call me metallic distortion

Ces photographies datent désormais d’il y a plus d’un mois car les carpes koi flottant dans les airs sur le pont de Nihonbashi nous ramènent à la Golden Week à la toute fin du mois d’Avril. Nous sommes désormais au mois de Juin et la saison des pluies a officiellement commencé, comme l’atteste très bien le Dimanche matin pendant lequel j’écris ces quelques lignes. Je passe plus régulièrement par Ginza ces derniers mois ce qui se reflète dans mes photographies, car j’ai eu la bonne idée d’aller ces derniers mois chez un coiffeur situé un peu plus loin, à Kyōbashi. Cela me donne l’occasion d’explorer un peu plus les quartiers autour, mais la réalité est que je marche la plupart du temps vers Ginza, attiré par les éventuelles photographies d’architecture que je pourrais y prendre. On peut y admirer les façades de certains bâtiments tentant de se faire remarquer parmi la multitude de buildings similaires composant les rues du quartier. La deuxième photographie montre une partie de la façade du building commercial Kira Rito Ginza (キラリト銀座), conçu par Jun Mitsui & Associates et construit en 2014. Il se trouve à l’entrée de Ginza lorsque l’on vient de Kyōbashi. Ces formes se remarquent de loin mais je pense que c’est la première fois que je prends ce bâtiment en photo. Je trouve la façade du building de la quatrième photographie vraiment magnifique. Il s’agit de Dear Ginza, conçu par Yoshihiro Amano de Amano Design Office et construit en 2013 dans une petite rue parallèle aux grandes artères de Ginza. Les formes irrégulières ont été déterminées par un algorithme informatique, le but étant d’attirer l’oeil du passant qui n’emprunte pas forcément les rues plus étroites du quartier. Personnellement, je me laisse attirer comme une abeille vers un bouquet de fleurs, métalliques en l’occurence. Sur la dernière photographie, je reviens en photo sur l’élégant design du magasin Louis Vuitton Matsuya Ginza par l’architecte Jun Aoki.

Musicalement parlant, je retrouve pour mon plus grand plaisir des voix connues qui viennent sortir des nouveaux singles. Alors que BiSH n’en finit plus de s’éteindre, AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) continue tranquillement sa carrière solo en sortant ses morceaux au compte-goutte. Je me souviens d’une interview croisée d’AiNA avec Ikkyu Nakajima où elle demandait à Ikkyu comment elle parvenait à créer autant de morceaux aussi rapidement, ce qui n’était pas son cas. Si je ne me trompe, c’est vrai qu’on n’a pas pu écouter de nouveaux morceaux d’AiNA The End depuis quelques temps, peut-être parce qu’elle se consacrait à la dernière ligne droite de BiSH avant la séparation définitive à la fin du mois. Mais je veux bien attendre pour des morceaux comme ce Red:birthmark sorti le 10 Avril 2023. On retrouve l’atmosphère dense et la voix émotionnelle d’AiNA. Le morceau a été entièrement écrit et composé par TK de Rin Toshite Shigure (凛として時雨). Une fois qu’on le sait, c’est vrai que certains passages font clairement penser au style et à la voix de TK. L’autre satisfaction de ce morceau est de voir Aoi Yamada (アオイヤマダ) accompagnée AiNA sur la vidéo. Il y a une sorte de symbiose entre les deux. On la voit souvent en arrière plan derrière AiNA mais sa présence égale à mon avis celle d’AiNA. J’avais déjà évoqué Aoi Yamada car je la suis depuis un moment sur Instagram et j’avais beaucoup aimé la vidéo publicitaire pour Gucci avec Hikari Mitsushima (満島ひかり) dans laquelle elle jouait. Il semble qu’elle ait le vent en poupe en ce moment car on l’a aussi vu récemment au festival de Cannes accompagnant l’acteur primé Kōji Yakusho (役所広司) et le réalisateur Wim Wenders pour son film Perfect Days.

