敷石に立つ僕と太陽の光の間には何もない

Ces photographies sont prises pour la plupart dans le grand sanctuaire Meiji Jingū et datent des premières semaines du mois de Janvier. Le goshuin du sanctuaire vient s’ajouter à la collection et je vais déjà bientôt terminer mon deuxième carnet. Je scannerais certainement mes deux carnets une fois le deuxième terminé. Une fois toutes les pages remplies, cela donne un bel objet avec des signatures de sanctuaires et temples parfois éloignés, à Nagano ou à Yamagata par exemple. Il faudrait presque l’avoir tout le temps avec soi, ce que je ne fais malheureusement pas assez souvent. Les dragons, signes de cette nouvelle année, étaient de sortie à Meiji Jingū, dont certains sculptés dans la glace pour une exposition en plein air dans la grande allée menant au centre du sanctuaire.

De Sakanaction (サカナクション), je connais déjà un certain nombre de morceaux piochés sur différents albums mais je n’avais jusqu’à maintenant jamais écouté un album en entier. Les hasards des découvertes dans les magasins Disk Union m’amènent cette fois-ci vers l’album Night Fishing. Il s’agit du deuxième album du groupe sorti le 23 Janvier 2008. Je suis d’abord assez surpris de l’approche à la fois électronique et indie rock de l’album. Pour l’électronique, la trame du quatrième morceau Ame ha Kimagure (雨は気まぐれ) me plait beaucoup, surtout dans la manière par laquelle elle vient s’accorder avec le morceau suivant purement instrumental électronique Malaysia 32 (マレーシア32). On ne devinerait à priori pas sans le savoir qu’il s’agit d’un morceau de Sakanaction. Dans les morceaux plus indie rock, la mélancolie du morceau Uneri (うねり) me parle beaucoup. On n’est parfois pas très loin de morceaux que pourrait composer et chanter Quruli, dix années auparavant. Des morceaux comme Sample (サンプル) et surtout Night Fishing is Good (ナイトフィッシングイズグッド) sont beaucoup plus fidèles aux compositions que je connaissais du groupe. Le troisième morceau Night Fishing is Good est même d’ailleurs l’archétype de la musique future du groupe, du moins ce que j’en connais. La composition polymorphe du morceau est vraiment brillante. L’intervention inattendue des chœurs à la mode Queen peuvent surprendre le néophyte mais ce n’était pas vraiment mon cas, connaissant déjà un morceau comme Bach no Senritsu wo Yoru ni Kiita Sei Desu (『バッハの旋律を夜に聴いたせいです。』) sur l’album Documentaly, dont la composition m’avait par contre surpris et intrigué à la première écoute, il y a plusieurs années de cela. Le dernier morceau Amsfish (アムスフィッシ) compte également parmi les très beaux morceaux de cet album, notamment pour sa charge émotive croissante. Je trouve que certains morceaux arrivent mieux que d’autres à s’associer dans la mémoire à des lieux parcourus. Je me souviens très bien avoir écouté pour la première fois ce morceau en parcourant de nouveau le grand parc central de Nishi-Shinjuku. Je me pose même la question si certaines musiques ont des forces d’évocation spatiales plus prononcées que d’autres. En fait, il ne s’agit pas vraiment du seul album de Sakanaction que j’ai écouté en entier, car il y a également celui intitulé 834.194 sorti en 2019. Je l’écoute souvent dans la voiture avec le compte Spotify du fiston, mais je ne l’ai pas encore acheté. J’en reparlerais certainement un peu plus tard.

