j’apprends tokyo (jour après jour)

Je pense avoir déjà montré ici ces tuyaux d’aération en méandres sur la deuxième photographie, comme je pense avoir déjà pris une photographie similaire à la quatrième, attendant qu’un passant marche derrière la sculpture noire de Kan Yasuda (安田侃) à Tokyo Mid-Town. Je n’avais par contre jamais assisté à un festival du Setsubun dans un temple. Nous célébrons bien sûr Setsubun tous les ans à la maison en prenant un malin plaisir à lancer des haricots secs (mame) un peu partout à l’intérieur et à l’extérieur de l’appartement pour repousser les démons et inviter la chance à rester. Mon fils étant maintenant un peu trop grand, je ne porte bien sûr plus le masque de démon rouge, qui m’allait pourtant si bien. Je suis par contre toujours de corvée de ramassage des mame après la fin des hostilités. Certains haricots roulent et viennent se cacher dans les recoins de l’appartement. On ne les retrouve parfois que plusieurs mois plus tard. Comme Setsubun tombait cette année un Samedi, je me suis décidé, certes un peu tard, à aller voir les festivités qui se déroulaient au grand temple Ikegami Honmonji (池上本門寺). Le problème est que le site web du temple ne donnait pas l’heure exacte du début des festivités, et je suis malheureusement arrivé juste quand elles se terminaient. Dans ce genre d’évènements, des personnalités du monde du sport ou des médias sont parfois invitées pour lancer des sachets de ces fameux haricots vers la foule venue en nombre. Des installations étaient même mises en place devant le temple. Mais à mon arrivée vers 15h après environ 45 mins de train et de marche, la foule commençait déjà à partir et j’ai bien manqué l’événement. Ce n’était pas le premier acte manqué ces derniers jours. Je retiendrais la leçon pour l’année prochaine. Ça ne m’a pourtant pas empêché de faire un tour du temple et de son grand cimetière vallonné. Je remarque qu’une nouvelle tour est en construction et semble même être bientôt terminée.

Dès le Vendredi précédent, la météo avait annoncé de la neige pour ce lundi après-midi. Je n’y croyais d’abord pas beaucoup mais elle est finalement tombée sans pourtant bloquer tous les transports, comme c’était le cas il y a plusieurs années. J’aurais voulu terminer tôt pour profiter un peu de la neige, mais cette journée s’est déroulée comme toutes les autres et je suis rentrer tard. Les photographies sont prises donc le soir vers 21h dans les quartiers autour de la rue Kotto à Minami Aoyama. L’arbre enneigé qui ressemble à un bonsaï sur la deuxième photo est placé devant l’élégant bâtiment IDÉAL TOKYO conçu par Hiroshi Nakamura & NAP (中村拓志 &NAP建築設計事務所). Je continue avec l’architecture enneigée sur la troisième photo montrant un petit bâtiment de béton dessiné par Tadao Ando (安藤忠雄). Une bonne partie de cette neige a malheureusement disparu dans le courant de la journée suivante. Comme tout le monde je pense, j’ai toujours un sentiment partagé en voyant la neige tombée, entre une certaine forme de joie liée à des souvenirs d’enfance et une certaine appréhension en pensant aux éventuels problèmes de transport que cette neige va générer. Le premier sentiment l’emporte toujours. Je ne suis pas le seul à avoir un regard émerveillé et à prendre quelques photos au passage. Il faut bien sûr marcher doucement pour éviter de glisser et se retrouver à terre. L’album Sonatine de D.A.N. que j’évoquais dans mon billet précédent m’accompagne dans les rues enneigées, mais j’aurais également pu réécouter le très bel album Illuminate de Smany (えすめにー). Elle le conseille d’ailleurs elle-même sur Twitter lors de certains jours de pluie, ou de neige cette fois-ci (私のアルバムも雪に合うよ) et ça m’amuse toujours.