Et puisqu’on parle de cinéma, AiNA jouera son premier rôle à l’écran dans le film Kyrie no Uta (キリエのうた) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) qui sortira le 13 Octobre 2023. Elle jouera le rôle principal aux côtés de Haru Kuroki (黒木華), Hokuto Matsumura (du groupe SixTONES) et Suzu Hirose (広瀬すず). On ne sait que peu de choses sur le film car la bande-annonce ne divulgue pratiquement rien. On sait par contre qu’elle jouera le rôle d’une musicienne de rue et elle écrira également les morceaux du film. j’ai déjà évoqué sur ces pages le réalisateur Shunji Iwai pour son film All about Lily Chou-Chou avec Salyu au chant pour la bande originale. En réécoutant maintenant Arabesque, le morceau principal du film semblant avoir émergé d’un autre monde, je me dis qu’il faut que je revois ce film car je ne m’en suis pas totalement libéré. Shunji Iwai aime faire jouer les chanteuses et musiciennes. Je me souviens également du film intitulé A Bride for Rip Van Winkle (リップヴァンウィンクルの花嫁) dans lequel jouait la compositrice et interprète Cocco (こっこ), ainsi que l’actrice Haru Kuroki qu’on retrouvera dans Kyrie no Uta. Je suis sûr que Shunji Iwai arrivera à faire ressortir toute la densité et la tension dramatique d’AiNA, celle que l’on trouve déjà dans sa musique.

J’écoute aussi beaucoup le nouveau single de Miyuna (みゆな) intitulé tout simplement Waratte (笑って). Il est sorti il y a quelques jours, le 6 Juin 2023. Elle l’interprète avec le groupe qui l’avait accompagné lors de la tournée suivant la sortie de son premier album Guidance. Le format rock du morceau est plutôt classique mais Miyuna y met comme d’habitude toute sa conviction et ses nuances vocales. Parfois dans certains tons de paroles dans les couplets et même dans le solo de guitare non-standard, j’ai l’impression que ça pourrait être un morceau de Tokyo Jihen. Pour être plus précis et si j’allais un peu trop loin, je penserais même à un morceau de Seiji Kameda (comment ça, Tokyo Jihen me manque?). En fait, je pense être influencé par le fait que Miyuna a récemment participé au festival musical de Hibiya, organisé par Seiji Kameda. Je me suis rendu compte beaucoup trop tard du programme et nous étions déjà partis en vadrouille à Chiba. Je pense de toute façon qu’on ne pouvait pas voir grand chose sans billet. J’aurais vraiment aimé voir la prestation de Miyuna perchée sur la terrasse à mi-niveau de Hibiya Mid-Town. Elle montre un petit extrait sur son compte Twitter. Le public est assis sur l’herbe et la vue dégagée est superbe. Difficile de se rendre compte de l’acoustique de l’endroit mais une scène pareille est assez fantastique. Miyuna y jouait son nouveau single mais avait apparemment oublié certaines paroles, sous le coup de l’émotion, j’imagine. Elle est assez imprévisible comme d’habitude. Quant à la photographie utilisée pour la couverture du single, elle a été prise par Mana Hiraki (平木希奈) que je mentionnais dans un précédent billet. Je me répète mais j’aime beaucoup cette ambiance un peu floue, proche du rêve. Je trouve que la photographie a également quelque chose d’organique et d’aquatique. A ce propos, suite au tweet lié à ce précédent billet, la photographe m’a répondu sur Twitter (en français) en étant désolée du fait que je n’ai pas pu assister à son exposition, ce qui est une très sympathique attention. Sur une de ses stories sur Instagram, elle fait également référence à mon billet avec une capture d’écran en indiquant qu’elle était contente qu’on parle d’elle en même temps qu’une artiste qu’elle aime (en parlant de Sheena Ringo sans l’écrire directement mais en montrant la partie de mon billet la montrant en photo). Je ne m’étais donc pas trompé. J’aimerais vraiment voir Mana Hiraki prendre Sheena Ringo en photo tout en conservant son univers visuel. Dommage que Ringohan n’ait pas lancé d’enquête récemment car j’y aurais volontiers mentionné son nom.

