幽霊たちがやって来たらどうしょう

Je n’avais pas construit de compositions photographiques depuis un petit moment mais je me suis laissé inspirer sur ce billet par la musique qui va suivre. J’écoute cette musique en concevant ces images et je construis ces images en écoutant cette musique. Une relation invisible se crée. Si cette relation ne se manifeste pas directement dans ces images, je la vois et la mémorise dans l’acte de création de telle sorte que ces images deviennent indissociables de cette musique. Ces compositions sont principalement des superpositions d’images venant donner une nouvelle dimension fantastique à des décors urbains maintes fois fréquentés. Nous sommes ici dans les rues de Shibuya, Aoyama et Ebisu, mais la plupart des compositions se basent sur des photographies prises à l’arrière des buildings, là où on ne va pas toujours et où se produisent pourtant des choses fantastiques, à l’abri des regards des passants. Quand je publie des billets comme celui-ci, l’utilisation du noir et blanc me paraît tellement être une évidence qu’il me vient toujours l’envie de ne publier mes prochains billets que dans ce format. Je me ravise toujours plus tard car Made in Tokyo ne devrait pas se renfermer dans la rigidité des formes.

Toujours dans la liste des meilleurs albums japonais de la décennie passée, que je mentionnais dans un billet précédent, je découvre maintenant une autre pépite musicale, l’album Yūrei Tachi (幽霊たち) de Moe and Ghosts. C’est un album de hip hop expérimental vraiment excellent. Je n’ai pas l’habitude d’écouter beaucoup de hip hop, mais l’ambiance de cet album est exceptionnelle. La voix de Moe est par moment tellement rapide qu’on a du mal à distinguer ses mots. Elle change aussi souvent de tons de voix. L’ambiance sonore plutôt sombre introduisant parfois des sons mécaniques post-industriels apporte beaucoup à la qualité de l’album, mais c’est cette voix, et sa dynamique, qui impressionne tout de suite dès la première écoute. L’album est disponible sur iTunes mais je l’ai écouté en entier sur YouTube avant de l’acheter. Ça vaut le coup de jeter une oreille à cette musique car elle est vraiment différente. L’album a une grande unité de style et s’écoute donc d’un bloc. Il fait un peu plus d’une heure pour 21 morceaux, mais certains sont des interludes très courts mais toujours avec de belles ambiances comme le dixième Yuki Ga Furu Maeni (雪が降るまえに – avant que la neige tombe). Chaque morceau a sa petite particularité et son point d’accroche mais fait partie d’un tout. Certains morceaux sortent tout de même du lot comme Ginga, qui commence par une voix nue avant que la dynamique tranchante du morceau se mette en place, ou la reprise de Scarborough Fair de Simon and Garfunkel. Cette version est très particulière, fantomatique comme le reste de l’album. Je n’aime en général pas beaucoup les reprises, mais là, le morceau prend une toute nouvelle forme, très bizarre et inspirée. Le titre de l’album et de certains morceaux nous parlent de fantômes (yūrei) et l’imagerie qui accompagne le groupe, dont on ne sait que peu de choses, est également pleine de mystères. Il s’agit d’un album conceptuel immersif. En écoutant cette musique en marchant dans les rues de Tokyo en noir et blanc, j’ai l’impression de voir apparaître des formes fantomatiques derrière les buildings. L’album n’est pas récent car il date du mois d’août 2012, ce qui me fait d’ailleurs penser qu’il y a encore beaucoup de pierres précieuses dans la musique indépendante japonaise dont je suis loin de soupçonner l’existence. Il ne faut jamais abandonner ses recherches dans les méandres musicales loin d’un mainstream.

4 commentaires

  1. J’aime beaucoup la quatrième photo, où il est difficile de savoir si c’est la forêt qui se trouve dans le bâtiment, ou bien le bâtiment dans la forêt, ou ce qui reflète quoi. Pourquoi ne pas faire part des tes créations au groupe ? Bonne continuation.

  2. Bonjour mahl, et merci pour ton commentaire. La quatrième composition doit être celle que je préfère également, bien que la première correspond le mieux au titre du billet car le personnage en graffiti me fait penser à un fantôme, certes complètement inoffensif.

    En fait, à chaque fois que je publie un billet sur le blog, j’utilise la fonction WordPress qui envoie automatiquement un tweet customisable sur Twitter. Sur la plupart des billets parlant de musique, j’ajoute en général un lien vers le compte Twitter du groupe ou de l’artiste dont je parle dans le billet. C’est la manière que j’ai trouvé de partager mes textes et photos, mais le but caché est de voir si mon billet va susciter une réaction de la part de l’artiste en question. Les artistes étrangers connus ne réagissent jamais bien entendu, mais certains artistes ou groupes japonais indépendants mettent parfois un message en re-tweet sur leur compte Twitter et me suivent parfois ensuite. Je ne pense pas qu’ils prennent tous le temps de traduire le texte que j’écris à leur propos et les commentaires laissés sur Twitter sont plutôt des remerciements qu’autre chose, mais ça reste une marque d’attention en espérant que mes photos/compositions puissent apporter un brin d’inspiration. Il y a beaucoup de suppositions dans tout ça et concrètement, ça n’a jamais été plus loin qu’un petit message.

    En voici quelques uns juste pour illustrer mon propos et les garder en mémoire quelque part car tout ça finit par être noyé dans les flots de Twitter.



  3. WOW ! Voilà qui est plus que gratifiant ! Un petit message de Tokyo Jihen serait une consécration j’imagine ; )
    J’ai pour ma part beaucoup de difficultés à ‘vendre’ mon blog, même auprès des connaissances et proches. Je préfère laisser jouer le hasard et voir par quel moyen les visiteurs tombent dessus. (Je me souviens avoir découvert le tien via expat.com )

  4. Oui, mais pour Tokyo Jihen ou Sheena Ringo, il y a peu de chance vu que leur compte Twitter doit être géré par les staff de SR Nekoyanagi Line qui, à mon avis, ne doivent pas prendre l’initiative d’aller commenter le tweet d’un inconnu. Mais ça doit être le cas pour tous les artistes connus de toute façon.

    Pour faire connaître ce blog, je ne fais pas grand chose non plus. Je n’en parle en général pas à mes proches à moins qu’on aborde le sujet. En fait, certains de mes proches ou connaissances suivaient mon blog il y a une dizaine d’années mais ne savent en général pas que je continue à le mettre à jour. Beaucoup ne prennent plus la peine de consulter les blogs depuis longtemps et je ne vais pas non plus les forcer. Par contre, je garde ce lien vers Twitter pour chaque billet publié. Ça permet d’étendre un peu l’auditoire bien que ça reste difficile à évaluer. En fait, l’auditoire Twitter doit être assez illusoire car je pense qu’un grand nombre de personnes ne prennent pas le temps de cliquer sur le lien vers le blog depuis un tweet. C’est le problème de Twitter qui nous pousse à passer notre temps à regarder beaucoup de choses sans approfondir.

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