La guitariste et chanteuse Minori Nagashima (長嶋水徳), dont j’ai déjà parlé une ou deux fois sur ce blog, commente assez régulièrement sur son compte Instagram ou Twitter à propos d’Haru Nemuri (春ねむり). Je pensais qu’elle commentait car elle appréciait tout simplement sa musique, mais je me suis rendu compte que ça allait plus loin qu’une simple appréciation car Minori Nagashima joue en fait de la guitare électrique dans le groupe rock d’Haru Nemuri, du moins sur son dernier EP INSAINT sorti en Septembre 2023. On la voit en effet jouer de la guitare sur le très intéressant documentaire qu’Haru Nemuri consacre à cet EP, Recording Documentary – INSAINT. J’avais écouté sans trop de conviction cet EP au moment de sa sortie, sans vraiment y accrocher. Autant son premier album Haru to Shura (春と修羅) et ses mini-albums précédents Sayonara, Youthphobia (さよなら、ユースフォビア) et Atom Heart Mother (アトム・ハート・マザー), sans oublier le EP Kick in the World, avaient été pour moi des révélations, autant j’avais eu un avis mitigé sur la direction moins rock qu’elle prit ensuite avec le EP Lovetheism et surtout l’album Shunka Ryougen (春火燎原). Un morceau comme le single Fanfarre sur Lovetheism était particulièrement intéressant, mais j’avais trouvé les morceaux suivants de sa discographie beaucoup moins aboutis musicalement. INSAINT revient au contraire sur un terrain rock qui me plait beaucoup plus, en particulier le morceau Sanctuary wo Tobidashite (サンクチュアリを飛び出して) qui me rappelle les meilleurs moments de sa discographie. Je pense que j’aime ce morceau en particulier car elle ne force pas exagérément le trait. Le problème que j’ai avec Haru Nemuri est qu’elle est devenue une professionnelle de l’indignation sur les réseaux sociaux, et qu’elle le traduit dans sa musique d’une manière parfois exagérée. Le deuxième morceau I refuse (わたしは拒絶する) est par exemple musicalement intéressant et son approche vocale est puissante, mais je ne comprends pas le besoin de crier d’une voix sortie du death metal. Le morceau suivant Seizon wa teikō (生存は抵抗) a une approche similaire et sa voix rauque est difficile à entendre, ce qui est d’autant plus dommage que le contraste avec les chœurs est pourtant bien vu. Les paroles du premier morceau Destruction Sisters (ディストラクション・シスターズ) se veulent volontairement fortes et choquantes, mais je trouve qu’elle force le trait jusqu’à une certaine forme d’excès qui me dérange à l’écoute. J’en ai pourtant pas fini avec ce mini-album EP car j’y trouve tout de même des moments de brillance.

Je ne pensais pas revenir aussi vite vers un autre morceau du groupe Haze dont je parlais récemment. J’écoute maintenant celui intitulé Shushutaito (シュシュタイト) qui est tout de suite très accrocheur. En fait, j’aime beaucoup la voix de Katy qui n’est pas totalement fluide, mais qui ne donne pas pourtant le sentiment de se forcer. Sa manière d’appuyer sur les mots du refrain vers le fin du morceau les font sonner comme des coups de poing (sans pourtant avoir besoin de crier). Il y a comme sur le morceau NOISE une certaine qualité brute très riche en guitare avec tout de même une approche restant assez pop et immédiate. Le morceau est extrêmement efficace, ce qui m’a étonné car j’étais assez loin de m’en douter. Je ne connaissais pas le terme utilisé pour le titre Shushutaito, qui signifierait être coincé dans de vieilles habitudes et traditions, d’être inflexible, ce qui est traduit dans les paroles du morceau. Il me reste maintenant à partir à la découverte d’autres morceaux du groupe.

Il y a quelques semaines, j’ai été particulièrement surpris d’entendre le single racy de a子 jouer en fond sonore dans un supermarché de Nishi-Tokyo, ce qui m’a amené à penser qu’elle a passé une nouvelle étape vers une reconnaissance populaire. Ou alors est ce cette chaîne de supermarché, dont j’ai oublié malheureusement le nom, qui est particulièrement pointue dans sa sélection musicale. Dans tous les cas, a子 continue son parcours musical en sortant très régulièrement de nouveaux singles toujours aussi enthousiasmants. Ce nouveau morceau intitulé Planet (惑星) n’est peut-être pas aussi immédiat que racy, mais n’en est pas moins bon. Elle a clairement développé un style, une identité musicale qui lui est propre, grâce notamment à sa voix légèrement voilée et à l’approche musicale que je qualifierais d’indie-pop-rock. La vidéo réalisée par Shun Takeda accompagnant ce morceau est également très belle, notamment ces images d’une éclosion cybernétique très étrange. Shun Takeda avait déjà réalisé la vidéo du morceau trank de a子.

