près d’un quart de lune

Nous sommes ici à Yokohama dans le quartier de Minato Mirai, au plus près de la baie. Pour être plus précis, nous sommes sur une zone gagnée sur la mer nommée Shinko (新港). On trouve sur cette portion les anciens bâtiments en briques rouges Yokohama Red Brick Warehouse, mais nous étions venus jusque là pour aller jeter un œil rapide au nouveau centre commercial Yokohama Hammer Head (横浜ハンマーヘッド). Ce nom vient de la grande grue de manutention de fabrication anglaise datant de 1914. Elle a été laissée intacte à son emplacement et on la voit sur la deuxième photographie. Elle était utilisée sur cet ancien quai pour la manutention de fret pour les grands navires accostés au port. Elle pouvait transporter jusqu’à 50 tonnes d’acier et d’objets lourds. Nous n’étions pas venus dans ce quartier de Minato Mirai depuis plusieurs années et le décor urbain a changé par endroits. Un téléphérique a par exemple été installé pour desservir deux zones de Minato Mirai, mais nous ne l’avons pas emprunté, préférant marcher dans ces rues en fin d’après-midi pendant une journée de fin Décembre.

la magnifience du béton

Je suis en ce moment attiré par le gymnase olympique de Yoyogi car je suis passé à proximité deux week-ends de suite. Quitte à approcher ce monument architectural, autant aller au plus près en marchant sur le parvis. En fait, en marchant depuis le centre de Shibuya dans sa direction, je n’avais jamais remarqué un sanctuaire de béton appelé Kitaya Inari Jinja (北谷稲荷神社). J’y remarque beaucoup de détails visuels intéressants et des formes particulières, mais je n’apprendrais qu’un peu plus tard que ce sanctuaire a été conçu par Kiyonori Kikutake (菊竹 清訓). Il faudrait que j’y revienne prochainement pour observer ces détails d’un peu plus près. Depuis une des sorties de ce sanctuaire, on a une très belle vue sur l’annexe du gymnase olympique de Yoyogi, ce qui me fait d’autant plus apprécier ses formes élancées. Ce gymnase conçu pour les Jeux Olympiques de 1964 par Kenzo Tange est une des plus belles œuvres architecturales de tout le Japon (si ce n’est pas tout simplement la plus belle). La délicatesse et la dynamique des lignes du toit tenu par des câbles tendus rendent cette architecture tout simplement magnifique. Il faut dire que le gymnase et son annexe ont été rénovés juste avant les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Je fais des longues marches en ce moment et celle-ci m’amène jusqu’aux portes de Shinjuku, en passant par Harajuku. Je passe volontairement devant les bureaux de l’agence de design Wonderwall de Masamichi Katayama pour voir la cycadale, sorte de petit palmier, poussant sur un rocher. Katayama la montre régulièrement sur son compte Instagram depuis son installation devant le grand mur de béton de Wonderwall. J’étais assez curieux de voir cette plante et de saisir en photo le contraste de cet élément de végétation avec le béton brut, magnifique d’ailleurs. Le béton de la GA Gallery à Kitasando par Makoto Suzuki (AMS Architects) est d’un aspect très différent, beaucoup plus brutaliste. Le bâtiment date de 1974 et le passage des années apporte beaucoup de cachet à l’ensemble. Les visiteurs fidèles de Made in Tokyo savent certainement que je prends souvent ce bâtiment en photo. Je ne perds pas une occasion de passer à côté lorsque je marche vers Shinjuku, notamment pour jeter un coup d’œil rapide à la petite librairie d’architecture au premier étage près de l’entrée. Elle était malheureusement fermée lors de mon dernier passage.

風を切って行くわよ

Le béton brut de House in Minami-azabu par l’architecte Hitoshi Wakamatsu. La forme en polyèdre du toit a été calculée pour maximiser la hauteur permise par les régulations urbaines du quartier tout en minimisant l’ombre projetée sur les maisons alentours. L’impression brutaliste de l’extérieur est conservée dans certaines pièces à l’intérieur, notamment le living au deuxième étage ouvert des deux côtés par d’immenses baies vitrées dont une aux formes obliques. Le rez-de-chaussée contient une pièce traditionnelle japonaise en tatami plutôt sombre. Le dernier étage sous le toit est peint en blanc avec quelques fenêtres de taille réduite.

