estival ’23 (2)

Les jardins de Claude Monet à Giverny sont un petit coin de paradis. Nous pensions avoir mal choisi notre journée car il pleuvait à notre arrivée au pied de la maison de Monet mais cette pluie nous a heureusement offert quelques répits. Nous pensions trouver la canicule à notre arrivée en France, comme il y a quatre ans, mais nous avons eu pendant tout notre séjour un temps assez mitigé. Les belles journées ensoleillées étaient bien présentes mais celles pluvieuses également et les températures étaient plutôt basses pour la saison. Mais nous avons eu une certaine chance lors de nos déplacements car la pluie ne nous a finalement pas beaucoup gênée. A Giverny, il a plu pendant que nous déjeunions au restaurant du musée et la pluie s’est miraculeusement arrêtée à notre sortie, juste avant que l’on débute la visite du Jardin d’eau. Ce jardin est arrangé autour d’un bassin, le fameux bassin aux nymphéas qu’on retrouve dans les toiles de Claude Monet. Ce jardin et son bassin, dont l’eau provient d’un petit cours d’eau appelé le Ru, ont en fait été mis en place en 1893, 10 ans après l’installation de Claude Monet à Giverny. On y voit les fameux ponts d’inspiration japonaise et une multitude de plantes et fleurs dans un arrangement à la fois sauvage et organisé. Découvrir ce jardin après la pluie et alors que les rayons de soleil commençaient à pointer à travers le ciel nuageux était une véritable aubaine. Les températures douces faisaient que les plantes étaient encore fraîches pour un été. Ce jardin doit s’apprécier très différemment suivant la météo et les saisons de l’année. Il semble par contre fermé pendant les mois d’hiver. Un grand nombre de jardiniers permanents et temporaires sont présents pour l’entretien des deux jardins. L’autre jardin est le Clos Normand placé directement devant la maison sur un terrain descendant jusqu’à la route le séparant du Jardin d’eau. Toutes les allées de ce jardin ne sont pas ouvertes mais on peut en voir une très grande partie. Il n’y avait heureusement pas une grande foule lors de notre passage, ce qui n’a pas gâché notre visite. Et une fois qu’on s’est engagé à visiter la maison, une pluie forte s’est une nouvelle fois mise à tomber. Elle s’arrêta pratiquement au moment de la fin de notre visite de la maison.

estival ’23 (1)

Nos vacances en France pendant environ deux semaines et demi m’ont presque fait oublier l’existence de ce blog et la nécessité que je trouve à le mettre à jour régulièrement. Ou peut-être était-ce le Covid, qui nous attendait au retour au Japon, qui a détourné mon attention. Il n’a heureusement pas gâché ces vacances estivales, d’autant plus que ça faisait quelques années que nous n’étions pas allés en France. Notre dernier séjour remontait à l’été 2019. Cela faisait donc quatre longues années. C’est un sentiment étrange car j’ai tout de même l’impression que cette période a duré mais longtemps que le nombre des années qui la composent. Je pense que beaucoup entrevoient cette période des années Covid comme un bloc temporel à part, trois années 2020, 2021 et 2022, qu’on aurait du mal à séparer et dissocier. Nous n’étions même pas sûr de pouvoir aller en France cette année. Tout s’est décidé rapidement et sur le tard par rapport aux délais normalement nécessaires pour ce genre de longs voyages. Notre émotion en était d’autant plus grande à notre arrivée à Paris en tout début de matinée un samedi matin. J’avais du mal à retenir l’émotion de retrouver ma famille même si on communique régulièrement par visio-conférences entreposées. Notre passage en France a été bien rempli et je compte montrer ici quelques photos de nos découvertes sur plusieurs billets. On s’éloigne donc du Japon le temps de quelques billets, mais l’architecture, elle, continue à pointer son nez par moment. En fait, plus que l’architecture, récente ou ancienne, ce sont les jardins qui ont été la plupart du temps, l’objet de nos visites, à commencer par celui ci-dessus de l’Arboretum de la Vallée-aux-Loups, situé entre Châtenay-Malabry et Le Plessis-Robinson, dans les Hauts-de-Seine. Ce parc se trouve à proximité immédiate du parc boisé de la maison de Chateaubriand que nous avons également visité. Chateaubriand y prit refuge, s’exilant en dehors de Paris suite à la publication d’un article écrit en 1807 condamnant le despotisme de Napoléon. Depuis la maison de Chateaubriand, il suffit de traverser une petite route pour entrer gratuitement dans le domaine de 13ha de l’Arboretum. C’est un parc magnifique avec de nombreuses plantes originales, notamment un majestueux Cèdre Bleu Pleureur de l’Atlas, âgé de 150 ans. Il a une hauteur de 14 mètres avec un tronc de 5 mètres et dont les branches couvrent une surface de pratiquement 700m². Des chemins nous mènent dessous où on peut profiter de son aura pendant quelques instants. On pourrait même y rester des heures car un petit banc y est installé. Je me dis que je pourrais en inventer des histoires assis sous cet arbre, mais je n’ai malheureusement pas le temps de rêvasser. Les trois dernières photographies du billet nous amènent dans le centre de Paris pour une première visite rapide. Nous avions besoin de voir les grands monuments.