Voir NOW danser d’une manière très cool et naturelle sur un extrait d’Unknown Sense, le dernier single du groupe ExWHYZ m’a rappelé vers la musique de ce groupe petite sœur de feu-BiSH. L’électronique farouche composée par Josef Melin et Cecilia Kallin n’est certes pas le style que j’affectionne le plus, mais le morceau n’en reste pas moins terriblement efficace. ExWHYZ continue à faire appel à des musiciens et producteurs extérieurs pour composer les nouveaux morceaux du groupe. Shinichi Osawa reprend du service en composant et produisant l’excellent single Our Song, qui rentre assez facilement dans la liste des meilleurs titres du groupe. Ces deux morceaux seront présents sur le futur nouvel album du groupe intitulé Dress to Kill qui sortira le 20 Mars 2024. En attendant, j’écoute quelques autres morceaux que j’avais manqué, notamment 6WHYZ sorti sur le EP HOW HIGH?, où chacune des six membres du groupe propose son petit passage hip-hop. L’ensemble est particulièrement réussi et je pense que les arrangements musicaux et la production par Miru Shinoda et Kento Yamada (yahyel) contribue à la fluidité impeccable du morceau. Je n’avais pas écouté en entier le premier album du groupe (le premier après la première période sous le nom EMPiRE), mais j’y reviens également en constatant que certains morceaux, notamment les deux premiers, xYZ et D.Y.D (pour Dance Your Dance, qui est le motto de l’album), ont été composés par Miru Shinoda. J’avais vu ce musicien pendant quelques minutes au Department Store PARCO lorsque j’avais été voir AAAMYYY. Ils jouaient tous les deux devant les platines en alternance et j’avais été particulièrement impressionné par le son aux allures expérimentales que produisait Miru Shinoda. C’est également le cas sur le morceau D.Y.D, en particulier le passage final faisant sonner les sons electro comme une pale d’avion en décélération incontrôlée. L’agence Wack de Junnosuke Watanabe (渡辺淳之介) est particulièrement brillante pour mettre en œuvre ce genre de collaboration, et ça fait plaisir de voir ExWHYZ en tirer pleinement partie.

soleil couchant sur les pruniers

En suite au billet précédent, je continue à marcher jusqu’au jardin de pruniers appelé Ikegami Baien (池上梅園), placé au pied de la colline portant le grand temple Ikegami Honmonji. Il ferme normalement ses portes aux alentours de 16h30 et j’y suis donc arrivé trop tard. Alors que je vois quelques personnes y entrer, le gardien me confirme que le parc reste exceptionnellement ouvert car on va y allumer les éclairages. J’imagine que ces éclairages du soir sont seulement activés au moment de la floraison des pruniers qui vient de démarrer. Ce n’est pas encore la pleine floraison mais elle semble proche. Je suis déjà passé devant ce parc mais c’est la première fois que j’y entre. Il est très bien entretenu et aménagé. Les pruniers sont plantés au flanc de la colline et un escalier de bois permet de les admirer depuis les hauteurs du parc. Je décide de m’installer pendant quelques minutes sur cette partie haute du jardin en attendant que les lumières s’allument. Le fait d’être contraint à attendre me donne l’occasion d’expérimenter des prises photographiques qui mettraient en valeur ces pruniers. Je me décide à les saisir en contre-jour comme sur la quatrième photographie. J’ai pris beaucoup de photos dans cette configuration en modifiant les angles et les cadrages mais je ne conserve finalement que cette photographie. J’ai toujours pensé qu’il était difficile de bien mettre en valeur la végétation en photographie, notamment et surtout les arbres à fleurs comme les cerisiers. Depuis les hauteurs de la colline, on peut observer les mouvements de la ville, au delà de la tranquillité du parc. Enfin, la ville semble aussi être tranquille en cette fin de journée de week-end. Le rythme est lent à part les trains qui viennent et repartent sur une voie surélevée longeant la longue route nationale numéro 1. Les enfants qui jouaient près d’un des nombreux temples du quartier sont rentrés. Quelques vélos électriques avec fauteuil pour enfant a l’arrière s’activent dans les petites rues, certainement pour rentrer à la maison au plus tôt. J’ai encore un peu de temps pour prendre mon temps, et je m’attarde volontairement pour explorer l’intérieur des cours de certains temples comme celui des deux dernières photographies. Je me dis que je devrais la prochaine fois faire le tour complet de la colline portant le temple Ikegami Honmonji. Je n’en connais qu’une seule partie, celle la plus proche de la gare où je me trouvais aujourd’hui.

