après les jeux (3)

Je poursuis ma marche dans les quartiers d’Ariake gagnés sur la mer en direction des installations olympiques utilisées pendant les Jeux cet été. Il ne reste plus grand chose de la piste à bosses utilisée pour les compétitions de BMX. Il en reste tout de même une, de bosse, recouverte d’un revêtement vert avec le logo de la compétition. On aperçoit cette bosse depuis la rue car elle dépasse des palissades temporaires posées le temps de la démolition. En montant sur la plateforme surélevée de la ligne de train Yurikamome, on peut voir cette ancienne piste de plus près. Pendant les compétitions fermées au public, ce point de vue était prisé mais vite condamné pour éviter les concentrations de personnes pendant le pic de cas Covid durant cette période estivale. De l’autre côté, on aperçoit le centre gymnastique The Ariake Gymnastics Centre conçu par Nikken Sekkei et construit par Shimizu Corporation. Ce bâtiment partiellement composé de bois a une apparence très fine et élégante. Il aura une deuxième vie après les Jeux Olympiques, car les gradins seront enlevés et le bâtiment deviendra un hall d’exhibition. Cette forme courbée aux charpentes de bois est réminiscente des anciens navires naviguant dans la baie de Tokyo. J’avais dans l’espoir de m’en approcher, mais il est malheureusement toujours interdit au public. D’autres palissades blanches nous empêchent d’approcher la base de ce centre sportif. C’est bien dommage, mais on peut tout de même apprécier ses lignes depuis l’extérieur. Un autre centre sportif, conçu cette fois-ci par Kume Sekkei, se trouve à proximité. Il s’agit de l’Ariake Arena. Cette grande salle de couleur blanchâtre à la toiture courbée était utilisée pour les compétitions de volley-ball et de wheelchair basketball. Elle est également fermée au public et son ouverture semble prévue pour l’été 2022. L’objective de ma marche d’approcher ces centres olympiques n’est donc que partiellement rempli. Mais je continue ensuite à marcher sans faiblir. Toyosu est désormais proche, il suffit de traverser un autre canal.

in the blazing sun I saw you

Quand la fin de l’année approche, j’ai tendance à mélanger les photographies que je n’ai pas encore publiées sans forcément les réunir par thème. A ce moment de l’année, mon inspiration pour écrire diminue aussi. Il faut dire que le billet précédent m’a en quelque sorte vidé de toute envie d’écrire pour quelques jours au moins. Le mois de décembre est en général moins actif niveau écriture, mais je me rends compte que l’année dernière avait quand même été assez chargée pour ce qui est du nombre de billets publiés et de la longueur des textes sur chaque billet. Il faut que je fasse quelques efforts pour terminer l’année.

Sur ce billet, les premières photographies montrent le village Shonan Kokusai Mura sur les hauteurs de Hayama, dans la préfecture de Kanagawa. Il s’agit d’un village assez récent, sans histoire ni histoires, assez isolé en haut d’une colline. Certains bâtiments ont des formes assez futuristes, comme celui tout en courbe de la première photographie. Il y a aussi des maisons individuelles regroupées dans un quartier résidentiel dont le silence nous fait croire que personne n’y vit. On croise bien des personnes dans ce village mais leur nombre vis à vis de l’étendue des lieux donne un sentiment de vide qui m’a un peu dérangé. Je n’avais pas eu cette impression la dernière fois que nous y étions allés, peut être parce que c’était en plein été, au mois de juillet. Notre dernière visite au Shonan Kokusai Mura date d’il y a 15 ans. Lorsque l’on descend de la colline, on arrive au bord de l’océan et on redécouvre la plage de Zushi. Nous allons souvent à Hayama, mais très peu à Zushi. J’aime beaucoup Hayama, je pourrais, je pense, y vivre (et j’ai d’ailleurs rencontré récemment un français qui y vivait).

