shibuya night color ray boiling pot

Je ne prends pas souvent de photographies la nuit, mais, lorsque je le fais, je préfère laisser l’appareil prendre les photos tout seul, ce qui en général accentue les mouvements jusqu’à l’extrême mais représente bien le brouhaha de Shibuya ici photographié. Les couleurs deviennent des rayons de lumières et les formes viennent se mélanger les unes avec les autres dans une masse anonyme se renouvelant sans cesse et ne se tarissant jamais. Le flux continu du mouvement des corps s’était presqu’éteint à cet endroit. Le maillage actuel reste moins serré que ce que l’on peut observer en temps normal, lorsque les craintes ne sont pas de mise dans cet extrait de ville souvent synonyme d’insouciance.

Après avoir découvert le hip-hop de Valknee que j’écoute d’ailleurs toujours en boucle, je découvre maintenant, de fil en aiguille, un mini-album intitulé TóquioBug par Baile Funky Kakeko sorti le 13 Juillet, sur lequel elle rappe sur le premier morceau Boasting Baby. Ce nom Baile Funky Kakeko (バイレファンキかけ子) désigne en fait un projet musical de la DJ japonaise DJののの, prenant pour influence la musique funk des dance floor brésiliens (controversée d’ailleurs sous certaines de ses formes). Je ne connais pas du tout le funk brésilien, mais j’imagine que ce mini-album TóquioBug en reprend l’exubérance des sons, notamment le collage d’une multitude de sonorités qu’on croirait parfois entendre dans les tribunes d’un stade de foot. Les sons électroniques partent dans tous les sens et dans l’excès, mais celui-ci est maîtrisé de telle manière que ces sons s’accordent bien avec les voix des artistes hip-hop invités sur chaque morceau. Outre Valknee, Haruko Tajima 田島ハルコ, qui participait également au morceau groupée Zoom dont je parlais auparavant, rappe avec une voix modifiée sur le troisième morceau KittySandal, au rythme arrachant tout sur son passage. Le deuxième morceau Icchoku=Senn est plus lent et fait intervenir un rappeur appelé PAKIN, qui a une manière de parler qui est volontairement agaçante mais qu’on a en même temps envie d’écouter tellement cette voix est particulière. Des cris soudains d’indiens viennent entrecouper cette voix qui laisse trainer les mots. Le dernier invité est AWAZARUKAS sur le quatrième morceau 俺は寄居町のラッパー (Ore ha Yoriichō no rappā) qui est peut être le plus dynamique et le plus typé brésilien de ce mini-album, mais TóquioBug dans son ensemble ne se repose jamais de toute façon. Le titre TóquioBug laisse à penser que cette interprétation tokyoïte du funk brésilien ressemble à un bug, car elle amène beaucoup d’interprétations locales (la langue japonaise notamment) qui altèrent complètement le style initial auquel le mini-album est censé s’inspirer. Cette accumulation de sons me fascine au point où j’écoute ce mini-album en boucle. Je rentre là dans un monde musical que je ne connais pas du tout, mais qui est extrêmement intéressant à découvrir car les influences se mélangent dans un ensemble hétéroclite qui chauffe comme une bouilloire. L’ensemble ne laisse pas la place au compromis et fonce tout droit sans regarder d’arrière. L’approche hétéroclite des sons et leur brutalité sonore me fait un peu penser aux quelques morceaux que je connais de l’album MΛYΛ de la rappeuse anglaise M.I.A. Pour terminer, Valknee revient sur le dernier morceau qui est un remix du premier par un certain Bruno Uesugi. Sa manière de chanter me rappelle très vaguement la manière saccadée de chanter de Uffie sur Steriods (remix), un des chefs d’oeuvre de Mr Oizo aka Quentin Dupieux (avec Positif).

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