MONOSPINAL par Makoto Yamaguchi

Je n’étais pas parti à la recherche de nouvelle architecture intéressante depuis quelques mois. La plupart des billets de Made in Tokyo montre de l’architecture, mais ça fait quelques temps que je ne m’étais pas donné comme objectif d’aller voir un immeuble particulier déjà vu dans un magazine ou sur internet, en l’occurence sur plusieurs comptes Instagram dédiés à l’architecture tokyoïte dans le cas présent. Mon objectif, cette fois-ci, était d’aller voir d’un peu plus près une étrange tour faite de strates obliques grisâtres sans fenêtres apparentes, nommée Monospinal par l’architecte Makoto Yamaguchi. On imagine que ce nom vient de la forme du building ressemblant à une épine dorsale composée de neuf éléments formant chacun des étages de l’édifice. Monospinal accueille une compagnie de production de jeux vidéo, mais je ne connais pas son nom. Cet immeuble est placé au pied de la station Asakusabashi (浅草橋駅) desservie par la ligne de train Sobu. Je ne suis en fait pas allé jusqu’à Asakusabashi en train, j’ai préféré prendre la ligne Yamanote jusqu’à la station Okachimachi (御徒町駅) puis marcher jusqu’à Asakusabashi, tout en achetant au passage du pain chez Pelican. Quand j’ai un peu de temps devant moi, je préfère descendre à une station différente (ou à une ou deux stations avant) de ma destination pour pouvoir explorer à pieds des quartiers que je connais moins. Ça m’a permis de découvrir cette étrange tour émerger depuis le bout de la rue. J’aime par dessus tout voir comment ce genre d’architecture atypique vient s’inscrire dans son environnement. Les parois obliques couvertes d’aluminium nous font plutôt penser que cette tour essaie de s’extraire de l’environnement alentour en créant une séparation très nette. Chaque étage est entourée d’un bacon délimité par ce mur latéral en pente apportant lumière et ventilation tout en protégeant du bruit extérieur pour créer un environnement intérieur restant suffisamment lumineux et favorisant la concentration. Seul le rez-de-chaussée avec ses baies vitrées est ouvert de manière visible sur l’extérieur. Vu que cette tour est située le long de la ligne de trains extérieure Sobu, on imagine très bien le souci de vouloir se couper des nuisances sonores et visuelles. On peut voir sur internet des rendus de l’intérieur au design sobre et élégant. Seul le chandelier visible depuis le rez-de-chaussée contraste avec l’image générale intérieure plutôt épurée. On peut aussi se poser la question de la présence d’un jacuzzi au dernier étage formant une terrasse extérieure. Le terrain de pierre entourant la tour est étroit et simple d’apparence. Sur ce terrain aride, on appréciera les élégantes pointes de végétation formées par une rangée de bambous et un petit pin placé devant l’entrée. J’aime aussi beaucoup le petit muret de pierre reminiscent des châteaux forts japonais, renforçant cette idée de tour imprenable. La tour est difficile à prendre en photo en entier depuis la rue mais je me suis tout de même amusé à faire coïncider ses formes avec les fils électriques et la voie de chemin de fer surélevée. En regardant cette tour une nouvelle fois de loin depuis la rue, je me dis que cette apparence futuriste est également organique comme une plante ayant poussée progressivement dans le quartier. Je montre quelques autres photos de Monospinal sur mon compte Instagram.

estival ’23 (4)

Nous n’avons passé que peu de temps dans le centre de Paris lors de ce séjour, mais passer devant le musée du Louvre et traverser le Palais Royal sont comme des étapes obligées. Devant le musée du Louvre, on distingue à peine un étrange cube couvert de miroirs. Ces murs de miroirs viennent dissimuler le chantier des nouveaux locaux de la Fondation Cartier sur le site de l’ancien Louvre des antiquaires. J’apprendrais plus tard que ce cube est la création de l’architecte Jean Nouvel. Un de nos objectifs pour cette journée était d’aller voir le nouveau musée de la Bourse de Commerce. Plus que les œuvres de la collection Pinault, c’était la transformation de l’espace intérieur par Tadao Ando que j’étais curieux de voir. Il a installé à l’intérieur du bâtiment historique rénové une parois circulaire de béton délimitant un nouvel espace. Je n’avais amené que ma lentille pancake 40mm, c’était donc difficile de montrer cet espace dans son ensemble sans un objectif grand-angle. Quelques autres photos sur mon compte Instagram donneront peut-être une meilleure représentation. Nous voulions également jeter un coup d’oeil à La Samaritaine près du Pont-Neuf. Elle a été en partie recouverte, sur la rue de Rivoli, par une paroi ondulée de verre conçue par SANAA. Et puis nous filons jusqu’à Notre Dame de Paris pour constater de l’avancement des travaux. Il y a foule autour de Notre Dame. Quelques panneaux placés autour des travaux nous expliquent les opérations en cours. Les anneaux olympiques sont déjà là sur la place de l’Hotel de Ville. Je reste assez dubitatif sur la manière dont ces jeux vont pouvoir s’organiser en plein milieu de Paris.

