君が僕の東京になる

Il m’arrive rarement de boire de l’alcool le midi le week-end (et encore moins les jours travaillés) car je ne sais jamais si l’occasion de conduire se présentera dans la journée et la tolérance est à zéro au Japon. Mais l’occasion se présente de temps en temps, comme ici à Kamata près de la station lors d’un festival appelé tout simplement Oishii Michi (おいしい道) avec tables et stands posés sur la rue avec diverses choses à manger et à boire. La météo était idéale pour passer quelques heures assis dehors sans compter les heures en se laissant emporter par une légère ivresse. Du coup, cette légère ivresse me fait voir des choses inattendues comme des camionnettes vendant des nikuman recouverts de filles à la mode manga poussant les esprits faibles à la consommation, ou comme ces étranges personnages colorés se faisant photographier avec une population enjouée. Sont-ils réels ou issus de mon imagination?

Les photographies suivantes sont prises à l’extérieur et intérieur du musée National Art Center Tokyo (NACT) conçu par Kisho Kurokawa et dont la construction a été terminée en Mai 2006. Kisho Kurokawa est mort l’année suivante, en 2007 au mois d’Octobre à l’âge de 73 ans. Je me souviens l’avoir aperçu plusieurs fois marchant lentement et même péniblement dans le couloir du 13ème étage du building Ark Mori à Tameike Sanno, car je travaillais à cette époque au même étage. J’y repense à chaque fois que je viens voir le building du musée NACT. J’étais venu pour voir l’exposition Interface of Being (真空のゆらぎ) de l’artiste Shinji Ohmaki (大巻伸嗣) qui s’y déroule jusqu’au 25 Décembre 2023 et qu’il serait dommage de manquer. Elle m’avait en tout cas beaucoup inspiré dans l’écriture de mon billet sur les fluctuations du vide qui nous entoure. Ce building est pour sûr très inspirant et nous donne plein d’images en tête. Il doit compter dans la liste des architectures les plus remarquables de Tokyo.

La dernière photographie du billet me fait revenir une nouvelle fois dans le parc central de Nishi-Shinjuku où ont été tournées de nombreuses scènes du film Kyrie no Uta (キリエのうた) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) dont une des scènes finales. Je garde encore maintenant de très bons souvenirs de ce film, que j’ai très envie de revoir, même si ça sera désormais sur les plateformes de streaming comme Netflix ou Amazon Prime. Je m’assois plusieurs dizaines de minutes à l’endroit où j’ai pris cette photo. Il y a quelques bancs posés dans la verdure depuis lesquels on peut observer au loin les buildings de Nishi-Shinjuku, notamment la très reconnaissable Mode Gakuen Cocoon Tower de Tange Associates.

J’ai mentionné dans un précédent billet qu’il fallait que je trouve un peu de temps pour aller voir l’exposition Revolution 9 du photographe Takashi Homma (ホンマタカシ) se déroulant jusqu’au 24 Janvier 2024 au Musée de la photographie à Yebisu Garden Place. L’exposition occupe plusieurs salles d’un étage du musée mais ne contient pas un nombre très conséquent d’oeuvres. Le prix du billet d’entrée plutôt réduit pour ce genre d’exposition me laissait en effet présager qu’on devait en faire assez vite le tour. Les photographies de Takashi Homma montrées lors de cette exposition sont toutes autant singulières qu’elles sont inspirantes. La plupart des œuvres sont composées de collages de plusieurs photographies prises au même endroit, mais sans soucis directs de faire des raccords parfaits entre les photographies, pour donner l’illusion d’une photographie gigantesque. Les décalages de tons et de couleurs sont souvent marqués entre deux photographies posées les unes à côté des autres. C’est une approche assez radicale de l’expression photographique, qui m’inspire dans le sens où j’aime de temps en temps également triturer mes photographies pour construire une nouvelle réalité. Du photographe, j’ai toujours en tête le photobook Tokyo and my Daughter que je ne possède pas dans ma librairie personnelle mais auquel je pense de temps en temps, car il m’avait inspiré à une certaine époque où je m’essaie d’une manière similaire à mélanger des photos de ville et d’architecture avec celles de mon fils étant tout petit. L’exposition Revolution 9 est très différente et est même déroutante, car de nombreuses photos sont par exemple positionnées en sens inverse. Le titre de cette exposition serait inspirée par la chanson des Beatles Revolution 9 qui est un collage d’une variété de sources sonores. L’association musicale à la photographie me parle beaucoup. En ce sens là, l’approche photographique de Takashi Homma m’attire toujours et m’interpèle. Elle ne cherche pas à atteindre la beauté esthétique. Une des salles de l’exposition a ses murs tapissés de grands pans photographiques que l’on peut observer à travers un système de miroirs. Je me prends moi-même en photo par inadvertance alors que je pensais plutôt saisir les murs photographiques. On pourra au moins remarquer mon t-shirt de Miyuna que j’aime beaucoup porter ces derniers temps. Au premier sous-sol du musée, on pouvait visiter gratuitement une galerie de photographies proposées par la Tokyo Polytechnic University (東京工芸大学). Cette exposition se déroulant jusqu’au 10 Décembre 2023 s’intitule Integrating Technology & Art through Photography. On peut y voir quelques photos connus comme certaines d’Eikoh Hosoe (細江英公) (dont une de Yukio Mishima de la série BA・RA・KEI / Ordeal by Roses). Cette exposition commémorative retrace l’histoire de l’Université polytechnique de Tokyo, dévoilant les origines de l’enseignement de la photographie au Japon et explorant les relations entre l’Université et le monde de la photographie japonaise à travers les époques. On a vite fait le tour de cette exposition mais elle vaut le détour. Les deux dernières photographies de la série ci-dessus proviennent de cette exposition. Je n’ai malheureusement pas eu la présence d’esprit de noter le nom du photographe de la photographie de droite que j’aime pourtant beaucoup. En fait, Google Lens m’apprend après coup qu’il s’agit d’une photographie prise en 1950 par Kiyoji Ohtsuji (大辻清司) de l’artiste Hideko Fukushima (福島秀子). Cette application Google Lens est assez pratique et elle est apparemment régulièrement utilisée par les visiteurs de ce blog sur mes photos.

