moving like a wind

Passage devant le sanctuaire de Koami (小網神社) à Ningyochō lors d’un jour faste sur les deux premières photographies, puis un peu plus loin toujours à Ningyochō sur la troisième photographie. Comme on me le faisait remarquer précédemment dans les commentaires d’un billet, je prends un peu plus souvent les gens en photo ces derniers temps, en plein mouvement comme des coups de vent comme sur la photo qui suit dans une petite rue à proximité du quartier de Sangenjaya. Sur cette quatrième photographie, le graphisme tout en rondeur dessiné sur les murs est bien étrange. Je me suis demandé si la perception du dessin changeait en fonction de l’angle par lequel on le regardait mais ça ne semblait pas être le cas. Sur la même rue longeant un cour d’eau entouré de verdure, on trouve de nombreuses plaques sur le sol couvertes de dessins d’enfants comme le poisson rouge et blanc que je montre sur une des photos ci-dessus. Il y a une école donnant sur cette petite rue. Les nombreux dessins agrémentant cette rue sont peut-être les créations des jeunes élèves de cette école. Les deux dernières photographies ont été prises à Azabu Jūban. Les portes de la propriété de l’avant-dernière photo sont en général fermées, mais ce n’était pas le cas lors de mon passage. La demeure est ancienne et la statue qui monte la garde est bien intrigante. Le photographe appelé Matsuo sur la dernière photographie se trouve dans le centre d’Azabu-Jūban. Il montre quelques unes des photographies prises dans son studio sur sa devanture. Comme souvent chez ce genre de photographes, on y trouve une atmosphère d’un autre temps. Je me demande toujours sous quelles conditions certaines personnes et familles autorisent de voir afficher leur photo devant tous sur la vitrine des photographes. Ce sont peut-être tout simplement des acteurs et actrices payés pour ce genre de mise en scène photographique.

Si vous suivez les pages musiques de ce blog, qui sont difficiles à manquer il faut bien le dire, vous aurez certainement déjà entendu parler de Tamanaramen (玉名ラメン), groupe à tendance électronique composé des deux sœurs Hana et Hikam Watanabe. Elles viennent de sortir le 15 Février 2023 un nouvel EP intitulé Hajimari (はじまり) composé de cinq morceaux. Le style est éthéré comme les précédents morceaux que je connais du groupe. Les voix sont légères et floues comme un nuage poussé par un brin de vent. L’association des voix aux contours indéfinis (le nuage) avec le rythme électronique très affirmé (le brin de vent) est très intéressant. Le EP ne fait que 13 minutes et s’écoute dans la continuité comme un seul objet musical nous entraînant pendant quelques instants dans un autre monde fait de rêves éveillés. La composition musicale me rappelle parfois Crystal Castles, sur le morceau Ebi notamment, ou certains morceaux d’Aya Gloomy, sur le morceau Friday. Il y a cette même ambiance singulière entre cette dernière artiste et Tamanaramen. Ce genre de musique me permet de m’échapper pendant une dizaine de minutes du rythme effréné de ma réalité.

once upon the street (3)

