black is beautiful さ

Je reviens assez régulièrement vers ce type de composition photographique où la beauté du noir prend le dessus sur les motifs de l’image. Pour créer ces images, je superpose plusieurs photographies de ciels nuageux jusqu’à noircir et cacher complètement la photographie d’origine. Je gomme ensuite les couches de nuages les unes après les autres, par petites touches sélectives, pour révéler certains éléments de l’image originale. Je fais en général des essais sur plusieurs photographies, pour ne retenir finalement que quelques unes que je publierais dans un billet du blog. J’aime quand des couleurs vives se dégagent du magma obscur, comme un rayon de soleil se frayant difficilement un chemin entre d’épais nuages. Je perçois dans ce type de constructions (ou plutôt de dé-construction) de l’image une notion de ‘combat’, comme dans la musique rock entre la voix humaine et la puissance écrasante de la partition musicale. L’album Double Negative du groupe Low est un très bon exemple de cette dualité que j’essaie souvent de représenter en photographies. C’est un de ces albums vers lequel je reviens régulièrement pour me rappeler la direction que doit prendre ce site.

Image extraite de la vidéo sur YouTube du morceau OTNK du groupe BiSH sur l’album FAKE METAL JACKET sorti en Janvier 2016.

Je continue doucement mais sûrement à écouter la discographie du groupe BiSH de l’agence d’idoles alternatives WACK, avec un album plus ancien intitulé FAKE METAL JACKET, sorti en Janvier 2016. Le titre est bien entendu inspiré du nom du film de Stanley Kubrick et on trouve d’ailleurs un personnage qui ressemble au sergent sadique de Full Metal Jacket dans le clip d’un des morceaux appelé MONSTERS. L’ensemble de l’album s’apparente plus au registre pop rock que leur dernier album CARROTS and STiCKS qui partait parfois dans des extrêmes punk sur quelques morceaux. Il y a beaucoup plus de consistance sur FAKE METAL JACKET, malgré les déchaînements de guitares par moments, comme sur le morceau MONSTERS, pour le citer encore. Les morceaux sont tous très accrocheurs et ne laissent pas une seconde d’ennui. Certains des morceaux de cet album sont des nouvelles versions, très similaires d’ailleurs, de leur premier opus, Brand-New Idol Shit. Rappelons, qu’avec toute la délicatesse du producteur Junnosuke Watanabe, BiSH ビッシュ tire son nom de Brand-new idol SHit (en japonais Shinsei Kuso Idol, 新生クソアイドル). Il s’agit en fait, initialement du moins, d’une réflexion sur les travers de cette industrie, sur l’attitude ‘Marche ou crève’ que doivent subir les membres de ce genre de groupes pour espérer y subsister. Je ne suis pas sûr que la réflexion de Watanabe soit très poussée ceci dit, mais la vidéo du deuxième morceau de l’album BiSH -Hoshi ga Matataku Yoru ni (BiSH -星が瞬く夜に) reflète cette idée. Ce morceau ressemble d’ailleurs à un hymne, tout comme un autre morceau Beautiful さ, qui est un des morceaux emblématiques du groupe (et qui m’inspire le titre de ce billet). Le sixième morceau OTNK, dont la vidéo assez fantaisiste voit le groupe attaqué par un crabe géant, est le premier single du groupe sorti en 2015 et fait partie des morceaux remarquables de l’album. Le rythme se tasse un peu vers la fin de l’album mais se rattrape avec l’avant dernier morceau intitulé Dear…, qui a une composition différente du reste de l’album avec des moments parlés. On ne trouvera malheureusement pas sur cet album des grands morceaux symphoniques comme My Landscape, DiSTANCE ou Stereo Future, style qui apparaîtra sur les albums et EPs qui suivent.