Musicalement maintenant, quelques nouveaux singles d’artistes que je suis avec une attention certaine et que j’ai déjà maintes fois évoqué sur ce blog. Je parlais de Miyuna un peu plus haut et elle vient justement de sortir un nouveau titre intitulé Oikakete (追いかけて). Il commence assez doucement puis monte progressivement en intensité comme souvent chez Miyuna. J’aime toujours autant sa voix sur laquelle repose beaucoup la qualité de ce nouveau morceau. C’est un peu similaire pour le nouveau single d’AiNA The End intitulé Diana (華奢な心). Elle est très active en ce moment après une tournée rapide à Londres, WACK in the UK, avec d’autres groupes de l’agence Wack (dont ExWHYZ) et la sortie récente de l’album du film Kyrie no Uta (キリエのうた) dont j’ai déjà parlé. Le collage servant de pochette à ce single a été créé par Ohzora Kimishima (君島大空) qui a décidément de nombreuses qualités artistiques. Le morceau d’AiNA est une ballade qui prend son temps mais s’imprègne très progressivement dans notre inconscient. Je n’aime pas toutes ses ballades mais celle-ci me plaît vraiment beaucoup. AiNA l’avait d’abord présenté dans une session live sur YouTube appelée Room Session (冬眠のない部屋). J’aime aussi beaucoup l’esprit rock indé du nouveau single de PEDRO intitulé Shunkashūtō (春夏秋冬) du nouvel album Omomuku mama ni, Inomuku mama ni (赴くままに、胃の向くままに) qui vient de sortir. Le morceau mise beaucoup sur la composition de guitare d’Hisako Tabuchi avec des parties en riff solo très marquantes. On a l’impression qu’Ayuni ne force pas son chant et chante même quand elle a envie car j’ai toujours l’impression qu’elle manque une partie des paroles d’un couplet à un moment du morceau. J’aime beaucoup ce genre de moments d’interrogation. Comme je le dis à chaque fois, il faut être réceptif à sa voix et à sa manière de chanter. Dans les voix particulières, il y a aussi celle d’a子 qui sort un nouveau single très immédiat et accrocheur intitulé Racy. Le morceau est excellent et rentrera facilement dans la liste de ses meilleurs morceaux. Je me dis parfois qu’il suffirait qu’un de ses morceaux soit utilisé comme thème d’un anime ou drama à succès pour que sa carrière décolle et devienne mainstream. Ce single sera présent sur un nouvel EP intitulé Steal your heart qui sortira le 6 Décembre 2023. Il y a beaucoup de sorties d’albums qui m’intéressent en cette fin d’année car Hitsuji Bungaku sort également son nouvel album 12 hugs (like butterflies) le 6 Décembre. Vaundy a sorti son double album Replica il y a quelques semaines, et vient de passer pour la première fois à Music Station, ce qui parait incroyable. King Gnu vient aussi de sortir son nouvel album The great Unknown cette semaine avec un excellent teaser. Bref, beaucoup d’idée de cadeaux pour Noël, sachant que je ne me suis pas encore procuré le Blu-ray du dernier concert (椎名林檎と彼奴等と知る諸⾏無常) de Sheena Ringo, celui que j’avais été voir cette année. Je suis un peu moins pressé car je l’ai en fait déjà vu et enregistré sur WOWOW.

Dans le billet précédent, je mentionnais que Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) de Hitsuji Bungaku avait inscrit un morceau du groupe rock indé americain Pavement dans la playlist de l’émission radio de Seji Kameda sur J-Wave dont elle était l’invité. Cela m’a donné l’envie irrésistible de revenir vers la musique du groupe, surtout que le morceau que Moeka mentionnait, Date with IKEA, est sur l’album Brighten the Corners de 1997 que je n’avais en fait jamais écouté en intégralité. J’écoute également l’album Wowee Zowee de 1995 qui est plus désorganisé mais qui doit être un de mes préférés du groupe. Deux excellents albums que j’aurais dû écouter il y a 25 ans à l’époque où je n’écoutais presque que ce style de rock alternatif américain. La manière de chanter de Stephen Malkmus est accidentée et n’a rien de conventionnel. Elle a ce petit quelque chose de naturel qui nous donne l’impression qu’il nous parle de son quotidien. Certains morceaux me rappellent un peu musicalement les premiers albums de Beck, notamment Mellow Gold et Odelay sortis à peu près à cette même époque. On y trouve un même bouillon créatif rock qui déborde d’idée mais reste très brut dans son approche. Les morceaux Stereo sur Brighten the Corners et Rattled by the Rush sur Wowee Zowee sont des bons points d’entrée. On peut ensuite se diriger vers des morceaux comme Fight This Generation ou Grounded et se plonger ensuite d’une manière nonchalante dans le discographie complète du groupe.

