ちょっとした夏休み (6)

Avant de partir vers d’autres horizons, nous passons la fin de l’après-midi de notre deuxième journée de congé dans la petite ville de Omihachiman. Le centre de la ville vaut le détour car plusieurs rues ont été préservées, témoignant de son passé de ville marchande. Omihachiman, autrefois appelé seulement Omi, se trouve sur la route Nakasendō (中山道), une des deux anciennes routes, avec la route Tōkaidō, reliant Kyoto et Edo. Tandis que la route Tōkaidō longe la côte pacifique, la route Nakasendō passe, elle, par les montagnes de Gunma, Nagano et Gifu pour ensuite déboucher sur la préfecture de Shiga où se trouve Omihachiman. Cet emplacement sur une des routes reliant l’ancienne et la nouvelle capitale explique sa forte activité marchande passée. Lorsque l’on marche dans les quartiers conservés de la ville, on a l’impression de changer soudainement d’époque. Le sanctuaire Himure Hachimangu placé en bordure de forêt est superbe, tout comme le canal Hachiman-bori autrefois utilisé pour le transport de marchandises. On peut également parcourir la rue Shin-Machi bordé d’anciennes maisons de marchands. Il n’y a pas ou peu de commerces dans ces rues, elles ne sont pas touristiques. J’aurais aimé y passer plus de temps pour pouvoir s’imprégner un peu plus longtemps des lieux. Mais il nous fallait déjà partir pour notre prochaine destination dans la préfecture d’Aichi.

ちょっとした夏休み (5)

Après avoir longer le lac Biwa sur plusieurs quelques kilomètres, nous quittons finalement sa rive pour rentrer dans les terres. Nous nous dirigeons maintenant vers un ensemble architectural fantastique dans la petite ville de Omihachiman. J’avais déjà vu l’ensemble de bâtiments que je montre en photos ci-dessus dans des magazines d’architecture ou en photo sur internet, mais le voir en réalité devant ses yeux donne une très forte impression. Cette architecture ressemblant à une colline végétale est bluffante et on croirait presque qu’elle est irréelle. Nous sommes ici à La Collina Omihachiman, ensemble conçu par l’architecte et historien de l’architecture japonaise, Terunobu Fujimori. Fujimori, originaire de Chino dans les montagnes de la préfecture de Nagano, a conçu plusieurs bâtiments au Japon faisant fusionner l’architecture et la nature, mais ce bâtiment là datant de 2015 semble être l’un des plus aboutis de son œuvre architecturale. Je suis loin d’être spécialiste de son architecture car je ne lui connais pas de bâtiments à Tokyo, à part la petite maison de thé temporaire Tea House Go-an (茶屋「五庵」), faisant office de pavillon à côté du stade olympique. Terunobu Fujimori est d’ailleurs spécialiste des maisons de thé aux structures improbables comme celle appelée Takasugi-an accrochée sur un arbre comme une cabane. L’architecture de La Collina n’est pas conventionnelle et nous évoque immédiatement l’univers fantastique et bucolique de Ghibli. On pourra chercher Totoro dans les recoins de La Collina mais il s’y était certainement très bien caché. Ce complexe caché dans la campagne est en fait un atelier de confiserie du groupe Taneya, dont j’avais déjà parlé. La spécialité de l’endroit est le Baumkuchen de la branche Club Harie du groupe. On peut bien sûr y acheter toutes sortes de pâtisseries et les manger sur place, mais on a préféré admirer les bâtiments depuis l’extérieur. Fujimori est connu pour son utilisation de techniques ancestrales comme je l’évoquais déjà pour la maison de thé Go-an et on les retrouve sur La Collina. Il utilise pour ce complexe des matériaux des forêts locales et construit un véritable écosystème avec des plantations de riz noyées dans l’eau au centre de l’espace du complexe.

色々ウォーク❶❶

Nos soirées dans la semaine et journées du week-end sont rythmées par les Jeux Paralympiques. Ils ne sont pratiquement diffusés que sur la NHK. Heureusement qu’il y a deux chaînes sur la NHK et les chaînes BS et BS4K qui sont agréablement laissées en libre accès. J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi les autres chaînes japonaises ne diffusent aucunes épreuves. Comme je le mentionnais auparavant, nous regardons un peu de tous les sports, mais en particulier le wheelchair rugby et le wheelchair basketball, que nous suivons avec beaucoup de passion. L’équipe japonaise est impressionnante de persévérance et s’achemine désormais vers la finale, ce qui est entièrement mérité vu le jeu d’équipe qu’ils nous montrent et l’aisance avec laquelle ils se déplacent sur le terrain. C’est du patinage artistique avec un ballon en mains. L’équipe est désormais assurée d’avoir une médaille mais on ne sait pas encore laquelle. Voir toutes ces épreuves des Jeux Para, les joies intenses que se manifestent lors des réussites ou les déceptions malgré les efforts, me donnent souvent les larmes aux yeux.

