ゆく年くる年

La fin d’année est toujours l’occasion de regarder les statistiques de Made in Tokyo. Le nombre de visites cette année a été bien supérieur à l’année dernière. Avec plus de 19000 visites sur l’année entière, soit environ 50 visites par jour, le blog retrouve un niveau similaire à celui de 2016. Ce n’est pourtant pas dû à un nombre croisant de billets publiés car j’en ai écrit environ 130 cette année par rapport aux 155 de l’année dernière et aux 166 de 2021. Si on compare à l’année 2016, je n’écrivais à l’époque que 35 billets par an pour un total d’environ 13000 mots. J’écris dix fois plus cette année avec plus de 127000 mots sur la totalité des billets. Je me répète beaucoup ceci étant dit, les visiteurs réguliers l’auront peut-être remarqué. Made in Tokyo compte en tout 2336 billets, depuis sa création en 2003, et il fêtait cette année ses vingt ans. Il y a en tout 4943 commentaires, qui doivent tout de même inclure mes réponses. Je me demande par quelle magie WordPress arrive à gérer autant de billets et de commentaires, et je m’attends à ce que la machine casse un jour ou l’autre. Je prierais sans doute demain au sanctuaire pour que ça n’arrive pas. Atteindre les 5000 commentaires sera peut-être le déclencheur d’un détraquage de la machine, donc je conseille aux visiteurs de ne pas trop commenter.

La deuxième photographie du billet a été prise à Azabudai Hills, le tout nouveau complexe de Mori Building. Nous y sommes allés le soir pour voir le marché de Noël, mais il fallait s’inscrire à l’avance et il y avait foule. Azabudai Hills n’est en fait pas complètement ouvert et notre petit tour a été plus court que prévu. Je voulais également voir les installations appelées « Hello Again » consacrées aux capsules de la tour Nakagin de Kisho Kurokawa au Department Store Ginza6. Une capsule était posée à l’entrée du grand magasin. On pouvait voir l’intérieur à travers le hublot. Deux chaises étaient disposées à l’intérieur avec une série de disques vinyles de musique de Noël. Je me demande si Merry Christmas Mr Lawrence de Ryuichi Sakamoto, que l’on aperçoit à l’intérieur, se qualifie bien comme une musique de Noël. Sur le toit de Ginza6, une patinoire était installée temporairement avec une étrange installation inspirée par la tour Nakagin. Cette installation assez kitsch ressemblait à un vulgaire assemblage en carton et ne valait pas le déplacement. En voyant ces démonstrations d’appréciation et d’admiration envers la tour Nakagin, je me dis qu’il aurait été préférable d’essayer de la conserver en la renforçant ou en remplaçant la structure de base en enlevant les capsules, pour les rénover et les replacer ensuite. La tour aurait pu par exemple devenir un magnifique et emblématique espace de galeries d’art. Le Japon a parfois un peu de mal à reconnaître ses propres trésors.

J’étais très agréablement surpris de voir des œuvres de Shigeki Matsuyama (松山しげき) présentées dans la galerie d’art Foam Contemporary liée au magasin Tsutaya présent au même étage. J’avais vu les portraits de sa série Portrait of Dazzle dans la petite galerie Night Out à Shibuya, et on retrouvait quelques uns de ces portraits dans la galerie de Ginza6. Cette exposition intitulée Is this human being? (これは人間ですか?) s’y déroulait du 9 au 26 Décembre 2023. Le titre de cette exposition est inspiré par les questions que l’on peut voir régulièrement sur les sites web pour confirmer qu’on est bien une personne réelle et pas un robot BOT qui agit comme un être humain. Une des thématiques de cette exposition est de questionner la manière dont on appréhende les technologies de l’information, notamment la propagation des fausses nouvelles. L’oeuvre que je montre sur la photo de droite fait partie d’une nouvelle série intitulée Clipping qui vient s’inscrire dans ce thème des BOT. L’inspiration de cette œuvre a été construite par Shigeki Matsuyama à partir d’une conversation avec l’OpenAI ChatGPT en l’interrogeant comme point de départ sur le thème des fausses nouvelles qui peuvent influencer des événements politiques et sociaux. En évoquant les peintures montrant des scènes historiques à portée politique ou sociale, ChatGPT évoque quelques exemples comme la peinture El tres de mayo de 1808 en Madrid (1814) du peintre espagnol Francisco de Goya. De fil en aiguille et après consultations itératives de ChatGPT, Matsuyama décide d’utiliser une partie de cette œuvre de Francisco de Goya en se concentrant uniquement sur le peloton d’exécution. Cette fusillade représentant les horreurs de la guerre trace en quelque sorte un parallèle à la guerre moderne de l’information. La retransmission écrite complète de la discussion de l’artiste avec ChatGPT était disponible sur papier, ce qui m’a permis d’y revenir avec beaucoup d’interêt à tête reposée.

