mass repetita

Les murs monolithiques de béton de l’annexe de la galerie The Mass à Jingumae viennent refléter une forêt dense qui n’existe pas ici. Cette forêt, c’est celle de Yoyogi. L’envie m’est venu soudainement d’utiliser cette surface de béton comme un écran de cinéma retransmettant les images mouvantes d’un monde imaginaire. Ce n’est pas la première fois que je laisse mon empreinte virtuelle sur le paysage urbain tokyoïte mais je pratique malheureusement beaucoup moins ce genre d’expérimentations ces derniers mois. Je suis convaincu qu’il faudrait que je me laisse aller à construire plus souvent ce genre d’images, qui viendraient briser la monotonie des photos de ville qui s’entassent sans discontinuité dans les billets du blog. J’ai souvent eu ce dilemme sur ce blog entre représenter une version réaliste de Tokyo fidèle à ce que je vois (‘straight photography’), ou une version plus fantaisiste fidèle à ce que je ressens. Mon choix a toujours été de ne pas faire de choix et de montrer les deux styles en alternance. La première photographie de ce billet n’est par contre pas une photo composite. Ces nuages tourmentés reflètent l’ambiance de certains films de la sélection qui va suivre.

Silent Tokyo (サイレント・トーキョー)
Je me suis mis en tête ces derniers jours de regarder un peu plus de films japonais en cherchant ce qui est disponible sur Netflix. Mes choix ne sont pas aléatoires sauf peut-être pour ce premier film intitulé Silent Tokyo (サイレント・トーキョー) que j’ai choisi car il est récent (sorti en 2020) et parce qu’il se trouvait dans le classement journalier des 10 films les plus regardés sur Netflix Japon. Silent Tokyo est un film policier de Takafumi Hatano basé sur un roman intitulé And so this is Xmas de Takehito Hata. L’histoire est celle d’un terroriste menaçant de faire exploser des bombes dans Tokyo le soir de Noël s’il n’obtient pas un entretien avec le Premier Ministre. Dans le film, on entend le Premier Ministre japonais faire des déclarations sur la décision prise de donner au pays le pouvoir de faire la guerre, déclaration qui vient prendre écho avec des déclarations réelles du Premier Ministre japonais en 2016. On comprend assez vite que l’ultimatum du terroriste est lié à ces déclarations. La scène principale tourne autour du centre de Shibuya qui voit une explosion particulièrement bien représentée. A noter que ces scènes ne sont pas tournées dans le centre de Shibuya mais dans des studios à Tochigi contenant une reproduction du grand carrefour et des bâtiments tout autour (Cette même reproduction était utilisée pour la série Alice in Borderland de Shinsuke Sato). Le déroulement du film est plein de mystère car il ne révèle que peu de choses sur les intentions des protagonistes. On comprend assez rapidement que certains sont manipulés pour agir en fonction de ce que le terroriste dicte. Il faut attendre les scènes finales pour comprendre un peu plus clairement. Le personnage le plus mystérieux est joué par Tomoya Nakamura. Il parle peu, filme la scène de l’explosion mais n’a pas l’air d’être directement impliqué. L’inspecteur de police chargé de l’affaire est joué par Hidetoshi Nishijima. Il semble un peu dépassé par les événements mais a une intuition qui semble parfois proche de la télépathie. La scène avant l’explosion à Shibuya est particulièrement intéressante car, même s’ils sont prévenus de la possibilité d’un attentat, la jeunesse de Shibuya vient quand même se précipiter près d’Hachiko en pensant que rien ne peut leur arriver, qu’il s’agit certainement d’une fausse alerte et que la police est de toute façon là sur les lieux pour les protéger. On voit même des jeunes faire un décompte avant 6h du soir, heure annoncée de l’explosion, comme on pourrait le voir pour le countdown au passage à la nouvelle année. J’étais d’ailleurs amusé de voir Ano parmi la foule de Shibuya. On dirait qu’elle joue son propre rôle car son apparition rapide est fidèle à sa personnalité excentrique. Elle fait un selfie devant Hachiko juste avant de se faire pulvériser par l’impact de l’explosion. Pendant toutes ces scènes, je me suis posé la question de si c’était plausible que la jeunesse tokyoïte soit aussi peu disciplinée. Le film se veut réaliste, sans aucune fantaisie, mais je me suis plusieurs fois posé la question de la plausibilité du déroulement de l’histoire. Certains personnages et éléments de l’histoire se raccordent trop bien pour être réaliste à mon avis. Le contraste avec les films policiers américains est qu’il n’y a pas ou peu d’humour. L’attitude froide du personnage joué par Tomoya Nakamura, par exemple, en deviendrait même un cliché. Le film est dans l’ensemble bien foutu et intéressant mais j’aurais aimé y voir un petit brin de fantaisie. Je serais plus que servi sur les films qui vont suivre. Il y avait bien l’apparition d’Ano qui m’a amusé et rappelé en même temps d’écouter son nouveau single F Wonderful World.