La photographie suivante nous ramène vers Tokyo, à Ariake. J’ai pris cette photo après avoir fait le tour du salon de l’automobile. Sur la large allée entre Tokyo Big Sight et la gare la plus proche, avait lieu un spectacle de danse en costumes. A l’arrière, on faisait flotter de grands drapeaux tout en longueur et sur le devant une rangée de photographes saisissait tous les mouvements de la chorégraphie. Plusieurs groupes de danseuses et danseurs se produisaient les uns après les autres, toujours en synchronisation parfaite. Il s’agissait peut être d’un concours.

Les deux photographies qui suivent ont été prises à Shinagawa et Nishi-Magome. A Shinagawa, je suis toujours tenté de prendre en photo l’espace ouvert derrière la gare, notamment la barrière d’immeubles coiffées d’affiches publicitaires. A Nishi-Magome où je vais pour la première fois, je suis attiré par les blocs blancs d’un petit immeuble au bord des voies de Shinkansen. Je ne me suis pas approché pour vérifier si cet immeuble était intéressant d’un point de vue architectural. Il était au moins intéressant visuellement dans son environnement. La dernière photographie de cette série hétéroclite nous ramène dans la préfecture de Kanagawa. Ce petit chat obèse se trouve dans les jardins intérieurs du restaurant japonais Kokonotsuido. C’est un excellent restaurant dont les salles sont posées comme des petits cabanons sur le flanc d’une colline boisée. Un chemin nous fait naviguer sur cette colline et il est bordé de ce genre de petites statues.

Je n’ai pas écouté la musique de l’artiste britannique FKA Twigs (de son vrai nom Tahliah Debrett Barnett) depuis le morceau Water Me de son EP intitulé sobrement EP2, sorti en 2013. L’image digitale qui illustre son deuxième album Magdalene, sorti le 8 novembre 2019, est très étrange et m’a intrigué. Je me souviens avoir écouté l’introduction de chaque morceau sur iTunes le soir de sa sortie, avant de me coucher. J’avais tout de suite été impressionné par la force émotionnelle, dans sa voix notamment, de chacun des morceaux. Je me souviens également avoir été vérifier quelle était l’évaluation donnée par Pitchfork. Je ne suis pas toujours d’accord avec leurs avis, mais la note donnée à l’album m’a décidé à l’acheter dès le lendemain. Pourtant, je n’en ai pas parlé jusqu’à maintenant, car un peu comme l’album Anima de Thom Yorke, il faut être dans de bonnes conditions pour l’écouter, et ces bonnes conditions n’étaient pas toujours réunies ces derniers temps. Il s’avère que l’album est superbe et très prenant, même viscéral, en ce dès le premier morceau. Le sommet se situe au morceau Fallen Alien, qui a une force impressionnante. Du coup, je trouve les trois derniers morceaux qui le suivent un peu moins intéressant. Comme pour Anima, je pense que je reviendrais régulièrement vers cet album.

J’écoute aussi les quelques morceaux de Grimes qu’elle diffuse petit à petit avant la sortie complète de son album Miss Anthropocene en février 2020. Après le morceau Violence que j’aimais beaucoup et dont j’ai parlé sur un billet précédent, Grimes sort à la suite deux très beaux morceaux intitulés So heavy I fell through the earth et My name is dark. J’aime beaucoup l’ambiance sombre et éthérée des morceaux sortis jusqu’à maintenant. J’espère vraiment que le reste de l’album gardera cette unité de style et ne partira pas dans des envolées pop. L’ambiance est d’ailleurs assez différente de son album précédent Art Angels. Bien que j’avais beaucoup aimé Art Angels à l’époque, je préfère la direction qu’elle prend pour son nouvel album. En fait, l’approche artistique autodidacte de Claire Boucher (alias Grimes) est intéressante et même inspirante. Sans être forcément d’accord avec ce qu’elle dit, j’aime toujours lire ses interviews, assez excentriques et décalées parfois, comme cette interview récente de Grimes par Lana Del Rey et un podcast scientifique Sean Carroll’s Mindscape axé Intelligence Artificielle qui a généré quelques discussions et polémiques sur Twitter, comme rapporté ensuite sur Pitchfork. C’est d’ailleurs assez effrayant de voir comment certaines personnes réagissent au quart de tour sur Twitter sans sembler réfléchir aux mots employés. Il faut avoir la peau dure pour survivre aux salves de Twitter, et je comprends cette idée de Grimes de vouloir dissocier sa personnalité privée de celle publique d’artiste en utilisant un personnage avatar qui serait doté d’une intelligence artificielle (c’est le personnage que l’on voit sur les couvertures des morceaux, en images ci-dessus). L’avis scientifique du podcast ci-dessus est intéressant sur le sujet AI et corrige d’ailleurs les pensées parfois un peu trop fantaisistes de Grimes. Personnellement, j’ai été nourri par le manga Ghost in the Shell de Masamune Shirow quand j’étais plus jeune, donc ce type d’anticipation scientifique m’intéresse. Ces nouveaux morceaux de Grimes se combinent bien avec la musique de Yeule que j’écoute régulièrement depuis que j’ai découvert son album Serotonin II. Je ne peux m’empêcher de voir une influence de l’une (Grimes) sur l’autre (Yeule), pour l’ambiance sombre de leur musique et cette même idée de dissociation entre personne privée et personnalité artistique dotée d’une appellation spécifique. Yeule (de son vrai nom Nat Ćmiel) parle d’ailleurs souvent des multiples personnalités qui la caractérisent (des persona), dont celle digitale différente de sa personnalité privée. C’est un thème qui se rapproche de ce qu’évoque Grimes.

