Voir 1797071, aka Mako de Ms Machine, porter un t-shirt de l’album III de Crystal Castles me fait dire que je ne m’étais pas vraiment trompé en parlant d’une influence du son de Crystal Castles sur le EP D1$4PP34R1NG de 1797071, dont je parlais dans un billet précédent. L’album III de Crystal Castles est celui qui est souvent apparenté au style witch-house, donc tout parait très logique. Du coup, je me suis mis à réécouter les albums du groupe en commençant par III puis en écoutant les albums précédents. Je me souviens avoir développer une sorte d’obsession pour le morceau Magic Spells du premier album. Je ne suis apparemment pas le seul car je découvre qu’un compte YouTube a créé une boucle d’1h de ce seul morceau. Le morceau principalement instrumental s’y prête bien. Mais la fascination pour ce morceau provient également des courtes et énigmatiques paroles « Don’t worry, dear Pamela, I’ll do my scientific best to command your fleet » extraites de la série de science-fiction V qui certains se souviendront peut-être. Je pense préférer l’album III à l’album II même si un morceau comme Celestica est particulièrement mémorable. Crystal Castles n’est plus actif depuis quelques années suite aux problèmes de type judiciaire entre les deux membres du groupe. Alice Glass trace son chemin de son côté, en essayant de se reconstruire, et j’ai toujours en tête d’écouter un jour ou l’autre son album PREY//IV. J’avais beaucoup aimé le morceau Without Love de son premier EP éponyme. Crystal Castles avait pourtant fait un retour en 2016 avec l’album Amnesty (I), Edith Frances remplaçant Alice Glass au chant, qui était très bon, notamment un morceau particulièrement marquant comme Concrete. Je me suis demandé si je devais arrêter d’écouter Crystal Castles, mais je parviens en général à séparer l’œuvre des comportements de son/sa/ses artistes. Une fois qu’une œuvre musicale est ouverte au public, son destin dépend des auditeurs qui lui donne une vie indépendante.
passage au temple Sojiji
J’ai en ce moment un peu de mal à tenir mon rythme de publication car j’ai beaucoup plus de photos en attente que de textes écrits pour former des billets. Mon appétit pour l’écriture était relativement en berne ces derniers jours. Malgré l’envie d’écrire, la fatigue accumulée m’a éloigné de la plume.
Ces quelques photographies ont été prises le mois dernier près de Kawasaki dans le grand temple bouddhiste de Sojiji. Ce n’est pas un endroit particulièrement touristique mais il vaut le détour pour la grandeur de ses temples. L’enceinte de Sojiji est vaste, comptabilisant en tout 500,000 m2. Un cimetière occupe une partie de l’enceinte, derrière le vaste parc dans lequel sont disposés plusieurs halls. On y trouve aussi une école avec université, lycée, collège et maternelle. Il devait y avoir une journée portes-ouvertes car les jeunes étudiants accompagnés de leurs parents étaient nombreux à attendre sagement devant l’entrée. Les origines du temple Sojiji remontent à l’an 1321, il y a donc environ 700 ans. Le temple fondé par Keizan Zenji se trouvait initialement sur la péninsule de Noto dans la préfecture d’Ichikawa. En 1898, un incendie entraîna le déménagement du temple. Il s’installa à Tsurumi près de Kawasaki en 1911. On y pratique et enseigne le Sōtō Zen, qui est la plus importante des écoles zen du Japon avec plus de 14,000 temples. Sojiji, qui veut dire temple dans lequel sont préservés les enseignement de Bouddha, en est le temple principal au Japon.
Sumida Lifetime Learning Center par Itsuko Hasegawa
Mon passage près de la tour Tokyo Sky Tree il y a quelques semaines avait pour objectif d’aller voir le Sumida Lifetime Learning Center conçu par l’architecte Itsuko Hasegawa (長谷川逸子). Ce centre également appelé Yūtoriya a été construit en 1994, mais sa conception aurait démarré dès 1990. On remarque bien, dans ce building ressemblant à une station orbitale ayant atterri sur terre, toute l’exubérance architecturale caractéristique de la bulle économique prête à éclater. Ce genre de constructions atypiques est extrêmement intéressant car cette architecture ressemble plus à une œuvre d’art qu’à un bâtiment fonctionnel. J’avais déjà quelques autres photos de ce bâtiment sur mon compte Instagram.
