黒く踊る世界

Nous ne sommes pas montés dans cet énorme bateau de croisière accosté au port de Daikoku à Yokohama, mais nous avons apprécié pendant quelques minutes sa grandeur par rapport à tout ce qui l’entourait. J’en ai pris de nombreuses photographies mais je retiens seulement celle-ci prise de face comme une immense barre d’immeuble. Je reconnais un lien visuel avec la photographie qui suit de la barre d’immeuble posée au dessus d’un garage de bus entre les stations d’Ebisu et de Shibuya. Les deux photographies ne convoquent par contre pas tout à fait le même imaginaire. On se téléporte ensuite à l’intérieur de la grande tour du Prince Hotel du parc de Shiba. Cette tour est relativement banale vue de l’extérieur mais est assez impressionnante de l’intérieur depuis le rez-de-chaussée car elle comporte un large espace vide dans lequel circulent le vent et les ascenseurs. Ces ascenseurs sont des points lumineux montant et descendant le long des murs intérieurs. Une passerelle est située au premier étage et traverse cet espace. À chaque fois que je vois cet espace vide un peu futuriste, je pense à la scène de l’Empire contre-attaque sur l’Étoile de la Mort où Dark Vador annonce à Luke Skywalker qu’il est son père (spoiler alerte prescrite). Les deux photographies suivantes sont des scènes très classiques de destruction et de reconstruction, qui laissent parfois penser qu’un ouragan dévastateur vient de traverser la ville. Cette scène contraste avec la simplicité visuelle presque conceptuelle du canal d’aération de la dernière photographie dont j’ai déjà oublié l’emplacement précis. Peut-être était-ce la station de Yokohama.

Je ne connaissais que la carrière solo de Minami Hoshikuma (星熊南巫) mais elle évolue également dans un groupe de filles nommé Wagamama Rakia (我儘ラキア) dont je découvre le single intitulé Rain, qui n’est pas récent car sorti en 2020. Wagamama Rakia n’a apparemment pas sorti de nouveaux morceaux récemment mais elles sont en ce moment en tournée jusqu’à Hong Kong. Minami Hoshikuma est une des fondatrices du groupe qui reprend le principe des groupes d’idoles car il a été construit par un producteur, Ryo Koyama (小山亮), et a changé plusieurs fois de composition. Le groupe a été créé en 2016 à Osaka et se compose actuellement et depuis 2019 de quatre membres dont Hoshikuma Minami (星熊南巫), Rin Kaine (海羽凜), MIRI et L. Hoshikuma Minami est la chanteuse principale du groupe. Elle écrit également les paroles et compose la musique. MIRI (櫻井未莉) est une rappeuse originaire de Shizuoka. Avant de rejoindre Wagamama Rakia en 2019, elle faisait partie d’autres formations d’idoles et a ensuite participé plusieurs fois à des batailles d’improvisation hip-hop, qu’on appelle MC BATTLE ROYALE, notamment à la Sengoku MC Battle (戦極MC BATTLE). J’ai du coup regardé quelques MC Battle auxquelles elle avait participé. Ce genre de bataille peut devenir de véritables confrontations verbales, comme avec le rappeur Dahi (だーひー), ou des associations habiles, comme avec le rappeur BATTLE Shuriken (BATTLE手裏剣). Tout dépend du respect que ces rappeurs ont entre eux. MIRI attaque assez facilement, car elle se fait souvent attaquer sur son passé d’idole, mais contre BATTLE Shuriken, c’était très différent. Lors d’une longue improvisation inspirée par la disparition soudaine d’un compétiteur qu’elle a dû soudainement remplacer, MIRI vient habilement placer quelques mots (知らない) complétant le flot très maîtrisé de Shuriken, ce qui soulève la foule et pousse son compétiteur au respect. Ce passage est particulièrement savoureux et je ne peux m’empêcher de le regarder en boucle. Les battle royales de Sengoku MC BATTLE sont mixtes, mais il existe également d’autres batailles hip-hop uniquement féminines auxquelles MIRI a également participé allant jusqu’en finale contre Akko Gorilla (あっこゴリラ), une rappeuse dont j’ai déjà parlé quelques fois sur ces pages. MIRI apporte donc ce phrasé et cette puissance hip-hop dans les morceaux de Wagamama Rakia et notamment sur ce morceau Rain. La musique de Wagamama Rakia est basé sur des sons de guitares très métal mais l’ambiance est très versatile avec un démarrage très mélodique au piano puis des incursions rap agressives. Le chant de Minami Hoshikuma, accompagné par Rin Kaine et L, est dans l’ensemble très mélodique. Ce style musical me rappelle à chaque fois le morceau Going under d’Evanescence pour son approche brute des guitares et mélodique du chant d’Amy Lee, mais sans les parties rappées. J’aime beaucoup la dynamique du morceau Rain, ce qui m’engage à en écouter d’autres du groupe comme Survive et Why? qui prennent une atmosphère similaire.

