櫻のち晴れ

Les fleurs de cerisiers sont éphémères et c’est ce qui fait toute leur beauté. Le plaisir a été de courte durée à Tokyo cette année et je n’ai pu saisir qu’une matinée de week-end pour marcher une nouvelle fois en direction de Naka-Meguro, après un premier essai sous la pluie. Le cerisier de la maison de la chanteuse Misora Hibari sur la troisième photographie est toujours magnifique. En descendant vers la rivière, la foule est de retour mais je n’y resterais pas longtemps. Les photographies de cerisiers en fleurs à Tokyo s’arrêteront là. A l’heure où j’écris ce billet, les fleurs de cerisiers ont déjà complètement disparues, envolées par les bourrasques de vent et la pluie. J’aurais aimé écouter la musique qui va suivre en regardant les fleurs de cerisiers s’envoler, loin de la foule, car on y trouve une même délicatesse, mais je ne l’ai découvert que quelques jours plus tard.

All this time, we were only what we dreamed, and all those dreams were true but we never really knew.

Depuis la disparition de Ryuichi Sakamoto (坂本龍一), on entend régulièrement des morceaux de sa composition à la radio. Ce soir là, on y passe le morceau Chronic Love (クロニック・ラヴ) interprété par Miki Nakatani (中谷美紀) sur son album Shiseikatsu (私生活) sorti en 1999. Je suis tout de suite happé par la beauté et l’élégance de cette musique electro-pop et par la voix de Miki Nakatani chantant en anglais. Je connaissais Miki Nakatani en tant qu’actrice, mais je n’avais pas saisi qu’elle avait également eu une carrière de chanteuse et sorti trois albums produits par Ryuichi Sakamoto. L’album Shiseikatsu est composé, arrangé et produit par Ryuichi Sakamoto. Il y joue également du clavier. Le détail qui m’attire inévitablement est d’entendre que SUGIZO de LUNA SEA y joue même de la guitare sur quelques morceaux dont Chronic Love dans une version réarrangée par rapport au single, Frontier (フロンティア) qui ouvre l’album et l’avant dernier morceau all this time (dont sont extraites les quelques paroles ci-dessus). J’étais très loin d’imaginer une association pareille et une telle beauté conceptuelle dans cet album. Parmi les treize morceaux, on trouve de nombreux moments instrumentaux sur lesquels Ryuichi Sakamoto expérimente différents sons électroniques se mélangeant avec des sons de la vie quotidienne et des brins de voix de Miki Nakatani. J’adore le dixième morceau intitulé Leave me alone où elle cuisine et se fait déranger par le téléphone, quelque peu agacée car elle doit se lever tôt le lendemain matin pour travailler, mais reste tout de même polie. Ce sont comme des scènes d’un film d’art et essai mélangées avec les sons inventifs et les nappes sonores de Sakamoto. Les trois morceaux principaux Frontier, Chronic Love et Fetish sont parmi les plus remarquables de l’album, mais la délicatesse du deuxième Amadare (雨だれ) et la beauté expérimentale des sons sur le huitième Automatic Writing, par exemple, me laissent sans voix. Avec toujours la voix de Nakatani comme extraite de différentes situations de sa vie privée, comme le suggère d’ailleurs le titre de l’album. « Kitanai na… » (quel désordre!) chuchote t’elle sur le morceau Automatic Writing parlant à elle-même comme si elle inspectait des yeux son appartement mal rangé. C’est une œuvre conceptuellement intéressante et musicalement très belle. Miki Nakatani devait avoir environ 22 ans à cette époque et c’est en fait son dernier album. C’est à cette époque également qu’elle jouait le rôle de Mai Takano dans la série de films Ring et Ring 2 d’Hideo Nakata. Elle a tourné dans de très nombreux films et séries télévisées. J’avais déjà parlé ici de la série Followers de la photographe et réalisatrice Mika Ninagawa (蜷川 実花) sur NetFlix dont elle jouait le rôle principal et qui avait d’ailleurs lancé la carrière d’une autre jeune actrice-chanteuse Elaiza Ikeda (池田エライザ). De Miki Nakatani, j’ai également le souvenir de l’avoir vu invitée à une émission de la NHK, habillée d’un kimono, pour présenter le concert classique du Nouvel An à la Philharmonie de Vienne. Son mari, Thilo Fechner, y est en fait violoniste. L’album Shiseikatsu est une excellente surprise mais on ne le trouve étrangement pas sur iTunes. Je pense qu’il doit également être difficile à trouver en CD d’occasion.

slow down don’t calm down

#1: slow down. Shibuya.

