la magnifience du béton

Je suis en ce moment attiré par le gymnase olympique de Yoyogi car je suis passé à proximité deux week-ends de suite. Quitte à approcher ce monument architectural, autant aller au plus près en marchant sur le parvis. En fait, en marchant depuis le centre de Shibuya dans sa direction, je n’avais jamais remarqué un sanctuaire de béton appelé Kitaya Inari Jinja (北谷稲荷神社). J’y remarque beaucoup de détails visuels intéressants et des formes particulières, mais je n’apprendrais qu’un peu plus tard que ce sanctuaire a été conçu par Kiyonori Kikutake (菊竹 清訓). Il faudrait que j’y revienne prochainement pour observer ces détails d’un peu plus près. Depuis une des sorties de ce sanctuaire, on a une très belle vue sur l’annexe du gymnase olympique de Yoyogi, ce qui me fait d’autant plus apprécier ses formes élancées. Ce gymnase conçu pour les Jeux Olympiques de 1964 par Kenzo Tange est une des plus belles œuvres architecturales de tout le Japon (si ce n’est pas tout simplement la plus belle). La délicatesse et la dynamique des lignes du toit tenu par des câbles tendus rendent cette architecture tout simplement magnifique. Il faut dire que le gymnase et son annexe ont été rénovés juste avant les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Je fais des longues marches en ce moment et celle-ci m’amène jusqu’aux portes de Shinjuku, en passant par Harajuku. Je passe volontairement devant les bureaux de l’agence de design Wonderwall de Masamichi Katayama pour voir la cycadale, sorte de petit palmier, poussant sur un rocher. Katayama la montre régulièrement sur son compte Instagram depuis son installation devant le grand mur de béton de Wonderwall. J’étais assez curieux de voir cette plante et de saisir en photo le contraste de cet élément de végétation avec le béton brut, magnifique d’ailleurs. Le béton de la GA Gallery à Kitasando par Makoto Suzuki (AMS Architects) est d’un aspect très différent, beaucoup plus brutaliste. Le bâtiment date de 1974 et le passage des années apporte beaucoup de cachet à l’ensemble. Les visiteurs fidèles de Made in Tokyo savent certainement que je prends souvent ce bâtiment en photo. Je ne perds pas une occasion de passer à côté lorsque je marche vers Shinjuku, notamment pour jeter un coup d’œil rapide à la petite librairie d’architecture au premier étage près de l’entrée. Elle était malheureusement fermée lors de mon dernier passage.

風を切って行くわよ

Le béton brut de House in Minami-azabu par l’architecte Hitoshi Wakamatsu. La forme en polyèdre du toit a été calculée pour maximiser la hauteur permise par les régulations urbaines du quartier tout en minimisant l’ombre projetée sur les maisons alentours. L’impression brutaliste de l’extérieur est conservée dans certaines pièces à l’intérieur, notamment le living au deuxième étage ouvert des deux côtés par d’immenses baies vitrées dont une aux formes obliques. Le rez-de-chaussée contient une pièce traditionnelle japonaise en tatami plutôt sombre. Le dernier étage sous le toit est peint en blanc avec quelques fenêtres de taille réduite.

Une cérémonie bouddhiste de quartier à Ikegami pour commencer la nouvelle année sous les meilleurs auspices. Comme elle durait plus d’une heure, je me suis discrètement éclipsé pour aller explorer le quartier. Cette cérémonie aux portes d’un temple suscitait la curiosité de certains passants.

Détails d’une rue du quartier d’Ikegami dans l’arrondissement d’Ōta. La zone que je parcours est presque exclusivement résidentielle et ne m’a pas apporté beaucoup d’opportunités photographiques. Mais il faut parfois plusieurs passages pour que les choses se révèlent à moi. J’ai même souvent tendance à voir des choses différentes à chaque passage dans une même rue ou quartier.

Façade du magasin d’instruments de musique Ikebe à Shibuya. Je fais un détour volontaire pour voir les affiches géantes montrant les visages de Hana et Hikam Watanabe de Tamanaramen (玉名ラメン). Ces photographies aux couleurs fortement modifiées reprennent le style du single The light behind my eyelids, que je mentionnais dans un récent billet.

Quand je marche dans le centre de Shibuya, je passe presque systématiquement derrière le grand magasin PARCO pour voir quelle affiche y est montrée. Cette fois-ci, il s’agissait d’une affiche publicitaire pour une réédition en cours de l’oeuvre manga complète de Katsuhiro Ōtomo « The Complete Works« . Bien que j’aime beaucoup son œuvre, il est fort improbable que je me lance dans cette collection là. J’ai d’ailleurs l’impression qu’il y a déjà eu des rééditions du manga AKIRA et d’autres books commémoratifs.