ステレオフォニック•フューチャー

J’aime beaucoup l’immeuble aux ouvertures courbes de tailles variables que l’on voit sur la première photographie. Ce building posé sur la grande avenue d’Aoyama a des formes organiques. Nous sommes, sur cette série, la même journée que sur le billet précédent mais un peu plus tard alors que la lumière du soleil commence à baisser un peu. Il n’est pourtant pas très tard dans d’après-midi, mais les ombres s’étendent déjà pour prendre des tailles surhumaines. Nous sommes au mois de novembre et c’est un des mois les plus agréables pour se promener dans les rues de Tokyo. On aimerait pourtant sortir de Tokyo mais les occasions se présentent peu en ce moment à part notre dernier passage à Kamakura. Nous n’avons pas encore apprécié les feuilles rougeâtres d’automne, à part celle que j’ai pu voir de manière parsemée sur le building blanc Omotesando Branches de Sou Fujimoto. Je me demande d’ailleurs s’il s’agit véritables branches plantées sur cet immeuble.

Extraits des vidéos sur YouTube des morceaux stereo future et KiND PEOPLE du groupe BiSH sur deux EPs sortis à une année d’intervalle, respectivement en novembre 2018 et novembre 2019.

Le morceau Stereo Future sorti l’année dernière est de la même trempe qu’un morceau comme My Landscape dans le sens où il s’agit d’un pop-rock très orchestré sur laquelle les voix du groupe s’additionnent et grimpent en intensité à mesure que le morceau avance. J’aime beaucoup cette succession rapide des voix même si elles sont inégales en puissance. AiNA pousse à chaque fois les morceaux dans leurs derniers retranchements tandis que Ayuni apporte un contraste aiguë qui transperce l’espace. C’est un morceau encore une fois très spatial. Cette notion d’espace est d’ailleurs toujours très présente dans les morceaux de BiSH. Après le désert de Mojave et son cimetière d’avions sur My Landscape, la vidéo de Stereo Future se déroule dans une ancienne mine de pierres dans la province de Tochigi près d’Utsunomiya. On y découpait la pierre de Ohya à l’aide de machines mécaniques dont les premières dans les années 50 étaient d’origine française. Mais l’utilisation de la pierre de Ohya est plus ancienne. Elle fut à l’origine utilisée pour les tombes, pour être ensuite utilisée comme matériau architectural à l’ère Edo. La pierre était réputée comme étant résistante aux effets des tremblements de terre et aux incendies. Cette pierre fut même utilisée en 1922 par l’architecte Frank Lloyd Wright pour l’ancien Imperial Hotel, dont quelques restes ont été déplacé au parc Meiji-Mura 博物館明治村 dans la province de Aichi, près de Nagoya. Les mines de Ohya ne sont plus actives et sont désormais une propriété privée, mais on peut visiter ses tunnels à travers le projet OHYA UNDERGROUND qui propose des visites, et loue également ces espaces pour des événements, films ou vidéos musicales comme celle de BiSH ci-dessus. En regardant cette vidéo pour la première fois, j’ai d’abord pensé qu’elle avait été tournée dans les mines de pierres Awa de Nokogiri Yama à Chiba, un endroit très particulier que l’on avait parcouru dans la chaleur du mois d’août, il y a trois ans. Tout comme les plus récents morceaux DiSTANCE sur leur dernier album, NON TiE-UP auparavant, ou My Landscape, cette vidéo de Stereo Future a une ambiance très cinématographique et panoramique, qui se marie bien avec l’atmosphère et la tension du morceau. Je vois ces quelques morceaux comme une marque de fabrique de la musique et de l’imagerie du groupe, et c’est là où BiSH (et son producteur Junnosuke Watanabe) est remarquable et ne s’assimile pas à un simple groupe d’idoles (ou anti-idoles) japonaises lambda. Le dernier single de BiSH est en fait un EP de deux titres, KiND PEOPLE et RHYTHM (リズム). Je n’écoute pour l’instant que le premier morceau, accompagné également d’une belle vidéo aux contrastes de couleur très poussés. Plus que cinématographique, cette vidéo est axée sur la chorégraphie de groupe (très populaire au Japon en ce moment dans les écoles). Le morceau est musicalement moins percutant que ceux dont je parlais avant et le style de la vidéo, sur un toit d’immeuble à Tokyo peut être (je ne reconnais pas le pont derrière), n’est pas spécialement novateur, mais j’aime tout de même beaucoup ce morceau au fur et à mesure qu’il se développe.

