白黒になる東京 (2)

Le noir et blanc continue à gagner Tokyo sur les photographies de cette petite série de quelques épisodes. Elles sont prises dans des lieux différents avec l’objectif 40mm que j’aime utiliser en ce moment. J’y ajoute parfois des éléments d’architecture comme sur quelques photographies du premier épisode. Je n’avais pas mentionné dans le premier billet qu’il s’agissait sur la première photographie du musée d’art Watarium conçu par l’architecte suisse Mario Botta en 1990. La grande fresque composée de photographies de visages collées sur la façade du musée a presque entièrement disparu. Il ne reste que quelques traces de papier qui demanderaient à être nettoyées, mais le concept de cette œuvre était apparemment de voir comment elle allait se décomposer avec le temps. L’autre photographie d’architecture du premier billet de cette série montrait la petite maison futuriste Delta à Meguro par l’architecte Akira Yoneda d’Architecton et l’ingénieur de structure Masahiro Ikeda. Je passe de temps en temps devant cette petite maison qui a l’attrait de ne pas être trop connue, par rapport à Reflection of Mineral de l’Atelier Tekuto, dans un esprit futuriste miniature un peu similaire. J’y suis passé alors que la nuit commençait doucement à tomber et les lumières révélaient un peu l’espace intérieur. Il y a également des éléments d’architecture dans ce deuxième billet de cette série en noir et blanc. La première photographie montre une partie de la maison House in Nishiazabu construite en 2006 par l’architecte Ryōji Suzuki, dont j’avais déjà parlé pour une de ses œuvres les plus emblématiques, Azabu Edge, également située à Nishi Azabu. La tête robotisée de la troisième photographie provient du cinquième étage du building Spiral à Aoyama, conçu par Fumihiko Maki et dont je montrais déjà la terrasse située juste en dessous. En parlant de Fumihiko Maki, mahl montre sur son blog une belle série de photographies en noir et blanc du premier bâtiment de Fumihiko Maki au Japon. Il s’agit du Nagoya University Toyoda Memorial Hall. Sur la dernière photographie de ce billet, je montre une nouvelle fois la tour Heian 51 près de Naka-Meguro. Cette tour de béton conçue par Shin Takamatsu est plus sobre que celle d’Akasaka que j’ai été voir récemment. Elle n’en demeure pas moins élégante par sa finesse et ses ouvertures rondes futuristes.

Sur le dernier album Music (音楽) de Tokyo Jihen, Sheena Ringo évoque une personnification du Panthéon bouddhique appelée Mahāmāyūrī, dans la courte partie rappée du premier morceau intitulé 孔雀 (Kujaku). Kujaku désigne en japonais le paon qui est également le symbole utilisé par le groupe. Mahāmāyūrī, également appelée Kujaku Myōō (孔雀明王), est une reine du savoir représentée chevauchant un paon comme le montre les deux représentations ci-dessus. A gauche, il s’agit d’une peinture en couleurs sur soie sur un rouleau datant de la période Heian (794-1185) au 12ème siècle, exposée au musée national de Tokyo à Ueno. A droite, la photo montre une statue de 78 cm en cyprès hinoki créée par le moine bouddhiste Kaikei (快慶) à l’époque Kamakura (1185-1333) en 1200. Cette statue est la propriété du temple Kongōbu-ji (金剛峯寺) situé au Mont Kōya dans la préfecture de Wakayama et elle est exposée au musée Koyasan Reihokan. Mahāmāyūrī est une personnification pacifique vénérée au Japon pendant l’époque de Nara (710-794). Elle a le pouvoir de protéger des intoxications physiques ou spirituelles. Elle permet donc de protéger des poisons, comme par exemple des morsures de serpent. Comme je le mentionnais déjà, le lien entre le dernier album Sandokushi (三毒史) de Sheena Ringo et ce nouvel album de Tokyo Jihen devient tout d’un coup évident. Le terme bouddhiste ‘Sandoku’ utilisé dans le titre de l’album fait référence à trois poisons (l’ignorance, l’avidité et la colère) également représentés par trois animaux (le poulet, le serpent et le cochon) que l’on trouve visuellement montrés dans la vidéo du premier morceau de Sandokushi, Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚). Mahāmāyūrī, la reine paon, vient elle protéger de ces poisons. Sheena Ringo a mentionné quelques fois en interview et pendant l’émission Hanakin Night Ajito Nau que certains fans avaient déjà deviné le retour de Tokyo Jihen à la sortie de Sandokushi en 2019 du fait de l’utilisation de ce nom d’album à référence bouddhique. Il est vrai qu’en 2019, Tokyo Jihen se réunissait déjà en cachette pour composer des morceaux avant leur re-formation officielle. Pour nous éclaircir un peu plus sur ce lien, la vidéo du morceau Kujaku montre des petites statuettes de porcelaine Herend posées sur un tourne-disques (les mêmes que celles posées sur la table pendant l’émission Ajito Nau) représentant les trois poisons (serpent, poulet et cochon) et le paon. Il s’agit d’un trait d’union intéressant entre sa carrière solo et le redémarrage du groupe.