Dans un style très différent, j’écoute également deux morceaux de l’artiste japano-britannique Rina Sawayama, notamment le morceau ultra-pop (pour moi) Cherry, qui est extrêmement addictif dès la première écoute. J’aime beaucoup la densité du morceau et il y a une certaine fluidité dans sa construction qui est implacable. Je connaissais en fait cet artiste depuis un petit moment mais je m’étais toujours dit qu’il ne devait pas s’agir d’un style musical que j’apprécierais. Mais je m’autorise parfois des diversions musicales, comme par exemple, les albums Everything is Love de The Carters (Jay Z et Beyonce), Thank U, Next d’Ariana Grande ou ANTI de Rihanna. Ce sont des albums que j’ai beaucoup écouté quand ils sont sortis, sans forcément en parler ici. Ces petits détours font du bien de temps en temps. Rina Sawayama n’a pas tout à fait la voix de Rihanna, d’Ariana Grande ou de Beyonce, mais cela reste je trouve un de ses atouts. Le registre du morceau STFU! (qui veut très aimablement dire « Shut the fuck up! »), que j’ai découvert avant Cherry, est très différent, mélangeant les moments pop avec l’agressivité rock des guitares. La vidéo du morceau vaut le détour, surtout pour son introduction et sa conclusion montrant Rina lors d’un dîner avec un homme de type hipster occidental blanc se montrant assez peu respectueux d’elle et de sa culture, jusqu’à ce qu’elle finisse par péter les plombs (et c’est à ce moment que toute l’agressivité des guitares se déclenche). La situation est exagérée et même caricaturale, mais j’imagine assez bien ce genre de personnages prétendant savoir tout sur tout et coupant la parole des autres à longueur de conversation pour imposer leurs propres discours. J’ai déjà rencontré ce genre de personnages, il y a longtemps, qui après seulement quelques mois de vie à Tokyo, avait déjà tout compris sur ce pays et sa culture, et pouvait déjà donner des lessons complètes sur ce que sont les japonais.

