I know you dream of snowfields, Floating high above the trees

Je traverse régulièrement à pieds le sanctuaire Toranomon Kotohiragu (虎ノ門 金刀比羅宮) dont l’origine remonte à l’année 1660. Une de ses particularités remarquables est qu’il se trouve encastré entre des hauts immeubles. Il partage son emplacement avec la tour Kotohira et une partie du sanctuaire est d’ailleurs située dans cette tour. Cette combinaison d’un sanctuaire et d’une tour moderne peut paraître assez atypique mais n’est pas particulièrement rare à Tokyo. Dans le cas présent cependant, on a vraiment le sentiment que la tour à optimiser l’espace utilisable sans trop porter atteinte à l’environnement nécessaire au sanctuaire. Un des grands torii du sanctuaire est par exemple situé à l’entrée du building et l’approche du sanctuaire est en grand partie couverte par celui-ci. On pourrait très bien retrouver cet entrelacement de sanctuaire et de building dans le petit guide jaune Made in Tokyo de Junzo Kuroda, Yoshiharu Tsukamoto et Momoyo Kaijima. Je continue ensuite ma marche en longeant en partie le parc Hibiya, que je traverse aussi assez souvent en ce moment sans pourtant le prendre en photo. Le Hibiya Chunichi Building (日比谷中日ビル), conçu par Nikken Sekkei et construit en 1973, se trouve devant une des entrées du parc. J’ai toujours été intrigué par l’ouverture horizontale et biseautée située à un angle du building. Quelle peut bien être la fonction de cette ouverture, elle ne semble pas utilisée actuellement. Le bâtiment est occupé par une agence de presse et je me suis même imaginé qu’on jetait depuis cette fenêtre les journaux aux passants qui souhaiteraient bien les recevoir, un peu à la manière de paperboy dans le jeu vidéo d’arcade des années 80. Mais tout ceci est très improbable et le mystère reste entier. Je rejoins ensuite Kyobashi où un matsuri se prépare. Une dame me dit gentiment en anglais que le matsuri ne commencera qu’à 15h. Je lui réponds en japonais et elle se trouve du fait tout embêtée. Depuis quelques années, on ne m’adressait jamais la parole en anglais car on ne me confondait pas avec un touriste pendant toute la période de la crise sanitaire, les touristes étrangers étant quasiment absents. C’est désormais beaucoup plus fréquent qu’on m’adresse la parole en anglais. Il n’y a rien là de vraiment désobligeant mais je viendrais presqu’à oublier que j’habite au Japon depuis maintenant 24 ans. L’avantage d’être pris pour un touriste est de pouvoir prendre tout et n’importe quoi en photo sous prétexte d’exotisme, sans attirer grande attention. Ça apporte un confort certain.