Parmi toutes les émissions radio et télévision que j’ai pu voir et écouter pour la sortie de leur nouvel album, l’émission spéciale Gatten! sur NHK le Jeudi 10 Juin était une des plus intéressantes, surtout pour les morceaux qui y étaient interprétés. Gatten! est une émission de vulgarisation scientifique abordant divers sujets touchant à la vie quotidienne, à la santé et médecine entre autres. Les sujets sont expliqués de manière amusante et ludique avec des expérimentations auxquelles les membres de Tokyo Jihen se sont fait porter volontaires malgré eux. Parmi les sujets de cette émission, l’animatrice posait la question de quelle était la manière la plus efficace de passer l’aspirateur, ou comment éliminer le gaz d’une bouteille de Coca Cola avant de l’ouvrir si on l’a malencontreusement secoué auparavant. Ce sont des sujets très anecdotiques et l’utilité de la présence du groupe est des plus discutables, mais ils se sont quand même bien prêtés au sujet, à part peut-être Ukigumo qui a toujours l’air de s’ennuyer sur les plateaux de télévision. Le sujet suivant, le plus intéressant, était une explication de comment naît dans notre cerveau le plaisir, Kaikan (快感) en japonais. J’aime beaucoup ce mot car il me rappelle une scène culte du film Sērā-fuku to kikanjū (セーラー服と機関銃) où l’actrice Hiroko Yakushimaru le prononce juste après avoir descendu à la mitraillette les membres d’un clan adverse de yakuza. Pour expliquer le mécanisme du plaisir dans notre cerveau, une image illustrée géante de la tête de Kameda était montrée sur le plateau avec une ouverture sur son cerveau pour laisser apparaître des petites capsules rondes et animés représentant la dopamine et l’endorphine. Cette petite présentation se déroulait sous le sourire parfois surpris des membres du groupe.

Gatten! était plusieurs fois interrompue par des séquences présentées par Izawa Ichiyō et intitulées Musica Piccolyno. Il s’agit de mini-épisodes consacrés à l’éducation musicale, tentant de susciter l’intérêt des enfants pour la musique. Il y avait une autre séquence, un peu plus intéressante à mon avis, intitulée Warau Yōgakuten (笑う洋楽展) et présentée par le mangaka et illustrateur Jun Miura (みうらじゅん) ainsi que par Hajime Anzai (安齋肇), illustrateur mais également musicien et “Soramimiste”. “Soramimiste” fait référence à l’émission de télévision Sora Mimi Awa (空耳アワー) sur la chaîne Asahi. Cette émission présentée par Tamori et son Tamori Club (タモリ倶楽部) recherchait dans des morceaux de musique étrangère des mots qui pourraient être compris comme du japonais. Je me souviens qu’on regardait souvent cette émission. Tous les exemples de ré-interprétation en japonais de paroles en anglais ou autres langues n’étaient pas tous extrêmement réussis, mais nous faisaient souvent rigoler. Une autre séquence de l’émission, Warau Yōgakuten, parle également de musique. Jun Miura et Hajime Anzai y parlent librement en regardant des vidéos musicales qu’ils commentent. Pendant cette émission en particulier, ils évoquaient le morceau Baba O’Riley en version Live des anglais de The Who. L’émission spéciale passait donc son temps à jongler entre ces séquences en montrant au passage une reproduction assez fidèle en marionnettes de Tokyo Jihen habillé des tenues blanches qu’ils portaient au moment de leur re-formation au début de 2020. Il doit y avoir des fans motivés à la NHK pour créer des marionnettes de cette qualité.

Et l’émission nous montrait bien évidemment des interprétations de quelques morceaux de Tokyo Jihen. Il y en avait quatre en tout: Eien no Fuzai Shōmei (永遠の不在証明) extrait du EP News, une inévitable reprise de Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック) de Sheena Ringo, et deux morceaux du dernier album: Ryokushu (緑酒) et Yaminaru Shiro (闇なる白). Le titre de ce dernier morceau m’inspire d’ailleurs le titre des billets de cette série photographique. Sur Marunouchi Sadistic, le groupe était habillé des tenues blanches inspirées de la marine que l’on voyait sur l’affiche de l’album Music, sur le toit de l’immeuble Sky Building à Shinjuku. Les tenues qui m’ont le plus impressionné sont celles de Ryokushu et de Yaminaru Shiro. Sur Ryokushu d’abord, ils étaient tous les cinq habillés en tenues complètes roses. Ça pourrait paraître ridicule pour la plupart des groupes qui s’imagineraient se vêtir ainsi, mais ça passe pour Tokyo Jihen. Certainement parce qu’ils nous ont habitué à toutes sortes d’extravagances vestimentaires sans que ça paraisse déplacé. J’aime assez quand ils partent vers ces folies visuelles et j’y trouve même un certain esprit Visual Kei dans le sens où leur apparence ne répond pas à une mode du moment, reste particulièrement unique et essaie de susciter une réaction auprès du public. L’apparence visuelle du groupe redevient plus ‘normale’ sur le morceau Yaminaru Shiro. La mise en scène est très intéressante. On voit Sheena assise avec une veste en cuir et des lunettes de soleil ronde devant un ordinateur portable Apple où la pomme est remplacée par un paon. Elle porte sur une de ses mains des armor rings, étendus par rapport à ce qu’elle portait à ses débuts. On voit qu’Izawa est très musclé et son entraînement journalier sera même le sujet de la vidéo YouTube Hanakin du Vendredi 18 Juin. Avec ses petites lunettes rondes et sa musculature développée, il me rappelle un peu le personnage de RanXerox de Liberatore. Kameda est lui volontairement très statique debout sur un bloc avec un regard de tueur. Cette mise en scène est la meilleure des quatre morceaux joués dans l’émission. J’essaierais de parler un peu plus tard d’une autre émission très intéressante avec Tokyo Jihen, Kan Jam dont la deuxième et dernière partie passera dimanche soir.