inside the doughnuts hole

J’aime beaucoup la densité urbaine qui se dégage de la première photo prise à une des extrémités d’Harajuku. La topographie et l’urbanisme non-homogène de Tokyo permettent ce type de vues. Je suis ici debout sur la passerelle piétonne traversant l’avenue Meiji avant qu’elle ne remonte en direction de Shinjuku. J’emprunte souvent cette avenue à pieds ou à vélo. Avant d’arriver à ce point là, je passe très souvent par une route longeant les anciens appartements de Kita Aoyama en attente de destruction. Les bornes jaunes usées bloquant la route aux voitures proviennent de cet endroit avant que cette route ne vienne s’enfoncer dans la suractivité piétonne d’Omotesando, et d’Harajuku ensuite. Un des stickers collé sur une des bornes me rappelle le personnage Homer Simpson, grand amateur de donuts, mais en version défigurée.

Je viens de terminer le visionnage des dix épisodes de 54 mins du drama télévisé de la chaîne TBS Quartet (カルテット). Il ne s’agit pas d’une série récente car elle a été diffusée en 2017, mais elle est apparue soudainement dans ma liste de recommandations sur Netflix et je me suis laissé tenter. J’avais tout de même un intérêt préalable car Sheena Ringo en a écrit et composé le thème musical final intitulé Otona no Okite (おとなの掟), interprété au chant dans le drama par un quartet appelé Doughnuts Hole. Pour l’interpretation musicale, on retrouve sur ce morceau des habitués comme Masayuki Hiizumi (ヒイズミマサユ機 aka HZM) au piano, et Neko Saito (斎藤ネコ) au violon et aux commandes du véritable quartet. Sheena Ringo reprendra plus tard ce morceau sur la compilation Reimport 2 avec le titre The Adult Code. J’ai compris après avoir fini la série la raison de cette mise en avant sur Netflix. Le scénario a été écrit par Yūji Sakamoto (坂元裕二) qui a été récompensé récemment au festival de Cannes pour le meilleur scénario pour le film Monster (怪物) d’Hirokazu Kore-eda (是枝 裕和). On a donc beaucoup entendu parler du film et de ce scénariste au mois de Mai 2023. Je n’ai pas encore vu le film Monster, mais j’aime beaucoup Kore-eda pour avoir voir plusieurs de ses films (Nobody Knows avait été un choc pour moi) et j’ai donc très envie de le voir. Un des grands intérêts du drama Quartet vient des actrices et acteurs qui le composent. Takako Matsu (松たか子) joue le rôle central avec Hikari Mitsushima (満島ひかり), Ryuhei Matsuda (松田龍平) et Issei Takahashi (高橋一生). A eux quatre, ils forment le quartet de musiciens, annoncé dans le titre, réunis d’une manière plus ou moins fortuite dans une maison secondaire à Karuizawa. S’éloignant d’une vie normale, ils se réunissent et vivent dans cette villa pour se consacrer ensemble à la musique, mais leurs vies passées finissent par les rattraper. Il y a beaucoup de rebondissements et d’humour discret dans cette série, mais ce que j’apprécie particulièrement, c’est la subtile lenteur que confère ces lieux dans les montagnes, parfois enneigées, de Karuizawa. Ça donnerait envie d’y vivre, surtout dans une villa comme celle où le quatuor s’est installé. Chaque personnage a ses petites manies et particularités un peu décalées. Le personnage de Suzume joué par Hikari Mitsushima a par exemple une fâcheuse tendance à s’endormir dans des endroits improbables. Iemori joué par Issei Takahashi a pour défaut, ou qualité, de reprendre les gens lorsqu’ils ne font pas les choses correctement ou qu’ils ne suivent pas les bonnes manières, ce qui lance souvent des conversations particulièrement amusantes, poussant même parfois à une réflexion personnelle. Le scénario est bien monté quand on voit ce genre de scènes et anecdotes se reboucher plus tard dans la suite de l’histoire.

J’aime aussi beaucoup le personnage secondaire Alice joué par Riho Yoshioka (吉岡里帆), car elle très manipulatrice malgré son visage d’ange et finit toujours par arriver à ses fins. Une surprise est de voir le chanteur de Hip-hop Mummy-D du groupe Rhymester (ライムスター) joué un petit rôle dans la série. Mummy-D a participé à certains morceaux de Sheena Ringo notamment à la période de Sanmon Gossip. On sait également que Riho Yoshioka est fan de Sheena Ringo, ce qui m’a également interpellé. Mais ce n’est pas tout car le détail suivant est un peu plus ’maniaque’. Dans le dernier épisode du drama, le personnage de Maki joué par Takako Matsu se voit séparée du quatuor de Karuizawa suite à un des nombreux rebondissements de l’histoire. On la voit habiter seule dans une zone d’appartements de type HLM. Je reconnais tout de suite cet endroit car j’y suis allé récemment, le jour du concert de Sheena Ringo. Les scènes du drama ont été tournées dans le complexe d’appartements Hamune (はむね団地) situé entre la station Kokuryō (国領), près de Chōfu (la page Wikipedia du drama n’a même pas cette information). Ces mêmes lieux étaient utilisés dans la version alternative de la vidéo de Koko de kiss shite (ここでキスして。) qui est présente sur le DVD Seiteki Healing Sono Ichi (性的ヒーリング~其ノ壱~). Je ne sais pas s’il s’agit d’une pure coïncidence ou si c’est volontaire, mais je serais vraiment curieux de le savoir. Il faudrait que je note toutes ces questions au cas où je croiserais par hasard Sheena Ringo au détour d’une rue de Tokyo (ce qui est certes très improbable). Ce genre de lien m’intéresse en tout cas beaucoup.