Shimotsuma Monogatari (下妻物語)
Je voulais voir le film Shimotsuma Monogatari (下妻物語) du réalisateur Tetsuya Nakashima depuis quelque temps déjà, tout en hésitant un peu car je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Je me doutais qu’il y aurait de l’exagération à tous les étages, pensant que le film était tiré d’un manga. En fait, le film est tiré d’un roman de Novala Takemoto qui a également été adapté en manga, la même année que la sortie du film en 2004. Comme le titre l’annonce, l’histoire se passe dans la campagne de Shimotsuma dans la préfecture d’Ibaraki. Les deux personnages principaux sont Momoko Ryugasaki interprétée par Kyoko Fukada et Ichigo « Ichiko » Shirayuki interprétée par Anna Tsuchiya. Momoko s’habille à la mode Lolita dans le style Rococo français fait de robes à froufrou et de petits bonnets brodés, style qui contraste forcément beaucoup avec la mode vestimentaire d’Ibaraki où tout le monde semble acheter ses vêtements dans la chaîne de supermarchés Jusco (du groupe Aeon). Momoko fait la rencontre de Ichiko alors qu’elle essaie de revendre les faux vêtements Versace (appelé Versach) que son père (interprété par Hiroyuki Miyasako), petit mafieux sans envergure, avait essayé de vendre sur les marchés avant de se faire prendre. Ichiko est une ‘Yankie’ faisant partie d’un gang appelé Pony Tail. Ce type de gang est équivalent aux bōsōzoku pour les hommes, mais s’appelle plutôt ‘Ladies’ pour les filles. Les tenues et la violence sont par contre relativement similaires. Le style innocent de Momoko vient entrer en choc avec celui d’Ichiko, mais un attachement d’abord non réciproque se crée rapidement. Momoko vit une vie solitaire et n’a besoin de personne, même pas de sa mère (interprétée par Ryoko Shinohara) qui de toute façon a quitté le domicile pour refaire sa vie. Momoko reste avec son père et sa grand mère interprétée par Kirin Kiki. Comme pratiquement tous les personnages de ce film, la grand mère est très particulière et a des réactions hors du commun. Ce genre de personnages atypiques apportent un intérêt certain au film, car on se demande à tout moment la manière dont ils vont réagir et bousculer le rythme de l’histoire. Parmi tous les personnages du film, j’aime beaucoup Momoko. Momoko est loin d’être idiote et ce sont ses réflexions et ses remarques sans filtres à l’égard du monde qui l’entoure qui sont particulièrement amusantes et croustillantes. Elle rêve d’un autre monde mais n’est pas pour autant désabusée ou déprimée. Elle vit juste sa vie à son rythme sans rien demander à personne. Une jeune Momoko de moins de 10 ans intervient également pendant l’histoire. Malgré son jeune âge, elle semble déjà bien connaitre le fonctionnement des choses de la vie et vient même orienter la suite de l’histoire. La fantaisie colorée ambiante qui se dégage du film rend ce Shimotsuma Monogatari très attrayant. Il y a des longueurs mais aussi beaucoup de passages où on ne peut pas se retenir de sourire. Un autre intérêt que j’y vois est de pouvoir revoir les rues de Daikanyama du début des années 2000. La marque unique Baby, The Stars Shine Bright (marque qui existe réellement), où Momoko trouve ses robes rococo, a son magasin à Daikanyama et un voyage jusque là est à chaque fois une véritable expédition. Le film tient beaucoup au jeu des deux actrices. Je savais a quoi m’attendre pour Anna Tsuchiya car je l’avais déjà vu dans le film Sakuran de Mika Ninagawa, mais je suis beaucoup plus surpris par Kyoko Fukada que je n’avais vu jusqu’à présent que dans de nombreuses publicités. A noter finalement que ce film s’appelle Kamikaze Girls pour sa distribution internationale, titre trompeur et mal choisi qui n’a strictement rien à voir avec l’histoire du film.