Je regarde beaucoup de films et drama japonais sur Netflix en ce moment, et j’ai particulièrement aimé Brush Up Life (ブラッシュアップライフ) qui était en fait d’abord diffusé sur la chaîne Nippon TV au début de cette année, du 8 Janvier au 12 Mars 2023 (et en rediffusion il y a quelques jours). Le comédien Bakarhythm (バカリズム), Hidetomo Masuno (升野英知) de son vrai nom, a écrit le scénario de cette histoire où l’actrice Sakura Ando (安藤サクラ) joue le rôle principal, entourée de Kaho (夏帆), Haruka Kinami (木南晴夏) et Haru Kuroki (黒木華), entre autres. Sakura Ando joue le rôle d’Asami Kondo (surnommée Ah-chin), une employée de bureau dans la ville de Kumagaya à Saitama, entourée de ses amies proches qu’elle a connu à l’école, Natsuki Kadokura (Nacchi) jouée par Kaho et Miho Yonekawa (Miipon) jouée par Haruka Kinami. Elle mène une vie tout à fait ordinaire qui semble lui satisfaire, jusqu’à un accident. Elle se fait reverser par un camion après une réunion avec ses amies, et on la voit ensuite juste après sa mort dans une salle toute blanche dans laquelle se trouve seulement une réception où se tient un homme (joué par Bakarhythm). Asami comprend alors qu’elle vient de mourir et l’homme de la réception lui fait part de ce qu’elle va devenir dans sa prochaine vie. Elle devra se réincarner en fourmilier géant, mais comme ce choix ne semble pas lui convenir, elle a également la possibilité de revivre la vie qu’elle vient de mener, et ce dès sa naissance. Toute la comédie de la situation démarre à ce moment, car elle garde en mémoire toute sa vie précédente. J’aime beaucoup l’actrice Sakura Ando et c’était une des raisons qui m’ont poussé à me lancer dans ce drama, en plus du fait de savoir que l’humour parfois surréaliste de Bakarhythm serait de la partie. J’aime beaucoup le naturel avec lequel se déroulent les situations, notamment les discussions entre les trois amies, et les enchevêtrements progressifs du scénario qui sont très bien amenés. J’étais même assez chagriné de me séparer des personnages à la fin de le série. Dans les drama, j’ai aussi regardé 30 Made ni to Urusakute (30までにとうるさくて) qui suit un groupe d’amies célibataires ayant 29 ans et qui subissent la pression du mariage qu’elles se donnent à elles-mêmes. Je connaissais deux des actrices: Hirona Yamazaki (山崎紘菜) et surtout Honami Satō (さとうほなみ) qui est le personnage principal de cette histoire. Honami Satō prend aussi le nom de Hona Ikoka (ほな・いこか) lorsqu’elle joue de la batterie dans le groupe Gesu no Kiwami Otome (ゲスの極み乙女) d’Enon Kawatani (川谷 絵音) ou dans le groupe éphémère Elopers de Sheena Ringo. La série aborde de nombreux sujets actuels comme l’égalité homme-femme au travail ou la diversité des identités sexuelles, d’une manière naturelle et sans forcer le trait. J’avoue que l’émotion m’a pris à plusieurs moments. J’ai aussi beaucoup aimé le film Ano Ko ha Kizoku (あのこは貴族), traduit en anglais en Aristocrats, réalisé par Yukiko Sode (岨手由貴子) et sorti en 2021. Le thème de départ du film est un peu similaire à la série mentionnée précédemment dans le sens où la protagoniste principale de l’histoire, Hanako interprétée par Mugi Kadowaki (門脇麦) a presque 30 ans et est toujours célibataire. Sa famille riche, d’une noblesse traditionnelle, cherche à la marier au plus vite. Sa famille lui arrange des rencontres avec des prétendants du même milieu social. Alors qu’elle pense avoir trouver l’homme de sa vie, Koichiro interprété par Kengo Kora (高良健吾), une deuxième femme entre en scène. Miki, interprétée par Kiko Mizuhara (水原希子), est d’une toute autre classe sociale, née d’une famille modeste de province. Elle est hôtesse et entretient une relation des plus ambiguës avec Koichiro qu’elle connaît depuis l’université. Le film montre ces milieux qui se croisent mais ne se mélangent pas, mais Hanako est un peu différente du milieu dans lequel elle vit et voudra rencontrer Miki. Je trouve l’interprétation de Mugi Kadowaki brillante, pleine de retenue et de nuances. Dans un style tout à fait différent, j’ai aussi apprécié le film Saigo Made Iku (最後まで行く) réalisé par Michihito Fujii (藤井 道人) et sorti en salle en Mai 2023. Il s’agit en fait de la version japonaise d’un film policier coréen intitulé Hard Day, sorti en 2014 et réalisé par Kim Seong-hoon. Yūji Kudō (工藤祐司) est un commissaire de police corrompu, interprété par Junichi Okada (岡田准一), acteur et membre du groupe V6, qui se trouve impliqué dans un accident alors qu’il se rend aux funérailles de sa mère. Il renverse un piéton qui s’avère être un criminel recherché par un collègue policier interprété par Gō Ayano (綾野剛). Le film se concentre sur la confrontation des deux hommes sur fond de corruption mafieuse. L’histoire est bien montée et l’atmosphère sombre est prenante. J’étais en fait curieux de voir le jeu des acteurs et je pense que Junichi Okada est meilleur acteur que chanteur, comme ses interventions télévisées me le laissaient présager. Malgré la noirceur, il y a tout de même un certain sens comique qu’Okada transmet assez naturellement. Il faut dire que les emmerdes s’accumulent tout d’un coup sur lui et il faut une imagination et un sang froid certain pour s’en sortir. En listant cette petite sélection, je me dis que je ne regardes pas assez de films et il faudra y remédier pour l’année qui démarre bientôt même si c’est au détriment du blog.

