諸行無常~其ノ壱~

Quelle drôle d’impression d’avoir enfin pu voir et écouter Sheena Ringo en concert. La place était réservée depuis plusieurs mois depuis la mise en vente des billets pour les membres du fan club Ringohan. La loterie m’avait permis d’acheter un billet pour le Mardi 9 Mai 2023, l’avant dernier jour de la tournée Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) qu’on pourrait traduire par Sheena Ringo et l’impermanence de toutes choses. Ce titrage correspond bien au nom qu’elle avait donné à ses deux tournées précédentes en 2018 et 2015, hors tournée du type Expo. En fait, comme il s’agit de la tournée de ses 25 ans de carrière, on aurait pu s’attendre à une tournée de type Expo (comme Expo 18), mais elle a préféré des salles plus petites et une tournée nationale dans tout le Japon, plutôt que des grands rassemblements dans des lieux de type Arena. Quand je mentionne des salles plus petites, c’est une façon de parler car ce sont des salles de 5000 personnes comme au Tokyo International Forum. La tournée a démarré le Vendredi 24 Février à Kawaguchi dans la préfecture de Saitama pour se terminer les 9 et 10 Mai 2023 au Tokyo International Forum (2 dates), en passant par Fukuoka (2 dates), Sendai (2 dates), pour revenir à Tokyo au Bunkamura à Shibuya (3 dates), et répartir pour Sapporo (2 dates), Osaka (2 dates), Hiroshima (2 dates), Nagoya (2 dates), Kobe (2 dates) et Kanagawa (2 dates). La dernière journée de spectacle qu’on appelle Senshūraku (千秋楽) se déroulait donc au Tokyo International Forum le 10 Mai 2023. Il s’agissait donc d’une longue tournée de 22 dates pour 11 salles différentes aux quatre coins du pays, durant pratiquement 3 mois. Cela faisait 5 ans qu’elle n’avait pas fait de tournée en solo, après la tournée News Flash de Tokyo Jihen en 2020, en partie annulée en raison de la crise sanitaire naissante. Cette année là, j’avais malheureusement annulé ma place pour une des premières dates à Tokyo car les incertitudes de cette crise étaient particulièrement anxiogènes à cette époque. Ce concert du 9 Mai 2023 était donc la première fois pour moi (初生林檎).

Ma principale crainte était de tomber malade pendant les jours précédents le concert et de ne pas être en mesure d’y assister. Ce ne fut heureusement pas le cas. Il faut dire que j’attendais ce concert avec une impatience certaine depuis plusieurs années. J’avais d’ailleurs pris une journée de congé et, ayant un peu de temps le matin, je me suis demandé comment j’allais me préparer mentalement (façon de parler) à cet événement musical. Je me suis décidé à aller faire un tour sur le lieu du tournage de la vidéo d’un de ses premiers singles Koko de kiss shite (ここでキスして。), par lequel j’ai découvert la musique de Sheena Ringo en 1999. Il s’agit en fait du lieu du tournage de la version alternative de la vidéo de Koko de kiss shite qui est présente sur le DVD Seiteki Healing Sono Ichi (性的ヒーリング~其ノ壱~). Sur un billet de Février 2021 où j’étais allé sur les lieux du tournage de Kabukichō no Jōo (歌舞伎町の女王), je m’étais demandé à l’époque dans quelle banlieue de Tokyo cette vidéo alternative avait été tournée. Je n’ai trouvé ma réponse que récemment grâce à un compte Twitter que je suis depuis quelques temps. Il s’agit du complexe d’appartements Hamune (はむね団地) situé entre la station Kokuryō (国領), près de Chōfu, et la rivière Tamagawa. On y reconnaît une grande tour servant de château d’eau près d’un parc avec des balançoires et d’autres jeux pour enfants. A quelques dizaines de mètres seulement de ce parc, se trouve un collège et son terrain de sport que Sheena Ringo longe pendant une partie de la vidéo. J’avais encore assez clairement les images de cette vidéo en tête mais je la regarde une nouvelle fois sur place, assis sur un banc du parc vide, pour essayer de faire correspondre au mieux mes photos avec les scènes de la vidéo. Je suis content de retrouver la balançoire devant un petit muret de briques qui apparaît plusieurs fois dans la vidéo. La partie principale de la vidéo Koko de kiss shite et de sa version alternative où Sheena joue avec son groupe devant une haie verte ponctuée de roses rouges n’a par contre pas été tournée à cet endroit. Il me reste encore beaucoup de lieux de tournage à découvrir autour de Tokyo, comme la forêt de bambous de la ferme de Wakayama (若竹の杜 若山農場), dans la préfecture de Tochigi, utilisée dans la vidéo de Irohanihoheto (いろはにほへと).

