se perdre dans nos écouteurs

Cette année 2022 a été particulièrement riche en découvertes musicales, avec des groupes et artistes qui comptent maintenant parmi mes préférés comme Tricot, AAAMYYY et Miyuna (みゆな). J’ai écouté toutes leurs discographies sans être déçu un seul instant et cette musique a bien rempli mon paysage musical cette année. Ce qui me plait beaucoup, c’est que ce sont des artistes qu’on m’a fait connaître ou que j’ai fait connaître. J’aime beaucoup cet aspect de transmission et c’est d’ailleurs la contribution que j’essaie de faire à travers ce blog à qui aurait la curiosité nécessaire d’y jeter une oreille ou deux. Ce n’est pas forcément facile de se plonger dans la musique d’un ou d’une artiste ou groupe que l’on ne connaît pas, mais j’ai toujours l’espoir qu’un texte et quelques liens pourront susciter un intérêt. En écrivant ce billet, j’écoute une musique bien différente, celle du piano de Ryuichi Sakamoto pour Krug qu’il a composé en 2008 et qui est disponible à l’écoute sur YouTube depuis Septembre 2022. Cette suite durant une trentaine de minutes est très belle et me semble idéale pour terminer tranquillement cette fin d’année. On y ressent une mélancolie certaine de scènes de film qui n’existent pas. La force d’évocation de la musique de Ryuichi Sakamoto peut être bouleversante.

Pendant cette dernière selaine de l’année, comme je manque d’inspiration et de motivation pour écrire, j’ai regardé beaucoup de séries et de films, en particulier les 8 épisodes de la deuxième saison de la série Alice in Borderland (今際の国のアリス) sur Netflix toujours réalisée par Shinsuke Sato. La série est toujours aussi captivante et est même meilleure que la première saison, notamment car on arrive finalement à obtenir une explication sur la transformation de Tokyo en un monde parallèle. Et voir Shibuya en ruine envahi par la végétation vaut le coup d’oeil. Dans un style complètement différent, j’ai aussi regardé les neuf épisodes de la série First Love (初恋) toujours sur Netflix réalisée par Yuri Kanchiku et vaguement inspirée des morceaux First Love (1999) et Hatsukoi (2018) d’Utada Hikaru. Hikari Mitsushima et Takeru Satoh jouent les rôles principaux de cette histoire où l’on suit leur premier amour contrarié à plusieurs étapes de leurs vies. Dans cette série, j’étais assez surpris de voir jouer Aoi Yamada dans un second rôle car je suis ses danses bizarres (celle des légumes notamment) depuis un bon petit moment sur Instagram. Je comprends aussi mieux pourquoi Aoi Yamada et Hikari Mitsushima étaient réunies pour le court film publicitaire intitulé Kaguya, très bien réalisé pour la marque Gucci. J’ai également été voir au cinéma le plus proche le film d’animation Suzume no Tojimari (すずめの戸締まり) réalisé par Makoto Shinkai. Je ne l’ai pas trouvé aussi captivant que Your Name (君の名は) ou Tenki no ko (天気の子) qui avaient mis la barre très haut, mais on reste dans un même niveau de qualité et d’intérêt. Cette histoire nous amène aux limites du réel et de l’imaginaire, comme toujours chez Makoto Shinkai et ça me plait beaucoup. L’intrigue me semble être inspirée de la légende du poisson-chat turbulent Namazu (鯰) déclenchant les tremblements de terre au Japon. Nous avions été voir l’année dernière l’endroit où il est maintenu sous terre, sous une pierre de voûte nommée kaname ishi (要石), dans la forêt sacrée du sanctuaire Kashima Jingū à Chiba. A noter le superbe morceau intitulé Suzume (すずめ) accompagnant le film, composé par RADWIMPS (comme d’habitude) mais chanté par Toaka (十明).

once upon the street (3)

