the streets #2

J’écris ces quelques lignes pour des photographies qui seront les dernières montrées pendant l’ère Heisei. Aujourd’hui, 30 Avril 2019 est le dernier jour de l’ère Heisei et nous passerons à l’ère Reiwa à partir du 1er Mai 2019. Les émissions de télévision ne nous montrent que des rétrospectives des trente années de l’ère Heisei et des documentaires sur la famille impériale. L’année 11 de Heisei m’intéresse toujours un peu plus car c’est année d’arrivée dans ce pays. Nous sommes dans une ambiance de fin d’année où on ne fait pas grand chose et il n’y a pas grand chose à faire non plus car il pleut dehors. Mais nous trouverons tout de même assez de courage pour sortir se promener, le dernier jour de Heisei.

春休み#5〜Hamanako

Après notre passage dans la ville de Hamamatsu, nous parcourons les alentours du lac Hamanako. Le lac Hamanako est un lagon d’eau saumâtre, c’est à dire une eau dont la teneur en sel est sensiblement inférieure à celle de l’eau de mer. Le lac Hamanako est le 10ème plus grand lac du Japon avec une superficie de 65km2. C’était autrefois un lac d’eau douce mais le grand tremblement de terre du Nankai en 1498 a modifié sa topologie et a connecté le lac avec l’océan par un canal. Le mélange avec l’eau de mer donne cette eau saumâtre actuelle. C’est un environnement propice à l’élevage des anguilles et il s’agit donc d’une spécialité des environs. Il y a tellement de restaurants d’anguille « unagi » qu’on avait l’embarras du choix. Nous aimons tous beaucoup l’unagi. La préparation japonaise est excellente. Ceci étant dit, ça ne viendrait pas à l’idée d’en manger en France par exemple.

Un des incontournables lieux touristiques du lac est le téléphérique Kanzanji qui permet d’avoir une très belle vue sur l’ensemble du lac. On se rend mieux compte de l’immensité des lieux. Une fois que le soleil commence à se coucher, nous redescendons du téléphérique pour faire un tour du côté du temple Kanzanji. Nous n’y entrerons pas car il est déjà 17h passé. On découvre un endroit charmant au bord du lac, un petit pont arrondi depuis lequel on peut admirer le couché de soleil. Un peu plus tôt dans la journée, nous avions visité les grottes Ryugashi-Do. La longueur des grottes fait 1000m mais 400m seulement sont ouverts au public, ce qui est déjà une bonne promenade. Elles se trouvent sur le Mont Ryugashi, petite montagne haute de 359m. Une partie de ces grottes était connue de la population locale depuis l’ère Taisho (1912-1926). Les enfants y venaient pour essayer d’apercevoir des chauves-souris. La totalité de la grotte fut découverte beaucoup plus tard en 1981. L’intérieur est d’une température douce, à 18 degrés. L’endroit est extrêmement dense en stalactites avec une cascade sortant de l’intérieur des roches à mi-parcours. Le parcours vaut le déplacement même si l’endroit est très touristique. En fait, il n’y avait pas grand monde, ce qui est agréable. Les alentours de la grotte sont assez kitsch avec un faux dragon faisant du bruit quand on l’approche et des vendeurs de babioles qui n’ont rien à voir avec les lieux. J’ai l’impression que l’endroit n’a pas évolué depuis plus de 20 ans. Il suffit de voir la page internet du site de la grotte, sentant bon le Web 1.0 (avec compteur de visiteurs et gifs animés), pour se rendre compte du charme désuet des lieux.

Le lendemain matin, déjà sur le chemin du retour, nous passons vers l’entreprise fabricant les petits gâteaux feuilletés Unagipai. Ce gâteau est extrêmement populaire au Japon et même en Asie. Il doit y avoir certains extraits d’anguilles dans le feuilleté. Ceci étant dit, ça n’a pas goût d’anguille bien heureusement. On peut visiter l’intérieur de la fabrique en pleine action. Le magasin à la fin du parcours est pris d’assaut par les touristes. Nous ferons également le plein d’omiyage.