Les quelques photographies ci-dessus sont prises à Roppongi Hills et autour du parc de Yoyogi. Les personnages à tête de fleur entièrement dorés sont bien évidemment signés par Takashi Murakami. J’étais autrefois allergique à l’art enfantin de Takashi Murakami mais j’ai changé d’avis il y a quelques années après avoir vu la grande exposition intitulée The 500 Arhats qu’il nous proposait dans le musée de ce même Roppongi Hills. Cette statue est bien sûr excessive mais elle interpelle par sa taille et par l’apparente richesse du matériau. Ces photographies sont prises un jour de pluie alors que j’allais voir au cinéma le film d’animation de Mamoru Hosoda, Ryū to Sobakasu no Hime (竜とそばかすの姫) dont je parlais auparavant. Les photographies autour du parc de Yoyogi sont également prises un jour de pluie mais on la distingue à peine sur les photos. Je découvre au hasard des rues les nouvelles toilettes publiques dessinées par Toyo Ito et nommées Three Mushrooms pour la ressemblance avec des champignons poussant aux bords d’une forêt. Elles se trouvent à proximité du sanctuaire Yoyogi Hachiman. Ces toilettes font partie du même projet Tokyo Toilet qui voit des architectes et des artistes concevoir des toilettes publiques à différents endroits de l’arrondissement de Shibuya. La dernière photographie montre une maison individuelle intéressante par l’utilisation de cette couleur orange vive et par la petite ouverture de verre dans un des coins supérieurs lui donnant des airs futuristes. Et on peut apercevoir furtivement le photographe à vélo en reflet sur le miroir devant cette maison. On m’aperçoit en fait à peine sur ce miroir. Je me suis souvent posé la question de me montrer ou pas sur ce blog ou sur l’icône des réseaux sociaux mais j’ai toujours conclu qu’il était préférable de ne pas trop se montrer sur internet.

Avec Spool et Yonige, je suis également avec une attention certaine la musique rock indé de Hitsuji Bungaku (羊文学). Je me suis fait une petite playlist de morceaux de ces trois groupes et je l’écoute souvent. Chacun des trois groupes a ses propres spécificités mais je trouve qu’ils vont assez bien ensemble et représentent bien une ligne musicale rock alliant une certaine mélancolie et une énergie rock qui n’a pas peur de faire intervenir les guitares. C’est ce que j’aime beaucoup sur le morceau Sabaku no Kimi he (砂漠のきみへ) de Hitsuji Bunkaku. Le final laisse place à un solo de guitare au son cristallin montant en puissance jusqu’à la saturation. Ce son là de guitare nous traverse le cerveau jusqu’aux omoplates. La voix de Moeka Shiotsuka (également appelée Heidi) a un petit quelque chose de spécial, un accent peut-être, qui la rend particulièrement intéressante à écouter. Ce morceau est le huitième du deuxième album du trio, intitulé POWERS et sorti en Décembre 2020. Hitsuji Bungaku évolue souvent vers la pop rock, sur des morceaux comme Aimai de ii yo (あいまいでいいよ) qui s’écoule dans une fluidité parfaite. Mais, j’aime aussi les morceaux un peu plus lents et sombres comme le dernier morceau de l’album POWERS, Ghost ou le premier intitulé mother. L’intensité rock y est omniprésente et parfois brute mais adoucie par le chant de Moeka et les chœurs combinés de la bassiste Yurika Kasai et du batteur Fukuda Hiroa. Ce mélange de force émotionnelle et d’intensité sonore me rappelle le groupe Kinoko Teikoku, mené par Chiaki Sato. Les deux groupes sont en fait suivis par le même management. Hitsuji Bungaku a sorti plus récemment un EP intitulé you love sur lequel je n’ai pour l’instant écouté que le premier morceau et single Mayoiga (マヨイガ) utilisé comme thème d’un film d’animation intitulé Misaki no Mayoiga (岬のマヨイガ) réalisé par Shinya Kawatsura à partir d’un roman de Sachiko Kashiwaba. J’avais déjà parlé plusieurs fois de Hitsuji Bungaku dans des billets précédents, et je me rends compte que j’avais déjà évoqué cette ressemblance avec Kinoko Teikoku. J’ai le sentiment que le groupe gagne petit à petit en notoriété car il était sur l’affiche principale du festival Fuji Rock cet été (avec Yonige d’ailleurs). Et à ce propos, Fuji Rock avait également sur son affiche, dans la section Rookie a Go-Go, le jeune groupe Ms.Machine dont j’ai également plusieurs fois parlé ici. Ça fait plaisir de voir des groupes qu’on aime accéder à une certaine reconnaissance.