I’m nobody. Who are you? I’m the ocean.

白黒になる東京 (1)

Un léger flou sur les photographies en noir et blanc essaie de traduire l’humidité ambiante de la ville alors que la saison des pluies n’a pas encore officiellement commencé. Je continue à marcher sans but précis dans les rues de Tokyo avec mon objectif 40mm qui a l’avantage d’être très léger et donc facile à transporter. Comme je le mentionnais dans mon avant-dernier billet, je me pose souvent la question de montrer mes photos en noir et blanc plutôt qu’en couleur. Je me décide souvent au final à garder la version en couleur, car j’ai l’impression, lorsque je les passe en noir et blanc, de perdre une partie de l’atmosphère que j’ai vécu des lieux au moment de prendre ses photos. Les photos en noir et blanc rendent le paysage urbain intemporel et même parfois symbolique. Elles s’éloignent ainsi de la réalité vécue. La couleur, surtout celle qui est vive et déborde de l’image, m’est nécessaire mais le noir et blanc s’impose de temps en temps car il me donne l’impression de remettre les compteurs à zéro et de repartir sur une nouvelle base, de faire une pause dans la réalité actuelle pour profiter d’une accalmie. Montrer des images en noir et blanc devient ensuite une sorte d’évidence qui me donne envie de ne plus utiliser la couleur. J’aimerais parfois avoir la volonté nécessaire de ne montrer que des images faites de noirs et de blancs granuleux, car j’aime beaucoup ce côté intemporel. Je n’affiche d’ailleurs jamais la date de publication des billets sur la page principale de Made in Tokyo, et j’essaie d’évoquer le moins possible l’actualité du moment, sauf celle qui est musicale ou architecturale.

L’actualité musicale du moment est bien entendu la sortie du nouvel album de Tokyo Jihen, Music (音楽) le 9 Juin. Comme j’avais commandé la version limitée il y a longtemps sur le site de Tower Records, je l’ai reçu le jour d’avant la sortie officielle, le 8 Juin donc. C’est ce qu’on appelle Furage (フラゲ) en japonais, qui est le diminutif de Flying Get qui veut dire recevoir un CD, un jeu ou un DVD par exemple, une journée avant la sortie officielle. La version limitée consiste en un boîtier solide comprenant le CD de l’album, un livret montrant des photos d’une session d’enregistrement et le EP de Aka no Dōmei. C’est un bel objet et je suis content de voir que l’album est numéro un des ventes chez Tower Records. J’écoute l’album tranquillement en évitant de regarder les réseaux sociaux. J’avais pris la mauvaise habitude d’aller regarder et lire un peu trop souvent les commentaires des forums anglophones dédiées à SR/TJ sur Facebook et Discord, mais ça m’a beaucoup fatigué, notamment un ou deux commentateurs qui se plaignent sans cesse et qui essaient en général de mobiliser toute l’attention au détriment de ceux et celles qui apprécient. Je ne suis pas sûr d’écrire une revue entière de l’album mais plutôt l’évoquer petit à petit, car il faut laisser mûrir plutôt que se précipiter. Je peux juste dire que je trouve l’album excellent, ce qui ne m’a pas trop étonné car les singles déjà sortis étaient déjà excellents, bien meilleurs que les morceaux du EP News, que j’ai tout de même appris à apprécier depuis. Il y a beaucoup de morceaux en duo sur le dernier album. Ukigumo intervient souvent au chant au côté de Sheena, ce qui fonctionne très bien. Ukigumo apporte même beaucoup sur les refrains de certains morceaux, comme un élan inattendu. C’est le cas par exemple sur le neuvième morceau 銀河民 (Gingamin) composé par Ukigumo et Izawa, que le groupe jouera d’ailleurs sur Music Station la semaine prochaine, le Vendredi 18 Juin. Izawa fait de belles choses au piano avec un son plein de réverbération. Certaines partitions de piano font s’envoler les morceaux. Kameda écrit les musiques de deux morceaux de l’album. On reconnaît d’ailleurs tout de suite sa touche musicale sur le dixième morceau, 獣の理 (Kemono no Kotowari), qui a une certaine légèreté pop que l’on retrouve sur d’autres morceaux de Kameda sur les albums précédents de Tokyo Jihen. Il y a un morceau vraiment poignant sur l’album, l’avant dernier 薬漬 (Kusurizuke), qui commence doucement mais fait intervenir la force des guitares à la fin comme un cri de douleur. Dans une émission de radio sur Tokyo FM le 9 Juin, l’animatrice LOVE, de son vrai nom Nakamura Fukiko (également compositrice et interprète) évoquait pour ce morceau une analogie avec les perturbations météorologiques, comme une tempête soudaine suivie d’une accalmie. Elle évoquait également cet album comme pouvant devenir la bande son de notre propre vie (自分の人生のBGM), reconnaissant dans l’agencement des morceaux un cheminement d’étapes de la vie. Sheena nous disait également dans d’autres interviews que la première partie de l’album évoquait plutôt des sujets proche de la jeunesse, par rapport à une deuxième partie plus mature.