Je fais ces détours rapides en coupant le vent dans Shibuya pour finalement arriver au Tower Records. Des costumes de scène de Tokyo Jihen y étaient exposés au huitième étage pendant une période limitée. Ce genre d’exposition se déroule en général plutôt au Tower Records de Shinjuku, mais depuis la réduction de l’espace du magasin, il ne devait pas y avoir assez de place pour tout montrer. Il faut dire que ça doit être la plus grande exposition que j’ai pu voir jusqu’à maintenant. On y retrouve les kimonos portés par Tokyo Jihen lors de l’émission Kōhaku sur NHK le 31 Décembre 2021, les tenues au début et à la fin de cette même émission, et quelques autres utilisées dans d’autres émissions en 2021. J’étais particulièrement curieux de voir le skateboard de Sheena, qui apparaît régulièrement dans des émissions ou des vidéos. On peut également apprécier les Reebok Pump futuristes, les sacs à dos NASA et les tenues de sport colorées dérivées de celles de la période Sports. J’ai également montré quelques unes de ces photos prises à l’iPhone sur mon compte Instagram. J’y suis allé un dimanche à l’ouverture à 11h et il n’y avait donc qu’assez peu de personnes. Comme l’espace n’est pas très grand tout de même, j’ai fait de mon mieux pour ne pas inclure les visages des autres visiteurs sur mes photos sur Instagram, sauf une photo qui montrait l’affiche à l’entrée et sur laquelle on pouvait voir une fille de profil avec le visage à moitié caché par un masque. Quelques heures après publication, je reçois un DM de cette même personne me demandant de flouter la photo sur Instagram sur laquelle on voyait une partie de son visage ou d’enlever complètement la photo en question, ce que j’ai finalement fait car je ne pense pas qu’on puisse éditer une photo déjà publiée sur Instagram. Deux amis ou connaissances de cette personne m’ont également contacté pour la même raison, de manière fort aimable mais insistante tout de même. Je n’avais pas l’intention de créer de problème donc effacer la photo rapidement a rassuré tout le monde. Mais je ne m’étais jamais vraiment posé la question des problèmes éventuels de montrer des visages sur Instagram ou sur ce blog. Le problème sur Instagram est que j’utilisais le tag #椎名林檎 comme tous les autres personnes ayant montré des photos de cette exposition, ce qui fait que la personne en question a rapidement vu ma photo et a réagi. Je ne prends pas souvent des personnes en photo sur ce blog et encore moins sur Instagram, mais je ne me suis jamais empêché de montrer des visages sortant d’une foule par exemple. Cette remarque va peut-être modifier mon approche, du moins je suis sûr que je vais beaucoup plus y penser, ce qui est pour sûr un peu dommage.

Le titre de ce billet n’a pas grand chose à voir avec le contenu mais j’aime tout simplement la manière dont Nanako Matsushima (松嶋菜々子) prononce cette phrase au guidon d’une moto dans une publicité récente. Je garde cette phrase comme titre pour m’en souvenir.

そちは危ない、立ち入り禁止

Les photographies de ce billet datent pour sûr du 10 Janvier car on y voit des jeunes filles porter un kimono à manches longues qu’on appelle furisode (振袖) pour le Seijin Shiki (成人式), la cérémonie du passage à la majorité à 20 ans au Japon. Ma destination ce jour là était le sanctuaire Meiji Jingu pour aller y chercher un goshuin qui viendrait compléter mon carnet. Il me restait une seule page vide et l’idée de le terminer avec le sceau de Meiji Jingu me convenait plutôt bien. J’hésite un peu à scanner mon carnet maintenant terminé, car c’est une tâche qui me prendrait beaucoup de temps et je ne suis pas certain que ça intéresserait beaucoup de visiteurs. Une fois terminé, le carnet de goshuin est un bel objet que j’aime feuilleter de temps en temps. Je l’ai posé en apparence sur une petite étagère juste au dessus de l’ordinateur familial. Tous les dieux shintoïstes et bouddhistes me tomberont d’un coup sur la tête si un tremblement de terre survenait soudainement pendant que je travaille le développement numérique de mes photographies. Pour me rendre au sanctuaire de Meiji Jingu, je remonte à pieds la rue Kōen Dōri (公園通り) qui me fait passer devant la salle de spectacle Shibuya Public Hall (渋谷公会堂). Tokyo Jihen s’y était produit en 2005 pour la tournée Dynamite Out. Le bâtiment a été renommé en C.C. Lemon Hall en 2006 puis fermé pour reconstruction en 2015. Depuis sa reconstruction en 2019, cette salle s’appelle maintenant LINE Shibuya Cube et devait être utilisée ce jour là pour la cérémonie Seijin Shiki des résidents de Shibuya, car nombreux étaient les garçons et filles de 20 ans en kimono à attendre leur tour devant la salle. Après avoir traversé la très large allée piétonne longeant les studios de la NHK et volontairement marché au plus près du gymnase olympique de Kenzo Tange, j’arrive finalement au sanctuaire de Meiji Jingu accolé au parc de Yoyogi. Nous sommes au dixième jour de l’année mais il y a toujours foule dans le sanctuaire. Je n’ose pas imaginer la foule qu’il doit y avoir ici les trois premiers jours de l’année. Nous ne nous sommes jamais aventurés à Meiji Jingu pendant cette période là. En sortant du sanctuaire, j’aperçois une troupe d’hommes et de femmes en tenue traditionnelle, marchant au pas avec un long arc à la main. Je ne suis pas le seul à les prendre en photo. Je ne sais pas de quelle cérémonie il s’agissait exactement mais elle ne semblait pas visible au public, car le groupe disparu rapidement dans une allée privée s’enfonçant dans la forêt. Les première et dernière photographies sont prises dans un tout autre lieu: en remontant le cimetière d’Aoyama pour l’une et en apercevant le grillage blanc d’un bâtiment commercial de Kazuyo Sejima à Aoyama, pour l’autre.