the streets #1

En marchant dans les méandres de Jingumae, j’essaie de trouver des rues que je n’ai jamais emprunté mais il y en a peu tant j’ai pu marcher dans ce quartier. L’avantage de Tokyo, comme ville changeante, est que revenir dans des lieux connus après plusieurs mois peut révéler des surprises, des changements de décors. Ces changements ne sont pas toujours intéressants pour le photographe quand il s’agit d’un nouvel immeuble tout à fait quelconque planté dans le décor urbain. Mais je découvre très régulièrement des nouveaux bâtiments à l’architecture intéressante dans des lieux pourtant traverser une multitude de fois. Dans cette série de cinq photographies, je n’ai pas trouvé de nouvelles architectures, mais une grande illustration murale montrant des personnages féminins d’inspiration manga que je n’avais pas vu ici auparavant. Qu’ils soient d’inspiration manga ou pas, j’aime beaucoup ces immenses illustrations urbaines, quand elles sont bien exécutées. Celle de la première photographie semble avoir été encadrée dans son exécution pour servir d’illustration pour une façade d’un café. Mais en fait, en faisant quelques recherches, on dirait que ce n’est pas tout à fait le cas. Ces deux dessins d’inspiration manga sont l’oeuvre du graffeur australien @lushsux qui est spécialisé dans la représentation de « meme », ces petits extraits vidéos à priori humoristiques utilisés à l’excès dans les commentaires des réseaux sociaux pour exprimer une réaction. À vrai dire, je suis complètement hermétique à cette culture là, notamment relayée par les chaînes YouTube mais j’avais quand même fait le curieux en regardant au hasard quelques épisodes YouTube de PewDiePie et de Logan Paul (au moment où il était venu au Japon). Je me souviens avoir été interloqué par la manière dont ces chaînes vidéos peuvent broder sur du vide. Ces chaînes perpétuent une forme d’abrutissement que l’on reprochait autrefois à la télévision. Comme ces chaînes YouTube fonctionnent extrêmement bien, je me dis que la population doit avoir besoin de cette forme d’abrutissement (moi-même j’en ai besoin de temps en temps). Je me souviens de PewDiePie commentant certains de ces « meme », souvent ceux créés par ses propres spectateurs, modifiés et re-modifiés jusqu’au point où on ne connaît plus leurs origines. Le « meme » atteint un niveau intellectuel que j’ai beaucoup de mal à apprécier. Je ne nie pas cependant une certaine forme artistique, et je comprends que des artistes de la culture de rue s’en empare. Sur son compte Instagram, on voit que le graffeur @lushsux reprend en illustrations de rues ces figures de la culture YouTube, en mélangeant parfois volontairement les références. Sur l’illustration vue à Jingumae en photographie ci-dessus, un des dessins semble mélanger une image innocente d’un personnage du projet multimédia Love Live! – School Idol Project, dont est issu un « meme » appelé « Niko Niko Nii« , avec l’imagerie, notamment les tatouages sur le visage et les cheveux arc-en-ciel, du rappeur américain peu recommendable 6ix9ine. Cette association est volontairement contradictoire, et même un peu malsaine en y réfléchissant un peu. La contradiction se retrouve également sur l’image à côté représentant le personnage virtuel Hatsune Miku portant une inscription « Ban Anime ». Le graffeur @lushsux était apparemment invité par le magasin de skateboard et d’accessoires FTC situé juste à côté pour la sortie d’une série de vêtements utilisant les motifs du graffeur. Cette série s’appelait @LUSHSUX CAPSULE COLLECTION et était disponible à la vente à partir du 25 Août 2018. L’illustration sur le mur blanc a dû être dessinée le soir de la fête de lancement de cette ligne de vêtements au FTC Shibuya. Le dessin n’était peut être pas autorisé à l’avance car la police a fait une descente après la création de l’illustration, selon le compte Twitter de l’auteur. Ceci étant dit, elle date de presque une année et elle est toujours là à l’identique.