A mon retour de Kokuryō, il ne me reste que peu de temps pour me mettre en route vers le Tokyo International Forum. Je me suis décidé d’y aller en vélo. Mari me demande de passer par le sanctuaire d’Atago qui est sur le chemin, pour y récupérer le sceau goshuin, car cette journée là du 9 Mai est une journée faste. Je ne pose pas beaucoup de questions car ça me paraît de toute façon de bonne augure d’avoir un goshuin correspondant au jour du concert. Rappelons que dans les goods de certaines tournées de Sheena Ringo, on trouve des carnets goshuinchō vierges, et c’est notamment le cas de cette tournée. C’est une idée très particulière et assez unique, je pense. J’imagine bien qu’elle doit elle-même collectionner les sceaux des sanctuaires et temples. Dans ma précipitation, je ne retrouve plus le grand escalier du sanctuaire d’Atago, car je l’imaginais entre les deux tours du complexe Mori composé d’une tour de bureaux et d’une tour d’habitation, modèle en quelque sorte précurseur d’autres complexes comme celui de Roppongi Hills. L’escalier se trouve en fait à quelques mètres à côté du complexe. Le sanctuaire d’Atago est vraiment agréable, car il est perché en haut d’une colline boisée avec un petit étang. Il ne faudra que quelques minutes pour qu’on me prépare le goshuin. Il s’agit peut-être du plus simple visuellement que j’ai dans mes carnets. J’ai d’abord l’impression que la date du jour n’est pas indiquée mais le mois de Mai est en fait mentionné avec le kanji Satsuki (皐月) qui est le nom employé dans le calendrier lunaire. Une des théories sur l’emploi de ce nom pour le mois de Mai est qu’il a été abrégé de ’Sanaetsuki’ (早苗月) qui correspond au mois de la plantation du riz.

Je ne m’attarde pas beaucoup plus car il faut maintenant rejoindre le Tokyo International Forum (東京国際フォーラム) après avoir stationné le vélo près de la gare de Yurakuchō. Je suis loin d’être en retard car j’arrive sur les lieux vers 16h soit deux heures avant l’ouverture des portes. Le concert démarre lui à 19h. Je voulais arriver tôt pour voir à quoi ressemblait les fans. Plus j’approche de l’entrée du Hall A où se déroulera le concert, plus je vois de personnes portant des t-shirts, et autres vêtements ou casquettes estampillées des logos de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. De très nombreux goods ont été créés et mis en vente au fur et à mesure des tournées des 25 années de carrière de Sheena Ringo. Certaines et certains ont un talent véritable pour s’habiller de manière remarquable aux couleurs de l’artiste et du groupe. Je me doutais bien que je verrais de nombreux fans particulièrement inspirés, comme une certaine Hitomi que je suis sur Twitter depuis quelques temps et qu’on remarque tout de suite dans le Hall A. Elle n’est pas la seule en kimono ou yutaka, mais je remarque qu’elle est particulièrement inventive dans son style vestimentaire en partie fait maison, jusqu’au bout des ongles (elle est apparemment nailiste à Utsunomiya, ceci expliquant cela). C’est un vrai plaisir de voir tous ces fans et ça nous met en condition avant le début du concert. Je suis personnellement resté sobre, avec seulement mon pins Ringhan de troisième année épinglé au col, mais je suis heureusement loin d’être le seul. Les petits drapeaux avec le logo de la tournée sont aussi de sortie. J’ai acheté le mien sur internet il y a quelques semaines mais je me rends compte seulement maintenant que je viens de l’oublier à la maison. Je râle souvent sur mon fiston de ses oublis nombreux mais je sais très bien de qui il tient. Le drapeau est un accessoire indispensable pour le concert, peut-être pourrais-je en acheter un autre avant le début du concert. Les portes de la boutique de goods sont bien ouvertes mais on me dit que c’est réservé aux personnes qui ont commandé à l’avance par internet. Cette boutique sera ouverte à tous à partir de 18h. Attendons encore un peu et ouvrons grands les yeux en attendant (A suivre).

Shibuya za rock

Les deuxième et troisième photographies de ce billet sont prises depuis un des derniers étages du Department Store PARCO de Shibuya. La troisième photographie montre une vue en contre-plongée de l’ancien Cinéma Rise reconverti en salles de concert WWW et WWWX. J’ai toujours aimé ce petit bâtiment atypique conçu par l’architecte Atsushi Kitagawara et je suis particulièrement satisfait de voir qu’il a pu trouver une seconde vie après la fermeture du cinéma. Tokyo est en général sans pitié pour les vieux buildings qui faiblissent même s’ils ont été créés par des architectes reconnus. Je suis en fait venu au PARCO pour voir une petite exposition consacrée au magazine mensuel gratuit Kaze to Rock (風とロック). L’exposition intitulée Kaze to Rock to PARCO: Minna Waratteru (風とロックとPARCO:みんな笑ってる) se déroulait du 28 Avril au 8 Mai 2023 au PARCO Museum Tokyo situé au quatrième étage de PARCO. Je pensais d’abord que cette galerie se trouvait au dernier étage d’où le petit détour qui m’a permis de prendre les photographies ci-dessus. La galerie est en fait perdue au milieu des boutiques du grand magasin. J’avais déjà très brièvement évoqué le magazine Kaze to Rock après avoir acheté le livres de photographies de Mika Ninagawa car on y montrait une photographie de Sheena Ringo accompagnée des acteurs Shun Oguri, Lily Franky et Kenichi Matsuyama. Cette photographie était en fait tirée d’une édition spéciale du magazine Kaze to Rock sortie en Novembre 2006 et intitulée Kaze to Rock to United Arrows (風とロックとユナイテッドアローズ).