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Au carrefour de Jingūmae à l’opposé du Tokyo Plaza, un autre immeuble fait de plaques de verre est en construction. J’ai déjà parlé de ce nouveau bâtiment commercial par Akihisa Hirata. Ce nouvel espace également développé par Tokyu verra le jour au printemps 2024. Les plaques géométriques et angulaires de verre feront en quelque sorte écho à celle du Tokyo Plaza situé dans sa diagonale. La photo de cet immeuble partiellement en verre entre en parallèle et en contraste avec la photographie suivante montrant une autre surface d’immeuble beaucoup plus simple car dessiné de nuages. En regardant une nouvelle fois l’immeuble en construction à Jingūmae, il me fait maintenant penser que les terrasses ouvertes sur l’extérieur sont comme posées sur des nuages matérialisés par des polygones de verre. Ce billet de quatre photographies est en fait symétrique car la première et la dernière photo se font à la fois écho et opposition.

Après Glitch Princess sorti en Février 2022, Yeule sortira son troisième album intitulé softscars le 22 Septembre 2023. On peut déjà en écouter trois morceaux, sulky baby, dazies et fish in the pool, qui sont tous les trois très bons et nous laisse imaginer un autre excellent album. Par rapport à l’album précédent, les deux morceaux sulky baby et dazies sont plutôt axés rock et moins expérimentaux que les morceaux du premier album. Plus facilement abordable, mais on y trouve cependant l’empreinte artistique particulière de Yeule. Le troisième morceau disponible à l’écoute fish in the pool est instrumental au piano. La mélodie est simple et belle, comme si elle avait été enregistrée dans l’intimité de l’artiste dans un moment personnel plein de mélancolie. Yeule est un personnage très particulier qu’on dirait éloigner de la réalité. Sa musique a pourtant une consistance bien réelle. Son style de composition musicale et de chant poussant aux frontières du rêve me parlent beaucoup.

Je découvre au hasard des recommandations YouTube un jeune groupe trio de rock indé japonais appelé Brandy Senki (ブランデー戦記). Le groupe originaire d’Osaka se compose de Hazuki (蓮月) au chant et à la guitare, Minori (みのり) à la basse et aux chœurs et de Bori (ボリ) à la batterie. Le groupe doit être tout jeune car seulement deux morceaux sont disponibles sur iTunes, ceux que j’écoute en ce moment. J’aime beaucoup ce style de rock alternatif rappelant celui des années 90, mais l’empreinte japonaise est tout de même très forte dans ke ton de voix d’Hazuki. Musica est leur premier morceau sorti le 31 Décembre 2022 et il a un certain succès sur YouTube si on en croit le nombre de vues. Le deuxième morceau intitulé Kids est plus récent, sorti il y a quelques jours seulement, le 8 Juillet 2023. C’est par ce deuxième morceau que j’ai découvert le groupe et j’ai tout de suite été attiré par le son de guitare très présent dès les premières cordes. Le morceau et le chant sont bien maîtrisés et il s’agit encore une fois d’un groupe à suivre de près, ne serait-ce que pour voir la direction qu’ils vont prendre. Ces deux premiers morceaux sont en tout cas excellents et très prometteurs pour la suite. J’ai parfois l’impression que le rock indé au Japon est en pleine renaissance. Mais, à force d’explorer la musique rock de ces 20-30 dernières années, je me rends compte qu’il n’a de toute façon jamais été mourant ou en voie de disparition. Quel plaisir de découvrir de nouveaux groupes et de nouvelles musiques. Comme l’écrivait Jane Birkin avec Yōsui Inoue (井上陽水) sur une affiche de Tower Records: « Pas de musique pas de vie ». J’y rajouterais bien: « Pas de musique, pas de blog ».