Tokyo Jihen multiplie les apparitions média, ce qui est assez inhabituel à ma connaissance, et je pense les avoir toutes vu ou écouté jusqu’à maintenant. Lundi, Sheena Ringo passait seule dans l’émission radio Dear Friends animée par Miu Sakamoto, fille de Ryuichi Sakamoto et Akiko Yano. L’émission passant à 11h du matin, je n’ai pas pu l’écouter en direct mais un peu plus tard dans la journée sur Radiko. On a l’impression qu’elles se connaissent déjà bien, Miu Sakamoto étant également chanteuse, ce qui n’a rien d’étonnant. Dans les anecdotes que ce genre d’émissions peut contenir, on apprend que le premier disque que Sheena achète à l’âge de 14 ans est un album de Marvin Gaye, car son frère Junpei voulait bien lui prêter ses disques de Soul R&B mais il fallait lui rendre aussitôt une fois écoutés. Elle voulait posséder ce disque pour pouvoir l’écouter autant qu’elle le voulait. Dans un tout autre style, Sheena mentionne un peu plus tard avoir apprécié Pearl Jam, à l’époque. L’anecdote amusante est que Miu écoutait Marylin Manson en cachette, imaginant que ses parents n’auraient pas approuvé. Elle nous parle également avoir écouté Buck-Tick. Elle a d’ailleurs interprété un titre sur l’album tribute Parade III ~Respective Tracks of Buck-Tick~, tout comme Sheena (j’en parlais dans un billet précédent). En écoutant, souvent en différé sur Radiko, ces émissions radio de la semaine, une question est récurrente portant sur le titre de l’album. Miu Sakamoto nous dit qu’un titre pareil peut nous faire penser qu’il s’agit du premier ou du dernier album du groupe, mais Sheena nous rassure en confirmant qu’ils étaient plutôt contraints à utiliser un nom de chaîne télévisée, pour rester dans l’esprit des noms des albums précédents. Il se trouve que le titre le plus évident pour un album, Music, n’avait pas encore été utilisé.

Les émissions que j’ai vu ou écouté sont plus ou moins intéressantes et s’adressaient à des publics parfois très différents. L’émission du soir School of Lock de Tokyo FM, diffusée le jour de la sortie de l’album s’adresse plutôt à un public de mois de vingt ans. Quelques auditeurs de l’émission avait l’opportunité de poser des questions à Sheena et Izawa, qui étaient les seuls présents dans les studios de radio. J’étais assez surpris d’entendre des fans du groupe ayant moins de vingt ans montrant autant d’émotion dans la voix au moment de parler à Sheena. Ceci me rappelle qu’Izawa a le même âge que moi, tout comme Hata Toshiki, tandis que Sheena et Ukigumo ont deux ans de moins. Une des jeunes auditrices évoquait que la musique du groupe était comme une compagne pour l’oreille (お耳の恋人), expression tirée des paroles du dernier morceau de l’album. Je trouve cette image très jolie.

vues sur les chutes de Fukuroda

Cette série de photographies datent déjà d’il y a plus d’un mois. Elles ont été prises lors d’une petite excursion en voiture vers les chutes de Fukuroda dans la préfecture d’Ibaraki, à 140kms du centre de Tokyo. Il nous a fallu 2 heures et demi à l’allé et un peu plus de 3 heures et demi au retour, ce qui est relativement correct pour une journée de week-end. Les chutes d’eau de Fukuroda étaient plus grandes que ce que j’imaginais mais pas aussi puissantes que la tombée d’eau de la cascade Kegon près de Nikkō dans la préfecture voisine. Il y avait peu de personnes sur place ce qui était une bonne nouvelle, mais il y avait quand même une petite attente nécessaire pour emprunter l’ascenseur qui nous donne un point de vue en hauteur sur la cascade. Le naturel du lieu s’accompagne d’infrastructure de béton qu’on prend soin de ne pas prendre en photo pour les oublier. L’ascenseur étant creusé dans la falaise en face de la cascade, il reste tout de même assez discret.