Dans la série, l’acteur jouant le mari de Maki (le personnage de Takako Matsu) m’était familier sans que j’arrive à lui donner un nom. Il s’agit de Kankurō Kudō (宮藤官九郎) qui, en plus d’être acteur, est scénariste et réalisateur. On lui doit notamment le film Shōnen Merikensakku (少年メリケンサック) avec Aoi Miyazaki, sur la réformation d’un groupe punk rock. J’avais vu ce film il y a quelques années en Janvier 2018. Je me rends compte maintenant que Mukai Shūtoku (向井秀徳) de Number Girl était en charge de la musique de ce film, Kankurō Kudō étant un de ses grands fans. Kankurō Kudō a écrit le scénario du film Ping Pong (ピンポン) qui est pour moi plus anecdotique mais qui avait le mérite de contenir quelques morceaux de Supercar dans sa bande originale, notamment l’excellent Strobolights. Il est également le scénariste de la série du matin (Asadora) de la NHK, Amachan (あまちゃん) qui a eu un très grand succès lors de sa diffusion en 2013. Une autre surprise de cette série Quartet est de voir la compositrice et interprète Seiko Ōmori (大森靖子) jouer un petit rôle secondaire dans le sixième épisode, devant notamment le petit cinéma Image Forum (シアター・イメージフォーラム) à Shibuya. Je me dis que c’est une bonne chose d’écrire sur ce blog à propos des films et séries que j’ai vu, car j’aurais du mal à me souvenir de tous ces détails parfois anecdotiques, mais qui sont pourtant pour moi très importants. Je me rends compte que je n’ai jamais parlé du film Drive My Car (ドライブ・マイ・カー) du réalisateur Ryūsuke Hamaguchi (濱口竜介), que j’ai vu il y a plusieurs mois déjà et que j’ai trouvé superbe. C’est peut-être parce que le film a déjà été encensé par la critique que j’éprouve moins d’intérêt d’en parler. Le film prend son temps et touche à des sentiments profonds. On ne peut que remercier un réalisateur de créer des films tels que celui-ci.

Les deux photographies ci-dessus ont été prises dans les environs de la station de Shinagawa. Le passage à niveaux sur la première photo attire les photographes car les trains le traversent lentement après une grande courbe. Un peu plus loin, des bateaux de yakatabune sont stationnés dans un canal en attendant le soir. Ils partiront avec des convives une fois la nuit tombée vers la baie de Tokyo pour remonter la rivière Sumida. Ce jour là, j’étais parti voir une exposition dans les galeries d’art présentes dans les anciens entrepôts Terrada. Le texte partiellement fictif « conteneurs » que j’ai écrit dans le billet précédent m’avait rappelé qu’une exposition intéressante était en cours en ce moment. J’en parlerais certainement avec des photos dans un prochain billet.

Miyuna (みゆな) donnait un mini-concert acoustique gratuit le Vendredi 7 Juillet 2023 à partir de 19h dans le parc Kitaya de Shibuya récemment réaménagé. Cet espace du parc est apparemment spécialement adapté pour ce genre de spectacles car le terrain est en pente et comprend des petits murets et des marches permettant aux spectateurs de s’asseoir. Le public s’assoyait en fait un peu où il voulait et j’étais personnellement resté debout appuyé à la rampe des marches. Je suis arrivé sur place alors qu’elle avait déjà commencé à chanter, mais je n’ai dû manquer que quelques minutes. C’était un moment très agréable à écouter Miyuna en plein air dans un espace entouré de verdure. Elle n’a joué que quelques morceaux demandés par le public, et seulement ceux se prêtant à l’acoustique. Elle a beaucoup parlé au public entre deux morceaux, pour notamment rappeler son prochain concert le 21 Juillet dans la salle WWWX de Shibuya. Je ne pourrais malheureusement pas la voir cette fois-ci dans cette salle, mais je le rattraperait très certainement lors de la tournée de son prochain album quand il sortira. On sent qu’elle aime et a envie de s’adresser au public et j’aime beaucoup l’écouter car elle reste très naturelle et pleine d’humour. On pouvait prendre des photos et des vidéos. J’en montre une sur mon compte Threads, mais je ne souhaitais pas passer mon temps à regarder mon smartphone. J’ai préféré apprécier le moment.