林檎齧って空ばかりを見てる

La chaleur estivale bat déjà son plein dans les rues de Shirogane où je me promène rapidement cette fois-ci. Cette fin du mois de Juin et ce début Juillet sont particulièrement occupés et je manque par conséquent de l’énergie nécessaire pour prendre suffisamment de photographies qui alimenteront ce blog. Je repasse vers des endroits déjà empruntés et photographiés dans le passé. Il y a d’abord Oyagi House par Ryue Nishizawa (2018), puis le temple Zuishōji à Shirogane dont les nouvelles dépendances de bois ont été conçues par Kengo Kuma et finalement le fameux building verdâtre de cuivre oxydé nommé Nani Nani (1989) par Philippe Starck en collaboration avec Makoto Nozawa de GETT. Bref, rien de vraiment très neuf sous le soleil tokyoïte. J’ai ouvert un compte sur Threads, la nouvelle application liée à Instagram venant concurrencer directement et frontalement Twitter. J’étais assez motivé pour l’utiliser à la place de Twitter dans les premiers jours, mais l’excitation du moment est déjà retombée. L’interêt par rapport à Instagram est plutôt limité. J’utilise principalement Twitter pour suivre l’activité des artistes et groupes que j’apprécie, et je ne suis pas prêt à passer du temps pour vérifier s’ils et elles ont un compte sur Threads. L’application sans publicité pour l’instant est pourtant agréable, très axée photographies du fait de son lien direct avec Instagram.

Je suis toujours sous l’emprise irrésistible de Yuki sur les albums de Judy and Mary que je continue de découvrir. Mais, j’ai également envie de changer quelque peu d’ambiance avec quelques excellents morceaux d’une jeune compositrice et interprète appelée Rinne Amano (天野凛音) que je ne connaissais pas. Je la découvre vraiment par hasard au milieu de story Instagram. Ce personnage aux cheveux décolorés surgit soudainement avec un morceau intitulé Orange like the Chuo Line (中央線のオレンジ), qui me rappelle un peu l’ambiance musicale de Hidefumi Kenmochi pour Wednesday Campanella. Mais c’est seulement au début du morceau, car il part ensuite vers une atmosphère plus contemplative. Rinne Amano mélange les passages de hip-hop avec d’autres moments plus chantés. Ce morceau est très inspiré tout comme celui intitulé There was a Landlord (家主がいた) que j’écoute ensuite et que j’aime vraiment beaucoup. Il y a une certaine fluidité et un automatisme dans son chant qui rendent ce morceau particulièrement évident. On se laisse attraper par son flot très assuré, mais qui ne surjoue pourtant pas les émotions. Il y a une certaine joie mélancolique dans ses morceaux qui me plait beaucoup. Le fait que le morceau dure assez longtemps, environ 4 mins 30, me plait aussi beaucoup car on se sent bien dans ce refrain qui se répète. Ces deux morceaux sont sortis respectivement en Octobre et en Décembre 2022. Rinne Amano n’a pas encore sorti de EP ni d’album, mais seulement quelques morceaux très prometteurs. Le plus récent sorti en Janvier 2023 intitulé Chiki-Po, est assez différent, partant vers des ambiances beaucoup plus électroniques. Elle y chuchote sur des nappes sonores, mais le rythme est tout de même très présent. Ces quelques morceaux sont une belle découverte et sa musique est déjà très prometteuse. Et en parlant d’Hidefumi Kenmochi (ケンモチヒデフミ) qui est très présent dans le paysage musical électronique japonais en ce moment, il a récemment collaboré avec KAF (花譜) sur un très joli morceau intitulé Shuge-Hai!!! (しゅげーハイ!!!). On ne reconnaît pas immédiatement le style d’Hidefumi Kenmochi, ce qui est assez inhabituel. Le phrasé rapide de la mystérieuse KAF est toujours excellent, surtout quand le rythme s’emballe gentiment vers la fin du morceau.

Ɩɛ ɖéʂơཞɖཞɛ ơཞɠąŋıʂé ɖɛ ʂɧıɱơƙıɬą

Je prends beaucoup moins de photographies ces derniers temps et je n’ai même aucun billet en attente de publication dans mes brouillons, à part bien sûr celui que je suis en train d’écrire. Je marche en fait souvent aux mêmes endroits en ce moment et l’inspiration pour saisir en photo de nouvelles choses que je n’ai pas encore montré se fait plus rare. Dans ces cas là en général, je change d’objectif photo et je me décide à regarder les détails plutôt que les grands ensembles. La motivation me manque en fait comme si la machine s’était assoupie soudainement à l’approche de la période estivale. Je réfléchis tous les ans à la manière d’aborder l’été et je pensais même sérieusement à faire une longue pause estivale. Jusqu’au week-end dernier qui a été un peu plus propice aux photos.