戦え

Tous ces événements ne me donnent pas trop envie d’écrire, et j’ai assez peu de nouvelles photographies car nous avons passé une bonne partie du week-end dernier, le temps du passage du typhon, à l’abris à la maison. Pas de dégâts autour de nous à part un ou deux panneaux retournés par le vent. La situation est bien différente dans le Nord du Japon avec de nombreuses inondations, qu’on montre beaucoup à la télévision. La victoire exceptionnelle de l’équipe japonaise au Rugby contre l’Ecosse a du mal à faire oublier ces événements. Les joueurs en parlent tous en interview à la fin du match. Je montre plutôt des photographies prises il y a déjà un mois au parc olympique de Komazawa. C’est un endroit que j’aime beaucoup même quand il pleut, notamment pour l’architecture du stade, du gymnase et de la tour en paliers sur un côté de la vaste place centrale. Je m’aventure un peu autour du parc pour y découvrir quelques maisons intéressantes et un jardin public avec des jeux pour enfants très colorés, contrastant avec la grisaille de cette journée là.

Extraits des vidéos sur YouTube des morceaux My Landscape et GiANT KiLLERS du groupe BiSH sur leur album THE GUERiLLA BiSH sorti en 2017.

Une nouvelle opération marketing de Wack propose chaque album du groupe d’idoles alternatives BiSH au prix de 300¥ sur iTunes pendant une journée seulement le 11 Octobre, alors je me laisse tenter par l’avant dernier album du groupe intitulé THE GUERiLLA BiSH. Je n’écoute pour l’instant que deux morceaux de l’album, car je ne sais pour quelle raison, j’ai envie d’y revenir sans cesse. Le premier morceau My Landscape est un morceau pop alternant moments de calme à la fois symphonique et panoramique avec des moments de tensions vocales, comme BiSH sait si bien le faire. On se laisse facilement prendre par le rythme et les accélérations de ce morceau. Le deuxième morceau que j’écoute en boucle est GiANT KiLLERS. Ce morceau ressemble à un hymne, ce qui me paraissait tout d’abord un peu rebutant, la première fois que j’ai entendu ce morceau il y a plusieurs mois. Je ne sais pourquoi il prend une autre dimension pour moi maintenant. J’aime le rythme effréné et l’alternance des voix, qui font de ce morceau une sorte de bulldozer sonore inarrêtable. Cette tension devient vite contagieuse, surtout quand on regarde le groupe en Live dans la grande salle de Makuhari Messe alors que les mouvements de foule tournent comme un tourbillon de typhon. Écouter ce morceau me libère d’un certain stress que j’ai du mal à expliquer mais qui doit être très lié aux événements de ce week-end en dehors de Tokyo, et à des réminiscences de mars 2011, même si les deux événements n’ont pas vraiment la même ampleur.

Et à propos, les plus attentifs et curieux visiteurs auront peut être remarqué un lien additionnel vers un site Tumblr dans la barre du menu. Je maintenais auparavant un site Tumblr contenant des liens vers une multitude de choses hétéroclites, parfois des images ou des vidéos, des choses que j’avais vu ou lu et que je gardais comme sur un bloc-notes car elles pouvaient m’inspirer un jour ou l’autre sur Made in Tokyo. J’ai effacé ce site Tumblr sur un coup de tête sans vraiment le regretter car il n’y avait pas de contenu qui m’était propre, seulement des re-publications d’autres articles sur Tumblr. C’est d’ailleurs le mode principal de fonctionnement de Tumblr. J’ouvre maintenant une autre page Tumblr intitulée, de manière énigmatique, Daydream Number 5. J’y re-publie des vidéos vues sur YouTube que je veux garder en mémoire, principalement de la musique japonaise. Je ne suis pas sûr de maintenir cette page pendant longtemps mais j’aime l’idée d’y réunir les morceaux que j’aime et dont je parle déjà, pour la plupart, dans des articles de Made in Tokyo.