Le dessin de rue se trouve juste en face de l’école de bijouterie Hiko Mizuno College of Jewelry par l’architecte Mitsuru Kiryu. Ce n’est pas la première fois que je prends cet immeuble d’inspiration brutaliste en photographie. Je ne résiste jamais à l’envie de le prendre en photo même si c’est pour répéter à l’identique une photographie déjà prise dans le passé. La structure en colonnes de béton et la cage d’acier coiffant l’édifice, rendent ce bâtiment vraiment unique et rempli de mystères. Il semble sorti d’un film de science-fiction. J’aime quand l’architecture devient œuvre d’art. Je continue du côté de la rue Cat Street pas encore envahie par la foule car nous sommes assez tôt le matin. Au hasard des rues perpendiculaires, je trouve cet étrange sticker d’un chien loup bleu à la langue verte. Les autocollants tout autour n’ont rien à voir avec cette image car « Fancy Breakfast Club » est un restaurant malaisien de Kuala Lumpur désormais fermé et « Movement Drums & Co » est une compagnie de Los Angeles spécialisé dans les éléments de batterie. Comme quoi les décorations de rues sont d’origine très cosmopolite. J’aime bien faire des recherches sur Internet à partir de sticker vus dans la rue, car on trouve parfois des choses très intéressantes comme le sticker « the Beautiful Noise » il y a quelques années. Je voulais ensuite retrouver la petite galerie d’art faite de blocs de béton The Mass, mais elle était encore fermés, les stores baissés, sans aucune activité. La dernière photographie de l’article est prise dans un autre lieu il y a plusieurs semaines à la nuit tombante. Il s’agit d’une maison individuelle moderne dont les façades sont faites de métal gris clair sur lesquelles est venu s’adosser un grand arbre. Cet arbre envahit petit à petit les surfaces de la maison et je pense que les propriétaires laissent volontairement cette invasion se dérouler petit à petit. C’est certainement très subjectif mais le flou ajoute de la force et du mystère à cette invasion végétale. J’aime quand les lieux sont envahis de mystères et j’espère retranscrire cela un petit peu sur ces photographies.

春休み#4〜Le château de Hamamatsu

Nous arrivons à notre hôtel sur le grand lac Hamanako en pleine nuit. On ne le constatera que plus tard, mais la forme de ce lac est assez compliquée, composée de quelques îlots reliés par des morceaux de terre dont on ne sait s’il s’agit de morceaux rapportés ou de ponts. L’hôtel est placé sur un des îlots à proximité d’un grand parcours de golf. La journée était bien remplie après le voyage en voiture et les visites de Gotemba et de Fujinomiya un peu plus tôt. Je m’écrase assez vite comme une torpille sur le tatami, légèrement amorti par le futon. Et me réveille le lendemain matin à 6h, comme tous les jours de l’année sans exception. Mon horloge interne est extrêmement précise et inaltérable (presque).

Nous passerons la journée à Hamamatsu, notamment pour visiter le château. Il ne s’agit pas d’une construction très ancienne car il a été reconstruit en 1958, comme beaucoup de châteaux de ce type au Japon. La construction originale datait de 1532 et se nommait Château de Hikuma sous la régence du clan Imagawa. Le territoire de Hamamatsu passe sous la main de Ieyasu Tokugawa 徳川家康 (1543 – 1616) après la chute du clan Imagawa en 1568. Ieyasu Tokugawa, plus tard shogun de la période Edo, y passera 17 années à partir de l’an 1570. Le château sera grandement étendu à cette période, mais détruit beaucoup plus tard pendant la restauration Meiji de la deuxième partie du 19ème siècle. Le terrain sera transformé en parc et un nouveau donjon de trois étages fait de béton sera construit en 1958 au dessus du mur d’origine en pierre mis en place par Tokugawa. Ce mur de pierres est intéressant car il semble fragile d’apparence mais a pourtant traversé les années. Comme souvent à l’intérieur des châteaux japonais, on y trouve un musée avec divers objets historiques ou plus touristiques. C’est souvent un mélange hétéroclite d’objets montrés au visiteurs. On est intéressé par une grande carte du Japon avec des photos et emplacements des principaux châteaux du Japon. On y vend même un petit livret avec une liste des principaux châteaux japonais. On énumère ceux que l’on a déjà visité et se disant qu’on devrait essayé de tous les visiter un jour.

Je me souviens du château de Matsumoto que j’avais visité il y a 19 ans le 12 février 2000. Les deux photographies ci-dessus sont prises avec un petit appareil APS dont j’ai perdu la trace, mais qui m’accompagnait pendant mes premières années au Japon. C’est un château élégant entouré de douves et contrairement au château de Hamamatsu, le château de Matsumoto est historique, c’est à dire qu’il a conservé sa structure depuis sa construction en 1594. Nous l’avions vu sous la neige. C’était une étape de notre voyage vers Takayama et le village de Shirakawa-go classé au patrimoine mondial de Unesco. Le château de Matsumoto est surnommé « le Corbeau » en raison de sa couleur noire. Il est de toute beauté et j’aimerais le revoir un jour.

