that’s a pretty long third gear in this car

Ce billet aurait très bien pu être le seizième épisode de ma série au long cours the streets mais je préfère lui donner un autre titre car j’ai réécouté récemment l’album Blonde de Frank Ocean et j’adore en particulier cet extrait des paroles du morceau Skyline To. Et en plus de cela, il y a des voitures dans ce billet. Ce billet est un mélange de plusieurs rues, celle de Komazawa et autour, celle de Kamurozaka où se trouve un Hôtel Vintage qui n’a rien de vintage mais qui prend tout de même ce nom. Le café au rez-de-chaussée est très agréable et calme. Des grandes fenêtres donnent sur la longue rue en pente Kamurozaka bordée de cerisiers qui étaient encore en fleurs au moment où cette photographie a été prise. On change ensuite de lieux pour le quartier chinois de Yokohama et un quartier de Kawasaki à l’écart de la gare. La dernière photographie a été prise au Tsutaya T-site de Daikanyama lors d’un petit festival célébrant les “subcultures” qui se déroulait les 19 et 20 Avril 2025. Dans l’ensemble, ce n’était pas le type de subculture qui m’intéressait vraiment car je n’ai pas trouvé d’intérêt à regarder des personnages déguisés, des Yuru-chara (ゆるキャラ), danser mollement devant une platine. J’ai même trouvé une certaine gêne à regarder les quelques admirateurs adultes postés autour de ce personnage rose appelé Iwashika-Chan (イワシカちゃん). Cela fait assez longtemps que je n’avais pas eu ce sentiment là. Le festival se composait en fait de petits stands. L’un d’entre eux vendait des t-shirt underground, parfois de films. J’y ai aperçu Tetsuo the Ironman de Shinya Tsukamoto. Il y avait également des stands réservés aux dédicaces notamment de mangaka, mais je suis malheureusement arrivé trop tard. J’aurais tout de même aimé passer à celui d’Eldo Yoshimizu (エルド吉水) car j’ai acheté il y a quelques temps le premier tome de son manga RYUKO (龍子). Eldo Yoshimizu est diplômé du département de sculpture de l’Université des Beaux-arts de Tokyo. Il n’a commencé sa carrière de mangaka qu’à l’âge de 45 ans. En demandant à Mari par tout hasard si elle connaissait cet artiste venant de la même école qu’elle, elle me répond à l’affirmative à mon grand étonnement. Eldo Yoshimizu était en fait un de ses professeurs en école préparatoire pour entrer aux Beaux-arts. C’est une coïncidence amusante et ça me ferait un sujet de discussion si jamais j’avais l’occasion de faire signer un jour mon exemplaire de RYUKO. Autre point intéressant, le manga est apparemment d’abord sorti aux éditions françaises du Lézard Noir en 2016, puis ensuite au Japon beaucoup plus tard en 2023 aux Éditions Leed Publishing.