ちょっとした夏休み (4)

Après la visite du temple principal de Enryakuji, appelé Konpon-chūdō, nous partons à la découverte des autres temples du complexe, perdus dans la forêt et dans la brume. Ce léger voile donne une atmosphère assez mystérieuse à cet endroit, comme si des esprits allaient soudainement surgir des portes du temple. Nous ne visiterons en fait que la zone appelée Tōdō qui comprend plusieurs temples dont le Daikō-dō qu’on aperçoit sur la deuxième photographie accompagné d’une petite tour avec cloche nommée Shōrō (sur la première photographie). On peut la faire sonner pour laisser naviguer les ondes sourdes à travers les branches de la forêt du mont Hiei. En avançant un peu plus à l’Est, on arrive après un long escalier sur Amidadō et la pagode de l’Est appelée Tōdō, que je montre sur les trois autres photographies du billet. L’intérieur des temples est grandiose et baigné dans le silence. Il y a très peu de touristes bien qu’on soit en plein été, ce qui est un effet direct de la crise sanitaire. Ce n’était pas facile de se décider à faire ce court voyage, car on a toujours l’impression que ce n’est jamais le bon moment pour se déplacer. L’important est pourtant d’avoir un comportement raisonnable et de se protéger du mieux possible. Une chose est sûre, après de très nombreux mois sans quitter Tokyo, ce passage dans les montagnes sacrées de Hiei nous a fait beaucoup de bien. Nous n’avons pas visité les deux autres zones du complexe, Saitō et Yokawa car elles sont un peu trop éloignées pour y aller à pieds. Il aurait fallu y aller en voiture. Peut-être y reviendrons nous dans quelques années, après 2026 et la rénovation complète du Konpon-chūdō. Nous reprenons ensuite le cable-car pour rejoindre la voiture au bord du lac Biwa et repartir sur les routes autour du grand lac pour rejoindre notre destination suivante, Omi-Hachiman. On y découvrira une des architectures les plus fantastiques que j’ai pu voir.

ちょっとした夏休み (3)

Le lendemain, après une petit déjeuner japonais à base de poissons auquel je n’ai pas l’habitude mais qui était tout de même très bon, nous nous dirigeons vers la montagne sacrée de Hiei, haute de 848 mètres. Elle se situe au Nord de Kyoto et se trouve en bordure de la préfecture de Shiga. Nous pouvions y aller en voiture en empruntant les petites routes sinueuses de montagne mais ayant peur de la pluie, nous préférons utiliser le cable-car de la ligne Hieizan Railway. Cette ligne part du quartier de Sakamoto, se trouvant au bord du lac Biwa à mi-chemin entre Ogoto Onsen où nous avons passé la nuit et la ville de Otsu. Le terminus est l’ensemble de temples autour de Enryakuji qui était notre destination. Il s’agit de la plus longue ligne de tramway tractée par câble du Japon avec plus de 2kms de longueur pour une durée de 11 minutes jusqu’au sommet. En chemin, on a une très belle vue sur le lac Biwa se dégageant derrière la forêt du mont Hiei. J’ai essayé du mieux possible de capter en photo ce paysage mais le véhicule en mouvement ne nous laisse que peut de temps pour ajuster l’appareil. La ligne est ancienne, datant de 1927, mais les wagons dans lesquels nous sommes montés à l’allée comme au retour étaient décorés de dessins d’un manga appelé Basara. Notre ascension du mont Hiei nous fait entrer dans les nuages. En voyant cette épaisse couche nuageuse depuis le pied de la montagne, nous avions peur qu’une forte pluie nous attende tout en haut gênant notre visite du temple principal Enryakuji. En fait non, notre arrivée au terminus de la ligne de cable-car nous a seulement plongé dans des nappes d’un fin brouillard. Un chemin traversant la forêt à flanc de montagne nous amène jusqu’aux temples. Cette brume omniprésente rend cet endroit magique comme s’il voulait nous signifier qu’il est sacré. C’était une très agréable surprise d’autant plus que la pluie était absente. Une surprise moins agréable était de s’apercevoir que l’immense et fameux temple Enryakuji était en pleine rénovation. Il est entièrement recouvert d’un hangar de métal et est actuellement en pleine rénovation à l’intérieur. On apprendra ensuite qu’il subit une rénovation complète prenant 10 ans. Commencées en 2016, ces rénovations se termineront donc en 2026. Enryakuji fut fondé en 788 et est devenu, centenaires après centenaires, un des centres bouddhistes les plus importants du Japon, notamment pour l’éducation des moines. C’est une des raisons pour laquelle le mont Hiei est souvent considéré comme le lieu de naissance du bouddhisme japonais ou comme une grande école du bouddhisme. Enryakuji est inscrit au patrimoine mondial de Unesco depuis 1994. Bien qu’on ne pouvait pas voir le temple Enryakuji dans toute sa superbe, on pouvait tout de même accéder à l’intérieur de l’édifice en cours de travaux. On a pu constater que les moines continuent à faire office dans des parties parfois sombres du temple, entourés de tubes métalliques d’échafaudages. En fait, voir le temple dans ces conditions vaut le détour, car la vie à l’intérieur continue malgré les travaux. On peut comprendre qu’il serait très compliqué d’arrêter complètement toutes les activités du temple pendant dix années. Et c’est une bonne idée de laisser aux visiteurs la possibilité de voir et d’avoir une petite idée de l’étendue des travaux. On peut monter sur un échafaudage de plusieurs étages qui donne une vue sur les toitures en pleine rénovation. Les photographies sont seulement autorisées à cet endroit là. Vue l’étendue de l’ouvrage, on peut comprendre le nombre d’années nécessaires. Mais il y a d’autres temples à voir près de Enryakuji et nous ne sommes pas venu ici pour rien. Nous continuerons la visite dans le prochain billet.