant le journal Asahi du premier jour de Reiwa, je découvre par surprise une annonce en pleine page du nouvel album de Sheena Ringo. La couverture de l’album, où elle se transforme en centaure ailé guitare à la main, est vraiment surprenante et, pour sûr, ne passe pas inaperçue. J’apprécie la prise de risque alors qu’elle aurait pu se contenter d’une imagerie plus traditionnelle, preuve que Sheena Ringo n’est pas une artiste comme les autres. J’espère que les nouveaux morceaux de l’album qu’on découvrira à la fin du mois provoqueront le même effet de surprise. L’affiche donne également la liste des titres et on retrouve avec plaisir les effets de symétrie de la playlist que j’avais déjà constaté sur des albums précédents, notamment de Tokyo Jihen. Par exemple, la playlist de 13 morceaux est centrée autour du septième morceau TOKYO, le seul en Romangi. Ou encore: tous les titres des morceaux font exactement la même longueur, les premier et dernier morceaux ont des compositions similaires et les deux seuls morceaux en katakana sont à des emplacements symétriques en 3ème et 11ème places. J’aime beaucoup ce genre de petits jeux de présentation, qui laisse penser que rien n’est laissé au hasard.

8 commentaires

  1. Quel régal, cette double série ‘Haruyasumi’ et ‘the streets’. Très jolies photos dans les deux cas. Je me demandais juste si les détails a propos des châteaux visités sont le fruit de recherches sur place ou au retour, ou bien es-tu un spécialiste en histoire du japon féodal ? ; )

    Sinon, j’attends beaucoup de cet album de Shiina Ringo. Apres quelques albums plutôt moyens, je suis prêt à me prendre une claque identique à celle prise à la première écoute de son troisième album KSK, dans lequel rien ne semblait laisse au hasard non plus. ( La durée de l’album en 44:44 etc … ) Je n’ose cependant pas écouter ce premier titre, de peur d’être déçu : /

  2. Merci!! et désolé, je ne sais pas pourquoi mais ton commentaire était passé en modération sous WordPress et je ne m’en étais pas rendu compte. Oui je suis spécialiste de l’histoire féodale japonaise. Non, je plaisante, je me renseignais sur place, avec les prospectus qu’ils donnent lors des visites et aussi après sur Wikipedia ou autres sites Internet. En fait, toutes nos visites historiques avaient à voir avec la période des batailles de Sengoku et je m’y suis intéressé à force des visites. En plus, mon fils qui a lu toute une série de mangas éducatifs sur l’histoire du Japon est beaucoup plus calé que moi et j’essaie de suivre le rythme. On a également visité le château de Odawara pendant la GW, dans la continuité historique de ce qu’on a vu à Shizuoka.

    Je suis aussi impatient que ce nouvel album sorte à la fin du mois, même si on connaît déjà la moitié des morceaux sortis au compte-goutte ces dernières années. Je préférerais vraiment qu’elle limite les morceaux promotionnels et qu’elle sorte un album avec seulement des nouveaux morceaux, mais ça ne sera pas tout à fait le cas cette fois non plus. J’ai quelques craintes sur la cohérence de l’ensemble, mais on verra bien. Je n’avais pas remarqué que KSK faisait 44:44 mins. J’aime bien ce genre de détails !

  3. C’est fou la façon dont les enfants ingurgitent tout ce qu’ils lisent, je n’arrive pas à suivre non plus. Je crois que c’est la meme série de manges qui nous a fait aller à Sekigahara l’autre jour. Je pense que nous allons faire prochainement un tour à Kakegawa, merci du conseil ; )

    Pour SKS, le magazine ‘Gb’ (04.2003) avait sorti à l’époque une interview (comportant d’ailleurs d’exceptionnelles photos) ou elle expliquait l’album dans sa réalisation (l’utilisation d’instruments traditionnels, les pistes enregistrées unes à unes pour chaque instrument) son concept (L’effet miroir du 44:44, la graphique des titres, le titre de l’album …), le parallèle avec le mystérieux et complexe court-métrage ‘Hyaku iro megane’ etc … Tout un univers !

    Depuis, je me suis fâché avec ses quelques albums au niveau largement inférieur et le magazine a fini chez Boof-Off, mais l’album reste un événement majeur dans ma vie musicalement parlant. D’ailleurs il me plairait de retrouver cet article quelque part, de le relire en profondeur puis me replonger dans l’univers de l’album.

