soleil couchant sur le temple

Ces quelques photographies datent du début du mois de Janvier et je n’avais pas réussi à les placer dans un billet jusqu’à maintenant. Au tout début de l’année, nous sommes allés au temple Ikegami Honmonji (池上本門寺) situé dans l’arrondissement d’Ōta. Ce complexe est gigantesque. Perché sur une colline, on approche le temple principal par un grand escalier de pierre qui semble avoir bien vécu. La pagode de cinq étages se trouve dans un grand cimetière couvrant une bonne partie de l’enceinte du temple. Le soleil commençait déjà à se coucher à notre passage ce qui m’a donné l’envie de jouer avec cette lumière solaire en contre jour.

Les visiteurs attentifs ont certainement déjà remarqué des petits changements dans l’entête du blog, avec un nouveau titrage en japonais. J’ai enlevé quelques liens vers des pages statiques du site et les liens vers Twitter, Instagram et les autres réseaux sociaux. Ces changements sont destinés à alléger un peu le design de l’entête, mais rien n’est définitif. Je cherche un moyen de garder ces liens quelque part sur le blog sans alourdir le design et j’ai donc créé une nouvelle page spécifique regroupant les liens vers les réseaux sociaux et peut-être vers d’autres pages statiques du blog. J’ai fait quelques tentatives de changements de thème du blog, mais je n’ai rien trouvé pour l’instant qui rivalise avec la simplicité du thème actuel. Il s’agit du thème que j’ai gardé le plus longtemps depuis les débuts de ce blog et je ressens de plus l’envie de faire des changements. Le blog aura officiellement 20 ans dans quelques mois et ça fait 24 ans que j’habite à Tokyo depuis cette semaine (mais j’étais très jeune quand je suis arrivé à Tokyo et démarré ce blog).

Continuons avec une petite playlist de nouveaux morceaux d’artistes que je suis depuis quelques temps et dont je ne manque pas d’écouter les nouveaux morceaux. Je commence par Miyuna (みゆな) qui vient juste de sortir le 1er Février 2023 un nouveau très beau single intitulé Yume demo (夢でも). Je le connaissais en fait déjà car elle l’avait interprété en avant-première lors du concert au Shibuya Club Quattro auquel j’avais assisté. Ce morceau est le thème du film Shōjo ha Sotsugyō shinai (少女は卒業しない) de Shun Nakagawa (中川駿) qui sortira le 23 Février 2023 au cinéma. Il se dégage une certaine mélancolie de ce morceau démarrant calmement sur quelques notes de guitare acoustique puis par la voix de Miyuna qu’on a beaucoup de plaisir de retrouver. Le morceau s’engage ensuite vers des terrains plus rock lorsque les guitares se réveillent jusqu’à l’assez long solo de guitare de Shūta Nishida (西田修大). Miyuna écrit les paroles et compose la musique de ce morceau, entourée de musiciens différents de ceux des concerts de Shibuya et d’Osaka à la fin de l’année dernière. J’aime beaucoup la manière dont ce morceau monte en intensité, la voix de Miyuna permettant ces pointes d’émotion. Ce morceau prouve encore une fois tout le bien que je pense de la musique de Miyuna. Elle le présentait sur un Instalive d’une demi-heure le Vendredi 3 Février à 19h30, tout en annonçant une tournée nationale de 7 dates qui ne passe bizarrement pas par Tokyo, mais juste à côté à Saitama et Kanagawa. Il s’agit d’une tournée en version acoustique qui sera accompagnée d’un mini-album également acoustique de quelques titres et d’un DVD reprenant une sélection de morceaux de sa dernière tournée Guidance.