Parler dans les commentaires d’un billet récent des livres d’illustrations d’Hisashi Eguchi (江口寿史), en particulier de celui intitulé RECORD: 1992-2020, m’a rappelé que je n’avais pas encore parlé ici de l’album de Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ) qui utilise justement cette même illustration de Hisashi Higuchi comme couverture d’album. Le livre d’illustrations RECORD, comme son nom l’indique, regroupe les illustrations utilisées pour les couvertures d’albums de différents artistes et celle de l’album de Ging Nang Boyz est une des plus emblématiques. L’album s’intitule Kimi to Boku no Daisanji Sekai Taisenteki Renai Kakumei (君と僕の第三次世界大戦的恋愛革命) qu’on pourrait traduire par Toi et moi et la révolution amoureuse de la Troisième Guerre mondiale. Ce titre à rallonge traduit à mon avis assez bien la démesure rock de cet album. Tout comme l’excellent album Nee Minna Daisuki Dayo (ねえみんな大好きだよ) dont j’ai déjà parlé précédemment, cet album commence par des premiers morceaux de punk rock bruyant et immature. On y trouve une énergie adolescente débordante sonnant comme du live et une urgence de tous les moments. Les quatre premiers morceaux sont particulièrement bordéliques. On se demande un peu où on va au début mais le deuxième morceau SKOOL KILL me séduit rapidement, et cette approche sonore et vocale sans compromis me plait déjà beaucoup. Il ne faut pas en abuser bien sûr, mais ce type de sons fait beaucoup de bien de temps en temps. Le leader du groupe, Kazunobu Mineta (峯田和伸), est le principal chanteur sur tous les morceaux mais il se fait souvent accompagner par les autres membres du groupe dans les chœurs qui crient plus qu’ils ne chantent. Cela donne parfois un son assez sauvage qui n’a pas grand chose à voir avec l’apparente sérénité de l’illustration de la couverture. Enfin si, les morceaux de Ging Nang Boyz transcrivent une certaine immaturité masculine de la jeunesse (le seishun qui est un thème central) qui vient contraster avec une figure féminine idyllique. Les premiers morceaux sont vraiment axés punk rock et la suite de l’album se tourne progressivement vers une approche plus pop-rock mais avec toujours une énergie débordante et des guitares agressives très présentes. Dans l’ensemble, l’album est quand même beaucoup plus punk que Nee Minna Daisuki Dayo. Il y a tout de même quelques morceaux apaisés comme le dixième morceau Hyōryū kyōshitsu (漂流教室). Je suis particulièrement satisfait de retrouver un duo avec YUKI sur le huitième morceau Kakenukete Seishun (駆け抜けて性春). Sur l’album Nee Minna Daisuki Dayo, ils chantaient ensemble sur Koi ha Eien (恋は永遠). Cet album n’est très certainement pas pour toutes les oreilles, mais est pour sûr emblématique dans le genre. L’album se termine par un morceau intitulé Tokyo (東京) qui je pourrais rajouter dans la playlist de morceaux exclusivement intitulés Tokyo que J’avais commencé il y a quelques temps. Les artistes provenant des provinces (Mineta vient de Yamagata) écrivent souvent des morceaux prenant la capitale pour titre et sujet. Le style musical de Ging Nang Boyz est extrêmement différent de celui de l’album ci-dessus de Sakanaction, mais j’aime tout de même faire ce genre de grand écart. D’une certaine manière, ces deux groupes composent et écrivent leur musique distinctive sans compromis, et c’est ce qui me plait tout particulièrement.

le jour du sake vert à Kyōtei

Le ryokan et restaurant Kyōtei (京亭) que je montre en photographies ci-dessus est situé dans la petite ville de Yorii dans la préfecture de Saitama et a été utilisé comme lieu de tournage de la vidéo du morceau Ryokushu (緑酒) de Tokyo Jihen, sortie le 13 Mai 2021, quelques jours avant l’album Music (音楽). La beauté de cette vidéo réalisée comme d’habitude par Yuichi Kodama m’avait tout de suite interpelée au point où j’avais tout de suite recherché sur internet quelle était cette vieille demeure servant de lieu de retrouvailles pour les membres de Tokyo Jihen. Le single Ryokushu a eu beaucoup de succès et est un des morceaux emblématiques de l’album Music et de Tokyo Jihen, non seulement pour la qualité du morceau en lui-même mais aussi, je pense, grâce à cette vidéo (cette vidéo est de très loin la préférée du fan club Ringohan) . Aux yeux des fans, voir le groupe se retrouver dans une ambiance joviale marque réellement la réformation du groupe après 8 longues années d’inactivité. Cette vidéo a par conséquent une signification particulière qui m’a depuis le début donné envie d’y aller. Il m’a fallu un peu de temps pour me décider mais cette Golden Week semblait être le bon moment. Nous n’avions pas dans l’idée d’y passer une nuit mais plutôt d’y déjeuner. Je téléphone d’abord quelques jours avant notre visite pour réserver une table, en pensant que ça devait être déjà pleinement réservé depuis longtemps en cette période de vacances, sachant que le ryokan se trouve dans une zone plutôt touristique à proximité de Nagatoro dans la région montagneuse de Chichibu. Par une chance inespérée, une table restée libre nous attendait. Réservation faite pour 12h30, nous voilà partis le Mercredi 4 Mai vers 9h30 du matin.