Le prochain single de Sheena Ringo (椎名林檎) sera le thème d’ouverture de l’anime Jigokuraku (地獄楽) et sera une collaboration avec le groupe Millenium Parade de Daiki Tsuneta (常田大幹). On pourra écouter ce nouveau morceau à partir du 1er Avril 2023 à 23h sur TV Tokyo (テレビ東京). Son titre est W●RK (ワーク) avec des paroles écrites par Daiki Tsuneta et Sheena Ringo. La composition musicale est quant à elle de Daiki Tsuneta. Le premier court extrait que l’on peut écouter sur YouTube est vraiment très prometteur. On reconnaît assez bien l’atmosphère musicale dense que Daiki Tsuneta nous a déjà fait écouter sur son premier et unique album de Millenium Parade sorti en 2021. Après le morceau très posé toogood (いとをかし), ça fait plaisir de retrouver cette voix là de Sheena Ringo, plus aggressive et jouant sur les distorsions. Je suis en fait loin d’être surpris de voir se réaliser cette collaboration car j’y avais pensé depuis plusieurs années et l’avais même mentionné dans l’enquête du fan club Ringohan. Dans les enquêtes Ringohan de 2020 et 2021, à la question de savoir qui on voudrait voir collaborer avec Sheena Ringo, j’avais en effet mentionné Daiki Tsuneta. L’album de Millenium Parade prenait également un thème, celui de la parade des monstres des nuits d’été appelé Hyakkiyakō (百鬼夜行), que l’on trouvait également chez Sheena Ringo lors de sa tournée de 2015. Daiki Tsuneta avait également été invité à l’émission spéciale KanJam (関ジャム) dédiée à Tokyo Jihen les 13 et 20 Juin 2021. Sheena Ringo y mentionnait d’ailleurs être allée voir Daiki Tsuneta en concert alors que son groupe ne s’appelait pas encore King Gnu mais Srv.Vinci (avant 2017). Tous ses points de rapprochement font qu’une collaboration paraissait évidente, pour notre plus grand plaisir.

Et pendant ce temps là, Sheena Ringo a commencé sa tournée nationale intitulée Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常), qu’on pourrait traduire par « Sheena Ringo et l’impermanence de toutes choses ». La première date était le Vendredi 24 Février dans la ville de Kawaguchi à Saitama. On peut voir des playlists de 28 morceaux circuler sur Twitter mais je ne suis pas certain qu’elles soient toutes correctes. Je me demande si elle va interpréter des morceaux dans leurs versions remixées. J’y vois en tout cas des morceaux clés de sa carrière comme Jinsei ha Yume darake (人生は夢だらけ), des morceaux de Tokyo Jihen comme Ryokushu (緑酒) ou Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩), des morceaux plus récents comme Seishin no Tsuzuki (青春の続き – le suite) écrit pour Takahata Mitsuki (高畑充希) ou toogood (いとをかし). Mais, il semble également y avoir des morceaux inédits ou des reprises que je ne connais pas, notamment deux morceaux de Megumi Hayashibara (林原めぐみ) qu’elle avait dû créer. Il semble y avoir suffisamment d’inattendu pour nous surprendre et c’est de très bonne augure. La configuration est relativement limitée car il ne s’agit pas d’une tournée de la série Expo. On retrouve des habitués de ses tournées comme Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare électrique et Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse. Masaki Hayashi (林正樹) aux claviers a déjà participé à la tournée Tōtaikai (党大会) en 2013 qui se déroulait uniquement à l’Orchard Hall du Bunkamura à Shibuya. Yoshiaki Sato (佐藤芳明) à l’accordéon a quant à lui déjà participé à la tournée Ringo Expo’14. C’est par contre, à ma connaissance, la première fois que Sheena Ringo fait appel à Shun Ishiwaka (石若駿) aux percussions. Il s’agit d’un musicien jazz qui était en fait le premier batteur de King Gnu, avant l’actuel batteur Yū Seki. Il faisait partie du groupe alors que celui-ci s’appelait encore Srv.Vinci. Shun Ishiwaka est aussi le batteur de Millenium Parade, et sa présence sur cette tournée prend tout de suite beaucoup de sens quand on pense à la collaboration récente, que je mentionnais ci-dessus, de Millenium Parade avec Sheena Ringo. Je me demande vraiment quelle sera l’ambiance et la direction stylistique de cette tournée car l’utilisation de la salle Orchard Hall de Bunkamura et la présence de musiciens jazz comme Ishiwaka et Hayashi, laissent penser que cette orientation jazz sera privilégiée. Mais le guitariste aux sons puissants, Yukio Nagoshi, est également de la partie et la tournée passera par le Tokyo International Forum pour les deux dernières dates, ce qui me fait plutôt penser à une ambiance plus rock. Il y aura certainement un mélange des genres, mais tout ceci me parait très intriguant, d’autant plus que rien ne filtre des premières représentations. En cette fin de semaine, elle joue dans sa ville, à Fukuoka, et je suis de plus en plus impatient de la voir au mois de Mai à Tokyo. J’aurais très certainement l’occasion d’en reparler (en longueur).