#2: chandelier princess. Daikanyama & Yebisu Garden Place.

#3: walking bridges. Aobadai & Ebisu.

#4: thin trees. Aobadai & Omotesando.

#5: yellow pattern. Nihonbashi & Mitaka.

J’avais initialement dans l’idée de créer une série au long court fait de billets numérotés composés de diptyques, c’est à dire deux photographies ayant un lien plus ou moins fort entre elles ou du moins une correspondance de thème. Mon idée était de faire une centaine de billets de cette série pendant la durée de cette année mais je me suis assez rapidement ravisé. J’avais publié deux billets séparés mais que j’ai finalement regroupé dans un seul billet avec d’autres photos. Je suis moins certain de continuer cette manière de faire sur de nombreux billets mais je commence au moins par celui-ci. Je me suis posé la question de changer quelque chose sur la manière dont je construis mes billets, mais est ce vraiment nécessaire?

Musicalement parlant, je découvre deux morceaux épatants de hip-hop teinté de sons électroniques produits par Shinichi Osawa de MONDO GROSSO. C’est probablement le producteur électro que je préfère en ce moment et je n’ai pas encore écouté le morceau de Sheena Ringo qu’il a remixé avec des apports voix de DAOKO. Je pensais d’ailleurs avoir commandé l’album de remixes de Sheena Ringo mais je ne me rends compte que maintenant que ma commande sur le site Universal Music Japan a été annulé suite au problème d’utilisation du logo de La Croix rouge pour les goods fournis avec l’album. Sur les deux morceaux que j’écoute en ce moment, en boucle il faut bien le dire, Shinichi Osawa s’associe avec le duo hip-hop Dongurizu (どんぐりず) pour former une unité appelée DONGROSSO. J’écoute d’abord RAVE (Hungry Driver) qui inclut également RHYME au chant en deuxième partie de morceau. J’aime beaucoup le gros son électro assez lourd qui semble décéléré, le phrasé hip-hop agressif de Dongurizu et le virement plus enlevé quand RHYME pose sa voix sur ce rythme qui ne prend pas de pause. Le son et ses cassures me rappellent un peu certains morceaux de Mr Oizo (le nom de code de Quentin Dupieux) et je me suis mis du coup à réécouter les excellents morceaux Steroids et Positif. L’autre morceau produit par Shinichi Osawa que je découvre sur YouTube ne semble pas être sorti en single et je ne suis pas sûr que ça soit un morceau terminé car la vidéo ressemble plus à une session d’enregistrement. Il semble s’intituler Red Bull 64 Bars. Mori (森) de Dongurizu est seul à rapper devant un micro du studio d’enregistrement mais Shinichi Osawa n’est pas loin de l’autre côté de l’écran de verre. J’adore la manière dont il perd contrôle de lui-même en se mettant à danser frénétiquement quand le rap de Mori vient s’accorder parfaitement avec le rythme crescendo électro de Shinichi Osawa pour atteindre une sorte d’harmonie. Le morceau ne manque pas de punch et il devient vite addictif. Je peux comprendre qu’on puisse avoir envie de dégager cette énergie par le mouvement en écoutant ce phrasé rap très rapide et rythmé. Bien que les styles soient tout à fait différents, cette danse me ramène vers une vidéo d’une danse automatique que j’aime beaucoup inspirée par le morceau Lovers who uncover de Crystal Castles vs The Little Ones.