blackout nights
Je ne prends que très rarement des photographies de nuit, trop rarement peut-être. Je ne possède pas de pied tri-pod pour me poser à un endroit et prendre des photos en longue exposition et je préfère de toute façon me déplacer sans arrêts. J’avais tout d’abord dans l’idée de prendre en photo des traînées de lumière pour obtenir des images que je pourrais ensuite réutiliser en superposition avec d’autres. Mais j’ai finalement ramené de mes marches nocturnes des photographies ’posées’ dont je montre certaines sur ce billet. Les couleurs bleutées inattendues sur le béton de l’autoroute intra-muros au niveau de Shibuya sur la première photographie m’ont finalement donné envie de me poser quelques instants. Ces photographies ont été prises à Shibuya et autour lors de deux soirées différentes, mais l’obscurité ambiante ne permet pas de les différencier. L’envie me vient maintenant de retourner à Shinjuku le soir pour en saisir les lumières.
Pendant les deux mois d’été, l’émission Very Good Trip sur France Inter diffusait une série spéciale de neuf épisodes consacrée à David Bowie. Cette série était nommée pour l’occasion Very Good Bowie Trip et était présentée comme d’habitude par Michka Assayas. J’ai écouté cette série avec beaucoup de plaisir et une certaine gourmandise. Je sais pertinemment que je finirais un jour ou l’autre par écouter tous les albums de David Bowie mais j’y vais doucement. Je n’avais jusque là que trois albums dans ma discothèque personnelle, à savoir Scary Monsters (And Super Creeps) sorti en 1980, son dernier album Blackstar sorti en 2016 et le premier album de la trilogie berlinoise, Low, sorti en 1977. Cette époque dite berlinoise à la fin dès années 1970 en collaboration avec Brian Eno est la période qui m’intéresse à priori le plus. Écouter l’émission Very Good Trip me donne l’envie irrésistible d’aller acheter au Disc Union le plus proche, l’album Heroes sorti en 1977 qui est le deuxième album de cette trilogie berlinoise. Je ne me lancerais bien sûr pas dans une critique de cet album, mais je noterais juste qu’il est fabuleux. C’est pour l’instant l’album que je préfère dans ma petite collection personnelle des albums de Bowie que je possède. L’album Heroes ressemble à Low dans le sens où la deuxième moitié de l’album est presque totalement instrumentale. Dans les morceaux chantés dans la première partie de l’album, le morceau titre Heroes est bien entendu le plus connu et un des plus beaux de sa carrière, mais la plupart des morceaux sont fascinants (Sons of The Silent Age, par exemple). C’est certainement dû à la manière non conventionnelle de chanter de David Bowie et à une certaine non prédictibilité musicale. Il a trois morceaux instrumentaux sombres et inquiétants (Sense of doubt, Moss Garden et Neukoln) faisant une coupure très nette avec le reste de l’album. Ils forment une longue trame se terminant en apogée sur le dernier morceau Neukoln et sa complainte de saxophone. J’ai une petite préférence pour les morceaux instrumentaux de Low, notamment le grandiose Warszawa et Subterraneans, mais ceux de Heroes sont également superbes. Sur Heroes, j’aime particulièrement le morceau intitulé Blackout. Dans les paroles de ce morceau, Bowie glisse la phrase suivante « I’m under Japanese influence and my honour’s at stake ». On sait que David Bowie apprécie beaucoup le Japon (trop peut-être si on comprend bien ce qu’il veut nous dire dans ces paroles). Son premier voyage au Japon date d’Avril 1973. Il a notamment collaboré avec le couturier Kansai Yamamoto (山本寛斎) et le photographe Masayoshi Sukita (鋤田正義) qui signe les photographies de l’album Heroes (la photo de droite ci-dessus).
Pourquoi donc ces deux photographies de Sheena Ringo sur la gauche, me direz-vous? Je trouve que les positionnements de mains de Sheena Ringo sur ces photographies, notamment sur celle du bas, ressemblent beaucoup à ceux de David Bowie sur les photographies du photographe Sukita. Il ne s’agit pourtant pas du même photographe et je n’ai pas réussi à trouver de référence précise mentionnant une éventuelle influence. Mais la référence me paraît tout à fait évidente. Les photos de Sheena Ringo sont tirées du livre officiel Channel Guide Tokyo Incidents, sorti le 29 Février 2012 au moment de la séparation de Tokyo Jihen. L’émission Very Good Trip de Michka Assayas insiste beaucoup sur les multiples métamorphoses et la curiosité musicale de David Bowie tout au long de sa carrière. On retrouve ces métamorphoses et cette curiosité chez Sheena Ringo, et un journaliste lui avait d’ailleurs fait la remarque dès 2003 dans une interview du magazine GB que je suis en train de lire. J’y reviendrais certainement très vite, car c’est une piste qui m’est particulièrement intéressante.