Par souci d’augmenter un peu mon audience web, je me décide à montrer des photos de chats. C’est une recette bien connue pour attirer les visiteurs. C’est en fait une coïncidence que j’écoute en ce moment des artistes ou groupes utilisant des images de chats comme couverture de leur single. Ceux de Hoshikuma Minami (星熊南巫) sont cyberpunk, une race de chat que je ne connaissais pas. En recherchant d’autres collaborations de Rinahamu (苺りなはむ) avec des artistes que j’apprécie, je note qu’elle a également sorti un single avec Hoshikuma Minami au chant et KOTONOHOUSE à la composition. Ce single intitulé d∞r est sorti le 18 Janvier 2025. La composition musicale de KOTONOHOUSE n’hésite pas triturer le morceau ce qui apporte à chaque fois un contraste intéressant avec la voix un peu éthérée de Rinahamu. Hoshikuma Minami a par contre une voix plus puissante et agressive, qui m’amène vers trois de ses singles solo PAINKILLER sorti en 2024, puis Demigod Chan et Shinra DARKPOP (新羅DARKPOP) tous les deux sortis en 2023. L’ambiance y est beaucoup plus sombre et les sons électroniques plus disruptifs. Les trois morceaux sont assez courts et s’enchainent comme des petites bombes sonores dans ma playlist. Mon préféré des trois est Demigod Chan qui est dans l’ensemble plus apaisé mais pleins de glitches. Shinra DARKPOP s’enfonce par contre dans les bas-fonds et Hoshikuma Minami chante au bord des cris. Les petits chats à priori mignons des images de couverture de ces singles ne nous laisse en fait pas vraiment imaginer l’ambiance que se cache à l’intérieur. Ecouter ces trois morceaux m’a donné l’occasion de revenir vers le groupe Wagamama Rakia (我儘ラキア) dont elle fait partie. Je découvre le morceau New World sur l’album éponyme sorti en 2020 et je suis tout de suite accroché. Je pense que c’est mon préféré du groupe. En plus des passages rappés toujours excellents de MIRI, le petit plus du morceau est d’entendre Hoshikuma Minami rouler les ‘R’ à certains moments du morceau. Bite Off!!!! sur le EP ONYX sorti en 2022 a un coté K-Pop, mais qui serait dynamité par des guitares métal. J’écoute ensuite le single GR4VITY G4ME sorti en 2022, qui est plus classique dans leur discographie mais également très bon. On est assez loin du son des musiques d’idoles, bien que les quatre filles de Wagamama Rakia fassent officiellement partie de cette catégorisation musicale. J’écoute également le nouveau single de Yeule intitulé Dudu, montrant en couverture un gros chat blanc flottant au dessus de la compositrice et interprète. Son titre Dudu est étrange. Il ne s’agit pourtant pas du nom du chat de Yeule qui s’appelle Miso et a un pelage très différent. Le single a une approche Pop rock inhabituellement lumineuse et sera présent sur son prochain album Evangelic Girl is a Gun, qui s’annonce décidément très bon et qu’on pourra écouter en entier à partir du 30 Mai 2025. Le style musical diffère avec les chats dessinés de la quatrième couverture. Il s’agit du single mild days de Hitsuji Bungaku (羊文学) sorti le 13 Mai 2025. Il démarre à la guitare acoustique et je lui trouve tout de suite un petit air américain ce qui normal car sa sortie marque en quelques sortes le retour du groupe de leur tournée américaine. Le morceau est très beau, mais Hitsuji Bungaku fait de toute façon un sans-faute musicalement depuis le début de leur carrière.

« ハート ハート ハート1個 頂戴 ベイビー » Donnes moi un cœur, nous répète Yu-ri (ゆーり) sur le single Heart111 (ハート111) composé par le musicien électronique Sasuke Haraguchi (原口沙輔), dont je parle de plus en plus souvent sur ses pages. Le morceau super drôle et charmant à l’écoute, même addictif dans une certaine mesure, n’est pas récent car il date d’Avril 2024, mais il me vient en tête alors que l’on fête aujourd’hui les 22 ans de Made in Tokyo. Je passerais sur mon propre étonnement d’une si longue vie et d’une inspiration continue qui me fait ne jamais m’arrêter à écrire des histoires, montrer des photographies de rues et d’architecture, d’évoquer les musiques que j’aime, divaguer parfois vers des terres irréelles (quoique), essayer de transmettre tous les intérêts culturels que je peux trouver dans cette ville et ce pays, le tout avec une sensibilité et une poésie discrète (si possible). Je suis en même temps tout à fait conscient de ne pas être sur la même longueur d’onde que les autres contenus sur le Japon (ah, je n’aime pas ce terme générique de créateur de contenu), mais je n’ai pas non plus l’intention de montrer un autre Tokyo ou un Japon différent. Après autant d’années de vie ici, ces concepts là n’ont plus beaucoup de sens et ne valent que pour ceux qui croient vivre une vie extraordinaire. La mienne est celle de mon quotidien. Elle n’est pas celle d’un voyageur bien que je me l’autorise de temps en temps sur quelques billets de vacances. Je continue tant que je trouve la volonté et la nécessité d’ouvrir mon notepad pour écrire mes impressions, avec toujours dans l’idée le partage gratuit. Mais je ne suis pas contre recevoir de temps en temps en échange un petit cœur de la part des visiteurs. « ココロを下サイ » nous répète encore Yūri sur Heart 111.