ヴァントロワ

Démarrons ce premier billet de l’année en souhaitant à toutes et à tous une très bonne et heureuse année 2023. Ça pourrait devenir une habitude de démarrer l’année avec quelques photos d’Enoshima, car nous y allons régulièrement à la toute fin de l’année pour profiter des dernières lumières sur le Mont Fuji. Il avait pourtant préféré cette fois-ci se cacher dernière un épais voile de nuages. Nous profiterons tout de même du soleil couchant sur l’océan pacifique tout en dégustant une pizza aux petits poissons shirasu dans un des restaurants sur les hauteurs d’Enoshima. On profitera également de la foule venue visiter l’île. Je n’utilise ces derniers temps que mon petit objectif fixe 40mm, et j’aime par conséquent prendre des photos plongées dans la foule comme sur les première et cinquième photographies. Ces photos à Enoshima datent du 30 Décembre tandis que les deux dernières ont été prises le 31 Décembre à Daikanyama et à Ebisu pour une dernière marche de l’année avant de se préparer pour le réveillon.

J’ai l’impression que la soirée du 31 Décembre 2022 a passé très vite en regardant comme tous les ans l’émission Kōhaku Uta Gassen (紅白歌合戦) sur NHK, peut-être parce qu’il n’y avait pas de points très marquants cette année. J’avais déjà vu les artistes qui m’intéressaient (King Gnu, Ado, Aimer…) dans d’autres émissions télévisées de fin d’année interpréter les mêmes morceaux qu’à Kōhaku donc l’effet de surprise était grandement atténué. Mon principal intérêt était de voir Vaundy sur scène en solo puis en groupe avec Aimer, Ikura de Yoasobi et Milet pour le morceau Omokage (おもかげ). J’ai beaucoup aimé la dynamique de leur interprétation groupée sur scène, et on avait vraiment l’impression qu’il et elles appréciaient pleinement le moment. Il faut dire que c’est un sacré quatuor et l’apport de la voix de Vaundy par rapport à la version originale de The First Take est un vrai plus. Ça m’a même donné envie d’aller voir Vaundy en live. J’ai aussi beaucoup aimé le morceau de Fujii Kaze (藤井風) intitulé Shinu no ga ii wa (死ぬのがいいわ) qui me disait vaguement quelque chose sans le connaître vraiment. Ce morceau n’est pourtant pas tiré de son dernier album, donc le choix pour Kōhaku me paraît étonnant. Il y avait quelques curiosités comme le super-groupe rock auto-proclamé The Last Rockstars composé de Yoshiki de X Japan, Miyavi, Hyde de L’Arc~en~Ciel et Sugizo de Luna Sea (et X Japan ces dernières années). Contrairement au quatuor mentionné ci-dessus, leur interprétation démontrait qu’on peut regrouper les plus grandes stars et pourtant créer une musique et interprétation insipide. En comparaison, le rock band old-school de Keisuke Kuwata (桑田佳祐) avec Motoharu Sano (佐野 元春), Masanori Sera (世良公則), Hisato Takenaka (竹中 尚人, aka Char) et Goro Noguchi (野口 五郎) était plus intéressant à regarder et écouter. Ce super-groupe temporaire que seul Kōhaku est en mesure de créer était accompagné par Yuko Hara (原 由子, épouse de Kuwata et clavier de Southern All Stars), Kohei Otomo (大友 康平) et Hama Okamoto (ハマ・オカモト, bassiste du groupe Okamoto’s). Je n’ai réalisé que récemment que Hama Okamoto, de son vrai nom Ikumi Hamada, est le fils du comédien Masatoshi Hamada du duo Downtown. Une autre curiosité était de voir Shinohara Ryōko (篠原涼子) sur scène (avec Tetsuya Komuro au piano) car j’avais oublié qu’elle chantait. On se demandait un peu la raison de sa présence soudaine, mais Kōhaku invite régulièrement des célébrités lors des années anniversaire de leur carrière musicale. C’était le cas de Shizuka Kudo (工藤静香) au chant accompagnée de sa fille Cocomi à la flute, mais cette musique là ne m’intéresse pas du tout. Et il y a des groupes ou artistes dont je ne suis particulièrement fan mais que j’aime voir sur scène comme Ryokuōshoku Shakai (緑黄色社会) dont c’était la première apparition à Kōhaku. J’aime beaucoup la voix de Haruko Nagaya, tout comme celle d’Aimyon (あいみょん) qui est habituée de toutes les émissions musicales de fin d’année. Elle chante cette fois-ci un morceau de son nouvel album et un plus ancien qui m’intéresse plus: Kimi ha Rock wo Kikanai (君はロックを聴かない). Comme l’année dernière, Yō Ōizumi (大泉洋) présentait l’émission, accompagné cette fois-ci de Kanna Hashimoto (橋本環奈) remplaçant Haruna Kawaguchi (川口春奈) qui présentait l’année dernière. Comme d’habitude, Yō Ōizumi en fait trop en imitant sans cesse le « Bravo » du footballer Nagatomo. Kanna Hashimoto m’agace aussi toujours un peu car elle n’a jamais le tract et je préfère quand on ressent l’esprit un peu solennelle que peut prendre cette émission. La comédie est bien présente mais par petites doses avec Akiyama qui me fait à chaque fois rire rien qu’en le voyant, cette fois-ci prenant les traits d’un faux producteur et d’un jeune supporteur un brin émotif. Et lorsqu’on approche du final, on attend toujours MISIA qui fait à chaque fois sensation avec ses robes volumineuses. Cette fois-ci, sa robe était rouge et MISIA portait des longues oreilles de lapin du plus bel effet. Sheena Ringo ou Tokyo Jihen n’étant pas présents cette année, l’émission ne m’a que moyennement intéressé dans son ensemble.