Tonde Saitama (翔んで埼玉)
Juste après avoir regardé Shimotsuma Monogatari, je me suis dis que j’allais continuer dans ce style d’humour se moquant gentiment des préfectures autour de Tokyo. Tonde Saitama (翔んで埼玉) est un film de 2019 réalisé par Hideki Takeuchi avec comme têtes d’affiche le chanteur aux airs gothiques Gakt et l’actrice Fumi Nikaidō. J’avoue qu’une des raisons pour lesquelles je voulais voir ce film était pour admirer la coupe de cheveux blonde au carré légèrement ondulée de Fumi Nikaidō. L’histoire est tout à fait improbable et on nous dit ironiquement qu’il s’agit d’un monde imaginaire n’ayant rien à voir avec la réalité. Dans ce monde, les gens des autres préfectures, notamment de Saitama, ne peuvent pas entrer dans Tokyo à part sous certaines conditions car ils n’en sont pas dignes. Une milice est même en place pour détecter les intrus et les neutraliser. On fait assez vite la connaissance de Rei Asami, personnage aux airs aristocratiques interprété sans trop d’efforts par Gakt, alors qu’il vient intégrer une grande école de Tokyo après avoir passé une partie de sa vie aux Etats Unis. Momomi Dannoura, interprétée par Fumi Nikaidō, est la fille du tout puissant gouverneur de Tokyo et règne d’une main de fer sur cette école. On comprend vite que Rei Asami est un espion à la solde de Saitama, et qu’il a pour dessein de libérer sa contrée de l’ignoble emprise et des règles de la capitale. Les relations entre Rei et Momomi sont d’abord difficiles, mais elle tombera malgré elle sous son charme mystérieux (comme toutes les autres filles de l’école) et se joindra, non sans mal, à la cause de Saitama. L’histoire se complique quand l’homme de main du gouverneur de Tokyo, Sho Akutsu (interprété par Yusuke Iseya), également grande ponte de la préfecture de Chiba vient essayer de barrer la route de Rei Asami. La bataille se transforme même en un conflit entre Saitama et Chiba. L’histoire tout à fait absurde tient la route car elle est racontée comme un drama écouté à la radio dans la voiture par un couple et sa fille alors qu’il se rendent à un mariage. Le film oscille donc entre les scènes réelles dans la voiture et les scènes de l’histoire racontée à la radio. Le principal intérêt du film est dans les représentations très moqueuses faites des préfectures autour de Tokyo. Saitama est montrée comme une contrée arriérée, restée bloquée au moyen-âge. Gunma, un peu plus haut sur la carte, est montré comme étant encore à l’âge de la Préhistoire, dans une jungle imprenable dans laquelle vivent des yétis. Cet humour omniprésent est en fait assez difficile à décrire et il faut assez bien connaître les spécialités de chaque préfecture pour comprendre l’humour. Par exemple, comme supplice pour faire parler Rei Asami alors qu’il est prisonnier des mains de Chiba, Akutsu utilise des cacahouètes qu’il lui met vicieusement sous le nez, les cacahouètes étant une spécialité de Chiba. Ou encore, pour prouver qu’il n’est pas originaire de Saitama, la milice de Tokyo demande pressement à Rei Asami d’écraser du pied un senbei avec un logo de pigeon symbole de Saitama, ce qu’il n’arrivera pas à faire. Je reconnais certains des aprioris énoncés sur Saitama (et notamment le jeu de mot Dasai-tama), mais comme la belle famille est de Kanagawa, je n’ai jamais trop pratiqué cet humour. En fait, Kanagawa est plutôt vu d’une manière positive du fait de la présence des plages de Shonan mais il ne faut pas oublier que c’est aussi le pays des Yankis. Le fait qu’il n’ait pas d’accès à la mer à Saitama est d’ailleurs mentionné plusieurs fois dans le film comme un point très négatif par rapport à d’autres préfectures comme Chiba qui est sa concurrente directe. Pour pallier à cela, l’histoire nous raconte même que Saitama aurait tenter de faire un long tunnel à travers Chiba pour amener la mer jusqu’aux territoires de Saitama. Ces petites querelles bénignes entre les préfectures sont forcément exagérées dans le film, mais partent tout de même d’une pointe de vérité. Bon, il y a beaucoup de subtilités qui ont dû m’échapper en cours de route pendant le film, mais je suis resté jusqu’au bout pour Momomi. Du coup, je me suis mis en recherche d’autres films où jouait Fumi Nikaidō. J’avais déjà dit avant que Fumi Nikaidō est fan de Sheena Ringo, mais ce n’est pas la raison pour laquelle j’aime son jeu d’actrice (enfin je pense). A noter finalement que Tonde Saitama a eu beaucoup de succès et qu’une suite est annoncée.

Himizu (ヒミズ)
Après avoir vu Forest of Love de Sion Sono, film qui m’avait traumatisé, je ne pensais pas revoir de si tôt un autre film de ce réalisateur. C’est en fait l’actrice Fumi Nikaidō qui me pousse vers le film Himizu (ヒミズ) sorti en 2011. Je me suis dis que si elle jouait dans ce film, c’est qu’il devait être regardable voire même appréciable. En fait, je suis déjà convaincu que Sion Sono crée des œuvres fortes mais il a pour moi une tendance systématique à aller (beaucoup) trop loin dans l’outrance. Il y a de l’outrance et de l’exagération dans Himizu qui fait ressembler le film à une fable, mais la qualité première du film vient des deux acteurs Shōta Sometani et Fumi Nikaidō. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi impressionné par un jeu d’acteur et d’actrice. La force de leurs interprétations d’écorchés vifs nous prend au cœur. Comme toujours chez Sion Sono, les protagonistes sont confrontés au pire que l’on puisse trouver dans le genre humain, dans un monde où la violence physique et verbale est quasi omniprésente. Yuichi Sumida interprété par Shōta Sometani a un père petit mafieux en manque d’argent qui le bat et le renie même. Sa mère n’est elle jamais à la maison. Il est obligé de prendre en charge le petit parc de barques de plaisance de sa mère, perdu au milieu de nulle part, aidé par trois ou quatre exclus de la société vivant sous des tentes juste à côté. Le film est entrecoupé de scènes post-tsunami de 2011, ce qui nous laisse penser que ces personnes vivant sous des tentes sont des rescapés du tsunami ayant tout perdu. Parmi eux, il y a Shozo, un vieil homme généreux mais un peu simplet interprété par Tetsu Watanabe que l’on a déjà vu dans les films de yakuza de Takeshi Kitano comme Sonatine et Hanabi. Les rôles secondaires sont également excellents, même Megumi Kagurazaka (épouse de Sion Sono) qui ne parle jamais mais est toujours là souriante et n’ayant l’air d’avoir besoin de rien sous sa tente. Il y a même une mini-apparition de Yuriko Yoshitaka dans le rôle de la copine d’un voleur de rue. Je me demande toujours comment ces actrices ne prennent pas peur de jouer dans des films de Sion Sono (je pense à Hikari Mitsushima dans Love Exposure par exemple), mais en même temps, ce type de rôle est une opportunité de partir dans les extrêmes, comme un test personnel. Les extrêmes sont nombreux dans Himizu et il faut partir dans le film avec cette idée en tête. Par exemple, Keiko Shazawa, brillamment interprétée par Fumi Nikaidō, semble vivre dans une maison typique de banlieue. Mais on comprend vite qu’il n’y a rien de normal dans cette maison quand on voit que sa mère et son père préparent avec beaucoup d’attention une corde de pendu, avec un cadre de bois entouré de guirlandes dans le salon, pour leur fille. Il n’y a aucun moment de répit dans le film car les emmerdes s’enchaînent pour Sumida qui a du mal à s’accrocher à la vie. Shazawa joue le rôle d’ange gardien, malgré le fait que Sumida la repousse sans cesse. Sion Sono met volontairement ses personnages dans des situations extrêmes pour voir comment ils vont réagir. Ce film ressemble parfois à une expérience de vie dans un monde hostile qu’on ne préférait pas connaître. Himizu n’est clairement pas à mettre devant tous les yeux, mais il m’a personnellement beaucoup impressionné, au point de changer un peu d’avis sur le réalisateur. En fait, les acteurs et actrices ont toujours été excellents dans les films de Sono, il faudrait juste qu’il n’aille pas trop loin. A noter finalement que le film était présenté en compétition à la Mostra de Venise en 2011 et que Shōta Sometani et Fumi Nikaidō ont tous les deux reçus le Prix Marcello-Mastroianni du meilleur jeune interprète.