Je ne pouvais pas terminer ce billet sans une sélection musicale des morceaux que j’écoute en ce moment en boucle dans ma playlist. Le morceau Stateless de Gotch, accompagné par YonYon, au chant est une très agréable surprise. Le véritable nom de Gotch est Masafumi Gotoh et c’est le chanteur et guitariste du groupe Asian Kung-fu Generation, qu’on appelle également Ajikan (アジカン) en version courte. J’aime beaucoup leur albums Sol-fa (ソルファ) de 2004 et Fanclub (ファンクラブ) de 2006, mais je n’ai pas encore prolongé la découverte des autres albums du groupe. Il y avait également un single (触れたい 確かめたい) qu’Ajikan avait interprété en collaboration avec Moeka Shiotsuka dont j’avais déjà parlé ici. Le single solo Stateless a un rythme plus cool que ce que produit en général le groupe. Il y a une ambiance tranquille et des ondes positives dans la vidéo tournée à Jakarta en Indonésie, qui font plaisir à voir et à entendre.

Je n’ai pas encore acheté l’album Replica de Vaundy mais on l’écoute souvent dans la voiture sur Spotify grâce au compte du fiston. Les talents de composition musicale de Vaundy ne sont plus à démontrer et le nombre de singles qu’on trouve dans ce nouvel album est très important. Le dernier single en date s’intitule Carnival (カーニバル) et on peut le compter dans les meilleurs morceaux de cet album. La voix de Vaundy dans le refrain du morceau est assez exceptionnelle et vraiment marquante. Carnival sert en fait de thème musical à la série sur NetFlix Mitaraika Enjō suru (御手洗家、炎上する) avec Mei Nagano (永野芽郁), que j’ai justement commencé à regarder sans pour l’instant être très convaincu. La vidéo qui accompagne le morceau n’est apparemment pas directement liée à la série Netflix, mais c’est bien Mei Nagano que l’on voit dans cette vidéo.

ヤエス出口から御徒町

La première photographie montrant le côté Yaesu (八重洲) de la grande gare de Tokyo a été prise depuis la tour récente Tokyo Mid-Town Yaesu que Mari et moi avons visité sommairement il y a quelques semaines, histoire de voir s’il y avait des choses intéressantes. Un des étages comprend un vaste espace ouvert semblable à un food court qui est plutôt agréable. Juste à côté de Yaesu Mid-Town, le Yanmar Tokyo Building conçu par Nikken Sekkei est particulièrement intéressant pour son alignement de tubes rouges recouvrant une partie du rez-de-chaussée donnant accès à l’entrée du building. Ça m’a donné l’image d’un découpage au sabre d’une partie du béton et du verre du rez-de-chaussée pour donner accès à l’entrée. Ceci étant dit, je doute quand même que ce rouge vif représente les entrailles du building, et j’imagine qu’il s’agit plutôt d’une correspondance à la forme et à la couleur du logo de la marque d’équipements agricoles (entre autres) Yanmar, qui donne son nom à ce building. La tour se compose principalement de bureaux avec quelques restaurants. Je ne l’ai malheureusement pas remarqué moi-même, mais certains étages laissent apparemment la végétation dépasser sur la façade.