stranger than BiSH

La saison des pluies était omniprésente au mois de juin car il pleuvait pratiquement tous les jours, mais continue malheureusement en ce début du mois de juillet, particulièrement froid (et agréable de ce point de vue) pour la saison. Quand il ne pleut pas, le ciel est tellement couvert qu’on peut craindre une averse à tout moment. Je ne me souviens pas qu’il y avait eu autant de jours de pluie l’année dernière pendant cette même saison. Lorsque je sors samedi matin un peu avant midi, un léger filet de pluie ne m’arrête pas. Il faut dire que depuis le week-end dernier avec mon cousin, j’ai pris une certaine habitude à marcher sous la pluie sans parapluie et je me sens comme immunisé. Je marche vers le centre de Shibuya en réfléchissant à quel pourrait être cette fois le sujet principal de mes photographies. J’avais en tête de prendre en photo une grande affiche que j’avais vu auparavant à l’intérieur de la gare. Je ne la prendrais finalement pas en photo car elle a déjà disparu, mais resterais sur mon idée de saisir en images ces grandes affiches qui changent souvent à Shibuya. Depuis que j’ai pris en photo la grande affiche de l’agence Wack sur la façade de la gare de Shibuya, celle qui montrait le visage de Aina The End du groupe BiSH, marqué du logo de l’agence, l’intérêt me revient de saisir ces grandes fresques commerciales dans leur environnement urbain.

En ce moment, la série Netflix Stranger Things 3 envahit les rues de Shibuya. Je n’ai pas eu besoin de me laisser convaincre par ses affiches pour commencer à regarder la série, car j’avais suivi cette histoire fantastique avec une ambiance des années 80 depuis la première saison. J’attendais cette troisième saison avec beaucoup d’impatience et j’ai dévoré les 8 épisodes pendant le week-end. L’effet de surprise de la première saison n’est bien sûr plus trop présent. La satisfaction de voir l’histoire se dérouler dans les années 80 s’est également beaucoup érodé et le scénario se répète un peu et devient même très prévisible. Mais, cette troisième saison est tout de même passionnante, et il faut bien dire assez effrayante. La série finit quand même par s’essouffler et je ne pense pas qu’une quatrième saison soit nécessaire, à moins de repartir sur d’autres personnages et d’autres lieux.

Mais revenons aux affiches de Shibuya. J’aime beaucoup la taille du visage sur l’affiche de la première photographie, notamment quand on mélange ce grand visage avec la silhouette des passants. Sur le bord de la photographie, une dame tout sourire semble poser pour ma photographie mais il s’agit plutôt d’une coïncidence heureuse.

Les photographies prennent une inspiration musicale quand j’aperçois une guitare Gibson SG seule au milieu d’une devanture d’une boutique de mode. Elle me rappelle ma Gibson noire que j’ai malheureusement vendu il y a très longtemps. Il faut dire que je ne savais jouer aucun air connu et mon approche « guitaristique » était plutôt expérimentale. Je l’avais acheté à l’époque avec un amplificateur Marshall et avec la ferme intention d’apprendre à jouer. Mais la difficulté de la tâche à dépasser mes illusions les plus optimistes. Une mauvaise chute sur le manche avait mis en miettes tous mes efforts et j’avais finalement vendu la guitare et l’ampli au Book Off pour un assez bon prix d’ailleurs. Cette guitare posée là me donne envie d’aller faire un tour vers le magasin de disques Tower Records de Shibuya. Je n’ai rien à acheter en tête mais j’aime aller me promener dans les rayons pour aiguiser ma curiosité musicale. Une des nombreuses grandes affiches couvrant l’entrée du magasin montre le groupe d’anti-idoles, ou idoles alternatives, BiSH en photo pour la sortie de leur troisième album intitulé CARROTS and STiCKS (toujours avec des « i » en minuscule). Je suis presque sûr que chacun des deux mots de ce titre assez énigmatique est en fait un acronyme inventé par l’esprit décalé du producteur Junnosuke Watanabe. J’avais fait quelques pics faciles dans un billet précédent sur l’agence Wack dont BiSH est le groupe principal, mais en voyant là sous mes yeux l’annonce de ce nouvel album, ma curiosité m’a poussé à aller écouter ce que ça donne. Je sais que le groupe et son producteur sont capables de concevoir des bons morceaux. Je sais également que l’esprit rock et décalé du groupe est bien présent, s’ils veulent se donner la peine de le laisser s’exprimer pleinement dans la musique qu’ils construisent. Je suis en fait curieux de savoir si la direction prise sera celle du morceau NON TiE-UP que j’avais apprécié à l’époque.