Il suffit que je dise que je n’écoute pratiquement plus que de la musique japonaise pour que certains des artistes anglo-saxons que je préfère se mettent à sortir des nouveaux morceaux. Je suis toujours très attentif aux dernières créations électroniques d’Aphex Twin car je suis rarement (jamais) déçu. Il n’a pas sorti de nouvelles musiques depuis 2018 avec le EP Collapse. Un nouvel EP intitulé Blackbox Life Recorder 21f/In a Room7 F760 sortira le 28 Juillet 2023 et le premier morceau Blackbox Life Recorder 21f est déjà disponible. On ne sera pas surpris par l’ambiance générale du morceau. Il s’agit bien, dès les premières notes, du style Aphex Twin et c’est exactement ce qui me plaît. Il y a toujours un savant mélange et dosage entre les mélodies et la destruction sonores. La superbe image de couverture très architecturale est signée Weirdcore. Les shoegazers ’historiques’ Slowdive viennent également de sortir un nouveau single intitulé Kisses, en avance de leur prochain album Everything is alive qui sortira le 1 Septembre 2023. On a le temps de l’entendre venir mais ça fait de toute façon six ans qu’on attend un nouvel album de Slowdive, le précédent album éponyme étant sorti en 2017. Ce nouveau Kisses est vraiment excellent surtout quand les voix des anciens amants Neil Halsteid et Rachel Goswell se mélangent entre elles, avec des guitares très spatiales qui envahissent tout l’espace. Trente années après leurs heures de gloire avec l’album culte Soulvlaki, Slowdive n’a rien perdu de son inspiration et ça fait beaucoup de bien. Une autre excellente surprise est la découverte d’un nouveau morceau du projet The Smile fondé par les deux membres de Radiohead, Thom Yorke et Jonny Greenwood, avec Tom Skinner à la batterie. Ce nouveau morceau intitulé Bending Hectic fait 8 minutes. Je pourrais m’arrêter là car on peut facilement imaginer la qualité du morceau rien qu’en annonçant sa longueur. Il commence doucement, axé sur la voix hantée de Thom et sur des notes atypiques de guitare enclenchant des décélérations étranges. Et puis, il y a un retournement de situation assez flippant qui donne la chair de poule. Le morceau part ensuite vers d’autres territoires plus violents et chaotiques. Émotionnellement, c’est très fort. Ayant récemment réécouté certains albums de Radiohead comme Hail to the Thief, Amnesiac ou le single Ill Wind, ce nouveau morceau arrive au meilleur moment possible. Il y a une dose de génie chez Thom Yorke. Je le pense à chaque fois que j’écoute sa musique à travers Radiohead ou ses autres projets.

僕の片隅に誰にも届かない景色

Malgré le temps très nuageux, je prends mon vélo en direction de la rivière Tamagawa. La longue Route 1 que j’emprunte depuis Meguro m’amène sur la rivière que je ne traverse pas volontairement. Je préfère la longer jusqu’à Futago-Tamagawa en roulant sur la route cyclable et piétonne de la berge. Cette route ne passe pas au plus près de la rivière mais longe plutôt les nombreux terrains de baseball et de football installés sur les berges. En ce dimanche, beaucoup d’enfants et d’adolescents s’y entraînent. J’ai plusieurs fois marché le long de la rivière Tamagawa, mais je me demande si ce n’est pas la première fois que j’y roule à vélo. Ça sera à refaire très vite. La piste cyclable ne s’étend malheureusement pas jusqu’à Futago-Tamagawa et la dernière partie du trajet doit se faire avec les voitures sur une route assez étroite. J’y trouve au passage de l’architecture intéressante qui m’oblige à m’arrêter un instant pour prendre quelques photos. Le retour se fera par la route Komazawa qui passe devant le parc olympique du même nom. J’aime beaucoup ce parc et j’ai eu envie de m’y arrêter quelques instants pour respirer le vent qui traverse la grande place devant la tour de contrôle, et entre le stade et le gymnase. Les formes architecturales, arrondies pour l’un et angulaires pour l’autre, me fascinent toujours autant. J’aimerais habiter un peu plus près de ce parc pour y aller plus souvent, mais peut-être m’en lasserais-je.