Un trajet normal depuis le centre de Tokyo jusqu’à ce coin reculé de Saitama par l’autoroute Kan-Etsu (関越道) prend normalement de 1h30 à 2h. En partant assez tôt, on pensait pouvoir se promener au bord de la rivière Arakawa près du ryokan avant d’aller déjeuner. C’était sans compter les aléas de la Golden Week, qui est, d’autant plus, « normale » cette année, c’est à dire sans état d’urgence incitant les gens à rester chez eux. Il nous aura fallu trois heures de route pour arriver jusqu’à Yorii, en changeant de stratégie en cours de route, alternant autoroute encombrée et routes nationales tout aussi encombrées. Depuis quelques mois, voire plus d’un an, j’ai développé une capacité d’attente et de prise sur soi que je n’avais pas auparavant. Je suis maintenant en mesure d’attendre au milieu d’une file de voitures qui n’avancent pas avec le sourire. Contrairement à ce que pensait Mari, je n’ai pas volontairement passé en boucle en voiture l’album Music sur lequel se trouve Ryokushu, car je ne voulais pas associer dans mon esprit la musique de cet album avec des embouteillages interminables. Mais la radio a pris le relai en le passant soudainement, ce qui m’a d’ailleurs surpris car le morceau sorti l’année dernière n’est plus tout à fait récent. L’animatrice radio se trompe d’ailleurs dans le titre en annonçant le morceau avec le nom « Midori no Sake » (緑酒, Sake vert) plutôt que Ryokushu, qui est en fait une autre manière de prononcer les mêmes kanji. Je comprends à ce moment là que c’était volontaire car nous sommes aujourd’hui, le 4 Mai, le jour du Vert (autrement dit, de la nature) ou « Midori no Hi », et que la station de radio que nous écoutons à ce moment là sélectionnait volontairement des morceaux ayant un lien avec la couleur verte. Je me dis que nous avons très bien choisi notre journée pour cette visite des lieux du tournage de Ryokushu. Nous arrivons sur place à 12h30 exactement, ce qui démontre de ma part une maitrise parfaite du timing. Je reconnais tout de suite l’entrée de ryokan que l’on voit dès le début de la vidéo. Une dame nous accueille et nous amène jusqu’à la pièce où nous mangerons.