Je connais le groupe tricot depuis quelques temps mais je n’avais pas jusqu’à maintenant poussé la curiosité jusqu’à écouter un album en entier. J’avais certes tenté de rentrer dans leur univers musical, plutôt à base de math rock, en écoutant quelques morceaux par-ci par-là sans pourtant aller plus en avant. Je ne sais plus exactement les raisons pour lesquelles je n’avais pas approfondi mon écoute mais ça ne devait pas correspondre à la phase musicale dans laquelle je me trouvais à ce moment-là. Ou peut-être pensais-je qu’un groupe s’appelant tricot et utilisant des titres de morceaux comme « Potage » ne pouvait pas jouer un rock qui m’intéresserait. Mais mon avis a pourtant complètement changé depuis la discussion entretenue avec Nicolas dans les commentaires d’un ancien billet intitulé ネタバレしてる人生. On parle d’abord du groupe Genie High mené par le producteur (et guitariste) Enon Kawatani dans lequel chante la guitariste et interprète de tricot, Ikkyu Nakajima. Cette discussion à propos de Genie High me rappelle un morceau que le groupe a interprété avec AiNA The End, Fubenna Kawaige (不便な可愛げ). J’étais également passé à côté de ce morceau à sa sortie en Novembre 2019, ce que je regrette maintenant vu le nombre de fois où j’ai pu l’écouter ces dernières semaines, depuis cette discussion dans les commentaires. Comme quoi, j’ai parfois des idées préconçues sur certaines formations musicales alors qu’elles mériteraient quand même que je m’y attarde. Le morceau Fubenna Kawaige fonctionne extrêmement bien car les voix de AiNA et de Ikkyu sont complémentaires. Il y a une grande fluidité dans les échanges vocaux qui fait grand plaisir à écouter. Le morceau est excellent et musicalement, c’est impeccable même si ce sont deux comédiens qui jouent de la batterie et de la basse. Je pense que mon à priori était dû à la présence de ces comédiens dans ce super-groupe de Kawatani que j’avais initialement eu du mal à prendre au sérieux. Le deuxième album de tricot intitulé A N D m’est ensuite conseillé, pour la simple raison que H Zett M y joue du piano sur deux morceaux. Il ne m’en fallait pas plus pour y jeter une oreille et réaliser que j’étais passé à côté de quelque chose en ne m’étant pas penché sur la musique de tricot un peu plus tôt. Mieux vaut tard que jamais! J’adore tout simplement ce que j’étends sur ce septième morceau Pain (ぱいーん): le rythme frénétique, les coupures inattendues et le piano aux accords compliqués de H Zett M s’accordant excellemment avec les guitares de tricot prenant le relai. En écoutant le piano de H Zett M se mélanger aux guitares et ne pas perdre le dessus, je repense à ses prestations lors des concerts de Tokyo Jihen, Dynamite Out, et de Sheena Ringo, Electric Mole (Sugoroku Xstasy). En fait, je ne soupçonnais pas que la musique de tricot était aussi puissante et prenante. Ikkyu pousse très souvent sa voix et les guitares sont rapides et imprévisibles (ça doit être le côté math rock). Il y a même un côté sauvage et instinctif dans la manière dont Ikkyu chante. Les douze morceaux de l’album A N D défilent à toute vitesse sans qu’on décroche une seconde. Le rythme est soutenu sans vrais moments de répit, mais mélangent le chaud et le froid en alternant des voix plus éthérées avec des chœurs et des montées en puissance soudaines des voix. Des morceaux comme le troisième Hashire (走れ) ou le sixième Kieru (消える) en sont de bons exemples, et sont tout simplement excellents. Comme sur Hashire (走れ), il y a une sorte d’urgence et de danger imminent dans beaucoup de morceaux. « C’est dangereux par là, défense d’entrer » (そちは危ない、立ち入り禁止) comme le chante Ikkyu sur ce morceau. Et les guitares et batterie accompagnent et transcendent cette frénésie sonore qui nous envahit. On ne s’ennuie pas parce que même s’il y a une grande continuité de style dans l’ensemble de l’album résolument de style rock alternatif, on y trouve quand même des moments particuliers comme le neuvième morceau intitulé Niwa (庭) où Ikkyu chante de manière très rapide à la limite du rap. Il y a une sorte de folie contagieuse dans ce morceau là. Il y a des moments un peu plus pop comme le morceau Kōbe Number (神戸ナンバー), qui est également un point remarquable de l’album, notamment quand les trois filles du groupe chantent ensemble le titre du morceau en chœurs (神戸ナンバー、思い出すわー). Mais, j’aime beaucoup de toute façon les morceaux avec des noms de plaques d’immatriculation (笑), que ça soit Hashire wa Number (走れゎナンバー) de Sheena Ringo ou Shinagawa Number (品川ナンバー) du groupe Sōtaisei Riron (相対性理論) d’Etsuko Yakushimaru.

