Michie Hiraizumi (平泉道枝) a 27 ans et est née à Minami Azabu. Elle travaille dans une agence d’avocats à Marunouchi, en tant qu’avocate spécialisée en droit immobilier. Elle a rencontré son mari dans son ancienne agence d’Akasaka où elle a fait ses débuts. Ils se sont mariés en Juin il y a un an, dans la ville de Kobe d’où est originaire Yuki, son mari, et où vit encore ses parents. Yuki a fait ses études universitaires à Tokyo tout comme Michie, mais dans une université différente. Ils se sont croisés à plusieurs reprises lors de stages et séminaires préparatoires à la profession, mais sans lier connaissance à cette époque là. Cela a par contre été le lien qui les a rapproché lorsqu’ils ont intégré l’agence d’Akasaka à deux mois d’intervalle. Michie a peu de temps pour elle, mais elle ne sacrifierait pour rien au monde le moment à la fin de la journée où elle prend son temps avec Yuki sur la terrasse de leur appartement de Moto-Azabu pour boire un ou deux verres de vin blanc français. Depuis son enfance, Michie aime écouter le chant de Yoshiko Sai le soir, sur la platine de disques vinyles. Yuki aime chiner dans les petits magasins de disques d’occasion d’Ochanomizu ou de Shinjuku pour y trouver les disques que lui commande Michie. Il s’agit plutôt de standards japonais et parfois français. Michie aime Gainsbourg par dessus tout, ce qui l’a même incité à commencer l’apprentissage du français. Le temps lui manqua malheureusement pour faire des progrès remarquables même si sa volonté était bien présente. C’était un déchirement pour Yuki de la voir partir, un peu plus d’un an après leur mariage. Un conducteur sous l’emprise de l’alcool l’a fauché tard le soir dans une rue près de leur appartement alors qu’elle rentrait d’une longue journée de bureau. Le conducteur l’a violemment percuté puis à dévier vers un mur qui a défoncé tout l’avant du véhicule. Le conducteur n’a pas survécu. Il est encore maintenant difficile de comprendre comment le conducteur a pu être emporter par la vitesse dans une rue aussi étroite. Tous les soirs, Yuki continue à boire un verre de vin blanc sur la terrasse du balcon en regardant intensément une photo de Michie. C’est la photo d’elle qu’il préfère et qu’il a pris il y a plus de deux ans. Elle marche dans une rue sombre de Shinjuku. Ils venaient d’y passer un dîner pour ses 25 ans. il ne peut oublier ce moment et ce rituel quotidien lui permet de garder un contact permanent avec Michie, de ressentir sa présence à travers l’au-delà.
Makoto Hasegawa (長谷川真琴) a 24 ans. Elle elle est née à Yokohama et travaille actuellement dans un magasin de vêtements à Minato Mirai dans le grand centre commercial de Queen’s Square. Elle a fait quelques années au Department Store Isetan de Shinjuku, mais les problèmes de santé de sa mère l’ont obligé à se rapprocher de Yokohama. Elle est célibataire et passe beaucoup de son temps libre avec ses deux meilleures amies Yoshiko et Minami. Ce sont ses amies d’enfance, depuis l’école primaire à Yokohama. Yoshiko lui ressemble beaucoup de caractère, plutôt réservée mais aux idées très arrêtées sur différentes choses de la vie. Minami Tezuka est par contre très différente. Elle jouait dans un groupe de rock en indépendant depuis quelques années avec son ami Ruka, mais ils se sont séparés récemment. Minami continue par contre la musique avec un autre groupe appelé Lunar Waves où elle chante et joue de la guitare. Elle vit au jour le jour, ce que Makoto a du mal à comprendre, étant beaucoup plus organisée dans sa vie. Makoto va par contre aussi souvent qu’elle le peut à ses concerts, mais elle préfère tout de même son idole Sheena Ringo. Elle a écouté son album Hi Izuru Tokoro (日出処) de manière obsessionnelle lors de moments difficiles de sa vie. Elle y trouve encore maintenant un réconfort certain et une force qui la fait persévérer. Makoto vit avec sa mère dans son appartement depuis le décès de son père lorsqu’elle avait 16 ans. Tous les soirs du retour de travail, elle allume une tige d’encens, joint les mains et raconte sa journée en quelques mots. Elle reçoit en retour quelques mots d’encouragement, qu’elle s’empresse de noter sur son petit carnet noir qu’elle amène toujours avec elle dans son sac. Toutes les semaines, elle s’assoit sur le tatami de l’ancienne chambre de ses parents pour ouvrir son carnet et relire les mots écrits pendant la semaine. C’est un rituel qu’elle répète depuis huit ans et qui lui donne une grande force, celle d’affronter tous les aléas de la vie.