果てまでゆく荒野をかける

Les cactus sont arrivés à la maison il y a quelques semaines et ils y vivent paisiblement sans faire de bruit et en ne dérangeant personne à part ceux qui ont la mauvaise idée de s’en approcher de trop près. On a de plus en plus de plantes à la maison et notre appartement va bientôt devenir une jungle. C’est moi qui m’en occupe principalement et qui prend toutes les responsabilités quand une d’entre elles décide de nous quitter parce qu’on pas su bien la comprendre. Je passe parfois beaucoup de temps le week-end sur le balcon à changer les pots quand ceux-ci deviennent trop petits pour certaines plantes qui se sont décidés à devenir envahissantes, ou à redresser d’autres avec des tiges métalliques pour leur redonner une fière allure ou les remettre sur le droit chemin. Mais peu importe les garde-fous qu’on peut leur imposer, elles finissent toujours par grandir à leur manière sans nous demander notre avis. Une chose est sûre cependant, on se sent bien à vivre parmi elles.

Les autres photographies du billet sont prises dans les environs du musée Watari-Um. Une grande fresque se présente d’abord sur la façade arrondie de l’ambassade du Brésil. En face du musée, les formes géométriques colorées de Harajuku Kindergarden m’attirent toujours car elles restent très vives. On doit cette architecture à l’atelier Ciel Rouge Creation fondé par Henri Gueydan. Dans cette même rue, je capture discrètement d’autres couleurs vues sur les kimonos de deux demoiselles. Je vois également d’autres couleurs vestimentaires à travers la vitrine d’une petite boutique. L’inspiration des ces vêtements provient ici du manga Jojo Bizarre Adventure (ジョジョの奇妙な冒険) de Hirohiko Araki (荒木飛呂彦). La dernière photographie du billet me fait repasser dans une vieille baraque joliment décorée de personnages dessinés et de plantes envahissantes. Il n’y a par contre pas de cactus.

Une émission radio dont je n’ai pas retenu le nom passe un morceau récent de la rappeuse japonaise Awich. Il s’intitule Raisen in Okinawa et est interprété à quatre voix. Celle d’Awich d’abord, puis celles de Tsubaki (唾奇), OZworld et Chico Carlito. En écoutant ce morceau pour la première fois, je suis tout de suite épaté par l’ambiance qui s’en dégage. La puissance du hip-hop d’Awich, dans ses mots et son phrasé, me fait dire que je devrais me pencher un peu plus souvent sur sa musique. Je ne connais pas vraiment les autres intervenants sur ce morceau, mais l’émission de radio que j’écoutais semblait dire qu’ils étaient tous d’Okinawa, comme Awich. Je n’écoute pas beaucoup de hip-hop mais ce genre de petites piqûres de rappel font beaucoup de bien. J’aime beaucoup le hip-hop à petite dose, en choisissant ce genre de morceaux particulièrement inspirés. La trame de fond composée de sanshin apporte également beaucoup à ce morceau.