Le magazine Kaze to Rock a été créé en 2005 par le directeur créatif Michihiko Yanai (箭内道彦). Michihiko Yanai est originaire de Koriyama dans la prefecture de Fukushima. Après des études de design à l’Université des Beaux-arts de Tokyo, il travaille d’abord pour la grande agence publicitaire Hakuhodo et devient ensuite indépendant en 2003, créant sa propre agence Kaze to Rock Co. Limited qui est toujours active. Ce nom n’est pas choisi par hasard car en plus d’être professeur à l’Université des Beaux-arts de Tokyo, il est également guitariste dans un groupe de rock, animateur d’émissions radio, organisateur d’évènements musicaux, entre autres. On lui doit notamment la fameuse campagne publicitaire au long court « No Music No Life » pour Tower Records. Il n’y a pas de doutes que Michihiko Yanai vit et respire pour cette musique rock, et c’est dans ce contexte là qu’il a créé le magazine mensuel Kaze to Rock en 2005, sans but lucratif et même à perte car il s’agit d’un magazine gratuit. A vrai dire, je ne sais pas où il est distribué car je ne l’ai jamais vu disponible, au Tower Records par exemple, mais il y a en tout 100 numéros publiés. Vu le nombre de numéros, la publication n’est certainement pas régulière. En tant que rédacteur en chef du magazine, Michihiko Yanai semble choisir sans contrainte les artistes et groupes dont il veut parler sur ses pages. On reconnaît tout de suite cette liberté créative dans le format du magazine donnant une grande place aux photographies. L’exposition permet de feuilleter un grand nombre de numéros du magazine et je remarque que les pages de photos consacrés au groupe ou à l’artiste en couverture sont très importantes, de quarante a cinquante pages environ suivant le numéro. Cela fait ressembler ce magazine à un véritable livre d’art plutôt qu’à un magazine classique que l’on trouverait en librairie. Outre la possibilité de feuilleter ces magazines, l’exposition montre de nombreuses photographies sur écrans géants dans plusieurs pièces avec des éléments d’explication et de chronologie.

Une des raisons pour laquelle j’ai fait le déplacement était de voir deux numéros du magazine consacrés à Sheena Ringo et à Tokyo Jihen, car je savais qu’ils étaient visibles parmi les magazines présentés à l’exposition. J’ai pris mon temps pour les feuilleter pendant l’exposition. On ne pouvait malheureusement (ou heureusement) pas les prendre en photo. J’ai tout de suite été interpellé par la qualité des photographies qu’on y montrait. Beaucoup de photos se ressemblent, comme des versions différentes d’une même situation, mais sont prises sous des angles différents et avec des expressions du visage semblant être prises sur le vif. Certaines photographies font des plans resserrés sur des objets ou des parties du corps. Ce ne sont clairement pas des photos qu’on trouverait dans un magazine musical traditionnel. J’ai eu forcément très envie de me procurer ces numéros que j’ai trouvé assez facilement sur Mercari pour pas très chers. La plupart des photographies des deux magazines m’étaient inconnues et je les feuillette tranquillement et avec beaucoup d’attention comme des petits trésors. Le numéro avec Tokyo Jihen est celui du 1er Septembre 2007, ce qui correspond à la sortie de l’album Variety (娯楽). Les photographies sont prises par Kazunari Tajima (田島一成) qui a déjà capturer le groupe pour le numéro de Mars 2010 du magazine Switch. Kazunari Tajima a également photographié Sheena Ringo pour le numéro de Février 2003 de Rockin On Japan à l’occasion de la sortie de son troisième album KSK. C’est également un magazine que j’ai dans ma petite collection. Le numéro de Kaze to Rock consacré à Sheena Ringo est celui du 1er Juin 2009. Ce numéro correspond à la période où elle revenait vers sa carrière solo en sortant l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ). Les photographies sont également superbes, notamment celles en plan serré dont une est utilisée en couverture du magazine. Elles sont du photographe Jin Ohashi (大橋仁), qui a également pris en photo Sheena Ringo pour le magazine Switch du mois d’Avril 2000 sur une série intitulée In the Room. Sur ces deux magazines, j’aime aussi beaucoup le titrage avec une police de caractère très stylisée. L’organisation même du magazine me fait penser à un fanzine et je pense que c’est le souhait de son créateur car il a fait le choix de ne parler que des artistes qu’il aime. Feuilleter ces magazines me relance dans l’idée de faire ce genre de fanzine, si j’en avais le temps, le courage et surtout l’inspiration.

