通りゃんせ

Les passages entre les nuages qui se découvrent petit à petit révèlent des trésors que seul le marcheur attentif peut voir. Ces chemins sont étroits et peuvent se refermer subitement sans prévenir. Avançons tant que nous le pouvons. 通りゃんせ. Les possibilités d’avancer petit à petit sur ces chemins sans rendre de compte à personne s’éteindront peut être un jour. Avançons même si on ne se sent pas invité sur ces chemins, même si on ne fait parti de ceux qu’on reconnaît de loin lorsqu’ils arpentent ces routes. Le marcheur garde ici son statut d’homme de passage et ne s’approprie pas les lieux. Les instants qu’il entrevoit dans ce monde urbain rendu flou par la densité des choses disparaîtra pour ses yeux sous un nuage opaque. Alors marchons encore un peu plus avant que ce chemin ne se referme dernière nous. 通りゃんせ.

Le titre de ce billet Tōryanse (通りゃんせ) correspond à une chanson traditionnelle japonaise pour enfants. Il s’agit également de la musique que l’on peut entendre aux passages pour piétons quand le feu passe au vert et que l’on peut traverser. La chanson traditionnelle est aussi un jeu où les enfants s’alignent par deux en formant des arches avec les bras. Chaque enfant doit passer sous la série d’arches formés par le groupe. Quand la chanson s’arrête, les arches se referment sur les enfants en cours de traversée et ils y restent prisonniers. L’utilisation de cette chanson pour les passages pour piétons est intéressante car il faut, de la même manière, se dépêcher à traverser avant que la musique ne s’arrête. Le fait qu’au Japon, on traverse strictement quand le feu est vert est peut être inconsciemment dû aux souvenirs de ces chansons et jeux de l’enfance. Et à une crainte que la route ne se referme subtilement quand le feu passe au rouge, de la même manière que dans le jeu rythmé par cette chanson enfantine. La chanson fait référence à la visite au sanctuaire des enfants à l’occasion de leur septième anniversaire. Les paroles disent que seul ceux ayant une raison particulière peuvent emprunter le chemin étroit menant au sanctuaire. La célébration des sept ans est une de ces occasions particulières, d’autant plus que dans les temps anciens la mortalité infantile était particulièrement élevée. Cette musique traditionnelle me vient en tête alors que j’écoute le morceau Atai no Tsumeato あたいの爪痕 de Necronomidol, le premier morceau de leur premier album Nemesis. La version du groupe reprend les paroles mais sur des sons de guitares. Le morceau est étrange et inquiétant, comme toujours pour les morceaux du groupe. C’est un morceau très intéressant et très bizarre dans sa construction, notamment pour ce passage au milieu du morceau qui me fait énormément penser à un morceau de Sonic Youth. J’aime d’ailleurs beaucoup les six premiers morceaux de l’album Nemesis, mais beaucoup moins les autres.

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