La courte émission qui suit sur NHK, Yuku Toshi Kuru Toshi (ゆく年くる年), juste avant les douze coups de minuit, avait la particularité d’être présentée depuis le grand sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu à Kamakura. Ce sanctuaire a une valeur toute particulière pour nous car nous nous y sommes mariés il y a presque 20 ans. Nous n’y sommes par contre pas retournés depuis quelques années, et voir ces images sur NHK m’a vraiment donné envie d’y aller bientôt. Un jour peut être, il sera enregistré au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je sais que la demande est faite régulièrement pour le classer mais ça n’a pas encore été réalisé. Minuit annonce un passage au sanctuaire d’Hikawa. Un verre d’amazake et de shiruko nous y attendent. J’aime ce moment passé dans le froid à boire cette boisson qui nous réchauffe un peu. Les soirées du premier de l’an sont toujours très programmées, mais nous n’allons à Hikawa que depuis peu. La première visite au sanctuaire le lendemain matin pour le hatsumode se passe plutôt au sanctuaire Konnō Hachimangu (金王八幡宮) de Shibuya (où se trouvait autrefois le château). Le premier jour de l’année, je me pose toujours la question du premier morceau que je vais écouter. C’est une reflexion un peu vaine car ne conditionne rien du tout pour le reste de l’année, mais je ne sais pour quelle raison j’y accorde une certaine importance. Je commence donc avec le dernier morceau de Miyuna, Aiai dana (愛愛だな), qui doit être le plus pop qu’elle ait créé jusqu’à maintenant et c’est un morceau qui me met immédiatement de bonne humeur.

Ces derniers jours, j’écoute quelques morceaux de Capsule sur leur dernier album Metro Pulse sorti le 14 Décembre 2022: Virtual Freedom, Give me a ride et Start. J’avais déjà parlé de deux autres morceaux sortis précédemment en single, Hikari no Disco et Future Wave. Les trois nouveaux morceaux que j’écoute maintenant sont tout à fait dans le même esprit électronique rétro-futuriste. A défaut d’être nuancée, la musique de Yasutaka Nakata sur ces morceaux est terriblement efficace, avec une atmosphère assez similaire à ce qu’il a pu composer pour Ado sur Shinjidai, son single au succès énorme. Toshiko Koshijima n’a pas tout à fait les mêmes capacités vocales qu’Ado, mais sa voix constitue à part entière l’empreinte musicale de Capsule. Parfois j’ai du mal à me rappeler que Koshijima et Nakata sont des personnes humaines et pas des représentations androïdes. La couverture du nouvel album les montrant en personnages fait de polygones des années 90 aide à brouiller un peu plus les pistes. Je n’avais jusque là pas d’intérêt particulier pour Capsule à part quelques morceaux passés comme Jumper sur l’album More! More! More! (2008) ou Sugarless Girl sur l’album du même nom (2007) qui m’avaient pourtant beaucoup plu à l’époque.

