if i were an angel, 羊文学

Le concert du groupe rock alternatif Hitsuji Bungaku (羊文学) de leur tournée 2023 « if i were an angel, » était un vrai bonheur et je garde toujours en tête l’émotion des moments passés debout parmi la foule à écouter avec passion la musique du groupe. Je suis allé les voir le Mardi 3 Octobre 2023 dans la grande salle Zepp Haneda, qui se trouve à la station de Tenkubashi juste à côté de l’aéroport. Il s’agit d’une grande salle avec un étage couvrant une capacité d’environ 2,500 personnes et les deux dates de Tokyo étaient à guichet fermé. Cette tournée en 12 dates était nationale et la plus grande de leur carrière musicale, démarrant à Niigata le 2 septembre, en passant par Yokohama, Sapporo, Osaka, Sendai, Nagoya, Fukuoka, Hiroshima, Takamatsu pour terminer avec deux dates à Tokyo au Zepp Haneda. J’ai assisté à l’avant dernier concert de cette tournée, que la compositrice et interprète Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) surnommait elle-même la « Demi-Finale ». Le dernier concert de la tournée avait lieu le 4 Octobre mais était déjà complet au moment où les réservations ont été ouvertes. Cette date devait très certainement être réservée aux membres du fan club du groupe. J’avais acheté mon billet le 1er Juillet, donc trois mois avant le concert. Je m’étais même empressé à acheter un billet dans l’heure suivant l’ouverture de la billetterie. Malgré cela, mon billet me situait dans le bloc C, derrière les blocs B et A situés plus en avant près de la scène. En fait, le bloc définit l’ordre d’appel et d’entrée dans la salle. Une fois entré, rien ne nous empêche d’essayer de s’approcher au plus près de la scène. En ce qui me concerne, j’ai surtout cherché à trouver un point vers le milieu de la salle où je ne serais à priori pas trop gêné par les têtes qui dépassent devant moi dans la foule. Par rapport au dernier concert que j’ai été voir, celui de a子, la taille du Zepp est beaucoup plus impressionnante mais la visibilité reste bonne dans l’ensemble, car la salle est plus large que profonde. La taille de la salle est dans le même ordre de grandeur que celle de Toyosu Pit où j’avais été voir Tricot pour la première fois. J’ai eu beaucoup de temps pour me préparer mentalement à ce concert, enfin préparer musicalement plutôt, en vérifiant que j’avais bien écouté toute la discographie du groupe.

En écoutant les 20 morceaux joués pendant ce concert, on se rend compte de la qualité de la discographie de Hitsuji Bungaku car ils n’ont pas joué que leurs morceaux les plus récents et plus connus, mélangeant d’autres plus anciens qui sont tout aussi bons. Après seulement quelques années d’existence, cette discographie est déjà très importante et sans faiblesse. Ce concert était en fait une étape de transition car il ne s’agit pas de la tournée liée à la sortie de leur dernier album our hope, tournée pour laquelle je n’avais d’ailleurs pas réussi à acheter un billet, et le groupe n’a pas non plus de nouvel album sorti cette année. Hitsuji Bungaku a par contre joué deux de leurs singles récents à savoir FOOL et More than words, dont j’ai déjà parlé sur ces pages. L’excellent More than words apparaîtra en fait sur leur prochain album. Ils nous ont également fait le plaisir de jouer trois morceaux inédits de ce futur nouvel album: hosnestly, flower et un troisième dont on ne sait pas encore le titre. Dès la première écoute pendant ce concert, j’ai été surpris par la qualité et l’accroche. Pendant le passage de MC présentant rapidement deux des morceaux, Moeka nous disait qu’elle sentait elle-même une sorte de pression de ne pas faire moins bien que More than words. Le nouvel album s’annonce en tout cas très bien. Il faudra entendre la toute fin du concert pendant les rappels, pour qu’on nous annonce le titre et la date de sortie de ce nouvel album tant attendu. Il s’intitulera 12 hugs (like butterflies) et sortira le 6 Décembre 2023. Un point amusant est que Moeka, sur le coup de l’émotion peut-être, n’a d’abord pas réussi à nous dire d’une manière très claire le titre de cet album ce qui a obligé une personne du public à lui demander de répéter, ce qu’elle a fait après un sourire. Yurika donnait également une autre annonce, celle d’un prochain concert le 21 Avril 2024 dans la grande salle de 17,000 places de Yokohama Arena. Ce sera la plus grande salle de l’histoire du groupe. Comme le concert est situé quelques mois après la sortie de leur nouvel album, j’imagine qu’ils n’auront pas trop de soucis à remplir l’Arena. Ce concert s’appellera « III », représentant les trois membres du groupe et pas le kanji de la rivière comme le disait Yurika en plaisantant. J’étais en tout cas assez content que le groupe réserve l’exclusivité de ces annonces à l’avant dernier concert de la tournée plutôt qu’au dernier qui avait lieu le lendemain.