call me metallic distortion

Ces photographies datent désormais d’il y a plus d’un mois car les carpes koi flottant dans les airs sur le pont de Nihonbashi nous ramènent à la Golden Week à la toute fin du mois d’Avril. Nous sommes désormais au mois de Juin et la saison des pluies a officiellement commencé, comme l’atteste très bien le Dimanche matin pendant lequel j’écris ces quelques lignes. Je passe plus régulièrement par Ginza ces derniers mois ce qui se reflète dans mes photographies, car j’ai eu la bonne idée d’aller ces derniers mois chez un coiffeur situé un peu plus loin, à Kyōbashi. Cela me donne l’occasion d’explorer un peu plus les quartiers autour, mais la réalité est que je marche la plupart du temps vers Ginza, attiré par les éventuelles photographies d’architecture que je pourrais y prendre. On peut y admirer les façades de certains bâtiments tentant de se faire remarquer parmi la multitude de buildings similaires composant les rues du quartier. La deuxième photographie montre une partie de la façade du building commercial Kira Rito Ginza (キラリト銀座), conçu par Jun Mitsui & Associates et construit en 2014. Il se trouve à l’entrée de Ginza lorsque l’on vient de Kyōbashi. Ces formes se remarquent de loin mais je pense que c’est la première fois que je prends ce bâtiment en photo. Je trouve la façade du building de la quatrième photographie vraiment magnifique. Il s’agit de Dear Ginza, conçu par Yoshihiro Amano de Amano Design Office et construit en 2013 dans une petite rue parallèle aux grandes artères de Ginza. Les formes irrégulières ont été déterminées par un algorithme informatique, le but étant d’attirer l’oeil du passant qui n’emprunte pas forcément les rues plus étroites du quartier. Personnellement, je me laisse attirer comme une abeille vers un bouquet de fleurs, métalliques en l’occurence. Sur la dernière photographie, je reviens en photo sur l’élégant design du magasin Louis Vuitton Matsuya Ginza par l’architecte Jun Aoki.

Musicalement parlant, je retrouve pour mon plus grand plaisir des voix connues qui viennent sortir des nouveaux singles. Alors que BiSH n’en finit plus de s’éteindre, AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) continue tranquillement sa carrière solo en sortant ses morceaux au compte-goutte. Je me souviens d’une interview croisée d’AiNA avec Ikkyu Nakajima où elle demandait à Ikkyu comment elle parvenait à créer autant de morceaux aussi rapidement, ce qui n’était pas son cas. Si je ne me trompe, c’est vrai qu’on n’a pas pu écouter de nouveaux morceaux d’AiNA The End depuis quelques temps, peut-être parce qu’elle se consacrait à la dernière ligne droite de BiSH avant la séparation définitive à la fin du mois. Mais je veux bien attendre pour des morceaux comme ce Red:birthmark sorti le 10 Avril 2023. On retrouve l’atmosphère dense et la voix émotionnelle d’AiNA. Le morceau a été entièrement écrit et composé par TK de Rin Toshite Shigure (凛として時雨). Une fois qu’on le sait, c’est vrai que certains passages font clairement penser au style et à la voix de TK. L’autre satisfaction de ce morceau est de voir Aoi Yamada (アオイヤマダ) accompagnée AiNA sur la vidéo. Il y a une sorte de symbiose entre les deux. On la voit souvent en arrière plan derrière AiNA mais sa présence égale à mon avis celle d’AiNA. J’avais déjà évoqué Aoi Yamada car je la suis depuis un moment sur Instagram et j’avais beaucoup aimé la vidéo publicitaire pour Gucci avec Hikari Mitsushima (満島ひかり) dans laquelle elle jouait. Il semble qu’elle ait le vent en poupe en ce moment car on l’a aussi vu récemment au festival de Cannes accompagnant l’acteur primé Kōji Yakusho (役所広司) et le réalisateur Wim Wenders pour son film Perfect Days.

Et puisqu’on parle de cinéma, AiNA jouera son premier rôle à l’écran dans le film Kyrie no Uta (キリエのうた) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) qui sortira le 13 Octobre 2023. Elle jouera le rôle principal aux côtés de Haru Kuroki (黒木華), Hokuto Matsumura (du groupe SixTONES) et Suzu Hirose (広瀬すず). On ne sait que peu de choses sur le film car la bande-annonce ne divulgue pratiquement rien. On sait par contre qu’elle jouera le rôle d’une musicienne de rue et elle écrira également les morceaux du film. j’ai déjà évoqué sur ces pages le réalisateur Shunji Iwai pour son film All about Lily Chou-Chou avec Salyu au chant pour la bande originale. En réécoutant maintenant Arabesque, le morceau principal du film semblant avoir émergé d’un autre monde, je me dis qu’il faut que je revois ce film car je ne m’en suis pas totalement libéré. Shunji Iwai aime faire jouer les chanteuses et musiciennes. Je me souviens également du film intitulé A Bride for Rip Van Winkle (リップヴァンウィンクルの花嫁) dans lequel jouait la compositrice et interprète Cocco (こっこ), ainsi que l’actrice Haru Kuroki qu’on retrouvera dans Kyrie no Uta. Je suis sûr que Shunji Iwai arrivera à faire ressortir toute la densité et la tension dramatique d’AiNA, celle que l’on trouve déjà dans sa musique.

