風の様に雲の様に

J’ai toujours eu une affection pour les compositions photographiques exagérant la noirceur mais j’essaie de ne pas en abuser. J’aurais parfois sur le moment l’envie de composer tous mes billets avec seulement ce genre de photographies en noir et blanc, mais ça ne me satisferait pas non plus sur la longueur. C’est certainement un des problèmes de ce blog de ne pas se fixer sur un style en particulier et de s’y tenir. Mais en même temps, je ne pense pas que mon style ait vraiment évolué pendant toutes ces années, que ça soit pour les photographies en couleur d’un côté ou celles en noir et blanc de l’autre. Comme ce blog est conçu dans la durée, je n’y opère de toute façon pas de changements radicaux et je les laisse plutôt se révéler petit à petit par eux-mêmes. Si j’y avais effectué ces changements radicaux, ce blog aurait certainement déjà terminé sa vie depuis longtemps, car ils auraient été l’occasion de remettre en question l’existence même de ce blog qui ne répond qu’à ma logique personnelle. Le noir et blanc m’est toujours inspiré par la musique que j’écoute et je suis en ce moment absorbé par celle de Buck-Tick, qui va je pense m’accompagner pendant quelques temps.

Je découvre cette fois-ci Darker than Darkness qui est le septième album de Buck-Tick sorti en 1993. Le style de cet album n’est pas gothique comme l’album que je mentionnais précédemment mais possède une ambiance de rock alternatif avec parfois quelques tendances industrielles quand les guitares deviennent abrasives comme sur le quatrième morceau Ao no Sekai (青の世界). Buck-Tick a le sens des mélodies qui accrochent rapidement. Il y a beaucoup de très bons exemples dans cet album comme le très rapide Deep Slow. Deux singles, Dress (ドレス) et Die sont sortis à l’époque et il s’agit des deux morceaux les plus apaisés. Ils comptent aussi parmi les plus beaux de cet album, surtout Dress qui semble être un des morceaux préférés des fans. Je pense également que c’est un des plus beaux morceaux que je connaisse du groupe pour l’instant, mais je commence tout juste la découverte. Dress me semble bien correspondre à l’ambiance musicale de ces années là dans les sons de synthétiseur notamment. Je n’habitais pas au Japon à cette époque mais je ressens tout de même une certaine nostalgie en écoutant ce morceau. Dans la vidéo de Dress, Atsushi Sakurai joue sur son apparence androgyne avec cheveux longs et maquillage, dans le pur esprit Visual Kei. La scène où un personnage de femme transitionne de manière presque transparente en la personne de Sakurai est assez troublante. C’est clair que le charisme de Sakurai joue dans l’impression générale que l’on peut avoir de la musique de Buck-Tick, au delà même de la qualité de son chant et des compositions électriques du groupe. Le troisième morceau Yūwaku (誘惑) avec son ambiance de bar sombre jazz est aussi un des moments que j’apprécie beaucoup sur cet album. Il y a même par moment une ambiance lynchienne dans la mystère qu’apportent certains sons. Sur plusieurs morceaux, Buck-Tick force le trait de la noirceur, comme le suggère ce titre plus noir que la noirceur, et de l’arrogance. Je comparerais la musique du groupe à l’équivalent cinématographique du film de genre. On peut y trouver des films de série Z, mais également des chef-d’oeuvres. C’est tout à fait le rapport que j’éprouve pour le Visual Kei, et Buck-Tick (comme LUNA SEA d’ailleurs) se trouve dans la deuxième catégorie. Les émotions dans les morceaux de cet album sont fortes et expressives, mais exprimées avec toute l’élégance et le romantisme sombre que réclame le genre. Il y a certes quelques morceaux moins intéressants, comme Kamikaze (神風) par exemple. D’autres morceaux ont des riffs de guitare qui peuvent sembler familiers, mais ça n’altère en rien la qualité musicale de l’ensemble. Le neuvième morceau Madman Blues -Minashigo no Yūutsu- (Madman Blues -ミナシ児ノ憂鬱-) est très particulier sur l’album car il est assez déconstruit et part sur plusieurs pistes, mais ce sont dans ces moments là que le groupe excelle, surtout dans la deuxième partie où les guitares jouent sur la dissonance. Et que dire de cette couverture d’album des plus étranges montrant une sorte de chien-loup mutant. Cet album m’a décidé à continuer la découverte de la musique de Buck-Tick. Et comme mentionnait la critique sur le site web Sputnik music, c’est intéressant de se dire qu’en cette année 1993, Nirvana sortait son dernier album In Utero, Pearl Jam l’album que je préfère du groupe Vs., The Smashing Pumpkins sortait leur album emblématique Siamese Dream, Radiohead sortait son premier album Pablo Honey tout comme Björk avec Debut et The Breeders de Kim Deal avec Last Splash. C’était mon univers musical de l’époque, bien éloigné de celui de Buck-Tick au Japon. Je me demande bien si j’aurais été en mesure d’apprécier cet album Darker than Darkness à l’époque autant que maintenant.

Laisser un commentaire