Le concert a duré environ deux heures et mélangeait des morceaux de tous les albums et EPs de leur discographie, en plus des morceaux récents mentionnés ci-dessus. Le concert a commencé par le morceau intitulé Ending (エンディング) qui est le premier de leur premier album Dear Youths (若者たちへ). Le groupe était d’abord caché par un écran opaque sur lequel était diffusé des images mouvantes étranges représentant parfois des visages. Il s’agissait d’une création de l’artiste contemporain Yuma Kishi (岸裕真) qui crée des images irréelles à partir de photographies ou de peintures réelles en utilisant l’intelligence artificielle. Dans un esprit similaire, il a notamment réalisé une vidéo pour Hatis Noit pour le morceau Angelus Novus du superbe album Aura dont j’ai déjà parlé ici. Je trouve que ces images projetées sur scène correspondent à celles d’anges comme indiqué dans le titre de la tournée, sauf que cette représentation n’est pas binaire. Elle est sans arrêts changeante comme si elle reflétait les multiples émotions et sentiments humains. On retrouve ensuite ces images d’anges changeant de manière fantastique à la fin du concert juste avant les rappels, pendant le superbe morceau Ghost. Les images de cet ange fantôme sont cette fois-ci basées sur des photographies de la modèle Mai Matsumoto, si on en croit la description sur le compte Instagram de l’artiste. Ce morceau Ghost n’est pas le plus dynamique du groupe car il se base plutôt sur une progression sonore lente et profonde. Ce choix pour un dernier morceau de concert me fait dire qu’ils sont très sûr de leur art, sans essayer de créer un coup d’éclat final avant les rappels. Cet aspect là m’a beaucoup plu et a captivé le public, comme tout le reste du concert d’ailleurs.