Sur les deux photographies ci-dessus prises à l’iPhone, l’affiche de l’album CARROTS and STiCKS du groupe BiSH à l’entrée du magasin de disques Tower Records de Shibuya et, à l’intérieur, des affichettes typiques complètement faites à la main (un des nombreux paradoxes très japonais pour un pays technologique utilisant encore beaucoup ce genre d’affichages faits à la main). Sur l’affiche, les six membres de gauche à droite: AiNA THE END (アイナ・ジ・エンド), LiNGLiNG (リンリン), CENT CHiHiRO CHiCCHi (セントチヒロ・チッチ), MOMOKO GUMi COMPANY (モモコグミカンパニー), AYUNi D (アユニ・D) et HASHiYASUME ATSUKO (ハシヤスメ・アツコ).

J’écoute les morceaux du nouvel album de BiSH sur iTunes en rentrant à la maison et je suis très agréablement surpris par la qualité générale de l’album. Le premier morceau DiSTANCE est d’ailleurs assez grandiose, avec une vidéo aux couleurs magnifiques et aux paysages fantastiques, un peu comme sur la vidéo de NON TiE-UP. Le morceau a tout de suite des allures de single. J’aime beaucoup les notes de guitare et la passion vocale que déploie le groupe. Cet album est résolument de style rock même s’il flirte avec la pop à de nombreuses occasions. Il y a quelques morceaux particulièrement agressifs musicalement comme le deuxième morceau Tsui ni Shi (遂に死) et le quatrième FREEZE DRY THE PASTS. Ce sont également quelques uns de mes morceaux préférés car le bruit et la fureur des guitares est sans compromis. C’est avec ce type de morceaux que BiSH se positionne clairement en groupe anti-idole, et ce sont ces morceaux qui m’accrochent à l’album. La vidéo accompagnant le morceau Tsui ni Shi (finally death) est également des plus agressives, jusque dans la typographie rouge utilisée. Ce deuxième morceau vient d’ailleurs contrasté avec le morceau juste après, comme un jeu de chaud et froid. Ce troisième morceau MORE THAN LiKE est beaucoup plus pop, mais toujours avec un rythme très accrocheur, qui me rappelle un peu ce qu’on peut entendre chez le groupe Radwimps. Ce n’est pas un morceau particulièrement original et c’est d’ailleurs le cas de quelques morceaux de cet album, qui n’ont pas un style résolument novateur, mais qui restent malgré tout très accrocheurs et très bien construits. Le quatrième morceau FREEZE DRY THE PASTS est certainement le plus décalé, alternant les moments calmes parlés et le bruit presqu’inaudible d’un magma de guitares qui démarre subitement sans prévenir. Il y a comme une harmonie dans cet océan de bruit où on entend à peine les voix mais où les flots subtils attirent nos oreilles. Ces passages bruyants où les voix se noient dans le bruit des guitares ont même un côté addictif. CHOP ensuite part sur un autre style musical plus électronique mais tout aussi agressif voire même poussif dans le rythme.

Images extraites de la vidéo sur YouTube du morceau DiSTANCE sur le troisième album CARROTS and STiCKS du groupe BiSH.