Sur mon billet du concert d’4s4ki, je mentionnais que Minami Hoshikuma et 4s4ki devaient être proches, les ayant vu ensemble plusieurs fois en photo sur Instagram, notamment la photo ci-dessus. Je n’avais pas réalisé qu’elles avaient chanté ensemble et que cette photo avait été prise à l’occasion de leur collaboration. Le morceau qui les a réuni est un single sorti en 2024 intitulé To be like Thriller de Takeru (武瑠). Ce morceau fait également intervenir une quatrième voix, celle de IKE. Je ne connaissais pas IKE et Takeru, mais je comprends que ce dernier était le chanteur du groupe rock Visual Kei SuG qui s’est dissout en 2017. To be like Thriller évolue dans des atmosphères similaires, bien qu’un peu gothiques, à ce que j’ai pu écouter chez Wagamama Rakia, mélangeant le hip-hop et des passages plus mélodiques. Je les écoute donc à la suite dans ma petite playlist du mois d’Avril.

se perdre dans nos écouteurs

Cette année 2022 a été particulièrement riche en découvertes musicales, avec des groupes et artistes qui comptent maintenant parmi mes préférés comme Tricot, AAAMYYY et Miyuna (みゆな). J’ai écouté toutes leurs discographies sans être déçu un seul instant et cette musique a bien rempli mon paysage musical cette année. Ce qui me plait beaucoup, c’est que ce sont des artistes qu’on m’a fait connaître ou que j’ai fait connaître. J’aime beaucoup cet aspect de transmission et c’est d’ailleurs la contribution que j’essaie de faire à travers ce blog à qui aurait la curiosité nécessaire d’y jeter une oreille ou deux. Ce n’est pas forcément facile de se plonger dans la musique d’un ou d’une artiste ou groupe que l’on ne connaît pas, mais j’ai toujours l’espoir qu’un texte et quelques liens pourront susciter un intérêt. En écrivant ce billet, j’écoute une musique bien différente, celle du piano de Ryuichi Sakamoto pour Krug qu’il a composé en 2008 et qui est disponible à l’écoute sur YouTube depuis Septembre 2022. Cette suite durant une trentaine de minutes est très belle et me semble idéale pour terminer tranquillement cette fin d’année. On y ressent une mélancolie certaine de scènes de film qui n’existent pas. La force d’évocation de la musique de Ryuichi Sakamoto peut être bouleversante.