J’oubliais presque de mentionner que tricot (トリコ, Toriko prononcé en japonais) est composé de trois filles à l’époque de ce deuxième album sorti en 2015: Ikkyu Nakajima (Ikumi Nakajima en réalité) au chant et à la guitare, Motifour Kida (Motoko Kida) à la guitare et Hiromi Hirohiro (Hiromi Sagane) à la basse, sachant que tout le monde chante au moins dans les chœurs. Le groupe est originaire de Kyoto et ça s’entend clairement en interview car Ikkyu a bien l’accent du Kansai (enfin, je ne suis pas spécialiste ceci étant dit). Le batteur ayant quitté le groupe avant ce deuxième album, A N D fait donc intervenir des batteurs invités pour les sessions d’enregistrement. Un batteur officiel, Yusuke Yoshida, rejoindra ensuite le groupe à partir de 2017. En écoutant le premier morceau de l’album, Noradrenaline, je me suis tout de suite dit que les premières percussions de batterie sonnaient un peu comme le début de Tadashii Machi (正しい街) de Sheena Ringo. Comme je savais, avant cette première écoute, que les batteurs étaient différents en fonction des morceaux de l’album, j’ai d’abord pensé que Noriyasu « Kasuke » Kawamura (batteur régulier des sessions d’enregistrement et de certains concerts de Sheena Ringo) était aux commandes. En vérifiant sur Wikipedia, la surprise m’emporte en apprenant qu’il s’agit en fait de Toshiki Hata à la batterie sur ce morceau. Comme quoi, même s’il n’y a pas de véritable ressemblance ou inspiration directe visible entre la musique de Sheena Ringo ou Tokyo Jihen et celle de tricot, il y a au moins des liens intéressants en la présence de H Zett M et Toshiki Hata. Mais ce n’est pas tout car Ikkyu dit elle-même apprécier Sheena Ringo. Depuis l’écoute de A N D, je me suis mis en tête d’acheter tous les albums et d’écouter des interviews pour comprendre un peu plus l’esprit du groupe et son inspiration. Je n’ai pour l’instant que les deux albums THE (premier album de 2013) et A N D (deuxième album de 2015) ainsi que le EP School Children and the Cosmos (小学生と宇宙) sorti en 2012, tous achetés en même temps et pour un très bon prix au Disk Union de Shimokitazawa. J’ai eu un peu de mal à trouver A N D, car je suis d’abord allé sans succès aux Disk Union de Shinjuku et de Shibuya, pour finalement le trouver à Shimokitazawa. Acheter ces albums m’a fait beaucoup marcher, mais je retrouve le plaisir presque obsessionnel d’aller fouiller les disquaires pour trouver les CDs qui me manquent (comme je le faisais pour Sheena Ringo et Tokyo Jihen).

Ma curiosité me pousse à écouter des interviews d’Ikkyu Nakajima. L’excellente surprise qui m’attend est une interview d’Ikkyu par AiNA The End, suite à leur morceau en commun pour Genie High que je mentionnais ci-dessus. L’émission s’appelle Wow Music et passe sur la radio J-Wave, mais est également retransmise en vidéo sur YouTube et c’est là que je la regarde. Cette émission est très intéressante car l’hôte faisant les interviews est à chaque fois une personnalité du monde musical et décide des invités qu’il ou elle interviewera pendant l’émission. L’hôte change apparemment tous les mois. On se souvient que pour la même émission, Seiji Kameda avait invité et interviewé Sheena Ringo. Cette fois-ci, il s’agit donc de AiNA avec Ikkyu. Dès le début de l’émission, AiNA nous fait part qu’elle est fan de tricot et de Nakajima en particulier. Après avoir évoqué des anecdotes sur leur morceau commun Fubenna Kawaige (on apprend que les deux ne se sont rencontrées pour la première fois que pendant le tournage de la vidéo), Ikkyu nous fait part de ses débuts en répondant aux questions relativement standards de l’émission (le format est plus ou moins défini). On apprend la signification de son surnom Ikkyu. Elle s’appelle en fait Ikumi mais à l’école primaire à cette époque, c’était la monde de remplacer les hiragana par les chiffres équivalents. Son prénom « I-ku-mi » devient donc « 1-9-3 », ce qui se prononce donc Ikkyu-san. Ce surnom est resté jusqu’à maintenant. On sait qu’elle a fait du judo étant jeune (je le mentionne car je le ressens dans le son du groupe) et a réellement commencé la musique au club de musique (軽音楽部) de son lycée. Elle voulait être chanteuse dès son plus jeune âge mais a réellement commencé à chanter dans les groupes qui se sont formés dans ce club de musique. Elle nous dit qu’elle voulait chanter du Sheena Ringo à cette époque, mais les autres membres du club de musique ne l’ont pas laissé faire parce qu’elle ne chantait pas assez bien (ce qu’on aurait bien du mal à croire maintenant). A la place, elle s’est plutôt retrouvée à chanter des reprises de Mettalica, ce qui fait bien rire AiNA et Ikkyu pendant l’interview. Le groupe tricot s’est formé à cette période là car Motifour Kida jouait de la guitare dans le même club de musique et Hiromi Hirohiro jouait de la basse dans un club d’une autre école. Ikkyu a appris la guitare un peu plus tard grâce à son grand frère qui en avait une à la maison. Une des questions typiques des interviews de cette émission est de demander au musicien/ne invité quel morceau a été le plus marquant. Ikkyu cite le morceau 17 de Sheena Ringo comme morceau marquant, à l’époque où elle était lycéenne. Ce morceau est en anglais, langue qu’elle ne comprenait pas, mais les paroles lui ont paru très adulte. Ce morceau est en b-side de Tsumi to Batsu (罪と罰) sorti en 2000. Ça me plaît forcément de voir des liens se dresser entre des artistes que j’aime et ça me motive d’autant plus à explorer la musique de tricot. Cet interview est très intéressante car on comprend que Ikkyu est plutôt une personne instinctive et spontanée, et n’aime, par exemple, pas répéter à outrance les morceaux avant un live. Elle nous explique pendant l’interview que trop répéter ou se préparer la pousse à réfléchir plus que nécessaire aux paroles qu’elle doit chanter et elle finit dans ces cas là par paniquer et se mélanger les pinceaux (oublier des morceaux de paroles ou se tromper de mots). Je trouve qu’on entend bien ce côté instinctif dans les morceaux de A N D, et sur ce point là, Ikkyu Nakajima me paraît être très différente de Sheena Ringo.