vers la rivière de l’Ouest

La chaleur estivale nous pousse vers l’Ouest de Tokyo au bord des montagnes le long de la rivière Aki à Akiruno. Nous avions repéré un restaurant Kaiseiki appelé Kurochaya (黒茶屋) qui vend également des bentō et des glaces pillées Kakigori. Des espaces sont aménagés au bord de la rivière pour permettre de manger tout en regardant couler la rivière. Mettre ensuite les pieds dans l’eau fraîche est particulièrement agréable. On y passerait volontiers la journée car la chaleur perd un peu de sa pénibilité lorsqu’on a les pieds au frais, caressés par un filet d’eau continu et massé par les pierres rondes posées sur le lit de la rivière. Comment faire pour que le temps s’arrête à cet endroit précis sans que le flot de la rivière ne soit pour autant interrompu. Je n’ai pas trouvé de solutions à cette équation impossible.

いけないリボンロック

Lors de ma visite récente de l’exposition du What Museum à Toyosu, j’avais repéré le flyer d’une autre exposition, celle du photographe Itaru Hirama (平間至). Son exposition intitulée Photo Songs (写真のうた) se déroule du 8 Juillet au 23 Août 2023 dans le Hall B au neuvième étage de la tour Hikarie à Shibuya (渋谷ヒカリエ9F ヒカリエホール ホールB), dans un espace apparemment affilié à Bunkamura. La photographie du flyer montre le musicien rock Kiyoshiro Imawano (忌野清志郎) penché excessivement en avant sur son micro. La dynamique de cette photographie et l’accoutrement fantaisiste d’Imawano m’ont attiré. Il était leader du groupe RC Succession (RC voulant dire Remainders of the Clover, car Clover était le nom du premier groupe d’Imawano), mort d’un cancer en 2009. Je ne connais pas très bien ce groupe et ce musicien qui sont pourtant légendaires au Japon. Même sans connaître la musique du groupe RC Succession, à part peut-être quelques morceaux très renommés, je reconnais tout de même très facilement la voix tellement particulièrement de Kiyoshiro Imawano. En fait, je connais tout de même le morceau Ikenai Rouge Magic (い・け・な・いルージュマジック) qui est une collaboration de Kiyoshiro Imawano avec Ryuchi Sakamoto, et qui est repassée quelques fois à la radio à la mort de Ryuchi Sakamoto.