Ryū to Sobakasu no Hime (竜とそばかすの姫)
Pour terminer cette sélection cinéma plutôt éclectique, je passe maintenant à un film d’animation. Je ne vais pas souvent au cinéma et d’autant moins en ces temps de crise sanitaire, mais je ne voulais pas manquer le nouveau film d’animation de Mamoru Hosoda, Ryu to Sobakasu no Hime (竜とそばかすの姫), sorti le 16 Juillet. Un peu comme Summer Wars du même réalisateur, l’histoire oscille entre le mode réel et un monde virtuel digital (le réseau social U) dans lequel évoluent des milliards d’avatars, parmi lesquels Belle, une représentation de l’adolescente Suzu. Le mot japonais suzu veut dire clochette, qui se traduit également en Bell en anglais d’où le nom de son avatar. Suzu se bat tant bien que mal contre ses tourments et ses peurs, et se trouve la mission dans le monde virtuel U de venir en aide à un autre avatar, la bête Ryū, une représentation digitale d’un autre jeune être en souffrance. A travers son personnage de Belle, Suzu se découvre une capacité à chanter qui devient même un pouvoir pour guérir les âmes souffrantes. En plus de la beauté visuelle (Belle chantant sur une baleine volante portant des milliers de haut-parleurs), ce film d’animation est chargé d’émotion et m’a donné les larmes aux yeux lors de certaines scènes finales. La musique est très présente et est justement un des vecteurs qui nous poussent vers cette émotion. Le morceau titre intitulé U est d’ailleurs composé par Daiki Tsuneta sous la formation Millenium Parade avec Kaho Nakamura au chant. J’en parlais dans les commentaires d’un billet précédent, mais j’aime beaucoup ce morceau notamment la voix de Kaho Nakamura. Elle donne également sa voix au personnage de Suzu et c’est une véritable révélation de ce film d’animation. En petit détail à noter, Shōta Sometani (du film dont je parlais juste avant) interprète la voix d’un des personnages du film d’animation, l’unique membre du club de canoë de l’école, également responsable d’un des petits moments comiques du film pour sa timide déclaration d’amour au milieu d’une gare de campagne. Toujours pour les voix, la meilleure amie de Suzu est quant à elle interprétée par Ikura du groupe électro-pop Yoasobi. Le monde virtuel de Ryu to Sobakasu no Hime me fait un peu penser à celui de Paprika de Satoshi Kon, car on y trouve un foisonnement similaire bien que les histoires soient très différentes. Le réalisme graphique n’atteint pas les niveaux des films de Makoto Shinkai, mais j’aime beaucoup le style Hosoda. Comme sur son film précédent Mirai no Mirai (未来のミライ), il met l’accent sur les comportements des personnages que je trouve très réalistes. Du coup , il va falloir que je découvre les films de Mamoru Hosoda que je n’ai pas encore vu comme Bakemono no Ko (バケモノの子 – Le Garçon et la Bête). Il y a encore de nombreuses lacunes que je dois combler dans ma connaissance des films d’animation japonais.