Ce troisième épisode en noir et blanc vient terminer cette petite série avant de revenir vers la couleur. Ces dernières semaines ont été particulièrement fatigantes pour une fin d’année et j’ai eu un peu de mal à trouver le temps d’écrire pendant les jours de semaine. Ça me manque car prendre le temps d’écrire, c’est s’extraire de tout ce qui m’entoure pendant quelques dizaines de minutes. Pour la série de photographies ci-dessus, je m’étais décidé à marcher jusqu’à Takadanobaba, au delà de Shinjuku. Un des objectifs que je m’étais donné était de trouver un immeuble dont la façade semble s’ouvrir comme un rideau. Ce bâtiment que je montre sur la première photographie se nomme Light house par Yamamura Sanz Lavina Architects (YSLA). Marcher ensuite de Takadanobaba jusqu’à Shinjuku me fait passer par le quartier coréen de Shin-Okubo, que je montre très brièvement sur l’avant dernière photo du billet. Les magasins vendant des photos et autres objets à l’effigie des stars de la K-pop sont nombreux, mais j’étais plutôt là pour acheter le déjeuner à emporter. J’imaginais très bien qu’il y aurait foule mais ça restait circulable même s’il fallait prendre son temps à l’approche de la station. Ce petit détour ne m’a pas particulièrement donné envie d’écouter de la K-pop. Je fais le curieux de temps en temps en écoutant par exemple un ou deux morceaux des deux groupes japano-coréens qui passeront à l’émission de NHK Kōhaku cette année, mais ça ne m’intéresse pas beaucoup. Je n’ai pour l’instant que deux morceaux de K-Pop sur mon iPod et j’aime beaucoup les réécouter de temps en temps: 내가 제일 잘 나가 et CAN’T NOBODY de 2NE1. A Shinjuku, les vitrines de la boutique Louis Vuitton du grand magasin Takashimaya montrent des photos en grand format de HoYeon Jung (정호연), modèle et actrice qui jouait le rôle de Kang Sae-byeok (강새벽) dans la série à succès Squid Game sur NetFlix. Beaucoup regretteront de ne plus la voir dans la deuxième saison de la série en préparation, car son personnage n’a pas survécu à la première saison, mais on peut souhaiter qu’elle apparaisse en flashback. Dans le même style d’histoire que Squid Game, je suis très curieux de voir la deuxième saison de la série japonaise Alice in Borderland qui commencera le 22 Décembre 2022 sur NetFlix, et de retrouver les personnages principaux interprétés par Kento Yamazaki (山﨑賢人) dans le rôle de Ryōhei Alice et Tao Tsuchiya (土屋太鳳) dans le rôle de Yuzuha Usagi. La deuxième photographie du billet a été prise à Sangenjaya. La moto de style café racer à gauche avec son drapeau anglais m’avait attiré le regard. La photo suivante montre un détail du petit bâtiment sur la rue Miyuki à Omotesando pour la marque Miu Miu. Cette boutique conçue par les architectes Herzog & De Meuron ressemble à une boîte prête à se refermer. La quatrième photo n’a rien de remarquable en apparence mais elle a la particularité de montrer une toute nouvelle rue à Shinjuku reliant la longue avenue Meiji au parc Shinjuku Gyoen. Je n’ai pas compté le nombre d’années nécessaires pour construire cette route, mais c’était un travail de très longue haleine. Je n’ai plus le souvenir de voir cette zone de Shinjuku sans travaux.

C’est un plaisir de revenir vers l’univers musical d’Etsuko Yakushimaru. Je n’avais pas réalisé qu’elle avait sorti un EP intitulé Existence of Us (僕の存在証明) le 26 Avril 2022 sous une formation appelée Yakushimaru Etsuko Metro Orchestra (やくしまるえつこメトロオーケストラ). Le EP se compose de deux morceaux, celui intitulé Existence of Us et un autre morceau intitulé Our ground zeroes, accompagnés des versions instrumentales. Le premier est plutôt pop avec les qualités mélodiques, symphoniques et un brin fantaisistes que j’aime beaucoup chez Etsuko Yakushimaru. Our ground zeroes est plus éthéré et rêveur. Ces deux morceaux assez différents se complémentent très bien pour créer deux mouvements d’un même ensemble. J’aime beaucoup son approche mélangeant une certaine légèreté dans son chant avec une composition musicale très maîtrisée et sophistiquée. Du coup, l’envie m’a pris de réécouter son EP AfterSchoolDi(e)stra(u)ction (放課後ディストラクション), l’album Radio Onsen Eutopia (2013) et l’excellent album Hi-Fi Anatomia (2009) de son groupe Sōtaisei Riron (相対性理論). Beaucoup de musique imaginative particulièrement réjouissante qu’il serait dommage de ne pas connaître.

once upon the street (2)