Dans presque tous les morceaux, la voix de Ayuni D, alias PEDRO lorsqu’elle est en solo, se fait remarquer par ses accents aigus et une façon de chanter un peu particulière qui ne plaira pas à tous, contrastant avec les voix du reste du groupe, beaucoup plus portantes. Je trouve que son chant apporte quelque chose d’interessant dans l’ensemble d’un morceau. Le sixième morceau I am me. ressemble également à un single, beaucoup plus posé comme morceau de pop rock dynamique avec des allures de rock indépendant. Dans cet album, il y a tout de même des morceaux que j’aime beaucoup moins comme NO SWEET, qui ressemble trop à ce qu’on peut attendre d’un groupe d’idoles classiques. Bien sûr, il y a des petits détails décalés comme le fait que l’on puisse entendre une des chanteuses, je pense AiNA, reprendre sa respiration à chaque paroles chantées. Disons qu’il y a quelques morceaux sans véritable personnalité, mais ils sont heureusement assez peu nombreux. J’ai toujours un faible pour les morceaux les plus puissants comme O・S ou FiNALLY où les paroles scandées façon rap de manière très rapide font leur effet. FiNALLY est un de mes morceaux préférés de l’album avec Yasashii PAIN (優しいPAiN), un morceau de rock indé assez différent du reste de l’album.

Toujours est-il que cet album est très consistant. J’avais un peu peur que certains morceaux soient mièvres ou kawaii (ce que je n’aime pas en musique, à part pour Kyary car le kawaii y est décalé), mais ce n’est pas le cas sur cet album. Il s’agit en fait d’un album résolument rock avec des passages puissants et désarçonnants et d’autres plus pop-rock. En fait, ce groupe brouille les pistes car on ne s’attend pas à ce qu’un groupe d’idoles, même alternatives, chantent ce style de musique de manière si convaincante et efficace. Tout doit être bien entendu très étudié par le producteur, mais au final, ce sont des morceaux qu’on a envie d’écouter en boucle.

a missing pool

La chaleur en pleine journée est presque insupportable. Le vent venant de l’océan doit être bloqué quelque part par les barrières d’immeubles car il ne transverse plus les rues de Tokyo ces derniers jours. On rêve de plonger dans les piscines. Depuis quelques semaines, je ne cours plus dans les rues le week-end en raison de la chaleur. Je préfère nager dans une des piscines de Shibuya. On s’acquitte de 400 yens à l’entrée pour les adultes et 100 yens pour les enfants. Zoa nage devant en faisant la brasse et je le suis, sur environ 1500 mètres ponctués de quelques pauses que je suis le premier à réclamer. Lorsque je nage seul, mon rythme est plus rapide mais j’ai tendance à m’arrêter plus souvent. Lorsque Zoa tient la cordée, je le suis tranquillement sans me poser de question, et la nage prend un côté confortable malgré l’effort de nager dans la durée. Cela me donne même du temps pour réfléchir, ou être dans la lune, tout en enchaînant les mouvements de manière mécanique. J’aime la perspective d’avoir du temps devant moi pour pouvoir être dans la lune, mais je n’utilise finalement que peu souvent ce temps disponible pour rêver éveillé. Je suis toujours occupé à faire autre chose, et même souvent plusieurs choses à la fois.

Photographies extraites de la video du morceau The Sky Falls de XAI disponible sur Youtube.

Je m’écarte un peu de la musique indépendante que j’écoute habituellement avec trois morceaux assez différents les uns des autres. XAI est une chanteuse rock que je ne connaissais pas mais que je découvre avec le morceau ci-dessus The Sky Falls sur YouTube. Il s’agit en fait du thème musical d’un film d’animation sur Godzilla. Je ne sais pas très bien de quel film il s’agit, mais peut importe. J’aime beaucoup ce morceau pour son efficacité rock et pour la voix très puissante de XAI, ce qui est assez rare pour le noter dans une formation rock japonaise. Le morceau est dense en guitares et en sonorités électroniques qui viennent appuyer le flot musical, mais pourtant la voix de XIA émerge très nettement. J’insiste sur cette voix car c’est elle qui me fait revenir sans cesse à l’écoute de ce morceau, tandis que la musique dans son ensemble est d’une construction plutôt classique sans trop d’inattendu. Il s’agit d’ailleurs peut être d’une commande et d’une formation construite exprès pour les besoins de la bande originale du film.