En comparaison, le premier album du groupe THE est moins percutant que A N D, plus « apaisé » que A N D mais n’en reste pas moins excellent. L’album THE est souvent cité comme étant l’album préféré des fans, ce que je peux très bien comprendre, et ce dès le premier morceau POOL accompagné de son introduction pool side. En y retrouve toute la technicité math rock du groupe et une manière particulièrement intéressante de chanter d’Ikkyu. Je dirais que l’approche sur THE est plus classique dans le style rock alternatif. Je suis très bon public pour ce genre de sons, car c’est clairement ma zone de comfort stylistiquement parlant, ayant été baigné dans le rock alternatif américain pendant une bonne partie de mon adolescence. Je dis ci-dessus que l’album est plus apaisé que A N D, mais il ne faut pas croire non plus qu’il s’agit d’une ballade de santé, car les guitares sont toujours très présentes. L’énergie déborde de l’album morceau après morceau. Un morceau comme le cinquième art sick me rappelle un peu les compositions de SPOOL, peut-être en raison de la mélancolie qui le traverse et la manière de chanter d’Ikkyu qui me rappelle par moments celle d’Ayumi Kobayashi sur les morceaux de SPOOL. Ce morceau me donne des frissons à chaque écoute quand la voix décolle. Le septième morceau Ochansensūsu (おちゃんせんすぅす) doit être le plus connu de l’album. C’est également celui qui a la construction la plus particulière et originale, et peut-être bien le meilleur morceau de l’album (quoique mon appréciation doit changer à chaque écoute). Je trouve que ce morceau représente bien une certaine liberté qu’on retrouve dans l’ensemble des compositions du groupe. Ikkyu disait également dans une interview qu’elle et le groupe savaient très bien dans quelle style musical elles voulaient évoluer, mais étaient également désireuses d’expérimenter de nouvelles choses. L’album THE fait 48 minutes, exactement comme A N D, et on ne s’ennuie pas une seconde. Pendant mes marches urbaines du week-end, j’écoute à la suite de THE, le EP Children and the Cosmos (小学生と宇宙) sorti juste avant en 2012. Le style est relativement similaire à celui de THE. Son écoute me fait penser qu’il ne faudra pas que je passe à côté des nombreux EPs du groupe, car on peut aussi y découvrir des pépites comme Yumemi-gachina shōjo, maiagaru, sora he (夢見がちな少女、舞い上がる、空へ). Ikkyu y parle rapidement d’une manière rappée et à la limite de l’émotion (ça me rappelle un peu ce que Haru Nemuri fera plus tard sur Haru to Shura). En écoutant ce type de compositions, je me dis qu’il faut absolument que j’écoute toute la discographie du groupe car même les EPs sont excellents. En écoutant cette musique, j’ai même l’impression de retrouver mon enthousiasme musical d’adolescent.

Cette découverte du monde musical rock de tricot ne me fait pas oublier que Tokyo Jihen a récemment sorti un nouveau morceau (le 4 Février 2022) intitulé Futsū toha (ふつうとは) destiné à l’émission de la NHK Minna no Uta (NHKみんなのうた). Il est composé par Ichiyō Izawa et chanté à deux voix par Sheena et Watchi (le surnom d’Izawa), ce qui est très inhabituel. J’avoue avoir été surpris par la voix d’Izawa, pratiquement parlé et assez grave au chant. Ce morceau prend son temps à se faire apprécier, et se révèle un peu plus à chaque écoute une fois passée cette surprise d’entendre chanter Izawa. Le refrain revient cependant vers des terrains plus classiques pour Sheena. Ce morceau est loin d’être le meilleur du groupe et je l’aurais plutôt vu en b-side d’un single. Je dirais qu’il est agréable sans être transcendant. Mais après les guitares intenses de tricot, une petite pause avec ce morceau est bienvenue. La sortie de ce morceau m’a rappelé qu’il fallait que je prenne en photo ma discographie personnelle de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. Il me manque bien quelques CDs (des compilations ou des Box) mais j’ai presque tout en CD/DVD/Blu-ray. Je possède certains CDs et DVDs depuis plus de vingt ans mais j’ai acheté de nombreux autres ces dix dernières années avec une concentration ces trois dernières années. J’ai beaucoup aimé fouiller les Disk Union et autres disquaires de Tokyo pour trouver les disques qui me manquaient. Il y avait à chaque fois une excitation certaine quand je trouvais un disque que je n’avais pas à un bon prix. Je pense notamment au concert Spa & Treatment de Tokyo Jihen trouvé au Disk Union de Shinjuku. Je ne suis pas vraiment satisfait des photos que j’ai pris ci-dessus à l’iPhone, car je me suis rendu compte après-coup que j’ai laissé l’album Kyōiku de Tokyo Jihen posé sur Electric Mole. Je ne montre pas les objets que j’ai reçu du fan club Ringohan ni les quelques livres ou magazines que je possède, car je ne cherche pas particulièrement à faire la collection de ces objets dérivés. Je n’irais pas non plus vers les vinyles, car on n’a pas de platine à la maison, bien que ça me tente à chaque fois que je passe au Tower Records. L’important pour moi est d’avoir tous les morceaux sortis, peu importe le support physique. Tout ces CDs prennent bien sûr beaucoup de place. Certains ont une collection impressionnante et le montre sur Twitter. Je ferais peut-être de même sur Twitter ou Instagram mais il faudrait que je m’applique un peu plus dans l’organisation de mes photos, en mettant par exemple les disques en ordre chronologique.