Kyōtei était autrefois la demeure de Kōka Sassa (佐々紅華), compositeur japonais né en 1886 et mort en 1961. Il a composé de nombreuses chansons, écrit le scénario d’un opéra mais était à l’origine graphiste, diplômé du département de design industriel de l’école Tokyo Institute of Technology (le campus actuel se trouve près de la station d’Ōokayama à Tokyo). Comme il était mélomane depuis son plus jeune âge, il a également passé les examens de l’académie de musique de Tokyo (actuellement le département musique de l’université des Beaux Arts), mais n’a pas poursuivi cette voie. Son attrait constant pour la musique l’a pourtant poussé vers des travaux de design destinés au monde de la musique. Il a d’ailleurs dessiné un logo intéressant pour la compagnie de disques Nipponophone (日本蓄音器商会) fondée en 1910 (et sous le nom actuel Nippon Columbia), représentant un bouddha écoutant un gramophone, inspiré par le chien du label musical His Master’s Voice (HMV ou La Voix de son Maître, historiquement dans le groupe anglais EMI). En 1913, Kōka Sassa se lança dans l’écriture de comptines puis en 1917 écrit un opéra se produisant à Asakusa. Il a ainsi fondé l’opéra d’Asakusa. Il continuera ensuite à écrire des chansons au sein de Nippon Victor puis Nippon Columbia. En 1931, commence la construction de sa maison de style sukiya à Tamayodo dans la ville de Yorii, l’actuel ryokan Kyōtei. Il en dessine les plans et supervise la construction en vivant sur place dès l’année suivant le début des constructions. Il faudra en tout cinq années pour construire le bâtiment actuel. Il a vécu dans cette maison jusqu’à sa mort le 18 Janvier 1961. Après sa mort, sa petite fille, Yasue Sassa, devient propriétaire et convertit cette résidence en un ryokan. Des personnalités viendront y séjourner, comme par exemple l’auteur Shōtarō Ikenami (池波正太郎).

Le bâtiment semble être entièrement préservé en l’état avec seulement quelques aménagement récents, ce qui donne à ce ryokan beaucoup de charme. J’imagine que préserver un bâtiment de cette taille ne doit pas être aisé. Le rez-de-chaussée sert de salles de restaurant. Il n’y a qu’un seul menu, avec des variations, à base de poisson Ayu cuisiné de différentes manières. Le repas était excellent, d’autant plus que l’on déjeune en ayant une vue sur le jardin, en regardant la lumière du printemps traverser les jeunes feuilles d’érable momiji. Cette ambiance paisible est bien agréable comme si le temps s’arrêtait pour un après-midi. Sur le site web du ryokan, il est d’ailleurs écrit qu’il s’agit d’un espace pour oublier le temps (時間を忘れて過ごす空間). Au cours du repas, il fallait bien qu’on lance le sujet de cette vidéo de Tokyo Jihen avec les dames du personnel du ryokan pour voir si elles étaient disposées à en parler. Le fait de mentionner que j’étais fan de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen (Mari prend toujours un malin plaisir à dire que je suis même membre du fan club) leur apporta même un enthousiasme certain. On nous a donc très volontiers donné quelques détails. On nous dit que le tournage s’est déroulé en une seule journée, le dimanche 25 Avril 2021, avec une équipe de tournage très bien organisée de 60 personnes. La propriétaire du ryokan, qui vient nous servir pendant la deuxième partie du repas, nous explique qu’elle avait d’abord eu des réticences car elle ne voulait pas fermer le restaurant et le ryokan pour une journée entière, mais que la période de crise sanitaire qui a vu une accumulation soudaine d’annulations de réservation a finalement permis ce tournage. Elle nous indique de la main les différents endroits où le tournage a eu lieu: le bain utilisé par Ichiyō Izawa, qui a été refait depuis, le coin de jardin où Ukigumo nous dit qu’il aurait dû venir en train vers la fin de la vidéo et le deuxième étage où les scènes principales ont été tournées. La propriétaire nous indique qu’on pourra visité ce deuxième étage après le dessert et avant l’arrivée à 15h des clients qui y passeront la nuit. J’ai du mal à tenir en place lorsqu’elle nous indique qu’on pourra visiter librement le ryokan pendant presqu’une heure. Elle nous dit que de nombreux fans de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen sont déjà venus ici, parfois habillés du yukata du groupe. Certains sont venus de loin, de l’autre bout du pays, prenant l’avion pour l’occasion avec une petite valise pour se changer en arrivant. Je ne suis pas du tout étonné de cela car les fans de Sheena Ringo peuvent aller très loin. Comme signe distinctif, je me suis personnellement contenté d’un petit badge bleu de Tokyo Jihen accroché sur le col de la chemise. La propriétaire le regarde en constatant qu’il s’agit bien du motif de paon (孔雀) qu’elle a vu sur certains yukata de visiteurs. Ce ryokan deviendrait pratiquement un lieu de pèlerinage pour les fans. J’ai moi-même ressenti cette envie irrésistible de venir jusqu’ici malgré le long trajet aller-retour en voiture.