Yua Uchiyama (内田結愛) est une des membres du groupe d’idoles alternatives à tendance shoegaze RAY, dont je parle assez régulièrement sur ces pages. Je la suis sur Twitter depuis quelques temps, car elle présente régulièrement les albums qu’elle écoute, assez souvent des albums clés de l’histoire du rock. Je suis souvent en phase avec ses goûts et je me demande si ce sont des albums qu’on lui conseille ou qu’elle découvre par elle-même. Son expérience d’écoute est tout à fait authentique car elle écrit en général un rapport d’écoute donnant en détail ses impressions. L’annonce sur son compte Twitter d’un premier CD solo de deux titres intitulé simplement I m’a tout de suite intrigué car je me suis demandé si le style allait être similaire à celui de RAY. Le premier morceau intitulé Y est plutôt pop mais j’y ressens un certain déséquilibre musical qui me plaît bien. Il y a quelque chose d’atypique dans l’approche et l’ambiance de ce morceau, dans la composition au clavier accompagnant la voix d’Uchiyama. Le deuxième morceau Kurū (狂う) a par contre une ambiance rock, mais déconcerte tout de suite avec une introduction librement inspirée d’un chant religieux chrétien. Mais cette introduction idyllique dérape très vite et se laisse envahir pour les larsens des guitares qui viennent prendre rapidement le dessus. Le phrasé d’Uchiyama est rapide et maîtrisé. Je me dis tout de suite que sa manière de chanter et de prononcer certains mots me rappellent Haru Nemuri (春ねむり). Je vérifie rapidement les informations accompagnant la vidéo sur YouTube et je confirme qu’Haru Nemuri a en effet écrit les paroles, composé la musique, programmé et arrangé ce morceau. L’influence se ressent très fortement et je trouve que Yua Uchiyama assure très bien. Elle pourrait très bien être la soeur d’Haru. Je n’étais pas vraiment convaincu par les morceaux récents d’Haru Nemuri mais celui-ci est vraiment très bon. Je pense que la musique d’Haru Nemuri demande ce genre d’orchestration rock, comme sur son premier album Haru to Shura (春と修羅). J’aimerais vraiment qu’elle reparte vers cette direction.

ニュウ、エスケープ

Ce creux au milieu de la façade du building à lamelles de bois de la première photographie du billet m’intrigue à chaque fois que je passe devant. A sa construction il y a environ deux ans, il était indiqué que cet espace serait utilisé par YouTube, mais je ne vois aucun signe extérieur l’indiquant. Il n’y a pas non plus de signe d’activité visible depuis l’extérieur et je me demande même si ce bâtiment si particulier est vraiment utilisé. Son design a été conçu par Kōichi Takada (高田浩一). J’aime beaucoup cette déflagration en hauteur. Un peu plus loin dans la même rue longeant la rivière bétonnée de Shibuya, on trouve plusieurs affiches collées à différents endroits, formant une sorte de guérilla publicitaire. Ces visages sont ceux du groupe d’idoles de l’agence Stardust, Momoiro Clover Z. A vrai dire, je pensais que le groupe, après avoir perdu une de ces membres, avait cessé ses activités. Il semble qu’elles fêtent plutôt l’anniversaire de leurs quinze ans de carrière. Il est vrai qu’on les voit encore régulièrement dans des publicités télévisées. Le temps de ces derniers week-ends est couvert et même pluvieux, ce qui me fait prendre moins de photos. J’ai de toute façon un stock d’une petite dizaine de billets en brouillon que je peine à écrire rapidement. Les journées sont longues et épuisantes. Elles me laissent peu de temps pour écrire, mais écrire est toujours pour moi une échappée nécessaire et même indispensable.