Pendant cette dernière selaine de l’année, comme je manque d’inspiration et de motivation pour écrire, j’ai regardé beaucoup de séries et de films, en particulier les 8 épisodes de la deuxième saison de la série Alice in Borderland (今際の国のアリス) sur Netflix toujours réalisée par Shinsuke Sato. La série est toujours aussi captivante et est même meilleure que la première saison, notamment car on arrive finalement à obtenir une explication sur la transformation de Tokyo en un monde parallèle. Et voir Shibuya en ruine envahi par la végétation vaut le coup d’oeil. Dans un style complètement différent, j’ai aussi regardé les neuf épisodes de la série First Love (初恋) toujours sur Netflix réalisée par Yuri Kanchiku et vaguement inspirée des morceaux First Love (1999) et Hatsukoi (2018) d’Utada Hikaru. Hikari Mitsushima et Takeru Satoh jouent les rôles principaux de cette histoire où l’on suit leur premier amour contrarié à plusieurs étapes de leurs vies. Dans cette série, j’étais assez surpris de voir jouer Aoi Yamada dans un second rôle car je suis ses danses bizarres (celle des légumes notamment) depuis un bon petit moment sur Instagram. Je comprends aussi mieux pourquoi Aoi Yamada et Hikari Mitsushima étaient réunies pour le court film publicitaire intitulé Kaguya, très bien réalisé pour la marque Gucci. J’ai également été voir au cinéma le plus proche le film d’animation Suzume no Tojimari (すずめの戸締まり) réalisé par Makoto Shinkai. Je ne l’ai pas trouvé aussi captivant que Your Name (君の名は) ou Tenki no ko (天気の子) qui avaient mis la barre très haut, mais on reste dans un même niveau de qualité et d’intérêt. Cette histoire nous amène aux limites du réel et de l’imaginaire, comme toujours chez Makoto Shinkai et ça me plait beaucoup. L’intrigue me semble être inspirée de la légende du poisson-chat turbulent Namazu (鯰) déclenchant les tremblements de terre au Japon. Nous avions été voir l’année dernière l’endroit où il est maintenu sous terre, sous une pierre de voûte nommée kaname ishi (要石), dans la forêt sacrée du sanctuaire Kashima Jingū à Chiba. A noter le superbe morceau intitulé Suzume (すずめ) accompagnant le film, composé par RADWIMPS (comme d’habitude) mais chanté par Toaka (十明).

写真が次から次へと出てくる

Vous reprendrez bien un peu de citrouilles? Je ne me lasse pas de les prendre en photo. Elles me remémorent le petit musée consacré à Kusama Yayoi (草間彌生) que l’on trouve dans le quartier de Bentenchō à Shinjuku et que nous avions visité l’année dernière en Novembre. La deuxième partie des photographies de ce billet a été prise à Yanaka, que j’ai parcouru plusieurs fois cette année. La fin d’année est toujours une occasion de regarder les statistiques de ce blog. On comptant celui-ci, j’aurais publié cette année 154 billets sur ce blog, ce qui est un peu moins que l’année dernière avec 166 billets publiés et un peu plus que 2020 avec 146. Il y a eu 222 commentaires laissés sur des billets cette année, ce qui est moins que les deux années précédentes avec 262 pour 2021 et 253 pour 2020. Ceci étant dit, le nombre de commentaires sur ces trois dernières années reste beaucoup plus important que pour les dix années précédentes, bien que ces commentaires ne soient le fait que de deux personnes principalement, que je remercie vivement, et de moi même en réponse. Pour ce qui est du volume d’écriture, il était moins important cette année (environ 130,000 mots) par rapport à l’année dernière (environ 163,000 mots) mais également très similaire à l’année 2020. Les visites sont en baisse progressive continuelle, avec environ 14,000 cette année, contre 16,000 en 2021 et 17,000 en 2020. L’année prochaine, ce blog démarré en Mai 2023 aura 20 ans. Le design du blog (version 9) n’a pas évolué depuis 2017 et il est grand temps que je lui trouve une évolution. En attendant, les photographies continuent à defiler les unes après les autres sur les billets de ce blog, et ce flot semble inarrêtable.

s’envoler comme dans un rêve

Je ne voulais pas manquer les installations artistiques de Kusama Yayoi à différents endroits de Tokyo jusqu’au 29 Décembre 2022. Ici, je passe par le parc Shiba près de la Tour de Tokyo et du temple Zozoji. Une citrouille jaune à poix, emblématique des créations de l’artiste, s’envole dans les airs depuis un bloc arrondi fait de miroirs. Juste à côté, des sphères et demi-sphères réfléchissantes sont posées sur la pelouse du parc et font réfléchir les photographes aux éventuelles prises de vue intéressantes qu’on pourrait en faire. J’en profite, chose extrêmement rare, pour faire un auto-portrait légèrement déformé. Je n’avais pas pris jusqu’à maintenant les feuilles rouges d’automne mais je me rattrape in extremis à l’entrée du parc. Les trois dernières photographies du billet sont prises à Marunouchi devant la station de Tokyo et sur la rue devenue temporairement piétonne Naka-dōri. Les lumières de fin d’année sont difficiles à saisir en photo, donc je préfère les rendre floues.