Une émission musicale du soir sur NHK attire mon attention car elle interview le groupe rock japonais Ellegarden que je connais de nom depuis longtemps, sans n’avoir jamais eu l’intention d’écouter. Ils viennent de sortir un nouvel album intitulé The End of Yesterday le 21 Décembre 2022, après un long hiatus. Le premier morceau de l’album Mountain Top passe dans l’émission et ce son rock me ramène soudainement 30 années en arrière me rappelant le rock FM américain très populaire dans les années 90, comme Blink-182 sur lequel Ellegarden aurait entre autres modelé son identité sonore. A part Weezer, je n’étais pas à cette époque particulièrement amateur de rock californien et je préférais le Nord de la côte Ouest américaine du côté de Seattle. Mais pour reprendre une phrase du paragraphe ci-dessus qui s’applique également très bien à Ellegarden: à défaut d’être nuancée, la musique de Ellegarden est terriblement efficace. Et écouter ce morceau Mountain Top me rajeunit de quelques décennies, donc je suis preneur. Comme le chanteur Takeshi Hosomi chante parfaitement en anglais, on a un peu de mal à imaginer qu’ils ne proviennent pas des plages ensoleillées californiennes, mais plutôt de celles de Chiba. Et pour continuer un peu, j’écoute également Strawberry Margarita qui enfonce un peu plus le clou dans l’esprit teenage rock, jusque dans la légèreté des paroles. Mais, ça reste un sacré plaisir quasiment impulsif d’écouter ces deux morceaux.

Pour revenir vers des sons plus electro-jazzy, on me conseille dans les commentaires d’un billet précédent de revenir vers Kiki vivi lily que j’avais découvert par son morceau New Day (feat. Sweet William) sur son album Tasty sorti en 2021. J’écoute deux morceaux Blue in Green et Pink Jewelry Dream d’un album intitulé Over the rainbow qui est une collaboration de Kiki vivi lily avec Sukisha (aka Hiroyuki Ikezawa). Sur ces morceaux, j’aime beaucoup la manière dont l’ambiance musicale vient s’installer tranquillement sans forcer, notamment dans les répétitions sur Blue in Green. La voix légèrement voilée de Kiki vivi lily a quelque chose d’un peu nonchalant qui vient joliment contraster avec la rythmique apportée par Sukisha. Cette association fonctionne très bien, notamment sur le refrain de Pink Jewelry Dream.

Pour continuer avec mes écoutes musicales, je fais volontairement une faute de quart (c’est de saison même si je n’ai pas skié depuis longtemps) en écoutant deux morceaux de Tommy february6 qui finissent par me fasciner. Tommy february6 est un projet solo de Tomoko Kawase (Tommy étant son surnom), chanteuse du groupe The Brilliant Green qui avait connu son heure de gloire à la fin des années 90 et au début 2000. Si mes souvenirs sont bons, j’avais même acheté le CD de leur album Terra 2001 sorti en 1999 mais je pense bien l’avoir revendu. J’ai un très clair souvenir du premier single de Tommy february6, Everyday at the bus stop, librement inspiré de pop américaine volontairement kitsch. Ce morceau passait souvent sur Space Shower TV en 2001, et comme je ne regardais pratiquement que cette chaine à cette période là, j’avais fini par être entrainé de force dans cette musique entêtante (en traînant des pieds mais en tendant l’oreille). Les hasards de Twitter me font écouter un autre morceau de Tommy february6 intitulé je t’aime ★ je t’aime, sorti le 6 février 2003 (le jour de son anniversaire donc). Le kitsch est toujours omniprésent mais me rappelle maintenant plutôt la variété française des années 80 (mais je n’arrive pas à savoir quoi, juste une vague impression). Je n’aurais certainement pas dû écouter cette chanson une première fois car je ne peux m’empêcher de la réécouter. Ça veut peut être dire que le morceau est réussi?