Je me suis d’abord dirigé vers Shimo-Kitazawa pour aller voir l’exposition de l’illustrateur Wataboku qui se déroulait du Vendredi 9 Juin au Samedi 24 Juin 2023. J’y suis allé comme souvent au dernier moment, le dernier jour donc. L’exposition intitulée Manzoku dekiru kana (満足できるかな) prenait place dans un café nommé Candle Cafe & Laboratory △ll. Le café n’est pas très loin de la station mais situé à l’étage d’un petit immeuble dans une rue un peu à l’écart. La porte d’entrée en bois du café est antique et je me suis d’abord demandé comment l’ouvrir. Un autre visiteur est heureusement arrivé en même temps que moi et on s’est posé tous les deux la question de comment ouvrir cette maudite porte. Jusqu’à ce que la gérante (je suppose) du café vienne nous ouvrir. La petite salle d’exposition se trouve au fond du café qui ressemble en fait beaucoup plus à un bar. Je pensais que la salle d’exposition serait plus grande mais il s’agit en fait d’un petit espace composé de grandes plaques de bois contreplaquées sur lesquelles Wataboku a dessiné plusieurs versions de son personnage féminin fétiche. On apprend que le modèle des dessins est surnommée Aopi (あおぴ) et qu’elle est même venue poser à côté de son personnage. J’adore toujours la qualité des expressions des dessins de Wataboku, et on peut très bien comprendre que le modèle réel a dû bien l’inspirer. L’illustrateur n’était malheureusement pas présent à mon passage et il est apparemment passé plus tard pendant cette même journée. Je l’avais vu la dernière fois à l’exposition de Jingūnmae et il m’avait signé une carte postale à cette occasion. On ne pouvait passer que peu de temps devant les illustrations vu la taille de l’espace, mais c’était suffisant pour imprimer ces images dans ma tête.

Je continue ensuite à marcher dans les rues de Shimo-Kitazawa jusqu’au Disk Union, qui est devenu pour moi un passage obligé, même si je n’y ai rien trouvé de suffisamment intéressant cette fois-ci. En me dirigeant vers le magasin de disques depuis la station, je passe devant un autre nommé 45REVOLUTION spécialisé dans la musique punk rock. Je n’y suis en fait jamais entré vue la petite taille de l’endroit et mon intérêt limité pour le genre. Ce magasin se trouve dans la même rue étroite que la salle de concerts underground Shelter, que l’on voit régulièrement dans la série animée Bocchi The Rock (ぼっち・ざ・ろっく!). Sur la devanture du magasin au désordre organisé Village Vanguard, on trouve toujours des affichettes de cette série. J’ai fini de regarder les 12 épisodes de la première saison disponible sur Netflix et j’ai beaucoup aimé. Cette série évoquant les débuts d’un groupe de rock indépendant contient plein de petits détails intéressants sur les coulisses de la scène rock indé japonaise, en plus d’être très souvent drôle. Les morceaux que joue le groupe, appelé Kessoku Band (結束バンド) dans la série, sont d’ailleurs plutôt bons, les morceaux Hikari no Naka he (光の中へ) et Wasurete Yaranai (忘れてやらない) par exemple, et sont même sortis en CD. Ceci ne gâche en rien le plaisir de suivre les aventures des quatre filles du groupe, aux tempéraments très différents. Je pense que cette série a dû inspirer la jeunesse à se lancer dans l’apprentissage de la guitare (Fender vend tellement bien qu’un magasin a ouvert récemment à Harajuku). J’aimerais aussi ré-acheter une guitare même si je ne sais jouer aucun air connu et mon style autodidacte est complètement expérimental. Je me suis par contre acheté récemment un petit clavier USB Akai LPK25, que j’ai connecté à l’application Logic tournant sur l’iMac. J’avais acheté cette application musicale il y a plusieurs années sans pourtant en maîtriser les rouages. Avoir ce petit clavier permet de générer toutes sortes de sons à partir des vastes librairies sonores de Logic. Même si je n’atteins pas pour l’instant le stade de la composition, j’apprécie tout de même énormément jouer avec les sons. Ce modèle de clavier est utilisé par Utada Hikaru lorsqu’elle voyage et ça m’a décidé à l’acheter (j’y pensais depuis quelques temps déjà). Peut être que l’inspiration pour créer de nouveaux morceaux électroniques me reviendra progressivement.