L’amateur de la musique de Sheena Ringo ne s’ennuie pas en ce moment. Le 17 Mai 2023, sortait le CD de deux titres W●RK et 2045, tous les deux excellents d’ailleurs, de la collaboration avec Millenium Parade de Daiki Tsuneta. Je ne l’avais pas réservé mais je suis passé l’acheter au Tower Records de Shibuya le soir du 16 Mai. Le magasin met en général dans les rayons les nouveautés le soir avant le jour de sortie. Il faut le savoir et ça permet de faire le malin ensuite sur les réseaux sociaux en disant qu’on a pu acheter et écouter le CD avant sa sortie officielle. C’est le Fying Get ou Furage (フラゲ) en japonais. Un nouveau single de Sheena Ringo est ensuite sorti cette semaine le 24 Mai. Il s’agit cette fois-ci d’un single solo intitulé Watashi ha Neko no Me (私は猫の目), sous-titré en français “Je suis libre”. Le CD que j’avais commandé sur Amazon, une fois n’est pas coutume, venait avec une carte postale montrant Sheena assise sur une moto devant la tour de Tokyo. Cette moto apparaissait également en logo pixelisé lors du récent concert. Comme je l’indiquais auparavant, il s’agit d’une Yamaha SR (reprenant donc ses initiales). Ce qui m’a presque choqué, c’est de me rendre compte que ce modèle de moto a été mis en production en 1978, soit l’année de sa naissance. Ce genre de détails me fascine toujours. J’aime vraiment beaucoup ce nouveau morceau Watashi ha Neko no Me, qu’elle avait également joué lors du concert, et je trouve qu’il gagne en saveur après plusieurs écoutes car sa construction musicale est, comme souvent chez Sheena Ringo, relativement atypique et terriblement sophistiquée. Dans la vidéo comme toujours réalisée par Yuichi Kodama, on la voit concrétiser son amour pour les chats en empruntant elle-même des yeux de chats. Elle n’est pas accompagnée par ses musiciens habituels, mais ce ne sont pas vraiment des visages inconnus non plus. À la guitare, on retrouve Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) du groupe NUMBER GIRL. Elles se connaissent depuis leurs débuts, étant toutes les deux originaires de Fukuoka. Elles ont déjà joué ensemble, en concert ou en session d’enregistrement. Rino Tokitsu (時津梨乃) à la batterie est une ancienne membre d’un des premiers groupes que Ringo avait formé à Hakata (Fukuoka), avant ses débuts. Ce sont donc également des amies de longue date. Rino Tokitsu a fait aussi partie d’un groupe appelé Roletta Secohan (ロレッタセコハン). Je suis par contre moins familier du nom de BIGYUKI aux claviers. Il est apparemment présent sur la scène hip-hop/jazz new-yorkaise. J’aime beaucoup ce court passage solo au clavier accompagnant le solo de guitare lourd et déstructuré d’Hisako. Il y a une certaine texture brute dans ce morceau, notamment dans la voix de Sheena Ringo. J’adore particulièrement quand elle crie son « Nya » en imitant le cri du chat, avec un côté un peu comique que je pense volontairement. Sa voix devient plus agressive au fur et à mesure du morceau, comme un chat qui sortirait ses griffes. Elle roule même un peu des ‘r’ et finit le morceau sur un ton sonnant comme du Enka, comme Yuu peut également le faire sur des morceaux de GO!GO!7188. En comparaison, la face B du single s’intitulant Saraba Junjō (さらば純情), sous-titré “Adieu innocente”, a un son beaucoup plus doux. On entend une partie de ce morceau à la toute fin de la vidéo qui prend une forme animée montrant Ringo conduisant cette fameuse Yamaha SR. Elle est revenue vers les sous-titrages des titres des morceaux en français. Le single prenant le sous-titre “Je suis libre” reprend ce thème de la liberté (自由) très présent dans sa discographie et ses paroles. Mais le single va plus loin en découpant la vidéo en dix scènettes prenant pour titres des proverbes français souvent en lien avec le monde des chats. Où irait le monde sans les chats? Les voici ci-dessous.

1. Un malheur ne vient jamais seul.
2. Être comme chien et chat
3. Un peu de honte est bientôt bue.
4. Qui m’aime au même mon chat.
5. Qui naquit chat court après les souris.
6. Chat échaudé craint l’eau froide.
7. À bon chat, bon rat.
8. Il ne faut pas réveiller le chat qui dort
9. Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
10. Ce qui est fait est fait.

Le vidéo du morceau Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) mentionne également la citation « La femme, comme le chat, a neuf vies. » de l’écrivain anglais John Heywood (1497-1580), connu pour ses pièces, poèmes, et ses recueils de proverbes. J’ai le sentiment que ce morceau ouvre de nouvelles pistes dans sa discographie et ça me satisfait beaucoup de voir qu’elle ne manque pas d’inspiration. C’est une promesse de nouvelles échappées belles.