渋ライト

Enveloppé dans la lumière hivernale dans le quartier de Shibuya, elle est particulièrement basse et forte dès le début de l’après-midi. J’aime beaucoup cette lumière car elle nous fait parfois apprécier les lieux d’une manière différente. Je m’étonne, sur la première photographie par exemple, de la manière dont elle vient complexifier le paysage urbain en brouillant les perspectives et notre perception. Je ne cherche en général pas à éviter les halos de lumière qui viennent se former sur l’objectif. Je cherche plutôt à intégrer directement ce flux de lumière dans le cadre de ma photographie pour voir quel effet cela pourrait bien donner.

J’avais mentionné dans un précédent billet que je reviendrais certainement sur l’album NO MOON du groupe D.A.N. que j’écoute depuis environ deux semaines. J’avais évoqué le dernier morceau de cet album sorti le 27 Octobre 2021, mais je ne me doutais pas que l’ensemble de l’album serait aussi beau. Il y a beaucoup de morceaux très forts comme le premier Anthem, le dernier No Moon, le morceau Aechmea de 8 minutes au milieu et le fantastique troisième morceau The Encounters. J’avais déjà mentionné qu’Utena Kobayashi participait à cet album. Elle joue du steel pan sur les deux premiers morceaux et chante même sur le deuxième Floating in Space. La voix de Daigo Sakuragi (櫻木大悟) nous ferait presque pleurer tellement elle peut être belle par moments, notamment sur ce morceau. Elle a un côté androgyne qui se mélange avec la voix féminine d’Utena qui intervient en deuxième partie de ce morceau. Utena chante toujours d’une manière à faire entrer cette musique dans le mystique. Elle pourrait faire partie intégrante du trio, avec Daigo Sakuragi, Jinya Ichikawa (市川仁也) et Hikaru Kawakami (川上輝). Pour revenir au troisième morceau The Encounters, D.A.N. est y accompagné des voix de Takumi (du duo hip-hop MIRRROR) et de Tamanaramen (玉名ラーメン), mélangeant des moments rappés et d’autres plus vaporeux. La composition musicale du morceau est fabuleuse avec une coupure dans la deuxième partie du morceau pour partir vers des sons électroniques plus sombres qui me rappellent les décrochages qu’on peut entendre chez Burial. Le rythme s’accélère ensuite et on reste accroché lorsque Tamanaramen commence à chanter « What are you afraid of? » et quand Sakuragi vient y ajouter des pointes vocales (« あなたのせいで »). Tout excellent qu’il puisse être, ce morceau ne vient pourtant pas effacer les autres. Il y a trois interludes sonores assez étranges intitulés Antiphase venant assurer une transition vers des choses plus mélancoliques, qui représentent quand même l’atmosphère principale de l’album. Le piano et les sons de guitare pleins d’écho sur Bend par exemple débordent d’une tension émotionnelle qui ne peut pas laisser indifférent. Je le dis parfois pour certains albums, mais il faut être dans de bonnes conditions pour entrer dans l’album. Il n’est pas difficile d’accès mais je le trouve émotionnellement fort par moments, du moins l’atmosphère qui s’en dégage est très prenante. C’est un objet musical qu’il faut appréhender dans son ensemble plutôt que par morceaux séparés. La voix exceptionnelle de Daigo Sakuragi est un des grands attraits de cette musique, mais la composition musicale mélangeant instruments traditionnels (guitare, basse, batterie) et musique électronique est vraiment impeccable avec de nombreuses étrangetés sonores et quelques breaks à mi-morceau que j’aime particulièrement. Le morceau Take Your Time est un de ces morceaux qui se révèlent pleinement après plusieurs écoutes. Des paroles comme « 誰かの頭の中で暮らしてる » (Je vis dans la tête de quelqu’un) dans ce morceau ou « 本当の世界 連れていって » (Amènes moi dans le vrai monde) sur Aechmea m’intriguent et contribuent beaucoup à l’atmosphère mystérieuse, voire mystique par moments, qui entoure cette musique. La seule « déception » est que je n’ai pas été en mesure de créer des images à base de photographies pour ce blog tout en écoutant cette musique, mais c’est une autre histoire.