Ce troisième épisode en noir et blanc vient terminer cette petite série avant de revenir vers la couleur. Ces dernières semaines ont été particulièrement fatigantes pour une fin d’année et j’ai eu un peu de mal à trouver le temps d’écrire pendant les jours de semaine. Ça me manque car prendre le temps d’écrire, c’est s’extraire de tout ce qui m’entoure pendant quelques dizaines de minutes. Pour la série de photographies ci-dessus, je m’étais décidé à marcher jusqu’à Takadanobaba, au delà de Shinjuku. Un des objectifs que je m’étais donné était de trouver un immeuble dont la façade semble s’ouvrir comme un rideau. Ce bâtiment que je montre sur la première photographie se nomme Light house par Yamamura Sanz Lavina Architects (YSLA). Marcher ensuite de Takadanobaba jusqu’à Shinjuku me fait passer par le quartier coréen de Shin-Okubo, que je montre très brièvement sur l’avant dernière photo du billet. Les magasins vendant des photos et autres objets à l’effigie des stars de la K-pop sont nombreux, mais j’étais plutôt là pour acheter le déjeuner à emporter. J’imaginais très bien qu’il y aurait foule mais ça restait circulable même s’il fallait prendre son temps à l’approche de la station. Ce petit détour ne m’a pas particulièrement donné envie d’écouter de la K-pop. Je fais le curieux de temps en temps en écoutant par exemple un ou deux morceaux des deux groupes japano-coréens qui passeront à l’émission de NHK Kōhaku cette année, mais ça ne m’intéresse pas beaucoup. Je n’ai pour l’instant que deux morceaux de K-Pop sur mon iPod et j’aime beaucoup les réécouter de temps en temps: 내가 제일 잘 나가 et CAN’T NOBODY de 2NE1. A Shinjuku, les vitrines de la boutique Louis Vuitton du grand magasin Takashimaya montrent des photos en grand format de HoYeon Jung (정호연), modèle et actrice qui jouait le rôle de Kang Sae-byeok (강새벽) dans la série à succès Squid Game sur NetFlix. Beaucoup regretteront de ne plus la voir dans la deuxième saison de la série en préparation, car son personnage n’a pas survécu à la première saison, mais on peut souhaiter qu’elle apparaisse en flashback. Dans le même style d’histoire que Squid Game, je suis très curieux de voir la deuxième saison de la série japonaise Alice in Borderland qui commencera le 22 Décembre 2022 sur NetFlix, et de retrouver les personnages principaux interprétés par Kento Yamazaki (山﨑賢人) dans le rôle de Ryōhei Alice et Tao Tsuchiya (土屋太鳳) dans le rôle de Yuzuha Usagi. La deuxième photographie du billet a été prise à Sangenjaya. La moto de style café racer à gauche avec son drapeau anglais m’avait attiré le regard. La photo suivante montre un détail du petit bâtiment sur la rue Miyuki à Omotesando pour la marque Miu Miu. Cette boutique conçue par les architectes Herzog & De Meuron ressemble à une boîte prête à se refermer. La quatrième photo n’a rien de remarquable en apparence mais elle a la particularité de montrer une toute nouvelle rue à Shinjuku reliant la longue avenue Meiji au parc Shinjuku Gyoen. Je n’ai pas compté le nombre d’années nécessaires pour construire cette route, mais c’était un travail de très longue haleine. Je n’ai plus le souvenir de voir cette zone de Shinjuku sans travaux.

C’est un plaisir de revenir vers l’univers musical d’Etsuko Yakushimaru. Je n’avais pas réalisé qu’elle avait sorti un EP intitulé Existence of Us (僕の存在証明) le 26 Avril 2022 sous une formation appelée Yakushimaru Etsuko Metro Orchestra (やくしまるえつこメトロオーケストラ). Le EP se compose de deux morceaux, celui intitulé Existence of Us et un autre morceau intitulé Our ground zeroes, accompagnés des versions instrumentales. Le premier est plutôt pop avec les qualités mélodiques, symphoniques et un brin fantaisistes que j’aime beaucoup chez Etsuko Yakushimaru. Our ground zeroes est plus éthéré et rêveur. Ces deux morceaux assez différents se complémentent très bien pour créer deux mouvements d’un même ensemble. J’aime beaucoup son approche mélangeant une certaine légèreté dans son chant avec une composition musicale très maîtrisée et sophistiquée. Du coup, l’envie m’a pris de réécouter son EP AfterSchoolDi(e)stra(u)ction (放課後ディストラクション), l’album Radio Onsen Eutopia (2013) et l’excellent album Hi-Fi Anatomia (2009) de son groupe Sōtaisei Riron (相対性理論). Beaucoup de musique imaginative particulièrement réjouissante qu’il serait dommage de ne pas connaître.

une étrange photographie nocturne

Dans les rues à l’arrière d’Harajuku en direction de Killer Street, une étrange photographie nocturne est scotchée de manière hâtive sur un poteau électrique, avec une inscription « RECALL LIGHT » qui ne nous éclaire malheureusement pas beaucoup. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un repérage pour un éventuel film ou drama, mais rien autour ne m’a permis de comprendre de quoi il s’agissait vraiment. Cette photographie restera un mystère. Je suis même, en quelque sorte, reconnaissant envers la personne qui a introduit ce mystère dans le paysage urbain. Le but était peut-être seulement d’attiser la curiosité de personnes comme moi qui s’attachent sur ce genre de détails. Je suis repassé volontairement à cet endroit aujourd’hui et la photo n’y était plus. Prise dans le même quartier, la photographie suivante d’une maison individuelle encerclée par une végétation dense me rappelle mes propres compositions urbano-végétales que je n’ai pas pratiqué depuis bien longtemps. Aurais-je perdu la main, ou l’envie peut-être? La dernière photo du billet est prise au pied du building Carrot à Sangenjaya. J’ai repéré plusieurs affiches publicitaires similaires à différents endroits de Tokyo pour le nouveau single Color (色彩) de yama. La photographie utilisée pour ce single a été prise par Toshio Ohno (大野隼男) dont je parlais récemment pour ses photos affichées au dessus de la sortie Sud de la grande gare de Shinjuku. J’aime beaucoup cette photo de yama. Avec Ado et ACAね de ZuttoMayo (ずっと真夜中でいいのに。), yama est de ces artistes qui ne montrent par leur visage. Je savais qu’elle avait démarré sa carrière solo dans la mouvance Vocaloid mais je ne savais pas qu’elle faisait partie d’un groupe dès 2019, l’année après sa première apparition sur YouTube. Ce groupe appelé BIN a sorti un premier album intitulé Colony l’année dernière. Le single Color (色彩) est sorti le 2 Octobre 2022. Il s’agit du thème de fin de la série animée SPYxFAMILY que je regarde tranquillement depuis quelques semaines et qui m’amuse beaucoup. J’aime beaucoup ce morceau de yama pour son énergie pop et pour sa voix qui est remarquable.