Continuons encore un petit peu en musique avec un autre album de Blankey Jet City que j’écoute beaucoup en ce moment, Love Flash Fever sorti en 1997. J’ai acheté cet album au Disk Union de Shimo-Kitazawa en même que l’album solo de Kenichi Asai, Red Snake Shock Service, dont je parlais récemment. Vous l’aurez peu être compris, je suis actuellement dans une période rock très pointue allant de Kenichi Asai et ses groupes jusqu’à Buck-Tick que je continue à beaucoup écouter depuis quelques mois. Cette profusion de guitares explique mon besoin de me dégourdir de temps en temps les oreilles avec une musique plus pop, comme celle mentionnée dans le billet précédent. De cet album Love Flash Fever, je connaissais déjà plusieurs morceaux déjà présents sur la compilation Blankey Jet City 1997-2000, à savoir Gazoline no Yurekata (ガソリンの揺れかた), Planetarium (プラネタリウム), Spaghetti Hair et Dennis Hopper (デニスホッパー). Ces morceaux comptent dans les meilleurs de l’album mais celui que je préfère est le deuxième intitulé Pudding. Il n’est étonnement pas présent sur la composition mentionnée ci-dessus. Il s’agit d’un morceau plein de la furie typique du groupe. Il y a une urgence et une frénésie assez géniale, accompagnée par des riffs de guitares particulièrement incisifs et Kenichi Asai accélérant démesurément son phrasé. J’aime aussi beaucoup le quatrième morceau Minagoroshi no Trumpet (皆殺しのトランペット) car il a une composition singulière démarrant par un monologue de Kenichi Asai accompagné par un son de trompette et une basse, pour se transformer dans une deuxième partie vers une composition plus classique. J’aime beaucoup l’atmosphère sombre de ce morceau ponctuée par des cris d’Asai. L’ambiance est très différente du morceau que je mentionnais précédemment, et ils forment à eux deux les pics de cet album. Enfin, il y a beaucoup d’autres très bons morceaux sur cet album, comme le cinquième intitulé Kanjō (感情) toujours avec cette rage naturelle et ses émotions fortes, qui se sont ensuite un peu apaisées plus tard sur ses albums solo. Et il y a ce morceau intitulé Dennis Hopper où le chant de Kenichi Asai n’est pas des plus faciles à apprécier aux premiers abords. Mais la deuxième partie du morceau est assez fantastique et me donne à chaque fois des frissons.

découpée au sabre

Ces quelques photographies ont été prises il y a déjà plusieurs semaines à Shimo Kitazawa, Yoyogi Uehara puis dans les environs de Kiyosumi et Fukagawa près de la rivière Sumida. Sur la quatrième photographie montrant la devanture du magasin en désordre Village Vanguard dans le centre de Shimo Kitazawa, on me rappelle de jeter un œil un jour ou l’autre à deux séries animées disponible sur NetFlix. Il y a d’abord la série Maniac par Junji Ito (伊藤潤二・マニアック) sous-titrée Anthologie Macabre. Je ne connais pas beaucoup Junji Ito, mais j’ai beaucoup entendu parler de ses manga d’épouvante sur mon fil Twitter car il était invité au dernier festival d’Angoulème pour une exposition rétrospective exceptionnelle. Son manga le plus connu est Tomie qui est un pavé de plus de 700 pages. Comme j’ai un peu de mal à le trouver en librairie à un prix raisonnable, je vais peut-être me tourner vers la version digitale disponible sur le bookstore Apple. L’autre série dont on voit des affichettes sur la devanture du Village Vanguard s’intitule Bocchi the Rock! (ぼっち・ざ・ろっく!). Cette série nous raconte apparemment l’histoire d’un jeune groupe de rock à Shimo Kitazawa. J’ai également vu quelques autres affiches de cet anime à l’intérieur du Tsutaya de Shimo Kitazawa près de la station, et ça m’avait intrigué sans pourtant y regarder plus en avant. Le journaliste musical Patrick Saint-Michel consacrant sa dernière newsletter à cette série relance soudainement cet intérêt légèrement oublié. Il faudra que j’y jette un œil prochainement.