Après le dessert, nous montons donc à l’étage où je retrouve la salle principale en tatami dans laquelle Tokyo Jihen prenait leur repas de retrouvailles accompagné de beaucoup de sake. La vue depuis cette pièce est magnifique. On aperçoit le jardin japonais en contrebas et la rivière Arakawa un peu plus bas. Dans la vidéo, Toshiki Hata nourrissait les carpes koi dans le bassin de ce jardin japonais. Je ne résiste pas à l’envie de m’asseoir au coin des fenêtres prenant la pose de Seiji Kameda lorsqu’il boit un verre de sake en attendant que les autres membres du groupe arrivent, ou de m’assoir à la place de Sheena Ringo sur le tatami de la grande salle au deuxième étage. On avait bien entendu revu la vidéo avant de venir et j’essaie au mieux de prendre des photos des endroits que je reconnais. Il n’y avait bien sûr aucun tissu au design de Tokyo Jihen comme sur la vidéo, ni guitares Vox Phantom posées dans un coin. La météo était idéale pour se promener dans le jardin japonais et nous faisons durer notre plaisir jusqu’au bout. Je m’attendais à ce qu’un chat vienne nous dire bonjour, et c’était en effet le cas pendant le repas. Il est passé nous voir en miaulant et à vite disparu dans le jardin. C’est amusant car j’avais eu ce genre de signe (qui est bien entendu une coïncidence) lors de la visite du temple Kishimojin-dō à Zōshigaya utilisé comme lieu de tournage pour Kabukichō no Jōo. On a un peu de mal à partir mais il est déjà l’heure. Nous descendons ensuite au bord de la rivière. Le lieu s’appelle Tamayodo (玉淀). Une bonne partie de la vidéo de Ryokushu y a également été tournée. Je reconnais le grand rocher de l’autre côté de la rivière que l’on voit dans la vidéo. Il doit également y avoir un cerisier au bord de cette rivière mais je ne l’ai malheureusement pas vu. Avec toutes ces images en tête, il nous faudra bientôt reprendre la route, avec l’album Music comme fond sonore. Malgré mes appréhensions car nous avons quitté les lieux à l’heure de pointe des retours vers 17h, il nous a fallu que deux heures pour rentrer sur Tokyo. Il est en fait beaucoup plus rapide de venir en train car il y a une ligne directe reliant Ikebukuro et Yorii en 90 minutes. J’ai pris beaucoup de photos de cette journée et c’était un peu compliqué de faire une sélection. Je montre d’ailleurs quelques autres photos sur mon compte Instagram, ce qui m’a d’ailleurs forcé pour l’occasion à écrire une description un peu plus longue que d’habitude. J’ai tendance à être très bref sur Instagram alors que je dois avoir plus de visiteurs que sur ce blog.

Pour la petite histoire, l’idée d’aller visiter le ryokan Kyōtei m’est revenu en tête après avoir vu la vidéo du morceau Matsuri (まつり) de Fujii Kaze (藤井風). Elle se déroule dans un parc qui a l’air magnifique appelé Rinkōkaku (臨江閣) près de Maebashi dans la préfecture de Gunma. Voir Kaze évoluer dans un des bâtiments traditionnels en bois du parc m’a en quelque sorte rappelé la vidéo de Ryokushu. Je pense que j’aime autant ce morceau Matsuri que je trouve Fujii Kaze agaçant. L’envie d’écouter ce morceau m’est aussi venu après avoir vu une interview de son producteur Yaffle par un autre producteur, Seiji Kameda, sur l’émission Wow Music que j’ai déjà évoqué plusieurs fois auparavant. J’ai également lu une très bonne interview en anglais de Yaffle par Patrick Saint Michel, sur le site de Billboard. Cette dernière interview contenait un lien vers la vidéo du morceau Matsuri de Fujii Kaze. Ce morceau a fait partie de ma playlist pour les trajets en voiture pendant cette Golden Week, tout comme l’excellent morceau intitulé Plateau (プラトー) de Sakanaction (サカナクション). Je ne suis pas sûr d’écouter leur album en entier mais la manière de chanter les couplets d’Ichirō Yamaguchi sur ce morceau me fascine complètement. Et le petit passage saccadé de guitare au milieu du morceau me rappelle ce que Kida pourrait jouer sur un morceau de Tricot.