J’écoute aussi beaucoup le nouveau single de Miyuna (みゆな) intitulé tout simplement Waratte (笑って). Il est sorti il y a quelques jours, le 6 Juin 2023. Elle l’interprète avec le groupe qui l’avait accompagné lors de la tournée suivant la sortie de son premier album Guidance. Le format rock du morceau est plutôt classique mais Miyuna y met comme d’habitude toute sa conviction et ses nuances vocales. Parfois dans certains tons de paroles dans les couplets et même dans le solo de guitare non-standard, j’ai l’impression que ça pourrait être un morceau de Tokyo Jihen. Pour être plus précis et si j’allais un peu trop loin, je penserais même à un morceau de Seiji Kameda (comment ça, Tokyo Jihen me manque?). En fait, je pense être influencé par le fait que Miyuna a récemment participé au festival musical de Hibiya, organisé par Seiji Kameda. Je me suis rendu compte beaucoup trop tard du programme et nous étions déjà partis en vadrouille à Chiba. Je pense de toute façon qu’on ne pouvait pas voir grand chose sans billet. J’aurais vraiment aimé voir la prestation de Miyuna perchée sur la terrasse à mi-niveau de Hibiya Mid-Town. Elle montre un petit extrait sur son compte Twitter. Le public est assis sur l’herbe et la vue dégagée est superbe. Difficile de se rendre compte de l’acoustique de l’endroit mais une scène pareille est assez fantastique. Miyuna y jouait son nouveau single mais avait apparemment oublié certaines paroles, sous le coup de l’émotion, j’imagine. Elle est assez imprévisible comme d’habitude. Quant à la photographie utilisée pour la couverture du single, elle a été prise par Mana Hiraki (平木希奈) que je mentionnais dans un précédent billet. Je me répète mais j’aime beaucoup cette ambiance un peu floue, proche du rêve. Je trouve que la photographie a également quelque chose d’organique et d’aquatique. A ce propos, suite au tweet lié à ce précédent billet, la photographe m’a répondu sur Twitter (en français) en étant désolée du fait que je n’ai pas pu assister à son exposition, ce qui est une très sympathique attention. Sur une de ses stories sur Instagram, elle fait également référence à mon billet avec une capture d’écran en indiquant qu’elle était contente qu’on parle d’elle en même temps qu’une artiste qu’elle aime (en parlant de Sheena Ringo sans l’écrire directement mais en montrant la partie de mon billet la montrant en photo). Je ne m’étais donc pas trompé. J’aimerais vraiment voir Mana Hiraki prendre Sheena Ringo en photo tout en conservant son univers visuel. Dommage que Ringohan n’ait pas lancé d’enquête récemment car j’y aurais volontiers mentionné son nom.

続きのない夢の中

Je ne voulais pas manquer la rétrospective que le Tokyo Photographic Art Museum (東京都写真美術館) consacrait au photographe Masahisa Fukase (深瀬昌久). Ce musée est situé à Yebisu Garden Place et l’exposition montrant 114 photographies se déroulait du 3 Mars au 4 Juin 2023. Fukase est originaire d’Hokkaido et a quitté ce monde en 2012. La rétrospective nous montre plusieurs séries tirées de ses trente années d’activités photographiques de 1961 à 1991. La plus connue et celle que je voulais absolument voir est celle intitulée Karasu [Ravens] montrant des corbeaux dans des paysages d’Hokkaido, en 1976 alors qu’il revenait vers les lieux de son enfance pour fuir un mariage qui se passait mal. La force de ses images nous attire et nous rend en même temps mal à l’aise, car on y ressent la souffrance qu’il devait éprouver à ce moment là de sa vie. Masahisa Fukase est un photographe connu pour montrer des photographies de sa vie personnelle. Il se met parfois en scène sur ses photographies, mais c’est surtout sa femme Yōko Wanibe qu’il a beaucoup photographié. Les photographies, que la galerie met en avant en présentation de l’exposition, montre Yōko dans une série du même nom prise en 1973. Il la prenait en photo tous les jours alors qu’elle partait pour travailler. Il prend aussi régulièrement sa famille en photo pendant vingt ans dans une série intitulée Kazoku [Family], notamment son père qui tenait un petit studio photo à Bifuka, Hokkaido. Après sa séparation de Yōko, il se concentre sur les photographies de son chat Sasuke qu’il reçoit d’un ami photographe en 1977. Même si ces photos de chats peuvent parfois être amusantes, on ressent une solitude et une certaine tristesse en les regardant.

Je me suis mis dans l’idée d’acheter systématiquement une ou plusieurs cartes postales des expositions que je vais voir, lorsque c’est possible. J’ai commencé depuis l’exposition de Wataboku car il m’avait signé une de ses cartes postales. De l’exposition de Fukase, j’en tire quatre dont l’une très connue de la série Karasu [Karasu] prise en 1976. J’en avais déjà parlé dans un ancien billet, j’ai souvent eu envie d’acheter le photobook intitulé Ravens (鴉) mais j’ai toujours hésité en voyant le prix (plus de 10,000 yens). De cette série, j’en garderais au moins une carte postale. Le chat Sasuke est également sur une des cartes postales que j’ai choisi. C’est amusant de le voir s’infiltrer discrètement dans un jeu de go. Les deux autres photos montrent Yōko, une datant de 1973 de la série Yōko que Fukase prenait depuis la fenêtre de leur appartement, et autre intitulée Congratulation, datant de 1963, de la série Yūgi [Homo Ludence]. Cette dernière montre Yōko fumant pendant un moment de pause lors de leur cérémonie de mariage. Je devrais peut-être commencer une collection de photographies de femmes fumant en robe de mariée.