Musicalement parlant, j’écoute toujours beaucoup la musique de Buck-Tick en ce moment. J’avais dans l’idée de parler au fur et à mesure de chaque album que je découvre, comme j’avais commencé à le faire pour Jūsankai ha Gekkō (十三階は月光) et Darker Than Darkness, mais la tâche me semble maintenant des plus ardues car j’ai déjà écouté plusieurs albums, notamment Kurutta Taiyō (狂った太陽) sorti en 1991, TABOO sorti en 1989, No.0 sorti en 2018 puis Atom Miraiha No.9 (アトム未来派N.9) sorti en 2016. Je suis impressionné par l’ambiance et la qualité générale de ces albums. Les compositions et les trouvailles musicales d’Hisashi Imai (今井寿) et le chant hanté de Atsushi Sakurai (櫻井敦司) ne déçoivent jamais. J’ai bien l’intention de découvrir une grande partie de la discographie du groupe mais elle est tellement immense que je ne me sens pas d’attaque pour parler de chaque album individuellement. C’est intéressant de voir la manière dont le style de la musique de Buck-Tick évolue, mais reste tout de même extrêmement sombre. L’électronique se fait plus présente dans les albums à partir des années 2000, mais l’esprit général est résolument rock. Le groupe était la semaine dernière sur la scène de l’émission Music Station, ce qui n’était pas arrivé depuis 28 ans. La dernière fois était en 1995 et le groupe avait interprété deux morceaux Aku no Hana (悪の華) de l’album du même nom sorti en 1990 et Uta (唄) de l’album Six/Nine sorti en 1995. Le chanteur Atsushi Sakurai, tout vêtu de noir comme à son habitude avec le regard sombre et perçant, est quand même un personnage singulier et fascinant. On ne peut pas dire qu’il était complètement à sa place dans l’émission, et c’était même assez amusant à voir, du moins je me suis délecté de leur présence. En fait, Atsushi Sakurai est quand même venu sans le groupe plus récemment en 2019 à Music Station, mais c’était avec Sheena Ringo pour le morceau Kakeochimono (駆け落ち者). Lors de l’émission du 7 Avril 2023, Buck-Tick jouait une version raccourcie de leur dernier single Mugen Loop (無限LOOP) qui est vraiment excellent et que j’ai moi-même écouté en boucle infinie. Ce morceau est assez différent de ce que j’ai pu écouter jusqu’à maintenant sur des albums plus anciens. J’admire la manière dont ils arrivent à se renouveler sans cesse à l’écart des modes du moment tout en conservant leur identité singulière. L’album TABOO datant de 1989 a certes un peu vieilli, teinté d’une ambiance années 80 mais contient des morceaux emblématiques comme ICONOCLASM et Just One More Kiss, qui a été un de leurs premiers succès, au plus fort du Visual Kei avec cheveux dressés sur la tête. Bien que chaque album soit différent, on retrouve toujours cette tension émotionnelle qui me plait tant. C’est même difficile de dire quel album est meilleur qu’un autre, mais il est assez communément admis par la communauté des fans qu’il est préférable de commencer par Darker Than Darkness ou Kurutta Taiyō (狂った太陽). Cette porte d’entrée me paraît en effet raisonnable. Il n’y a malheureusement que très peu de morceaux disponibles officiellement sur la chaîne YouTube du groupe, mais on en trouve trois de cet album Kurutta Taiyō de 1991: Jupiter, Speed (スピード) et M・A・D. Ces morceaux ne donnent bien sûr pas une impression d’ensemble de l’oeuvre de Buck-Tick, mais quelques idées des ambiances auxquelles on peut s’attendre. Je trouve l’excellent morceau BABEL de l’album No.0 de 2018 un peu plus représentatif. Toujours est-il que si on est entre dans le manoir de Buck-Tick et qu’on y reste quelques temps car ce qu’on y entend nous intrigue, il est ensuite difficile d’en sortir car on a envie d’y explorer toutes les salles, toutes les facettes.

J’ai regardé en direct sur YouTube ce samedi 15 Avril 2023 à 20h la première diffusion de la vidéo du single W●RK de Millenium Parade et Sheena Ringo. J’ai déjà dit tout le bien que je pense de ce morceau et du simple fait d’une collaboration entre Daiki Tsuneta et Sheena Ringo. La vidéo ne déçoit pas non plus pour ses parallèles avec la vidéo emblématique de Tsumi to Batsu (罪と罰), morceau très important dans le début de carrière de Sheena Ringo. On y retrouve la Mercedes Benz W114 avec la même plaque d’immatriculation, se faisant découper au sabre par Daiki Tsuneta. Sheena a les cheveux courts blonds et un maquillage autour des yeux qui rappelle également celui de Tsumi to Batsu, sans être aussi poussé. La présence du sabre est également un point commun des deux vidéos et une des scènes où Daiki Tsuneta ouvre ce sabre devant son visage semble être une correspondance directe à la vidéo de Tsumi to Batsu. On apprendra donc que Daiki Tsuneta et Sheena Ringo ont en commun le pouvoir de découper parfaitement en deux des voitures d’un seul coup de sabre. On sait en tout cas que Tsuneta aime les voitures vintage et qu’il en conduit une, comme Sheena Ringo à cette époque. On savait déjà également leur affection mutuelle pour le haut parleur portatif et j’aime beaucoup le fait que Sheena en porte deux et en donne un à Tsuneta, comme un passage de relais. La vidéo est réalisée par Yuichi Kodama, et j’imagine donc que les recommandations de Ringo ont été complètement prises en compte. Le détail très ’ringoesque’ est la durée de la vidéo incluant les crédits faisant exactement 4:17 minutes. C’est désormais bien connu que 417 se réfère à « Shiina » et ce choix n’est pour sûr pas laissé au hasard. Je me suis d’abord demandé si le groupe créatif de Daiki Tsuneta, Perimetron, serait en charge de réaliser la vidéo comme c’est le cas pour les vidéos de King Gnu et Millenium Parade. Le fait de trouver la tour de Tokyo dans cette vidéo est assez typique de Yuichi Kodama, en particulier dans les videos qu’il a réalisé pour Tokyo Jihen et Sheena Ringo. Mais cette tour de Tokyo est bizarrement mélangée avec des images du Mont Fuji et de Kyoto pendant le festival Gozan no Okuribi où le kanji Dai (大) est inscrit en feu sur une montagne. La musique de Millenium Parade fusionne de nombreux sons et styles et c’est peut-être le sens de ce collage visuel.