Quelques semaines plus tard, j’étais assis avec mahl de l’autre côté de la grande station de Tokyo, côté Marunouchi, sur la terrasse d’étage du building KITTE. On regardait ces buildings tout un buvant un café et en discutant de diverses choses. C’était la première fois qu’on se rencontrait et c’est toujours étonnant de se voir finalement après de nombreuses années à avoir échangé par écrits interposés sur nos blogs. Nous parlons de musique japonaise bien sûr, du fait d’écrire sur un blog et de beaucoup d’autres choses. Il passait en coup de vent à Tokyo pour la journée pour repartir ensuite à Nagoya, et la rencontre pour le déjeuner a été bien rapide. Au plaisir d’une prochaine rencontre.

Les autres photographies du billet ont été prises depuis la gare d’Okachimachi (御徒町駅), juste avant Ueno. Elles datent de Septembre alors que je partais à la découverte du building Monospinal par l’architecte Makoto Yamaguchi, au pied de la station Asakusabashi (浅草橋駅). Devant la station d’Okachimachi, des idoles en devenir chantaient devant un public parsemé. Je ne sais pas exactement quel était l’occasion de ce rassemblement, mais l’estrade sur laquelle elles dansaient et chantaient ressemblait fortement à un ring de boxe ou de catch. Ce n’est pas la première fois que je vois ce genre de spectacle de rue sur la place devant la station d’Okachimachi.

C’était par contre la première fois que je visitais la petite galerie Mizuma Art située à Ichigaya Tamachi (市谷田町). J’apprécie beaucoup d’artistes présentant leurs œuvres dans cette galerie mais je n’avais jusqu’à maintenant jamais trouvé une occasion d’y aller. On y présente en ce moment, jusqu’au 11 Novembre, quelques œuvres de Yoshitaka Amano (天野喜孝展) dans une série bleue intitulée Blue Sky (青天). Comme beaucoup je pense, je connais et apprécie Yoshitaka Amano depuis la découverte de ses illustrations pour la série de jeux vidéos Final Fantasy. Cette exposition à la galerie Mizuma ne montre que quelques unes de ses œuvres sélectionnées pour l’utilisation de la couleur bleue. Elles sont très belles bien sûr mais on a vite fait le tour de la galerie. J’espère pouvoir apprécier un jour une grande rétrospective de son œuvre dans une galerie où un musée de plus grande taille. Je feuillette en attendant les deux livres, recueils de ses œuvres, placés sur le comptoir près de l’entrée de la galerie. Une photo dans un des livres montre son studio créatif qui se trouve dans un petit building dont je reconnais le design car je l’ai déjà pris en photo et montré sur ce blog. Je ne me souviens pas exactement dans quel quartier de Minato ou Shibuya il se trouve, et je ne pense pas être en mesure de retrouver cette photo parmi les 2320 billets qui composent Made in Tokyo. Je le retrouverais certainement par hasard aux détours d’une rue. La galerie Mizuma Art présentera à la fin du mois de Novembre un autre artiste que j’aime beaucoup, Tomiyuki Kaneko (金子富之). Ce sera à ne pas manquer.

Musicalement parlant, je continue à écouter l’album DEBUT de Kyrie (aka AiNA The End) et Takeshi Kobayashi accompagnant le film Kyrie no Uta (キリエのうた). J’y découvre au fur et à mesure quelques morceaux sublimes comme Niji Iro Kujira (虹色クジラ) et Zuruiyona (するいよな). Je trouve l’album inégal dans son ensemble mais il y a de nombreux morceaux particulièrement beaux et inspirés, comme ces deux là et ceux que je mentionnais dans mon précédent billet évoquant le film. J’ai l’impression que je n’avais pas écouté la musique de Vaundy depuis un petit moment mais je me rattrape avec son dernier single Todome no Ichigeki (トドメの一撃) accompagné par le guitariste Cory Wong. Je suis tout de suite happé par la dynamique pop qui se dégage du morceau. C’est le type de morceau que j’adore écouter en roulant en voiture, car il a un parfum de week-end et une énergie très communicative. La vidéo sur un bateau de croisière avec l’actrice Masami Nagasawa en rôle principal ajoute certainement à l’ambiance générale du morceau. Il est utilisé comme thème final de la saison 2 de Spy x Family, ce qui me rappelle que je n’ai pas encore terminé la première saison sur Netflix. Je m’y remets donc doucement avec beaucoup de plaisir. J’avais d’abord un avis assez mitigé sur le nouveau single SpecialZ de King Gnu, mais la vidéo réalisée par OSRIN de Perimetron (le collectif artistique de Daiki Tsuneta) est artistiquement assez exceptionnelle et m’a remis rapidement sur les rails. L’aspect chaotique de la vidéo accompagne et explique même d’une certaine manière la désorientation qu’on peut avoir à la première écoute du morceau. Cette image chaotique est très présente dans l’oeuvre musicale et visuelle de Daiki Tsuneta. Il s’agit également du thème principal du premier album de son autre groupe Millenium Parade. SpecialZ est le thème d’ouverture de l’anime Jujutsu Kaisen Shibuya Jihen (呪術廻戦 渋谷事変), tandis que le thème de fin est le dernier single de Hitsuji Bungaku (羊文学), More Than Words. King Gnu, tout comme Vaundy d’ailleurs, sortira bientôt un nouvel album qu’il faudra suivre avec attention. J’écoute aussi beaucoup quelques morceaux de Fujii Kaze (藤井風), en particulier Hana (花) et Workin’ Hard. Fujii Kaze m’a toujours un peu agacé, mais il faut quand même reconnaître qu’il y a beaucoup de talent. Il y a toujours une sorte d’évidence dans ses morceaux, comme si ça lui venait tout seul, sans efforts. C’est très certainement loin de la vérité mais cette impression reste pour moi très marquée. J’aime beaucoup le dernier single Hana, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il manque un instrument en fond, un piano aux notes claires et flottantes comme des lumières de neons (bon, j’ai peut-être trop écouté Kirinji). Cette série musicale est, une fois n’est pas coutume, très « mainstream » mais je vais bientôt repartir vers des profondeurs plus sombres. Je reprends en quelque sorte ma respiration avant de plonger.