Pour rester chez les britanniques mais dans un autre style encore, j’écoute un nouveau morceau de Burial (de son vrai nom William Bevan), intitulé Old tape sur la compilation HyperSwim des deux labels Hyperdub et Adult Swim à l’occasion des 15 ans de ce dernier. Un peu comme pour Grimes, je me précipite tout de suite pour écouter les nouveaux morceaux de Burial, car ils arrivent de manière très parsemée. Burial n’a pas sorti de nouvel album depuis son deuxième, Untrue sorti en 2007. Untrue, album culte, et notamment son deuxième morceau Archangel, ont posés les bases musicales de Burial, un style immédiatement reconnaissable qu’il continue à développer sur ses nouveaux morceaux. Burial a sorti de nombreux excellent EPs, dont j’ai régulièrement parlé ici, et il vient de les regrouper sur une compilation appelée Tunes 2011 to 2019. Je ne vais pas l’acheter car je m’étais déjà procuré tous les EPs en CDs ou en digital au moment de leur sortie ou un peu après. Je me suis quand même créé une playlist sur iTunes pour répliquer l’agencement des morceaux de la compilation. Je ne l’ai pas encore écouté car elle dure en tout 2h et 30 mins, mais j’imagine que ce nouvel agencement doit apporter une nouvelle vie à ces morceaux. Le morceau Old Tape de la compilation HyperSwim poursuit également le style Burial. On retrouve les collages de voix R&B sur des sons qui crépitent de synthétiseurs analogiques. Par rapport aux derniers EPs de Burial, ce morceau s’éloigne de l’ambient pour revenir vers une musique plus rythmée. Depuis Untrue, je trouve que Burial perfectionne son style tout en conservant le même univers sombre et pluvieux comme l’Angleterre industrielle.

K-Museum par Makoto Sei Watanabe

Je profite de mon passage à Ariake pour aller revoir le K-Museum conçu par l’architecte Makato Sei Watanabe, à qui on doit le futuriste Aoyama Technical College. Le K-Museum est tout aussi futuriste mais possède un design post-moderne beaucoup plus rectiligne, composé de formes simples collées les unes aux autres pour former un ensemble complexe. Seule une bulle dorée posée sur une partie du toit vient contraster avec les ensembles monolithiques du building. Ce bâtiment de taille relativement réduite ressemble à une sculpture. Il est posé sur un socle en son centre et ses parties avant et arrière s’élèvent dans le vide au dessus du sol. Cette élévation est impressionnante et la dynamique du building posé sur un terrain tout en formes courbes fait penser à un paquebot futuriste dont le pont avant s’échapperait d’une grande vague. Les surfaces sont couvertes de métal réfléchissant la lumière en contraste avec le sol courbé recouvert de granite noir absorbant les rayons lumineux. Ce contraste est volontaire pour faire apparaître le building comme un vaisseau de lumière.

Les quatre petites photographies ci-dessus montrant l’intérieur du musée et une vue extérieur à la fin de la construction du building sont tirées du site internet de l’architecte Makato Sei Watanabe.

C’est en fait la deuxième fois que je viens voir ce building. La première fois était il y a un peu plus de douze ans en juin 2007. Depuis la dernière fois, les espaces vides autour du building ont été remplis par de nouvelles constructions. Rappelons que cette zone de Tokyo gagnée sur la mer était promise à un important développement urbain pendant la bulle économique, mais que l’éclatement de celle-ci a laissé ces espaces vides pendant de nombreuses années, laissant le K-Museum isolé et loin des regards. Avec les Jeux Olympiques de 2020, Ariake poursuit de nouveau son développement. Le K-Museum était déjà fermé en 2007, entouré d’une barrière grillagée. C’est toujours le cas actuellement, ce qui est vraiment dommage pour un building au design si inhabituel dans Tokyo. On aurait envie de visiter l’intérieur du musée, même si l’espace semble très réduit et éclairé artificiellement. En fait, je ne suis pas certain si ce building était pleinement opérationnel en tant que musée après sa construction en 1996. Il était apparemment destiné à montrer des expositions sur l’infrastructure urbaine de Tokyo, mais aurait fermé ses portes assez rapidement, laissé seul dans les espaces vides d’Ariake. On aimerait voir ce musée réhabilité, d’autant plus que les surfaces sans être correctement entretenues finissent par être attaquées par les éléments. Les surfaces de métal continuent tout de même à réfléchir la lumière, l’image des arbres plantés autour et les reflections de la ville. C’est peut être en réfléchissant des images de la ville que ce musée devient lui-même une œuvre d’art à l’intérieur du musée-ville. C’est une des réflexions abordées par l’architecte sur son site internet. Cette petite merveille d’architecture post-moderne reste relativement méconnue et mériterait qu’on s’y intéresse un peu plus.

