ディスラプティブ・ナンセンス

Je nage dans l’espace urbain à la recherche d’un point de chute. Je me concentre sur l’asphalte pour garder les pieds sur terre.


En « photographie », j’aime par dessus tout modifier la réalité pour apporter ma propre vision de l’espace. Je me dis parfois que je ne devrais faire de ce blog qu’une accumulation d’images créées de toute pièce comme les trois ci-dessus, plutôt que de prendre des photographies conventionnelles de lieux que l’on peut voir ailleurs, certes sous d’autres angles et sensibilités. Ça aurait certainement de la gueule d’avoir des pages ne montrant que ce type d’images modifiées voire déstructurées. Mais, ça peut également devenir fatigant, donc des petites doses sont peut-être préférables. Le processus de création de ces images tient souvent du hasard provoqué, fait de nombreux essais et d’erreurs, de retouches souvent minutieuses, jusqu’à ce que j’obtienne une image qui m’intéresse. Je n’ai pas vraiment l’habitude d’expliquer mes images ou d’indiquer ce que je cherchais à montrer, parce que cela tient pour moi de la sensation plus qu’autre chose. Comment expliquer l’intérêt que je vois dans la première image montrant une personne prenant en photo un objet flou et nuageux, ou cette autoroute surélevée faisant soudainement des courbes sur la deuxième image, ou ce halo de lumière éclairant des jeunes gens sous un nuage noir menaçant. Cela doit tenir à l’envie de montrer un monde parallèle plein de non-sens, une distorsion de la réalité, mais également esthétiquement parlant l’envie de “détruire” une photographie conventionnelle pour créer une nouvelle image, un nouvel espace. C’est une approche disruptive en quelque sorte.

Après les premières écoutes, je me suis posé la question de ce qui m’attirait dans cet album Thumb Sucker de PEDRO, le projet solo d’AYUNi D アユニ・D du groupe BiSH. Sa voix aiguë et perçante peut être difficile à supporter. Mais pourtant, cette voix accompagnée de la force des guitares parvient à se faufiler dans les méandres du cerveau jusqu’à provoquer une sorte d’addiction. J’ai pour sûr été attiré par cet album car j’aimais bien le contraste qu’apportait la voix d’AYUNi D sur le dernier album de BiSH dont je parlais récemment. J’ai aussi été attiré par cet album car Hisako Tabuchi 田渕ひさ子, des mythiques Number Girl, est la guitariste du groupe. Je me réjouissais à l’idée de réécouter son jeu de guitare. Les morceaux ne sont pas tous du même niveau mais se suivent avec beaucoup de constance et un dynamisme à toute épreuve. J’ai acheté cet album sur iTunes le jour de sa sortie car il était proposé exceptionnellement à 300¥. L’agence Wack a souvent des méthodes particulières de distribution de la musique qu’elle produit. Cet album de 13 morceaux était par exemple vendu le premier jour au Tower Records au format de 13 CDs d’un seul titre vendus séparément pour 100¥. Bien sûr, ce n’est pas très intéressant d’avoir 13 boites en plastique à stocker chez soi, mais on peut tout de même apprécier les méthodes disruptives employées par l’agence. Un autre exemple des méthodes inhabituelles de Wack, certains morceaux du prochain album du reboot du groupe BiS étaient également sortis en avance en téléchargement gratuit sur DropBox pour quelques jours seulement. En fait, je me rends compte que l’approche disruptive s’applique également aux morceaux du groupe, et c’est certainement, inconsciemment, ce qui m’intéresse beaucoup dans cette musique. On peut avoir un bon aperçu de l’album en écoutant le premier morceau sur YouTube, Nekoze Kyouseichū 猫背矯正. Il y a dans la vidéo un petit détail qui me plaît beaucoup (à 1:08 minutes), un mini poster de l’album Dirty de Sonic Youth accroché sur un mur dans ce qui semble être la chambre de Ayuni. On l’aperçoit à peine, mais il veut dire beaucoup de choses.

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