晴れのち夕暮れ

Ces quelques photographies ont été prises entre Shibuya et Shinjuku en fin d’après midi alors que la lumière commençait déjà à baisser. Je ne me souviens déjà plus des circonstances qui m’ont poussé à traverser le sanctuaire Meiji Jingū mais je me souviens au moins que j’écoutais pendant une partie de cette marche l’album Dramatic de Clammbon mentionné auparavant, avant de le trouver un peu plus tard au Disk Union de Shinjuku et de prendre ensuite le train pour Ikebukuro. Je vais assez rarement à Ikebukuro car je me trouve presqu’à chaque fois arrêté en route à Shinjuku. Je note d’ailleurs qu’il faudra que je passe voir la très haute Tokyu Kabukicho Tower qui va bientôt ouvrir ses portes au public. Elle devrait j’imagine contribuer à changer progressivement l’image du quartier, tout comme l’avait commencé le complexe de cinémas Toho à l’entrée centrale de Kabukichō.

Le nouveau single W●RK de Millenium Parade et Sheena Ringo, sorti le 1 Avril 2023, ne déçoit heureusement pas mes attentes, car c’est particulièrement intéressant d’entendre l’ambiance musicale si spécifique et immédiatement reconnaissable de Daiki Tsuneta pour Millenium Parade avec la voix également inimitable de Sheena Ringo. Tsuneta y chante d’ailleurs également avec des paroles rappées dont il a l’habitude. On y trouve une tension et un bouillonnement général que je trouve bienvenus par rapport aux morceaux récents de Sheena Ringo un peu trop posés à mon goût (toogood par exemple). Une photo mystérieuse et très intrigante montrée par Daiki Tsuneta sur son compte Twitter nous laisse penser qu’il y aura une vidéo pour ce morceau mais on ne connaît pas encore sa date de sortie. Peut-être s’agira t’il du 17 Mai car un CD de ce single sera mis en vente avec une deuxième collaboration de Millenium Parade et Sheena Ringo intitulée 2045. La couverture du single montre très naturellement un porte-voix portatif, car Daiki Tsuneta et Sheena Ringo l’utilisent tous les deux régulièrement. J’ai toujours pensé que Tsuneta était influencé par Ringo à ce sujet.

a子 nous fait le plaisir de se produire en live en solo le 28 Juin 2023 pour la première fois (a子 初ワンマンライブ). Ça se déroulera dans la salle de concert WWW, que je connais presque car elle se situe dans le même bâtiment (l’ancien cinéma Rise) où j’avais été voir For Tracy Hyde le 25 Mars. J’écoute et apprécie beaucoup la musique d’a子 depuis la découverte de son premier EP Misty Existence (潜在的MISTY) sorti en Septembre 2020, et je parle très régulièrement de sa musique sur ces pages (pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore remarqué). Je ne voudrais pas manquer son premier concert solo, et j’ai été bien avisé de ne pas trop attendre pour acheter ma place car les billets sont déjà ‘sold out‘ après seulement trois jours de mise en vente. Pour ce live, j’imagine qu’elle sera accompagnée par son groupe habituel avec lequel elle joue régulièrement en direct sur Instagram. Je me rends compte d’ailleurs qu’elle n’a pas encore sorti d’album, mais plusieurs EPs et singles seulement, dont une collaboration avec Chiaki Satō. Et je me demande donc maintenant si Chiaki Satō assistera à ce concert, sachant que son nouvel album Butterfly Effect sortira le même jour. Je me demande toujours comment des artistes relativement connus de la scène musicale japonaise peuvent assister à des concerts d’autres artistes ou groupes sans se faire reconnaître par le reste de la foule. Je repense par exemple à DAOKO qui nous fait part qu’elle a été voir Tricot en concert, ou Kyary qui a été voir Björk lors de son concert à Tokyo le 28 Mars. Je ne pense pas qu’il y ait des espaces vip dans ces salles de concert / live house.