黒く踊る世界

Nous ne sommes pas montés dans cet énorme bateau de croisière accosté au port de Daikoku à Yokohama, mais nous avons apprécié pendant quelques minutes sa grandeur par rapport à tout ce qui l’entourait. J’en ai pris de nombreuses photographies mais je retiens seulement celle-ci prise de face comme une immense barre d’immeuble. Je reconnais un lien visuel avec la photographie qui suit de la barre d’immeuble posée au dessus d’un garage de bus entre les stations d’Ebisu et de Shibuya. Les deux photographies ne convoquent par contre pas tout à fait le même imaginaire. On se téléporte ensuite à l’intérieur de la grande tour du Prince Hotel du parc de Shiba. Cette tour est relativement banale vue de l’extérieur mais est assez impressionnante de l’intérieur depuis le rez-de-chaussée car elle comporte un large espace vide dans lequel circulent le vent et les ascenseurs. Ces ascenseurs sont des points lumineux montant et descendant le long des murs intérieurs. Une passerelle est située au premier étage et traverse cet espace. À chaque fois que je vois cet espace vide un peu futuriste, je pense à la scène de l’Empire contre-attaque sur l’Étoile de la Mort où Dark Vador annonce à Luke Skywalker qu’il est son père (spoiler alerte prescrite). Les deux photographies suivantes sont des scènes très classiques de destruction et de reconstruction, qui laissent parfois penser qu’un ouragan dévastateur vient de traverser la ville. Cette scène contraste avec la simplicité visuelle presque conceptuelle du canal d’aération de la dernière photographie dont j’ai déjà oublié l’emplacement précis. Peut-être était-ce la station de Yokohama.

Je ne connaissais que la carrière solo de Minami Hoshikuma (星熊南巫) mais elle évolue également dans un groupe de filles nommé Wagamama Rakia (我儘ラキア) dont je découvre le single intitulé Rain, qui n’est pas récent car sorti en 2020. Wagamama Rakia n’a apparemment pas sorti de nouveaux morceaux récemment mais elles sont en ce moment en tournée jusqu’à Hong Kong. Minami Hoshikuma est une des fondatrices du groupe qui reprend le principe des groupes d’idoles car il a été construit par un producteur, Ryo Koyama (小山亮), et a changé plusieurs fois de composition. Le groupe a été créé en 2016 à Osaka et se compose actuellement et depuis 2019 de quatre membres dont Hoshikuma Minami (星熊南巫), Rin Kaine (海羽凜), MIRI et L. Hoshikuma Minami est la chanteuse principale du groupe. Elle écrit également les paroles et compose la musique. MIRI (櫻井未莉) est une rappeuse originaire de Shizuoka. Avant de rejoindre Wagamama Rakia en 2019, elle faisait partie d’autres formations d’idoles et a ensuite participé plusieurs fois à des batailles d’improvisation hip-hop, qu’on appelle MC BATTLE ROYALE, notamment à la Sengoku MC Battle (戦極MC BATTLE). J’ai du coup regardé quelques MC Battle auxquelles elle avait participé. Ce genre de bataille peut devenir de véritables confrontations verbales, comme avec le rappeur Dahi (だーひー), ou des associations habiles, comme avec le rappeur BATTLE Shuriken (BATTLE手裏剣). Tout dépend du respect que ces rappeurs ont entre eux. MIRI attaque assez facilement, car elle se fait souvent attaquer sur son passé d’idole, mais contre BATTLE Shuriken, c’était très différent. Lors d’une longue improvisation inspirée par la disparition soudaine d’un compétiteur qu’elle a dû soudainement remplacer, MIRI vient habilement placer quelques mots (知らない) complétant le flot très maîtrisé de Shuriken, ce qui soulève la foule et pousse son compétiteur au respect. Ce passage est particulièrement savoureux et je ne peux m’empêcher de le regarder en boucle. Les battle royales de Sengoku MC BATTLE sont mixtes, mais il existe également d’autres batailles hip-hop uniquement féminines auxquelles MIRI a également participé allant jusqu’en finale contre Akko Gorilla (あっこゴリラ), une rappeuse dont j’ai déjà parlé quelques fois sur ces pages. MIRI apporte donc ce phrasé et cette puissance hip-hop dans les morceaux de Wagamama Rakia et notamment sur ce morceau Rain. La musique de Wagamama Rakia est basé sur des sons de guitares très métal mais l’ambiance est très versatile avec un démarrage très mélodique au piano puis des incursions rap agressives. Le chant de Minami Hoshikuma, accompagné par Rin Kaine et L, est dans l’ensemble très mélodique. Ce style musical me rappelle à chaque fois le morceau Going under d’Evanescence pour son approche brute des guitares et mélodique du chant d’Amy Lee, mais sans les parties rappées. J’aime beaucoup la dynamique du morceau Rain, ce qui m’engage à en écouter d’autres du groupe comme Survive et Why? qui prennent une atmosphère similaire.