Le morceau suivant de ma playlist s’intitule melt into YOU sur le EP Time Leap de Chiaki Satō (佐藤千亜妃) sorti le 25 Janvier 2023. La grande surprise de ce morceau est que Chiaki l’interprète avec la compositrice et interprète a子 que j’aime beaucoup et dont je parle très souvent sur ces pages. On est loin sur ce EP et ce morceau des atmosphères rock indé de Kinoko Teikoku, car Chiaki Satō évolue dans des ambiances beaucoup plus pop sur ses projets en solo. L’ambiance y est extrêmement tranquille (’chill’ pour les anglophones), assez proche des morceaux que pourrait composer a子. C’est un vrai plaisir de les écouter chanter ensemble sur un morceau. Je me demande bien ce qui les a réuni, peut-être le fait qu’elles soient toutes les deux fans de Sheena Ringo. Chiaki Satō apprécie en fait la musique de a子 au point de la citer dans l’émission musicale du dimanche soir KanJam (関ジャム), à laquelle elle était une nouvelle fois invitée. Les deux dernières émissions du 22 et du 29 Janvier 2023 demandaient à trois musiciens professionnels de donner chacun une liste des dix morceaux préférés de l’année dernière. Chiaki Satō était donc l’une des invitées avec, entre autres, Junji Ishiwatari (いしわたり淳治), autrefois guitariste du groupe Supercar. Dans sa liste de morceaux préférés, Chiaki Satō mentionne a子 en neuvième position avec son morceau Sun (太陽) sur lequel intervient Neko Saito (斎藤ネコ) au violon. Espérons que ça puisse la faire un peu plus connaître du grand public, car elle le mérite franchement. Une curiosité du EP Time Leap est le premier morceau intitulé Time Machine qui utilise un sample immédiatement reconnaissable d’Automatic du premier album d’Utada Hikaru. Je trouve même que certains tons de voix de Chiaki Satō sur ce morceau ressemblent à ceux d’Utada Hikaru. C’est certainement volontaire et me replonge encore une fois vers une certaine nostalgie de l’insouciance d’il y a 24 ans.

Dans la liste des meilleurs morceaux de l’année 2022 sélectionnées par les trois musiciens professionnels pour l’émission KanJam, on retrouve trois fois le morceau Edison de Wednesday Campanella (水曜日のカンパネラ). Utaha (詩羽) est de plus en plus présente dans les médias depuis le succès de ce morceau, un peu en retard de phase par rapport à sa sortie. Ce regain d’intérêt pour Edison serait dû à un succès soudain sur la plateforme TikTok. Apprécier la musique limitée à quelques secondes sur TikTok me dépasse complètement et m’inquiète même un peu. Mais Wednesday Campanella avec Utaha mérite grandement ce retour de reconnaissance, après le départ de Kom_I qui paraît désormais bien lointain et même d’une tout autre époque. Le nouveau single du groupe s’intitule Akazukin (赤ずきん, le petit chaperon rouge). Utaha y est à la limite entre le chant et le parlé. La composition musicale electro d’Hidefumi Kenmochi (ケンモチヒデフミ) ne nous étonne plus beaucoup mais reste efficace et accrocheuse. Utaha est encore une fois très convaincante dans son phrasé rapide plein de naturel.

Et pour terminer cette petite sélection, je retrouve le son et la voix très particulière d’Aya Gloomy sur son nouvel EP de deux titres SHIRO KURO sorti le 24 Janvier 2023 sur un label indépendant. J’écoute surtout le morceau KURO qui ne dépareille pas de l’univers flottant que l’on connaît de la compositrice et interprète. Il y a toujours cet univers teinté de mystère irréel qui me fait à chaque fois me demander si elle n’est pas réellement une extra-terrestre. Elle crée clairement une musique très personnelle et différente des tendances actuelles, pour notre plus grand plaisir. C’est par contre un peu dommage que le EP soit aussi court. J’aimerais beaucoup qu’elle s’engage sur des morceaux plus longs où on aurait assez de temps pour s’évader avec sa musique et sa voix sur des planètes lointaines.

grey*(car+building+sky)+pink*flower

Une voiture de sport et l’architecture du Tokyo Metropolitan Gymnasium conçu par Fumihiko Maki à Meiji Jingū Gaien. Je n’avais jamais remarqué que Fumihiko Maki avait créé à Shonandai dans la prefecture de Kanagawa un stade soeur au Tokyo Metropolitan Gymnasium, nommé Akibadai Cultural Gymnasium. Les formes incisives et tons gis argentés sont similaires. J’avais déjà pris en photo et montré sur ce blog le petit bâtiment grisâtre de l’avant dernière photographie, mais je l’avais recouvert de dessins comme des graffitis. Cette réinterprétation faisait partie d’une courte série d’images modifiées appelée House Re-worked. A cette époque là, je jouais régulièrement à brouiller les pistes en réalité et fiction. Les grandes inscriptions NOE246 sur la devanture fermée d’une boutique me disaient quelque chose. J’en avais en fait déjà parlé il y a plusieurs années lors d’une promenade très matinale à Harajuku.