Continuons tranquillement avec le noir et blanc appliqué sur les rues de Tokyo. Je l’applique également sur le bleu et le blanc du ciel et des nuages, ainsi que sur mon iPhone transformé en iPod sur la première photographie du billet. J’amène toujours ma musique avec moi en toute circonstance, et il est extrêmement rare que je n’amène pas mon iPod dans mes déplacements. L’autocollant, acheté dans la petite boutique spécialisée B-side Label sur Cat Street à Harajuku, avec une fille jouant de la guitare accompagnée d’un petit chat noir, correspond assez bien au rock japonais que j’écoute souvent. Je n’ai pas beaucoup hésité dans le choix de cet autocollant pour couvrir le dos de mon iPod. Le béton de la deuxième photographie est celui du Collezione à Omotesando par Tadao Ando. Les bambous de la troisième photographie sont plantés le long du musée de Nezu par Kengo Kuma. Sur les affiches publicitaires des abris bus, Haruna Kawaguchi (川口 春奈) montre parfois son visage à la demande d’une marque de cosmétique dont elle doit certainement être l’ambassadrice. Je l’avais déjà prise en photo en couleur alors il fallait bien que je la prenne aussi en photo en noir et blanc, ici près de Sangubashi, sauf que la mise au point est plutôt dirigée vers les deux vieilles dames qui marchent au fond. Le mur délabré de la photographie suivante affichait autrefois une illustration géante de visages de clowns inquiétants. J’en montrais une photo dans mon premier photobook dans la série The Young Face. Il n’en reste désormais que des morceaux illisibles car le mur n’a jamais été vraiment nettoyé ou repeint. Et les nuages noirs chargés de pluie (雨雲), je les vois depuis mon balcon juste avant de prendre la route à pieds pour une autre destination urbaine.

Les magasins Disk Union passent toujours en fond sonore des albums plus ou moins récents, mais en général plutôt anciens. Je n’y prête pas souvent attention, mais ce jour là dans le magasin Disk Union de Shinjuku, le son d’une guitare menaçante accompagnée d’une voix féminine à la fois posée et puissante a tout de suite attiré mon attention. L’ambiance rock me plait beaucoup et vient soudainement interrompre mes recherches de disques dans le magasin. Je ne reconnais pas cette voix, mais j’utilise immédiatement l’application Shazam sur mon iPhone pour savoir qui chante sur ce morceau. Il en ressort le titre Nureta Yurikago (濡れた揺籠) de la compositrice et interprète Cocco (こっこ) sur un album intitulé Kamui Uta (カムイウタ) de 1998. Je connais le nom de cette artiste originaire d’Okinawa depuis de nombreuses années, mais je n’avais jamais prêté attention ni même écouté sa musique. Ce morceau que j’écoute avec une attention certaine au deuxième étage du Disk Union de Shinjuku ne correspond pas à l’image à priori et non renseignée que j’avais de cette artiste. Le morceau qui suit sur cet album et que le magasin passe maintenant en fond sonore est beaucoup moins tendu et m’intéresse moins musicalement. Je vois le CD de Kamui Uta dans l’étagère classée à Ko (こ), juste à côté des albums de GO!GO!7188 que j’étais venu acheter cette fois-ci. J’hésite quelques instants en me disant que je devrais écouter un peu sur YouTube avant d’acheter un album. Je n’achèterais finalement pas cet album et l’idée me sortit de tête pendant plusieurs semaines.

J’y repense soudainement car le souvenir un peu flou du morceau Nureta Yurikago refait surface, et il me prend l’envie d’en savoir un peu plus sur cette artiste. J’adore lire les fiches Wikipedia et celle de Cocco m’apprend avec beaucoup de surprise qu’elle a joué le rôle principal du film intitulé KOTOKO du réalisateur Shinya Tsukamoto (塚本晋也) sorti en 2012. J’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog de Shinya Tsukamoto pour certains de ses films, complètement décalés et même cinglés et dérangeants, en particulier Tetsuo: The Iron Man (鉄男), son premier film sorti en 1989 et Tokyo Fist, film de 1995. Shinya Tsukamoto est également acteur et joua un second rôle dans Ichi The Killer (殺し屋1), film de Takashi Miike (三池崇史) datant de 2001 dont j’ai déjà parlé. Tous ces films ont une violence à la limite du surréalisme. Je n’ai pourtant pas résisté à l’idée de voir KOTOKO sur Amazon Prime, et ce fut un choc (comme à chaque fois pour les films de Tsukamoto). Cocco y joue une mère célibataire atteinte d’une maladie mentale qui lui fait parfois voir les gens en double en s’imaginant qu’on lui veut du mal à elle et à son petit garçon. Ces crises de folie passagères lui font perdre le sens de la réalité et elle en vient à se mutiler pour se prouver qu’elle est bien vivante. Son instabilité mentale fait qu’on la sépare de son garçon qui sera confié à sa sœur vivant loin à Okinawa. Kotoko aime chanter, et ce sont les seuls moments de réconfort qu’elle éprouve en dehors des quelques visites qu’elle fait à Okinawa pour voir son garçon. Tanaka, un écrivain joué par Shinya Tsukamoto, entend son chant dans le bus l’amenant à l’aéroport, ce qui provoque en lui une addiction. Kotoko le repousse mais il s’acharne. Une relation destructrice en naîtra. La violence du film est dure mais n’est pas absente d’une certaine forme d’humour (il faut être réceptif quand même). Le jeu d’actrice de Cocco est fabuleux, complètement convaincante dans son rôle au point où on arrive à toucher du doigt son trouble et à comprendre son cheminement mental. Je suis resté accroché au film jusqu’à la scène finale particulièrement touchante. Voir ce film m’a fait complètement changer d’à priori sur cette compositrice et interprète, également actrice donc.