Sur mon billet du concert d’4s4ki, je mentionnais que Minami Hoshikuma et 4s4ki devaient être proches, les ayant vu ensemble plusieurs fois en photo sur Instagram, notamment la photo ci-dessus. Je n’avais pas réalisé qu’elles avaient chanté ensemble et que cette photo avait été prise à l’occasion de leur collaboration. Le morceau qui les a réuni est un single sorti en 2024 intitulé To be like Thriller de Takeru (武瑠). Ce morceau fait également intervenir une quatrième voix, celle de IKE. Je ne connaissais pas IKE et Takeru, mais je comprends que ce dernier était le chanteur du groupe rock Visual Kei SuG qui s’est dissout en 2017. To be like Thriller évolue dans des atmosphères similaires, bien qu’un peu gothiques, à ce que j’ai pu écouter chez Wagamama Rakia, mélangeant le hip-hop et des passages plus mélodiques. Je les écoute donc à la suite dans ma petite playlist du mois d’Avril.

仏像の影に消えた

Nous sommes déjà dans la dernière partie de l’été et j’ai l’impression qu’il a passé très vite et que rien ne s’est vraiment passé. Il y a pourtant eu les Jeux Olympiques de Paris 2024 qui nous ont bien occupés avec des cérémonies d’ouverture et de fermeture mémorables et beaucoup de très beaux moments sportifs. On s’est bien entendu levé tôt pour regarder la cérémonie de fermeture. La présence de Tom Cruise, des groupes Phœnix et Air n’étaient pas vraiment une surprise car l’information avait fuité. La cérémonie a ressemblé par moments à un concert géant avec les prestations de Phœnix, Kavinsky et Air. Le morceau Nightcall de Kavinsky avec Angèle au chant a apparemment battu des records de recherche sur l’application Shazam, ce que je comprends très bien car ce passage était particulièrement marquant, tout comme le bain de foule de Thomas Mars de Phœnix. Je pense que c’était un imprévu tout comme le fait que la foule des sportifs ne descendent pas de la scène pour rester au plus près du groupe, alors qu’on leur a pourtant demandé plusieurs fois de descendre. Ces moments imprévus étaient particulièrement réussis et ces jeux dans leur ensemble ont été une bouffée de bonheur à regarder. C’est bon de se nourrir d’énergie positive. J’espère qu’elle restera en France pour un bon moment.