Le math rock de Ling tosite Sigure (凛として時雨) n’est pas pour moi une découverte, mais je ne connaissais de ce groupe que quelques morceaux que j’avais sélectionné dans une petite playlist il y a huit ans. L’idée me vient maintenant d’écouter la musique du groupe car Tōru Kitajima (北嶋徹), aka TK, le leader de Ling tosite Sigure, a récemment écrit et composé pour AiNA The End le morceau Red:birthmark dont je parlais récemment. Je ne connaissais jusqu’à maintenant que quelques morceaux du groupe comme SOSOS du EP es or s de 2015, les singles Who What Who What de 2015, Enigmatic Feeling de 2014, abnormalize de 2012 et JPOP Xfile de 2009 entre autres. Ces morceaux sont pourtant très puissants mais je n’avais, à l’époque, pas continué ma découverte. Écouter ce nouveau single d’AiNA et réécouter ces quelques morceaux que j’avais sur mon iPod m’ont donné l’envie irrésistible d’approfondir mon écoute de Ling tosite Sigure. Direction donc le Disk Union de Shinjuku pour voir ce que je pourrais bien y trouver en CDs. J’y trouve trois albums: Still a Sigure Virgin? de 2010, just A moment de 2009 et i’mperfect de 2013. J’écoute beaucoup ces trois albums dans la continuité. La densité des guitares, la complexité des sons, les changements de rythmes soudains rapprochent très clairement cette musique au math rock. On retrouve cette technicité du math rock dans les sons des guitares et dans ceux de la batterie. L’émotion des voix qui se répondent dans de nombreux morceaux et l’ambiance électrique qui s’en dégage ne laissent pas indifférent. Mais la musique du groupe ne se laisse pas facilement apprivoiser, car il faut y mettre un peu du sien. Les voix de TK et 345 (de son vrai nom Miyoko Nakamura) sont loin d’être évidentes, tendant souvent vers les aigus et parfois vers les cris. Il y a des morceaux aux ambiances plus calmes, atmosphériques, même si les meilleurs morceaux sont en général ceux où TK et 345 dialoguent à travers des invectives verbales, se relayant l’un après l’autre comme pour repousser un démon intérieur. Il y a beaucoup de morceaux dans ce style, Telecastic fake show en est un très bon exemple, surtout quand le morceau atteint une catharsis vers la fin. Si on est réceptif à ce genre de choses musicalement parlant, c’est un bonheur d’écoute qu’on a envie de répéter pour la dopamine que cette musique procure. Les morceaux atmosphériques peuvent également être magnifiques à en pleurer, moment A rythm par exemple sur l’album just A moment. Il est magnifique lorsqu’un tourbillon de guitares vient soudainement interrompre la plénitude du morceau. En écoutant Ling tosite Sigure, j’en viens à penser que je m’étais bien trompé quant à mon impression initiale du math rock que j’imaginais froid car privilégiant l’aspect technique sur l’émotion, mais je me rends compte avec Ling tosite Sigure qu’il s’agit plutôt d’un catalyseur de cette émotion. La technicité et la rapidité sur le morceau MONSTER de l’album i’mperfect impressionnent autant qu’elles procurent des émotions palpables. La plupart des morceaux des albums que j’écoute en ce moment communiquent cette urgence, mais gardent toujours une très grande élégance dans l’exécution, même quand TK crie à en perdre la voix. Le trio composé de Tōru « TK » Kitajima (北嶋徹) à la guitare et au chant, Miyoko « 345 » Nakamura (中村美代子) à la basse et au chant et Masatoshi « Pierre » Nakano (ピエール中野) à la batterie (et mari de Seiko Ōmori) vient d’ailleurs de sortir un nouvel album intitulé last aurorality sorti le 12 Avril 2023. Mais avant d’attaquer ce dernier album, j’ai bien l’intention d’écouter tous les albums et EP du groupe, les uns après les autres.