J’écoute aussi en ce moment le morceau intitulé Seishun no Tsuzuki (青春の続き) de l’actrice Mitsuki Takahata (高畑充希). Le morceau a été écrit et composé par Sheena Ringo à la demande de Mitsuki Takahata pour sa performance dans la pièce de théâtre Hōshoku Tokei (宝飾時計) de Muneko Nemoto qui se jouera en Janvier et Février 2023. Le morceau est sorti le 16 Novembre 2022. Même s’il n’est pas chanté par Sheena Ringo, on reconnaît immédiatement son style. Mitsuki Takahata a une belle voix mais je ne peux m’empêcher d’imaginer ce même morceau chanté par Ringo dans un futur album d’auto-reprise Reimport. Le morceau n’est pas particulièrement original mais il reste très beau et j’aime l’interposer entre mes écoutes d’albums aux ambiances rock. Ce n’est pas le premier morceau que Sheena Ringo écrit pour Mitsuki Takahata. Il y avait d’abord Jinsei ha Yume darake (人生は夢だらけ) que Sheena Ringo a réinterprété ensuite sur son album Reimport 2 (逆輸入 〜航空局〜) en 2018. Ce morceau interprété par Sheena Ringo est fabuleux et le nouveau Seishun no Tsuzuki n’atteint pas les mêmes sommets. Je pense que ce nouveau morceau va de pair avec un autre morceau de 2014, Seishun no Mabataki (青春の瞬き) sorti sur le premier album de reprises (逆輸入 〜港湾局〜). Elle avait initialement écrit ce morceau pour l’actrice (et chanteuse) Chiaki Kuriyama (栗山千明). Ce n’est pas le seul morceau ayant ce genre de correspondance. L’album remix Hyakuyaku no Chō (百薬の長) que je mentionnais il y a quelques semaines est disponible en digital depuis le 30 Novembre 2022, mais je ne l’ai pas encore écouté à part le remix de Marunouchi Sadistic par Miso que je trouve d’ailleurs très réussi. Le format physique en CD ne sortira que le 11 Janvier 2023, repoussé en raison des problèmes sur l’utilisation réservée du symbole de la Croix Rouge. Je me retiens d’écouter ces nouveaux remixés en digital dès maintenant car j’ai déjà commandé le CD depuis longtemps et je l’attends pour la première écoute. Et il y a la tournée annoncée en 2023. J’attendais une tournée de Tokyo Jihen mais ce sera une tournée solo de Sheena Ringo. Je ne suis pas certain de pouvoir acheter des places car ça fait 5 ans qu’elle n’a pas fait de tournée solo et j’imagine qu’il y aura foule pour tenter d’acheter des billets, mais je vais bien entendu tenter ma chance. Après une année 2022 très calme, j’espère que 2023 sera une année aussi active que 2021.