Ma marche à pieds me fait ensuite revenir vers Daikanyama. Je n’avais pas vraiment remarqué que la construction de la nouvelle résidence située à côté de la tour Address avait progressé aussi vite. On ne sera pas complètement surpris d’apprendre que l’on doit le design de cette résidence Forestgate Daikanyama à l’architecte Kengo Kuma, qui, je trouve, envahit le paysage architectural japonais ces dernières années. Mais son design constamment basé sur l’utilisation du bois me convient plutôt bien, donc je mettrais pour l’instant de côté toute critique éventuelle qui pourrait me venir à l’esprit.

Entendre soudainement la voix de YUKI sur le morceau Koi ha Eien (恋は永遠) de l’album Ne- Minna Daisuki Dayo (ねえみんな大好きだよ) de Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ) dont je parlais récemment m’a donné l’envie irrésistible de me lancer dans l’écoute d’un album entier du groupe Judy and Mary (ジュディ・アンド・マリー) par lequel elle a fait ses débuts. Je commence avec leur quatrième album intitulé The Power Source, sorti le 26 Mars 1997. C’est leur album le plus connu car c’est celui qui s’est le mieux vendu. Judy and Mary est un groupe rock oscillant entre la pop et le punk, ce qui paraître être un grand écart, mais qui correspond assez bien à l’ambiance musicale de cet album mélangeant des sons de guitares noisy, torturés et distordant et le chant pop non conventionnel de YUKI. Le groupe a fait ses débuts en 1992 et s’est dissolu en 2001 après 7 albums et au moins 3 compilations. YUKI s’est ensuite lancée dans la carrière solo prolifique qu’on lui connaît maintenant. A l’époque de Judy and Mary, elle s’appelait encore Yuki Isoya (磯谷有希). Elle est originaire de Hakodate à Hokkaidō. Le groupe est par contre identifié comme étant originaire de Kanagawa. Il se compose également du guitariste Takuya Asanuma (浅沼拓也), du bassiste Yoshihito Onda (恩田快人) et du batteur Kohta Igarashi (五十嵐公太). Le nom du groupe interpelle car on pourrait d’abord penser qu’il s’agit d’un duo composé de deux chanteuses « Judy » et « Mary ». Il fait en fait référence aux deux facettes d’une même fille, à la fois vive et positive (« Judy ») et plus tordue et négative (« Mary »). On imagine tout à fait YUKI jouer le rôle légèrement schizophrène de ce double personnage, qui correspond d’une certaine manière assez bien aux deux facettes de la musique du groupe. De Judy and Mary, je connais déjà leurs morceaux les plus connus qu’on entend parfois dans les émissions télévisées musicales qui font des rétrospectives récurrentes sur la J-Pop de l’ère Heisei. Sur cet album, le morceau le plus connu Sobakasu (そばかす). C’est un bon morceau sans forcément être mon préféré de l’album, peut-être parce je le connais déjà assez bien depuis très longtemps. Ce style musical rock très dynamique et partant un peu dans tous les sens me rappelle mes toutes premières années à Tokyo, comme s’il s’agissait d’une machine à remonter dans le temps vers ces années insouciantes où j’avais tout juste vingt ans. On trouve cette atmosphère tout à fait rafraîchissante dans les morceaux de Judy and Mary et dans la manière de chanter de Yuki Isoya en particulier. Et je me trouve maintenant à écouter sans arrêt cet album, comme si j’avais découvert une petite pépite que je ne peux pas quitter du regard. La liberté de ton et l’énergie contagieuse sur un morceau comme Happy? sont irrésistibles. Dans les morceaux que j’apprécie particulièrement, il y a aussi le premier Birthday Song et surtout le deuxième Lovely Baby. L’album part de temps en temps vers des pistes beaucoup plus axées pop comme Kijura 12go (くじら12号) ou Classic (クラシック), qui ne sont pas moins réussis. Kijura 12go est d’ailleurs particulièrement accrocheur et me semble même très bien adapté à un début d’été. L’album se termine sur le morceau The Great Escape qui retourne vers des sons de guitare plus noisy. Cet album est pour moi une tres belle surprise, certes un peu tardive, et j’ai maintenant la très ferme intention de découvrir les autres albums studio. La liste des albums à découvrir ne fait décidément que de s’allonger et c’est une très bonne nouvelle.