今も未来も混ざるように

Fidèle à sa vision de créer des villes dans la ville, Mori Building en crée une nouvelle à Toranomon et Azabudai appelée Azabudai Hills (麻布台ヒルズ). La construction du complexe a démarré en 2019 et devrait se terminer un peu plus tard cette année. Plusieurs architectes japonais et étrangers interviennent sur ce projet dont Sou Fujimoto, Pelli Clarke & Partners et Heatherwick Studio. Les courbes de la zone basse résidentielle des deux premières photographies sont conçues par Heatherwick Studio, qui présentait d’ailleurs ses principales œuvres architecturales dans un musée de Tokyo, celui justement tenu par Mori dans la tour de Roppongi Hills. J’ai pensé aller visiter cette exposition mais je n’ai pu m’enlever de la tête l’aspect quelque peu publicitaire de cette exposition qui m’a en fait dérangé. La tour Azabudai Hills Mori JP Tower est conçue par Pelli Clarke & Partners, reprenant le style neo-futuriste légèrement arrondi de la tour Sengokuyama située à proximité. Il y a clairement une constante de style dans la plupart des tours construites par Mori Building. La tour d’Azabudai contiendra bureaux et résidences et, avec ses 325m de hauteur, il s’agit de la plus haute tour du Japon (en excluant les tours non habitables Tokyo Skytree et Tokyo Tower), devant Abeno Harukas à Osaka. L’ensemble Azabudai Hills est situé à proximité du carrefour Iikura, où l’on trouve également l’étrange temple noir Reiyūkai Shakaden (sur la quatrième photographie) que j’avais visité il y a quelques années et l’intérieur du hall d’entrée de la non-moins mystérieuse tour NOA conçue par l’architecte Seiichi Shirai (les cinquième et sixième photographies). La dernière photographie nous fait revenir vers les couleurs vives, celle de l’installation 100 colors no.43「100色の記憶」 créée par l’architecte française basée à Tokyo, Emmanuelle Moureaux. Et quant au poteau électrique plein de graffitis sur l’avant dernière photographie, il s’agit tout simplement et bien évidemment d’un quelconque poteau électrique plein de graffitis.

Musicalement, je continue avec l’électronique de la compositrice et interprète Franco-japonaise Maika Loubté (マイカ ルブテ) sur un morceau sorti le 10 Mai 2023 intitulé Ice Age. J’aime vraiment beaucoup l’atmosphère un brin mélancolique qui se dégage de ce morceau. Le rythme électronique est soutenu mais on se prend à dériver en écoutant ces sons comme s’il s’agissait d’ambient. C’est un morceau très inspiré. J’avais déjà parlé sur ces pages de Maika Loubté pour sa sublime collaboration avec Kirinji sur le morceau Hakumei (薄明) et pour quelques morceaux de son album Lucid Dreaming sorti en 2021. La vidéo d’Ice Age ainsi que l’image de couverture montre un petit personnage aux cheveux hirsutes. Je me demande si elle va le conserver comme identité visuelle, notamment sur son prochain EP qui devrait s’intituler Mani Mani mais dont la date de sortie n’est pas encore annoncée. À surveiller donc. Écouter ce morceau Ice Age me donne ensuite envie de revenir vers la musique d’4s4ki sur son dernier album Killer in Neverland. J’écoute cet album petit à petit, et en ce moment précis un autre excellent morceau intitulé Bōkansha (傍観者) qui est de nature électronique mais qui se rapproche plus dans son esprit de la musique alternative rock. Je pense que c’est dû au passage central tout en distortions vocales qui me rappelle un peu Seiko Ōmori. En parlant de ces deux artistes, j’en suis venu à me demander si elles avaient déjà travaillé ensemble, ne serait ce que pour des remixes, mais ça ne semble pas être le cas.

僕の電脳魂はまだ生きてる

Je suis finalement allé jeter un œil à la nouvelle longue tour de 225m de haut pour 48 étages à Shinjuku. La Tokyu Kabukicho Tower (東急歌舞伎町タワー), située comme son nom l’indique à Kabukichō, se voit de loin. Elle se détache carrément du paysage urbain lorsqu’on la voit par exemple en entrant dans Shinjuku depuis l’avenue Meiji. Je suis passé plusieurs fois autour pendant sa construction, mais c’est la première fois que je rentre à l’intérieur depuis son ouverture récente cette année. La tour a été conçue par Yuko Nagayama & Associates et construite par Shimizu Corporation. Cette tour me paraît excessivement haute mais il ne s’agit pourtant que de la 13ème plus haute tour de Tokyo. Certainement que sa minceur et son détachement par rapport aux autres buildings du quartier jouent sur cet effet de démesure. L’intérieur au deuxième étage accessible depuis un escalier est rempli de néons colorés et de cafés-restaurants. Une salle de jeux se trouve à l’étage au dessus. L’endroit me fait tout de suite penser à un piège à touristes. Il y a foule lors de mon passage, et il est fort peu probable que j’y retourne prochainement.