La fin d’année est aussi l’occasion de voir fleurir sur Internet des playlists des meilleurs albums et singles de l’année, et c’est souvent l’occasion de se rattraper sur des morceaux ou artistes que j’aurais pu manquer. La playlist japonaise de Ryo Miyauchi qui publie la newsletter This Side of Japan est étonnement proche de ce que j’ai pu écouter cette année, du moins les six premiers morceaux qu’il mentionne dans sa liste sont tous des morceaux que je connais et ai beaucoup aimé cette année. Ce genre de playlist est évidemment très subjective et je suis assez rarement en phase avec ce qu’il propose mais j’y ai découvert cette fois-ci beaucoup de morceaux qui me plaisent vraiment beaucoup, comme Midnight Dew de DÉ DÉ MOUSE & Punipunidenki (ぷにぷに電機). Je connais DÉ DÉ MOUSE, projet solo du musicien, producteur et DJ Daisuke Endō (遠藤大介), depuis le morceau électro entêtant Baby’s Star Jam de 2007 que j’ai vraiment beaucoup écouté, mais je n’avais jamais poursuivi la découverte de sa musique. Puniden (en version courte de Punipunidenki) est également un nom que j’ai souvent aperçu sur internet sans pour autant être parti à la découverte de ses morceaux. Midnight Dew est excellent et son ambiance nocturne se construit un peu plus après chaque écoute. J’écoute également la musique électro-jazz du musicien et producteur STUTS sur le morceau Floating in Space de son album Orbit. STUTS s’est fait connaître l’année dernière pour le morceau Presence I avec KID FRESINO et l’actrice Takako Matsu (松たか子) au chant. Je viens de me rendre compte qu’il fait aussi parti d’un collectif appelé Mirage Collective avec Yonce (de Suchmos) et Ryōsuke Nagaoka (長岡 亮介, alias Ukigimo) entre autres. Je n’aime par contre pas beaucoup le morceau qui passe en ce moment avec l’actrice Masami Nagasawa (長澤まさみ) au chant. Autre découverte de la playlist ci-dessus, le morceau électronique agité comme du math rock, SOS de Midnight Grand Orchestra, qui semble être un collectif autour de la virtual YouTuber Hoshimachi Suisei (星街すいせい). Je ne pensais être amené à écouter de la musique de virtual YouTuber mais il y a un début à tout, quand le talent est là. Après tout, Ado apparaît dans toutes les émissions télévisées de fin d’année sous les traits virtuels du personnage d’Uta (ウタ) pour interpréter son single à succès, tout à fait mérité, Shinjidai (新時代). Ce n’est pas dans la liste ci-dessus, mais j’écoute aussi ces derniers jours le nouveau morceau quasi-instrumental de D.A.N. intitulé Afterglows, le morceau Deep Down d’Aimer que je mentionnais précédemment car il est utilisé comme musique de fin de l’épisode 9 de l’anime Chainsaw Man et Life with Love, nouveau single très pop de RöE que j’écoute presque uniquement pour sa voix si particulière.

meshed metal with harmony

Mesh / Earth House, que je montre sur les trois premières photographies de ce billet, est un bâtiment résidentiel conçu par Kengo Kuma, dont la construction fut achevée en Février 2011. Cette maison de 182.82m2 contient un rez-de-chaussée, deux étages et une terrasse sur le toit. Son emplacement au milieu du parc Shiba (芝公園), à proximité de la tour de Tokyo et du temple Zojoji, est assez exceptionnel. Ce bâtiment n’est apparemment pas entièrement résidentiel car on y trouve également un restaurant japonais appelé Niku Kappō Rei (肉割烹 礼). Il est possible que le restaurant soit situé seulement au rez-de-chaussée avec les deux étages au dessus occupés par des espaces privés. On peut d’ailleurs accéder à ces deux étages par un escalier indépendant accessible depuis l’extérieur. Le volume en forme de L du bâtiment est en partie recouvert de tiges métalliques formant une maille qui vient cacher une partie des grandes baies vitrées entourant la totalité des deux étages. Cette texture posée sur la surface contribue en quelque sorte à faire fondre le bâtiment avec la végétation du parc aux alentours. Le petit détail poétique de cette résidence était de voir un groupe de petits oiseaux discutant joyeusement sur les tiges des branchages métalliques, comme s’il s’agissait des branches d’un arbre. Il s’agissait en quelque sorte d’un petit concert de chants d’oiseaux sur du métal. Je suis passé plusieurs fois devant ce parc mais je ne me doutais pas que cette maison se trouvait à cet endroit. On l’aperçoit à peine derrière les arbres pourtant parsemés du parc.