Et je suis donc parti ce samedi en fin de matinée au Disk Union de Shinjuku pour acheter deux de ses albums: Kamui Uta (カムイウタ) et Rapunzel (ラプンツェル), après avoir écouté quelques morceaux sur YouTube tout en marchant. Les cris soudains de Cocco au milieu de Kemono Michi (けもの道), le premier morceau de l’album Rapunzel sorti en 2000, et sur Ratai (裸体), le huitième morceau de Kamui Uta font tout d’un coup écho au premières minutes du film KOTOKO. J’ai lu que le réalisateur Shinya Tsukamoto était inspiré par les morceaux et les paroles écrites par Cocco, Satoko Makishi (真喜志智子) de son vrai nom, et qu’il avait dans l’idée de tourner un film avec elle depuis longtemps.

Les morceaux de Cocco sur ces deux albums n’ont pas pour moi de sensibilité mélancolique et j’ai bizarrement un peu de mal à les situer dans mon échelle émotionnelle d’appréciation car sa voix d’inspiration pop rock est assez différente des chanteuses que j’apprécie habituellement. Et c’est en fait cela qui m’intéresse énormément dans la musique de Cocco, car sa sensibilité reste pour moi assez mystérieuse. Il y a une densité émotionnelle forte dans ses morceaux, parfois viscérale que j’étais loin de soupçonner. Il y a un grand nombre de morceaux à l’approche rock qui ont forcément ma préférence car ils sont très bien construit musicalement et riches et guitares mais aussi des moments de pauses beaucoup plus calmes ressemblant parfois à des comptines. En fait, il y a deux types de morceaux, certains rock portant des guitares assez agressives et se terminant parfois sur une cacophonie sonore, et d’autres beaucoup plus pop qui me ramènent directement aux ambiances de la J-Pop du début des années 2000. Je ressens une certaine nostalgie en écoutant ces morceaux là en particulier. Le morceau Tsuyoku Hakanai Monotachi (強く儚い者たち) est un bon exemple de ce type de morceaux, un brin passé mais très attachant car son chant et la mélodie sont très accrocheurs. Les guitares très présentes reprenant aussitôt après, comme sur Anata he no Tsuki (あなたへの月) donnent un ensemble qui peut paraître parfois assez hétérogène. La chanson presque enfantine My Dear Pig par exemple contraste complètement avec le menaçant morceau Ratai (裸体) qui est un de mes préférés de l’album Kamui Uta avec Kemono Michi sur Rapunzel. Mais il y a de nombreux morceaux très prenants comme ces deux là. Cocco chante principalement en japonais sur ces deux albums mais il y a quelques morceaux chantés en anglais avec un accent parfait, Rose Letter par exemple. Je ne connais pas la raison pour laquelle elle parle aussi bien anglais, mais je sais au moins qu’elle est partie plus tard, après ces premiers albums, vivre en Angleterre dans la deuxième partie des années 2000. Bref, je me trouve soudainement accaparé par ces deux albums. J’aime beaucoup découvrir des nouvelles musiques dans le froid de l’hiver. Ça me réchauffe le cœur, en quelque sorte.