Le billet précédent a provoqué une fois de plus une réflexion intérieure sur le sens et l’existence de ce blog et m’a fait revenir dans le passé en repensant aux blogs que je suivais à l’époque des débuts de Made in Tokyo. La plupart de ces blogs n’existent plus ou ne sont plus mis à jour depuis très longtemps. Parmi ceux-ci, il y avait celui de MP qui est un des seuls bloggers photographes tokyoïtes que je connais personnellement. On commentait régulièrement nos photos sur nos blogs respectifs et on avait même fait une série croisée appelée Call Me sur laquelle des épisodes étaient chez MP et un épisode chez moi. Son blog n’est plus mis à jour depuis des années. Une rencontre avec des photoblogers tokyoïtes avait eu lieu à cette époque à Ueno si mes souvenirs sont bons. Ça avait été une belle occasion de parler avec d’autres photographes amateurs, et de montrer mon premier photobook créé sur Blurb. Je sentais par contre que mon approche était différente car je créais à cette époque beaucoup plus de compositions d’images que maintenant. Une personne de ce groupe, un anglais, me l’avait fait ressentir plus tard lors d’une autre rencontre, d’une manière à peine courtoise. La majorité de ces photoblogers n’ont plus l’air d’être actifs (ils le sont peut-être sur Instagram) sauf Toshiya Watanabe qui était à l’époque très sérieux sur son approche et sa vision. Certains de ces photographes amateurs s’étaient regroupés pour faire une exposition à la galerie Place M à Shinjuku que j’avais été voir avec MP. Parmi eux, on retrouvait Toshiya Watanabe et Thomas Orand, entre autres. Je me souviens que Thomas aimait beaucoup mes photos et j’appréciais également son approche singulière, que l’on ne peut voir maintenant qu’en petit format sur Instagram. Côtoyer brièvement ces photographes amateurs avait suscité beaucoup d’interrogations et de remises en question sur mon approche mais au final, je semble être le seul à toujours montrer régulièrement des photographies sur un site web. La plupart utilisait Flickr qui créait une sorte de communauté de photographes (dont une appelée Tokyo Ga) mais cette plateforme a perdu depuis longtemps son attrait et la plupart des pages que je connaissais ont été supprimées. Je me souviens assez vaguement que derrière ces photographes amateurs, il y avait la figure de Tommy Oshima que certains estimaient beaucoup. Il montre toujours des photos sur Instagram mais semble s’orienter vers d’autres projets. Avant de démarrer Made in Tokyo en 2003, je me souviens avoir suivi avec beaucoup d’attention le blog d’Olivier Théreaux, appelé 2 Neurones et 1 Camera. Il n’habite plus au Japon depuis longtemps mais je me retrouve maintenant à regarder les photographies qu’il avait pris en 2002. Elles m’avaient inspiré à cette époque. Celles de Karl Dubost également qui continue à publier des photographies prises à Tokyo et dans le Shonan avec le brin de poésie qui lui est caractéristique. Je ne vais pas assez souvent voir ses pages, construites en dehors des systèmes de blog classiques, mais je devrais y aller plus souvent. Son approche photographique n’a pas changé, s’accordant souvent sur les détails et j’y retrouve là une porte vers un monde immuable.

Petits moments d’architecture (9)

Comme je le mentionnais dans un ou deux billets précédents, nous allons de temps en temps à la recherche de sanctuaires intéressants à Tokyo pour y récupérer le sceau Goshuin que nous collectionnons précieusement dans un petit carnet. Cela nous donne parfois l’occasion d’aller explorer des lieux dans Tokyo que nous ne connaissons pas beaucoup voire où ne sommes jamais allés. Ce n’est pas le cas du quartier où se trouve le sanctuaire Hibiya en photographie ci-dessus. Malgré son nom, il se trouve à Higashi-Shinbashi, tout près de Shiodome. Le parc Hibiya est cependant relativement proche. On a certainement maintes fois emprunté la Route 15 qui passe devant mais je n’avais jamais remarqué ce sanctuaire. Il est d’une taille assez réduite et a la particularité d’être coincé entre les lignes de chemins de fer derrière, les immeubles d’un côté et deux grandes avenues à plusieurs voies (la Route 15 et la 405/481) devant. Il n’y a pas moins de 5 voies de chemin de fer passant derrière le sanctuaire: la ligne Tokaido, la ligne Ueno-Tokyo, la ligne Keihin-Tohoku , la ligne Yamanote et la ligne de Shinkansen Tokaido, le tout se dirigeant vers la gare de Tokyo. Depuis la porte torii, on a une vue directe sur les avenues, ce qui donne une vue intéressante. Ce sanctuaire est pratiquement une caricature du Tokyo qui s’est modernisé trop vite en épargnant par-ci par-là des bouts de traditions. On a l’impression d’être en sécurité sur un petit îlot à part loin des dangers du traffic.

Il n’y pas beaucoup de hauts immeubles dans le quartier de Hiroo, sauf le long de l’avenue Gaien Nishi-dori qui passe devant la gare. La petite tour de 8 étages appelée ESQ.Hiroo est composée d’un zigzag de forme noire qui me fait penser à un serpent. Son élégance discrète est mise en avance par le fait qu’elle se détache un peu du reste des immeubles. J’aime prendre ce building en photo lorsque je passe devant car les vitrages enfermés dans l’encadrement noir sont très photogéniques. Lorsque je le regarde, j’aime aussi imaginer ce que ça pourrait donner de vivre la haut sans personne autour et de se lever le matin en regardant la ville à travers les baies vitrées. Nous avons déjà vécu de nombreuses années au huitième étage d’une résidence, mais je ne sais pour quelle raison, l’impression que donne cette tour fine est différente. Peut être parce qu’il semble n’y avoir qu’un seul appartement tout en haut, avec le privilège d’une vue unique.