à la dérobée maintenant

J’ai beaucoup marché dans le quartier de Meguro, d’où proviennent la plupart des photographies de ce billet (sauf l’avant dernière prise dans le centre de Roppongi), avec le très vague objectif de retrouver une maison de béton aperçue et prise en photo il y a longtemps. Je ne me souviens plus exactement du lieu et je ne l’ai malheureusement pas retrouvé. Ce n’était en fait qu’un prétexte pour marcher tout en écoutant les albums compilations de Blankey Jet City que je mentionnais dans le billet précédent. Il y a quelque chose de stimulant dans la musique du groupe (un morceau comme I Love Tokyo par exemple), qui a pour effet de me pousser à continuer à marcher, simplement pour pouvoir écouter les morceaux suivants. J’ai marché plus de deux heures sans pourtant terminer l’écoute en entier. J’essaie d’emprunter des rues que je ne connais pas, celles plus calmes à l’écart de la grande artère Yamate passant devant la gare de Naka-Meguro. J’y trouve souvent des maisons particulières comme celles de la première et de la dernière photographie, sans forcément reconnaître leurs architectes. C’est en ce moment la saison de floraison des hortensias. Elles sont nombreuses et égayent les rues de Tokyo. En les prenant en photo, je me demande toujours si je ne devrais pas les prendre en noir et blanc. Je pense que le noir et blanc me manque et il faudrait que j’y revienne bientôt. J’ai d’ailleurs toujours une pellicule argentique en cours sur l’appareil photo EOS1 qu’il faudrait que je termine. Je ne me souviens d’ailleurs plus de quand datent les photos déjà prises. Le développement argentique (que je ne fais pas moi-même) à cet avantage de procurer un effet de surprise lorsque l’on voit les photographies pour la première fois.

Il ne reste plus que quelques jours à attendre avant la sortie du nouvel album Music (音楽) de Tokyo Jihen. Pour nous faire gentiment attendre, le groupe nous conviait à une émission en direct sur YouTube destinée à presenter morceau après morceau le nouvel album. L’émission était intitulée Tokyo Jihen no Hanakin Night Ajito Nau (東京事変の花金ナイト 「アジトなう。」) et se déroulait le vendredi 4 Juin à 9h du soir pour un peu plus d’une heure. C’était une première pour Tokyo Jihen de se montrer en direct dans ce genre de situation. Plus de 50,000 personnes s’étaient connectées sur YouTube et je ne pouvais pas manquer cet événement. En fait, j’étais très curieux de voir quelle allait être la dynamique de ce talk-show autour de la présentation de l’album. Le décor ressemblait à celui d’un bar et les cinq membres du groupe étaient disposés en rond. D’après les crédits à la fin de l’émission, le lieu serait le rez-de-chaussée du nouvel hôtel Aloft à Ginza. Ils portaient tous des tenues colorées assez surprenantes au premier abord. Le thème des costumes était plus ou moins inspiré par une imagerie de commando avec des faux fusils placés dans le décor. Ils n’ont pas expliqué le pourquoi de ces tenues, mais les explications superflues ne sont de toute façon pas forcément nécessaires. Sheena avait un casque en plastique sur la tête, ce qui lui donnait un air charmant car plutôt déplacé par rapport à la tenue qu’elle portait.

L’ambiance était détendue, assez loin des interviews télévisées très formatées. Sheena menait principalement la discussion mais Kameda et Izawa étaient également assez bavards, surtout par rapport à Ukigumo et Hata qui sont moins à l’aise sur ce genre d’exercice. Le fait que l’émission était un peu flottante par moment la rendait intéressante et même accueillante, car elle n’était pas orientée marketing même si un des buts était de présenter le nouvel album. En fait, ils semblaient tous les cinq très humbles sur le travail accompli, sans utiliser les superlatifs exagérés qu’on entend souvent dans les exercices de promotion. C’est certainement dû au fait qu’ils n’étaient que tous les cinq devant les caméras, sans intervention d’un interviewer extérieur au groupe. L’album entier passait en fond et chaque membre du groupe donnait quelques anecdotes à leur propos. On pouvait donc entendre les nouveaux morceaux mais c’était pour moi difficile de se concentrer pour écouter leur conversation tout en essayant d’écouter le morceau. Comme ils ne faisaient pas de pause pour nous laisser écouter, je n’ai pas pu vraiment me faire un avis sur les nouveaux morceaux, mais les courts passages qu’on pouvait entendre me semblaient très intéressants. C’est amusant car Ukigumo fait la remarque au début de l’émission, en se demandant s’il ne faut pas mieux se taire et laisser jouer les morceaux.