Pour cette petite série de quatre morceaux dont je montre les couvertures en photo ci-dessus, je reviens vers des compositrices/teurs et/ou interprètes déjà évoquées de nombreuses fois sur ce blog. Mais il y a également quelques nouvelles figures comme Furui Riho avec un morceau pop intitulé Usomohonto (ウソモホント). Le style musical est assez proche de ce qu’on pourrait entendre chez Iri, que j’évoque aussi assez régulièrement, mais la voix de Furui Riho est très différente. Je ne suis pas certain d’apprécier ses autres morceaux, mais l’énergie de celui-ci me plait beaucoup. Dans un autre style beaucoup plus déstructuré, j’écoute un morceau intitulé Tarantula de D̴E̷A̷T̴H̴N̷Y̵A̶N̴N̷, qui n’a apparemment sorti que quelques morceaux pour le moment et pas encore d’albums. Le rythme électronique est plein de décrochages, accompagnées par des percussions très présentes. L’interêt du morceau, qui peut être assez inquiétant malgré le chant très pop de D̴E̷A̷T̴H̴N̷Y̵A̶N̴N̷, vient également de la vidéo montrant la chanteuse s’amuser dans un marché alimentaire d’une ville japonaise. Je reviens ensuite vers la musique d’a子 avec un nouveau single intitulé Love is always (愛はいつも) qui continue dans l’orientation pop qu’elle suit depuis quelques morceaux. J’aime de toute façon tous les morceaux qu’elle compose et c’est le cas également de Wednesday Campanella (水曜日のカンパネラ) avec un double single Tinker Bell et Hot Pot Commander. Hidefumi Kenmochi trouve à chaque des sons électroniques accrocheurs et le chant d’Utaha fait maintenant l’unanimité. La surprise sur le deuxième morceau est qu’il intègre des éléments rock qu’on ne connaissait pas vraiment avant chez Wednesday Campanella.

special in you

Je réutilise ces derniers temps mon objectif fixe de 40mm qui me ramène au plus près des choses, par rapport à mon objectif zoom habituel que j’utilise principalement en grand angle. Cet objectif m’amène à prendre des photographies différentes bien que cette différence ne soit pas non plus fondamentale. C’est plus difficile de faire des photos d’ensemble d’architecture à moins de beaucoup s’éloigner pour avoir assez de recul, donc je me concentre plutôt sur le détail des formes. Cet objectif me pousse donc vers l’abstraction, et c’est assez rafraîchissant de parcourir les rues connues de Shibuya avec ce nouvel œil. Cet objectif me rapproche aussi des murs et j’aime beaucoup prendre en photo les graffitis et autocollants, parfois cachés derrière un panneau de signalisation, parfois condensés sur la petite surface latérale d’un distributeur automatique de boissons, parfois maîtrisés à l’intérieur d’une vitrine de magasin. Je reconnais parfois sur ces stickers des personnages connus ou des visages qui se répètent. Parmi cette foule immobile, je reconnais le visage d’Utaha de Wednesday Campanella sur un des écrans vidéo posés devant le grand magasin PARCO. Je tourne souvent autour de ce grand magasin pour ensuite aller en direction du vendeur de disques Disk Union, mais je rentre rarement à l’intérieur. Il y a pourtant une galerie d’art que je ne connais pas encore. Nous allons beaucoup moins souvent voir des expositions en ce moment et ça commence à me manquer un peu.

Musicalement parlant, outre les morceaux Matsuri de Fujii Kaze, Plateau de Sakanaction et la nouvelle version de Shiseikatsu de Tokyo Jihen que je mentionnais dans mon billet précédent, j’écoute également beaucoup d’autres belles choses, dont les quatre morceaux ci-dessous. Pour revenir à Wednesday Campanella que j’évoquais un peu plus haut, je suis très attentif à leurs nouvelles sorties de singles depuis l’arrivée d’Utaha dans le groupe. J’aime beaucoup le dernier en date s’intitulant Orihime (織姫). Cette nouvelle formation de Wednesday Campanella fait un sans-faute pour le moment, car chaque nouveau morceau est très accrocheur et révèle un peu plus le chant d’Utaha. Côté arrangement musicaux, le style ne diverge pas beaucoup du Wednesday Campanella de l’époque de KOM_I. La manière de chanter d’Utaha prend par contre, petit à petit, des distances avec celui de KOM_I et c’est une bonne chose. Ce morceau Orihime sera le premier du futur album de 8 titres intitulé Neon qui sortira le 25 Mai 2022. On connaît déjà la moitié des autres morceaux de cet album, à savoir les morceaux Edison, Maneki Neko, Alice et Buckingham.