雷くらいは残しておこう

Il y a un petit tonnerre qui se cache dans l’Alpine A110 que je montre sur la première photographie. On en voit de plus en plus à Tokyo, mais pas autant que d’autres voitures de sport. J’aime beaucoup cette petite française qui semble remporter un certain succès. La première fois que je l’avais vu était à l’intérieur de la cour de l’Ambassade de France à Tokyo il y a déjà plusieurs années. En cette journée de fin du mois de Février, je me décide à prendre le vélo pour aller au plus près de la baie de Tokyo, dans le quartier d’Harumi, en sautant avec dextérité d’île artificielle en île artificielle. Avant cela, je passe par le quartier de Shiba dans l’arrondissement de Minato, notamment devant un très bel immeuble de béton d’inspiration brutaliste appelé Cornes House. Il est conçu par Takenaka Corporation et ouvrira ses portes cette année pour un vendeur de voitures de luxe. J’aime beaucoup ses formes angulaires et son aspect massif lisse. La NEC Super Tower sur la cinquième photographie est beaucoup plus massive et est un landmark du quartier. Il s’agit de la maison mère de NEC conçue par Nikken Sekkei. J’ai toujours admirer l’aspect futuriste de cette tour qui me fait penser à un vaisseau spatial posé en attente d’un décollage imminent. On la surnomme également « rocket building » en raison de sa forme unique. La grande ouverture de 45m de large et 15m de hauteur, placée au centre du building, est destinée à donner un accès au vent et contribue à ces considérations futuristes. Cette tour de 43 étages a maintenant plus de trente ans, sa construction s’étant terminée en Janvier 1990. La voie temporaire de la dernière photographie entoure d’un côté une partie du canal bordant le parc Hamarikyu, et de l’autre, l’ancien marché aux poissons de Tsukiji. Cette voie piétonne et cycliste est particulièrement agréable à emprunter à vélo. De là, on traverse ensuite un canal qui nous amène à Kachidoki puis à Harumi. J’y reviendrais très bientôt avec une autre série de photographies.

Dans les plaisirs musicaux de ces derniers jours, je suis très content de retrouver le shoegazing toujours très inspiré du groupe japonais Yuragi (揺らぎ) sur un nouveau morceau intitulé Here I Stand. Leur deuxième album qui sortira le 5 Avril 2023 prendra le même titre que ce single. Ce morceau Here I Stand ne révolutionnera pas le genre, comme c’est d’ailleurs souvent le cas pour ce groupe, mais n’en reste pas moins brillant. Il est très attirant pour l’amateur de shoegazing que je suis, rempli de guitares bruyantes et de voix éthérées. La voix de miraco s’étend comme une nappe et se dissout dans les flots de guitares. J’aime beaucoup ce mélange de délicatesse et de fragilité vocale avec l’aspect brutaliste des dons de guitares. C’est tout l’esprit du shoegazing et c’est toujours très bien exécuté chez Yuragi. La photo de couverture du single m’a intrigué. L’image de Yoko et John m’est tout de suite venu à l’esprit et j’étais amusé de voir que je n’étais pas le seul à le penser en lisant les commentaires sur Twitter suite à l’annonce du single. Il s’avère bien sûr qu’il ne s’agit pas d’une photographie d’archive d’un des membres des Beatles et de son épouse. Le photographe est français et se nomme Valentin Duciel. En regardant son portfolio, il nous montre beaucoup de photos de personnages dans ce type d’accoutrement très décontracté. Enfin, plus que les fessiers, c’est surtout la forme du rocher qui m’intrigue sur cette photographie. Content également de retrouver la compositrice et interprète Samayuzame avec un nouveau morceau intitulé Amaki shinjū ha Poolside de (甘き心中はプールサイドで). Il s’agit en fait d’un de ses morceaux plus anciens réorchestrés. La composition musicale est de grande qualité, pleine de détails et de délicatesse, toujours dans l’esprit de ses créations précédentes. Samayuzame y ajoute sa voix, toujours à la limite entre le parlé et chanté. On y retrouve toujours une noirceur certaine. En écoutant sa musique, j’ai à chaque fois l’impression d’être dans un jardin botanique grouillant de plantes bizarres. J’ai vu récemment sur NetFlix l’excellente série Wednesday de Tim Burton, basée sur le personnage de Mercredi de la famille Adams, et cette ambiance gothique doit déteindre sur mes impressions.

Je suis allé voir au cinéma Toho de Shibuya le film Everything Everywhere All at Once des réalisateurs Daniel Kwan et Daniel Scheiner (les Daniels comme on les appelle), vu les très bonnes critiques que j’ai pu lire et entendre. C’était une vraie déception comme il est rare pour moi d’en avoir. Le film est un grand n’importe quoi, qui veut faire croire qu’il est innovant et bourré d’idées mais qui est au final fatiguant, boursouflé et vain. Le message du film sur les difficultés familiales est finalement très convenu et on se demande pourquoi on doit passer par tant de scènes d’actions absurdes et sans finalités pour en arriver là. Le film est très long (2h20) et son histoire fait du surplace malgré les gesticulations incessantes de ses protagonistes. Il y a bien une ou deux trouvailles intéressantes et on ne peut ignorer la qualité du jeu de l’actrice principale Michelle Yeoh. Les débuts sous des airs de comédie sociale indépendante démarrait pourtant assez bien, mais l’arrivée de la science fiction et le non-sens des mondes parallèles, comme une représentation du metaverse, est épuisant et ne m’a pas du tout accroché. L’hyper-activité du film dessert d’autant l’émotion du rapprochement mère fille que le film essaie d’insuffler à la fin. Je ne comprends pas beaucoup le succès du film (la salle du cinéma de Shibuya était pleine). Je suis au moins d’accord avec l’avis du Guardian sous-titrant le film « Nothing Nowhere Over a long period of time ». En fait, je me souviens il y a quelques années avoir eu un sentiment similaire de grande déception à la sortie de Kill Bill de Quentin Tarantino. Je me suis décidé à le revoir cette semaine et les caricatures que J’avais tellement détesté à l’époque ma paraissent maintenant humoristiques. Peut-être changerais-je d’avis sur Everything Everywhere All at Once dans quelques années en le revoyant en streaming. En parlant de Kill Bill, un des interêts renouvelés était de redécouvrir la bande originale. Le morceau Wounds that heal de Lily Chou-chou est par exemple utilisé pendant le film, ce que je n’avais pas réalisé en écoutant l’album. Le morceau final par l’actrice et chanteuse Meiko Kaji (梶芽衣子), Urami Bushi (怨み節), est assez emblématique et son utilisation aurait même relancé sa carrière. J’avais en fait déjà cette impression que cette chanteuse avait une certaine popularité auprès d’un public étranger et je comprends maintenant mieux pourquoi. Sans connaître ce morceau, je me suis tout de suite dit en l’écoutant pendant le film qu’il s’agissait certainement de Meiko Kaji.