初詣2◯22


アケオメ
コトヨロ
2〇22

Nous n’avons pas failli à notre habitude de regarder Kōhaku Uta Gassen sur NHK (NHK紅白歌合戦) cette année, sauf que cette fois-ci, j’ai l’impression que nous l’avons regardé plus assidûment que d’habitude. Nous l’avons en fait regardé depuis le début, ce qui arrive rarement, tout en commentant presque chaque intervention. Mari nous fait remarquer qu’on a bien vieilli pour regarder Kōhaku aussi religieusement, mais je pense plutôt que c’est Kōhaku qui a rajeuni. On restera sur cette dernière constatation. La plupart des artistes ou groupes qui se produisaient sur les scènes du Tokyo International Forum ne m’intéressent pas beaucoup musicalement, mais l’important n’est pas là. L’intérêt est plutôt de prendre la température de la scène musicale mainstream japonaise. NHK est certainement loin d’être à la pointe des nouveautés et des dernières tendances mais il y a quand même quelques efforts notés d’années en années, par exemple l’étrange représentation plutôt sombre d’ailleurs de Mafumafu. Il faut noter donc que l’émission était filmée au Tokyo International Forum à Yurakuchō cette année, plutôt qu’au NHK Hall de Shibuya qui est actuellement en rénovation. Certaines représentations étaient quand même filmées là bas. Ce qui était particulièrement intéressant, c’est que le Forum était utilisé dans sa quasi totalité: la grande salle du Hall A contenant un maximum de 5,000 personnes, mais également le long espace oval sous les élégants mâts métalliques blancs que j’ai déjà pris en photo et montré sur ce blog. Ikura de Yoasobi chantait par exemple en descendant les escalators dans cet espace. La scène du Hall A était élégamment décorée par des compositions florales de Makoto Azuma, dont j’ai également déjà parlé plusieurs fois. On a tout de suite reconnu son style. Mon intérêt principal était de voir et d’écouter Tokyo Jihen interpréter le morceau Ryokushu (緑酒) du dernier album, devenu un des morceaux les plus populaires du groupe. Le groupe était habillé en kimono, comme l’année dernière, ce qui n’avait rien d’étonnant. Le final voyait Tokyo Jihen inondé d’une neige de confettis. Il y en avait trop mais ça n’avait rien d’étonnant non plus car Sheena nous avait prévenu dans une émission spéciale diffusée sur NHK le 29 Décembre 2021. L’émission musicale de quarante minutes dédiée à Tokyo Jihen s’intitulait Sōshū (NHK MUSIC presents 東京事変 総集) et voyait le groupe visiter les locaux de la chaîne de télévision en pleine préparation de Kōhaku. Tokyo Jihen avait en fait déjà participé à une émission spéciale sur NHK intitulé Gatten (ガッテン) le 10 Juin 2021 dont j’avais parlé précédemment et pendant laquelle ils avaient interprété Ryokushu sous une pluie de confettis au final. Lorsqu’ils rencontrent le personnel en charge de la mise en scène lors de cette émission du 29 Décembre, on voit Sheena Ringo renouveler cette demande de confettis au final et on lui promet qu’il y en aura beaucoup, à la manière des passages sur scène du chanteur Enka Kitajima Saburō. Ces confettis reprennent l’image des fleurs de cerisiers s’envolant dans les airs qu’on pouvait voir dans la vidéo de Ryokushu. L’OTK savait donc qu’il y aurait une pluie de confettis, mais j’étais loin d’imaginer qu’il y en aurait autant. Sheena et le groupe se sont changés trois fois de tenues pendant l’émission et celle qu’on retient est la dernière, habillée en skateuse avec sac à dos NASA et skateboard à la main. Le skateboard est d’ailleurs un élément récurrent du monde visuel de Sheena Ringo. On le voyait, toujours le même avec un dessin de glace au chocolat et un autocollant ARIGATO, sur la scène de Music Station pour l’interprétation de Gunjō Biyori (群青日和) avec Elopers, dans une scène de la vidéo de Arikitarina Onna (ありきたりな女), ou sur un visuel de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~). Le compte Twitter de Shane les répertorie sur un tweet et cette tenue de skateuse, qui est en fait une version alternative de la tenue de l’époque de l’album Sports, inspire les illustrateurs comme ce dessin ci-dessous. Lors du final sur la photo de droite, on voit Sheena entourée de la chanteuse Enka Sayuri Ichikawa et de Hoshino Gen (Ukigumo est également le guitariste de son groupe).