Je suis également passé voir l’exposition Space Traveler d’Hajime Sorayama, quelques jours avant sa fermeture le 28 Mai 2023. Elle se déroulait dans la petite galerie Nanzuka Underground à Jingūmae. Au rez-de-chaussée, on pouvait voir plusieurs robots féminins argentés enfermés dans des sas de verre, comme dans des capsules cryogéniques. Ces formes futuristes sont immédiatement reconnaissables et typiques de Sorayama. La mise en scène dans une salle sombre et entourée de miroirs mettait vraiment en valeur ces sculptures métalliques. L’étage montrant des toiles de l’artiste était en comparaison plus classique. J’ai déjà montré ces quatre photos sur mon compte Instagram mais je me devais de les montrer également sur ce blog.

Je n’oublie pas de revenir vers la musique d’4s4ki avec le morceau Dennōgō (電脳郷) sur son dernier album Killer in Neverland sorti en Août 2022. J’avais déjà évoqué quelques morceaux de cet album, notamment l’excellent Paranoïa mais je n’ai pas encore écouté son album en entier. En fait, j’adore revenir vers sa musique lorsque je ressens le besoin d’une dose d’Hyperpop japonaise. Et puis je suis à l’affût des nouveaux morceaux de son prochain album CODE GE4SS, qu’elle pourrait diffuser avant la sortie officielle le 28 Juin 2023. Mais on ne peut en écouter qu’une courte bande annonce. En attendant, je reviens donc vers son deuxième album. J’aime tout de suite beaucoup l’ambiance de Dennōgō et la vidéo dans un style qui me semble bien représenter l’image que je me fais de l’Hyperpop. Comme pour beaucoup de morceaux d’4s4ki, Yusuke Oikawa (及川佑介) réalise cette vidéo qui évolue dans un monde imaginaire de rêves cybernétiques. 4s4ki y apparaît parfois modifiée et accompagnée de certains personnages vus dans des vidéos précédentes. La dénomination Hyperpop pour la musique d’4s4ki ne veut en fait pas dire grand chose car elle ne répond pas à un style unique. Dennōgō n’est par exemple pas aussi détonnant qu’un morceau comme 35.5 (dont la vidéo est également dirigée par Yusuke Oikawa), et est beaucoup plus enveloppant. 4s4ki au centre de la vidéo arrive, je trouve, à donner une âme à ce monde cybernétique hyper-dense.

Le nouveau morceau Sign (サイン) du groupe d’idoles alternatives RAY est une vrai surprise car il s’éloigne complètement du style rock et shoegazing habituel pour adopter un style électronique très inspiré. Ce qui est particulièrement intéressant est qu’elles conservent par contre leur style de chant vaporeux, qui se laisse normalement emporter par le son des guitares, mais qui vient ici contraster habilement avec le rythme rapide du beat électronique. Les nappes sonores qui donnent de l’espace au morceau contribuent à la beauté de l’ensemble. Il est assez long, plus six minutes, car les séquences musicales prennent leur temps à se mettre en place avant que les filles commencent à chanter. La chorégraphie sur scène est assez évoluée, adaptée au rythme soutenu du morceau. Ce single ne semble pas être sorti en single et la version que l’on peut voir sur YouTube a été filmée live le 3 Mai 2023 dans la salle de Shibuya, Spotify O-West. Le travail vidéo me fait penser qu’il pourrait très bien s’agir d’une vidéo officielle. J’espère que ce nouveau single sortira sur iTunes car cette nouvelle direction électronique fonctionne vraiment très bien.