soleil couchant sur le temple

Ces quelques photographies datent du début du mois de Janvier et je n’avais pas réussi à les placer dans un billet jusqu’à maintenant. Au tout début de l’année, nous sommes allés au temple Ikegami Honmonji (池上本門寺) situé dans l’arrondissement d’Ōta. Ce complexe est gigantesque. Perché sur une colline, on approche le temple principal par un grand escalier de pierre qui semble avoir bien vécu. La pagode de cinq étages se trouve dans un grand cimetière couvrant une bonne partie de l’enceinte du temple. Le soleil commençait déjà à se coucher à notre passage ce qui m’a donné l’envie de jouer avec cette lumière solaire en contre jour.

Les visiteurs attentifs ont certainement déjà remarqué des petits changements dans l’entête du blog, avec un nouveau titrage en japonais. J’ai enlevé quelques liens vers des pages statiques du site et les liens vers Twitter, Instagram et les autres réseaux sociaux. Ces changements sont destinés à alléger un peu le design de l’entête, mais rien n’est définitif. Je cherche un moyen de garder ces liens quelque part sur le blog sans alourdir le design et j’ai donc créé une nouvelle page spécifique regroupant les liens vers les réseaux sociaux et peut-être vers d’autres pages statiques du blog. J’ai fait quelques tentatives de changements de thème du blog, mais je n’ai rien trouvé pour l’instant qui rivalise avec la simplicité du thème actuel. Il s’agit du thème que j’ai gardé le plus longtemps depuis les débuts de ce blog et je ressens de plus l’envie de faire des changements. Le blog aura officiellement 20 ans dans quelques mois et ça fait 24 ans que j’habite à Tokyo depuis cette semaine (mais j’étais très jeune quand je suis arrivé à Tokyo et démarré ce blog).

Continuons avec une petite playlist de nouveaux morceaux d’artistes que je suis depuis quelques temps et dont je ne manque pas d’écouter les nouveaux morceaux. Je commence par Miyuna (みゆな) qui vient juste de sortir le 1er Février 2023 un nouveau très beau single intitulé Yume demo (夢でも). Je le connaissais en fait déjà car elle l’avait interprété en avant-première lors du concert au Shibuya Club Quattro auquel j’avais assisté. Ce morceau est le thème du film Shōjo ha Sotsugyō shinai (少女は卒業しない) de Shun Nakagawa (中川駿) qui sortira le 23 Février 2023 au cinéma. Il se dégage une certaine mélancolie de ce morceau démarrant calmement sur quelques notes de guitare acoustique puis par la voix de Miyuna qu’on a beaucoup de plaisir de retrouver. Le morceau s’engage ensuite vers des terrains plus rock lorsque les guitares se réveillent jusqu’à l’assez long solo de guitare de Shūta Nishida (西田修大). Miyuna écrit les paroles et compose la musique de ce morceau, entourée de musiciens différents de ceux des concerts de Shibuya et d’Osaka à la fin de l’année dernière. J’aime beaucoup la manière dont ce morceau monte en intensité, la voix de Miyuna permettant ces pointes d’émotion. Ce morceau prouve encore une fois tout le bien que je pense de la musique de Miyuna. Elle le présentait sur un Instalive d’une demi-heure le Vendredi 3 Février à 19h30, tout en annonçant une tournée nationale de 7 dates qui ne passe bizarrement pas par Tokyo, mais juste à côté à Saitama et Kanagawa. Il s’agit d’une tournée en version acoustique qui sera accompagnée d’un mini-album également acoustique de quelques titres et d’un DVD reprenant une sélection de morceaux de sa dernière tournée Guidance.