Photographies extraites de la video du morceau NON TiE-UP de BiSH disponible sur Youtube.

Je n’ai pas l’habitude d’écouter la musique des groupes d’idoles japonaises, mais j’y porte un peu plus d’attention lorsqu’il s’agit d’idoles alternatives. Il s’agit bien entendu de groupes montés de toute piece par un producteur ou une agence de production, et où les membres sont recrutés en fonction de certains critères. La configuration de ce type de groupes varie lorsque certains membres décident de quitter la formation ou sont tout simplement remplacés. BiSH est né en 2015 et est la création de Junnosuke Watanabe, déjà à l’origine du groupe d’idoles initial appelé BiS et dissout peu avant, en 2014. Le groupe BiSH évolue dans un style rock alternatif, mais comme pour beaucoup de formation de ce type, les styles sont variés pour élargir le public potentiel. Tous les morceaux ne sont donc pas intéressants, mais j’aime beaucoup leur morceau le plus récent sorti il y a quelques semaines et intitulé NON TiE-UP. Le titre semble indiqué que ce morceau est indépendant de toute campagne marketing et n’est pas non plus utilisé comme bande sonore de film ou d’anime. Malgré l’apparence, il y a une bonne dose d’agressivité dans le chant et de provocation dans les paroles. J’étais d’ailleurs un peu surpris par la crudité du verbe et des gestes à certains passages de la vidéo accompagnant le morceau. La pochette du morceau indique d’ailleurs un contenu explicite. Le morceau se joue comme une suite symphonique rock qui s’accorde bien avec l’ambiance de la vidéo. Ce décor futuriste de réalité virtuelle d’une couleur rouge éclatante et agressive me rappelle un peu celui de la planète Crait du dernier Star Wars. Je trouve cet ensemble musical assez abouti et je pense garder un œil sur les prochains morceaux du groupe, au cas où elles conservent cet esprit un peu décalé et cette qualité visuelle.

Photographies extraites de la video du morceau Dekadonden でかどんでん de Shiritsu Ebisu Chugaku 私立恵比寿中学 disponible sur Youtube.

Le troisième morceau est beaucoup plus orienté pop dans un esprit plus léger et même loufoque par la présence en guest star dans le clip vidéo de Naomi Watanabe en géante venue de l’espace. Il s’agit d’un morceau au titre énigmatique Dekadonden par le groupe d’idoles Shiritsu Ebisu Chugaku 私立恵比寿中学, de l’agence Stardust. L’agence ayant ses bureaux à Ebisu, plusieurs groupes de cette agence prennent le nom du lieu. Dans le cas ici, on traduirait par Collège privé d’Ebisu. Le groupe porte également le diminutif Ebichu et est en quelque sorte un groupe sœur des plus réputés Momoiro Clover Z. Je n’ai pas le sentiment qu’elles aient déjà franchi les paliers du mainstream car on n’en entend pas trop parler, malgré qu’elles aient participé, à ma grand surprise, à l’album tribute Fruit Défendu de Sheena Ringo pour la reprise du morceau Jiyū e Michizure 自由へ道連れ. En fait, plus que la musique en elle-même, c’est la vidéo ultra-dynamique de ce morceau que j’aime beaucoup. Cette vidéo me rappelle en fait celle du morceau Sabotage des Beastie Boys, avec la même mise en scène de série télévisée policière et les mêmes arrêts sur images sur les personnages avec affichage du nom des acteurs. Mais, cette vidéo serait également mélangée avec la vidéo d’Intergalactic des mêmes Beastie Boys pour le personnage géant venu de l’espace se déplaçant dans les rues de Tokyo. On retrouve un même esprit loufoque fait de déguisements, de lunettes de soleil et de mouvements exagérément dynamiques. Le réalisateur de la vidéo était peut être sous cette influence. Pour Ebichu, comme pour BiSH, l’image traditionnelle de l’idole japonaise est mise à mal, mais d’une manière toujours très contrôlée.