call me metallic distortion

Ces photographies datent désormais d’il y a plus d’un mois car les carpes koi flottant dans les airs sur le pont de Nihonbashi nous ramènent à la Golden Week à la toute fin du mois d’Avril. Nous sommes désormais au mois de Juin et la saison des pluies a officiellement commencé, comme l’atteste très bien le Dimanche matin pendant lequel j’écris ces quelques lignes. Je passe plus régulièrement par Ginza ces derniers mois ce qui se reflète dans mes photographies, car j’ai eu la bonne idée d’aller ces derniers mois chez un coiffeur situé un peu plus loin, à Kyōbashi. Cela me donne l’occasion d’explorer un peu plus les quartiers autour, mais la réalité est que je marche la plupart du temps vers Ginza, attiré par les éventuelles photographies d’architecture que je pourrais y prendre. On peut y admirer les façades de certains bâtiments tentant de se faire remarquer parmi la multitude de buildings similaires composant les rues du quartier. La deuxième photographie montre une partie de la façade du building commercial Kira Rito Ginza (キラリト銀座), conçu par Jun Mitsui & Associates et construit en 2014. Il se trouve à l’entrée de Ginza lorsque l’on vient de Kyōbashi. Ces formes se remarquent de loin mais je pense que c’est la première fois que je prends ce bâtiment en photo. Je trouve la façade du building de la quatrième photographie vraiment magnifique. Il s’agit de Dear Ginza, conçu par Yoshihiro Amano de Amano Design Office et construit en 2013 dans une petite rue parallèle aux grandes artères de Ginza. Les formes irrégulières ont été déterminées par un algorithme informatique, le but étant d’attirer l’oeil du passant qui n’emprunte pas forcément les rues plus étroites du quartier. Personnellement, je me laisse attirer comme une abeille vers un bouquet de fleurs, métalliques en l’occurence. Sur la dernière photographie, je reviens en photo sur l’élégant design du magasin Louis Vuitton Matsuya Ginza par l’architecte Jun Aoki.

Musicalement parlant, je retrouve pour mon plus grand plaisir des voix connues qui viennent sortir des nouveaux singles. Alors que BiSH n’en finit plus de s’éteindre, AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) continue tranquillement sa carrière solo en sortant ses morceaux au compte-goutte. Je me souviens d’une interview croisée d’AiNA avec Ikkyu Nakajima où elle demandait à Ikkyu comment elle parvenait à créer autant de morceaux aussi rapidement, ce qui n’était pas son cas. Si je ne me trompe, c’est vrai qu’on n’a pas pu écouter de nouveaux morceaux d’AiNA The End depuis quelques temps, peut-être parce qu’elle se consacrait à la dernière ligne droite de BiSH avant la séparation définitive à la fin du mois. Mais je veux bien attendre pour des morceaux comme ce Red:birthmark sorti le 10 Avril 2023. On retrouve l’atmosphère dense et la voix émotionnelle d’AiNA. Le morceau a été entièrement écrit et composé par TK de Rin Toshite Shigure (凛として時雨). Une fois qu’on le sait, c’est vrai que certains passages font clairement penser au style et à la voix de TK. L’autre satisfaction de ce morceau est de voir Aoi Yamada (アオイヤマダ) accompagnée AiNA sur la vidéo. Il y a une sorte de symbiose entre les deux. On la voit souvent en arrière plan derrière AiNA mais sa présence égale à mon avis celle d’AiNA. J’avais déjà évoqué Aoi Yamada car je la suis depuis un moment sur Instagram et j’avais beaucoup aimé la vidéo publicitaire pour Gucci avec Hikari Mitsushima (満島ひかり) dans laquelle elle jouait. Il semble qu’elle ait le vent en poupe en ce moment car on l’a aussi vu récemment au festival de Cannes accompagnant l’acteur primé Kōji Yakusho (役所広司) et le réalisateur Wim Wenders pour son film Perfect Days.