dans l’atelier de Tarō Okamoto

Je suis passé très souvent devant le musée de Tarō Okamoto à Aoyama et j’ai très souvent eu l’idée d’y entrer mais l’opportunité ne s’est concrétisée que maintenant. Le Tarō Okamoto Memorial Museum était en fait la demeure de l’artiste. Tarō Okamoto (岡本 太郎) y a vécu de 1954 jusqu’à sa mort en 1996 à 84 ans, soit un peu plus de quarante ans. Il a développé ici les idées de toutes les œuvres qui ont fait sa renommée comme l’imposante Tour du Soleil (太陽の塔, Tower of the Sun) de l’exposition universelle d’Osaka en 1970. Cette maison faite de blocs de béton a été conçue par l’architecte Junzo Sakakura, connu pour être un des disciplines japonais de Le Corbusier. Le design du toit en formes convexes comme une lentille optique est très intéressant. En passant devant le bâtiment, j’ai toujours pensé y voir une aile d’avion découpée, qui me rappelle un peu le design de Paul Andreu pour les toitures des terminaux A et B de l’aéroport Charles de Gaulle. A l’intérieur, on peut visiter plusieurs pièces remplies des œuvres immédiatement reconnaissables de Tarō Okamoto. Certaines sont des modèles de sculptures que l’on retrouve à Tokyo, comme celle appelée L’Arbre des Enfants (こどもの樹) devant le hall Kokomo no Shiro (こどもの城), ou un peu partout dans le Japon. Au rez-de-chaussée, après une pièce ressemblant à un salon avec accès sur le jardin, on peut entrer dans une partie de l’atelier. L’espace semble être resté en l’état comme si Tarō Okamoto venait de quitter la pièce après avoir terminé une peinture. J’aime beaucoup voir ces espaces de travail et de création. Enfin, j’imagine que les structures colorées en forme de créatures fantastiques au milieu de la pièce ont été ajoutées et n’étaient pas à cet endroit au moment où il créait. Le musée est assez petit, sur deux étages mais les œuvres sont nombreuses et débordent même sur le jardin. Le jardin ressemble à une petite jungle impénétrable avec des plantes exotiques. Des statues sortent leur tête tout d’un coup à travers les feuillages. Et lorsqu’on lève les yeux pour admirer la structure de sa maison, une autre créature ressemblant à la tour du soleil nous observe gentiment les mains sur la balustrade.

J’ai un attachement plus particulier pour sa grande fresque murale intitulée Le Mythe de demain (明日の神話) que l’on trouve maintenant dans la gare de Shibuya, car nous l’avions vu exposée avant son déménagement dans la gare. Mais à part les sculptures et peintures vues dans Tokyo, je n’ai pas une vaste connaissance de son œuvre. En fait, le numéro de Juin 2021 du magazine Casa Brutus m’a donné l’idée d’aller voir sa maison à Aoyama. Le numéro s’intitule Taro & Aimyon (岡本太郎とあいみょん). La compositrice et interprète Aimyon nous montre à travers les pages du magazine un nombre important d’oeuvres de Tarō Okamoto à Osaka à l’intérieur de la Tour du Soleil qui fourmillent de créatures, dans la maison d’Aoyama que je viens de visiter et au musée de Kawasaki qui sera certainement ma prochaine visite. On peut y voir des photos de pièces de la maison à Aoyama, notamment le Living room, qui ne sont pas accessibles à la visite. Aimyon pose presque chaque fois sur les photos mais comme elle n’est pas modèle, je trouve que ça sonne particulièrement juste. Ces photographies prises par Takemi Yabuki sont, je trouve, très réussies car on y trouve un soupçon de fantaisie dans les postures d’Aimyon qui convient bien, sans en faire trop car il n’est de toute façon pas imaginable d’égaler la folie créative de Tarō Okamoto. Du coup, je me suis mis à écouter la musique d’Aimyon, le morceau Ai o shiru made ha (愛を知るまでは) en particulier. Sans forcément plonger plus en avant dans sa discographie pour l’instant, j’aime beaucoup la dynamique de son chant. Il y a quelque chose de particulier, d’atypique.

Les journées pluvieuses nous poussent à rester à l’intérieur. On dirait que nous sommes entrés dans une deuxième saison des pluies. Tokyo est ceci dit relativement épargné par rapport aux zones Ouest du Japon. J’étais de toute façon cloué au lit pendant une journée entière avec 38.5 de fièvre, suite à la deuxième piqûre du vaccin Moderna. C’était un mauvais moment à passer mais une bonne chose de faite. La fièvre m’a fatigué mais ne m’a pas empêché de regarder des films sur Netflix. Je me suis remis en tête de regarder des films japonais et j’en parlerais certainement dans un prochain numéro. Mais la pluie a quand même l’avantage de m’accorder un peu plus de temps que d’habitude pour écrire. Mais écrire pour qui, pour quoi? La question est peut-être écrire pour quand.