  4. Content de donner des idées de visite, je pense que Kakegawa ne doit pas être trop trop loin de Nagoya.

    Je me suis mis à chercher rapidement sur Internet le magazine dont tu parlais. Je pense que c’est celui en image ci-dessous? Je voulais essayer de trouver les pages dont tu parles en version scannée, au cas où, mais je n’ai pas trouvé. Je jetterais un oeil aux Book-Off du coin au cas où je trouve cette couverture. Pour Hyaku iro megane, je n’ai qu’un vague souvenir, mais je ne suis pas sûr de l’avoir vu en entier, peut être seulement un morceau pour le clip de Kuki /Stem. Je pense l’avoir déjà vu le DVD en vente au Disk Union, je vais chercher. Merci pour ces pistes ! En ce qui me concerne, j’avais arrêté d’écouter Sheena Ringo vers 2004 après le premier disque de Tokyo Jihen alors que le style musical commençait à changer. Je m’y suis remis il y a deux ans en achetant et en écoutant à la suite tous les disques qui me manquait (ou presque), et je me suis mis à les apprécier même sans retrouver la passion des premiers disques.

  5. Merci pour la recherche, c’est bien celui-ci. Je n’ai rien trouve non plus de mon cote, ni sur internet ni au Book-Off du coin d’ailleurs : /

    Les deux premiers disques de Tokyo Jihen étaient sympas, surtout leurs très bonnes adaptations en live. J’ai ensuite saturé puis été complètement écoeuré par ‘Sanmon Gossip’ et en cerise sur le gâteau son Nieme inutile version de ‘Marunouchi Sadistic’ . Depuis il y a eu du bon et du moins bon, mais c’est une des rares artistes que je suis encore régulièrement.

  6. Du coup, je suis parti hier soir acheter le DVD du film Hyaku Iro Megane au Tower Records de Shibuya. Comme je le pensais, je connaissais cette pochette mais j’ai toujours cru que c’était une n-ième version du morceau Stem. Je suis assez curieux de voir ce court métrage tranquillement ce week-end. En attendant, je me mets à réécouter les albums de Sheena Ringo et Tokyo Jihen à la suite, histoire de se remettre dans l’ambiance.

  7. Bonjour Frédéric,
    Il y a des circonstances qui ont de quoi surprendre !
    J’écris actuellement un scénario de BD qui se passe à Tokyo et j’avais besoin de trouver des pistes graphiques pour mon dessinateur.
    J’atterris sur votre blog et réalise que nombre de choses font échos à l’atmosphère hybride que je me suis créé pour travailler : je suis un grand amateur de Shiina Ringo. Ne pouvant me résoudre à télécharger le nouvel album Sandokushi, je calme ma ringomania en défleurant son album « sunny » que j’ai acheté 6 mois plus tôt lors de mon dernier passage au Japon (par patience et pour distiller le plaisir entre deux voyages au japon, je m’autorise la découverte d’un album japonais que tous les 2 mois…).
    Une fois « sunny » terminée, je retrouve un classique qui posera une ambiance plus trouble pour soutenir la scène que j’écris : c’est Kid A. Chaque écoute de Radiohead est l’occasion de se replonger dans leur livret que j’ai l’impression de découvrir pour la première fois à chaque fois. Se faisant, je continue quelques minutes de parcourir votre blog que je trouve très intéressant, en particulier je lis vos billets sur Tokyo Jihen et Shina Ringo et me retrouve confronté à…Radiohead, King of the Limbs.
    Bref, les égouts de Tokyo comme point de départ et au final deux références coup sur coup de deux artistes majeurs de mon univers musical que j’ai écoutés ce matin. J’avais besoin de partager cette coïncidence avec vous !
    Merci pour votre blog et bonne écoute de Sandokushi ! Pour moi il faudra patienter l’été 2020. Mais d’ici là je peux tenir quelques temps sur mes « réserves » qu’il me reste à découvrir (Muzai Moratorium, Sanmon Gossip, et Gyakuyunyū Kōwankyoku).
    Nicolas

  8. Bonjour Nicolas, merci beaucoup pour votre message!
    J’aime beaucoup ce genre de coïncidence, merci de l’avoir partagé. Mes intérêts, notamment musicaux, se construisent et se développent souvent par des coïncidences ou des associations. Sheena Ringo, Radiohead constituent également une partie majeure de mon univers musical, je dirais même indispensable, avec d’autres comme Sonic Youth ou Autechre dans un style tout à fait différent. Du coup, vous me faites relire mon billet sur Tokyo Jihen et King of the Limbs, c’est vrai que je les avais écouté à peu près en même temps. Pour Sheena Ringo comme pour Radiohead, j’ai eu une période d’immense passion sur les premiers albums, puis une période à vide et une redécouverte tout aussi passionnée ces dernières années.

    Je suis en plein dans l’écoute de Sandokushi dont je viens juste de poster un billet ce matin. Bonne continuation pour le scénario de votre BD et dans l’écoute de Sheena Ringo!

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