L’envie m’est revenue d’écouter Quruli (くるり) en trouvant l’album Fandelier (ファンデリア) au Disk Union de Shimokitazawa. Il s’agit du deuxième album du groupe sorti le 15 Mai 1998, dans leur période indies, avant leur premier album majeur Sayonara Stranger (さよならストレンジャー) qui sortira en 1999. J’en avais déjà parlé sur ces pages. J’ai une affection particulière pour ces deux années 1998 et 1999 car elles correspondent aux deux années de mes débuts de vie au Japon: en 1998 pendant un mois à Nagasaki, puis à partir de Février à Tokyo en 1999. Écouter la musique de cette époque me donne une certaine nostalgie de ces moments de ma jeunesse, alors même que je n’écoutais pas du tout Quruli à cette époque là. Dans le premier morceau Interlude à la guitare acoustique, on ressent pourtant une certaine nostalgie d’une période de jeunesse passée. Cet interlude est en fait un aperçu du morceau Sakamachi (坂道) qu’on entend plus tard vers la fin de l’album. C’est très certainement le plus beau morceau de l’album. Fandelier est relativement court, composé de 8 morceaux pour 33 minutes. Il mélange les ambiances musicales d’un groupe qui se cherche et essaie plusieurs voies. Le deuxième morceau Mononoke Hime (モノノケ姫) est par exemple particulièrement brut de facture avec une guitare sonnant comme du live dans une petite salle de concert. Le troisième morceau Old-fashioned est un des plus inspirés de cet album et me fait dire qu’il faut toujours s’intéresser aux premiers albums d’un groupe même s’ils ne sont pas encore perfectionnés. L’esprit rock indé transpire de tous les morceaux de l’album et j’aime beaucoup cela. Le morceau qui suit Tsuzuki no nai Yume no naka (続きのない夢の中) ou le suivant Ame (雨) en sont d’autres excellents exemples. J’aime beaucoup le naturel du chant de Shigeru Kishida (岸田繁), notamment sur Ame où on retrouve une manière de chanter qui lui est assez typique. Cet album n’est pas le meilleur ni le plus abouti du groupe mais il n’en reste pas moins un petit moment de bonheur musical, notamment quand il part vers des pistes plus expérimentales comme sur le dernier morceau Yes mom I’m so lonely, très différent du reste de l’album.

En parlant d’exposition de photographies, j’avais dans l’idée d’aller voir une exposition de la jeune photographe Mana Hiraki (平木希奈) qui se déroulait pendant deux jours seulement, les 27 et 28 Mai 2023, dans la petite galerie d’art THE PLUG à Jingūmae. Je suis cette photographe depuis quelques temps sur Twitter puis sur Instagram, car elle a pris en photo certaines artistes que j’aime beaucoup. On lui doit notamment la photographie de couverture de l’album Plantoid de SAMAYUZAME, ainsi que d’autres photographies et vidéos de cette compositrice et interprète dont je parle régulièrement sur ce blog au fur et à mesure qu’elle sort des nouveaux morceaux. Je trouve que le style photographique de Mana Hiraki correspond bien à l’univers onirique de la musique de Samayuzame. Plus récemment, elle a pris en photo Miyuna (みゆな) pour une série en kimono, dont les deux photographies ci-dessus sont extraites. Cette série en particulier m’a tout de suite beaucoup plu. Là encore, j’aime beaucoup les couleurs et l’univers vaporeux proche du rêve qu’elle crée. C’est une constante de son style photographique. Il y a souvent un certain flou qui me donne l’impression qu’un voile léger vient se superposer sur l’artiste photographié. Je me suis posé la question de quelle pouvait être l’inspiration poussant Miyuna et la photographe à utiliser un kimono pour ces photographies. Cette série a été prise peu de temps après le concert groupé J-Wave Tokyo Guitar Jamboree (J-WAVE トーキョーギタージャンボリー) où Miyuna chantait et jouait de la guitare acoustique au Ryōgoku Kokugikan (両国国技館). L’association du kimono et de la guitare sur une scène ouverte sur 360 degrés m’avait forcément rappelé Sheena Ringo sur la scène du Budokan lors de la tournée Electric Mole.

La série de photographies de Miyuna en kimono prise par Mana Hiraki m’a renvoyé vers certaines photographies de Sheena Ringo prises en 2003 à l’occasion de KSK. Je ne fais pas cette allusion complètement par hasard car elle semble être amatrice de la musique de Sheena Ringo, vu qu’elle a acheté récemment le vinyl de KSK comme elle le mentionnait sur Twitter. Peut-être avait elle l’esthétique de l’époque de KSK en tête en prenant ces photographies de Miyuna en kimono, tout en y apportant son esthétique vaporeuse toute particulière. J’aurais très envie de lui poser la question. J’avais donc une forte intention d’aller voir cette exposition à Jingumae, mais quelle n’était pas ma surprise de voir une longue file d’attente devant la galerie. Je m’attendais à pouvoir y entrer rapidement et je n’ai malheureusement pas eu assez de temps pour attendre dans une file qui prenait son temps. En regardant d’un peu plus près le flyer digital de cette exposition intitulée Wave?, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une collaboration avec une certaine Rina. Je n’avais pas eu la présence d’esprit de comprendre que cette fameuse Rina prise en photo par Mana Hiraki était en fait membre du groupe rock Scandal (スキャンダル). Il devait y avoir de nombreux fans du groupe présents dans la file d’attente. Je n’ai malheureusement pas pu voir cette exposition mais ce sera partie remise. J’espère qu’elle pourra exposer un jour quelques photographies de Miyuna. Et pour continuer un peu plus avec les liens qui unissent les artistes que j’aime, je remarque sur Instagram que la compositrice et interprète a子, que j’irais normalement voir en concert un peu plus tard ce mois-ci, est également venue voir cette même exposition en cette même journée. Il y a décidément presque toujours un lien, parfois infime, entre les artistes que j’aime. Tout ceci me fascine beaucoup! La photographie ci-dessus montre les couvertures des numéros de Mars et Avril 2003 du magazine Gb que j’ai acheté il y a plusieurs mois. Ce sont deux de mes petits trésors et il faudrait vraiment que j’y revienne un peu plus dans un prochain billet.