Une cérémonie bouddhiste de quartier à Ikegami pour commencer la nouvelle année sous les meilleurs auspices. Comme elle durait plus d’une heure, je me suis discrètement éclipsé pour aller explorer le quartier. Cette cérémonie aux portes d’un temple suscitait la curiosité de certains passants.

Détails d’une rue du quartier d’Ikegami dans l’arrondissement d’Ōta. La zone que je parcours est presque exclusivement résidentielle et ne m’a pas apporté beaucoup d’opportunités photographiques. Mais il faut parfois plusieurs passages pour que les choses se révèlent à moi. J’ai même souvent tendance à voir des choses différentes à chaque passage dans une même rue ou quartier.

Façade du magasin d’instruments de musique Ikebe à Shibuya. Je fais un détour volontaire pour voir les affiches géantes montrant les visages de Hana et Hikam Watanabe de Tamanaramen (玉名ラメン). Ces photographies aux couleurs fortement modifiées reprennent le style du single The light behind my eyelids, que je mentionnais dans un récent billet.

Quand je marche dans le centre de Shibuya, je passe presque systématiquement derrière le grand magasin PARCO pour voir quelle affiche y est montrée. Cette fois-ci, il s’agissait d’une affiche publicitaire pour une réédition en cours de l’oeuvre manga complète de Katsuhiro Ōtomo « The Complete Works« . Bien que j’aime beaucoup son œuvre, il est fort improbable que je me lance dans cette collection là. J’ai d’ailleurs l’impression qu’il y a déjà eu des rééditions du manga AKIRA et d’autres books commémoratifs.

Je fais ces détours rapides en coupant le vent dans Shibuya pour finalement arriver au Tower Records. Des costumes de scène de Tokyo Jihen y étaient exposés au huitième étage pendant une période limitée. Ce genre d’exposition se déroule en général plutôt au Tower Records de Shinjuku, mais depuis la réduction de l’espace du magasin, il ne devait pas y avoir assez de place pour tout montrer. Il faut dire que ça doit être la plus grande exposition que j’ai pu voir jusqu’à maintenant. On y retrouve les kimonos portés par Tokyo Jihen lors de l’émission Kōhaku sur NHK le 31 Décembre 2021, les tenues au début et à la fin de cette même émission, et quelques autres utilisées dans d’autres émissions en 2021. J’étais particulièrement curieux de voir le skateboard de Sheena, qui apparaît régulièrement dans des émissions ou des vidéos. On peut également apprécier les Reebok Pump futuristes, les sacs à dos NASA et les tenues de sport colorées dérivées de celles de la période Sports. J’ai également montré quelques unes de ces photos prises à l’iPhone sur mon compte Instagram. J’y suis allé un dimanche à l’ouverture à 11h et il n’y avait donc qu’assez peu de personnes. Comme l’espace n’est pas très grand tout de même, j’ai fait de mon mieux pour ne pas inclure les visages des autres visiteurs sur mes photos sur Instagram, sauf une photo qui montrait l’affiche à l’entrée et sur laquelle on pouvait voir une fille de profil avec le visage à moitié caché par un masque. Quelques heures après publication, je reçois un DM de cette même personne me demandant de flouter la photo sur Instagram sur laquelle on voyait une partie de son visage ou d’enlever complètement la photo en question, ce que j’ai finalement fait car je ne pense pas qu’on puisse éditer une photo déjà publiée sur Instagram. Deux amis ou connaissances de cette personne m’ont également contacté pour la même raison, de manière fort aimable mais insistante tout de même. Je n’avais pas l’intention de créer de problème donc effacer la photo rapidement a rassuré tout le monde. Mais je ne m’étais jamais vraiment posé la question des problèmes éventuels de montrer des visages sur Instagram ou sur ce blog. Le problème sur Instagram est que j’utilisais le tag #椎名林檎 comme tous les autres personnes ayant montré des photos de cette exposition, ce qui fait que la personne en question a rapidement vu ma photo et a réagi. Je ne prends pas souvent des personnes en photo sur ce blog et encore moins sur Instagram, mais je ne me suis jamais empêché de montrer des visages sortant d’une foule par exemple. Cette remarque va peut-être modifier mon approche, du moins je suis sûr que je vais beaucoup plus y penser, ce qui est pour sûr un peu dommage.