Reiko Umezawa (梅澤玲子) vient juste d’avoir 21 ans. Elle vit dans un monde de fantaisie qu’elle a appris à apprivoiser. Dès sa plus jeune enfance, ses parents ont deviné que Reiko était différente des autres enfants de son âge. Elle avait quelques bonnes amies mais préférait souvent rester seule. Elle n’était jamais vraiment seule car elle parlait très souvent avec un ami imaginaire qu’elle seule pouvait voir. Elle appelle son ami L’Écho car il répète souvent ce qu’elle dit pour la taquiner. Les parents de Reiko l’ont maintes fois interrogé sur son ami Écho. Reiko leur répond toujours le plus simplement du monde qu’Écho est un monstre qui ne lui veut aucun mal. Les médecins lui ont reconnu une forme rare de schizophrénie enfantine qui provoque des hallucinations, mais dont les effets peuvent être amenuisés par un traitement antipsychotique. Reiko parvient ainsi à maîtriser ses visions irréelles et à mener une vie quasiment normale. Mais dans son monde de fantaisie, elle est une princesse vêtue d’une robe blanche immaculée qui a réussi à maîtriser un monstre. Il l’accompagne et la protège quand elle s’éclipse de la maison le soir pour aller à la bibliothèque de la ville de Matsumoto où elle habite. Elle sait qu’une des portes n’est jamais fermée à clé et s’introduit dans les rayons de livres sans allumer de lumières, sauf celles des veilleuses. Elle est férue de lecture et aime les récits historiques, mais également ceux fantastiques que ses parents ne veulent pas la laisser lire. Elle y recherche des réponses sur son état d’être. Elle y recherche même des semblables. Le monstre dans la pénombre la surveille avec bienveillance. Il ressent les présences et sait quand il est l’heure pour la princesse de rentrer à la maison. Reiko n’est pas une princesse que pour le monstre Écho, elle l’est également pour sa mère qui lui confectionne les robes dont elle a envie. Sa mère est une très bonne couturière et son père est gérant d’une petite boutique de vêtements près du château de Matsumoto. Reiko lui vient souvent en aide dans sa boutique. Elle a un certain don pour attirer dans la petite boutique de son père les visiteurs qui doivent percevoir en elle la princesse du château. Les voisins de la boutique l’appelle même la princesse Reiko, ce qui l’a fait sourire par politesse. Au fond d’elle-même, elle sait très bien qu’elle était en d’autres temps la princesse du château de Matsumoto, mais elle ne peut l’avouer à personne. Ses souvenirs de fin d’après-midi, assise en kimono sur le tatami de la salle de la lune du château sont toujours très présents. Ce sont des moments que l’on ne peut oublier.
Les images ci-dessus sont imaginaires et ont été créées par intelligence artificielle (IA). Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne seraient que pure coïncidence.
J’ai à vrai dire beaucoup hésité à publier les trois portraits ci-dessus, qui commenceront peut-être une nouvelle petite série, car ceux-ci se basent sur des images créées par intelligence artificielle, à partir d’une description assez précise que j’ai fourni en paramètre. Mon idée initiale était de créer une nouvelle page cachée du blog, que personne ou très peu de personnes seraient en mesure de découvrir, avec ces images et un court commentaire. Les courts commentaires sont devenus des petits textes, qui se croisent parfois avec mon plus long texte en cours du songe à la lumière (dont le titre de ce billet est d’ailleurs inspiré) et je me suis finalement dit qu’il serait dommage de ne pas les publier de manière visible sur le blog. J’aime créer ces images pour ensuite essayer d’imaginer quelles peuvent être leurs histoires. Au moment de créer chaque image, j’ai une bonne idée du résultat que je veux obtenir et réitère de nombreuses fois mes requêtes (parfois des dizaines de fois) pour obtenir le personnage désiré. Mais au moment où je crée ces images, je n’ai pas encore une idée précise de ce qu’elles vont m’inspirer. Je pense que c’est la dose d’imprévu apportée par l’intelligence artificielle qui me permet d’étendre en quelque sorte mon imagination. J’aime beaucoup cette étape d’écriture à partir d’une image quasiment photographique et réelle. L’histoire se construit presque naturellement en regardant ces personnages, comme si ceux-ci m’expliquaient verbalement leurs histoires. Je ne sais pas pour quelle raison je suis plus à l’aise pour écrire au sujet de personnages féminins. Peut-être parce que ça me permet de maintenir une certaine distance. Ceci étant dit, j’aime également écrire à la première personne. J’arrive en fait assez mal à me projeter dans l’écriture dans une personnalité masculine qui n’est pas la mienne.