En continuant à lire sa page Wikipedia, je découvre que le réalisateur Hirokazu Kore-Eda a réalisé un documentaire à son sujet en 2008 intitulé Daijōbu de Aru Yōni: Cocco Owaranai Tabi (大丈夫であるように – Cocco 終らない) que je ne trouve malheureusement pas sur Netflix ou Amazon Prime. Et cinq ans après KOTOKO, Cocco a joué dans un autre film intitulé A Bride for Rip Van Winkle (リップヴァンウィンクルの花嫁) réalisé en 2016 par un certain Shunji Iwai (岩井俊二) dont j’ai déjà parlé très récemment pour son film de 2001 All About Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュのすべて). En fait, en voyant les scènes de KOTOKO tournées à Okinawa, je me suis dis que je regardais beaucoup de films avec des scènes tournées là bas en ce moment (une partie clé de Lily Chiu-Chou est tourné à Okinawa). Je regarde maintenant sur Netflix ce film de 2016 de Shunji Iwai dans lequel Cocco joue un rôle secondaire important pour le déroulement de l’intrigue. Pendant presque trois heures, le film A Bride for Rip Van Winkle nous fait suivre la vie de Nanami Minagawa (interprétée par Haru Kuroki), jeune femme apathique, professeur d’école à mi-temps et adepte d’un réseau social qui lui fait rencontrer son futur mari. Elle a peu d’ami et pour son mariage, elle demande les services d’un personnage mystérieux également rencontré sur le même réseau social pour organiser la location d’invités qui joueront le rôle d’amis pour combler le déséquilibre avec le nombre d’invités de son futur mari. Cet homme mystérieux appelé Yukimasu Amuro (interprété par Go Ayano) est plein de resource et est toujours prêt à venir en aide à Nanami mais ses intentions sont troubles et on ne sait jamais s’il est bienveillant ou manipulateur. Le mariage de Nanami ne se passe malheureusement pas comme elle le voudrait. Elle se trouve ensuite embarquée à jouer elle même le rôle d’invités factices dans un mariage. Elle y rencontre le personnage fantasque Mashiro Satonaka (interprétée par Cocco), une actrice qui va changer sa vie. Le film se divise assez clairement en deux parties et Cocco n’intervient que dans la deuxième partie. Le film est assez long mais on se laisse entraîner dans cette histoire sans savoir où elle va nous amener. Le jeu de Go Ayano, d’Haru Kuroki et de Cocco est remarquable. J’aime particulièrement le personnage d’Amuro joué par Go Ayano, car il est maître de toutes situations et j’adore sa manière complètement convaincante de parler. Un petit détail que j’ai beaucoup aimé est la rencontre de Nanami et de Mashiro dans un bar karaoke de Kabukichō (ou quelque part ailleurs à Shinjuku). Le morceau que Nanami chante dans ce karaoke est Bokutachi no Shippai (ぼくたちの失敗) de Morita Dōji (森田童子) sur son deuxième album Mother Sky (マザー・スカイ) sorti en 1976. J’avais déjà parlé ici de Morita Dōji sur ce blog pour un album ultérieur intitulé Boy, mais j’ai aussi Mother Sky dans la discothèque personnelle de mon petit iPhone transformé en iPod.

once upon the street (1)

Je marche souvent sans destination très précise ces derniers week-ends mais en essayant de découvrir de nouvelles rues. Pour changer de point de vue et me soulager un peu les épaules, j’amène avec moi le petit et léger objectif pancake 40mm de Canon. Sa taille est vraiment idéale et relativement discrète. J’avais quand même une destination prévue ce jour là qui était de passer par Jingū Gaien pour vérifier si les deux rangées d’arbres ginkgos avaient bien jaunies comme prévu. C’était bien le cas mais les pointes des ginkgos commençaient déjà à se découvrir. La foule était présente et j’en extrais la première photographie d’un jeune couple (peut-être) qui m’a vu mais ne m’a heureusement pas poursuivi mécontent avec une tronçonneuse. Bon, je regarde un peu trop Chainsaw Man en ce moment. A propos de cet anime d’ailleurs, alors que le thème d’ouverture est à chaque fois le morceau Kick-Back de Yonezu Kenshi (avec la présence inattendue de Daiki Tsuneta dans la vidéo), le thème musical de fin change par contre pour chaque épisode. Chaque morceau est interprété par des artistes différents et ce sont assez souvent des noms que j’ai déjà évoqué sur ce blog: Vaundy reprenant ici une approche rock agressive avec un morceau intitulé Chainsaw Blood, ZuttoMayo plutôt fidèle à leur style electro-pop sur Zanki (残機), Ano sur Chu, Tayōsei. (ちゅ、多様性。) également fidèle à elle-même dans son chant dans une vidéo assez amusante, le math rock dense et la voix ultra aiguë de TK from Ling Toshite Sigure (凛として時雨) sur le morceau First Death ou encore Aimer avec le morceau Deep Down qui n’est pas encore disponible en entier mais qui s’annonce déjà très beau. Je ne dirais pas que j’accroche complètement à tous ces morceaux mais la renommée certaine des artistes invités donne une bonne idée de la popularité de la série, bien qu’elle soit interdite au moins de 16 ans pour sa violence.