Pour revenir vers Hamamatsu, après la visite du château, nous sommes ensuite repartis aux alentours du lac Hamanako à la recherche d’un sanctuaire perdu s’appellant Hachisaki. Avant de partir, Mari avait lu que ce petit sanctuaire au bord d’une forêt est désigné comme un « power spot », c’est à dire que l’endroit dégage une force particulière. C’est bien entendu difficile à confirmer une fois sur place, mais je suis personnellement très curieux de découvrir ce genre de lieux car on y découvre parfois des choses particulières. La valeur de ce sanctuaire est historique car il s’agit de l’endroit où avait été déposé le seul document portant la signature de Ii Naotora 井伊 直虎 (date de naissance inconnue – 1582).

Ii Naotora est la fille unique du chef de clan Ii Naomori, vassal du clan Imagawa, pendant la période de Sengoku. A la mort de son père, elle devient daimyō, seigneur de domaine, et seigneur de guerre combattant aux côtés du clan Tokugawa. C’est une situation particulièrement rare pour une femme à cette époque. Le document portant la signature stylisée de Ii Naotora (en image ci-dessus à droite) est désormais conservé au musée de la ville de Hamamatsu. A cette époque, ce type de signature stylisée, appelée Kaō, n’était utilisée que par les hommes d’un certain statut. Ce document a une importance historique particulière, d’autant plus que l’histoire a été portée à l’écran dans un drama de la NHK intitulé Onna Jōshu Naotora (おんな城主 直虎), que l’on peut traduire par « Naotora, la femme seigneur de guerre ». Comme beaucoup de séries télévisées historiques de la NHK, ce drama mené par l’actrice Kō Shibasaki dans le rôle de Ii Naotora était très populaire. Je ne l’ai pas regardé à l’époque mais je le souviens très bien de l’affiche ci-dessus d’où se dégage une grande force, je trouve. Cette affiche m’avait d’une certaine manière marqué. Quand au sanctuaire de Hachisaki, il ne paît pas de mine et il est même assez abîmé par les années. Derrière le sanctuaire, un cerisier en fleur domine la colline. Nous étions au mois de mars et la pleine floraison n’avait pas encore commencé. Devant le sanctuaire, le terrain couvert de mousses et de racines effleurant à la surface semblent être à l’identique depuis la nuit des temps. Je ne sais pourquoi mais regarder le sol devant ce sanctuaire m’amène des centaines d’années en arrière. Si je levais les yeux à ce moment précis, j’apercevrais peut être la femme daimyō le temps d’un instant d’égarement. Je garderais cependant mon regard vers ces racines aux formes compliquées encore quelques instants.

스크린 샷 사진

Je tente une nouvelle approche photographique en mélangeant des photographies prises récemment. Je les place directement sur le plan de travail, comme un patchwork. Il y a des images prises dans les rues de Aoyama et des photographies d’une exposition à la galerie Spiral que je visite d’ailleurs très souvent. L’exposition du moment, Oketa Collection: Love @ First Sight, présente quelques œuvres majeures d’artistes japonais comme Takashi Murakami, Hajime Sorayama, Tomoo Gokita et bien sûr Kusama Yayoi dont on peut admirer, dès l’entrée de l’exposition, une des ses emblématiques citrouilles à poids. Pour compléter les photographies de l’exposition, j’ajoute en toile de fond d’autres images prises la même journée dans les rues tout autour du Spiral. J’aime bien cet arrangement mélangeant les images, comme sur un bloc-note. J’ai toujours eu cette envie de concevoir les billets de ce blog sur un carnet papier et de scanner ensuite les pages pour les montrer ici comme un carnet de voyage un peu brouillon et bien rempli. Cela ne donnerait peut être pas un résultat très lisible ou agréable à voir au final, mais l’idée de recréer cela digitalement me traverse parfois l’esprit.