En photographies ci-dessus, je profite de quelques heures à Sakuragichō à Yokohama pour partir prendre quelques photos du Pacific Convention Plaza Yokohama également nommé Pacifico Yokohama (パシフィコ横浜). J’étais attiré par les motifs architecturaux en forme de voiles modernes posées sur le toit du centre d’exposition, mais je n’ai pas eu l’inspiration nécessaire pour en sortir des photos abstraites, ce qui était pourtant mon idée de départ. Je marche un peu plus pour aller voir les vagues immobiles du grand hôtel de luxe hawaïen The Kahala Hotel & Resort. Les vastes surfaces de verre viennent refléter le ciel nuageux. La courbure du bâtiment est impressionnante. Elle se découpe en trois volumes pour decomposer les mouvements d’une vague semblant idéale pour le surf de haut niveau. J’ai bien pris une bonne vingtaine de photographies du bâtiment et de ses nuages, qui auraient pu constituer un billet à part entière, mais je ne garde finalement qu’une seule photographie par pur souci de concision. En revenant ensuite vers la tour Landmark, je constate que le musée d’art de Yokohama est toujours fermé ce qui est bien dommage car j’aurais peut-être eu le temps de voir une exposition si elle était intéressante. La façade de ce musée m’intrigue toujours beaucoup, surtout la partie haute arrondie qui doit donner une très bonne vue sur la large allée desservant le musée. J’imagine toujours qu’une personne importante y a ses bureaux. Il y a quelque chose de l’ordre de la forteresse dans l’architecture très ordonnée et symétrique de ce musée. J’y ressens un certain mystère et ce sont peut-être les formes géométriques symboliques qui m’inspirent ce sentiment d’étrangeté. Le tigre à la crinière rouge feu devant le Department Store Markis est tout droit sorti de l’univers fantastique du jeu de rôle Dragon Quest V. Il s’appelle Borongo (ボロンゴ) en japonais et Saber en anglais. Je suis très peu familier de l’univers de Dragon Quest car je n’ai jamais eu l’occasion de jouer à un épisode et ce n’est pas maintenant que je vais m’y mettre, même si l’univers du jeu et de ses nombreux épisodes doivent être extrêmement riches. La popularité du jeu au Japon n’est plus à rappeler. D’autres personnages de l’univers de Dragon Quest étaient placés à l’intérieur du grand magasin. La photographie suivante nous fait revenir vers Tokyo, sur la grande avenue d’Aoyama. Je ne sais que très peu de choses sur la grande fresque murale temporaire que je montre sur cette cinquième photographie du billet. Sur cette grande illustration chaotique, comme un patchwork composé de multiples images assez difficilement lisibles, on devine tout de même certains visages de style manga.

Il fait en ce moment souvent trop chaud pour marcher alors je préfère le vélo. Une de mes promenades du week-end m’amène jusqu’à Shinjuku près du parc Shinjuku Gyoen. Je passe en fait volontairement devant le temple bouddhiste Taisōji (太宗寺) situé à Shinjuku 2 chōme pour revoir les formes blanches arrondies du bâtiment principal, mais je me rappelle soudainement de la statue de bronze d’un grand Jizo Bodhisattva assis (銅造地蔵菩薩坐像) placée à l’entrée. Ce lieu a été utilisé pour une scène du film de yakuza Sailor Suit and Machine Gun (セーラー服と機関銃) réalisé en 1981 par Shinji Sōmai (相米慎二), avec dans le rôle principal Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) jouant Izumi Hoshi (星泉), héritière malgré elle du clan de yakuza de son père. J’ai déjà de nombreuses fois parlé de ce film, qui m’a, il faut croire, laissé une forte impression. Je me souviens en fait très bien de cette scène devant la grande statue du temple Taisōji. Cette scène m’avait marqué comme plusieurs autres dans le film, mais je ne me souviens plus exactement quelle occasion amène Izumi Hoshi à s’assoir sur les genoux de cette statue. J’y ai en tout cas vu un sentiment de liberté teinté d’une certaine insolence. Ce film ayant un statut de film culte, certains amateurs se sont bien entendu amusés à retrouver et noter tous les lieux où ont été tournées les scènes du film, ce qui m’a permis de facilement retrouver cette statue.