L’émission était de toute façon orientée sur la discussion plutôt qu’une écoute concentrée du nouvel album. On apprend que certains morceaux datent d’il y a trois ans. A cette époque, Tokyo Jihen se réunissait en cachette car c’était avant l’annonce de leur réformation. Izawa, qui est souvent appelé par son surnom Watchi (わっち ) pendant l’émission, nous apprend que la première réunion a eu lieu en Juin 2017 où ils ont commencé à réfléchir au fait de se réunir. Sheena nous dit que certains fans avaient décelé des indices de la réformation de Tokyo Jihen dès son dernier album solo Sandokushi, car il y aurait un lien entre les symboles des trois poisons utilisés dans Sandokushi et le paon, symbole de Tokyo Jihen. Sur la petite table à côté de Sheena pendant l’émission, on trouve d’ailleurs des figurines en porcelaine Herend représentant un cochon, un serpent et un poulet, les symboles qu’on pouvait voir dans Sandokushi notamment sur le premier morceau Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚), accompagné d’un paon. Ces animaux en porcelaine posés sur la table font en quelque sorte le lien entre le dernier album solo de Sheena et le redémarrage de Tokyo Jihen. C’est un clin d’oeil bien vu. La discussion pendant l’émission se concentre beaucoup sur les morceaux, mais donnent quelques anecdotes, notamment le fait que Sheena ne boit plus d’alcool depuis 10 ans ou que son fils aîné apprend la batterie avec Hata. Kameda mentionne également le fait qu’il change sa raie de côté quand il fait partie de Tokyo Jihen, ce qui fait dire à Sheena que, pendant Jihen, chaque membre du groupe prend un autre visage (事変の時、事変の顔). C’est amusant comme Sheena continue à appeler Kameda, Shishō (maître), mais c’était la première fois que j’entendais Kameda appeler Sheena, Rin-chan, car on l’appelle plutôt Ringo-chan dans le groupe.

On apprend aussi qu’Izawa et Hata ont besoin de beaucoup de temps pour s’entrainer sur chaque morceau et que la partition de piano sur Ao no ID (青のID) composée par Sheena était particulièrement difficile à maîtriser. Le groupe évoque aussi le morceau Inochi no Tobari (命の帳) qui a demandé beaucoup de travail, avec de nombreux changements en cours de route, notamment la partition de piano. Pour le morceau Yaminaru Shiro (闇なる白), Ukigumo évoque l’approche disruptive d’Izawa dans sa composition musicale ce qui rend le chant en duo avec Sheena assez complexe. Il compare le chant à deux sur ce morceau à une course de voitures qui roulent en s’entrechoquant les unes aux autres pour se dépasser l’une l’autre. Je n’avais pas remarqué que les trois morceaux centraux du nouvel album avaient des titres faisant référence à une couleur, comme l’explique Sheena. Ao no ID (青のID), puis Yaminaru Shiro (闇なる白) et Aka no Dōmei (赤の同盟) nous donnent les couleurs Bleu-Blanc-Rouge (Tiens donc, un petit clin d’oeil français?). Ukigumo n’est clairement pas super à l’aise devant la caméra, et peu bavard, mais il nous fait quand même part d’un épisode au moment du tournage de Ryokushu (緑酒) où il recherchait un restaurant de tempura sans succès. Sa manière de l’évoquer pousse à sourire car il est pince-sans-rire. On le remarque aussi au moment où il fait exprès de poser une question plus profonde sur l’album alors que l’ambiance générale de la discussion est plutôt légère.

J’ai beaucoup aimé l’ambiance de cette émission car on s’y sentait bien. Kameda regardait de temps en temps la page YouTube pour voir les commentaires, mais c’était tout simplement impossible de suivre le flot incessant de ces commentaires qui défilent à grande vitesse à l’écran. Personnellement, je ne les ai pas regardé car ces commentaires n’apportent en général pas grand chose d’intéressant. Je jetais par contre un œil au nombre de personnes connectées, car plus de 50k, c’est quand même impressionnant et ça fait plaisir à voir. A ce propos, après s’être remémoré en souriant l’episode Heavy Metal sur le morceau Kenka Jōtō (喧嘩上等) sur la tournée Just can’t help it, Sheena évoque l’envie de revoir le public en concert. Il n’y a cependant pas eu d’annonces particulières en ce sens. Il faudra attendre encore un peu. A la toute fin de la vidéo, on pouvait voir pour la première fois un teaser de l’album avec une petite partie du premier morceau 孔雀 (Kujaku) aux airs rappés (une première pour Sheena) et une partie plus longue du dernier morceau 一服 (Ippuku) mélangeant les voix, notamment celle d’Ukigumo. Je ne peux d’ailleurs plus me l’enlever de la tête, ce qui doit être bon signe. La vidéo de ce teaser est disponible sur YouTube. A noter qu’elle contient une DMC Delorean mais le groupe n’y apparait pas, à part Sheena à travers un vieil écran cathodique. La vidéo montre en fait les danseuses Sakra et Chinatsu du groupe SIS d’Osaka. Sheena est bien présente avec elles mais elle est à peine reconnaissable. L’émission sur YouTube était donc diffusée en direct mais elle n’est plus disponible dans les archives de la chaîne YouTube de Tokyo Jihen, ce qui est peu dommage car on ne peut plus la revoir (sur YouTube mais on peut la trouver ailleurs). Elle sera peut-être ajoutée plus tard. C’est en tout cas une excellente idée de faire ce genre d’émission, qui nous rapproche un peu du groupe et nous permet de constater une fois de plus qu’ils sont très complices, vus les sourires fréquents qui ont égayé l’émission. En même temps, ils ont gardé la distance nécessaire par rapport au public, sans se laisser emporter par les commentaires en direct sur YouTube. A la fin de l’émission (qui avait la référence #0), on nous annonce qu’il y en aura d’autres, à partir du 11 Juin à 10h du soir, mais je ne pense pas que ça soit avec le groupe complet. C’est une affaire à suivre, juste après la sortie de l’album le 9 Juin.