J’ai perdu l’habitude de partir à la recherche de nouvelles musiques sur iTunes et je ne souscris à aucun service de streaming musical qui pourrait pourtant me faire découvrir de nouvelles choses à travers les nombreuses playlists. En fait, je n’utilise aucun service de Streaming comme Apple Music ou Spotify, car je ne supporte pas l’idée d’être déposséder de toute la musique que j’écoute ou écoutais une fois l’arrêt éventuelle de ma souscription. Je ne ressens pas cette même contrainte forte avec les films et le cinéma en général. Je souscris actuellement à Netflix mais je n’aurais aucun problème à annuler la souscription et ainsi perdre accès à tout ce que j’ai pu y voir. En quelque sorte, la musique a pour moi une valeur plus forte que le cinéma. Cela a certainement à voir avec la force d’évocation que la musique procure, comme un stimulant pour l’esprit dont je ne voudrais me séparer pour rien au monde. Un peu comme mon appareil photo, je ne me déplace jamais sans mon iPod dans le sac, même si je sais que je n’aurais pas d’occasion d’écouter de la musique. Si j’exagérais juste un peu le trait, je dirais que c’est pratiquement vital. Le problème que j’ai maintenant est que mon iPod est presque plein avec plus de 62 Giga de musique et que je ne veux et peux rien effacer. Il faudrait que je le remplace bientôt par un iPod 128 Giga.

Quand je marche seul dans les rues de Tokyo, je me rends compte que je loupe peut être quelque chose en écoutant systématiquement de la musique aux écouteurs. C’est mon seul moyen d’écoute musicale, à part écouter de la musique en famille en voiture. En écoutant la musique aux écouteurs en marchant dans les rues tokyoïtes, je dois certainement perdre une partie des sensations de la ville en effaçant tous les bruits extérieurs. Je me suis fais cette réflexion personnelle le week-end dernier alors que je faisais un long jogging dans les rues près du cimetière d’Aoyama. Je devrais peut être courir en écoutant les bruits de la rue, les brins de voix s’échappant d’une conversation mais aussi le brouhaha de la circulation automobile. J’ai fait la moitié du parcours oreilles nues. Mais j’avais aussi envie d’écouter un morceau particulier de Tortoise intitulé I set my face to the hillside sur l’album TNT, car je voulais l’associer dans mon esprit aux lieux que je parcourais à ce moment là, le soir du dimanche alors que les lumières commençaient à s’amenuiser sur le décor urbain. Je ne sais pas pourquoi ce morceau sonne pour moi comme une fin de week-end, lorsqu’il fait doux, que les gens sont dehors, arrosent les plantes ou promènent le chien et que le soleil se couche doucement, sans précipitation. On n’a pas envie que le dimanche se termine alors on le fait s’éterniser. Il y a un parc pas très loin du cimetière de Aoyama. On ne sait pas si c’est un vrai parc ou un terrain vague où l’herbe a poussé, car il n’est pas organisé comme un parc, un peu laissé à lui même sans bornes bien délimitées. Il se mélange assez vite avec les maisons alentours. Lorsque je passe à cet endroit, l’envie de réécouter ce morceau de Tortoise me revient toujours. Je chéris ce moment car je suis sûr que je m’en souviendrais encore dans plusieurs dizaines d’années.

Je parlais d’iTunes car, une fois n’est pas coutume ces derniers temps, j’y découvre une nouvelle artiste électronique que je ne connaissais pas du tout. Il s’agit de Syndasizung (신다사이정) avec le EP de 7 titres intitulé Instant of Kalpa. Je ne sais que peu de choses sur cette artiste, si elle est compositrice et interprète ou bien assistée d’un groupe. L’instagram de Syndasizung semble indiquer qu’elle est seule aux commandes. Les paroles posées sur cette musique électronique sont chantées en coréen. La musique est extrêmement bien ficelée avec de nombreuses montées en rythme et des sonorités un peu plus lentes à certains moments. La voix est légèrement auto-tunée à la limite de la saturation (comme peut l’être l’image de couverture du EP d’ailleurs), mais c’est bien géré et pas trop forcé. Les sons de néons ne sont pas forcément très neufs, mais il y a une grande évidence dans cette musique. Un des morceaux me rappelle par moment l’électronique du japonais Kaito. Il faut cependant quelques écoutes pour bien apprécier le trésor qui s’y cache. Des morceaux comme Blue eye, Human error ou le morceau titre du EP se révèlent assez vite mais chacune des écoutes successives les rend plus évident et accrocheurs.