Et pour terminer ces découvertes de fin et de début d’année, je reviens vers le groupe rock indé japonais For Tracy Hyde qui vient également de sortir un nouvel album le 14 Décembre 2022. Son titre est Hotel Insomnia et l’album est composé de 13 morceaux. Je n’en écoute que trois pour le moment, qui doivent correspondre aux singles car des vidéos sont disponibles sur YouTube: Friends, Milkshake et Subway Station Revelation. Le style Dream Pop riche en distorsions de guitares ne diffèrent pas de ce qu’on pouvait connaître du groupe sur ses précédents albums et c’est une très bonne chose. For Tracy Hyde est pour moi une des valeurs sûres du rock indé japonais, à défaut d’apporter des sons originaux à la scène rock japonaise. Un morceau comme Friends en est un très bon exemple, très bien construit et fluide. Je me souviens avoir eu un peu de mal à apprécier la voix d’Eureka sur les premiers albums, mais je n’ai pas du tout cette impression sur ces quelques morceaux, au point où elle devient la véritable marque stylistique du groupe au delà même des compositions shoegaze toujours impeccables d’Azusa Suga. Friends prend des accents plutôt pop tandis que Milkshake est beaucoup plus proche du shoegaze. Chaque album de For Tracy Hyde me rappelle que le rock est toujours très présent au Japon, ce qui n’est pas pour me déplaire. Mais alors que j’écris ces quelques lignes, on apprend par le compte Twitter du groupe que cet album sera le dernier et que For Tracy Hyde se séparera après tout juste 10 ans d’existence, à l’issue d’un dernier concert en Mars 2023 dans une salle de Shibuya. C’est bien dommage d’apprendre cet arrêt d’activité du groupe et la raison exacte n’est pas donnée. J’imagine qu’Azusa Suga continuera ses autres projets menés en parallèle de For Tracy Hyde, à savoir son autre groupe AprilBlue et ses contributions de morceaux au groupe d’idoles alternatives RAY. Ce sont deux formations que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur Made in Tokyo. Mais continuons un peu plus la découverte de ce nouvel album avec le premier morceau Undulate et le troisième Kodiak qui sont particulièrement intéressants. A suivre mais ces cinq morceaux sont en tout cas excellents, certainement les meilleurs du groupe.

every drop is drained away

Les photographies de ce billet, au sanctuaire de Hikawa, à Daikanyama et vers Naka Meguro, datent toujours du mois de Juillet ou des mois précédents, comme pour les billets les plus récents. Avant de passer aux photographies prises au mois d’Août, j’essaie désespérément de publier au plus vite les billets que j’ai déjà créé en brouillon dans WordPress et qui ont déjà ces séries de photographies attachées. Je ne sais pas trop pourquoi je m’impose à moi-même cette pression pour publier de nouveaux billets. Ce n’est pas comme s’il y avait une foule de visiteurs les attendant avec impatience, d’autant plus au mois d’Août qui est en général plus calme que le reste de l’année en terme de nombre de visites et de visiteurs. Le ratio entre le temps passé à créer ces billets par rapport au nombre de visites aurait du me faire arrêter depuis longtemps. J’ai toujours eu la faiblesse de penser qu’il fallait que je continue pour que ce blog devienne quelque chose, mais je le pense de moins en moins. Si ce blog devait être “découvert”, ça aurait déjà été fait depuis longtemps. En même temps, si je me pose régulièrement ces questions, c’est certainement parce que j’en ai pas encore fini avec ce blog.