A ce propos, Sheena Ringo fête ce samedi 27 Mai 2023, ses 25 années de carrière après la sortie de son premier single Kōfukuron (幸福論) le 27 Mai 1998. Je me demande d’ailleurs pourquoi elle n’a pas sorti le nouveau single le 27 Mai, plutôt que le 24. A l’occasion de ce nouveau single et de cet anniversaire, elle sera présente dans les médias télévisés ces prochains jours, notamment à l’émission KanJam avec Daiki Tsuneta (pour une deuxième fois) le dimanche 28 Mai et pour une émission spéciale de la NHK le 1 Juin 2023. J’aurais certainement l’occasion d’en reparler ici. Cet anniversaire m’a donné l’occasion de porter mon t-shirt de la tournée (celui avec la moto pixelisée) et d’aller au magasin Tower Records de Shinjuku car une petite exposition spéciale y avait lieu. Dans une partie du magasin, on y montrait la moto Yamaha SR, les tenues utilisées pour la vidéo de Watashi ha Neko no Me, une photo géante, entre autres. Un bandeau est accroché pour ses 25 années de carrière. On retrouve sa signature encadrée datant du 14 Novembre 2019, avec les messages Koko ha Shinjuku Desu (ここは新宿です) et Merci, mais le verre du cadre est étrangement cassé à plusieurs endroits. Est ce un accident de manipulation ou est ce volontaire car il est montré tel quel dans le magasin. C’est peut-être un peu des deux, mais ce cadre avait en tout cas été enlevé (il me semble) après le réaménagement du magasin. On y vendait aussi des goods de la société de production Vivision de Yuichi Kodama, qui réalise la quasi totalité des vidéos et concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. Les t-shirts étaient pratiquement tous en rupture de stock, et je crois comprendre d’après mon fil Twitter qu’ils ont une certaine popularité. Un petit panneau demande aux visiteurs de poser une pastille pour leur album préféré. Je ne suis pas surpris de voir arriver Muzai Moratorium en tête. Un morceau comme Marunouchi Sadistic sorti sur cet album fait pratiquement partie de l’histoire musicale japonaise. Mon fils l’a même chanté récemment au karaoke avec ses copains et copines de classe de lycée. Je n’étais pas le seul habillé aux couleurs de l’artiste en cette journée de samedi. Dans un tout autre endroit à Shibuya Hikarie, une femme et son mari me regardaient en souriant. Je me suis d’abord demandé la raison, pour comprendre ensuite qu’elle portait elle-même un sac à l’effigie de Tokyo Jihen. Peut-être est ce dû à cette date anniversaire.

suspension roof structure

Dès que j’en ai l’occasion, je profite toujours d’une marche près du parc Yoyogi pour approcher au plus près le gymnase olympique conçu par Kenzo Tange pour les Jeux Olympiques de Tokyo de 1964. Ces superbes lignes courbes me font toujours penser qu’il s’agit du plus bel ouvrage architectural de Tokyo. D’autant plus qu’il a été rénové avant les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 (en 2021). Je suis déjà rentré plusieurs fois à l’intérieur du gymnase principal pour des spectacles, mais il reste en général fermé en dehors de ces événements programmés. Il est par contre plus facile d’entrer dans le gymnase plus petit de forme arrondie placé juste à côté. Il s’y déroule de temps et temps des compétitions sportives amateurs. Cette fois-ci, il s’agissait d’une compétition de jeunes et même très jeunes karatéka. L’entrée était libre et je n’ai donc pas hésité à y rentrer pour apprécier l’œuvre architecturale en pleine utilisation. Je suis à chaque fois impressionné par la dynamique de la structure de câble faisant une courbe et portant le toit en suspension. La forme courbe du toit me fait penser à un drap accroché à un fil à linge qu’on aurait légèrement tendu et coincé à son extrémité par des pierres au sol pour ce faire une sorte de cabane. Je vais un peu loin dans l’image mais la dynamique libre de cette toiture m’y fait beaucoup penser. Cette toiture est ingénieuse et en quelque sorte artisanale comme si chaque courbe avait été soigneusement sculptée. Le texte explicatif disponible sur le site web de l’architecte nous parle d’un espace destiné à créer un esprit d’unité entre les athlètes et les spectateurs, et que l’existence de piliers aurait obstrué ce lien. La réponse de Kenzo Tange à cette aspiration a été de concevoir ce toit suspendu par tension pour créer un très large, dans un système similaire à celui que l’on trouve sur les ponts. L’extérieur est tout aussi impressionnant que l’intérieur. Le mur de pierre qui entoure l’édifice prend par endroit des formes de vagues. Je le trouve reminiscent des murs de forteresses médiévales. Sur les quelques photographies que je montre sur ce billet, j’essaie de comparer sa taille à celle de passants traversant la place qui sépare les deux gymnases. De l’extérieur, l’élégance de ses lignes est indéniable. Ce gymnase est conçu comme une véritable œuvre d’art, que Tokyo n’est heureusement pas prêt à avaler.