once upon the street (1)

Je marche souvent sans destination très précise ces derniers week-ends mais en essayant de découvrir de nouvelles rues. Pour changer de point de vue et me soulager un peu les épaules, j’amène avec moi le petit et léger objectif pancake 40mm de Canon. Sa taille est vraiment idéale et relativement discrète. J’avais quand même une destination prévue ce jour là qui était de passer par Jingū Gaien pour vérifier si les deux rangées d’arbres ginkgos avaient bien jaunies comme prévu. C’était bien le cas mais les pointes des ginkgos commençaient déjà à se découvrir. La foule était présente et j’en extrais la première photographie d’un jeune couple (peut-être) qui m’a vu mais ne m’a heureusement pas poursuivi mécontent avec une tronçonneuse. Bon, je regarde un peu trop Chainsaw Man en ce moment. A propos de cet anime d’ailleurs, alors que le thème d’ouverture est à chaque fois le morceau Kick-Back de Yonezu Kenshi (avec la présence inattendue de Daiki Tsuneta dans la vidéo), le thème musical de fin change par contre pour chaque épisode. Chaque morceau est interprété par des artistes différents et ce sont assez souvent des noms que j’ai déjà évoqué sur ce blog: Vaundy reprenant ici une approche rock agressive avec un morceau intitulé Chainsaw Blood, ZuttoMayo plutôt fidèle à leur style electro-pop sur Zanki (残機), Ano sur Chu, Tayōsei. (ちゅ、多様性。) également fidèle à elle-même dans son chant dans une vidéo assez amusante, le math rock dense et la voix ultra aiguë de TK from Ling Toshite Sigure (凛として時雨) sur le morceau First Death ou encore Aimer avec le morceau Deep Down qui n’est pas encore disponible en entier mais qui s’annonce déjà très beau. Je ne dirais pas que j’accroche complètement à tous ces morceaux mais la renommée certaine des artistes invités donne une bonne idée de la popularité de la série, bien qu’elle soit interdite au moins de 16 ans pour sa violence.

Mais la musique que j’aime et écoute beaucoup en ce moment est plus apaisé. Ce sont des morceaux que j’ai d’abord entendu à la radio, qui reste pour moi une excellente source de découverte d’artistes qui je ne connais pas ou que j’avais perdu de vue. Il y a d’abord les français de Phoenix avec un morceau intitulé After Midnight dont la vidéo a été tournée à Tokyo vu à travers les vitres d’une ancienne voiture de sport, la Toyota Sprinter Trueno AE86, que l’on trouve également dans le manga Initial D (頭文字D) écrit et illustré par Shuichi Shigeno. J’avais perdu de vue le groupe depuis leur album Wolfgang Amadeus Phoenix que j’avais pourtant beaucoup aimé et écouté. After Midnight est tiré de leur nouvel album Alpha Zulu sorti le 4 Novembre 2022. Je devrais l’explorer un peu plus car ça fait vraiment plaisir de retrouver la voix de Thomas Mars. Ce n’est pas lui, à priori, qui conduit la Toyota vintage de la vidéo, ce qui est bien dommage car je l’aurais bien vu au volant filer vers l’hôtel Park Hyatt de Shinjuku qui sert de lieu principal du film Lost in Translation (le film de son épouse). J’écoute aussi beaucoup le morceau My Girl de Kan Sano qui est tout simplement superbe dans son ambiance jazz. Ce morceau est tiré de son album Ghost Notes sorti en 2019. J’adore le rythme des percussions, ce brin de musique électronique venant ponctué le flot et ce final instrumental jazz très inspiré.