Un peu plus loin dans les rues de Hiroo près de la gare, le petit bâtiment en forme de parallélogramme appelé Sorte par l’architecte Junichi Sanpei de l’atelier ALX est vraiment perdu dans les habitations basses du quartier. Il faut emprunter une petite rue pour y accéder. Mais lorsque l’on fait le tour du bâtiment, on se rend compte que deux des façades sont largement visibles depuis un vaste parking. Je prends la photographie montrée dans ce billet depuis ce point de vue là. Malgré sa taille relativement petite, Sorte se compose de cinq appartements. Le deuxième et troisième étages sont occupés par un seul appartement plus vaste que les autres (celui des propriétaires), dont on voit une des ouvertures en forme de triangle. Les quatre autres appartements sont en location et sont distribués sur le premier étage, le rez-de-chaussée et le sous-sol. Chaque appartement est construit sur plusieurs étages et chacun des étages comporte donc des parties de chaque appartement. Le rez-de-chaussée par exemple est divisé en quatre parties et comporte donc les pièces de quatre appartements. Depuis l’extérieur, on ne devine rien de l’arrangement intérieur et de la manière dont il essaie de capter au mieux les lumières du soleil.

Juste en face du National Museum of Western Art conçu par Le Corbusier, se dresse le grand hall Tokyo Bunka Kaikan dessiné par Kunio Maekawa, disciple de Le Corbusier. Les œuvres du maître et de son disciple se regardent à longueur de journée, se comparent peut être pour vérifier si l’élève arrive enfin à dépasser le maître. Il doit y avoir égalité même si les formes en béton renforcé exposé du Bunka Kaikan impressionnent peu être un peu plus à première vue. Ce bâtiment d’architecture moderne date de 1961. C’est un building d’aspect brut mais les lignes ont beaucoup d’élégance. Je n’ai jamais assisté à un spectacle musical à l’intérieur de la grande salle. Prendre cette photographie et en parler ici me rappelle qu’il me reste encore beaucoup de choses à faire à Tokyo et que je suis loin d’en voir le bout. Les occupations quotidiennes font que l’on oublie. Il faudrait que je sois plus discipliné et que je prennes des notes de tous les endroits que je souhaite voir un jour.

J’ai déjà parlé brièvement du sanctuaire Taishido Hachiman, se trouvant dans le quartier de Sangenjaya. Là encore, il se trouve perdu dans un quartier résidentiel. Il faut s’enfoncer dans les rues étroites pour le trouver, car il est éloigné des grandes artères. De ce fait, l’endroit est extrêmement calme et reposant. Nous y sommes passés à la fin de l’été et l’ombrage apporté par les arbres tout autour du sanctuaire apportait une protection salutaire. C’est tous les ans la même chose, lorsqu’on est en hiver, on attend impatiemment l’arrivée de l’été avec des images bucoliques de la campagne de Totoro en tête, et quand l’été arrive, on regrette la fraîcheur de l’hiver. Les jours où l’on peut vraiment apprécier pleinement le Japon s’étalent sur des périodes assez courtes au printemps et à l’automne lorsqu’on n’est pas en pleine saison des pluies et que les typhons ne viennent pas nous décourager de sortir.

Le sanctuaire de Karasumori se trouve également prés de la gare de Shinbashi, pas très loin du sanctuaire Hibiya dans je parlais plus haut. Le sanctuaire a été établi en l’an 940 (ère Heian), mais le bâtiment fait de béton est bien entendu beaucoup plus récent. A l’époque Edo, le lieu où se trouve le sanctuaire était une plage avec une forêt où se retrouvaient des groupes de corbeaux. Le nom du sanctuaire est directement tiré de cette forêt de corbeaux. Loin des espaces ouverts de l’époque Edo, il se trouve actuellement coincé dans un espace étroit entre les immeubles. On y accède par une allée étroite elle-même bordée de quelques izakaya. Les formes modernes brutalistes de béton exposé et l’austérité générale de l’edifice le rendent extrêmement intéressant et unique dans le paysage urbain.

たった一度の人生ゲームさ

Alors que je mentionnais dans mon dernier billet mon intention de ne pas me concentrer sur le Tokyo insolite, je m’enfonce forcément, mais volontairement, dans la brèche avec quelques unes des photographies ci-dessus pour m’auto-contredire. Il m’arrive souvent sur ce blog d’avoir envie de faire le contraire de ce que je viens d’écrire, tout simplement parce que j’ai la liberté de le faire. Dernièrement, j’avais aussi abordé ce ‘Tokyo insolite’ en montrant ici et sur Twitter des photographies des toilettes publiques transparentes conçues par Shigeru Ban, pour deux petits parcs près de Yoyogi. Je me suis rendu compte que les deux photographies mises sur Twitter ont été reprises sur le site de Cnews le 18 Août, et par ricochet sur quelques sites parfois en anglais ou espagnol. Ça m’amuse d’ailleurs de voir comment le site de news propage des informations inexactes. Le site nous dit par exemple qu’il y a déjà cinq toilettes transparentes à Shibuya et qu’il y en aura bientôt 17, alors qu’il n’y en a que deux et que les autres toilettes ne sont/seront pas transparentes et ont des styles complètement différents (par des architectes différents d’ailleurs). L’article laisse aussi penser que ce projet couvre tout Tokyo, alors qu’il s’agit seulement de Shibuya.