running モンスター

L’édition 2023 du marathon de Tokyo avait lieu le dimanche 5 Mars. Je suis allé faire le curieux parmi les spectateurs, à défaut de courir avec les milliers de personnes participant à cette longue course d’endurance. Le public était bien présent sur le parcours le long des barricades. L’année dernière, j’avais pris quelques photos près du parc Shiba dans les environs de la Tour de Tokyo. Cette fois-ci, je me suis déplacé à Monzen Nakachō (門前仲町) où le parcours du marathon fait une boucle. Le public m’intéresse tout autant que les coureurs car nombreux sont ceux venus déguisés. Il y a des chasseurs de monstres sortis de Kimetsu no Yaiba (鬼滅の刃) dans la foule, mais également un étrange panda coureur dans la compétition. Il devrait à priori avoir un air sympathique, mais ce panda ne m’inspire pas confiance. Je ne cours pas cette journée, mais je marche pendant longtemps jusqu’à Ginza en traversant au passage la rivière Sumida.

J’écoute beaucoup de nouvelles musiques en ce moment et je crains ne pas avoir le courage et le temps de parler de tous les albums et singles que je découvre et qui me plaisent beaucoup. Comme mes goûts musicaux ont tendance à doucement s’élargir et que la production musicale japonaise est pleine de pépites, passées ou récentes, que je n’ai pas encore découvert, je pense que le sujet musical sera encore présent pendant longtemps sur ce blog. Je n’ai jamais cherché à découvrir en intégralité les albums de Genie High (ジェニーハイ), car je ne sais pour quelle raison mais je n’aime pas trop Enon Kawatani (川谷絵音) et la composition improbable de ce groupe avec deux comédiens. Je suis par contre attentivement le compte Instagram d’Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) et elle nous y rappelle régulièrement qu’elle chante dans ce groupe. La collaboration que je remarque avec la compositrice et interprète au visage cachée Yama m’a tout de suite interpellé. En fait, depuis le morceau Fubenna Kawaige (不便な可愛げ) de Genie High avec AiNA The End, je me suis dit que j’écouterais au moins les morceaux avec des collaborations d’artistes que j’apprécie. Sur ce nouveau morceau Monster (モンスター), j’aime beaucoup la voix de Yama et l’association avec la voix d’Ikkyu fonctionne vraiment très bien. Le morceau n’est pas particulièrement original mais est très bien construit et a une dynamique imparable, jusqu’au petit final au piano pour l’outro. On ne peut nier les qualités de compositeur d’Enon Kawatani. Ce morceau pop me semble très bien adaptée pour ma playlist autoroutière.

Le morceau que j’écoute également beaucoup ces derniers jours a un rythme très différent et beaucoup plus apaisé. Il s’agit d’une collaboration du compositeur et pianiste Tetsuya Hirahata (平畑徹也) avec Miyuna (みゆな) sur un morceau intitulé Shades of Night (よるのとばり) sur son album AMNJK sorti le 22 Mars 2023. L’approche assez académique dès les premières notes de piano et le chant quasiment à capella de Miyuna me plaisent vraiment beaucoup. Miyuna ne me déçoit jamais. L’ambiance de ce morceau est pourtant très différente de ce qu’elle crée sur ses propres albums. Je dirais même que cette musique a des vertus réparatrices après des journées difficiles. On a envie de se poser dans le calme à ne penser à rien en écoutant sa voix et ce piano.

Je joue vraiment sur les contrastes dans cette petite playlist car le nouveau morceau Made in Me (メイドインあたし) de KAF (花譜) en collaboration avec Tokyo GeGeGei (東京ゲゲゲイ) est beaucoup plus agressif pour les oreilles, parce que la virtual singer KAF peut aller assez loin dans les aiguës. La construction est particulièrement décousue avec un refrain soudainement hyper dynamique, une coupure abrupte à la fin et des incursions rappées de Tokyo GeGeGei. Tokyo GeGeGei est un collectif d’artistes créé par Mikey, qui semble d’ailleurs être actuellement le seul membre. Les esprits attentifs se souviendront peut-être que Mikey avait participé en tant que danseur avec Aya Satō à la vidéo du morceau Kōzen no Himitsu (公然の秘密) de Sheena Ringo. La composition de ce nouveau morceau de KAF est particulièrement originale et j’aime toujours beaucoup les variations du chant de KAF. Il faut bien entendu apprécier sa voix assez haut perchée, mais sa particularité est vraiment intéressante. Son troisième album Kyōsō (狂想) est également sorti récemment, le 7 Mars. Le morceau Turn into the Sea (海に化ける) en particulier me plaît beaucoup et semble contenir dans les paroles un clin d’oeil au morceau Eat the Past (過去を喰らう) de son album précédent.

Pour terminer, partons vers la Corée du Sud. Le nouveau morceau électro de la coréenne Yaeji intitulé For Granted m’a tout de suite accroché lorsque je l’ai entendu pour la première fois un soir de week-end en voiture de retour de Yokohama au niveau du parc Yamashita (c’est très précis). Ce morceau est présent sur son premier album With a Hammer qui sortira bientôt, le 7 Avril 2023. J’avais perdu de vue Yaeji depuis 2017 lorsque j’avais découvert ses deux premiers EPs intitulés tout simplement EP et EP2. Je ne sais pas pourquoi je n’avais pas parlé sur ce blog de Yaeji et de ces deux EPs à l’époque, car son morceau raingurl sur EP2 est contagieux et difficile à oublier (un banger comme on dit). On dirait que Yaeji a un sens inné pour trouver des manières de chanter et des sons qui deviennent indispensables dès la première écoute.