Itaru Hirama est principalement connu pour ses photographies de musiciens et de groupes japonais, particulièrement lorsqu’ils ont une tendance et un esprit rock. Il a hérité de son père le studio photo familial installé à Shiogama, dans la prefecture de Miyagi, mais les poses fixes de gens que l’on prend en général en photo dans ce genre de studio photo ne l’intéressait pas beaucoup et il s’est attaché à explorer la capture du mouvement dans ses photographies. Il entend opérer dans son approche photographique un rapprochement avec l’excitation et l’esprit de libération que l’on peut retrouver dans la musique punk rock. On ressent particulièrement bien ce rapprochement lorsqu’Itaru Hirama photographie des groupes comme The blue hearts, Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ) et son leader Kazunobu Mineta (峯田和伸), Kenichi Asai (浅井健一) et Blankey Jet City, ou encore l’acteur Tadanobu Asano (浅野忠信) dont les cheveux longs hirsutes de l’époque lui donnait un look sauvage. Cette exposition était pour moi d’autant plus intéressante qu’elle aborde un sujet qui me tient à cœur, celui de la manière dont la musique vient s’infiltrer dans le style photographique. La relation musicale dans mes photographies est une idée que j’ai en tête depuis de très nombreuses années, à mon simple niveau amateur. Dans cette exposition, j’ai aussi énormément apprécié le fait qu’Itaru Hirama photographie de nombreux groupes et artistes que j’apprécie, avec parfois des associations étonnantes. Le groupe Clammbon (クラムボン) est par exemple pris en photo avec Ling toshite sigure (凛として時雨). Le groupe Ling toshite sigure apparaît également seul sur d’autres photographies, tout comme la chanteuse Ikuko Harada (原田郁子) de Clammbon. Un grand nombre des photographies montrées lors de l’exposition ont été réutilisées pour les campagnes publicitaires de Tower Records, No Music No Life, dont je parle assez régulièrement sur ce blog, mais également pour des magazines musicaux japonais et quelques fois pour le gratuit Kaze to Rock (風とロック) au sujet duquel j’avais été voir une exposition dernièrement dans la galerie du Department Store PARCO. Entre cette exposition récente à PARCO et celle du photographe Itaru Hirama, c’est intéressant de voir cet engouement récent à montrer ces années rock du début 2000. On ne pouvait pas prendre de photos à l’intérieur de la plupart des salles d’exposition, ce qui assez dommage. Je me contente donc de montrer certaines affiches pour Tower Records regroupées au début de l’exposition. Itaru Hirama a pris en photo à plusieurs reprises le groupes Yellow Magic Orchestra et ses trois illustres membres à savoir Haruomi Hosono (細野晴臣), Ryuichi Sakamoto (坂本龍一) et Yukihiro Takahashi (高橋幸宏). Après la disparition récente cette année de Ryuichi Sakamoto et de Yukihiro Takahashi, ces quelques photos, dont certaines assez humoristiques, prennent une valeur toute particulière. Je vois aussi que la photo, pour la campagne No Music No Life, montrant Jane Birkin avec le chanteur et compositeur Yōsui Inoue (井上陽水), dont je parlais très récemment, a été prise par Itaru Hirama. L’exposition nous montre une autre photo des deux artistes. J’aime aussi ces photos montrant Quruli et son leader Shigeru Kishida (岸田繁), Aimyon, les idoles de Speed et UA, entre autres. Itaru Hirama a également pris beaucoup de photographies de couvertures d’albums et de singles. Deux murs de l’exposition montraient des CDs. J’étais particulièrement attiré par celui montrant les singles en CD 8cm au format en long. Je vois notamment que le photographe a pris Rie Tomosaka (ともさかりえ) en photo pour le single Cappuccino (celui écrit et composé par Sheena RIngo). La dernière partie de l’exposition montre des photographies d’inconnus prises dans son studio. La mise en scène y est souvent intéressante mais je pense que les visiteurs étaient plutôt là pour voir des photographies d’artistes. Celle de Kiyoshiro Imawano reprise sur le poster de l’exposition reste une des plus réussies.

Comme je l’indiquais dans mon billet précédent, j’écoute maintenant le dernier album Akaboshi Aoboshi (赤星青星) de Kayoko Yoshizawa (吉澤嘉代子), sorti en 2021. J’évoquais déjà la photographie de couverture de l’album réalisée par le directeur artistique Hitoki Naruo (鳴尾仁希). Les morceaux de cet album s’accordent bien à la délicatesse de cette image qui n’est pourtant pas absente d’une certaine force. Le chant de Kayoko Yoshizawa est très maîtrisé et sa voix très complète. On a très souvent envie de revenir vers des morceaux de l’album pour certains effets de voix et certaines manières de chanter qu’elle utilise, comme par exemple sur le morceau Jelly no Koibito (ゼリーの恋人). L’ensemble de l’album est plutôt apaisé, même si les guitares pointent régulièrement leur cordes dans les détours. Elles sont particulièrement présentes sur le troisième morceau morceau intitulé Gumi (グミ), qui est également un de mes préférés. C’est un morceau très accrocheur tout comme celui intitulé Service Area (サービスエリア) qui le précède. Il y a un morceau aux ambiances rétro que j’ai tout de suite beaucoup aimé, le septième intitulé Redial (リダイヤル), d’autres plus pop comme celui intitulé Oni (鬼). Mes préférés restent ceux qui possèdent une délicatesse musicale certaine comme Ryūsei (流星). Cet album s’éloigne de la musique rock que j’écoutais ces derniers temps et ça fait du bien de divaguer vers d’autres horizons un peu plus inhabituelles.