Les morceaux se sont bien sûr enchaînés sans qu’on se rende compte du temps qui passe et les deux heures ont passés bien vite. Il y a eu plusieurs passages de MC adressés à la foule. Pratiquement plus personne ne porte de masque dans le public et il n’y a plus depuis longtemps de restriction pour parler (ou crier dans certains cas). Les cris de la foule étaient par conséquent plus nombreux et présents que dans les concerts précédents. J’étais en fait très curieux de voir comment le groupe allait se comporter sur scène, car ses racines sont vraiment ancrées dans le rock indépendant et alternatif avec une bonne dose de mélancolie, mais un certain nombre de morceaux récents sont très dynamiques et accrocheurs. Moeka et la bassiste Yurika Kasai (河西ゆりか) sont relativement statiques sur scène mais se laissent aussi assez souvent emporter par leur morceau. J’ai beaucoup aimé la manière par laquelle Yurika se déchaînait sur sa basse sur certaines fins de morceaux, comme celui intitulé Inori (祈り) du EP Zawameki (ざわめき), qui se concluaient par un feu d’artifice de guitares. Tout comme sur les albums, je suis impressionné en live pour la puissance sonore de la guitare électrique de Moeka Shiotsuka. Le fait qu’ils ne soient qu’un trio n’affecte en rien la force musicale de l’ensemble car chacun des membres est complètement investi dans la musique qu’ils produisent sur scène, sans compromis. Le jeu de batterie de Hiroa Fukuda (フクダヒロア) me plait aussi beaucoup, car on ressent physiquement chacun de ses coups de percussions. Cette force musicale est d’autant plus renforcée par la voix très présente de Moeka et l’addition très fréquente des chœurs de Yurika. Toutes ses sonorités, la palette étendue de la voix de Moeka, les chœurs de Yurika, donnent une atmosphère très riche et dense, qui sait être bruyante mais est avant tout émotionnelle. Et j’aime énormément la voix de Moeka Shiotsuka. On la surnomme également Heidi (ハイジ). Je ne connais pas la raison exacte de ce surnom mais il me semble correspondre assez bien à l’accent particulier qu’elle met parfois sur ses paroles en chantant. Les trois membres de Hitsuji Bungaku ont entre 26 et 27 ans mais je trouve que le groupe a déjà atteint une grande maturité, qui n’empêche pas non plus certains moments de folie. En fait, sur scène, on ressent le groupe comme restant naturel. L’émotion de Moeka est palpable lorsqu’elle nous dit, dès le début du concert, que c’est l’avant dernier de cette tournée, ou quand son visage s’éclaire de joie et qu’elle encourage de mouvements de bras le public déjà bien acquis à la cause du groupe. Il y a un respect que je ressens personnellement très bien et qui me fait d’autant plus apprécier ce groupe. Le batteur Fukuda qui ne parle pas beaucoup derrière ses très longs cheveux noirs qui lui cassent la plus grande partie du visage et du corps, indique d’ailleurs que le groupe continuera à jouer leur rock sans trembler (ブレずにカッコよくロックを) dans le sens où il et elles resteront imperturbables dans leur direction musicale.

Il y avait beaucoup de moments mémorables dans ce concert, notamment lors des singles emportant la foule comme Ningen datta (人間だった), OOPARTS ou Hikaru Toki (光るとき). J’ai beaucoup aimé Tengoku (天国) car il faisait intervenir le public par des appels et réponses faits de mouvements de bras. C’était le seul réel morceau dans ce style volontairement interactif. J’ai beaucoup apprécié le fait qu’ils jouent le morceau 1999 dans les rappels car il s’agit du morceau par lequel j’ai découvert le groupe et parce que cette année là, correspondant à mon arrivée à Tokyo, est forcément pour moi particulière. A part les inédits, il y avait un seul morceau que je ne connaissais pas tiré du EP your love et intitulé Yoru wo Koete (夜を越えて). Je m’en voudrais presque de ne pas l’avoir connu avant le concert car c’est vraiment un morceau sublime que j’écoute maintenant beaucoup, tout comme le reste de leur discographie dont j’ai un peu de mal à me détacher. Les quatre premières photographies du billet ont été prises par moi-même, tandis que les autres sont des photographies montrées par le groupe sur leurs comptes Twitter ou Instagram et prises principalement par les photographes Asami Nobuoka et Daiki Miura. La photographie de l’affiche de cette tournée a été prise par le photographe Nico Perez, basé à Tokyo. Il a souvent pris le groupe en photo et a réalisé la photographie qui accompagnera la sortie du futur album. En fait, j’aime tant cette photo de tournée en noir et blanc que je n’ai pas résisté à l’envie d’acheter le T-shirt, en version noire comme le porte Moeka en photo ci-dessus.

Pour référence, ci-dessous est la set list de la tournée 2023 « if i were an angel, » à Zepp Haneda le Mardi 3 Octobre 2023:

1. Ending (エンディング), de l’album Dear Youths (若者たちへ)
2. more than words, single du futur album 12 hugs (like butterflies)
3. Ningen datta (人間だった), du EP Zawameki (ざわめき)
4. FOOL, single
5. honestly, nouveau morceau du futur album 12 hugs (like butterflies)
6. flower, nouveau morceau du futur album 12 hugs (like butterflies)
7. Inori (祈り), du EP Zawameki (ざわめき)
8. hopi, de l’album our hope
9. Mayoiga (マヨイガ), de l’album our hope
10. Titre non dévoilé, nouveau morceau du futur album 12 hugs (like butterflies)
11. Tengoku (天国), de l’album Dear Youths (若者たちへ)
12. Party ha Sugu soko (パーティーはすぐそこ), de l’album our hope
13. Eien no Blue (永遠のブルー), single
14. OOPARTS, de l’album our hope
15. Hikaru Toki (光るとき), de l’album our hope
16. Yoru wo Koete (夜を越えて), du EP your love
17. ghost, de l’album POWERS
18. (Rappel) Odoranai (踊らない), du EP Tunnel wo Nuketara (トンネルを抜けたら)
19. (Rappel) 1999, de l’album POWERS
20. (Rappel) Aimai de ii yo (あいまいでいいよ), de l’album POWERS

東京の天気は晴れ、雨、雨

Pluie tous les jours et quand il ne pleut pas, on a l’impression qu’il va pleuvoir tellement les nuages sont menaçants en se noircissant soudainement par moments et par endroits. J’aime les nuages car ils sont photogéniques mais on ne sait jamais quand une averse va nous tomber dessus. Dans mon cas, elles ont tendances à se déclencher dès que je mets un pied dehors. Heureusement, ces averses ne durent pas très longtemps. Je n’avais pas fait de jogging dans les rues de Tokyo depuis plusieurs mois, car j’hésitais a courir avec un masque. Je me suis habitué à courir avec, mais je je l’enlève quand même par moment lorsque je suis au bord de l’asphyxie. Je cours avec l’iPhone et l’iPod accrochés au bras pour pouvoir écouter de la musique en courant et pour pouvoir prendre des photos en cours de route, au cas où je tomberais par hasard sur des endroits intéressants que je n’ai jamais parcouru. Cette fois-ci, je retourne vers des terrains connus autour et à l’intérieur du cimetière d’Aoyama. Je ne prendrais pas de photos à l’iPhone pendant cette course, ce qui est pourtant pour moi une bonne occasion de faire une pause en chemin. Plutôt que des images, je retiendrais de cette course des odeurs, celle de l’encens à l’intérieur du cimetière et à l’entrée du temple Chōkoku-ji un peu plus loin. Je m’y arrête quelques instants car je trouve une certaine correspondance entre cette odeur diffuse d’encens et la musique flottante que j’écoute sur mon iPod. Les quelques compositions photographiques de ce billet n’ont aucun lien avec le texte ci-dessus, elles sont un peu plus anciennes. Sur la première photographie parasitée visuellement, le train rouge et blanc de la ligne Keikyu qui semble se frayer un chemin parmi les nuages noirs est pris en photo aux environ de Kita Shinagawa. La baleine effectuant un saut hors de l’eau se trouve dessinée sur un mur de bain public sentō au bord de la rue Meiji dans le quartier de Higashi. Les deux dernières photographies composites sont prises à Nogizaka, à l’intérieur du musée NACT lorsque j’ai été voir l’exposition MANGA ⇔ TOKYO, et dans une rue quelconque à proximité où les poteaux électriques dépassent du sol. Je reparlerais sans doute bientôt dans un prochain billet de cette exposition au NACT.