Le morceau suivant de ma playlist s’intitule melt into YOU sur le EP Time Leap de Chiaki Satō (佐藤千亜妃) sorti le 25 Janvier 2023. La grande surprise de ce morceau est que Chiaki l’interprète avec la compositrice et interprète a子 que j’aime beaucoup et dont je parle très souvent sur ces pages. On est loin sur ce EP et ce morceau des atmosphères rock indé de Kinoko Teikoku, car Chiaki Satō évolue dans des ambiances beaucoup plus pop sur ses projets en solo. L’ambiance y est extrêmement tranquille (’chill’ pour les anglophones), assez proche des morceaux que pourrait composer a子. C’est un vrai plaisir de les écouter chanter ensemble sur un morceau. Je me demande bien ce qui les a réuni, peut-être le fait qu’elles soient toutes les deux fans de Sheena Ringo. Chiaki Satō apprécie en fait la musique de a子 au point de la citer dans l’émission musicale du dimanche soir KanJam (関ジャム), à laquelle elle était une nouvelle fois invitée. Les deux dernières émissions du 22 et du 29 Janvier 2023 demandaient à trois musiciens professionnels de donner chacun une liste des dix morceaux préférés de l’année dernière. Chiaki Satō était donc l’une des invitées avec, entre autres, Junji Ishiwatari (いしわたり淳治), autrefois guitariste du groupe Supercar. Dans sa liste de morceaux préférés, Chiaki Satō mentionne a子 en neuvième position avec son morceau Sun (太陽) sur lequel intervient Neko Saito (斎藤ネコ) au violon. Espérons que ça puisse la faire un peu plus connaître du grand public, car elle le mérite franchement. Une curiosité du EP Time Leap est le premier morceau intitulé Time Machine qui utilise un sample immédiatement reconnaissable d’Automatic du premier album d’Utada Hikaru. Je trouve même que certains tons de voix de Chiaki Satō sur ce morceau ressemblent à ceux d’Utada Hikaru. C’est certainement volontaire et me replonge encore une fois vers une certaine nostalgie de l’insouciance d’il y a 24 ans.

Dans la liste des meilleurs morceaux de l’année 2022 sélectionnées par les trois musiciens professionnels pour l’émission KanJam, on retrouve trois fois le morceau Edison de Wednesday Campanella (水曜日のカンパネラ). Utaha (詩羽) est de plus en plus présente dans les médias depuis le succès de ce morceau, un peu en retard de phase par rapport à sa sortie. Ce regain d’intérêt pour Edison serait dû à un succès soudain sur la plateforme TikTok. Apprécier la musique limitée à quelques secondes sur TikTok me dépasse complètement et m’inquiète même un peu. Mais Wednesday Campanella avec Utaha mérite grandement ce retour de reconnaissance, après le départ de Kom_I qui paraît désormais bien lointain et même d’une tout autre époque. Le nouveau single du groupe s’intitule Akazukin (赤ずきん, le petit chaperon rouge). Utaha y est à la limite entre le chant et le parlé. La composition musicale electro d’Hidefumi Kenmochi (ケンモチヒデフミ) ne nous étonne plus beaucoup mais reste efficace et accrocheuse. Utaha est encore une fois très convaincante dans son phrasé rapide plein de naturel.

Et pour terminer cette petite sélection, je retrouve le son et la voix très particulière d’Aya Gloomy sur son nouvel EP de deux titres SHIRO KURO sorti le 24 Janvier 2023 sur un label indépendant. J’écoute surtout le morceau KURO qui ne dépareille pas de l’univers flottant que l’on connaît de la compositrice et interprète. Il y a toujours cet univers teinté de mystère irréel qui me fait à chaque fois me demander si elle n’est pas réellement une extra-terrestre. Elle crée clairement une musique très personnelle et différente des tendances actuelles, pour notre plus grand plaisir. C’est par contre un peu dommage que le EP soit aussi court. J’aimerais beaucoup qu’elle s’engage sur des morceaux plus longs où on aurait assez de temps pour s’évader avec sa musique et sa voix sur des planètes lointaines.