Mais la musique que j’aime et écoute beaucoup en ce moment est plus apaisé. Ce sont des morceaux que j’ai d’abord entendu à la radio, qui reste pour moi une excellente source de découverte d’artistes qui je ne connais pas ou que j’avais perdu de vue. Il y a d’abord les français de Phoenix avec un morceau intitulé After Midnight dont la vidéo a été tournée à Tokyo vu à travers les vitres d’une ancienne voiture de sport, la Toyota Sprinter Trueno AE86, que l’on trouve également dans le manga Initial D (頭文字D) écrit et illustré par Shuichi Shigeno. J’avais perdu de vue le groupe depuis leur album Wolfgang Amadeus Phoenix que j’avais pourtant beaucoup aimé et écouté. After Midnight est tiré de leur nouvel album Alpha Zulu sorti le 4 Novembre 2022. Je devrais l’explorer un peu plus car ça fait vraiment plaisir de retrouver la voix de Thomas Mars. Ce n’est pas lui, à priori, qui conduit la Toyota vintage de la vidéo, ce qui est bien dommage car je l’aurais bien vu au volant filer vers l’hôtel Park Hyatt de Shinjuku qui sert de lieu principal du film Lost in Translation (le film de son épouse). J’écoute aussi beaucoup le morceau My Girl de Kan Sano qui est tout simplement superbe dans son ambiance jazz. Ce morceau est tiré de son album Ghost Notes sorti en 2019. J’adore le rythme des percussions, ce brin de musique électronique venant ponctué le flot et ce final instrumental jazz très inspiré.

dans les herbes folles

Ce petit bloc de maisons noires aux fenêtres triangulaires est sorti de terre récemment. Je n’en connais pas l’architecte mais je n’ai pas beaucoup cherché. Elles sont situées dans une zone à proximité du cimetière d’Aoyama, en contrebas d’un pont routier entrant dans le cimetière. On y trouvait jusqu’à récemment des anciennes maisons qui ne semblaient plus occupées. Des herbes folles occupent toujours certains espaces près des maisons noires aux fenêtres triangulaires. Cet autocollant montrant une image du film d’animation Paprika de Satoshi Kon, vu sur un poteau électrique, est intriguant. D’après le lettrage, je me demande si l’image fait référence à la marque de vêtements AFFA (エーエフエフエー, Anarchy Forever Forever Anarchy) créée en 1994 par Hiroshi Fujiwara (藤原ヒロシ) et Jun Takahashi (高橋盾) d’Undercover, auquel je trouve d’ailleurs un goût douteux. Ce n’est peut-être pas le cas car je ne trouve pas sur internet, mais ça n’a de toute façon que peu d’importance.

Après avoir vu le film All about Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュのすべて) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) sorti en salles au Japon en 2001, on peut lire l’excellent article sur le site Sabukaru.online donnant beaucoup de clés pour le déchiffrer. Et on doit continuer l’expérience en écoutant les musiques du film réunies sur un album intitulé Breathe (呼吸) sous le nom d’artiste Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュ). Lily Chou-Chou est en fait le nom d’un groupe créé par Shunji Iwai et Takeshi Kobayashi pour le besoin du film. Salyu chante dans ce groupe et commencera ensuite une carrière solo. Lily Chou-Chou n’a sorti que cet album suite au film, mais s’est réuni une fois dix ans plus tard sans Shunji Iwai mais avec Yukio Nagoshi (que je mentionne régulièrement sur ces pages) à la guitare. De tous les morceaux de l’album Breathe (呼吸), le premier intitulé Arabesque, qui ouvre également le film dans un champ vert dégagé d’Ashikaga, est de loin le plus marquant, même si le reste de l’album est excellent. Arabesque donne le sentiment d’une nostalgie de moments heureux qu’on ne retrouvera jamais car quelque chose d’irrémédiable nous empêche de les revivre. Une innocence perdue peut-être. Le morceau est chanté par Salyu en dialecte d’Okinawa, ce qui renforce cette impression d’insaisissable d’une émotion que l’on peut ressentir au fond de soi mais qu’on ne peut exprimer avec des mots d’une manière intelligible.