惑星のベンチ

En passant devant la porte obstruée par des arbres et des plantes sur la deuxième photographie, l’envie d’y entrer devient irrésistible. Frapper deux fois à la porte ne donne pas de réponse. Cette porte n’est pourtant pas fermée à clé et il suffit de tourner doucement la poignée ronde et de pousser un peu vers l’intérieur pour l’ouvrir. Les plantes qui semblaient gêner l’entrée se révèlent être beaucoup plus accommodantes qu’elles en avaient l’air. On ne peut pas ouvrir la porte complètement mais suffisamment pour entrer à l’intérieur. Un jardin dense nous y attend. Un étroit chemin de terre nous laisse à peine assez de place pour nous faufiler. Il faut avancer doucement de côté pour éviter de se blesser car les branches qui dépassent ressemblent à de minuscules pointes. Un passage semble avoir été creusé dans la densité végétale à priori impénétrable. On avance dans ce tunnel végétal sombre, guidé par des éclats de lumière s’échappant devant nous et donnant une direction à suivre. La lumière se fait petit à petit plus forte. Elle finit par nous éblouir lorsqu’on approche de la sortie du tunnel, comme si on se trouvait face à face avec un immeuble de verre exposé en plein soleil. Le passage s’ouvre sur une clairière de forme ronde parfaite comme si les arbres qui la délimitaient avaient été taillés récemment. L’herbe haute laisse pourtant présager que l’endroit n’a pas été visité depuis très longtemps. Une petite table de métal couverte d’une mosaïque aux couleurs délavées est placée au milieu de l’espace ouvert entre les arbres. Il n’y a personne, pas d’oiseaux, pas de moustiques, pas âme qui vive. À proximité de la table ronde, un banc de deux places est planté dans les herbes hautes. Il me semble d’abord penché en arrière dans une position déséquilibrée, mais il s’agit plutôt du dossier qui est incliné ce qui doit donner une assise quasiment allongée, les yeux vers le ciel. Il n’y a aucun nuage dans le ciel au dessus de moi. Pour être plus précis, il semble que les nuages évitent volontairement de passer au dessus de la clairière. On dirait même que la surface des nuages a été découpée dans une forme ronde reflétant celle de l’espace où je me trouve. On a le sentiment, en regardant en l’air, d’avoir un accès direct aux espaces célestes. Un papier un peu jauni est posé sur la table de jardin, dans une pochette plastique transparente. On peut y lire les inscriptions suivantes tapées à la machine à écrire « 惑星のベンチ・望遠鏡の中の景色: ベンチに座って空を見てください ». Je me répète à voix basse cette inscription mystérieuse pour essayer d’en comprendre la signification. « Banc des planètes / vue à l’intérieur du télescope : Asseyez-vous sur le banc et regardez le ciel ». Le papier porte une signature, pareillement écrite à la machine, en bas de page. Il est écrit « パラレル東京観測委員会 », le Comité d’observation du Tokyo parallèle. Mais je remarque avant tout un petit message écrit à la main au feutre noir sur la pochette plastique, qui donne un conseil à ceux qui le lisent: « don’t loose yourself forever だょ ». Je n’ai aucune intention de me perdre pour toujours, surtout dans une petite clairière dont on a vite fait de faire le tour. Le message du comité d’observation indique qu’il faut s’asseoir sur le banc incliné. S’asseoir quelques instants semble être la seule chose à faire ici. Le banc à la surface irrégulière n’est pas très confortable. Dès qu’on s’y assoit, on bascule rapidement le dos vers l’arrière sans pouvoir se retenir. J’observe d’abord le ciel mais il est vide, toujours entouré de nuages qui semblent plus épais qu’auparavant. Mon regard redescend doucement vers l’intérieur de la clairière, partant de la cime des arbres pour revenir sur la table de jardin posée en son milieu. Il n’y a pas de télescope, ni de planètes. Seulement ce banc au dossier incliné sur lequel je suis assis. Un monde parallèle va peut être apparaître soudainement devant mes yeux et comme l’indique le message écrit à la main, il faudra éviter de s’y perdre. Le ciel s’assombrit petit à petit. Je n’ai plus de notions claires du temps qui passe et il ne me vient pas à l’idée de regarder mon téléphone portable, perdu dans le fond de mon sac. Il est certainement l’heure de rentrer mais je ne peux m’empêcher de vouloir passer quelques minutes supplémentaires assis sur ce banc. On n’entend pas les bruits de la ville pourtant proche, ni ne voit les lumières des immeubles. Il se dégage de ce lieu une sérénité dont je n’avais jamais fait l’expérience jusqu’à maintenant. Il fera très bientôt nuit noire. Il me vient en tête une évidence. Je suis à l’intérieur du télescope. En levant les yeux au ciel une nouvelle fois, des formes vaporeuses prennent consistance. Une première forme ronde grise s’approche de moi, mais je l’évite du regard quand elle devient dangereusement trop proche. Mon regard fixe ensuite une couleur orangée dont la forme se fait de plus en plus précise au fur et à mesure que je m’en approche. J’ai le sentiment de m’éloigner et il faut tout de même que je pense au retour. Je peux quand même m’approcher un peu plus de cette planète rouge, la frôler gentiment de la main. Un objet beaucoup plus imposant attire ensuite mon regard. Je voudrais me plonger dans son œil mais un autre astre céleste me pousse à continuer encore un peu plus loin dans la noirceur de l’espace. Juste un peu plus loin. Des formes d’anneaux tournent à l’infini sur eux même. On a envie de faire partie de cette boucle inarrêtable. L’attraction est tellement forte qu’on pourrait s’y perdre à l’infini. On pourrait s’y perdre pour toujours, comme indiquait le message écrit à la main sur la pochette plastique de la table de jardin. C’est un avertissement. Reprenons conscience, redescendons sur terre. Est ce que j’ai perdu conscience? Je ne crois pas, la réalité de ce voyage est très claire dans ma mémoire. On distingue à peine la table de jardin dans la nuit ténébreuse qui a envahi la clairière. Il faut maintenant sortir. Le tunnel dans les arbres est toujours là donnant sur la porte de sortie. Je tourne délicatement la poignée pour sortir de cet espace parallèle de Tokyo. La densité de Tokyo cache de nombreux endroits étranges ouvrant leurs portes sur un univers parallèle. Il suffit juste d’y croire un peu.

