僕の片隅に誰にも届かない景色

Malgré le temps très nuageux, je prends mon vélo en direction de la rivière Tamagawa. La longue Route 1 que j’emprunte depuis Meguro m’amène sur la rivière que je ne traverse pas volontairement. Je préfère la longer jusqu’à Futago-Tamagawa en roulant sur la route cyclable et piétonne de la berge. Cette route ne passe pas au plus près de la rivière mais longe plutôt les nombreux terrains de baseball et de football installés sur les berges. En ce dimanche, beaucoup d’enfants et d’adolescents s’y entraînent. J’ai plusieurs fois marché le long de la rivière Tamagawa, mais je me demande si ce n’est pas la première fois que j’y roule à vélo. Ça sera à refaire très vite. La piste cyclable ne s’étend malheureusement pas jusqu’à Futago-Tamagawa et la dernière partie du trajet doit se faire avec les voitures sur une route assez étroite. J’y trouve au passage de l’architecture intéressante qui m’oblige à m’arrêter un instant pour prendre quelques photos. Le retour se fera par la route Komazawa qui passe devant le parc olympique du même nom. J’aime beaucoup ce parc et j’ai eu envie de m’y arrêter quelques instants pour respirer le vent qui traverse la grande place devant la tour de contrôle, et entre le stade et le gymnase. Les formes architecturales, arrondies pour l’un et angulaires pour l’autre, me fascinent toujours autant. J’aimerais habiter un peu plus près de ce parc pour y aller plus souvent, mais peut-être m’en lasserais-je.

Le math rock de Ling tosite Sigure (凛として時雨) n’est pas pour moi une découverte, mais je ne connaissais de ce groupe que quelques morceaux que j’avais sélectionné dans une petite playlist il y a huit ans. L’idée me vient maintenant d’écouter la musique du groupe car Tōru Kitajima (北嶋徹), aka TK, le leader de Ling tosite Sigure, a récemment écrit et composé pour AiNA The End le morceau Red:birthmark dont je parlais récemment. Je ne connaissais jusqu’à maintenant que quelques morceaux du groupe comme SOSOS du EP es or s de 2015, les singles Who What Who What de 2015, Enigmatic Feeling de 2014, abnormalize de 2012 et JPOP Xfile de 2009 entre autres. Ces morceaux sont pourtant très puissants mais je n’avais, à l’époque, pas continué ma découverte. Écouter ce nouveau single d’AiNA et réécouter ces quelques morceaux que j’avais sur mon iPod m’ont donné l’envie irrésistible d’approfondir mon écoute de Ling tosite Sigure. Direction donc le Disk Union de Shinjuku pour voir ce que je pourrais bien y trouver en CDs. J’y trouve trois albums: Still a Sigure Virgin? de 2010, just A moment de 2009 et i’mperfect de 2013. J’écoute beaucoup ces trois albums dans la continuité. La densité des guitares, la complexité des sons, les changements de rythmes soudains rapprochent très clairement cette musique au math rock. On retrouve cette technicité du math rock dans les sons des guitares et dans ceux de la batterie. L’émotion des voix qui se répondent dans de nombreux morceaux et l’ambiance électrique qui s’en dégage ne laissent pas indifférent. Mais la musique du groupe ne se laisse pas facilement apprivoiser, car il faut y mettre un peu du sien. Les voix de TK et 345 (de son vrai nom Miyoko Nakamura) sont loin d’être évidentes, tendant souvent vers les aigus et parfois vers les cris. Il y a des morceaux aux ambiances plus calmes, atmosphériques, même si les meilleurs morceaux sont en général ceux où TK et 345 dialoguent à travers des invectives verbales, se relayant l’un après l’autre comme pour repousser un démon intérieur. Il y a beaucoup de morceaux dans ce style, Telecastic fake show en est un très bon exemple, surtout quand le morceau atteint une catharsis vers la fin. Si on est réceptif à ce genre de choses musicalement parlant, c’est un bonheur d’écoute qu’on a envie de répéter pour la dopamine que cette musique procure. Les morceaux atmosphériques peuvent également être magnifiques à en pleurer, moment A rythm par exemple sur l’album just A moment. Il est magnifique lorsqu’un tourbillon de guitares vient soudainement interrompre la plénitude du morceau. En écoutant Ling tosite Sigure, j’en viens à penser que je m’étais bien trompé quant à mon impression initiale du math rock que j’imaginais froid car privilégiant l’aspect technique sur l’émotion, mais je me rends compte avec Ling tosite Sigure qu’il s’agit plutôt d’un catalyseur de cette émotion. La technicité et la rapidité sur le morceau MONSTER de l’album i’mperfect impressionnent autant qu’elles procurent des émotions palpables. La plupart des morceaux des albums que j’écoute en ce moment communiquent cette urgence, mais gardent toujours une très grande élégance dans l’exécution, même quand TK crie à en perdre la voix. Le trio composé de Tōru « TK » Kitajima (北嶋徹) à la guitare et au chant, Miyoko « 345 » Nakamura (中村美代子) à la basse et au chant et Masatoshi « Pierre » Nakano (ピエール中野) à la batterie (et mari de Seiko Ōmori) vient d’ailleurs de sortir un nouvel album intitulé last aurorality sorti le 12 Avril 2023. Mais avant d’attaquer ce dernier album, j’ai bien l’intention d’écouter tous les albums et EP du groupe, les uns après les autres.

