the edge between days were dyed blood orange

Dans les rues de Dogenzaka à Shibuya, j’ai été surpris de voir cette affiche pour un show dédié à Jean-Paul Gauthier intitulé Fashion Freak Show, se déroulant au Tokyu Theater Orb au 11ème étage du building Hikarie en face de la station de Shibuya. En fait, plus que cette affiche seule ou le show en lui-même, c’est la manière dont cette image vient s’insérer dans l’organisation minutieuse des petits pots de végétaux de cette devanture de maison qui m’intéresse. La deuxième photo nous fait longer le grand magasin Tokyu situé près de Bunkamura. Il a fermé ses portes récemment pour une raison qui m’est inconnue. Peut-être était-il situé trop loin de la station de Shibuya. On passe ensuite dans le quartier d’Udagawachō pour vérifier si les fresques murales du magasin de disques de hip-hop ont changé. Réponse positive car il s’agit bien d’un nouveau grand graph mais l’auteur doit être un habitué de ce mur car il me semble reconnaître ce petit personnage masqué caché dans une poubelle sur la droite. La quatrième photographie a été prise à Ura-Harajuku. Il s’agit également d’un lieu que je parcours régulièrement car on y change souvent les affiches qui se répètent à l’arrière d’un large building. Mais c’est la vieille Datsun, un modèle Bluebird 510 peut-être, qui m’intéressait le plus pour cette photographie. Le jeune propriétaire avec certainement un de ses amis étaient debout à proximité. Je me suis donc fait discret pour prendre cette photo. Je l’aurais sinon un peu mieux cadrée. Ma promenade en vélo m’amène ensuite sur la route 20, anciennement Kōshū Kaidō (甲州街道), à la recherche des toilettes publiques conçues par l’architecte Sou Fujimoto (藤本壮介). Le bloc blanc tout en rondeurs de ces toilettes se trouve à Nishisando dans le quartier de Yoyogi à proximité de l’hôtel Park Hyatt de Shinjuku. Je me demande combien de temps ces toilettes publiques vont conserver cette blancheur. L’emplacement des robinets pour se laver les mains sur le plan extérieur et sans éviers est intéressant, tout comme l’implantation d’un arbuste sur ce même plan. J’en profite d’être à vélo pour filer un peu plus loin en direction d’Hatagaya. Je m’enfonce dans les zones résidentielles en slalomant entre les blocs de maisons et en essayant de le perdre volontairement. Un petit sanctuaire calme et un parc, celui de Minamidai Ichō (南台いちょう公園), attirent mon attention au passage. Mais je ne fais que passer, à la recherche d’éventuelles architectures remarquables, que je ne trouverais finalement pas. Je ne viens pas souvent dans ces quartiers derrière les tours de Nishi-Shinjuku et entre la longue route 20 et les quartiers plus loin de Nakano. L’immensité de cette ville me rappelle toujours que je n’en ai parcouru qu’une petite partie en vingt années. Et comme cette ville s’étend sans cesse, il devient même impossible de l’explorer dans son entièreté.

La chaîne YouTube Angura dédiée à la présentation en vidéo de groupes rock indépendants japonais me fait faire une fois de plus une très belle découverte. Hammer Shark Head (ハンマーヘッドシャーク) est un groupe formé en 2018 et originaire de la ville d’Inage (稲毛) dans préfecture de Chiba (千葉). Il se compose actuellement de quatre membres: Hiyu Nagai (ながいひゆ) à la guitare et au chant, Haruhiko Fukuma (福間晴彦) à la batterie, Eita Fujimoto (藤本栄太) en deuxième guitare et Asahi Goto (後藤旭) à la basse. Nagai et Fukuma se connaissaient déjà depuis le lycée mais le groupe s’est formé plus tard à l’Université. Hammer Shark Head se dit être influencé par le groupe Kinoko Teikoku (きのこ帝国) et le rock alternatif des années 2000, ce qui est de bonne augure. J’ai découvert récemment leur EP Slow Scape sorti en 2020 et leur single Blurred Summer sorti l’année dernière, en 2022. Ce son rock alternatif riche en guitares et la voix d’Hiyu Nagai pleine de force et d’émotion me plaisent vraiment beaucoup. Sur des morceaux plus mélancoliques comme Blurred Summer ou Landscape, je ressens une certaine proximité avec le son du groupe Hitsuji Bungaku (羊文学) que j’aime aussi beaucoup. Je suis vraiment surpris par la voix d’Hiyu et par la capacité du groupe a créer des compositions immédiatement accrocheuses. Le refrain du premier morceau Echo du EP Slow Scape nous donne tout de suite envie de le chanter. « Kill me, Kill me, Love you Baby, Kill me, Kill me, Love you Baby, Save me, Save me» s’écrit elle sur ce morceau. Dans l’interview présent sur la vidéo de l’épisode d’Angura, Fukuma nous dit qu’il ressent la musique que joue le groupe comme une descente dans des eaux profondes. On ressent cette impression dans le superbe morceau Landscape (声). La voix d’Hiyu tout en complainte saisit tout l’espace et la quasi totalité du spectre musical pendant quelques instants, relayée ensuite par le flot des guitares empreint d’une brillance certaine, comme la surface de l’océan vu de l’intérieur reflétant la lumière. Hiyu nous dit aussi qu’elle souhaite créer un espace où l’auditeur peut s’échapper et se sentir bien, loin de tout. En dégustant par exemple une glace au beau milieu de la nuit, achetée au seul konbini resté allumé dans cette nuit noir, avant de reprendre la route à moto. C’est à peu près un extrait des paroles du morceau Headlight (点滅ヘッドライト) qui est celui que je préfère pour l’instant. J’ai assez hâte de voir ce jeune groupe évoluer.

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