Mais revenons aux photographies sur ce billet. Je connaissais ce King Kong en haut d’un bâtiment rose pour l’avoir déjà vu en photo quelque part mais je ne me souviens plus où exactement. On le découvre par hasard alors que nous partons à la recherche du sanctuaire Taishido Hachiman dans les zones résidentielles de Sangenjaya. Le gorille se trouve dans la rue commerçante principale de Sangenjaya, perpendiculaire à la longue route 246 qui passe à Shibuya et nous amènerait jusqu’à Numazu dans la préfecture de Shizuoka si on la suivait tout le long de ses 122.7kms. Le Maneki Neko et le lapin rose, tous deux gonflables, se trouvent à l’intérieur du sanctuaire Taishido Hachiman. On est surpris par la présence de ces objets insolites qu’on a, il faut bien le dire, peu l’habitude de voir à l’intérieur des sanctuaires, mais dont on ne peut ignorer la présence une fois qu’on les a aperçu. Il doit s’agir de la préparation d’un matsuri pour les enfants, car on voyait également un petit stand en cours d’arrangement juste à côté. Il y a un enclos avec un lapin à l’entrée du sanctuaire. Il est peut être involontairement le symbole de ce lieu. Il n’y avait personne dans le sanctuaire, à part la dame qui nous a donné le sceau Goshuin que nous étions venu chercher et dont je parlais précédemment. Le fait qu’il n’y avait personne dans ces lieux renforçait l’impression d’être observé par toutes choses, notamment par les 21 petits renards Inari (je ne prends pas en compte celui qui regarde à côté) qui sont en charge symbolique de garder l’enceinte du sanctuaire. Un peu plus loin sur la rue commerçante où se trouve le gorille sur le toit, on trouve un bâtiment rouge écarlate placé sur un espace triangulaire minuscule, qu’on pourrait sans aucun doute trouver dans le bouquin Pet Architecture de l’Atelier Bow Wow. Ce petit bâtiment, en plus d’utiliser l’espace de manière optimale, à la particularité d’avoir beaucoup d’ouvertures. Lorsqu’on le voit depuis la rue commerçante, notre regard traverse les parois pour voir l’autre rue en Y bordant le bâtiment. J’imaginerais bien pousser le concept, à la manière de Ryue Nishizawa ou Kazuyo Sejima de SANAA, en rendant ce petit bâtiment complètement transparent, en le couvrant entièrement de vitrages. La dernière photographie ci-dessus est également prise dans une rue à côté du gorille et il s’agit d’un restaurant de soba. La vitrine semble par contre refléter les intérêts cinématographiques du propriétaire avec ces figurines d’Ultraman, Kamen Rider ou encore Godzilla.