Et puisqu’on parle de cinéma, AiNA jouera son premier rôle à l’écran dans le film Kyrie no Uta (キリエのうた) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) qui sortira le 13 Octobre 2023. Elle jouera le rôle principal aux côtés de Haru Kuroki (黒木華), Hokuto Matsumura (du groupe SixTONES) et Suzu Hirose (広瀬すず). On ne sait que peu de choses sur le film car la bande-annonce ne divulgue pratiquement rien. On sait par contre qu’elle jouera le rôle d’une musicienne de rue et elle écrira également les morceaux du film. j’ai déjà évoqué sur ces pages le réalisateur Shunji Iwai pour son film All about Lily Chou-Chou avec Salyu au chant pour la bande originale. En réécoutant maintenant Arabesque, le morceau principal du film semblant avoir émergé d’un autre monde, je me dis qu’il faut que je revois ce film car je ne m’en suis pas totalement libéré. Shunji Iwai aime faire jouer les chanteuses et musiciennes. Je me souviens également du film intitulé A Bride for Rip Van Winkle (リップヴァンウィンクルの花嫁) dans lequel jouait la compositrice et interprète Cocco (こっこ), ainsi que l’actrice Haru Kuroki qu’on retrouvera dans Kyrie no Uta. Je suis sûr que Shunji Iwai arrivera à faire ressortir toute la densité et la tension dramatique d’AiNA, celle que l’on trouve déjà dans sa musique.

J’écoute aussi beaucoup le nouveau single de Miyuna (みゆな) intitulé tout simplement Waratte (笑って). Il est sorti il y a quelques jours, le 6 Juin 2023. Elle l’interprète avec le groupe qui l’avait accompagné lors de la tournée suivant la sortie de son premier album Guidance. Le format rock du morceau est plutôt classique mais Miyuna y met comme d’habitude toute sa conviction et ses nuances vocales. Parfois dans certains tons de paroles dans les couplets et même dans le solo de guitare non-standard, j’ai l’impression que ça pourrait être un morceau de Tokyo Jihen. Pour être plus précis et si j’allais un peu trop loin, je penserais même à un morceau de Seiji Kameda (comment ça, Tokyo Jihen me manque?). En fait, je pense être influencé par le fait que Miyuna a récemment participé au festival musical de Hibiya, organisé par Seiji Kameda. Je me suis rendu compte beaucoup trop tard du programme et nous étions déjà partis en vadrouille à Chiba. Je pense de toute façon qu’on ne pouvait pas voir grand chose sans billet. J’aurais vraiment aimé voir la prestation de Miyuna perchée sur la terrasse à mi-niveau de Hibiya Mid-Town. Elle montre un petit extrait sur son compte Twitter. Le public est assis sur l’herbe et la vue dégagée est superbe. Difficile de se rendre compte de l’acoustique de l’endroit mais une scène pareille est assez fantastique. Miyuna y jouait son nouveau single mais avait apparemment oublié certaines paroles, sous le coup de l’émotion, j’imagine. Elle est assez imprévisible comme d’habitude. Quant à la photographie utilisée pour la couverture du single, elle a été prise par Mana Hiraki (平木希奈) que je mentionnais dans un précédent billet. Je me répète mais j’aime beaucoup cette ambiance un peu floue, proche du rêve. Je trouve que la photographie a également quelque chose d’organique et d’aquatique. A ce propos, suite au tweet lié à ce précédent billet, la photographe m’a répondu sur Twitter (en français) en étant désolée du fait que je n’ai pas pu assister à son exposition, ce qui est une très sympathique attention. Sur une de ses stories sur Instagram, elle fait également référence à mon billet avec une capture d’écran en indiquant qu’elle était contente qu’on parle d’elle en même temps qu’une artiste qu’elle aime (en parlant de Sheena Ringo sans l’écrire directement mais en montrant la partie de mon billet la montrant en photo). Je ne m’étais donc pas trompé. J’aimerais vraiment voir Mana Hiraki prendre Sheena Ringo en photo tout en conservant son univers visuel. Dommage que Ringohan n’ait pas lancé d’enquête récemment car j’y aurais volontiers mentionné son nom.