un palmier au dessus des immeubles

Ici, Azabu Jūban. C’est le seul nom de lieu à Tokyo que je prononce exprès à la française pour énerver tout le monde à la maison. Je ne suis pas le seul à prononcer ce nom de lieu de cette manière, volontairement ou pas, mais je ne sais pas d’où vient cette image française, que je vois plutôt, en général, associée aux quartiers d’Ichigaya et Kagurazaka, où se trouve l’Institut Français (et anciennement le Lycée Français). C’est peut-être dû à la relative proximité de l’Ambassade de France. Au croisement Ichinohashi, un nouvel immeuble a fait son apparition depuis déjà plusieurs mois. Les plaquettes recouvrant la façade nous font tout de suite penser à Kengo Kuma, et il s’agit bien entendu de Kengo Kuma. J’aime beaucoup son architecture (et je vais encore en parler bientôt) mais je commence à me dire qu’il vient standardiser l’image de Tokyo vu la quantité de bâtiments qu’il conçoit. Je suis loin de critiquer car nombre de ses créations architecturales sont tout à fait originales. Le pilier, au milieu du grand croisement à quelques mètres de là, m’attire à chaque fois. Son aspect massif et son emplacement m’impressionnent toujours au point où j’ai à chaque fois envie de le prendre en photo, quitte à ennuyer les visiteurs. La troisième photographie montre l’étrange temple bouddhiste Reiyūkai Shakaden aux formes noires futuristes. Le sanctuaire Nishikubo Hachiman Jinja (西久保八幡神社) situé sur une petite colline juste à côté a été complètement refait. Il faut dire que le quartier limitrophe d’Azabudai est en plein redéveloppement par Mori Building. Un immense espace derrière Reiyūkai a été complètement rasé et de nouvelles tours ont fait leur apparition. Mori fait malheureusement beaucoup en terme de standardisation urbaine. Le petit moment de poésie sur ce billet intervient sur la quatrième photographie, en la présence d’un petit palmier posé tout en haut d’un immeuble. Il semble appeler l’été de ses voeux. Il faut lever les yeux vers le ciel pour le voir. Apprécier l’architecture oblige à regarder vers le ciel. Je continue encore un peu ma marche en direction de la Tour de Tokyo que je montrais précédemment.

Outre les albums de Tricot que je découvre petit à petit et qui m’accompagnent quasiment tous les jours depuis plusieurs semaines, j’alterne avec d’autres musiques qui ont attiré mon attention ces derniers temps. Ce sont souvent des artistes que je suis depuis plus ou moins longtemps et qui sortent de nouveaux morceaux. Ce n’est pas systématique mais j’aime en général beaucoup les nouvelles compositions de Vaundy, ici avec son nouveau morceau Koikaze ni Nosete (恋風邪にのせて) sorti le 7 Mars 2022. Il s’agit du morceau thème d’une émission de télé-réalité sur Abema TV intitulée Kare to ōkami-chan ni ha Damasarenai (彼とオオカミちゃんには騙されない). A vrai dire peu importe. Je pense que Vaundy a un véritable don pour la composition musicale car ses morceaux sont presque immédiatement accrocheurs tout en maintenant cette accroche après de multiples écoutes. Je ne suis en général pas attiré par la pop pure, mais la musique de Vaundy m’attire pratiquement à chaque fois. Sa voix joue pour beaucoup, car on y ressent une passion certaine. Après le très bon morceau intitulé Walpurgis qu’il a écrit pour Aimer, je me dis qu’il devrait par exemple aussi composer pour Milet. Elle a une voix très puissante et particulière mais je n’ai pour l’instant pas entendu de morceau intéressant.

Après avoir écouté quelques morceaux de son nouvel album, je continue maintenant en piochant des morceaux de l’album précédent de Mondo Grosso, aka Shinichi Osawa (大沢伸一), celui intitulé Reborn Again and Always Starting New (何度でも新しく生まれる). Je connais déjà le superbe morceau Labyrinth (ラビリンス) avec Hikari Mitsushima (満島ひかり) au chant, et je découvre maintenant Wakusei Tantra (惑星タントラ) avec Asuka Saito (齋藤飛鳥) de Nogizaka46. Asuka Saito chantait déjà sur le morceau d’inspiration shoegazing STRANGER, sur le dernier album de Mondo Grosso. Sur ce morceau Wakusei Tantra (ou Planet Tantra), elle a une manière similaire de chanter, plutôt neutre et sans fioritures. Cette manière de chanter dans un flot continu est vraiment intéressante. La musique de Shinichi Osawa est très délicate et accompagne bien cette voix, la contrebalance même. Asuka Saito devrait s’échapper de Nogizaka46 pour venir chanter dans ce genre de projets. Tout comme pour Hikari Mitsushima, Shinichi Osawa semble être fidèle aux chanteuses qu’il fait intervenir sur ces albums, donc on peut présager d’autres morceaux à l’avenir. Il faut que je tente maintenant d’écouter un peu plus ces deux albums de Mondo Grosso.