tokyo motor show 2019

Le Tokyo Motor Show, salon de l’automobile de Tokyo édition 2019, se déroule tous les deux ans à Tokyo, sur le site de Tokyo Big Sight à Ariake. Cette année, il y avait une extension du parc d’exposition à Aomi, la station d’à côté sur la ligne de monorail Yurikamome (ou la ligne de train Rinkai). Un bus gratuit fait le transit entre les deux sites. Les visiteurs doivent donc sortir d’une partie du parc, prendre le bus pour ensuite entrer dans la deuxième partie du parc. C’est un peu contraignant car le traffic n’est pas très fluide en bus, pour un trajet qui se voudrait court. On peut aussi marcher entre les sites sur la grande allée centrale de Ariake, appelée Open Road le temps de l’exposition. Je l’emprunte pour le retour de Aomi vers Tokyo Big Sight. Sur cette Open Road, quelques belles voitures de course sont exposées, notamment celles décorées avec des personnages de manga qu’on appelle Itasha. Je me demande un peu pourquoi les organisateurs ont choisi cette séparation en deux sites, sachant que Tokyo Big Sight n’était pas entièrement utilisé. Seuls les halls Ouest et Sud de Big Sight étaient utilisés pour le salon, alors qu’il me semble que les éditions précédentes utilisaient également les halls de la partie Est. Le Tokyo Motor Show avait même lieu à Makuhari Messe il y a plusieurs années, un site gigantesque. Ceci étant dit, ce n’est pas désagréable de marcher sur la grande allée centrale lorsqu’il fait beau temps, ce qui était le cas en cette journée de samedi. Il est en fait préférable d’éviter le bus et les files d’attente inévitables avant d’embarquer. Je suis arriver à Tokyo Big Sight un peu avant l’ouverture de 10h et malgré la foule importante, on n’attend pas trop à l’entrée et naviguer à l’intérieur de l’exposition n’est pas aussi pénible que je le prévoyais. Mes derniers souvenirs du Tokyo Motor Show sont en fait un peu lointain, car la dernière fois que j’y suis allé était en 2015. Je pensais avoir visiter le salon tous les ans, mais j’ai en fait manqué l’épisode de 2017. Une surprise de ce salon est le fait qu’il n’y avait pratiquement aucun constructeur étranger à part Mercedes et Renault (accompagnés de Smart et Alpine respectivement). Il n’y avait pas de stands pour BMW, Audi, Porsche, Peugeot, Jaguar et j’en passe. Ça me surprend beaucoup par rapport à ce que j’avais pu voir aux salons précédents et c’est même dommage. Les constructeurs japonais sont bien sûr tous présents et profitent de ce salon comme d’une vitrine pour leurs nouveaux concepts et technologies. Plutôt que les derniers modèles de séries, ce sont les concepts et les dernières idées de mobilité du moment qui intéressent les visiteurs. Par exemple, le concept FlatFormer de Hino est une plateforme de transport modulaire permettant d’y déposer des petites boîtes conteneurs, entre autres utilisations comme on peut le voir sur la belle page dédiée, tout en animation, du site web de Hino. Toyota présente sur son stand, plein à craquer à l’heure du show, une variété d’objets mobiles allant des mini-transporteurs de biens appelés Micro-Palette, aux mini-bus autonomes en passant par des chargeurs électriques mobiles (e-chargeair) et un étrange balais magique appelé e-broom. Même si on a du mal à concevoir la réalité prochaine de ce genre d’objets mobiles, l’approche sous le concept du Open Future est assez intéressante. Chaque constructeur présentait ses modèles chocs, comme la superbe et futuriste LF-30 Electrified de Lexus, l’e-Racer de Toyota qu’on croirait sortir d’un film d’animation d’anticipation. J’étais aussi très impressionné par le camion Isuzu IF-IR aux formes et aux couleurs de science fiction. En plus des autos, camions et bus, le Tokyo Motor Show couvre également la moto. Il y a plus de dix ans, j’étais très au fait des dernières nouveautés moto, mais ce n’est plus vraiment le cas maintenant. Kawasaki reste très ‘classique‘ dans les modèles présentés tout en agressivité, tandis que Yamaha continue ses développements vers des deux-roues un peu plus novateurs comme le MW-VISION. Yamaha montrait également un étrange objet mobile à quatre roues appelé Land Link, robotisé et pouvant fonctionner en groupe, destiné au transport d’objets que l’on peut fixer sur le dessus. Je passe un peu plus vite sur les modèles de séries mais m’attardent un peu devant les anciennes et nouvelles Formules 1 de chez Honda (dont une superbe F1 RA272 de 1965), devant quelques supercars, et des modèles custom aux peintures tape-à-l’œil couleur argent ou or. Je réunis toutes ces découvertes automobiles (et quelques photos d’hôtesses du salon prises en photo par inadvertance) dans la galerie de photographies ci-dessous accompagnées d’une légende avec le nom des modèles présentés.