Les deux photographies ci-dessus proviennent du festival Ebisu Blooming Jazz Garden qui avait lieu à Yebisu Garden Place du 16 au 18 Mai 2025. Je n’ai malheureusement pas pu voir grand chose, faute de temps et de réservation préalable. J’aurais par exemple été curieux de voir TENDRE le vendredi soir. L’horaire ne m’avait pas permis de le voir, ce qui est dommage car c’était un concert gratuit en plein air, sur la grande place intérieure à Garden Place. J’aurais également voulu voir l’artiste électronique Yuki Matsuda (松田ゆう姫) aka Young Juvenile Youth dont la représentation avait lieu dans la salle Blue Note Place, mais il me semble que le principe de Blue Note est de manger sur place, ce qui m’attire moins. Il s’agissait d’une collaboration avec la danseuse Aoi Yamada (アオイヤマダ). Bon, en même temps, je n’avais pas beaucoup suivi son actualité musicale depuis les EPs Animation et Hive / In Blue sorti en 2015 et 2016, que j’avais pourtant beaucoup aimé à l’époque. Yuki Matsuda est la fille de l’acteur Yūsaku Matsuda et de l’actrice Miyuki Matsuda, et sœur des acteurs Ryuhei et Shota Matsuda. Il n’était pas très étonnant de constater qu’elle est également actrice à ses heures perdues. Un petit passage rapide à Yebisu Garden Place le dimanche vers midi me fait découvrir un duo composé de la pianiste Saki Ozawa (小沢咲希) et du joueur de ukulele et chanteur Toshiki Kondo (近藤利樹). Ce n’est pas un style que j’affectionne particulièrement mais l’attrait de la musique live me fait rester pour écouter quelques morceaux, dont des reprises, très bien maitrisées et appréciées du public. J’aime bien cette ambiance de musique en plein air mais je ne suis jamais allé à des grands festivals au Japon, comme celui de Fuji Rock ou de Summer Sonic. C’est peut-être un manque, il faut que je réfléchisse à la question. Le festival Ebisu Blooming Jazz Garden a lieu tous les ans à cette même période. Je le manque par contre à chaque fois, tout comme le festival du parc d’Hibiya (日比谷音楽祭) organisé tous les ans par Seiji Kameda au mois de Mai. C’est une nouvelle fois bien dommage, car j’aurais voulu voir jouer Utena Kobayashi (小林うてな) sur la terrasse de la tour Hibiya Mid-Town.
Ces derniers temps, j’écoute beaucoup les émissions de NTS Radio, notamment les trois excellents mixes de Yeule dont je parlais dans mon précédent billet, ainsi que la dernière émission de Liquid Mirror dont je parlais également dans ce même billet. J’ai à vrai dire un peu de mal à tourner la page de ces quatre émissions qui accaparent mon attention au delà du raisonnable. Mon exploration des émissions musicales de NTS Radio m’amène pourtant vers des horizons très différents lorsque je découvre une sélection de morceaux de Yoshiko Sai (佐井好子), chanteuse, compositrice et poète originaire de la préfecture de Nara. Elle a sorti quatre albums entre 1975 et 1978, évoluant dans des ambiances fusionnant le jazz, la pop et une certaine dose de folk psychédélique. L’emission In Focus de NTS me fait découvrir cette chanteuse et musicienne que je ne connaissais que de nom, et c’est comme un choc de découvrir maintenant cette musique qui a cinquante ans mais qui ne semble pas avoir beaucoup vieilli. La sélection de NTS est merveilleuse. Le piano et la voix de Yoshiko Sai sont par exemple tout simplement exceptionnels sur le troisième morceau Chō no Heya (蝶のすむ部屋) qui s’enchaîne très subtilement avec le suivant Nemuri no Kuni (眠りのくに). C’est beau à en tomber à la renverse. Du coup, j’écoute à la suite son premier album Mangekyō (萬花鏡) de 1975, dont je connaissais déjà la couverture qui m’intrigue depuis longtemps. On retrouve quelques morceaux de Mangekyō sur la playlist de l’émission de NTS, mais j’y découvre quelques autres superbes morceaux comme celui intitulé Tsubaki ha Ochita Kaya (椿は落ちたかや), qui a une beauté et une puissance tout à fait fascinante, et le très beau Yuki Onna (雪女) vers la fin de l’album. Cet album est pour moi un petit voyage dans un autre monde.