4 commentaires

  1. Salut ! La claque inoubliable que je me suis prise à l’écoute de Telecastic fake show ! J’ai eu le malheur de passer ce morceau lors d’une balade familiale en voiture, curieusement c’est plutôt mal passé … Si je me réfère à mes stats last.fm, ‘moment A rhythm’, ‘Telecastic fake show’ et ‘I was music’ sont en haut du classement. ‘I was music’ est un autre titre très accrocheur du groupe, un peu plus abordable peut-être que d’autres morceaux. ‘Moment a rhythm’ est en effet très beau avec ce solo de guitare qui s’emballe en milieu de morceau. Je me souviens en écoutant le morceau en marchant le soir, avoir mimé le passage dans le genre ‘air guitar’. Très prenant. J’ai arrêté d’écouter quand TK s’est dispersé en solo, je ne trouvais plus la même rage dans sa musique. Ton billet m’a donné envie de réécouter quelques morceaux ! Excellente continuation !

  2. Salut! Oh, excellent ! Je suis content d’apprendre que tu écoutais/écoutes également la musique de Ling tosite Sigure. Te souviens tu comment tu as découvert le groupe, car personnellement, j’ai du mal à m’en souvenir. Je pense avoir d’abord écouté le morceau SOSOS et je me souviens également l’avoir passé une fois dans la voiture sans grand succès. I was Music est un très beau morceau même si les passages où il fait semblant de perdre la tête en disant « いいよ おかしくなって » peuvent être assez déroutants à la première écoute, mais le refrain ensuite à deux voix est particulièrement puissant. J’adore cette urgence et l’association de voix qui se répondent. C’est extrêmement bien maîtrisé. Le fait de ne pas avoir 345 dans les chœurs me dit que ça doit forcément manquer dans la carrière solo de TK. Ceci dit, j’ai réécouté le single Unravel que j’écoutais à l’époque et le style n’est pas très différent. J’avais jamais écouté d’album entier lorsque j’ai découvert le groupe car je pensais que ça s’écoutait plutôt à petite dose et que toute cette énergie électrique et cette urgence devaient être épuisantes à la longue, mais c’est loin d’être le cas en fait. Les albums sont de toute façon assez courts mais il y a quand même une sacré densité sonore.

  3. Je me souviens avoir découvert Ling toshite Sigure par hasard à une époque (en mai 2010) ou le Tsutaya local proposait encore en location une bonne sélection de cd’s. On pouvait en louer 5 pour 1000 et je ratissais en long et en large, parfois complètement au hasard, les rayons rock et électro, ou alors je me basais sur les nouveautés des magazines de musique. J’ai sans doute été attiré par l’énigmatique pochette de l’album ‘just a moment’. Selon mes archives il semblerait que dans le même set de 5 cd’s j’aie loué le dernier album de 毛皮のマリーズ (assez moyen d’ailleurs …) avant la séparation du groupe, un album du pianiste 辻井伸行, ‘Oblivion with Bells’ de Underworld et l’album éponyme de Vampire Weekend. Ça partait vraiment dans tout les sens … mais c’est encore le cas aujourd’hui, on ne se refait pas ! Dommage que par la suite la sélection chez Tsutaya soit devenue catastrophique depuis quelques années, je peine à trouver cinq albums qui me plaisent, même pris au hasard … Les rental shop à Tokyo doivent être gigantesques ?

  4. Salut! Impressionné par ta mémoire, j’aurais du mal à me souvenir des locations que j’aurais fait il y a plus de dix ans. J’aurais bien été capable de tout noter précisément ceci étant dit. J’utilisais les locations Tsutaya au tout début de ma vie à Tokyo il y a environ vingt ans, mais je ne pense pas avoir loué beaucoup de CDs japonais à cette époque là. J’aimais par contre déjà beaucoup me promener dans les magasins de disques. A l’époque, il y avait un grand HMV à Shibuya et un magasin Wave que j’aimais beaucoup entre Roppongi et Nishi-Azabu. Ils ont depuis longtemps disparu même si le HMV renaquit de ses cendres mais reste maintenant plutôt anecdotique par rapport au Tower Records. On parle d’une époque où on allait dans les magasins de disques le week-end comme un loisir. Je n’ai jamais entendu parler de ce groupe Kegawa Maries, par contre on a un disque du pianiste Tsuji qu’on a beaucoup écouté en voiture. J’ai quelques morceaux de Vampire Weekend sur mon iPod, Campus, Bryn du premier album et deux autres de l’album suivant Contra, mais je n’ai jamais complètement accroché au style. Par contre, j’avais énormément aimé un morceau du groupe electro SBTRKT avec Ezra Koenig de Vampire Weekend au chant, intitulé New Dorp. New York. Je ne vais plus beaucoup au Tsutaya et ne suis pas très au fait du marché de la location de CDs. Je préfère en fait les acheter au Disk Union: les albums de Ling Toshite Sigure par exemple sont à 280 ou 380 yens, Still a Sigure Virgin? était à 190 yens. C’est moins cher qu’un morceau dématérialisé sur iTunes. Je n’arrive toujours pas à bien comprendre le modèle. Les albums plus récents restent plus chers bien sûr.

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