Dans ma playlist de rock indé japonais commencée sur le billet précédent, je continue avec le morceau Ningen Datta (人間だった) du groupe Hitsujibungaku (羊文学) dont j’avais parlé de quelques morceaux sélectionnés dans un billet précédent. La composition du morceau est très intéressante avec des passages où Moeka se met à parler plutôt que chanter. J’aime beaucoup sa manière changeante de chanter, tout en ondulations et en puissance par moment. Il s’agit du premier morceau du EP Zawameki (ざわめき) sorti en février 2020, que je devrais découvrir un peu plus. Je tire souvent les titres de mes billets des paroles de morceaux que j’écoute. Le titre de ce billet provient de ce morceau sauf que j’y ai rajouté un peu plus de pluie que de beau temps, pour se mettre en accord avec la situation météorologique actuelle. Quand SPOOL commence son interprétation du morceau Ghost sorti en Octobre 2019, j’entre juste dans l’enceinte du temple dont je parlais ci-dessus où l’encens se diffuse légèrement dans l’espace. La voix d’Ayumi Kobayashi se dégageant à peine du flot mélancolique de guitares a quelque chose d’envoûtant. Ce morceau reste dans l’esprit de celui dont je parlais avant, et il faut donc être également dans des bonnes conditions. Le temps pluvieux et l’encens des temples sont pour moi des bonnes conditions pour apprécier cette musique. La répétition des guitares et les chœurs flottants nous invitent à partir dans des réflexions rêveuses. Le morceau suivant voit les voix se noyer un peu plus dans l’océan des guitares. Il se rapproche un peu plus du style shoegazing. Il s’agit du morceau Someone by the Sea (誰かがいた海) du groupe Seventeen Years Old and Berlin Wall (17歳とベルリンの壁), dont j’ai également déjà parlé auparavant. Les morceaux de 17Years ne cherchent pas à s’imposer. Ce morceau est le cinquième du EP intitulé Abstract sorti au mois de Mai 2020. Il n’y a pas d’exubérance dans le son ni d’originalité particulière dans la composition de ce morceau, mais il s’inscrit très bien dans ma petite playlist. C’est une musique pour aller à la mer, du côté d’Enoshima par exemple, à la fin de l’été. Cette mise en scène que l’on retrouve dans la vidéo du morceau me plait beaucoup et me donne un brin de nostalgie prématurée. J’ai l’impression que cette plage Shichirigahama (七里ヶ浜) à kamakura près d’Enoshima est assez populaire pour les vidéos de rock indé, comme pour le morceau Goodbye Train (グッバイトレイ) par Ryukku To Soine Gohan (リュックと添い寝ごはん) dont je parlais il y a quelques mois. Peut être y trouve t’on une certaine nostalgie adolescente.

Après avoir parlé de morceaux plutôt récents de rock indé, je remonte le temps jusqu’au mois de Mai 1998 avec le premier single de Sheena Ringo, Kōfukuron (幸福論). La raison que je trouve d’en parler maintenant est le fait que j’ai acheté le single en version 8cm il y a quelques jours au Disk Union d’Ochanomizu. Pas qu’il soit très difficile à trouver, car je l’ai déjà vu une ou deux fois dans des Disk Union à Tokyo, mais j’avais toujours hésité à l’acheter vu la taille du disque. En fait, en réécoutant Muzai Moratorium, je me suis rappelé que la version de Kōfukuron y était complètement différente du single. Je pensais à tord que la version originale de Kōfukuron se trouvait avec Suberidai (すべりだい) sur la compilation de B-sides Watashi to Hōden (私と放電), mais ce n’est pas le cas. Je ne connaissais en fait cette version qu’à travers la vidéo que j’ai regardé maintes fois, mais je n’avais pas le morceau dans ma librairie iTunes. Du coup, je me remets à écouter les deux morceaux du single en boucle. A l’époque où le single est sorti, je préparais mon voyage au Japon, deux mois après, à Nagasaki. Je n’ai malheureusement pas le souvenir d’avoir entendu ce morceau à la radio ou à la télévision. J’ai plutôt découvert Sheena Ringo avec Muzai Moratorium sorti en Février 1999, le mois de mon arrivée à Tokyo. A cette époque, c’était surtout Koko de kiss Shite (ここでキスして。) qu’on entendait beaucoup.