La deuxième étape de la marche, toujours dans l’arrondissement de Minato, est d’aller voir un immeuble construit en Novembre 2020 aux formes très particulière. Le Prime Terrace KAMIYACHO (プライムテラス神谷町) conçu par Mitsubishi Jisho Sekkei Inc. (株式会社三菱地所設計) que je montre sur la quatrième photographie a cette particularité d’avoir des balcons aux formes désordonnées, comme des pièces de Tetris posées par erreur les unes au dessus des autres. Il y a quelque chose de très ludique dans ces formes, surtout quand ces parties de balcons ouverts sur l’extérieur viennent s’échapper loin depuis la façade, comme des perchoirs. Sur les photographies qui suivent, je pars vers Yūtenji en empruntant par moments la longue rue Komazawa. Nous passions souvent par cette rue en voiture, il y a quelques années de cela, pour rejoindre l’autoroute Daisan Keihin qui nous amenait près de Kamakura. Ces années là me manquent et nous ressentons régulièrement l’envie d’y retourner pour une journée de week-end. J’aimerais encore une fois m’assoir au bord de l’océan à Inamuragasaki pour observer le soleil qui se couche tranquillement derrière le Mont Fuji et l’île Enoshima.

Mutyumu (夢中夢), qu’on traduirait par un rêve dans le rêve ou un cauchemar, est un groupe formé en 2002 et l’album intitulé イリヤ -Il Y A- que j’écoute avec une passion certaine en ce moment est sorti en 2008. Difficile de classer la musique de cet album dans un style car ils se mélangent, parfois post-rock, par moments approchant le rock progressif avec des pointes heavy metal, mais toujours en mélangeant les instruments de musique classique. Les violons qui nous enveloppent dès le morceau d’introduction sont vite pris dans la tourmente des guitares lorsque le deuxième morceau prend le relai. On sait à ce moment-là que tout peut arriver, même le mélange à priori improbable de la voix d’opéra de la chanteuse et parolière Hatis Noit avec celle masculine dans l’esprit du Death Metal qui la suit comme un démon. La musique de cet album est pour le moins tourmentée, passant de mélodies tout simplement somptueuses à la brutalité lourde des guitares et des cris. Je pense parfois au long morceau-album Art of Life de X JAPAN, mais c’est encore autre chose ici même si on trouve le même aspect épique. Ce qui est très étonnant, c’est que l’album atteint une unité et même une harmonie malgré ce maillage hétéroclite de styles musicaux. On y ressent une poésie sombre, une mélancolie profonde parfois, des souffrances qui semblent atroces et des moments de plénitude, et le tout parfois inclut dans un même morceau. Les images sont fortes et la partition musicale est parfaitement exécutée avec une dextérité au piano qui nous entraîne dans des tourbillons. On se noierait volontairement dans ces morceaux en gardant un œil vers le ciel, vers l’éclaircie qui soudainement nous faire revenir sur la terre ferme. Les morceaux de cet album jouent avec ces sentiments contradictoires. Il y a une dualité quasi schizophrénique dans ces styles qui s’opposent. On a parfois l’impression d’une bataille entre les formes célestes et les monstres d’en bas. Les images se bousculent en écoutant cet album. Il ne faut pas l’interrompre ou le prendre en cours de route sous peine de casser l’histoire qu’il raconte, celle d’une descente en enfer jusqu’aux moments les plus sombres du morceau central de l’album. De ce cauchemar, on se réveille ensuite sous des nouvelles lumières qui nous attirent vers une lente résurrection. Cette musique nous hante par sa puissance dès la première écoute et ne laisse pas indifférent, qu’on aime ou qu’on déteste. En ce qui me concerne, je trouve cet album tout simplement grandiose. C’est une expérience musicale d’avantgarde.