Mon chemin a déjà rencontré plusieurs fois les illustrations d’Aki Akane (秋赤音). La première fois était dans la librairie Komiyama Tokyo à Jimbocho, puis ensuite à l’espace d’exposition de la librairie Tsutaya de Daikanyama. J’avais vu le livre de l’illustratrice intitulé Nagori (余波-なごり-), mais j’avais hésité à me le procurer au Tsutaya de Daikanyama lors de mon premier passage. Je l’ai finalement acheté plusieurs mois plus tard en le feuilletant une nouvelle fois dans la même librairie Tsutaya. Le terme Nagori du titre fait référence à l’eau de mer et aux algues qui restent sur la plage et les rochers après le retrait des vagues. Le sens qu’Aki Akane veut y donner est un souhait que son univers graphique riche en couleurs reste imprimé dans le cœur et la mémoire des gens qui le regarde. Les illustrations ci-dessus sont extraites du livre. J’aime beaucoup son sens du détail notamment dans les vêtements très travaillés avec un brin de gothique, de mystique et à chaque fois un petit quelque chose de très japonais souvent lié aux traditions shintoïstes. Aki Akane dessine des portraits de jeunes garçons et filles, avec la plupart du temps une note fantastique. Les deux dernières illustrations ci-dessus font par exemple partie d’une série mélangeant des portraits avec des figures animales portées au rang de kami (le serpent blanc à gauche et le loup à droite). Il y a un grand nombre d’illustrations dans ce style, ce qui me plait vraiment beaucoup, au point d’utiliser une de ses illustrations comme écran de veille sur mon smartphone. Le livre grand format reprend également des illustrations utilisées à des fins commerciales ou pour des événements particuliers. Son style n’en est pas altéré pour autant. Je suis particulièrement surpris de voir une représentation en illustrations du duo électronique Justice, Gaspard Augé et Xavier de Rosnay. Je me demande bien quelle occasion a amené Aki Akane à collaborer avec le groupe français. En plus d’être illustratrice, Aki Akane est en fait également compositrice et interprète. Elle a même été invitée à la Japan Expo, il y a plus de dix ans. Je n’ai pas encore vraiment écouté sa musique, à part quelques morceaux piochés sur YouTube, mais je préfère à priori ses illustrations. J’ai tout de même sur mon iPod le morceau techno-pop Black Gänger sorti en 2014 sur son troisième album Square. Je ne pense pas qu’elle ait sorti d’autres albums depuis celui-ci.

un fragment d’océan

Cette série de photographies datent de la toute fin du mois d’août lors d’un passage dans la banlieue de Yokohama pour aller faire quelques courses dans le centre commercial contenant le magasin Uniqlo et GU conçu par Sou Fujimoto, que j’avais déjà montré sur Made in Tokyo. Comme je ne me sentais pas d’attaque pour marcher en rond dans les couloirs du centre commercial, après une bonne heure de circulation encombrée, je préfère marcher au bord de la Yokohama Bayside Marina (横浜ベイサイドマリーナ) où sont accostés de nombreux bateaux privés. On ne peut malheureusement pas les approcher de près, sans avoir accès aux quais de la Marina. Je n’ai strictement aucune connaissance et intérêt particulier pour les bateaux de plaisance, mais j’ai quand même été surpris de reconnaître sur le cruiser de la troisième photographie du billet le logo de la compagnie de design Fragment (フラグメント) d’Hiroshi Fujiwara (藤原ヒロシ). Hiroshi Fujiwara s’est fait connaître il y a de nombreuses années pour ses marques de street wear, au design grandement importé des modes vestimentaires US, que l’on pouvait trouver dès la fin des années 80 et début 90 dans les rues d’Ura-Harajuku avec ses compères Jun Takahashi (高橋盾) de Undercover ou Nigo de A bathing Ape. On le surnomme d’ailleurs le godfather d’Ura-Harajuku ou le King of Street (キング・オブ・ストリート) comme j’ai pu le voir écrit. Il a plus tard lancé Fragment design qui se base principalement sur des collaborations avec des grandes marques, comme Maserati dont j’avais déjà parlé. Le X47 EXPRESS CRUISER est un bateau conçu par le designer industriel Ken Okuyama (奥山清行) pour Yanmar, dont je parlais justement récemment pour son élégant quartier général à Tokyo. Ken Okuyama est un designer talentueux. Je pense par exemple aux lignes superbes du Shinkansen E7 HOKURIKU dont il a dessiné l’extérieur et l’intérieur. La version de ce même cruiser modifiée par Fragment prend le nom de X47FRGMT. Pour être très honnête, je suis à chaque fois dubitatif quant au véritable apport de Fragment sur ce type de projets. Le design n’est en rien modifié mais les peintures sont noires comme toujours avec un classique apport de boiseries sur le sol du bateau et le petit logo de la marque. Tout ceci manque quand même terriblement d’inventivité. Je suis sûr que les designers de Yanmar auraient pu imaginer eux mêmes une version luxe de leur propre cruiser.