Dans ma playlist actuelle, j’inclus également un nouveau morceau d’Utada Hikaru en duo avec un certain Warren Hue, que je ne connaissais pas. Warren Hue est un rappeur d’origine indonésienne, ayant déjà collaboré avec d’autres artistes japonais comme le groupe Atarashii Gakko que je mentionnais il y a quelques temps pour un morceau appelé Freaks. Ce nouveau morceau d’Utada Hikaru est sorti à la suite du festival californien de Coachella qui s’est déroulé sur deux week-ends les 15-17 et 22-24 Avril. Le festival était retransmis en live gratuitement sur trois canaux YouTube et j’ai regardé plusieurs concerts dont celui intitulé 88rising Heads in The Clouds Forever. 88rising est une agence musicale américaine mettant en avant des artistes en provenance d’Asie ou américains d’origine asiatique. Je ne pense pas qu’Utada Hikaru soit affiliée à cette agence mais elle faisait partie du set sur l’impressionnante scène principale du festival. Elle n’a chanté que pendant une petite dizaine de minutes un medley de plusieurs morceaux plus ou moins récents. Le set contenait bien entendu Face your Fears car ce morceau est connu mondialement grâce au jeu vidéo Kingdom Hearts, mais également à ma grande surprise son premier single Automatic. Sur scène, on sentait qu’elle avait un certain trac, ce qui peut se comprendre devant une foule pareille qui pour beaucoup devait l’entendre pour la première fois. Ses appels au public étaient par conséquent un peu timides et j’ai trouvé sa prestation assez moyenne dans l’ensemble, moins bonne que ce que j’avais pu voir sur Netflix pour son concert Laughter in the Dark de 2018. Utada Hikaru n’était pas la seule artiste japonaise présente à Coachella, car Kyary Pamyu Pamyu s’y produisait également sur une scène plus petite. La popularité de KPP à l’étranger m’impressionnera toujours. Pour revenir à ce nouveau morceau s’intitulant simplement T sorti dans la foulée de Coachella, j’aime beaucoup son ambiance lente auquel j’associe dans ma tête en l’écoutant des images rêvées d’une soirée estivale californienne. Ce morceau chanté en anglais par Utada et Warren Hue à quelque chose de paisible et d’apaisant.

Zombie-Chang va également bientôt sortir un nouvel album le 11 Mai 2022. Il s’intitulera Stress de Stress. Je ne suis pas avec beaucoup d’attention le parcours musical de Meirin de Zombie-Chang mais je trouve régulièrement dans sa discographie des morceaux intéressants qui me plaisent beaucoup. C’est le cas du single Granny Square déjà sorti en Novembre 2021, mais qui sera présent sur son nouvel album. Comme souvent chez Zombie-Chang, les morceaux qu’elle écrit ont beaucoup d’humour. Elle s’est lancée depuis quelques temps dans le tricot de vêtements qu’elle porte ensuite, et les paroles de Granny Square reprend le vocabulaire de ce domaine, par exemple « double crochet », mélangées à des sons électroniques imprévisibles. J’ai eu envie de réécouter la musique de Zombie-Chang après être tombé par hasard sur un InstaLive de Meirin nous présentant la version limitée très surprenante de son dernier album (elle a beaucoup d’humour, c’est sûr).

Le quatrième et dernier morceau de cette petite playlist est d’une artiste Hip-hop appelée Ame to Kanmuri (あめとかんむり) que je ne connaissais pas du tout. Le morceau s’intitulant Lie Night est présent sur son unique album Nou sorti en Décembre 2018. Je ne sais plus par quelle magie d’internet je ne le découvre que maintenant, mais j’aime vraiment beaucoup sa voix très marquée. On croirait même qu’elle force volontairement le trait mais ça fonctionne très bien sur ce morceau mélangé avec des sons électroniques. Je reviens un peu plus vers le hip-hop ces derniers temps en continuant également la découverte du dernier album d’Awich avec le très bon morceau Link Up (feat. KEIJU, ¥ellow Bucks), certes moins puissant que le morceau titre de l’album, Queendom, que j’avais évoqué auparavant. J’ai encore beaucoup d’autres morceaux et albums à évoquer dans des prochains billets. Alors que je me concentrais ces dernières semaines sur l’écriture de mes billets sur notre voyage à Nagano et sur les cerisiers en fleurs, j’ai pris un peu de retard pour présenter ici la musique que j’aime.