銀座ウォーク❽

Je continue cette série estivale « walk » (ウォーク) qui se promène dans plusieurs quartiers de Tokyo. Les photographies datent un peu car elles sont prises en même temps que ma visite du parc Hama-Rikyu et mon passage devant la tour Nakagin. Je profite de ce passage rapide dans Ginza pour aller devant au grand carrefour au pied de la tour Ginza Place dessinée par Klein Dyhtham. Un groupe de deux saltimbanques en tenues de couleurs unies fluorescentes se produisait à ce carrefour. Ils s’appelaient Just-In. Je ne les connais pas et je ne pense pas qu’ils soient connus mais j’ai quand même retenu leur nom pour la ressemblance avec le prénom d’un chanteur américain connu. Je pense que c’est volontaire et ça marche apparemment plutôt bien car je me souviens moi-même de leur nom même après plusieurs semaines, sans pour autant avoir vu leur représentation de rue car ils terminaient juste à mon arrivée. Mon détour dans les rues de Ginza m’amène par hasard devant l’hôtel Aloft. Les plus attentifs d’entre nous saurons certainement que c’est dans le lounge de cet hôtel de Ginza que s’est déroulée l’emission spéciale de Tokyo Jihen sur YouTube, Hanakin Night Ajito Nau (東京事変の花金ナイト 「アジトなう。」) , qui faisait office de présentation du nouvel album Music (音楽). En regardant à travers les grandes baies vitrées, je reconnais l’intérieur avec le billard au fond et le fauteuil haut sur lequel Ukigumo était assis. Dommage que cette émission ne soit plus disponible officiellement sur YouTube car elle était particulièrement intéressante, enfin on peut bien la trouver ailleurs si on cherche bien.

En parlant de Sheena Ringo, je reviens sur les interrogations que j’avais à propos d’une photo d’archive de la fin des années 90, vue sur un mur d’Harajuku. Je me posais la question dans un autre billet de qui accompagnait Sheena Ringo lors de son voyage en Décembre 1998 à Londres et à Paris pour un magazine de mode. Le bouquin Ringo Allergie (林檎アレルギー) que je viens de recevoir me confirme que le magazine en question se nomme Zipper et que le séjour à Paris et Londres avait lieu du 11 au 18 Décembre 1998. Il s’avère que le modèle masculin qui accompagnait Sheena pendant ce séjour s’appelle Gaku (学). Ce n’est donc pas la personne de l’affiche sur la palissade d’Harajuku, malgré une certaine ressemblance. La personne sur l’affiche d’Harajuku se nomme apparemment Hide et est étudiant en université. Mon intuition n’était donc pas la bonne. Cette recherche poussée a quand même eu l’intérêt de me faire découvrir ce livre Ringo Allergie et de me rappeler à récupérer en format mp3 les épisodes de l’émission radio de Cross FM Fukuoka Etsuraku Patrol pour pouvoir les écouter facilement une nouvelle fois sur mon iPod. La première émission disponible, celle du 21 Décembre 1998, parle d’ailleurs de ce séjour à Londres et Paris. J’ai toujours dans l’idée de faire un résumé des 16 émissions disponibles mais il me faudrait beaucoup de courage et d’obstination. Il y a en fait des retranscriptions de certaines émissions dans le fanzine gratuit RAT dont toutes les éditions de 1999 à 2003 sont regroupées dans la boîte verte fluorescente SheenaRingoBoX sorti en 2008 pour ses dix années de carrière. Le contenu de cette boîte est un petit trésor qui me prendra du temps à explorer. Les photographies prises pendant le séjour à Paris et Londres ont été montrées dans plusieurs numéros du magazine Zipper, notamment ceux de Mars, Avril et Juin 1999 (entre autres). Les quelques photos ci-dessus prises à Paris proviennent du numéro d’Avril 1999 de Zipper avec Chara en couverture.

J’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog de la musique de Samayuzame mais je ne peux m’empêcher d’en parler encore car elle vient de sortir son deuxième album intitulé Plantoid le 28 Juillet. L’album contient les trois morceaux dont j’ai déjà parlé auparavant, à savoir Boku no Wakusei (僕の惑星), Rui Rui (累累) et Lotus Farm. Le morceau que je préfère sur les sept de l’album, est le sixième intitulé Naraku no Mokushiroku (奈落の黙示録), qui est d’une beauté sombre et inquiétante. Les trois images ci-dessus sont tirées de la vidéo visible sur YouTube. On retrouve cette ambiance sur la majorité des morceaux de l’album mais la voix délicate de Samayuzame apporte une lumière qui contrebalance bien l’ensemble. L’univers musical de Samayuzame évoque un monde sombre et onirique. Les sonorités principalement électroniques nous enveloppent et on se laisse emporter par cette atmosphère rêveuse remplie de mystère. La qualité de composition est magnifique, particulièrement riche, foisonnante de toute sorte de sonorités parfois volontairement dissonantes. Certaines sonorités me font d’ailleurs penser à l’ambiance de KSK de Sheena Ringo. En fait, il y a un son final au violon sur le morceau Lotus Farm qui m’a fait penser dès la première écoute au violon de Neko Saito. J’étais d’ailleurs très surpris de voir après coup que Neko Saito donnait un commentaire sur l’album. Son commentaire est très élogieux et indique d’ailleurs que Samayuzame et Neko se connaissent depuis trois ans et qu’il l’a vu évoluer pendant ces quelques années. Ce commentaire est présenté dans un tweet avec une photo de Neko Saito en blouse blanche qui, si je ne trompe pas, est tirée du concert Ringo Expo 18 de Sheena Ringo. A ce propos, le morceau titre de l’album, Plantoid, m’interpelle à chaque fois que je l’écoute. La manière de chanter de Samayuzame sur les premières paroles de ce morceau me rappelle à chaque fois le morceau Hatsukoi Shōjo (ハツコイ娼女) sur l’album Heisei Fūzoku (平成風俗). Les morceaux ne se ressemblent pourtant pas mais j’y entends une manière similaire de faire flotter les fin de phrases. Il y a beaucoup de talent et d’inspiration dans cet album et ce foisonnement de sonorités s’accordent entre elles dans la plus grande limpidité. L’album est juste un peu court en version digitale (celle sur j’ai acheté sur iTunes) mais la version sur CD contient deux morceaux supplémentaires qui sont des reprises de deux morceaux plus anciens. J’ai déjà écouté cet album de nombreuses fois mais je ne m’en lasse pas, certainement car j’y trouve quelque chose d’apaisant. J’aime aussi beaucoup son logo en forme de papillon qui reprend son nom. On l’aperçoit à la fin de la vidéo de Naraku no Mokushiroku.