Ceci me rappelle que j’ai vu pour la première fois de ma vie un film de la série Godzilla, en regardant sur Netflix le Shin-Godzilla datant de 2016. En réfléchissant un peu, j’ai quand même eu le malheur de voir au cinéma en France la version américaine de Godzilla par Roland Emmerich datant de 1998, avec Jean Reno me semble-t-il. J’ai beaucoup aimé ce Shin-Godzilla, notamment pour son réalisme. Pas le réalisme du monstre bien entendu, mais celui des lieux. Tous les endroits empruntés et détruits au passage par Godzilla sont cités très précisément, de Kanagawa jusqu’à Tokyo. Godzilla arrive par les mers et entre d’abord sur les terres depuis la baie de Tokyo. On le voit évoluer dans sa première forme dans les eaux de la rivière Nomigawa près de Kamata et il déambule ensuite dans les rues de l’arrondissement de Ota que je commence à bien connaître. Il réapparaît ensuite un peu plus tard près de Kamakura juste à côté de Inamuragasaki (que je connais assez bien aussi). Tout en regardant le film, je prie pour qu’il ne remonte pas jusqu’au sanctuaire de Tsurugaoka Hachimangu où nous nous sommes mariés. Il se dirige ‘heureusement’ vers Tokyo jusqu’au centre, près de la gare historique. Je regarde le film en espérant qu’il ne démolisse pas trop de bâtiments en cours de route car je pense tout de suite au travail énorme de reconstruction qui sera nécessaire, mais c’est peine perdue vue la taille du monstre. De toute manière, à partir du moment où il commence à cracher du feu et à émettre des rayons lasers radioactifs de son dos ou de sa gueule, on comprend vite que la ville est entièrement perdue. La déconstruction de Tokyo est un thème récurent du cinéma fantastique japonais, depuis le grand tremblement de terre de Septembre 1923 qui avait presque complètement détruit la ville (par exemple, les destructions et reconstructions de Tokyo en Neo Tokyo dans Akira et en Tokyo-3 dans Evangelion). Un des intérêts du film est la manière dont il se concentre au début sur la gestion de la crise par les organismes gouvernementaux tout en insistant sur la lourdeur administrative de la prise de décision. On arrive assez bien à imaginer cette complexité administrative quand il s’agit par exemple de décider de quel organisme gouvernemental ce type de crise est le ressort, la gestion de crise engendrée par un monstre surdimensionné ne tombant pas dans les schémas classiques déjà préparés et testés d’un tremblement de terre par exemple. Le film ne manque pas d’un certain humour un peu piquant dans ces moments là, ou lorsqu’il aborde la nécessaire invocation de l’aide américaine qui veut bien sûr prendre le sujet en mains d’une manière un peu trop radicale. On a par contre un peu de mal à croire au personnage d’experte japano-américaine interprétée par Satomi Ishihara, dont l’accent américain forcé est à la limite du ridicule. Ses interventions me font quand même penser qu’il s’agit de second degré. Reste à voir maintenant si je tente la version originale de Ishirō Honda datant de 1954, qui semble être disponible sur Amazon Prime (mais pas sur Netflix).

A l’arrière du Department Store PARCO à Shibuya, on pouvait voir affichés sur un des murs les portraits des membres de tous les groupes de l’agence Wack. On peut dire que les idoles alternatives de l’agence occupent le terrain à Shibuya ces derniers temps. La devanture du Tower Records affichent également en ce moment des grands posters des groupes BiS et PEDRO ainsi qu’une double affiche de BiSH et EMPiRE. À côté de ces multiples portraits parfois grimaçants et étrangement habillés de la même manière, une autre affiche nous explique qu’il s’agit d’un événement appelé School of Wack qui se déroulait au PARCO Museum sur un peu plus d’une semaine jusqu’au 31 Août. Sans vraiment comprendre de quoi il s’agit, j’ai l’impression que chaque membre des groupes passe du temps dans une petite salle fermée et bariolée comme une salle de classe vandalisée, pour y faire des jeux ou des gages devant un public très restreint derrière une vitre (à cause du corona virus). Je n’ai pas l’impression que des morceaux soient interprétés, donc cette organisation m’intrigue assez. Indépendamment de cette affiche et de cet événement, j’écoute pas mal de morceaux de groupes Wack en ce moment car je suis happé par leur énergie, mélangeant un certain esprit rock et un côté poussif pop qui m’attire malgré une répulsion initiale. C’est le cas du morceau にんげん (Ningen) de Carry Loose par exemple. Il me paraissait trop typé comme un morceau d’idole à première écoute, mais je tente tout de même une deuxième écoute en entier et me laisse prendre par l’urgence non-stop avec laquelle les quatre filles de Carry Loose mènent la marche. La voix de YUiNA EMPiRE (transfuge temporaire d’EMPiRE) est une épreuve au début, mais un peu comme pour AYUNi D sur BiSH, elle finit par apporter un contraste vocal qui donne de l’intérêt à l’ensemble et à la progression du morceau. En parlant d’EMPiRE, qui est à mon avis en phase ascendante, maintenant que BiSH est pratiquement devenu mainstream, j’ai appris à apprécier leurs morceaux que j’écoute beaucoup en ce moment. Je n’écoute pas leurs albums ou EPs en entier mais j’ai plutôt fait une sélection des morceaux qui m’intéressaient. Ma playlist se compose de quelques morceaux de leur premier album THE EMPiRE STRiKES START!!: FOR EXAMPLE??, Buttocks beat! beat!, コノ世界ノ片隅デ (KONOSEKAiNOKATASUMiDE) et アカルイミライ (Akarui Mirai), suivi de quelques morceaux du EP EMPiRE originals: EMPiRE originals, Dope et SO i YA, tout en écoutant quelques autres morceaux de leur dernier EP en date, notamment le morceau ORDiNARY. Les voix des membres d’EMPiRE sont dans l’ensemble plus uniformes que celles de BiSH, mais j’aime toujours quand il y a quelques dissonances (par exemple la voix de Mikina à la marque 2:20 sur FOR EXAMPLE??). Certains morceaux sont assez proches de ce qu’on connait de BiSH surtout quand ils prennent des sonorités rock, comme par exemple Buttocks beat! beat!. Les membres de BiSH font d’ailleurs des apparitions dans la vidéo tournée à Shibuya (comme souvent) faisant un clin d’oeil à la couverture de l’album FAKE METAL JACKET. Cette vidéo donne d’ailleurs une bonne idée du côté disruptif de cette musique, plutôt que le kawaii qui est en général associé à l’univers des idoles. Le kawaii ne m’intéresse pas beaucoup. Un des morceaux que je préfère du groupe est celui intitulé Dope, avec une manière vraiment particulière de chanter, comme une voix de fantôme sortie d’un ukiyo-e. Ce morceau avec I don’t cry anymore dont je parlais dans un billet précédent, m’a donné envie de fouiller un peu plus dans la discographie d’EMPiRE. Dans ma playlist, j’inclus également le dernier single intitulé 浪漫 (Roman) de PEDRO, le groupe de Ayuni accompagné de Hisako Tabuchi de Number Girl à la guitare. Je ne suis pas certain d’écouter son deuxième album en entier mais j’aime beaucoup ce morceau car elle ne pousse pas trop dans les aiguës. Mais, j’aime bien en général quand elle pousse la voix par passages dans les derniers morceaux de BiSH, notamment sur スーパーヒーローミュージック (Super Hero Music) ou TOMORROW. Ces deux morceaux sont extraits du dernier album LETTERS que je finis par apprécier même si les morceaux que j’ai écouté pour l’instant ne renouvellent pas vraiment le style de ce qu’on a déjà entendu du groupe. La dynamique rend cependant ces morceaux addictifs après quelques écoutes.