Et pour revenir vers Tokyo Jihen, j’inclus également dans ma playlist la nouvelle version du morceau Shiseikatsu (私生活 新訳版) de leur troisième album Variety (娯楽 バラエティ) sorti en 2006. Les musiques de cette nouvelle version sont différentes de la version originale mais il ne s’agit pas non plus d’un remodelage complet du morceau. On peut légitimement se demander la raison de la sortie soudaine, le 1er Mai, de cette nouvelle version. Au moment de la sortie du Best Album Sōgō (総合), Tokyo Jihen avait en fait joué ce morceau le 24 Décembre dans l’émission Music Station Ultra Super Live 2021 (ウルトラスーパーライブ2021), d’où l’envie peut être de sortir cette version de manière officielle. Cette version retravaillée n’est pas meilleure que l’originale, mais je me surprends à beaucoup l’apprécier et l’écouter au milieu de ma playlist juste avant le morceau Matsuri de Fujii Kaze. Je prends en quelque sorte l’habitude de faire cohabiter Tokyo Jihen avec Fujii Kaze car on pourrait s’attendre à une collaboration si Sheena Ringo prend en compte les avis du fan club lors de la dernière enquête (j’en doute personnellement, mais je peux me tromper). L’illustration du single montrant la tour de Tokyo est empruntée au livre Tokyo Kenbutsu (東京見物) de feu Makoto Wada (和田誠). Je ne suis pas vraiment surpris que Sheena Ringo fasse ce choix. Makoto Wada était également le designer du packaging de Hi-lite, qui est (ou était) sa marque de cigarettes depuis toujours. J’en parlais rapidement dans un billet précédent au moment de la sortie du morceau Hotoke dake Toho (仏だけ徒歩) et de sa vidéo.

明日は風

Retour dans le brouhaha de Shibuya. J’y retourne assez régulièrement en ce moment, ce que je pense être une conséquence indirecte du fait que l’on n’a pas quitté Tokyo depuis plusieurs mois. Ça ne veut pas dire que Shibuya est un endroit plus sûr que les préfectures aux alentours de Tokyo, bien au contraire. Le brouhaha ambiant de Shibuya remplit un vide, mais j’y vais souvent pour ne rien y trouver, juste pour passer et voir les choses évoluer. Cette fois-ci, je suis quand même passé au Disk Union, pour y trouver un Live de Sheena Ringo datant de l’année 2000, mais sorti en 2008, Zazen Ecstasy (座禅エクスタシー). Malgré le fait que ce soit un DVD d’occasion, la qualité du packaging est quasi-neuve. J’en parlerais certainement après l’avoir regardé. Dans le centre de Shibuya, j’en profite cette fois-ci pour prendre la foule en photo, ce qui n’est pas la discipline photographique à laquelle je suis le plus expérimenté. J’ai toujours conçu mes modestes photographies comme non intrusives, mais j’ai conscience que créer l’intrusion peut donner des photos intéressantes. Je ne pense cependant pas en être capable, ni le vouloir d’ailleurs, car ça demande toute une préparation, ne serait-ce qu’être en mesure d’expliquer la raison pour laquelle on vient prendre une personne en photo à l’insu de son plein gré. J’aime aussi autant le fait de marcher que de prendre des photos, et j’aurais donc du mal à rester pointer à un endroit précis pour attendre d’avoir la meilleure lumière et la bonne situation. Cette petite série vient toucher du doigt mes propres limitations qui font que mon style photographique n’évolue pas ou peu. Et la question suivante est de se demander qu’elle peut être la raison qui me pousse à continuer. Je me trouve en terrain médian dans tout ce que je fais sur ce blog. Après pratiquement 18 ans de blog, j’en viens parfois, dans mes périodes de doutes, à me demander quelles sont les aspects qui me distinguent. Je touche un peu à tout entre les tentatives de création de musique électronique, d’essais d’écriture d’histoire de fiction, le dessin avec