日本橋ウォーク❼

Notre recherche des signes de l’olympisme dans Tokyo nous amène jusqu’à Nihonbashi où se déroule pendant la période des Jeux une exposition prenant le nom d’Olympic Agora. Nous avions l’intention d’aller voir les installations d’art contemporain inspirées par Tokyo 2020 des artistes Xavier Veilhan, Makoto Tojiki et de la photographe Rinko Kawauchi, mais le temps nous a malheureusement manqué. Nous y retournerons un autre jour peut-être. Nous n’avons vu que l’énorme médaille d’or, reprenant le design de Junichi Kawanishi, à l’intérieur de l’atrium de l’immeuble Mitsui de Nihonbashi, les anneaux olympiques disposés près du grand pont de Nihonbashi et quelques affiches historiques des Jeux précédents sur les façades des buildings de l’avenue Chuo. Je n’étais pas passé à pied depuis très longtemps sur le pont de pierre de Nihonbashi, conçu en 1911 par l’architecte Tsumaki Yorinaka (妻木 頼黄). Le paysage et le ciel est obstrué par les immenses voies de l’autoroute intra-muros qui laissent à peine assez de place pour les statues Kirin placées au centre du pont. Cette portion d’autoroute est censée disparaître sous terre pour redonner à Nihonbashi son apparence initiale. Cette autoroute a été construite avant les Jeux Olympiques de 1964 et les travaux pour déplacer cette portion à Nihonbashi sont censés démarrer après les Jeux de Tokyo 2020, c’est à dire à partir de maintenant. Je n’ose pas imaginer le nombre d’années nécessaires pour réaliser des travaux d’une telle envergure.

Les Jeux de Tokyo se terminent déjà. J’ai l’impression que ces deux semaines ont passé très vite car on a été émergé dans les épreuves retransmises à la télévision. Il y a eu beaucoup de beaux moments. La cérémonie de clôture n’avait malheureusement rien d’exceptionnel, sauf les quelques passages en projection mapping et la vidéo faisant le relais avec Paris en ville hôte des Jeux de 2024. Je dirais même que la qualité de la vidéo française est venue éclipser les séquences de la cérémonie de clôture japonaise. Ce sont du moins les réactions qu’on entend autour de nous. On était par contre très agréablement surpris de voir la performance du sopraniste Tomotaka Okamoto (岡本知高) que nous avions été voir récemment en concert en Mars de cette année à Yatsugatake. Surpris également de voir Tokyo Ska Paradise sur scène au milieu du stade olympique, bien que je ne sois pas particulièrement amateur de cette formation qui me semble toujours surjouer leur enthousiasme (mais c’est plutôt le ska de manière générale auquel je n’accroche pas beaucoup). Milet était également sur scène ce qui m’a également surpris car c’est une figure relativement jeune de la scène musicale japonaise, mais elle a une très belle voix d’autant plus qu’elle chantait en français. Même si je n’accroche pas beaucoup à sa musique, elle a beaucoup de talent et il faudra certainement que je change d’avis un jour ou l’autre. Au final, j’ai tout de même trouvé cette cérémonie de clôture en deçà des Jeux en même. Pour revenir à la cérémonie d’ouverture, le magazine Bunshun revient une nouvelle fois sur le plan initial en dévoilant en presque totalité le storyboard de MIKIKO. Essayons de ne pas trop imaginer ce que ça aurait donné pour ne pas se faire trop de mal.

Côté musique, je suis tombé par hasard sur le morceau Always With You de Aseul alors que j’étais emmené par erreur sur Spotify. Je n’ai pas de compte Spotify mais on peut quand même y écouter des morceaux au hasard sur une playlist. Ce morceau m’a tout de suite intrigué. J’ai immédiatement aimé cette ambiance dream pop qui sonne comme des lumières de néons s’échappant d’une brume urbaine. Aseul (아슬) est une compositrice et interprète coréenne indie et elle chante principalement en coréen. Trois morceaux accrochent tout de suite, le premier Fill Me Up (구멍), le troisième Sandcastles (모래성) et le septième et dernier morceau Always With You. L’album prend un titre japonais, s’appelant Asobi. La vidéo de Sandcastles semble d’ailleurs avoir été filmée à Okinawa. Asobi est sorti en Juillet 2018. L’album faisant 27 mins, il est malheureusement assez court et on aimerait que cette musique continue un peu plus longtemps. Il y a une certaine intimité qui se dégage de sa voix qui ne force pas le trait mais nous laisse nous y installer tranquillement. Les autres morceaux sont aussi très bons. Aseul a un sens mélodique certain et ces airs électroniques nous restent en tête et nous donnent envie d’y revenir. Il se dégage un certain apaisement même si les morceaux peuvent être assez rythmés. Je n’ai pas trop l’habitude d’écouter des morceaux en coréen, la dernière fois c’était la musique électronique de syndasizung, mais ces tons de voix me plaisent beaucoup. On est ici très loin de la K-POP pré-programmée et la musique d’Aseul prend une direction toute différente qui nous donne le sentiment d’une grande liberté. Les curieux démarreront la découverte de cet album disponible sur Bandcamp avec le morceau Always With You qui est vraiment excellent, ceci étant une impression qui se renforce petit à petit au fur et à mesure des écoutes.