Depuis que j’ai vu le dernier concert de Tokyo Jihen en Live streaming, je me suis mis en tête de regarder petit à petit tous les Live de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen. Comme il y en a beaucoup, qu’ils soient sortis en DVDs et Blu-Ray, cela va me prendre un certain temps, ne serait ce que pour trouver des versions d’occasion dans les Disk Union tokyoïtes. C’était en fait la raison de mon passage récent au Disk Union d’Ochanomizu, bien que je n’y ai finalement acheté que le single Kōfukuron. Je ressors de mon tiroir le DVD du Live Baishō Ecstasy (賣笑エクスタシー) sorti en Mai 2003, quelques mois après son troisième album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) dont il fait principalement la promotion. Le concert en lui même est assez court et ne couvre que des morceaux de KSK, à part Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王) de Muzai Moratorium et une reprise des Feuilles Mortes de Jacques Prévert chantée en français. Il a été filmé dans le hall Kudan Kaikan (actuellement en cours de rénovation) à Chiyoda et retransmis dans diverses salles au Japon. Les morceaux sont interprétés avec un orchestre appelé Noraneko Orchestra (ノラネコオーケストラ) dirigé par Neko Saito, qu’on retrouvera quelques années plus tard en Février 2007 sur l’album Heisei Fūzoku (平成風俗). En plus de cette orchestration des morceaux, un des intérêts de ce concert est sa mise en scène avant et après le début des morceaux. Le concert est en lien direct avec le court métrage Hyaku Iro Megane (百色眼鏡) sorti un peu plus tôt en Janvier 2003, car on y voit sur scène l’acteur Kentarō Kobayashi, qui interprétait le personnage du détective Amagi. Il intervient au début du concert en regardant à travers le trou d’une palissade similaire à celle du film. De l’autre côté de cette palissade, on voit des images de Sheena Ringo arrivant dans le hall de la salle de concert et se préparant dans les coulisses jusqu’à son arrivée sur scène. La fin du concert est également mise en scène, mais d’une manière tragique car on la voit tomber à terre mystérieusement dans les couloirs des coulisses. On l’emmènera ensuite en toute précipitation dans une vieille BMW blanche, et ainsi se termine le concert. Je revois ce concert avec un oeil neuf car je ne l’avais pas revu après avoir vu Hyaku Iro Megane, et donc ces détails assez élémentaires m’avaient échappé. En fouillant un peu le DVD, on peut y trouver des vidéos de publicités pour l’album KSK, dont j’avais un vague souvenir, et pour le film Hyaku Iro Megane. Il y également une courte vidéo de Koko de kiss Shite qu’elle interprète seule au piano.

Mais il y a aussi un autre clip vidéo qui n’est accessible qu’après avoir entré un code. L’interface graphique du DVD (un peu désuète si on le compare aux standards actuels) nous montre un panneau dessiné avec quelques kanji chinois inscrits. Il faut en choisir 5 dans l’ordre pour espérer accéder à cette vidéo. Je suis certain de n’avoir jamais vu cette vidéo, étant à l’époque dans l’incapacité de déchiffrer ce mot de passe. J’en suis pas plus capable maintenant et une petite recherche sur internet m’indique que les symboles à entrer dans l’ordre sont「壱肆玖 捌漆」(je les inscris ici pour m’en souvenir à l’avenir), ce qui correspondrait à 149-87 soit en japonais いちじくのはな (Ichijiku no Hana). Ce morceau Ichijiku no Hana (映日紅の花) est également disponible avec le DVD sur un CD additionnel, mais aussi présent sur la compilation Watashi to Hōden (私と放電). La vidéo du morceau à laquelle on peut ensuite accéder montre un mélange d’images et de plans vidéo courts comme sur les deux images ci-dessus, dont certaines se déroulent à Londres et à Paris. Comme il s’agit, en 2003, des cinq ans de la carrière de Sheena Ringo, elle nous montre une sorte de mini-retrospective en images. Elle avait 19 ans au début de sa carrière et on voit une photo de ses vingt ans dans la petite vidéo.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la liste des morceaux interprétés lors de Baishō Ecstasy (賣笑エクスタシー):

1. Kareha (枯葉), reprise du morceau Les feuilles mortes écrit par Jacques Prévert et composé par Joseph Kosma, présent sur l’album Utaite Myōri: Sono Ichi (唄ひ手冥利 ~其ノ壱~)
2. Torikoshi Kurō (とりこし苦労), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
3. STEM (茎), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
4. Ishiki (意識), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
5. Poltergeist (ポルターガイスト), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
6. Okonomi de (おこのみで), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
7. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
8. Meisai (迷彩), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)