On change encore complètement de style avec Minakekke. Depuis son EP Oblivion de 2019, j’avais un peu perdu de vue ses compositions, mais elle n’a pas sorti de nouvel EP ou album depuis celui de 2019. Son nouveau morceau Memorabilia, sorti le 15 Mars 2022, ne dépareille pas vraiment du style du EP Oblivion. La voix de Minakekke est chargée d’émotion, presque tremblotante, et il en ressort quelque chose de très beau. Alors que le début du morceau est plutôt minimaliste avec une guitare acoustique et un son unique de percussion, mettant l’accent sur le chant de Minakekke, l’accompagnement musical s’étoffe petit à petit. La deuxième partie de Memorabilia fait intervenir le bruit assourdissant des guitares de style shoegazing, sans pour autant altérer sa voix. Je me demande si ce n’est qu’au Japon que l’influence shoegazing est encore si présente. Je ne vais pas me plaindre car j’adore ces sonorités bruitistes.

Le dernier morceau part encore dans une direction complètement différente. Il s’agit de Sakura Burst du groupe Cö Shu Nie. Ce groupe, son nom du moins, m’intrigue depuis longtemps mais je n’avais jamais vraiment essayé d’écouter attentivement leur musique. Il se trouve que la chanteuse de Cö Shu Nie, Miku Nakamura (中村未来), est une amie de longue date d’Ikkyu Nakajima et cette dernière l’avait invité sur l’émission de J-Wave Wow Music pour justement présenter ce nouveau single Sakura Burst. Il ne m’en fallait pas beaucoup plus pour aller écouter ce morceau attentivement et l’apprécier. Sakura Burst est le thème final d’un anime télévisé intitulé Code Geass: Lelouch of the Rebellion (コードギアス 反逆のルルーシュ) dont je n’ai jamais entendu parlé. A vrai dire peu importe (2). Le style est upbeat, contrastant complètement avec le morceau que j’évoquais juste avant. Musicalement, c’est très fouillé, voire symphonique, et la voix de Miku Nakamura va chercher très haut dans les aigus. Je trouve que ce morceau correspond bien à l’archétype des morceaux utilisés pour des films d’animation, mais celui-ci me plaît beaucoup.

C’est assez inattendu de voir Sheena Ringo sortir un nouveau morceau en solo, et j’espère que ça n’annonce pas une nouvelle pause de Tokyo Jihen. Après le dernier single Futsū ha (ふつうとは) de Tokyo Jihen, il s’agit encore d’un thème musical pour une émission de la NHK adressée au jeune public. Le nouveau morceau intitulé Ito wo Kashi (いとをかし) sera le thème final de l’anime Ojarumaru (おじゃる丸) sur NHK E Tele (Eテレ). Ce thème sera diffusé à partir du 4 Avril donc j’imagine que le morceau entier sera disponible à ce moment là. Cet anime existe depuis très longtemps, apparemment depuis 1998 ce qui correspond au début de la carrière de Sheena Ringo. La photo promotionnelle ci-dessus semble avoir été prise en même temps que celle accompagnant le single précédent de Tokyo Jihen qui est également la photographie de nouvelle année du groupe. Je ne sais pas trop à quoi on peut s’attendre pour ce dernier morceau, mais j’ai un peu peur qu’il soit trop consensuel. Le fait que ça soit le thème final plutôt que le thème d’ouverture permettra peut-être un peu plus de liberté, mais j’avoue avoir assez peu d’attente.

オートマチックで遡って

Retour automatique dans les rues de Meguro que je n’ai pas encore épuisé, loin de là. Je marche cette fois-ci en direction de Yūtenji mais je m’égare volontairement en route. Les rues y sont étroites et denses. Une de mes hantises est de rentrer par erreur en voiture dans ce quartier et d’y resté coincé. J’y viens de toute façon en général à pieds ou à vélo. Ces rues me sont cependant connues. Je retrouve près de Kami Meguro une illustration de rue représentant une fleur symétrique que j’avais déjà photographié auparavant. J’avais également photographié Il y a plusieurs années les baleines et la pieuvre dessinées sur un muret près du sanctuaire Hachiman-jinja. Je tombe sur ces illustrations de rues par hasard. Je sais à peu près où elles se trouvent sans pourtant connaître le lieu exact. J’ai ce sentiment de flou géographique à chaque fois que je marche dans les rues de Meguro, mais je me perds rarement car il suffit de descendre les pentes pour gagner la rivière qui me ramènera vers Naka-Meguro. J’aime beaucoup ce genre de quartiers, certes très résidentiels, car on a l’impression de ne jamais les connaître vraiment.