autour du stade olympique (2)

Les deux premières photographies sont prises à proximité du stade olympique au niveau de la station Kokuritsu Kyōgijō (国立競技場). Je profite de passer près de la station pour prendre une nouvelle fois en photo les toilettes de béton semblant en lévitation au dessus du bitume. La première photographie montre une des entrées vers le stade pour le personnel habilité. Le jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, le 23 Juillet vers midi, l’escadron Blue Impulse avait fait une sortie pour dessiner dans les airs les anneaux olympiques. L’horaire de passage n’était donné que peu de temps avant leur passage pour éviter les rassemblements, mais on savait bien qu’ils allaient passer et dessiner les anneaux au dessus du stade olympique. Nous nous étions pressé pour aller en voiture sur le pont près du cimetière d’Aoyama car on savait que la vue y serait dégagée. Nous n’étions malheureusement pas les seuls à avoir l’idée de s’installer à cet endroit. C’était d’ailleurs bien naif de notre part de penser qu’on serait les seuls à penser à aller à cet endroit. Nous avons tout de même trouvé une place sur le bord de la rue sans gêner la circulation. Une voiture de police n’était pas loin mais n’a pas été très insistante pour nous dégager, comprenant certainement l’euphorie naissante qui gagnait la foule réunie avant le passage des avions. Au final, j’ai pu les prendre en photo et voir les traînes de couleur. Les anneaux ne me semblaient par contre pas clairement dessinées dans le ciel, mais je pense que le ciel nuageux n’a de toute façon pas permis de voir ces anneaux d’une manière marquante. C’est bien dommage. J’en ai quand même filmé une partie avec mon iPhone et la vidéo se trouve sur mon compte Instagram. Sur YouTube, on peut également voir une vidéo en VR à l’intérieur du cockpit du Blue Impulse de tête et apercevoir les traînes de couleur des autres appareils par moment. C’est assez impressionnant.

Les deux dernières photographies montrent une installation intitulée hiwadrome type re [in-carnation] par l’artiste originaire d’Osaka, Kazuhiko Hiwa. L’installation se compose de chaises roulantes, que l’artiste utilise également, regroupées pour former une grande sphère peinte en blanc. L’artiste a créé plusieurs installations aux formes parfois monstrueuses dans cette série hiwadrome. L’installation fait partie d’une exposition d’art en plein air intitulée Ripple Across The Water (水の波紋展2021) qui se déroule près des anciens appartements de Kita Aoyama du 2 Août au 5 Septembre 2021. La structure hiwadrome n’était par encore totalement installée à mon passage et il y a d’autres sculptures et installations à voir. Il faudra donc que j’y retourne prochainement pour voir tout ça. Nous sommes ici à proximité du grand stade et ces installations pendant la période olympique rentrent dans un ensemble artistique similaire aux Pavillons que j’ai montré dans une série précédente.

Les installations artistiques sont nombreuses en marge des Jeux Olympiques et c’est un plaisir de partir à leur recherche, comme une chasse aux trésors. La plus impressionnante était la plus éphémère. Quelques jours avant le début des Jeux, le 16 Juillet pour une journée seulement, on pouvait voir s’élever au dessus du parc de Yoyogi une montgolfière en forme de visage. Il s’agissait du projet Masayume par l’équipe d’art contemporain 目[mé]. J’avais d’abord aperçu sur Twitter une photo prise depuis un building de ce visage sortant des arbres de la forêt de Yoyogi. Ces images surréalistes prises dans la journée m’ont tout de suite donné l’envie d’aller voir l’appareil de plus près, le soir lors de ma marche quotidienne après le travail. Je pensais ne pas voir le ballon car il faisait déjà sombre lors de mon passage, mais il était bien là à l’entrée principale du parc Yoyogi, tout près du Cloud Pavillon de Sou Fujimoto. Son emplacement n’était pas annoncé à l’avance, mais je n’étais pas le seul à être venu voir cette montgolfière à cet endroit ce soir là. J’en ai pris une vidéo que je montre également sur mon compte Instagram et qui a eu plus de 5,000 vues. C’est un record pour mon compte Instagram qui voit quand même le nombre de Followers augmenter progressivement à plus de 440 maintenant. Ce visage sur la montgolfière est apparemment une image composite de nombreux autres visages, censé, j’imagine, représenter la multiplicité des nationalités se réunissant pendant les Jeux Olympiques de Tokyo 2020.