Le titre de ce billet n’a pas grand chose à voir avec le contenu mais j’aime tout simplement la manière dont Nanako Matsushima (松嶋菜々子) prononce cette phrase au guidon d’une moto dans une publicité récente. Je garde cette phrase comme titre pour m’en souvenir.

GTW (Green Train to Wakabayashi)

Ma destination était la station de Wakabayashi (若林) dans l’arrondissement de Setagaya, mais je m’arrête à la station suivante Shōin-Jinjamae (松陰神社前) pour profiter pendant quelques minutes supplémentaires du petit train de la ligne Tōkyū Setagaya (東急世田谷線) reliant Sangenjaya (三軒茶屋) à Shimo-Takaido (下高井戸). Je voulais également passer voir le sanctuaire Shōin car il avait l’air d’avoir une taille assez importante sur Google Map. Je me rends compte beaucoup plus tard en écrivant ce billet que j’y suis déjà passé il y a longtemps avec Mari. On avait encore vingt ans lors de cette visite des quartiers au delà de Sangenjaya. Je ne me souvenais plus d’abord visité ce sanctuaire, mais je garde tout de même un souvenir précieux de cet après-midi et début de soirée. J’avais pris quelques photographies analogiques en noir et blanc que j’avais montré dans un billet de Novembre 2004.

Je suis venu pour redécouvrir ce quartier et l’ancienne petite ligne ferroviaire datant de 1969, mais également pour partir à la recherche d’une maison brute de béton que Joël m’avait, une fois encore, indiqué par e-mail en m’envoyant une photo. Je ne connaissais ni le nom ni l’architecte de cette maison, mais montrer les quelques photos que j’avais pris ce jour-là sur mon compte Instagram m’a permis de le découvrir. Un de mes Followers sur Instagram, JapanPropertyCentral, connaissait sans surprise le nom de l’architecte de cette maison et a eu la gentillesse de me l’indiquer en commentaire. Cette maison particulière de béton s’appelle donc WKB et a été conçue par Niizeki Studio (Kenichiro Niizeki 新関謙一郎). Ces formes en blocs de béton sont posées les unes au dessus des autres sans qu’on arrive à bien comprendre l’organisation et le nombre d’étages de cette maison. Un site d’architecture m’apprend qu’il y a 4 étages et montre quelques photos de l’intérieur. WKB date de 2014 mais paraît plus ancienne car le béton semble déjà imprimé par le temps, ce qui renforce l’effet brutaliste de l’ensemble. Ce que j’aime aussi beaucoup dans cette maison, c’est le mélange du béton avec la végétation qui envahit les murs. Je pense que cette nature qui déborde sur l’architecture, comme on le commentait sur cette photo sur Instagram, fait partie du concept initial de fondre la maison dans son environnement, car elle est située au bord d’une rue piétonne bordée d’arbres. De Niizeki Studio, je connaissais en fait déjà une maison aperçue il y a plusieurs années à Yoyogi-Uehara. Cette maison nommée House in Yoyogi-Uehara est également très particulière car on n’en aperçoit de l’extérieur qu’un immense mur de béton bordant une grande porte noire.

En continuant ma marche dans Setagaya en direction de Shimo-Kitazawa, je passe près de la station de Setagaya-Daita et découvre aux hasards des coins de rues une petite maison entourée d’arbres digne de l’univers de Hayao Miyazaki. Une pâtisserie se trouve au rez-de-chaussée et est spécialisée dans les choux à la crème à l’effigie de Totoro. A l’intérieur de la pâtisserie, on trouve de nombreux posters et objets Ghibli. Cette pâtisserie s’appelle Shiro-Hige Cream Puff Factory (白髭のシュークリーム工房). Je ne résiste pas à l’envie de ramener quelques Totoro avec moi. Ils m’accompagneront sur le chemin et seront délicieux.