Je continue mes découvertes musicales par morceaux plutôt que par albums avec les quatre titres dont je montre les couvertures ci-dessus. Je ne pensais pas que je pouvais aimer la musique d’Aimer, mais j’aime en tout cas beaucoup le morceau intitulé Chikyugi (地球儀), peut être parce qu’elle l’interprète en collaboration avec Vaundy. Ce morceau est présent sur son sixième album Walpurgis sorti en Avril 2021. Aimer est originaire de Kumamoto dans le Kyūshū et est apparemment admiratrice de la musique de Sheena Ringo et Utada Hikaru, si on en croit sa fiche Wikipedia. Sa voix husky a un certain mordant que je ne lui soupçonnais pas et s’accorde bien avec celle de Vaundy. Vaundy compose les musiques et produit ce morceau. Il compose à chaque fois des morceaux qui me plaisent car ils savent garder une certaine élégance même s’ils sont résolument pop. Et je dirais même que j’apprécie le morceau Omokage qu’il a composé pour le trio Milet, Aimer et Ikuta Lilas (幾田りら ou encore Ikura, du groupe Yoasobi) réunies pour l’émission The First Take sur YouTube. Les trois ont des voix très différentes mais qui se marient très bien entre elles. Elles ont toutes les trois des voix assez exceptionnelles, Milet a notamment une voix étonnante, et elles représentent en quelque sorte la nouvelle génération des chanteuses pop japonaises. Le morceau est un peu trop « pop » pour moi, mais les voir chanter en s’amusant sur la vidéo est très réjouissant. Cette chaîne The First Take arrive vraiment à « extraire » le meilleur des artistes qui s’y produisent. Et pour revenir à Vaundy, vu le succès de son dernier single Odoriko (踊り子) qui est premier au classement hebdomadaire de la radio J-Wave depuis quelques semaines, j’ai du mal à comprendre sa non-présence à l’émission Kōhaku de la NHK LE 31 Décembre.

Je ne pensais pas revenir aussi rapidement vers Quruli, mais les hasards des listes de fin d’année sur les meilleurs singles et albums de 2021 m’y replongent pendant quelques minutes que je répète très souvent dans ma playlist personnel. Le morceau I Love You du dernier album de Quruli intitulé Genius Love se trouve à la onzième place de la liste des singles japonais 2021 sélectionnés par le site The Glow. Le morceau a une structure simple et est immédiatement accrocheur. Je pense que la voix de Shigeru Kishida joue beaucoup dans mon appréciation de ce morceau. J’y ressens comme un confort qui me donne maintenant envie d’explorer la discographie plus récente du groupe, alors que je n’ai découvert pour l’instant que les trois albums les plus anciens. Sur cette même liste, on trouve un morceau du groupe D.A.N. intitulé NO MOON, sur un album du même nom sorti en Octobre 2021. Je savais pertinemment que j’allais finir par écouter la musique de ce groupe car je savais qu’Utena Kobayashi y participait, notamment pour y jouer de son instrument fétiche, le steel pan. D.A.N. est un groupe tokyoïte né en 2014 et composé de Daigo Sakuragi (櫻木大悟) à la guitare, voix et synthétiseur, Jinya Ichikawa (市川仁也) à la basse et Hikaru Kawakami (川上輝) à la batterie. Leur musique mélangeant sons électroniques et instruments est très atmosphérique. Je dirais même qu’elle est pleine de grâce, notamment par la voix exceptionnelle de Daigo Sakuragi, par moments androgyne ou proche du hiphop. L’ambiance qui se dégage de ce morceau est très prenante et je suis déjà certain d’aller à la découverte du reste de cet album. J’en parlerais certainement bientôt sur ces pages. Pour terminer, je reviens vers la musique de 4s4ki sur un morceau intitulé space coaster sur son nouvel EP Here or Heaven, sorti le 9 Décembre 2021. Le morceau a un beat électronique aggressif et la voix modifiée de 4s4ki répète le même motif vocal pendant toute la longueur du morceau, ce qui donne à ce morceau un côté expérimental et atypique que j’aime vraiment beaucoup. Je n’aime pas systématiquement tous les morceaux qu’elle compose mais je suis toujours très curieux d’écouter ces nouvelles créations.