いつも正しいことばかり言う

Ce billet déborde de couleurs vives qui viennent contraster avec le décor urbain grisâtre. Un petit immeuble de la rue commerçante de Naka Meguro a soudainement subi une transformation haute en couleur. Un mur rouge et une geisha à légère tendance futuriste, accompagnée d’une traîne d’origami volants, viennent perturber le regard des passants. En fait, je semble être la seule personne à remarquer cette illustration géante. Elle fait peut être déjà partie du décor et n’entraîne plus l’intérêt des passants. On ne peut pas dire que cette geisha, dans son ensemble, ait beaucoup de personnalité mais le dessin est bien exécuté et les couleurs sont très denses. Je préfère ne montrer que les pieds et le bas du kimono qui sont les parties les plus réussies de l’illustration. On peut par contre voir l’intégralité de cette geisha sur le compte Instagram de Nakameguro Arts District. A vrai dire, je me force un peu à ne pas montrer de photographie de geisha car ce style d’images est devenu trop ‘cliché’ du ‘Japon qu’on aime tant’. Je l’ai bien fait dans le passé même si ce n’était pas de vraies geisha, mais je préfère détourner l’image comme la photo de geisha dont le visage est caché dans des nuages sur une des dernières pages de mon photobook In Shadows. En feuilletant ce photobook pour y retrouver cette image, je me dis que In Shadows doit être le photobook que j’ai le mieux réussi conceptuellement, même si cet ouvrage reste en grande partie incompris.

Dans une petite rue perpendiculaire à celle où se trouve ce dessin de geisha, je reconnais dans un magasin de vêtements vintage les personnages Beavis et Butt-Head sur un t-shirt noir. Je n’étais pas particulièrement adepte de cette série de Mike Judge, passant sur MTV dans les années 1990, même si elle est devenue culte, mais je regardais beaucoup MTV à cette époque. Je revois donc ces deux têtes avec une certaine nostalgie en pensant à l’humour complètement décalé de cette série et aux rires légèrement malsains des deux personnages. J’ai pris la dernière photographie derrière le PARCO de Shibuya. On était en train d’y installer une grande illustration d’un personnage d’inspiration manga aux cheveux rouges. Je ne sais pas du tout si ce personnage correspond à un manga en particulier ou s’il s’agit d’une création originale pour le Department Store PARCO. J’ai eu l’impression que le dessin n’était pas encore terminé au moment où je suis passé. En fait, le soir de mon passage rapide dans cette rue, une émission musicale était tournée en direct dans le studio Super Dommune de PARCO et retransmise sur YouTube. L’émission en elle-même ne m’avait pas beaucoup intéressé à part pour la partie où BISH interprétait un ancien morceau Beautiful さ sur la terrasse tout en haut du PARCO. L’émission était sensé donner une idée de ce à quoi pourrait ressembler les événements musicaux dans le futur, considérant les contraintes imposées par le virus Corona. Dans les images de synthèse que montrait l’émission, on retrouvait notamment ce personnage féminin aux cheveux rouges.

“Eh eh… Hu Hu Huuu….. mass of the… eh eh eh… hu huuu… fermenting… yeah dude hu hu huu… dregs… hu hu huu…. heavy machinery cool” Je fais parler Beavis et Butt-Head pour annoncer la musique qui va suivre.

On ne peut pas évoquer le rock indé japonais sans parler de Mass of the fermenting Dregs, (マス オブ ザ ファーメンティング ドレッグス) qu’on appellera plutôt M.o.F.D. ou Masu Dore (マスドレ) par souci de simplicité et parce que ce nom de groupe est des plus improbables. Ce n’est pas le seul groupe japonais avec un nom à coucher dehors et dans le cas de M.o.F.D., je n’ai pas cherché à en connaître l’origine. Natsuko Miyamoto, fondatrice originelle du groupe et seule survivante de la formation initiale après quelques réformations, avoue elle-même avoir composé ce nom de groupe comme une association de mots lui passant par la tête à ce moment-là. Il n’empêche que la musique rock alternative post-hardcore du groupe est d’une énergie étonnante et d’une efficacité à toute épreuve. On ressent cette énergie dans la voix de Natsuko mais aussi dans le jeu sans faille et réglé au millimètre de Naoya Ogura à la guitare accompagné de Isao Yoshino à la batterie. Le groupe s’est d’abord formé d’un trio féminin à Kobe en 2002, mais le départ de deux membres du groupe pour des raisons différentes a eu raison de l’énergie combative du groupe qui entra dans une période de hiatus de quelques années à partir de 2012. Le groupe ressortira de l’ombre en 2018 avec l’album auto-produit No New World. Plus récemment, M.o.F.D. vient de sortir le EP de deux titres You / Uta wo Utaeba うたを歌えば, en avance de leur nouvel album Naked Album en cours de crowdfunding. Ces morceaux, tout en débordant d’énergie, restent très mélodiques dans l’ensemble. C’est notamment le cas des deux morceaux du EP. Les premiers morceaux de No New World, comme New Order ou Asahinagu, prennent également des accents power pop, mais le groupe fait également des passages bienvenus vers des sons plus expérimentaux et distordants, sur le trop court Yah Yah Yah et sur le troisième morceau If Only démarrant sur un son lourd de guitares. On trouvait également cet aspect sur le EP éponyme du groupe sorti en 2008, seul album que je connaissais de M.o.F.D. jusqu’à cet album de 2018 et le nouvel EP. On pourrait craindre que l’énergie l’emporte sur l’émotion, ce qui n’est pas faux par moments, mais des morceaux comme Sugar contre-balance ce sentiment. Sugar doit être un de leurs meilleurs morceaux. J’ai tendance à écouter de la musique sombre et mélancolique (ce qui n’a absolument rien à voir avec mon état d’esprit), donc une petite enjambée vers une énergie plus positive fait beaucoup de bien de temps en temps. Précisons que j’ai acheté cet album et cet EP sur Bandcamp les jours où le site levait entièrement leurs frais de gestion. Pendant cette période du Corona virus, Bandcamp fait ce geste une fois par mois au bénéfice des artistes qui reçoivent donc la totalité du montant d’achat de l’album.

2 commentaires

  1. Merci pour la découverte de MOFD (que j’aurai simplifié à la japonaise en « Masu Ofu » si ça ne tenait qu’à moi… Ah les japonais et leur sens de la simplification des noms de groupes, toute une histoire ! A la maison, j’incarne le clan « Red Hot » et ma copine celui du « Red Chili » pour parler des Red Hot Chili Peppers…)

  2. Oui, je suis d’accord « Masu Ofu » en contraction des deux premiers mots, aurait été un peu plus naturel que d’utiliser les diminutifs des premiers et derniers mots du nom du groupe. Content en tout cas de t’avoir fait découvrir ce groupe. Le EP éponyme de 2008 est très bon aussi, mais je me rends compte que j’en avais jamais parlé auparavant sur ce blog. En France, on dit en effet « Red Hot ». « Chili » doit est plus facile à prononcer en japonais et les diminutifs cherchent toujours la simplicité et la facilité de prononciation. Je dirais même que les japonais regardent comment le mot sonne dans son intégralité en diminutif. « Masu Dore » ou « Red Chili » doivent mieux sonner à l’oreille que « Masu Ofu » our « Red Hot ».

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