J’étais assez surpris ensuite de voir Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) sur scène. Elle n’a pas interprété le morceau que j’aime du film Sērā-fuku to kikanjū (セーラー服と機関銃, Sailor suit and machine gun), dont je parle décidément souvent (trop) sur ce blog, car Ukigumo chantait notamment ce morceau sur le concert Hyakkiyakō 2015. L’autre bonne surprise et moment attendu de Kōhaku était de voir sur scène Daiki Tsuneta avec son groupe Millenium Parade accompagnés par Kaho Nakamura au chant pour interpréter le morceau U du film d’animation Belle (竜とそばかすの姫) de Mamoru Hosoda. La représentation sombre avec des musiciens masqués a du inquiéter quelques spectateurs. J’étais aussi particulièrement intéressé de voir BiSH participer pour la première fois à Kōhaku, d’autant plus qu’elles ont annoncé la séparation du groupe à la fin 2022. C’était certainement l’interprétation la moins réussie de Kōhaku et même AiNA avait du mal à chanter juste. En fait, je n’ai jamais entendu une interprétation correcte de leur part dans une émission télévisée. Je pense aussi qu’elles ne devraient pas s’obstiner à chanter le morceau Promise The Star, qui doit certainement avoir une valeur émotionnelle pour le groupe, mais qu’elles t’interprètent jamais très bien. Pour en avoir le cœur, j’avais regardé une émission musicale passant dans la nuit sur NHK montrant un mini-concert de BiSH sans public à Fukuoka et j’avais trouvé leurs interprétations tout à fait correctes. Peut-être s’agissait-il du stress du passage Live dans une émission très regardée. Mais bon, ça fait déjà un petit moment que j’attendais leur passage à Kōhaku et je suis tout de même content que ça se soit produit. Et il y avait l’intervention de Fujii Kaze (藤井風) qui était censé interpréter son morceau Kirari (きらり) seulement à distance, mais qui apparaît soudainement sur scène en pantoufles touffues vertes en se mettant à jouer au piano. Je ne connais pas très bien Fujii Kaze à part ses morceaux connus passant à la radio et je n’ai à priori pas d’attirance particulière pour sa musique. Il est ceci dit considéré comme un des jeunes talents. Je dirais même qu’il y a une certaine insolence dans son talent naturel. Les fans de Sheena Ringo et Tokyo Jihen le plébiscitent d’ailleurs pour une éventuelle collaboration, car il a interprété à plusieurs reprises sur sa chaîne YouTube des morceaux de Sheena Ringo et Tokyo Jihen: Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック) au piano seulement et en version chantée, et Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間). Ses interprétations sont excellentes et je parie qu’il y aura une collaboration cette année. Enfin, l’émission passe très vite et m’a dans l’ensemble plus intéressé que les autres années. La nouvelle année se fait proche et on se prépare déjà à aller au sanctuaire dans la nuit et le froid, avec comme récompense un verre d’amazake (pas de vin chaud comme sur les pistes de ski).

Le lendemain, le 1er Janvier 2022, le rythme de la journée était très lent et on se décide comme d’habitude assez tard à aller au sanctuaire de Hikawa (氷川神社) et de Konnō Hachimangu (金王八幡宮) à Shibuya pour y faire les premières prières de l’année et pour y récupérer le goshuin spécial du premier de l’an. On évite pour le moment la foule à Meiji Jingu. Mon carnet est presque terminé et il faudrait que je le scanne et le montre sur Made in Tokyo. Comme tous les ans à cette même période, l’hésitation m’a gagné de continuer ou non ce blog pour une nouvelle année. L’hésitation me gagne à chaque fois qu’il faut payer l’abonnement annuel du hosting et du nom de domaine, en me demandant si tout ceci est vraiment nécessaire pour moi et pour les autres (les visiteurs occasionnels ou réguliers). Mais j’ai bien l’impression que je suis reparti pour un tour. 終わらせないで me dit une petite voix dans ma tête.

J’attendais également une annonce de Tokyo Jihen dans les premières heures de 2022, mais on a seulement reçu une carte de bonne année, celle ci-dessus avec une version alternative sur le site web du groupe. Le 1er Janvier 2020, Tokyo Jihen avait annoncé sa re-formation, le 1er Janvier 2021 était l’annonce du nouvel album. Je pensais qu’on allait avoir la confirmation d’une tournée, même online, mais ça n’a pas été le cas. On sait que le groupe a envie de tourner, du moins c’est ce que j’ai compris dans l’émission récente Sōshū sur NHK, et je n’ai pas l’impression qu’ils aient envie de s’arrêter tout de suite. La condition sanitaire actuelle étant pleine d’imprévus, ça semble toujours compliqué de s’engager dans une tournée nationale.

Pour me réconforter un peu, je pars en visite au Tower Records de Shinjuku car je sais qu’on y montre les tenues de la vidéo de Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩). Je prends les quelques photos ci-dessus, que je ne montre pas sur Twitter cette fois-ci. J’aime beaucoup ce médaillon de tête de chat que porte Sheena dans cette vidéo. Il ne ressemble pas vraiment à un de ses trois chats qu’elle montre de temps en temps sur Twitter ou sur Ringohan: Tekuno (テクノ), Jung (ユング) ou Moses (モーゼ). On sait que Sheena aime donner des noms de personnalités aux choses, mais j’en suis moins sûr pour les animaux. Je crois reconnaître Moïse et le psychanalyste suisse Carl Jung pour deux des chats, mais je suis moins sûr pour le troisième appelé Techno ou Tekuno (peut-être choisi pour son origine de l’antiquité). Entre les skateboards et les noms de chats, il y a beaucoup de mystères à résoudre. Le cadeau de nouvelle année (さえずり) de Ringohan que j’ai reçu il y a quelques jours n’arrange rien pour ce qui est des mystères. Il s’agissait de cinq cartes de tarot estampillées du logo de Tokyo Jihen avec des inscriptions en allemand. Il me faudra étudier un peu plus en avant la question, mais c’est exactement cela qui est intéressant.