Le troisième vaccin m’a mis par terre pendant tout le week-end, mais ça m’a donné le temps et l’occasion de regarder des films sur Netflix. Je me décide sans raison très particulière à regarder un film datant de 2021 du réalisateur Rikiya Imaizumi (今泉力哉) intitulé Over The Town (街の上で). En fait, je ne voulais pas m’embarquer dans un film à l’action débordante ou au suspense haletant qui me fatiguerait plus que nécessaire. Je me suis donc dirigé vers ce film qui me semblait être une histoire de romance entre jeunes gens. Je ne pensais pas aimer autant ce film. Il s’agit en effet d’une histoire d’amour qui ne se passe pas comme le protagoniste principal le voudrait, mais l’important et l’intéressant dans le film ne vient pas de l’histoire principale mais plutôt des multiples petites histoires et apartés qui viennent perturber sa vie. Le protagoniste du film est un jeune homme de 27 ans appelé Ao Arakawa (Ryuya Wakaba) prenant la vie comme elle vient, travaillant dans une petite boutique de fringues d’occasion à Shimokitazawa. Sa petite amie Yuki Kawase (Moeka Hoshi) le quitte pour un autre mais il ne perd pas vraiment espoir et s’accroche à son souvenir. Il vit sa vie tranquillement en lisant des livres achetés dans la petite librairie d’à côté tenue par une jeune vendeuse appelée Fuyuko Tanabe (Kotone Furukawa) qui semble également l’attirer (sans que ça soit vraiment très clair), en attendant les clients dans sa petite boutique. Il va le soir au comptoir du même bar tenu par un ami et au même café le midi. Sa vie change un peu d’horizon lorsqu’une étudiante en cinéma, Machiko Takahashi (Minori Hagiwara) lui demande de jouer un personnage secondaire dans le film qu’elle prépare. Ao y rencontrera la costumière du film Iha Jojo (Seina Nakata) avec qui il devient ami. L’interêt du film vient dans les dialogues. Ao a un don pour poser les mauvaises questions au mauvais moment et le film joue beaucoup sur ces situations de gêne et d’incompréhension. Ça en devient particulièrement intéressant car la direction des conversations reste imprévisible. Le film n’hésite pas à introduire des personnages bizarres ou étonnants, comme un policier arrêtant Ao et Yuki à des moments différents du film pour leur raconter la même histoire improbable de son amour secret inavouable. Les personnages se croisent et leurs histoires se rejoignent, comme si ils évoluaient tous dans un petit microcosme, celui de ce quartier de Shimokitazawa. J’aime aussi beaucoup ce film car je connais bien le quartier. J’ai par exemple été plusieurs fois dans la petite librairie, située juste à côté du Disk Union, où Ao va acheter ses livres. Les quatre personnages féminins mènent les histoires du film et Ao, n’ayant pas de but très précis dans sa vie, se laisse emmener par les histoires qui se créent devant lui. Mais comme c’est un personnage sympathique, il devient attachant. Il me rappelle un peu les personnages d’Haruki Murakami qui passent leur temps à lire, vivant dans leur monde en n’ayant besoin de personne, et qui n’agissent que passivement quand la situation le demande. Le monde bouge autour de lui et il s’adapte en fonction. Le film tourne beaucoup autour de l’amour non dit ou qui prend du temps à se déclarer. Voir ce film m’a aussitôt donner envie d’en voir d’autre du même réalisateur.

Je continue donc avec un film sorti l’année d’avant en 2020 intitulé Mellow. Le personnage principal, Seiichi Natsume (Kei Tanaka), est floriste dans une petite boutique dont il est propriétaire. Il est célibataire et voit régulièrement la visite de la fille de sa sœur Saho (Tamaki Shiratori) quand celle-ci fait des siennes et ne veut pas aller à l’école. Natsume est une personne sensible qui ne laisse pas indifférent les gens qui l’entourent. Sa vie est paisible et sans encombre. Il semble lui aussi la prendre comme elle vient, sans forcer les choses. Il se rend tous le jours dans le même restaurant de ramen tenu par une jeune femme, Kiho Furukawa (Sae Okazaki). Le restaurant était tenu par le père de Kiho mais elle a été contrainte à prendre la suite après sa mort, laissant de côté temporairement ses rêves. On devine une proximité se créer entre Natsume et Kiho mais elle prend du temps à se déclarer. Le film nous amène plutôt vers des histoires secondaires qu’on prend plaisir à suivre. Dans ce film aussi, les personnages féminins sont nombreux autour du protagoniste principal et mènent à chaque fois l’intrigue. Et encore une fois, ce sont les situations et l’atmosphère générale du film qui m’intéressent beaucoup. Une des séquences particulièrement réussies fait intervenir le personnage de Mariko Aoki, interprété par Rie Tomosaka. Pour les références, je ne peux m’empêcher de noter que Sheena Ringo est une grande copine de Rie Tomosaka depuis ses débuts, et qu’elle a écrit pour elle quelques morceaux comme Shojō Robot et Cappucino (fin de la parenthèse). Natsume vient régulièrement décorer l’entrée de la maison des Aoki et Mariko apprécie tellement sa venue à chaque fois qu’elle finit par éprouver des sentiments pour lui. La situation pourrait être relativement classique mais Mariko préfère avouer ce sentiment franchement à son mari. Parce qu’il veut avant tout le bonheur de sa femme, le mari insiste pour que les trois personnes se rencontrent pour clarifier les sentiments de chacun. Cette situation est particulièrement gênante et inhabituelle, et en même temps savoureuse à l’écran. On imagine bien le malaise et l’envie de s’enfuir que doit procurer ce genre de situation improbable. Le film évoque beaucoup le thème de la confession d’un amour et la temporalité nécessaire pour franchir le pas. Observer les réactions des personnages face à ces confessions est particulièrement intéressant, comme si on était amené à analyser un comportement humain. Ces amours sont parfois, et même souvent, platoniques, mais la beauté du film vient du fait qu’il se concentre sur ces moments là, plein de délicatesse. Il n’y a rien de vraiment original dans ces histoires, mais c’est l’atmosphère et les interactions des personnages qui me plaisent beaucoup.