tant qu’il y a un soleil (1)

Les premiers jours de l’année paraissent déjà bien loin. Les quelques photographies ci-dessus sont prises dans l’enceinte du grand temple Ikegami Honmonji et au plus petit sanctuaire Ontakesan à quelques stations de là. Nous découvrons petit à petit l’arrondissement de Ohta à travers ses temples et sanctuaires, mais nous y allons doucement pour éviter la foule. Visiter les temples et sanctuaires est aussi l’occasion de marcher, lorsqu’on finit par en avoir marre des émissions télévisées du Nouvel An. J’aime beaucoup cette période tranquille et sans obligations des premiers jours de l’année. Je pense à chaque fois que je vais pouvoir faire des choses que je ne trouve pas assez le temps de faire en temps normal, comme par exemple terminer Neige de Printemps de Yukio Mishima, que j’ai déjà commencé depuis quelques temps. En fait, je lis ce livre par petites doses comme pour le faire mijoter dans mon esprit. J’aime beaucoup cette histoire et l’écriture de Mishima, et je ne suis en fait pas pressé de le terminer car j’ai envie que Kiyoaki Matsugae et Satoko Ayakura continuent à m’accompagner encore quelques temps. J’avais un sentiment similaire envers les personnages de Murakami dans 1Q84, Aomame et Tengo Kawana, ou envers le narrateur anonyme du Meurtre du Commandeur. J’ai même trouvé une certaine tristesse à me séparer de ces personnages une fois terminé ces romans. Pendant les jours du Nouvel An, je pensais lire quelques chapitres de Neige de Printemps, ou peut être me remettre à écrire sur mon carnet, mais j’avais cependant oublié que le cerveau se met en pause à cette période de l’année et que toutes les bonnes volontés du monde ne peuvent l’emporter sur la lenteur générale de ces moments.

Musicalement parlant, je ne sais quelle raison m’a poussé à rechercher dans mon tiroir de CDs l’album de mix Code4109 de DJ Krush (Ishi Hideaki de son vrai nom). L’album est déjà sur mon iPod depuis très longtemps mais je ressentais tout de même le besoin d’ouvrir la boite du CD et de réouvrir le livret. Je n’avais pas écouté depuis longtemps cet album de hip-hop instrumental composé d’un mix de 19 morceaux formant un long morceau non-stop de 68 minutes. La beauté de Code4109 est dans les transitions et certains choix musicaux comme celui de faire intervenir des chœurs bulgares sur un morceau (le neuvième Taiyou Ga Arukagiri 太陽があるかぎり qui m’inspire d’ailleurs le titre de ce billet). En le réécoutant maintenant, je me rends compte que je connais chaque enchaînement et retournement de situation par cœur. Je ne pensais pas m’en souvenir aussi bien, mais il faut dire que je l’ai beaucoup écouté au début des années 2000. Code4109 est sorti en 2000 sur le label Mo’Wax. Je pense que j’ai connu DJ Krush à travers DJ Shadow également sur ce même label de James Lavelle. Endtroducing….. de DJ Shadow sorti en 1996 est un album grandiose que j’ai aussi beaucoup écouté. Toujours sur Mo’Wax, me revient en tête Psyence Fiction de 1998, par le groupe UNKLE composé de James Lavelle et Shadow, et où intervenaient de nombreux invités comme Thom Yorke ou Richard Ashcroft.

before eternity kicks in

Ikegami est un quartier de Tokyo que je ne connais pas beaucoup mais que j’apprends à connaître tranquillement en commençant par le grand temple Ikegami Honmonji, de l’école bouddhiste Nichiren. Pour cette première visite, on n’a pas exploré tous les recoins de l’enceinte du temple qui est gigantesque et on s’est plutôt limité à la surface, c’est à dire à ce qui saute immédiatement aux yeux. La place devant le bâtiment principal est vaste et très dégagée. On y accède par un grand escalier dont les marches de tailles inégales accusent les années. Je reviendrais très certainement bientôt dans ce temple pour l’explorer un peu plus profondément. La rue courbe qui nous amène au temple depuis la station de Ikegami est intéressante car elle nous replonge dans l’ère Showa lorsqu’on regarde les devantures de certaines échoppes. Cette rue a le charme du désuet et contrairement à des quartiers plus prisés de Tokyo, cette ambiance ne changera certainement pas dans les années ou même décennies qui viennent.