ma série FuturOrga, les compositions photographiques multiples, la couverture certes très incomplète de la musique rock japonaise et de l’architecture. Dans tous ces domaines, j’ai l’impression de créer quelque chose qui est suffisamment intéressant pour le montrer aux yeux de tous sur internet (sous le terme ‘tous’, je ne précise pas le nombre de personnes mais c’est à peu près 30 visiteurs uniques par jour), mais souvent pas assez pour générer une réaction. Pour être tout à fait honnête, les doutes sur ma volonté de continuer ce blog sont réguliers sans forcément avoir des raisons particulières pour se déclencher (elles m’échappent souvent moi-même), mais ces doutes sont intéressants car ils permettent de prendre du recul et de réfléchir à ce que l’on fait. On pourrait se demander pourquoi je me pose autant de questions juste pour un blog. Le fait est que d’avoir passer 18 années lui donne une certaine importance personnelle, qui n’est certainement pas visible pour le visiteur occasionnel qui passe par ici par hasard. Je pense que beaucoup de bloggers ayant continué aussi longtemps, malgré les attirances des réseaux sociaux, doivent avoir le même genre de réflexion. Ce genre de doutes doit même, à mon avis, faire partie de la ligne éditoriale.

Je découvre parfois des morceaux que j’adore grâce à la radio qu’on écoute dans la voiture, surtout le dimanche après midi sur J-Wave quand Chris Peppler présente le top des ventes (entre autres) de la semaine sur Tokio Hot 100. Je n’écoute en général pas beaucoup de musique listé dans ce top 100, mais j’aime bien rester au courant de ce qui a du succès musicalement en ce moment au Japon. Même s’ils n’ont pas beaucoup de sens artistiquement, j’ai toujours beaucoup aimé les top musicaux, depuis le top 50 que je regardais toutes les semaines avec ma sœur, quand j’étais beaucoup plus jeune en France. Outre Yonezu Kenchi qu’on écoute déjà beaucoup dans la voiture lors de nos déplacements un peu plus longs que l’habitude, Yoasobi a beaucoup de succès en ce moment. J’essaie de prêter une oreille attentive à cette musique mais le ton du piano et de la voix de sa chanteuse ne m’accrochent pas. C’est comme si cette musique était couverte d’une couche plastifiée protectrice qui m’empêcherait d’accéder à sa substance émotionnelle. Mais cette fois-ci sur J-Wave, je suis particulièrement attiré par le morceau pop-rock hyper dynamique ないものねだり (Naimono nedari) de Kana-Boon où le guitariste et interprète Maguro Taniguchi est accompagné au chant par Mossa du groupe Necry Talkie. Le duo de voix fonctionne très bien, le refrain fait de répétition est extrêmement accrocheur et les paroles se répondant comme un dialogue sont très amusantes. Ce morceau est originellement de Kana-Boon, mais a été ré-interprété avec Mossa en une seule prise pour la chaine YouTube ‘The First Take’. J’avais déjà mentionné cette chaine YouTube pour la version quasi a capella, accompagnée seulement d’un piano, que LiSA avait donné de son morceau à succès Gurenge (紅蓮華). Ce que j’aime beaucoup dans ces épisodes, c’est qu’on voit et étend les artistes se chauffer, se donner à fond et parfois se tromper un peu comme sur le morceau de Kana-Boon. La pression est censée être plus forte pour Mossa car il s’agit d’un morceau qui n’est pas le sien, mais c’est Taniguchi qui manque un démarrage sur un refrain de son propre morceau (peut être trop d’assurance). La version de ce morceau disponible sur iTunes s’intitule Naimono nedari Revenge, car il s’agit d’une version ré-enregistrée sans l’erreur de l’épisode de The First Take. J’écoute ensuite le rock énergétique de Lovely Summer Chan avec quelques morceaux de