K-MUSEUM

Il y assez longtemps, j’avais écrit dans mes petites notes (mon moleskine que je devrais utiliser plus souvent) qu’il fallait aller voir le musée K-Museum de Makoto Sei Watanabe. J’aime beaucoup cet architecte et déjà admiré quelques unes de ses oeuvres, notamment le Aoyama Technical College ou la sortie de métro Oedo C3 à Iidabashi.

Le K-Museum se trouve à Ariake, près de Odaiba et du centre d’exposition et de conférence Tokyo Big Sight. C’est un endroit où je ne vais pratiquement jamais. J’ai profité d’un après midi tranquille et d’un temps splendide pour m’y déplacer en moto. Ca faisait quelques semaines que j’avais délaissé la moto, la reprendre pour une longue promenade dans Tokyo est un plaisir. Après la traversée du pont Arc en Ciel sur la baie de Tokyo, je trouve assez facilement le K-Museum, au millieu d’Ariake, sur la promenade pédestre centrale. Je comptais voir l’intérieur, mais le musée est apparemment fermé, entouré de grillages. L’intérieur du musée et ce qu’on y expose restera donc un mystère. J’essaie d’admirer les formes extérieures en faisant le tour du batiment. Le déclencheur de l’appareil photo attire le gardien du parking à côté, se demandant ce que je peux bien prendre en photo par ici (c’est une attitude que je remarque beaucoup en ce moment).

Comme on nous l’explique sur une page du site d’Archilab, l’architecte Makoto Sei Watanabe, dans ses créations, essaie de se libérer de la gravité, une des grandes contraintes de l’architecture. K-Museum est concu comme un défit aux forces de la pesanteur avec un bâtiment rectiligne accroché au sol en son centre seulement. Les ailes avant et arrière sont suspendues dans le vide, on dirait que le batiment est flottant.

Le building de ligne rectangulaire et de formes abstraites couvertes de métaux réfléchissants est concu pour répondre à la lumière, tandis que le sol ondulé est couvert d’un matériau absorbant la lumière. Le musée montre un extrème et sa contrepartie, comme principe fondamentale de la ville. Le musée ressemble à un vaisseau de lumière voguant sur une mer aux vagues noires. Ces vagues noires sont plantées par endroit de tiges argentées bougeant avec le vent. Ils s’agit de sculptures intitulées « Touching the Wind », jouant comme interface entre le building solide et statique et l’environnement naturel changeant. On peut penser que le vaisseau-building est en phase d’attérisssage ou de décollage, il touche le sol pour un bref instant pour repartir. Tous ces éléments de mouvement et de contraste représentent la ville en mouvement, sans cesse changeante et constituée d’extrèmes.

Comme je le précisais plus haut, K-MUSEUM se trouve au millieu d’Ariake, une vaste zone gagnée sur la mer et qui a connu une forte expansion pendant la bulle économique des années 1980. Pendant la bulle, les infrastructures de la zone se sont développées mais le développement urbain, la construction des grands ensembles de buildings de bureaux, a été interrompue par la récession économique des années 1990, laissant une grande partie de l’espace d’Ariake vide, déserté par la ville qui n’a pas eu le temps de naître autour du musée et des quelques autres constructions telles que Tokyo Big Sight. Dernièrement, l’expansion semble reprendre doucement. Tout près du musée, on peut y voir une gigantesque double tour en M, l’hotel privé de luxe Tokyo BayCourt Club, avec aux pieds un village de mariage Partire à la mode franco-italienne, dans un style très kitch.