Le nouvel EP intitulé Setsuzoku (接続) du super-groupe Ajico est vraiment excellent. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils décident finalement à se réunir. Leur premier et unique album Fukamidori (深緑) était sorti en Février 2001, il y a donc plus de 20 ans. Le EP ne comprenant que 4 morceaux, il est forcément beaucoup trop court vu la qualité de la musique qu’on y écoute. La voix de UA est exceptionnelle, à l’accentuation et la particularité très marquées. C’est ce qui fait tout l’intérêt de son chant. L’ensemble est plus pop que ce qu’on connaissait sur leur premier album. Le deuxième morceau intitulé Wakusei no Bench (惑星のベンチ) démarre sur des accords de guitare de Kenichi Asai qui rappellent dans leurs sons mélancoliques des morceaux du premier album. On peut regretter un peu que Kenichi Asai ne chante pas un peu plus car on n’entend sa voix que sur les deux morceaux les plus importants de l’album, le premier Chiheisen MA (地平線 MA) et le quatrième L.L.M.S.D. Ce sont les morceaux les plus rythmés du EP et très certainement les meilleurs (quoique j’aime beaucoup Wakusei no Bench car il m’incite à écrire des choses). Les deux morceaux sont d’ailleurs dans le classement des meilleures ventes de l’émission Hot 100 de la radio J-Wave. L.L.M.S.D. étant le morceau le mieux classé des deux alors que seul le premier morceau Chiheisen MA a une vidéo pour l’instant. UA était l’invitée de Chris Peppler dans cette émission et l’entendre parler de l’album et de sa collaboration avec Kenichi « Benji » Asai m’avait donné une grande envie d’écouter ce EP le soir même. Petit détail qui m’a amusé, UA nous dit que Benji est plus bavard qu’avant. Sur ce nouvel EP, comme sur Fukamodori d’ailleurs, j’aime beaucoup quand les voix de UA et de Asai se mélangent, ou se répondent sur le ton de la comédie sur la toute fin du quatrième morceau. La voix de UA est pleine de puissance et d’aisance, comme celle d’un rocker qui viendrait jouer sur le terrain de Benji. J’aime aussi quand elle change complètement de voix et se permet parfois des petits sons de voix inattendus comme des miaulements. Les deux autres membres du groupe Ajico, déjà présents sur le premier album, sont Kyōichi Shiino à la batterie et Tokie à la basse. Je ne connaissais pas la guitariste Tokie, mais je l’ai découverte il y a plusieurs semaines à travers un retweet de Toshiki Hata, qui partageait une petite vidéo d’une installation artistique dans un temple de la préfecture de Shimane (Hata est originaire de Shimane). La scène représente un dragon en mouvement accompagné par un danseur et par les sons de guitare de TOKIE. Cette performance se déroulait à l’intérieur du temple Umikurasan Ryuun-Ji. Et en parlant au passage de Tokyo Jihen, le nouvel album sortant la semaine prochaine, ils nous feront le plaisir de passer tous les cinq dans une émission spéciale sur YouTube ce Vendredi 4 Juin à 21h. En attendant, je me remets à écouter Blankey Jet City à la suite de l’album de AJICO, les deux énormes compilations 1997-2000 puis 1991-1995.