son dernier album intitulé The Third Summer of Love. Sous ce nom de groupe, se cache la compositrice et interprète Aika Imaizumi, originaire de Tokyo. Il y a une énergie et une fraicheur dans cette musique et dans sa manière de chanter qui font vraiment plaisir à entendre, notamment sur le single Ah!. J’écoute également quelques autres morceaux de son album, comme plus lent et lourd en guitares Heartless Person (qui me ramène un peu vers le rock des années 90) et Atomic Typhoon qui est le morceau que je préfère pour l’instant, pour sa manière de chanter en insistant exagérément sur certains mots. Je vais continuer pour sûr mon écoute de cet album. Je retrouve ensuite avec énormément de plaisir Cuushe, de son vrai nom Mayuko Hitotsuyanagi, avec son nouveau morceau Hold Half de son futur prochain album Waken qui sortira en Novembre 2020. Il s’agit là de musique Dream Pop faite de textures sonores et de voix flottantes. Le style est beaucoup plus vaporeux que les morceaux précédents. Mais le morceau est ponctuée d’un rythme par moments qui fonctionne très bien. Il y a quelque chose de très touchant dans cette musique, peut être accentué par le fait qu’il s’agit là de son retour après s’être mise en retrait suite à des harassements qui ont dû être difficile à surmonter psychologiquement. J’avais déjà parlé de son album Butterfly Case il y a deux ans. Ce dernier morceau présage du meilleur pour son nouvel album. Je me remets ensuite à écouter quelques morceaux de Sakanaction. Comme je le mentionnais en commentaire d’un précédent billet (parfois les billets prennent une vie parallèle dans les commentaires), je me rends compte que je n’avais bizarrement jamais parlé de Sakanaction sur ce blog. Je ne connais en fait que quelques morceaux piochés par-ci par-là et que j’aime réécouter régulièrement, notamment 多分、風。 (Tabun, Kaze.). La vidéo est tout particulièrement bien faite car on a l’impression que la surface des personnes s’échappe avec le vent au rythme de la musique, sous l’oeil interrogateur d’Ichiro Yamaguchi. J’écoute aussi très souvent le morceau 新宝島 (Shin Takarajima), qui est pourtant à priori un peu trop pop pour moi. Là encore, la vidéo m’amuse beaucoup car le groupe danse avec un air très sérieux mais se fait gêner à chaque fois par les mouvements des pom-pom girls qui dansent derrière. Il y a aussi des morceaux comme ユリイカ (Eureka), ミュージック (Music), ネイティブダンサ (Native Dancer) et 『バッハの旋律を夜に聴いたせいです。』(Bach no Senritsu o Yoru ni Kiita Sei Desu) que j’aime beaucoup car leur composition est à chaque fois très intéressante. Je me rends compte que ces morceaux que j’avais pioché sur différents albums se trouvent également sur le best-of Sakanazukan et je continue donc ma découverte du groupe avec trois autres morceaux qui s’y trouvent: Rookie, Boku to Hana et Me Ga Akaku Aiiro. J’aime beaucoup le son électronique que je qualifierais de mécanique du morceau Rookie, comme si on se trouvait dans une machine sous-marine. Les compositions musicales de Sakanaction sont toujours intéressantes mais Me Ga Akaku Aiiro atteint des sommets, à la fois dans sa diversité et dans sa profondeur émotionnelle. Je trouve Boku no Hana plus classique, dans l’esprit des morceaux que je connais déjà du groupe, mais classique ne veut pas dire ennuyeux car il y a toujours un air qui accroche une partie du cerveau. Je ne choisis pas Me Ga Akaku Aiiro par hasard car mahl le recommandait dans son billet comme étant apparemment le morceau préféré des fans du groupe. La découverte de ces morceaux me donnent bien entendu envie de continuer à découvrir les albums entiers, mais j’y vais doucement car mon budget musique n’est pas illimité.