Et du même réalisateur, je regarde maintenant un autre film de 2018 intitulé Just Only Love (愛がなんだ?), se déroulant dans certains quartiers de Setagaya-Daita dont je parlais un peu plus haut. En parlant de ces deux films, je ne pense pas dévoiler beaucoup de l’intrigue, mais je suis en même temps persuadé que peu suivront mes conseils cinématographiques et s’aventureront vers ces films. Bon, ils ne sont pas forcément faciles d’accès car seulement en japonais et sur Netflix. Mais, en ce qui le concerne, ces deux ou trois films ont sauvé mon week-end.

何処にいてもデジャヴ

J’aurais pu évoquer les géométries urbaines dans le titre de ce billet mais je préfère utiliser, comme c’est souvent mon habitude, un extrait de paroles d’un morceau que j’aime beaucoup et que j’évoquerai un peu plus bas. J’ai déjà vu et montré sur ce blog les deux maisons individuelles atypiques sur les deux premières et deux dernières photographies de ce billet. Les personnes intéressées par l’architecture tokyoïte reconnaîtront donc très rapidement Reflection of Mineral de l’Atelier Tekuto, sur les deux premières photographies. La première et unique fois où je suis passé voir cette maison était en Avril 2014. La couleur était blanche à l’origine mais elle a été repeinte en gris clair. Ce n’est pas une mauvaise idée car dès 2014, la couleur blanche de la surface des murs se salissait avec des traces d’écoulements d’eau de pluie. La voiture des propriétaires a également changé, bien que la couleur soit à peu près la même. J’ai l’impression que, comme pour House NA de Sou Fujimoto et sa 2CV bleue, cette voiture orange fait partie entière de l’esthétique de la maison. On serait presque déçu de ne pas la voir stationnée devant. J’ai également montré les formes futuristes de Hironaka House, par l’architecte Ken Yokogawa, plus récemment dans un billet du mois d’Août 2021. Une pluie fine m’avait empêché de prendre des photographies correctes de cette maison l’année dernière, donc je me rattrape un peu sur les deux photographies ci-dessus prises récemment. Un livreur pressé et un homme marchant au pas de course me font le plaisir de s’incruster au dernier moment sur les photographies que je montre ci-dessus. Et entre ces deux maisons, j’y ajoute d’autres formes géométriques. Le building de béton à la forme biseautée avec une série de petits triangles placées sur la cage d’escalier extérieure s’appelle Felice Yoyogikōen (フェリーチェ代々木公園) par Takamatsu Corporation. Comme son nom l’indique presque, il se trouve a quelques dizaines de mètres de la gare de Yoyogi-Hachiman. La photo est prise depuis l’avenue Yamate. Je l’avais déjà pris en photo mais depuis le bas de la rue. L’impression depuis l’avenue Yamate est bien différente car le building semble difforme et perd un peu de son agressivité visuelle. La photographie qui suit est prise dans un tout autre lieu, quelque part entre Suidobashi et Ochanomizu, si mes souvenirs sont bons. Les formes géométriques composant la façade me font penser au visage d’un personnage. J’imagine que cette disposition de formes est volontaire.