Quand je dis mainstream au sujet de BiSH, je veux dire que le groupe est désormais connu du grand public du fait de leurs nombreux passages à la télévision ces derniers temps, même sur la NHK samedi dernier dans l’émission Songs of Tokyo (épisode 13 disponible en ligne jusqu’au 28 Octobre 2020 avec sous-titres en anglais). Je pressens qu’elles seront cette année à l’affiche de l’émission musicale du réveillon, Kōhaku. C’est un pronostic, à moins que la NHK reste frileuse du fait du profil d’électron libre du producteur Junnosuke Watanabe, qui pourrait très bien contrarier l’image bon enfant du spectacle familial que représente Kōhaku. On se souvient du 57ème Kōhaku le 31 Décembre 2006 où OZMA (alias Show Ayanocozey, leader du groupe Kishidan) était accompagné d’une troupe de danseuses ou danseurs portant des t-shirts avec des seins nus dessinés dessus. Une partie du public télévisuel avait été choqué pensant qu’il s’agissait de personnes réellement nues sur scène et cette séquence a eu pour conséquence de radier à vie l’artiste de l’émission. Connaissant la popularité continuelle de Kishidan, il doit s’en mordre les doigts. Il faut dire que passer à Kōhaku au réveillon est vu encore maintenant comme une consécration pour les artistes japonais, au point où on n’existe pas vraiment aux yeux du grand public tant qu’on n’est pas passé dans cette émission. Ajouter un peu d’imprévu dépoussiérait quand même un peu l’émission. Le présentateur habituel, Teruyoshi Uchimura, essaie de temps de se moquer de la rigueur de la chaîne mais ça reste très contrôlé tout en faisant sourire. Je ne critique pas trop NHK car nous la regardons quand même assez régulièrement.

Il y a très souvent des émissions intéressantes sur NHK, comme celle que nous avons vu il y a quelques semaines, à la mi-Août, sur l’Art Brut. L’émission intitulé ‘no art, no life´ présentait le travail de plusieurs artistes avec handicap à travers des petits films de 5 mins, en les montrant en plein processus de création et parmi leur entourage (parents ou établissement spécialisé d’accompagnement pour certains). L’émission était très bien faite car elle ne s’encombrait pas de commentaires superflus. L’émission nous avait tellement plus que nous avions réservé dans la foulée une visite pour le lendemain à la galerie attachée à l’école des Beaux-arts de Tokyo où étaient exposées quelques unes des œuvres de ces artistes d’Art Brut. L’exposition s’intitule ‘Art As It Is: Expressions from the Obscure’. Il se dégage une grande force de ces œuvres, qui surprennent et fascinent. Le détail des œuvres exposées résultant d’un immense dévouement à l’acte de créer, un besoin vital certainement, est à chaque fois impressionnant. L’illustration grand format ultra détaillée sur la photo de gauche est de Makoto Fukui et la sculpture de petit monstre est de Shinichi Sawada. Ce sont deux des artistes que j’ai préféré avec les illustrations de Marie Suzuki.