because friends don’t waste wine when there’s words to sell
Je ne suis pas passé à Monzen-Nakachō (門前仲町) depuis Mai 2014, si j’en crois les archives de mon blog. Made in Tokyo me permet de me rappeler où je suis allé et quand (à peu près) sur les 20 dernières années (à peu près). Je précise “à peu près”, car j’omets bien sûr volontairement beaucoup de choses. Mais une chose est sûre, je continue à amener systématiquement avec moi mon appareil photo, peu importe l’endroit où nous allons, et j’ai donc au moins une photo de chaque endroit où je ou nous sommes allés. Dans le billet de Mai 2014, je montrais déjà l’étrange hall Hondō (本堂) recouvert de textes en caractères sanskrits construit quelques années avant en 2011. Je voulais en fait le revoir et c’était une des raisons premières de ce passage à Monzen-Nakachō. Ce grand temple s’appelle Fukagawa Fudōdō (深川不動堂) ou Fukagawa Fudōson (深川不動尊). C’est un temple bouddhiste de la secte Shingon et il fait partie du temple Naritasan (成田山) dans la ville de Narita à Chiba. Je remarque que, par rapport à 2014, le hall Hondō a été étendu. On accède à Fukagawa Fudōson par une petite rue assez animée. Il n’y a pas foule dans l’enceinte du temple mais un flot ininterrompu de visiteurs, parmi lesquels quelques étrangers (dont je fais partie). Je remarque d’ailleurs un retour sensible des touristes étrangers, ce qui est une bonne nouvelle car le retour à une situation normale semble proche. Enfin, je n’ai aucune idée précise s’il s’agit vraiment de touristes ou de personnes comme moi vivant au Japon depuis 10 ou 20 ans. Les deux premières photographies du billet montre le grand sanctuaire Tomioka Hachimangu (冨岡八幡宮) qui est en comparaison beaucoup plus calme. On y préparait pourtant une estrade à l’occasion du festival Tsukimi (月見) honorant la lune d’automne le 10 Septembre. Je continue ensuite ma marche vers un petit quartier préservé de l’ère Showa (1926-1989) appelé Tatsumi Shindō (辰巳新通). Ce petit quartier comprend deux ruelles piétonnes dont la plus longue doit faire une cinquantaine de mètres. Tatsumi Shindō est rempli d’une trentaine de petits bars et restaurants. Je m’attarde, en photos seulement, sur le restaurant appelé Izumi (いずみ), préparant une cuisine fait maison, car un vélo rouge a eu la bonne idée de se stationner devant l’unique arbre de la ruelle principale. Et cette rue paisible est dans l’ensemble très photogénique lorsque le soleil fort du milieu de journée nous laisse présager l’obscurité à l’intérieur de ces bars et restaurants avant l’activité du soir. Je continue ensuite à marcher dans le quartier de Fukagawa en direction de la station de Kiyosumi Shirakawa. On dit qu’on y trouve de nombreux cafés. Je m’arrête quelques instants dans celui appelé B2 faisant également boulangerie (souvenez-vous que je le déplace souvent en fonction des boulangeries). J’hésite entre écrire sur mon smartphone ou rêvasser. Je privilégie la deuxième solution pour observer le va-et-vient des clients.
Relire le texte de ce billet de Mai 2014 montrant Monzen-Nakachō me rappelle que ça fait de nombreuses années que je me préoccupe du peu de commentaires que je peux recevoir sur les billets de ce blog. J’en étais même venu à couper la possibilité d’écrire des commentaires mais c’était heureusement de courte durée. Ce billet est également le seul n’ayant pas de titre, car j’avais eu l’idée de créer un flot ininterrompu de photographies. Mais ça aurait très vite été ingérable dans WordPress. Bref, ce sont deux mauvaises idées que je n’ai heureusement pas conservé, mais j’avais quand même à cette époque une volonté de faire évoluer ce blog vers quelque chose d’autre. Ce type de réflexions se fait malheureusement de plus en plus rare. Et au sujet du titre de ce billet, il est tiré des paroles du morceau Obstacle 2 d’Interpol sur Turn on the Bright Lights (dont je parlais hier). J’aime beaucoup cette phrase même si je n’ai jamais vraiment réussi à comprendre sa signification exacte.