これからの時代来るのは活動写真

Parler brièvement de graph à Udagawachō dans le billet précédent m’amène au bout de la rue Cat Street jusqu’à la galerie Design Festa. Les dessins qui décorent ses murs changent régulièrement et, comme pour le quartier d’Udagawachō, j’aime y revenir de temps en temps pour constater ce qui a changé. Je ne reconnais pas les figures de manga qui sont dessinées, quoique le visage sur la première photo me rappelle un peu celui de Rei Ayanami. Sur la deuxième photographie, j’aime bien la peinture sélective de la tuyauterie qui s’avère assez ludique. Je suis souvent passé devant la Design Festa Gallery mais je suis plus rarement entré à l’intérieur. Je fais le curieux cette fois-ci, mais je n’y trouve pas beaucoup de choses intéressantes. La galerie se compose de plusieurs petites pièces à l’intérieur de deux bâtiments principaux, la partie Est et Ouest, séparés par un café-restaurant. Chaque pièce montre le travail d’un ou d’une jeune artiste, mais dans l’ensemble il n’y avait malheureusement rien pour moi de très original ou d’accrocheur. Je parcours rapidement les salles des deux galeries, les artistes sont souvent sur place assis sur une chaise ou à une table, ou donnant des explications aux quelques visiteurs qui semblent souvent être leurs connaissances. Je suis en fait beaucoup plus intéressé par les décorations de la galerie en elle-même, les tubes noirs enchevêtrés de la façade principale et les dessins recouvrant chaque partie des murs. L’intérieur du restaurant est également entièrement couvert de dessins. Cette galerie est un petit monde à part, et on apprécie qu’elle ne soit pas encore “normalisée”. Elle n’est pas difficile à trouver mais j’ai toujours du mal à tomber dessus du premier coup, comme si elle se cachait volontairement. C’est peut-être sa disposition qui la protège et lui permet de garder son apparence unique.

Je pense que je n’avais jamais pris en photo le Cranes 6142 Building (クレインズ6142ビル) de Kazuyo Sejima, situé sur Cat street (キャットストリート). Ce building à la surface de verre à moitié transparente est pourtant installé depuis l’année 2000. Je le montre sur la sixième photo du billet. Il y avait initialement un magasin de décoration intérieur appelé hhstyle.com. Un magasin de fringues vintage RAGTAG occupe maintenant ce building. Juste en face, le visage souriant de Utaha (詩羽) en poster sur la vitrine de l’enseigne Adidas me fait également sourire. Elle est apparemment un des visages de la marque pour la ligne Adidas Original. Sur une vidéo pseudo-publicitaire, on la voit d’ailleurs interpréter deux morceaux à l’intérieur du magasin de Shinjuku, Buckingham (バッキンガム) et plus récent Maneki Neko (招き猫) que j’écoute en ce moment.

Je suis toujours avec une attention certaine les nouvelles créations musicales de Wednesday Campanella (水曜日のカンパネラ). Comme la fois précédente, les nouveaux morceaux du groupe se présentent sous la forme d’un EP de deux singles, et ces morceaux sont tous les deux très bons. Je me suis maintenant habitué à la voix et à la manière de chanter de Utaha, en oubliant même un peu ce que KOM_I aurait pu chanter à sa place. J’ai le sentiment que Utaha a désormais trouvé sa place, et c’est un commentaire que je vois souvent au sujet de son interprétation dans les vidéos des deux derniers morceaux Maneki Neko (招き猫) et Edison (エジソン). Le style du premier morceau Maneki Neko est assez proche du premier morceau Alice du EP précédent, tandis que les moments rappés de Edison reprennent le style de l’époque KOM_I qu’on trouvait également sur le morceau Buckingham du premier EP. Musicalement, il n’y a pas d’énormes surprises car cette musique électronique est pleine des fantaisies snores typiques de Hidefumi Kenmochi.