J’étais assez curieux de voir le film d’épouvante Karada Sagashi (カラダ探し) du réalisateur Eiichirō Hasumi (羽住英一郎) diffusé récemment sur NetFlix. Je ne m’attendais pas à un chef-d’œuvre et le film est en effet assez moyen, divertissant mais ne révolutionnant pas le genre et n’apportant rien de nouveau. On suit le personnage joué par Kanna Hashimoto (橋本環奈) et d’autres étudiants, piégés dans une malédiction les faisant revivre la même journée jusqu’à ce qu’ils parviennent à trouver dans leur école et pendant la nuit les parties du corps d’une petite fille morte en ses lieux il y a très longtemps. L’épouvante n’a rien de vraiment éprouvant pour le spectateur. On se laisse volontiers porter par l’histoire sans en garder ensuite de souvenirs mémorables. J’avais dans l’idée de voir ce film car on peut y entendre deux morceaux d’Ado dont celui écrit et composé par Sheena Ringo, Missing (行方知れず), qui n’est malheureusement qu’au générique de fin. Je dis à chaque fois que je n’ai pas d’attirance pour les films d’épouvante mais je suis régulièrement amené à en regarder. Il ne s’agit cependant pas de mon genre de prédilection.

Par contre (Platon), j’ai beaucoup aimé le documentaire NHK disponible sur NetFlix intitulé Daiki Tsuneta Tokyo Chaotic qui suit dans son processus créatif le musicien Daiki Tsuneta (常田大希), fondateur de King Gnu, de Millenium Parade et du regroupement de créatifs Perimetron. Le documentaire prend son temps pour nous montrer Tsuneta au travail. On se rend vite compte que c’est un bourreau de travail, perfectionniste et minutieux dans son approche du son, allant par exemple jusqu’à 150 pistes différentes pour un seul morceau. Le reportage a été filmé à la fin de l’année 2020, alors que la crise sanitaire commençait à avoir des conséquences sérieuses sur les tournées nationales qui ont dû être partiellement ou complètement annulées. Nonchalant dans sa manière de parler, Tsuneta nous explique tranquillement le concept qui lui est cher du Tokyo Chaotic qui entend détruire pour reconstruire. On y retrouve son sens de la distorsion sonore qui me plait beaucoup. On voit également Tsuneta, multi-instrumentistes, joué de plusieurs instruments, la guitare et le piano évidemment mais également le violoncelle. Étudiant des Beaux Arts de Tokyo en section musicale, il a dû y acquérir toutes les connaissances académiques nécessaires, mais ses parents possédaient également de nombreux instruments dans la maison familiale de Nagano. Une partie du reportage le fait d’ailleurs revenir à Nagano dans la maison de sa grand-mère. C’est particulièrement intéressant de le voir au travail avec son mixeur et ses musiciens, dont certains de King Gnu. Ils travaillent jusqu’à pas d’heures à la composition de certains morceaux de Millenium Parade, comme 2992 avec Ermhoi au chant, ou Sanmon Shosetsu (三文小説) de King Gnu. C’est le point central du documentaire. J’étais surpris de remarquer que ces enregistrements ont été fait au Studio Tanta près du parc de Yoyogi, que je mentionnais justement dans un billet récent. Cette coïncidence est intéressante et je verrais ce studio sous un jour un peu différent maintenant. Le nom du studio n’est pas donné dans le documentaire mais j’ai rapidement reconnu l’entrée. Une bonne partie du reportage est par contre filmé dans le studio personnel un peu foutraque de Daiki Tsuneta, à Setagaya je pense. Et à la fin, la représentation live de 2992 avec un grand ensemble symphonique vaut à elle seule le détour. C’est un documentaire très instructif pour les amateurs du travail musical de Daiki Tsuneta et je suis content d’avoir eu la présence d’esprit de le regarder avant la sortie du single collaboratif de Millenium Parade et de Sheena Ringo.