House A par Ryue Nishizawa

J’ai découvert House A par l’architecte Ryue Nishizawa tout à fait par hasard alors que je faisais un jogging dans un des quartiers d’Aoyama. Au détour d’une toute petite rue en courbe donnant sur un parc, je tombe sur une forme en cube métallique entourée de verdure. On pourrait presque passer devant sans y faire attention tant elle est camouflée derrière des plantes et arbres. Mais cette forme simple de métal sur laquelle est posée une grande ouverture m’intrigue tout de suite. Des pots avec quelques plantes et une veille boîte à lettres rouge posée sur une chaise de jardin rouillée semblent disposées aléatoirement devant ce qui ressemble à une étroite porte d’entrée. Mais, en m’attardant un peu devant ce petit jardin, il me vient en tête que cet espace n’est peut être pas aussi brouillon qu’il en a l’air. Cet espace me donne même maintenant le sentiment d’avoir été volontairement organisé de cette façon pour donner l’impression d’un lieu où la nature du jardin serait privilégiée. Me reviennent ensuite en tête des photographies de l’intérieur d’une maison de Ryue Nishizawa, que j’avais vu dans un numéro du magazine Japan Architects. On y voit un espace simple et lumineux comme une verrière dans lequel sont posés à même le sol de béton quelques pots de fleurs et une chaise en bois. Cet espace blanchâtre ressemble à un jardin intérieur et brouille les pistes entre l’espace intérieur habité et celui extérieur du jardin. Je confirmerai un peu plus tard que cette maison très compacte est bien House A de Ryue Nishizawa. Elle apparaissait dans le numéro 66 d’été 2007 de Japan Architects intitulé Towards a New Architecture-scape, qui comme son titre l’indique donnait des exemples de maisons en centre urbain où l’architecture s’intègre avec le paysage en profitant des interstices vacants de la ville. Moriyama House (2005) et Garden & House (2007) de Ryue Nishizawa y sont bien entendu présentés. House A (2006) amène, d’une manière similaire, le jardin à l’interieur de la maison. Il s’agit d’un concept que l’on trouve déjà dans l’architecture traditionnelle japonaise où les portes coulissantes des maisons de bois peuvent s’ouvrir pleinement et donner directement sur le jardin. Ryue Nishizawa modernise ici ce concept en y apportant des nouvelles compositions spatiales. House A se trouve à proximité d’un parc, qui a la particularité de se mélanger avec les habitations de la zone résidentielle alentour. On a l’impression que les limites de ce parc sont flous, et la végétation devant House A s’inscrit dans la continuité de cet environnement extérieur.

La maison House A est étroite et tout en longueur, organisée autour d’une véranda (nommée ‘sunroom’ sur le plan ci-dessus) dont une partie du toit fait d’une plaque de métal peut se déplacer sur un rail. On peut voir cette véranda sur les trois petites photographies ci-dessus extraites de magazines d’architecture. C’est un espace simple avec peu de meubles, un espace très lumineux que le propriétaire fait ressembler à un jardin. Malgré le fait qu’il soit encastré entre deux maisons de chaque côté, cet espace capte la lumière. On imagine très bien la qualité de cet espace et la sérénité qui s’en dégage, allongé sur le sofa-lit à regarder les plantes pousser tranquillement. Chaque pièce de la maison possède des grandes fenêtres ou baies vitrées, ce qui renforce la luminosité. Mais comme à chaque fois sur ce type de maisons ouvertes, le vis-à-vis fait que les rideaux doivent être la plupart du temps fermés. A une des extrémités de la maison, sur la première photographie du billet, la maison gagne en hauteur pour former deux étages. Une salle de bain est placée au rez-de-chaussée et une chambre à l’étage. Il s’agit d’une maison principalement de plein-pied conçue pour une seule personne. De ce fait, il n’y a pas de séparations véritables entre les différentes pièces, au plus des rideaux blancs presque transparents pour former une démarcation. Les trois autres photographies en haut de mon billet montrent le bloc de métal contenant une chambre d’ami. Une grande ouverture carrée placée en hauteur, que l’on aperçoit sur la quatrième photographie du billet, donne sur cette chambre d’ami. La hauteur et la composition de chacune des pièces sont très variables. Juste à côté de la chambre d’ami, l’espace se découpe en deux étages pour former une petite étude. Lorsque l’on passe rapidement devant ce bloc de métal, on a du mal à imaginer la qualité et la pureté de l’espace intérieur mais on le devine.

6 commentaires

  1. Bonjour Nicolas,
    Tu fais très bien de l’évoquer car j’ai failli tomber en marchant par mégarde sur une des bouteilles lorsque je cherchais à prendre du recul pour prendre la maison en photo. La disposition ici était très particulière avec une première rangée debout le long du muret suivie d’une autre rangée à plat à la perpendiculaire et finalement un dernier rempart à plat et en ligne. Ça ressemble à une fortification miniature pour se protéger de l’ennemi extérieur quel qu’il soit! Ma compréhension est la première qui est donnée sur le site dont tu donnes l’adresse: pour éviter que les chiens et chats ne viennent pisser sur les murs d’une propriété car les reflets de lumière dans les bouteille les éloigneraient. Un peu dans le même genre, j’ai déjà vu un mur d’une maison avec des petites portes rouges torii de sanctuaire dessinées presqu’au raz du sol. Les propriétaires doivent peut être penser que les chats et chiens éviteraient de faire leurs besoins sur ce symbole sacré.

  2. Wow, alors dans notre cas d’espèce, aux vues des fortifications, on a affaire à un habitant qui a en horreur les chats et les chiens…
    Merci pour l’anecdote des petites portes torii qui m’a bien amusé !

  3. Oui, ou alors en y repensant, c’est peut être un système pour éviter que les voitures viennent se garer à cet endroit car il s’agit d’une courte voix sans issues et que l’emplacement des bouteilles suffirait tout juste à empêcher une voiture de se garer. Sous prétexte de faire fuir les chats, les propriétaires espèrent peut être éviter les voitures gênantes. Ce n’est qu’une supposition… Il faut reconnaitre que je n’avais jamais vu ce type de disposition et ça mériterait d’y revenir pour vérifier d’un peu plus près :-) Pour les portes torii, j’essaierais d’en prendre une photo la prochaine fois que je passe à cet endroit.

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