this is not the end of a new beginning

Ces quelques photographies sont prises dans un espace relativement restreint de Jingumae, dans un bloc délimité par l’avenue Meiji, l’avenue Omotesando et l’avenue Aoyama un peu plus haut. Il y a une densité certaine dans ce bloc mélangeant résidences et commerces, parfois reminiscente d’un village. La rue piétonne très étroite et pleine de végétation sur la troisième photographie en est un bon exemple. Elle débouche pourtant sur la longue avenue Meiji après s’être faufilée entre deux hauts immeubles. Ces immeubles forment en quelque sorte une muraille protégeant un village. On dit que Tokyo est composé d’une multitude de villages et c’est tout à fait vrai sauf que cette impression s’estompe de plus en plus avec les années qui passent, au fur et à mesure que la standardisation urbaine prend le dessus. Il y a beaucoup de clichés sur la ville de Tokyo et ils sont pour la plupart vrais. Le souci est d’éviter de généraliser et de créer une nouvelle vérité globalisante à partir de quelques exemples. Je ne suis pas contre montrer des clichés en photos sur ce blog dans la mesure où je m’efforce à montrer autre chose. Mais loin de moi l’idée de vouloir montrer à tout prix un Tokyo différent que les autres ne montreraient pas. De toute façon, tout a déjà été montré en long et en large sur Tokyo. J’ai pourtant été intéressé par l’approche du numéro sur Tokyo du livre-magazine Gokan, créé par une équipe française vivant au Japon menée par David Michaud (que je ne connais qu’à travers son blog Lejapon.fr). Le livre est très bien documenté et fait intervenir plusieurs plumes. J’y ai appris certaines choses notamment historiques. Les photographies sont très belles sans pourtant essayer d’en mettre plein les yeux. Il y a une grande honnêteté dans l’approche qui m’a bien plu. Le livre n’a rien d’un guide mais partage de nombreux lieux plus ou moins populaires. Je suis en tout cas content que Zōshigaya (雑司ヶ谷) soit évoqué car j’en retiens une ambiance particulière que j’avais apprécié lors de mes quelques passages. J’ai trouvé ce numéro de Gokan sur Tokyo à la grande librairie Maruzen de l’immeuble Oazo à Marunouchi, il y a déjà plusieurs semaines. Je ne suis pas certain qu’il en reste encore.

Utaha (詩羽) est le nouveau visage et la nouvelle voix de Suiyoubi no Campanella (水曜日のカンパネラ, Wednesday Campanella) après le départ de KOM_I annoncé officiellement en Septembre 2021. Ce départ était apparemment un choix personnel et elle ne part pas en mauvais terme. Elle souhaitait plutôt poursuivre un nouveau chemin et elle a même passé le flambeau à Utaha lors d’une conversation retransmise sur Instagram. C’est bien dommage de voir KOM_I se séparer du groupe, mais je suis déjà convaincu par la prise de relais de la remplaçante Utaha. Un premier EP vient d’ailleurs juste de sortir le 27 Octobre. Il contient deux morceaux intitulés Alice (アリス) et Buckingham (バッキンガム). Buckingham ne nous dépayse pas beaucoup du style de Wednesday Campanella. Il n’y a pas de révolution dans l’air, mais plutôt le début d’un nouveau commencement qui j’espère ne se terminera pas rapidement. La ressemblance avec la manière de chanter de KOM_I semble tout d’abord un peu trop prononcée, mais on se laisse très vite embarquer par le phrasé de Utaha, qui n’a en fait pas grand chose à envier à celui de KOM_I. J’ai l’impression que ce morceau a été écrit exprès pour assurer la transition en douceur entre les deux chanteuses. C’est en tout cas un vrai plaisir de retrouver ce type de morceaux, dont l’esprit était tellement novateur à l’époque. Alice est un peu différent et m’a tout de suite accroché. Utaha a une voix plus juste et prononcée que Kom_I. On y perd peut-être un peu en originalité mais elle a une très belle voix qui annonce beaucoup de belles choses à venir. La composition musicale électronique de Hidefumi Kenmochi (ケンモチヒデフミ) reste très fidèle au style du groupe. Ces sons électro donnent un ensemble qui n’est pas forcément très délicat, mais qui se révèle très efficace et généreux. Ils sont peut être parfois un peu trop fournis, mais accrochent en même temps l’attention à tous moments. La voix franche de Utaha ne s’efface pas, ce qui fait que l’ensemble fonctionne bien. Ayant écouté et aimé tous les albums de Suiyoubi no Campanella sans exceptions, je suis content de retrouver cette formation en version Phase 2. Je reviens d’ailleurs régulièrement sur la musique du groupe et étonnamment souvent sur le dernier album Galapagos (ガラパゴス) de 2018. Il y a quelques morceaux que j’adore comme Melos (メロス), Kaguya Hime (かぐや姫) et l’avant-dernier morceau The Sand Castle (愛しいものたちへ) qui est très différent du reste des morceaux de la discographie du groupe. J’aurais d’ailleurs bien voulu que KOM_I poursuive la direction lancée sur ce dernier morceau. Peut-être continuera t’elle à chanter en solo?