Tokyo Jihen a sorti le 12 Août 2020 un nouveau single accompagné de deux autres morceaux pour composer au total un maxi-single. Le morceau principal s’intitule Aka no Doumei (赤の同盟 – Alianza de Sangre) avec une vidéo sorti le 14 Août. Le morceau sert de thème musical au drama Watashitachi wa Douka Shiteiru (私たちはどうかしている) avec Ryusei Yokohama (que j’avais vu au théâtre pour Bio Hazard) et Minami Hamabe, qui se déroule dans le milieu de la confiserie japonaise d’où la pochette du maxi-single représentant le symbole de Tokyo Jihen en version wagashi. Je trouve que ce morceau est meilleur que tous les morceaux sortis sur le mini-album de réformation News. Le morceau commence assez classiquement, mais le piano d’Ichiyo Izawa et la guitare en zigzag de Ukigumo nous surprend agréablement par leur présence démonstrative. Le morceau a une structure très particulière, notamment avec une coupure inattendue qui redémarre doucement avec le piano. Le groupe maintient l’esprit de la musique que l’on connaît d’eux mais s’affranchit de plus en plus des normes de composition classique. J’espère qu’ils vont continuer sur cette piste. Tous les morceaux sont écrits par Sheena Ringo. Ichiyo Izawa compose la musique de Aka no Doumei ainsi que celle du deuxième morceau Meijitsu Tomo ni (名実共に – Sweetie Reasons). Ukigumo compose le troisième morceau Gyokuza no Wana (玉座の罠 – The Lost Throne) et il y chante également en duo. A la première écoute, ce troisième morceau est celui qu’on apprécie tout de suite, peut être parce que sa composition est plus classique et que les voix s’accordent bien. Par rapport à Aka no Doumei, le deuxième morceau Meijitsu Tomo ni est beaucoup plus lent et plus sombre, mais avec des accents soudains de batterie et de guitare qui viennent casser ce calme, et une musique assez mystérieuse qui intervient à plusieurs reprises jusqu’à un court solo de guitare qui fait partir le morceau sur une toute autre voie. News ne m’avait pas autant enthousiasmé que ce maxi-single, du coup, je vais certainement le réécouter pour en avoir le coeur net.Toujours est-il qu’avec ces nouveaux morceaux, Tokyo Jihen s’engage vers un chemin plus intéressant que celui démarré avec News.

une poignée de petits soleils

On peut ressentir la chaleur sur une photographie à travers les éblouissements de rayons de soleil mais peut-on ressentir le froid sur des photographies comme celles que je montre ci-dessus. Cette marche hivernale me fait d’abord passer dans les zones résidentielles vides de Daikanyama puis vers les zones résidentielles vides de Naka Meguro. Sur les deux premières photographies, j’aime comment les surfaces couvertes de plaquettes fines de bois se répondent. Ces deux photographies se complémentent en quelque sorte. Les formes simples de la maison individuelle sur la première photographie viennent pourtant contrastées avec les formes diverses de la deuxième photographie. Comment expliquer exactement ce qui me plait dans ces deux premières photographies? Je n’arrive pas à le dire exactement car c’est de l’ordre du ressenti que je suis peut être le seul à percevoir. Un peu plus loin à proximité de la rivière Meguro, je découvre un étrange parterre de fleurs. Cette association de couleurs m’est assez inhabituelle. On dirait une poignée de petits soleils venant nous réchauffer lorsqu’on les approche.

La première image est extraite de la vidéo sur YouTube du morceau Delete Forever par Grimes sur son futur nouvel album Miss Anthropocene qui sortira le 21 Février 2020. La deuxième image est extraite de la couverture du tome 4 du manga Akira par Katsuhiro Otomo publié en Juillet 1987.

Le trône, les longues draperies rouges, les piliers en ruine et la vue dégagée à l’arrière sur la vidéo du nouveau morceau Delete Forever de ༺GRIMES༻ rappellent beaucoup la couverture du volume 4 du manga Akira de Katsuhiro Otomo. Claire Boucher s’est très clairement inspirée de l’univers d’Akira sur cette vidéo. En sous-titre, elle décrit que cette vidéo représente les lamentations d’un tyran alors que son empire tombe en ruine. L’univers musical du morceau est par contre très éloigné de la bande sonore d’Akira et est même assez différent des morceaux plus éthérés que l’on connaissait de Grimes jusqu’à maintenant pour son nouvel album Miss Anthropocene qui sortira bientôt, le 21 Février 2020. Il n’empêche que ce morceau à base de guitare acoustique est très bon et viendra certainement diversifier l’ambiance plus sombre musicalement parlant du reste de l’album.