チャイナアドバイス

Notre dernier passage dans le quartier chinois (中華街) de Yokohama date de Février 2021. Comme la dernière fois, nous y sommes allés à l’occasion du Nouvel An chinois. Nous y allons à chaque fois une semaine après l’événement pour éviter la foule mais elle était particulièrement présente cette année par rapport à la dernière fois. La crise sanitaire se fait petit à petit oublier mais ce réajustement à la normale prend décidément beaucoup de temps au Japon. Je ne suis pas en mesure de juger pour l’instant si c’est de bonne augure ou pas. Les rues du quartier sont décorées et prennent des couleurs alors que la nuit commence à tomber tranquillement. Il y a des spectacles de rue mais les files d’attente nécessaires pour y assister nous obligent à passer notre chemin. Nous passons visiter les deux temples extrêmement décorés du quartier chinois. Une fois n’est pas pas coutume, nous rentrons même cette fois-ci à l’intérieur après avoir déposé des tiges d’encens. On ne peut pas venir à Chinatown sans avoir déjeuné ou dîné dans un des nombreux restaurants. Celui où nous entrons a l’air de rien en apparence extérieure mais est très bon et même réputé. Nous l’avions sélectionné à l’avance mais nous avons hésité quelques instants avant d’y pénétrer car son entrée se situait dans une rue très étroite qui nous a fait douter sur le moment. Et le titre de ce billet m’est directement inspiré par un morceau que j’aime beaucoup du groupe SōTaisei Riron (相対性理論) intitulé China Advice (チャイナアドバイス) sur l’album Synchroniciteen. J’aime toujours beaucoup la manière avec laquelle Etsuko Yakushimaru vient faire jouer les mots les uns avec les autres. Ce morceau a été souvent repris et je connais notamment la version sous-titrée China Advice (blackboard version) de -RöE- (ロイ) où elle chante accompagnée de pandas musiciens particulièrement habiles.

Sur le blog, j’ai continué cette dernière semaine à simplifier l’entête en ne conservant que quelques liens vers les pages statiques les plus visitées à savoir celles des archives et celle de présentation générale intitulée A propos. Les liens sociaux et les autres pages statiques ont été regroupées sous un nouvelle page nommée En savoir plus. Ce nom de page ne me convient pas tout à fait, mais je n’ai rien trouvé de mieux pour l’instant. J’aimerais à l’avenir améliorer un peu ma page d’archives mais je n’ai pour l’instant qu’ajouté une photographie d’entête (plutôt ancienne d’ailleurs). Il n’y a donc plus que trois liens visibles sur l’entête de la page principale. Je ne suis habitué à ce nouveau titre encadré en japonais et c’est même ce nouveau titrage qui m’a obligé à aller vers plus de simplicité.