Pour parler une nouvelle fois de mes découvertes musicales, j’alterne la musique de tricot (que j’écoute vraiment beaucoup en ce moment) avec quelques titres du nouvel album de Mondo Grosso intitulé Big World. Je n’ai pas exploré en entier cet album mais comme Shinichi Osawa (大沢伸一), qui est seul au commande de Mondo Grosso, invite des personnes différentes pour chaque morceau, je ne suis à priori pas certain de tout aimer. Osawa joue beaucoup avec les styles car les deux morceaux que je vais évoquer maintenant sont vraiment très différents l’un de l’autre d’un point de vue stylistique. La première des deux images ci-dessus provient de la vidéo du morceau In This World. On ne le voit pas sur la vidéo, mais les notes de piano sont jouées par un certain Ryuichi Sakamoto (坂本龍一) qu’on ne présente plus. Hikari Mitsushima (満島ひかり) chante sur ce morceau et danse même. La vidéo est très belle et je dirais même poétique avec un brin de fantastique. Les notes lentes et détachées du piano surprennent d’abord jusqu’à ce que la voix de Hikari Mitsushima prenne le relai. Le début du morceau est très dépouillé, mettant l’accent sur la combinaison du piano et de la voix. Des cordes viennent ensuite compléter l’ensemble et un rythme de basse électronique donne une dimension différente au morceau. Le beat électronique s’intensifie ensuite et devient très accrocheur. Cette combinaison de sons classiques, d’une voix détachée quasiment à capella et de rythmes électroniques est vraiment intéressante et réussie. Je ne soupçonnais pas que Hikari Mitsushima, qui est avant tout actrice, avait une aussi belle voix. Je n’ai pas vu beaucoup de films dans lesquelles elle jouait mais je me souviens très bien du film Love Exposure de Sion Sono. J’avais moyennement aimé le film car il était trop long et Sion Sono va parfois trop loin dans le grotesque, mais je me souviens par contre très bien du personnage de Yōko interprété par Hikari Mitsushima. Plus récemment, elle est excellente avec Ryuhei Matsuda (松田 龍平), fils de Yūsaku Matsuda (松田 優作), habillée en reine façon Marie Antoinette dans une série de publicités pour UQ Mobile. Les deux ne manquent pas d’humour. Pour revenir au morceau In This World, je le trouve très réussi et j’y trouve même une certaine grâce. Ce n’est pas la première fois que Hikari Mitsushima chante sur un morceau de Mondo Grosso, le précédent s’intitulait Labyrinth (ラビリンス). C’est également un très bon morceau, dont la vidéo a été tournée à Hong Kong, et un des morceaux de Mondo Grosso les plus vus sur YouTube. C’est le genre de morceaux qu’on peut écouter en boucle sans s’en lasser.

Sur cet album Big World de Mondo Grosso, j’aime aussi beaucoup le morceau intitulé Stranger chanté par Asuka Saitō (齋藤飛鳥) du groupe Nogizaka46 (乃木坂46). L’ambiance musicale est dans l’esprit rock shoegazing, très différent de l’autre morceau. La voix d’Asuka Saitō n’est par contre pas effacée et est même très présente. En écoutant ce morceau, je me dis une nouvelle fois que c’est une bonne idée de faire évoluer les idoles dans le style rock shoegazing, comme le fait par exemple assez brillamment le groupe RAY, dont j’avais déjà parlé à l’occasion de la sortie de leur premier album Pink. Il faudrait que je fouille un peu plus dans discographie plus ancienne de Mondo Grosso, car je sais qu’on y trouve des morceaux avec UA et AiNA que je n’ai pas écouté avec assez d’attention. Cette « découverte » de Shinichi Osawa me ramène vers l’émission d’interview Wow Music de J-Wave visible sur YouTube. Lorsqu’elle était hôte de l’émission, AiNA The End a interviewé Shinichi Osawa. Elle le considérait comme un professeur, très bavard de surcroît. Osawa a également été hôte de cette émission radio et nous a fait le plaisir d’interviewer Seiko Ōmori. J’ai un avis mitigé sur la musique de Seiko Ōmori même si j’aime beaucoup son album Tokyo Black Hole. Il s’agit par contre d’une artiste qui compte sur la scène indépendante japonaise et qui influence des artistes plus jeunes (enfin, elle n’a, elle-même qu’une trentaine d’années).