Underground discharge channel (2)

Continuons avec quelques autres photographies du gigantesque réservoir d’eau de Kasukabe constituant la pièce centrale du Metropolitan Outer Area Underground Discharge Channel. Cet ensemble utilisant des technologies d’ingénierie civile de premier plan a vu sa construction démarrer en 1993. Il aura fallu 13 années pour construire cet ensemble de sécurité destiné à atténuer les risques d’inondations dans le bassin des rivières Nakagawa et Ayase. Comme je l’indiquais dans le billet précédent, je ne me lasse pas de prendre l’intérieur du réservoir en photo. Je montre cette fois-ci quelques photos avec d’autres visiteurs pour donner un meilleur ordre d’idée de la taille de l’ensemble. Je montre également quelques autres photos prises à l’iPhone sur mon compte Instagram. L’iPhone se débrouille un peu mieux que mon appareil reflex (sans pied) pour prendre des photos en basse lumière. La cinquième photo du billet montre au loin le bâtiment principal où se trouvent les turbines de pompage. Le réservoir se trouve dessous le vaste espace vert devant ce bâtiment.

Avant de reprendre la route vers Tokyo, nous nous arrêtons à la gare routière Michi-no-Eki Showa pour déjeuner, puis nous ferons ensuite un petit détour vers Watarase Yusuichi (渡良瀬遊水地) aux limites des préfectures de Saitama (埼玉県), de Gunma (群馬県) et de Tochigi (栃木県). On y trouve un autre bassin de création humaine destiné à accueillir le surplus d’eau, d’une manière un peu similaire au complexe de Kasukabe mais de façon plus traditionnelle et certainement beaucoup moins efficace, car il s’agit seulement de lacs artificiels accompagnés de barrages. Nous n’aurons malheureusement pas assez de temps pour voir ce grand lac artificiel, car notre objectif était avant tout de voir le point où se découpent les trois préfectures mentionnées ci-dessus. Zoa voulait absolument voir cet endroit et on a donc profité de notre déplacement à Kasukabe pour filer un peu plus loin jusqu’à Watarase Yusuichi. Moi qui pensait être un peu trop spécifique et ’maniaque’ dans les choix de destinations du week-end, je me rends compte que mon fils me dépasse largement. Ce qui était étonnant, c’est que nous n’étions pas les seuls à venir voir ce point de jonction entre trois préfectures. Une dizaine de personnes incluant des enfants étaient là en même temps que nous. Il faut dire que l’endroit, entouré de rizières, est particulièrement agréable pour se promener. Il s’agit d’un des seuls points de jonction de trois préfectures facilement accessible car ceux-ci se trouvent en général plutôt à la pointe de certaines montagnes, et sont donc plus difficiles d’accès. Il nous fallait revenir à Tokyo avant 17h et le temps nous pressait donc un peu. Il nous faudra venir visiter cet endroit prochainement.